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 Le son d'un reveil

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MessageSujet: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyDim 17 Mai 2009 - 16:40

[Ouvert à qui veut]

Après : le Toit.


[Crétin. ]


Mal.



Est-ce que j’ai mal ?
D’un geste lent de la main, Lun refusa de suivre Maeki à l’infirmerie. Il lui accorda un sourire, se reculant de lui. Et ses yeux verts brisés par l’instant se perdirent dans le vide. La vie est cruelle. Il aimerait être Elyott. La vie serait-elle plus rose s’il avait l’esprit de l’autre. C’était si injuste. Il n’avait rien demandé. Il provoquait pourtant catastrophe sur catastrophe. Ses mères étaient mortes de s’être occupées de lui. Son père s’était suicidé par sa faute.

Est-ce être Caliméro ou réaliste que de songer que sans lui bien des drames auraient été évités. Il avait essayé de s’intégrer dans sa famille et Daniel avait divorcé de Cynthia. Le professeur qui frappait ses élèves n’était pas un mauvais professeur mais il avait été renvoyé après avoir été dénoncé par Lun et il avait tout perdu. John même avait été en partie renvoyé parce que Lun avait voulu l’embrasser et qu’on avait accusé l’autre plutôt que lui-même.
Mal.
Tous ces hommes grossiers qui l’avaient salis, toutes ces mains barbares qui s’étaient servies de lui. La vie lui semblait n’être qu’une triste farce où il tenait un rôle secondaire des plus minables. Qu’allait-il devenir maintenant ? Maeki s’en voudrait de lui avoir fait du mal. Ce n’était pas pourtant tout à fait la faute de Maeki. Pourquoi avait-il provoqué son mauvais coté ? Lun le savait : danser avec le diable était dangereux. Cette valse était pourtant la seule qu’il connaissait.
« Je. »

Les longs cheveux blonds se sont retournés dans cette marche fatiguée et Lun observe Maeki. Il sourit tendrement, essayant de rassurer son ami. Ce n’est finalement pas si grave. Une personne de plus. Une personne encore. Si c’est son ami, ce n’est pas si grave. Et si ce l’était, ça faisait rien. Il n’irait pas le raconter. Il n’avait d’ailleurs personne à qui le raconter. Elyott était trop innocent pour ce genre d’histoire. Jun se ferrait du souci pour rien. Or, il ne devait pas s’en faire : Lun était un amant, juste un amant, et son rôle ne devait pas vaciller vers des sentiments trop important au risque sinon de blesser le populaire.
« Je viendrais te voir, ok ? »

Sans attendre la réponse, la longue silhouette de l’albatros brisé s’engouffre dans les escaliers. Le pas irrégulier et chaotique trébuche. La main se rattrapant à la rambarde, alors que Lun croise le regard de deux étudiantes en train de discuter.
Le garçon se rend compte alors dans l’état qu’il est. D’un geste vif, il ferme la chemise abîmée comme il le peut, et redresse un regard moqueur en direction des demoiselles. Sa main qu’il essaye de ne pas rendre tremblante monte à ses lèvres une clope prise dans son paquet de cigarette, qu’il allume au bout de deux tentatives dans la précipitation de son geste.

« … Vous voulez aussi y passer, mesdames ? »


Le rire est moqueur alors que les jeunes filles rougissent et se lèvent scandalisées des escaliers. Lun montent les yeux au ciel avant de rajouter d’une voix plus suave : « Ne soyez pas ridicules, j’ai encore du goût. » La réplique claque dans cette voix rouée d’avoir trop criée et gémit de douleur.
Dans un sens, ce n’est pas la première fois que Lun joue ce genre de rôle.

J’ai mal.
J’ai mal.
Les yeux de la bête brillent dans la pénombre.
Tout est si noir.
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Et ces dents si blanches et si rouges à la fois.
Qui se referment dans un claquement sonore.
C’est si facile.
De me juger.
Homme facile.
Pute.
C’est ce qu’il a dit.
Est-ce l’enfer dite-moi ?
La bête est-ce moi ?
Un sursaut. Lun se redresse de sur le blanc où il s’est endormit. Une nuit noire sabre le paysage. Il ne se souvient plus de comment il est arrivé là. Il n’a plus de mémoire. Son cœur se brise un peu plus tandis qu’il sent la moiteur séchée du sang et du sperme sur son corps et cette odeur qui lui donne un haut de coeur.
Sans trembler, mais le pas lent, il se rend vers le tuyau d’arrosage. Nettoyant ainsi les plaies et se lavant malgré l’eau glacée. Il se demande s’il doit aller dans la chambre : Elyott n’y étant presque jamais, il ne risque pas de le croiser.
Sauf qui lui a dit qu’il changerait de chambre. D’ailleurs, il devrait éviter cet endroit maintenant.
La main du garçon se pose sur son front brûlant, alors qu’il se met à tousser dangereusement. Le garçon ne remarque guère le sang craché qui n’est guère digne d’un bon présage.

L’enfant de la lune, au contraire … hésite une seconde avant de prendre son téléphone portable. Daniel. Il sonne. Il sonne. L’enfant referme douloureusement la main sur le téléphone avant qu’une voix masculine décroche :
« Daniel Warren à l’appareil …
- C’est Lun.
- Je sais bien que c’est toi, ça s’affiche.
- Je … sais.
- Lun, qu’est-ce qui ne va pas ?
- Ca ne te regarde pas !
- J’appelle Yuy !
- Tant mieux ! Je m’en tape.
- Lun n’appelle pas pour rien, ça suffit. »

C’est idiot. Le garçon est pourtant rassuré d’avoir entendu cette voix familière. Il soupire d’aise avant de trembler sous le froid de la nuit. Ses yeux se dirigeant vers les dortoirs. Il doit se changer.
Deux lueurs si rouges.
Ces yeux qui n’en sont pas.
Cette bête cruelle.
Pourquoi ?
Ai-je si mal d’être moi ?
Ai-je tellement tort de vouloir ?
Vivre.
Cette salive épaisse.
Et ce bruit de chaîne.
Un hurlement.
Tout est si sombre.
La main de Lun se referme sur les draps, ses yeux s’ouvrent violement. Son corps parcouru de frisson lui rappelle qu’il ne doit pas rester ici. Ses yeux se dirigent dans l’espace où il se trouve. Que fait-il ici ? Ses yeux se posent sur l’enseignante endormie à ses cotés et un haut de cœur le prend.
Il se lève, la tête lourde et se rend à la douche. L’eau chaude nettoie les plaies rouvertes et chassent les larmes nouvelles qui se dessinent sur son visage cadavérique. Il y reste longuement, laissant la chaleur l’engourdir et retirer cette odeur d’alcool. Il ne sait pas bien comment il a pu arriver du banc jusqu’ici.
Sa main éteint l’eau devenue brûlante.
La professeur ne s’est pas réveillée. Lun prend un ponchos à motif de fleur dans l’armoire et une longue jupe gitane d'un marrons sombre dans l’armoire de la femme. Il attache ses longs cheveux entre eux, et son esprit se trouble alors qu’il ouvre la porte de la chambre.

Il ne marche pieds nus que quelques minutes avant de tomber contre le mur, ses yeux papillonnant. Néanmoins, le garçon tente de garder les paupières ouvertes malgré la douleur qui lui poignarde le cœur.

Il n’arrive pas à se souvenir de pourquoi il est ici. Alors lentement il commence à faire des mathématiques dans son cerveau : Gr-1 = {(x,y) € F x E | (y, x) € Gr} avant de froncer les sourcils, oubliant la solution. La retrouvant.

Le garçon soupire. Grondant contre le monde entier.
La gueule se referme.
Un hurlement.
Barbare.
Un bruit. Cette chaîne.
J’ai mal.
Où suis-je ?
Où suis-je ?
C’est infernal.
Ce chaos.
Et ces yeux. Ses yeux. Qui me fixent.
Pourquoi ?
Ca suffit.
Ca suffit.

Cette fois-ci les yeux ne s’ouvrent pas, allongé dans son lit, Lun tremble de froid. Son corps est parcouru de l’échine jusqu’à la pointe de sa nuque, redescendant jusqu’aux pointes de ses pieds, par un frisson qui ne semble pas vouloir se stopper. C’est long. C’est dur. Les battements affolés de son cœur ne parviennent pas plus à le réveiller de ce semi coma où il vient de s’enfermer.

La chambre est fermée à clé, la clé est restée dans la serrure. Est-ce vraiment son lit ou celui de l’autre ? Est-ce vraiment son lit ou celui du troisième absent ? Lun n’en sait rien. Il a si froid. Si mal. Il n’est plus là.

Le son sonne. Celui d'une cloche, il lui semble. Un coup vers le trépas.

L’aube caresse de ses rayons la joue du garçon sans parvenir à lui faire, ne serait-ce qu’une seconde, sortir de ce cauchemar qui l’emprisonne. Et les draps humides de la sueur du corps fiévreux ne peuvent qu’être les témoins impuissants du mal qui se referment sur l’étudiant épuisé par les émotions.
Trop de douleur. Trop de sang perdu. Trop d’amis qui lui ont fait mal. Lanaru. Maeki.

Une tendresse qu’il n’a jamais eut lui est offerte par l’aube douce aujourd’hui. Elle remplace la main d’une mère qui lui murmurait : Je suis là. Et dans la pénombre qui s’enlève, la respiration alarmée de l’étudiant s’amenuise pour devenir plus calme. Légèrement trop calme, alors que les membres se détendent.
La main de Lun caresse la tête de la bête.
Le pelage est rugueux et dur.
Les pointes du poil lui coupe la peau.
Lun referme les bras sur la bête.
Je veux rester ici.
Un peu.
Juste un peu.
Je me souviens de cet endroit.
Une eau froide.
Des rochers qui font mal.
Je me souviens.
Un chien qui aboie.
Un homme.
Un homme.
Cette eau si effrayante.
Je me souviens.
Et ce
chien qui me lèche le visage.
La vie vaut la peine qu’elle nous impose.

Le corps se crispe à nouveau et un sanglot sort étouffé du corps fatigué. Combien de temps se sont écoulés ? Le soleil a atteint son apogée mais le garçon refuse de sortir de son sommeil douloureux. Et son corps se crispe et s’enferme alors qu’il est traversé de derniers spasmes saumâtres.
Coule, coule, coule l’eau de la rivière. Douce hyménée de la mort avec mon corps.
Je traîne ici et je me perds dans des rives perdues, je me souviens de nos remords.
Trois jours ont passés comme le son d’une cloche. Le corps n’a guère changé de place et la fièvre est demeurée constante. Le quatrième matin, arrive enfin, léchant le visage courageusement du garçon qui ouvre des yeux las avant de le refermer dans un gémissement de douleur.
Cloche pied entre les rochers, un rire m’étonne. Est-ce l’onde qui se moque de moi ?
Où bien, les battements de mon pauvre cœur qui me rappellent ce qu’aux astres, je dois ?
Le cinquième jour sonne son déclin et le sixième commence à peine. Le corps remue légèrement dans le lit, alors que la main cherche désespéramment à éteindre le réveil se déclenchant sans que le garçon n’ait réussit à l’entendre jusqu’ici.
Le réveil est éteint.
Le rideau est tiré.

Le bruit du réveil est douloureux. Ce son l'a épuisé. Lun se frotte les yeux et retourne s’allonger dans le lit, refermant les yeux. Les paupières se couvrant sur une nuit nouvelle.


Dernière édition par Lun Marv le Ven 6 Nov 2009 - 17:19, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyJeu 4 Juin 2009 - 12:25

    Des alcooliques puant la vodka et autres réjouissances à plus de 30° à deux mètres à la ronde, le tout dans les couloirs de Keimoo, au petit matin, il n’y en avait pas des masses. En attendant, il y avait surtout un : armé d’une bouteille de rhum presque pleine encore et d’une autre de saké, à moitié vide, équipé d’un sac à dos sur le…dos, Elyott rentrait de toute évidence d’une soirée arrosée.

    7 jours. Ca faisait 7 jours qu’il n’avait pas mis les pieds dans la chambre. Ou 6, il ne savait plus trop, et à ce moment précis, il était hors de question de lui demander.
    Motif ? Disons que, après que Lun ait déserté –même si en fait, et Elyott l’ignorait, il n’avait pas déserté du tout pour l’instant- Lyo n’avait pas eu envie de rester là bas. Une chambre vide, c’était triste. La perspective de passer sa soirée seule dans une pièce froide car abandonnée ne l’enchantait guère. Depuis l’accident et l’état de son père, le garçon avait une presque phobie de l’abandon, de la solitude, de l’isolement, de l’oubli.

    Alors pour chasser ses idées noires, il avait décidé de lui aussi quitter la chambre. Ou, en tout cas, de l’éviter autant que possible. Résultat : il avait passé une nuit dans la chambre de Brieg, à boire, une chez Kodaa, à…boire aussi, une chez Kyo à refaire le monde, une chez Jun à élaborer des plans anti groupies, une chez Aya à parler enquêtes policières –enfin, surtout à regarder Aya lutter contre le terrible sommeil !- une chez Quinn à jouer aux bisounours débiles, une chez Ellen parce qu’à court de chambre, il avait bien fallu aller chez les filles, et rien de mieux qu’une meilleure amie barjotte pour vous cacher dans sa piaule !
    Bref, il avait trouvé de quoi faire.

    Mais là, le retour à la chambre s’avérait nécessaire. Il avait piqué des habits un peu partout, mais la moitié ne lui allait pas, l’autre moitié ne lui plaisait pas. Et les fringues d’Ellen…non, ça ne collait pas. Et puis dans son état, et à une telle heure, le seul endroit où il ne risquait pas de déranger quelqu’un, c’était sa chambre désertée –enfin, ça, c’était ce qu’il pensait avec le seul et unique neurone encore actif –tous les autres avaient été noyés dans l’alcool.

    Il croisa quelques personnes qu’il ne connaissait pas dans le couloir des dortoirs. Ou alors, s’il les connaissait, il ne le reconnaissait pas. C’est fou comme l’alcool altère la vue. Il vous transformerait Johnny Depp en Johnny Hallyday. Plusieurs personnes l’évitèrent, ou émirent des objections quant à l’odeur d’alcool qu’il se trimballait. Lyo les ignora, slalommant comme il pouvait entre tous ces piliers. Des piliers mouvants. Un peu comme les bouées en mer. D’ailleurs, vu comme ça tanguait ici, il ne serait pas étonnant qu’il soit sur un bateau.

    « Bordel…comment je me suis retrouvé sur un bateau ! »

    grogna-t-il à voix basse, se frottant les yeux, obligeant deux marins à le contourner franchement pour éviter de se faire accoster.

    « Ma cabine…où est ma cabine »

    gémit-il, essayant d’alpaguer un bonhomme qui passait et qui l’esquiva comme il put. Certes, Lyo n’était pas l’exemple type du mec effrayant, m’enfin là, il avait l’air dans un sacré état. Et puis, il n’avait pas ses habituels frusques bariolées pour rappeler aux gens qu’il n’était finalement qu’un gentil clown…en moins effrayant ceci dit. En fait, c’était même la première fois qu’on voyait Elyott habillé sobrement. Les vêtements étaient d’ailleurs la seule chose sobre chez lui…

    Par chance, par hasard, ou par ingéniosité d’homme saoul, il parvint à trouver sa « cabine », qu’il pensait trouvait vide. Ou en tout cas, sans Lun. Donc nécessairement vide. Qui d’autre irait dans leur chambre, après tout ? Et pui…que foutrait Lun sur un bateau ?

    Il commença à farfouiller dans ses poches à la recherche des clefs. Celles-ci étant bruyantes, il les trouva assez facilement. Les mettre dans le trou de serrure s’avéra déjà plus difficile, et il dut s’y prendre à 5 fois avant d’enfant ouvrir la porte. Il ne vit même pas Lun. Pas qu’il fasse sombre dans la chambre, mais il ne voyait pas grand-chose à part les deux bouteilles dans ses mains.

    « Et wohoho…et une bouteille de rhum ! » chantonna-t-il

    Et une de saké, même !
    Il se dirigea d’un pas mi-sautillant mi-chancelant vers le lit…de Lun, oubliant que le sien était de l’autre côté, et se laissa mollement tomber, prêt à rencontrer la douceur et la mollesse du matelas. Raté. Il rencontra la douceur de la couette, mais la dureté d’un corps qui était allongé en dessus. Manquant en beauté son atterrissage, il bascula sur le côté, au sol, dans un bruit sourd. Bon sang, qui était le crétin de marin qui dormait dans SON lit. Encore ce crétin de capitaine, sans aucun doute !

    « Marin d’eau douce ! Ectoplasme ! Moule à gauffre ! »

    Et oui, même bourré Elyott connaît ses grands classiques. Sauf qu’avec les brûmes de l’alcool et ses difficultés encore nombreuses dans la langue japonaise, ça avait donné quelque chose comme « Mal de mer de poisson ! Compact ! Sommeil à la japonaise ! ». Ce qui était encore plus insensé que ce qu’il voulait dire à la base.

    Ces quelques… « insultes » proférées, il se redressa, dans un mouvement trop brusque, renversa 1/5 de la bouteille de rhum sur lui. Le liquide se répandit sur sa tignasse blonde, lui donnant un air de chien mouillé, dans son cou, pour venir tâché le pull à manches longues rayé noir et blanc qui appartenait en fait à Kodaa. Ou à Jun. Ou peut être à quelqu’un d’autre, il ne savait plus. Son cerveau mit du temps avant de lui ordonner de redresser la bouteille pour sauver le reste.

    Chose faite, il posa les deux bouteilles en sécurité, c'est-à-dire sur la table de nuit, avant de se redresser pour enfin constater qui était le « Mal de mer de poisson » si terrible qui squattait sa propre couchette. Et là, ses yeux passèrent du statut de demi-fermés au statut de grands ouverts. Soit Lun avait un frère jumeau très euh…semblable, qui était capitaine d’un bateau, soit…soit c’était Lun. Lyo était bourré, pas encore débile profond. Lun n’avait pas de frère capitaine d’un navire. Allez savoir pourquoi, il arrivait à comprendre que cette option était improbable, mais comprendre qu’il ne pouvait pas être sur un bateau, c’était hors de sa portée.

    Il resta un certain temps muet, ce qui devait d’ailleurs laisser le temps à Lun de réaliser qu’il venait de recevoir un colis ivre nommé Elyott. C’est qu’ils ne s’étaient pas vu depuis…depuis un petit temps déjà. Et ils ne s’étaient pas quittés en très très bons termes. L’un avait dit ses 4 vérités à l’autre, l’autre avait balancé deux trois phrases en l’air à l’un, l’un avait piqué la pomme de l’autre en lui annonçant qu’il allait l’abandonner et s’était barré. Depuis, pas revu, plus de nouvelles. Si, Elyott avait écrit une lettre à Lun, comme il le lui avait promis, mais comme il ne savait pas où il était, il l’avait déposé devant la porte, avec les autres.

    Lun ne l’avait toujours pas lu, d’ailleurs. Lyo avait piétinné sa propre lettre en rentrant, sans même s’en rendre compte. Dedans, il avait écrit un poème loufoque à propos de kangourous roux et de pommes multicolores –oui, il avait changé de cible pour l’arcencielisation- et il avait ajouté un petit blabla où il s’excusait pour les « méchancetés gratuites qu’il avait dit et qu’il ne pensait pas », ainsi que tout un paragraphe où il expliquait que c’était bête parce que maintenant qu’il était parti, il ne savait pas où le trouvait, et il ne savait donc pas comment lui faire transmettre cette lettre où il lui disait justement que ça l’embêtait qu’il soit parti et…

    Elyott d’ordinaire si éloquent avait eu du mal à rédiger cette lettre. Il l’avait d’ailleurs glissée inachevée dans l’enveloppe. Persuadé que, de toute façon, Lun ne la lirait pas de sitôt.

    Il ne s’attendait pas vraiment à le voir ici. Ou vraiment pas. Le temps qu’il ne réagisse, Lun s’était redressé. Il lui était de toute façon impossible de continuer à dormir avec un marin ivre à bord de son navire. Encore moins maintenant que le marin en question se redresser pour sauter à son cou en jappant son prénom comme un chiot surexcité.
    Après avoir épuisé sa voix sur un « Luuuuun » tout en longueur, il s’écarta un peu, le laissant respirer, s’installant mi à 4 pattes, mi à genoux sur son lit, pour passer au mitraillage de question.

    « Qu’ess’tu’fich’là ? T’as pas changé d’chamb’ ? T’as changé d’avis ? »

    Le tout, naturellement, en mangeant ses mots, on les avalant, en parlant trop vite, et trop fort. Le rêve, comme réveil. Après Elyott, n’importe quel réveil criard ou strident paraitrait agréable au pauvre Lun…
    En même temps, s’il voulait le repos, il n’était pas conseillé d’aller s’allonger dans un lieu potentiellement visité par la pomme. Le garçon n’avait jamais été un modèle de discrétion et de calme, après tout. Un vrai réveil en fanfare. Restait à savoir si Lun était d’humeur à accueillir la trompette, le saxophone et le clairon d’Elyott au réveil dans leur chambre.

    Pardon, leur cabine !

    « T’as une petite mine ! »

    fit-il remarquer, et c’était déjà un miracle qu’il ait remarqué quoique ce soit, parce que dans un état comme le siens, on n’a généralement pas les yeux en face des trous…
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyVen 5 Juin 2009 - 2:13

Une semaine de calme, à n’entendre que les battements de son cœur et à s’endormir brusquement. Un état second où on ne se réveille que pour mieux replonger dans des délires. Au bout de tous ces délires, un rêve calme d’une plage où l’eau est si loin qu’elle est invisible. Lun laisse le soleil lui lécher le visage, allongé sur ce sable fin où les grains s’accrochent à sa peau.
Il est fatigué. Il lui semble bien qu’il pourrait rester là à se reposer pendant une éternité. Sur cette plage calme, dont il ne sait pas si elle est d’Afrique ou d’ailleurs. Il est si bien. Sans question dans la tête, sans réponse à trouver. Sans volonté et sans force.
Il soupire d’aise, et « Wohoho ! »

Cette chanson est connu de tous. C’est un hymne comme les hymnes nationaux.

Le jeune homme redresse un regard. La mer s’est rapprochée, les nuages aussi. Le ciel commence à se couvrir. Au loin, un bateau de pirates. Lun met les mains devant lui pour mieux voir. « Et une bouteille de rhum. » Pas de doute, c’est bien des pirates qui approchent et ils doivent être si sanguinaires qu’ils risquent de le tuer.
Des pirates. Ils viennent certainement cacher leur trésor sur cette île déserte. Si Lun est trouvé, il sera noyé. Il vaut mieux aller se réfugier dans les grottes de la crypte. Les grottes dont les roches sont si friables. L’odeur est mauvaise, rance, comme l’odeur d’un alcoolique qui sortirait du troquet. Les pirates ont peut-être trouvé l’entrée des tunnels.

Lun ne veut pas se réveiller. Il n’en a aucune envie. A quoi cela va-t-il servir ? Il va encore se réveiller avec ce poignard dans le cœur d’être un enfant trop vieux et de ne pas avoir des étoiles plein les yeux. Il veut rester ici au calme. Sans maladie, sans maladie qui le pousse à aimer le sexe plus qu’il ne devrait.
Sans bêtise, sans cœur. Sans pomme, sans têtes réduites de momie.
Plus de Lanaru. Plus d’Elyott. Plus de Maeki. Le silence, les vagues et les pirates ?

Un bruit. La grotte s’écroule brusquement sur lui et …

Lun grogna légèrement, remontant douloureusement la main sur son ventre. Qu’est-ce qui venait de se passer exactement ? Il venait de recevoir une saleté de cadavre sur lui. Un cadavre un peu trop chaud pour être totalement mort.

« … »

Lun Marv. 15 ans. Académie Keimoo. Ok, je n’ai pas perdu la tête.

974/16 = 60,875 …. Soit, …. Secondes avant, ... que ...


Se frottant les yeux, le génie jeta un coup d’œil la fenêtre qui laissait percevoir un matin naissant. Quel jour on était ? Lun n’en avait aucune idée. Par contre, il sentait bien l’odeur d’alcool de son rêve s’imprégner sur lui et une multitude d’insultes lui tomber dessus.

Ok.

Grognant pour la seconde fois, en moins de quelques minutes, Lun rassembla ses esprits.
Son dernier souvenir était : Lanaru … Maeki et le toit. Mouais.
Il était : dans la chambre. Dans son lit. Ok.
Il avait sur lui : un alcoolo. Ok.
Cet alcoolo était : Jun. … Elyott. Mouais.

Tout était cohérent. Non, pas vraiment. Lun ne se souvenait pas avoir partagé le moindre alcool avec Elyott ou Jun et encore moins avoir dormit dans le même lit que lui. Et ENCORE moins l’avoir autorisé à l’insulter de mal de mer de poisson ?
Pour qui se prenait-il ? Un pirate ?
Le dernier pirate que Lun avait vu devait être le capitaine Jack de pirate des caraïbes. Il avait traîné Luc pour le voir. D’Artagnan et son valet, c’était éclipsé à la fin de la séance e.
Déjà.
Le début du film du trois, avec la chanson, lui avait brisé le cœur. Lun s’était souvenu de la petite sœur de Maeki et son cœur s’était retourné dans son estomac.

Depuis quand sommeil à la japonaise était-il une insulte ?

Lun mit ça sur le compte de l’étourderie, il était fatigué : il avait du mal comprendre ce que disais ce pirate d’outremer.
Et puis Elyott ne ressemblait pas à ça, normalement.
Quoiqu’il en soit.

« … descends de là. »
Bredouilla Lun, se redressant sur le lit, s’asseyant contre le mur. Sa main se porta aussitôt à sa tête. Il avait l’impression d’avoir un marteau piqueur à la place du cerveau, sinon tout allait bien.
Si Elyott pouvait parler plus doucement, ce serait encore mieux !

« Hm. »


Attendez. On était bien le matin, non ? Pourquoi Elyott sentait-il autant l’alcool ? Non. C’était le matin, pas la nuit tombé. Le réveil affichait clairement l’heure.
Lun avait bien du mal à associer l’idée de saoulard du matin avec Elyott le regardant tel un chien battu.
Et si ce n’était pas Elyott mais Jun, le pull de Jun, avec la tête d’Elyott parce qu’il était en train encore de délirer ….

… « Luuuun. »

Ou pas.
Pardon. On a dit : un chiot surexcité qui a prit de l’extasie.

« …. Parle moins fort, quiquetusois ! »
Gronda Lun qui se retrouva avec le garçon contre lui, le tenant par le cou, manquant de le faire basculer hors du bateau. Ce qui aurait provoqué bleus et bosses encore.

Mais Lun tint le cap, et soupira calmement. Ok. Même avec de l’extasie, Jun n’aurait pas ce comportement. C’était donc bel et bien Elyott portant les vêtements de Jun, tout à fait logique tout ça.

« … qui veux-tu que je sois d’autre ? »


Parce que franchement, lui hurler son prénom dès le matin, c’était pas le meilleur moyen de s’attirer un Lun de bonne humeur. Il aurait préféré qu’Elyott l’embrasse tendrement, avant de se glisser dans les couvertures pour …
Ok. On cesse le délire fantasme et on revient à la vérité.

Pas le temps de reprendre un peu de repos. Elyott s’était mit à quatre pattes sur le lit et le noyait de questions auxquelles Lun tenta de capter quelques termes. Doucement, il posa sa main sur la bouche d’Elyott pour le faire taire.

« Je ne suis pas sourd, non plus ! »
Lâcha-t-il calmement, ses yeux fixant les bouteilles ramenées. Rhum et saké, décidemment, quelqu’un aurait-il un peu de bon goût dans cet endroit ?
Quoiqu’il en soit, ça lui irait. Prenant la bouteille de Rhum, Lun avala une gorgé histoire d’arriver à sortir du nuage qui lui brûlait la tête.

Et au lieu de toutes pensées cohérentes, une autre vint à son esprit : Elyott sentait la vodka, mais n’avait pas de bouteille de vodka. Ca c’était franchement étrange !

« Qu’ess’tu’fich’là ? T’as pas changé d’chamb’ ? T’as changé d’avis ? »
« Rien, … visiblement non … je sais pas. »

… Répondant comme il pouvait, Lun bu une deuxième gorgée de breuvage et se redressa un peu mieux que dans la position qu’Elyott lui avait fait prendre en lui sautant dessus.

« T’as une petite mine !
- … Tu m’étonnes. » Marmonna Lun. « Tu viens de me réveiller, de m’écraser, de m’insulter et de m’assassiner de questions. Et cesses de crier, tu me donnes le mal de mer. »

Au fait, Elyott était la première personne que Lun voyait depuis un bout de temps, et ça lui fit assez étrange de dire autant de mots après avoir gardé pendant si longtemps le sommeil et donc le silence.
Lun préféra ne pas y penser. Penser à ça, ce serait penser à ce que Maeki avait fait et penser à ce que Maeki avait fait, le conduirait encore dans les toilettes pour vomir. Or, Lun n’avait pas envie de sortir de la chambre, et il avait déjà réduit la salle de bain en mare de sang, il n’allait pas en rajouter.

Au lieu donc de s’attarder à ça, il garda la bouteille en main, prenant une gorgé supplémentaire pour la non-route, et sa main alla chercher Elyott pour le tirer contre lui. Avant de soupirer doucement. Heureusement qu'il n'avait rien mangé depuis plusieurs jours, sinon l'odeur d'alcool brutal du matin lui aurait retourné l'estomac ...

« Tu sens mauvais. »


Remarque tout à fait logique, quoique un peu déplacé et pas spécialement gentille. Lun soupira, ce pull sentait un peu Jun. Un petit peu. A moins que ce ne soit Kodaa ? Mais D’Artagnan n’était pas ici. Donc ça ne pouvait être lui.

« Puis, c’est quoi ces vêtements ? Tu sors de taule ? »
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMar 9 Juin 2009 - 0:44

    Effectivement, il y avait des rêves plus agréables que ceux où un pirate venait vous réveiller avec une bouteille de rhum. D’autant plus que le pirate était mort bourré, bruyant, maladroit, bref, tout ce qu’on aime au réveil. De quoi donner des envies de meurtres à peine sorti du lit. Heureusement pour Elyott, Lun était sûrement trop à l’ouest pour envisager un crime sur sa personne. Il vivrait donc. Encore un peu.

    Descendre de là ? A vos ordres chef !
    Lyo s’executa sur le champ, employant la technique rapide : basculer par-dessus bord, et s’écraser lamentablement par terre. Douloureux comme technique, mais très efficace, et instantanée. En une seconde à peine, Lun avait repris l’entière possession de son lit. Et Elyott avait fait une rencontre pénible avec le sol.

    « Enchanté… » grommela-t-il à celui-ci.

    Les amabilités échangés, il passa à la suite, c'est-à-dire, casser les oreilles du pauvre étudiant qui lui servait de colocataire. Elyott deux en un : envahissant ET bruyant. Que rêver de plus ? A se demander ce que Lun pouvait bien lui trouver.
    Cela dit, il ne se dérangea pas pour lui demander de baisser un peu sa sono biologique.

    « Quiquetusois ? » répéta Elyott, ouvrant de grands yeux étonnés. Le garçon prit une mine mi-vexée, mi-peinée. « Lun ! Tu ne te souviens déjà plus de moi ? »

    Allons bon, ça ne faisait quand même pas SI longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus ! Est-ce qu’il avait une aussi mauvaise mémoire que ça ? En temps normal, c’était Elyott qui avait une mauvaise mémoire des visages ! Et pourtant il se souvenait bien de Lun, lui ! Sa mine vexée se transforma en moue boudeuse, qui se remarquait à peine, mélangée à la face décomposée de l’homme ivre. Lyo avait les joues anormalement rouges, et les paupières trop tombantes, qui refusaient de se lever. Il commençait aussi à avoir la bouche empâtée, et contre ça : un seul remède : boire ! De l’eau, en théorie. Mais puisque eau il n’y avait pas.

    Il se pencha en avant, dans un équilibre précaire, prêt à se casser la binette d’un moment à l’autre. Son bras atteignit enfin une des deux bouteilles. Laquelle ? Aucune idée. Elle lui sembla anormalement lourde, mais tant pis. Hop, hop, une gorgée, deux gorgées, une grimace. Certes, ça réveillait la gorge. Un peu trop peut-être. Il reposa la bouteille à sa place, manquant à nouveau de la renverser, ne prêtant que peu d’attention à sa maladresse, déjà conséquente lorsqu’il était sobre, carrément catastrophique en l’occurrence.

    Après avoir réhydraté comme il se doit sa bouche, il en usa pour assaillir Lun d’un flot de paroles à moitié avalées et quasi incompréhensibles. Le tout à un volume, naturellement, trop amplifié. Il ne se tut finalement que lorsque Lun vint placer sa main sur ses lèvres, lui intimant silencieusement de la mettre en veilleuse. Avant de se mettre, lui aussi, à boire.

    En temps normal, Elyott lui aurait sans doute fait la morale. Ou au moins une petite remarque : ce n’est pas sérieux de boire de l’alcool de si bon matin. C’est même complètement malsain et déconseillé. Sauf qu’en l’occurrence : de un, il était mal placé pour la ramener. Certes, il ne buvait pas à ce moment précis, mais il était encore bien attaqué de la veille. Enfin plutôt du jour même, mais très tôt le matin. Et puis, surtout, dans l’état lamentable dans lequel il était, impossible de faire fonctionner ses neurones, impossible de faire appel à une miette de bon sens.

    Profitant de ce moment d’inattention, Elyott se relança dans ses questions d’homme ivre, obtenant des réponses courtes, rapides, plus ou moins claires. Il n’ajouta rien, pas franchement en état de réfléchir, embrayant directement sur un autre sujet, à savoir, la mine pas franchement glorieuse de Lun. Présentées tel que le cadet des deux venait de le faire, les choses pointaient Elyott comme un sale type, totalement irrespectueux de son colocataire.

    « Ce n’est pas toi que j’insultais ! »

    protesta Elyott qui n’aimait pas qu’on se méprenne. Non, il n’avait pas voulu insulter Lun, Lun s’était juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, voilà tout.

    « J’insultais ce gredin de capitaine…tiens mais où est-il passé d’ailleurs ? Il était sur mon lit il y a à peine quelques minutes.. »

    Son lit. Oui. Celui de Lun plutôt en fait, mais soit, ne pinaillons pas sur les détails. Et voilà qu’Elyott s’agitait dans tous les sens à la recherche de ce fameux capitaine disparu. Mais il n’était nullepart. Envolé. Evaporé.

    « Il a du partir pendant que je ne faisais pas attention… »

    Pendant qu’il sautait au cou de Lun ou se renversait de l’alcool partout sur le torse, par exemple. Qu’à cela ne tienne, Elyott le retrouverait déjà et lui ferait la fête, à ce capitaine squatteur de lit ! A cause de lui, voilà que Lun lui en voulait. Enfin en partie à cause de lui. Ca n’était pas sa faute tout de même si le blondinet avait écrabouillé Lun…

    Mais ce dernier ne devait pas être franchement rancunier. Il semblait avoir déjà oublié, l’alcool de bon matin aidant peut être. Elyott se laissa tirer, tombant à moitié, prenant cette pseudo enlaçade comme un pardon pour l’attaque qu’il avait dû subir un peu plus tôt.
    La remarque qui suivit s’avéra pourtant… peu sympathique.
    Sentir mauvais ? Elyott attrapa son pull trempé par le rhum, tira dessus pour l’amener contre ses narines, et humer le « délicat » parfum de l’alcool. Il grimmaça.

    « C’est vrai » reconnut-il.

    Avant d’ajouter, détail dont on se serait sans doute passer, mais qui pour lui expliquait tout. Ou à défaut, ça expliquait beaucoup.

    « Pas pris de douche depuis 2 jours ! »

    Eh oui. Pauvre Lun. La rencontre du maniaque et du… du négligeant ? Mais que voulez vous : pas d’affaire de douches, peu d’affaire de rechange, Elyott ne cessait de remettre au lendemain la séance lavage. Il voulait repasser à sa chambre avant. Et il ne l’avait pas fait. Maintenant qu’il y était, il était tellement ivre qu’il serait capable de s’endormir et de se noyer sous la douche.

    Mais Lun n’avait visiblement pas fini avec les critiques d’Elyott. Après l’odeur, les habits. Marrant, Lyo aurait plutôt parié sur le fait qu’il soit trempé. Qu’il porte un habit rayé importait peu. Qu’il soit tout mouillé et qu’il se vautre dans le lit de Lun, l’empreignant d’alcool, c’était autrement plus gênant, non ?

    Le temps que l’information monte au cerveau, et Elyott éclata d’un petit rire.

    « En taule ? » répéta-t-il comme si le mot était amusant. Son rire se stoppa quasiment instantanément, laissant place à un petit froncement de sourcil.

    « Pourquoi j’aurais été en taule ? » reprit-il, le plus sérieusement du monde. « Je n’ai rien fait. Enfin je crois… »

    Cela dit, vu la compétence et la méticulosité de la police du coin, ne rien faire était déjà suffisant pour se faire arrêter. Mais Lyo ne connaissait pas la police du coin –grand bien lui en fasse !- et n’était pas en mesure de raisonner correctement.
    Il lui fallut d’ailleurs un petit bout de temps avant de comprendre la question que cachait celle posée par Lun. Il ne voulait pas savoir si Elyott était allé en prison. Il voulait savoir pourquoi il se trimballait avec ce haut.

    « Je l’ai emprunté à… » Trou noir. Bon sang à qui pouvait bien être ce haut ? Le grand gamin ressassa ses souvenirs, son passage dans les chambres, l’épisode du pull ne lui revenait pas. A moins qu’il n’ait échangé son haut avec quelqu’un pendant la soirée ? Pendant le gros trou noir d’environs 4h, qui ne lui laissait aucune image de cette partie de la soirée… « …quelqu’un »

    Voilà, il ne pouvait pas être plus clair pour l’instant. Merci Elyott pour tant de précision. En même temps, est-ce que Lun attendait VRAIMENT quelque chose de constructif de cette petite pomme, dans un état si lamentable ?

    D’ailleurs, l’avoir tiré contre lui n’était pas l’idée du siècle. Le garçon n’avait tellement pas d’équilibre, que glissant de l’épaule de Lun qui lui servait jusqu’alors d’appui, il s’affaissa, la tête la première sur le matelas, son visage s’enfonçant dans le tissu mou. Son corps allongé dans le creux entre Lun et le mur contre lequel était le lit, il n’évoquait rien de plus poétique qu’un…phoque. Ca n’était même pas qu’il avait sommeil, mais son corps refusait de bouger correctement, et c’était aussi valable pour la fonction « se redresser ». Il resta un certain temps totalement inerte, et si son corps ne se soulevait pas à intervalles réguliers pour marquer sa respiration, on aurait pu le croire mort.

    Mais un élément perturbant revint soudainement à sa mémoire, et sous l’impulsion de la surprise sans doute, il parvint à se relever comme il fallait, s’accrochant tout de même à l’épaule de Lun comme soutient. Il l’observa attaquer la bouteille de rhum sans broncher, se contentant d’abord de le fixer sans ciller.

    « Lun… » marmona-t-il, essayant comme il pouvait de rassembler ses esprits, et ça n’était pas franchement chose aisée à l’instant même. « Comment se fait-il que tu sois sur un bateau ? »

    Question judicieuse. Il devrait être à Keimoo. Dans une chambre. Pas la sienne d’ailleurs, quoiqu’il avait déjà répondu qu’il n’était pas parti. Bref, en tout cas il n’avait rien à faire sur un bateau ! A moins qu’il n’ait été enlevé ? Ceci dit, en toute rigueur, on pouvait retourner la question à Elyott, qui n’était pas plus marin, capitaine, moussaillon ou pirate que Lun. En plus, il n’aimait pas les bateaux, et il en avait peur. En plus d’avoir un effet désinhibant, l’alcool avait donc un effet rassurant.

    Pointant soudainement son index sous le nez de Lun –au sens propre, sa vision trouble lui faisait perdre crument le sens des distances- il fronça les sourcils.

    « Et je parie que tu ne lis toujours pas tes lettres ! »

    Ca, il n’en savait rien du tout, il n’était pas suffisamment lucide pour avoir pensé à regarder sur le pas de la porte si le tas de lettres y était encore. Il se contentait donc froidement de supposer.
    Il ne resta cependant pas bien longtemps assis, sentant sa tête tourner et son sens de l’équilibre lui jouer des tours, le voilà qui retombait mollement sur le matelas, écrasant à moitié son colocataire au passage, poussant un grognement d’animal fatigué.

    Elyott avait mal partout : il avait mal aux genoux et aux coudes à cause du jardinage. Il avait mal à la tête et au coccyx, parce qu’il venait de très mal tomber du lit. Il avait mal au front parce qu’il s’était cogné la tête au comptoir durant la soirée. Il avait mal à la pommette droite, dans le dos et sur les bras, à cause des hématomes laissés par Tsumi. Il avait mal à la tête, parce qu’il avait trop bu. Mais il ne se rendait qu’à moitié compte de tous ces maux, car, c’est bien connu, l’alcool anesthesie. Il commençait tout de même à sentir les douleurs les plus récentes l’élancer. Et il se sentait tout fourbu. En bref, il était dans un sale état. Lun aussi, mais c’était surtout psychologique, alors que Lyot, psychologiquement, était sur un petit nuage où des kangourous roses côtoyaient des éléphants volants et des pirates navigant sur de grandes prairies remplies de pâquerettes et d’abeille format géant.

    « Si elle me pique, j’aurais encore plus mal… »

    commenta Elyott à voix haute. Il parlait de l’abeille, bien sur. Vu sa taille, pire que celle d’un frelon, une piqure serait sûrement très douloureuse, où qu’elle soit. Mais sorti du contexte, évidemment, sa phrase n’avait plus beaucoup de sens. Ceci dit, Lun devait déjà connaître cette petite spécificité : l’art de passer du coq à l’âne et des lettres aux piqures sans crier gare.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyDim 14 Juin 2009 - 23:34

Monsieur tout le monde – Aldebert



[Désolé pas terrible, --' crevé.]

Ce n’était pas possible ! Lun n’avait jamais demandé à Elyott de se fracasser sur le sol comme un pomme tombée d’un arbre. Juste de se retirer de lui. L’anglais n’était pas un poids plume et Lun l’avait bien senti sur sa poitrine déjà bien assez meurtrie. Il aurait du préciser : peux-tu te décaler s’il te plait. Seulement, il venait de se réveiller et la diplomatie n’était pas sa plus grande qualité. Elle ne l’était déjà pas quand il était bien éveillé …
Il avait donc trouvé trois mots pour résumer une phrase trop longue à son goût. Et le résultat était un nouveau fracas qui résonna dans sa tête comme un coup de flingue. Un gros flingue. Et un regard rond : de quoi ? Pourquoi Elyott était par terre maintenant ?

Enchanté ? De quoi ?

Lun ne comprenait pas grand-chose pour l’instant. Il essayait surtout de se réveiller et de se souvenir quand il avait dormit avec Elyott. En toute logique, jamais. Alors Elyott devait être rentrer pour dormir. Il avait passé une soirée de beuverie avec … un amant ? Une fille ? Des amis. Quelqu’un ou quelques uns. Salaud de petite pâquerette qui allait faire la fête sans lui et qui ignorait son existence ! Même pas un passage dans la chambre pendant plus d’une semaine.
Il fallait pouvoir se concentrer enfin d’arriver à savoir pourquoi Elyott était venu dans le mauvais lit. Il avait bu : il devait s’être trompé de lit. Pas de chambre. Ce qui était assez étrange, mais pas tant que ça : on parlait d’Elyott tout de même. Elyott ne se trompait pas souvent : il se trompait tout le temps.

Sourire.

Elyott prit soudain une mine bien étrange, ressemblant à celle d’un chat, et s’exclama : « Lun ! Tu ne te souviens déjà plus de moi ? » Qui fit froncer les sourcils à Lun. Il n’était pas bien conscient de ce qui se passait autour de lui. Cependant la question faisait écho dans son cerveau. Et le cerf-volant finit par soupirer. Est-ce qu’il se souvenait d’Elyott ?
Le jeune Marv, aussi répondit-il mécaniquement :
« Elyott Lloyden, anglais origine tchèque, né le 3 janvier 1991 de Darja et Philip Lloyden. »

Penchant le visage sur le coté, Lun eu un sentiment de soulagement. Non, ça allait. Il rajouta doucement. « Si. Je me souviens encore. »

Rassuré par cette certitude qui confirmait avec le calcul et le souvenir du lieu qu’il n’était pas devenu idiot ou qu’il n’avait pas sombré dans la folie. Lun chercha ce qui n’allait pas en Elyott par rapport à la dernière fois qu’il l’avait vu. Aux autres fois, aussi, où il l’avait remarqué mais où il avait changé de chemin avant cette dernière semaine.
Il ressemblait à un garçon qui aurait trop bu, tout simplement. Et alors qu’il prenait encore des gorgées d’alcool, Lun laissa un nuage passé dans son cerveau. Un nuage en forme de pomme, d’abeille et de beau corbeau. Un nuage avec des anges à un seul œil, et l’écho de ses souvenirs dans le creux du crâne, Lun parvint à soupirer d’aise.

« … Hé ! »


Lun laissa Elyott reposer les bouteilles près de lui, se demandant s’il n’en devait pas le gronder. Quelle maladresse ! En buvant, Elyott ne s’arrangeait pas. Oui, peut-être, mais une voix souffla à Lun, qu’il était toujours aussi mignon. Même avec les yeux pochés comme un œuf mal cuit, même avec la tignasse d’un lion, et l’odeur d’un putois. Il était adorable : un petit cascadeur enfantin qui dégringolait du lit et jouait le rôle du mouton face au loup à la perfection. Un beau jeune homme au visage séduisant même ainsi qui semblait avoir été fait pour sombrer dans une luxure et un plaisir sans fin.
Ok. On avait dit qu’on sortait des fantasmes.
Lun détruirait celui qui ferait du mal à Elyott. Ce qu’il faisait au flic, (avec qui il était plutôt gentil), ne serait pas même un petit pourcentage face à ce qui préparait à la personne qui pourrait simplement lever la main sur une personne que Lun aimait autant.

Après avoir bu, Elyott décida de noyer Lun dans un flot de discussion dont Lun était bien incapable de capter. Il comprenait rien, et franchement, Elyott le saoulait un peu. Afin de pouvoir se concentrer, il le fit taire. Et Lun tenta de répondre … mais préféra boire. L’alcool était mauvais et brut lui brûlait bien le corps, mais au moins, ça lui permettait de sortir de son état.

Lun capta qu’il en avait peut-être trop dit en donnant l’identité d’Elyott. Puis, il soupira intérieurement : ce n’était pas bien grave. Vu l’état d’Elyott, il n’y prêterait pas attention, ou alors, il oublierait. C’était d’ailleurs connu de tous que son homologue anglais sautait du coq à l’âne aussi bien que Lun sautait de Coq, le cuistot, à Lan.

Lun préféra informer Elyott qu’il l’avait tout de même insulté en arrivant, et il sourit en l’entendant protester. Sans blague ? Il ne l’insultait pas. Ca y ressemblait pourtant bien : même si Lun n’avait jamais entendu ce genre d’insulte jusqu’ici.
Il fallait dire qu’Elyott aimait ne rien faire comme tout le monde. C’était un peu comme une qualité intuitive en lui : sauf dans les vêtements. Là, le style était déjà prit : dans les bagnes des contés.
Quoiqu’il en soit, Lun n’était pas totalement saoul et il était capable de comprendre la plupart des questions. Et même s’il préférait s’attarder sur les bouteilles, il fronça les sourcils.

Mais bien sur ! Il avait beau dos le capitaine.

Lun le laissa chercher le bonhomme, avant de se pencher vers Elyott pour murmure avec un fin sourire complice et mystérieux :

« Tu ne devrais pas insulter le capitaine, il risque de te jeter à la mer. Tes mots peuvent être considéré comme une mutinerie. »


Souriant doucement, Lun regarda la bouteille d’alcool et enfila plus correctement sa chemise afin de se rhabiller un tant soi peu. Une petite voix pudique lui soufflant qu’il ferrait mieux de mettre un pantalon, mais la voix feignante lui répondant : « qu’importe, il était dans le lit et c’était Elyott qui l’avait dérangé. »
Il fallait bien avouer qu’il n’était pas vraiment dans un bel état. Les cheveux décoiffés, les cernes sous les yeux. Une unique chemise trop grande pour s’habiller qu’il attacha précipitamment et un drap sur une partie des jambes. Il avait toute l’air de celui qui se réveille d’une beuverie. En même temps, ce n’était pas tout à fait faux, puisqu’il à part les douches prises, il n’avait rien mangé depuis l’alcool ingurgité chez une professeur. Seul bémol : c’était il y a quelques jours, donc Lun ne pensait pas avoir le moindre taux d’alcool dans le sang.

« Bah, je lui dirais pas. »
Remarqua Lun en parlant du capitaine. D’un geste de la main, il prit un ruban sur sa table de nuit, manquant de renverser la bouteille d’alcool. Il le tira jusqu’à lui, et s’attacha les cheveux afin d’éviter de les voir retomber par-dessus ses épaules.

Sauf que ça ne lui fit que grincer des dents : pourquoi Elyott l’avait réveiller ? Parce qu’il devait être un ange. Un ange qui l’avait empêché de totalement sombrer dans la rive de ses rêves.
Peut-être … que Lun aurait pourtant préféré.

Un ange sentant le putois. Et Lun ne se fit pas pousser pour le signaler à Elyott : c’est que lorsqu’on se réveille, on a l’odorat plus sensible. Et actuellement, l’odeur qui émanait du corps d’Elyott n’avait rien de mignonne : on aurait pu penser un teufeur qui sortait de Soliday ou d’un concert de Tryo au festival internationale de la chanson française. Et sans nul doute, qui aurait oublié qu’on pouvait trouver des douches dans ce genre d’endroit.
Si, si, en cherchant bien on trouve.

Cependant, quand Elyott l’informa qu’il n’avait pas prit de douche depuis deux jours, Lun manqua de le prendre par le poignet et de le tirer vers la salle de bain ! C’est que dans sa tête, le mot microbe tournait en se réjouissant. Ho mon dieu ! Ho mon dieu, ce garçon n’avait donc rien de bien dans son cerveau ? Il trouvait ça normal de ne pas prendre de douche pendant deux jours et de boire jusqu’au matin ?

Ok.

Le visage de Lun prit la teinte de dégoût qu’il aurait préférait oublier mais qui demeura un certain moment.

« T’es dégoûtant, Elyott ! »


Ce qui n’était pas tout a fait le mot que Lun voulait employer. Il voulait dire : « sale » mais il n’était pas plus japonais qu’Elyott, et parfois il lui arrivait aussi de se tromper. Surtout quand l’énervement le gagnait et que son subconscient et le lapsus de langage prenait le dessus.

Lun se pencha un peu en avant pour observer le pull d’Elyott. Un pull simple rayé, que lui-même aurait pu porter. Sans couleur, sans trace de pomme. Tachés d’alcool, et sentant mauvais. C’était un pull d’une bonne marque qui devait être bien triste de finir ainsi. Lun aurait bien aimé le retirer à Elyott – non pas pour des raisons de fantasme, mais pour éloigner le putois de lui.
Malheureusement, l’odeur devait provenir du corps même.

A dire vrai, si Lun avait eu à porté de main un seau d’eau, il l’aurait certainement renversé sur le visage d’Elyott. (Voir sur tout son corps.) C’était même certain qu’il n’aurait pas perdu un instant, pas une seconde pour le faire.
Mais Lun n’avait pas de seau d’eau sous son lit, juste son ordinateur portable, et ça ne l’aiderait pas à renverser de l’eau sur Elyott.

Il du donc abandonné cette attaque aux émanations délicates et sautant de l’odeur, au pull, Lun remarqua qu’Elyott devait venir de prison. Ironie que le pauvre garçon saoul ne comprit pas.

Et lorsque son homologue anglais, demanda à Lun, pourquoi il aurait été en taule, Lun fronça les sourcils : Il n’en savait rien.

« Je n’ai rien fait. Enfin je crois…

- Ivresse sur la voie publique. » Répondit Lun avec un fin sourire. « Si j’étais flic, je te coffrerais. »

Et l’humeur de Lun, vraiment lunatique, se rassura un peu. La tempête bruyante commençait à se disperser et l’alcoolique garçon l’amusait un peu plus. Pirate, taule et enchanté au sol, c’était un peu plus gai que ces rêves où une bête monstrueuse tentait de le dévorer.
Cela dit, Lun n’était pas Flic. Il n’avait pas franchement des affinités avec eux. Et si au plus souvent, il ne les aimait guère, il n’appréciait pas d’être embêté par eux dans les bars, ou les bras où il se trouvait. Il aimait encore moins ceux du coin : entre ceux qui sont débiles et ceux qui sont franchement cons, il n’arrivait pas bien à comprendre comment la crème de la crème des ripoux avait pu arriver jusqu’ici !

« Et bien, … » Combla Lun, « Tu ferrais mieux de nettoyer ton pull avant de le rendre à quelqu’un. A moins que « effluves d’eau de vie à la pomme » soit son parfum préféré. »

Grinçant des dents, Lun observa Elyott tomber sur lui – ENCORE UNE FOIS – et il manqua de le choper par le col pour le soulever et le pousser définitivement or du lit en lui criant dessus, comme il aurait certainement fait avec n’importe qui. Lun n’aimait guère qu’on rentre dans son lit sans y être convié, ou au moins, avoir une tenue vestimentaire et une odeur corporelle correct.

Cependant, … voyant Elyott allongé avec la grâce et l’élégance rare … de … de …

Bref.

Lun décida plutôt de demander d’une voix, presque inquiète :

« Elyott, ça va ? »



Visiblement, oui. Elyott allait bien puisqu’il se releva en s’aidant de l’épaule de Lun. La main du jeune blond se posa sur le visage de sa pâquerette et l’abeille soupira d’aise caressant du bout du pouce cette joue jeune, alors qu’une question fondamentale lui était posée :

Comment se faisait-il qu’il soit sur un bateau ?

« Je n’y suis pas. »
Répondit Lun, sa main totalement reposée sur la joue du garçon, se retirant aussitôt alors qu’il continuait sa phrase : « Et toi, que fais-tu sur un bateau ? »

Lun n’avait aucune idée de comment Elyott avait pu croire être sur un bateau, mais il avait connu assez d’hommes ivres et assez d’hommes drogués pour ne plus prêter attention à leurs délires.
Surtout quand lui-même sortait d’un état légèrement choquant.

Et alors qu’il pensait à tout ça, Lun vit un doigt se poser sous son nez, et dans un geste d’autodéfense, il s’en saisit en même temps que l’accusation sur les lettres tombait. Non, il n’avait pas eu le temps … Pas vraiment, de lire les lettres.

Il avait eu d’autres soucis à régler, dommage.

D’ailleurs, Lun n’en voyait pas l’intérêt ! C’était en essayant de lire les lettres qu’il était tombé sur celle de Lanaru, et il n’avait pas vu celle d’Elyott. (Il était même persuadé que l’autre ne lui en avait pas écrit !)

Alors au lieu de se défendre, Lun passa à l’attaque :

« Je suis certain que tu manges toujours autant de pomme ! »
Dit-il sur le même ton qu’Elyott pour les lettres.

Pourtant ce n’était pas le moment de se battre.

Elyott retomba mollement sur le lit, et Lun cette fois le laissa faire sans éprouver l’envie de le fracasser sur le sol. Au contraire, il s’écarta assez pour ne pas l’avoir trop sur lui. Elyott allongé de cette manière, donnait envie à Lun de se pencher vers lui, et de le prendre dans ses bras en lui soufflant de dormir. Il voulait l’avoir contre lui, mais une voix le réveilla de ce nouveau plongeon dans le monde merveilleux des envies :

« Si elle me pique, j’aurais encore plus mal… »

… ?

Lun ne comprit pas cette fois, il avait beau essayé, il ne voyait pas. Qui pique ? Encore mal. De quoi parlait encore Elyott ? Certainement pas des aiguilles et des poupées vaudous de Maeki.

Alors ?

Une lettre ne piquait pas.



Lun repoussa le début de la phrase pour s’attarder sur la fin :

« Où as-tu mal, Elyott ? »
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMer 17 Juin 2009 - 1:36

    (Mais si, nickel ton poste :) )

    Tomber par terre deux fois, ou peut être trois, il ne s’en rendait pas compte, se cogner partout, s’asperger d’alcool. Bon sang, Elyott avait du faire quelque chose au Bon Dieu pour que le sort s’acharne ainsi. A moins que ce ne soit l’alcool, qui veuille lui faire payer. Payer quoi au juste ? S’il y avait bien quelqu’un dans l’académie qui ne méritait pas l’acharnement, c’était Elyott. Si on exceptait les cœurs brisés, comme Lun, ceux qui ne le supportaient pas, comme Tsumi, et ceux qui se retrouvaient à devoir jouer la babysitter, comme…tous ses amis en fait, Lyo ne faisait de mal à personne, et n’en ferait à personne. En tout cas pas volontairement. Alors, soit il existait un Dieu des Lun et des Tsu qui venait les venger, soit c’était une sorte de…sentence prémonitoire. Un avant goût de ce qui lui arriverait s’il s’avisait de continuer à être cruel en étant gentil, comme l’avait savamment fait remarquer Lun.

    Quoiqu’il en soit, tombé ou non, fracassé ou non, il avait encore toute sa tête. Enfin pas tout à fait. Toute sa mémoire disons, ce qui ne semblait pas être le cas de Lun. Lyo crut un instant que ce dernier l’avait oublié, ce qui, avouons le, l’aurait probablement fortement attristé. Heureusement, le cadet des deux lui prouva rapidement que non. Loin de là, il se rappelait de tout : son nom, son prénom, sa nationalité –tiens, il lui avait dit qu’il était Tchèque ? aucun souvenir- et même le prénom de ses deux parents. Lyo eut d’abord un grand sourire, manifestement content qu’il se rappelle de lui.

    « Bravo ! »

    Ce ne fut qu’après que la question de savoir d’où Lun tenait toutes ses informations l’interpela. Mais il ne la posa pas, l’oubliant presque aussitôt. L’alcool avait vraiment des bienfaits. Elyott ne se formalisait pas de quelque chose qui, en temps normal, aurait valut un interrogatoire à Lun. Et surtout, SURTOUT, il ne se mettait pas à déprimer ou à pleurer parce qu’on évoquait son père. Lun avait évité le pire. Les déprimes Elyottiennes pouvaient parfois être très violentes. Et un seul déprimé par chambre, ça suffisait amplement !

    De toute façon, Lun ne lui laissa guère le temps de ressasser cet épisode, l’attaquant sur un autre front, revenant sur l’histoire des insultes bizarroïdes. Brillante idée. Un cerveau saoul ne peut pas penser à deux choses en même temps. L’unique case valide du cerveau ivre chassait donc le problème des informations, les remplaçant immédiatement par celui des injures.
    Le garçon essaya de dissiper le quiproquo comme il put, insistant bien sur le fait que Lun n’était pas sa cible, mais que c’était bel et bien cette fripouille de capitaine. Décidément, il lui en attirait des ennuis celui là !

    D’ailleurs, le blondinet sentit son sang se glacer lorsque Lun mentionna la possibilité d’être jeté à l’eau. Elyott n’aimait pas beaucoup l’eau. Si, pour boire, prendre une douche –il en avait besoin d’ailleurs-, à la limite dans une piscine, mais la mer, beaucoup moins. Avant d’être un plaisir ou une opportunité, la mer était un danger, de son point de vue. Même saoul comme un pot, il se rappelait de ça.

    « C’est lui qui a commencé ! »

    fit remarquer Elyott, témoignant une fois de plus de sa graaaande maturité. Notons tout de même que dans un état normal de sobriété totale, il ne serait tout de même pas tombé aussi bas. C’était la vodka qui le mettait à un tel niveau. Toujours la faute des autres : le capitaine, la vodka. Que de coupables, et un seul suspect pourtant : Elyott. Police incompétente.
    Cependant, Lun eut l’excellente idée de préciser que de toute façon, il ne comptait pas lui faire un compte rendu des dires d’Elyott. Parfait. Comme ils n’étaient que deux dans cette cabine, si ça restait entre eux, Yot ne risquait pas de finir à la mer tout de suite.

    « Heureusement que j’ai un bon allié ! » répondit-il, tout sourire.

    Le bon allié, c’était Lun, bien sur. Et des alliés, contre le capitaine, Elyott allait en avoir besoin. Maintenant qu’il savait qu’il pouvait compter sur son compagnon de cabine, il était un peu rassuré. Peut être qu’il n’empêcherait pas le capitaine de le jeter à la flotte, mais au moins, il ferait un bon confident. C’était déjà pas mal.

    Mais enfin, pour garder ses alliés, Elyott allait devoir faire des efforts. Effectivement, se négliger, et ainsi négliger les autres, même pour un pirate, n’était pas de bon augure. Peut être
    Que Lun, au lieu de l’aider, allait même lui-même le jeter à l’eau pour ôter cette odeur néfaste qui lui collait aux vêtements, ou à la peau, dur à dire.

    « Ca… » marmonna Elyott, avec une moue boudeuse « …c’est méchant ! »

    Méchant peut être, mais surtout véridique. Elyott ne se formalisa pas vraiment du mot choisi. Dégoûtant. Il ne voyait pas les nuances. Dégoûtant, sale, il avait compris le message général. Il savait que c’était vrai mais enfin, ça n’était pas gentil de lui faire remarquer. Ou plutôt, pas très diplomate. La diplomatie n’était sans doute pas trop le truc de Lun, encore moins au réveil. Encore moins au réveil quand on se fait tirer du sommeil par un matelot ivre. Ca, Elyott pouvait le concevoir. Enfin, il pouvait le concevoir inconsciemment en tout cas. Là, pas certain qu’il assimile les enjeux.

    « La douche est… » Quel était le mot exact ? « …trop loin. »

    Oui, on pouvait voir ça comme ça. Sur qu’à trop zigzaguer, le pauvre Lyo multipliait tous ses trajets par deux, et du coup, ça devenait sacrément fatiguant de se rendre dans les salles de bain. Une douche dans la chambre aurait été une idée savante dans un cas pareil. Se trainner ou ramper sur 5 mètres, il en aurait sûrement été capable. Après il aurait fallu tenir debout dans la douche. Ca, c’était un autre challenge.
    Mais la question ne se posait pas. Tant pis, Lun supporterait le putois.

    « Mais tu ne me jetteras pas à l’eau, hein Lun ? »

    se rassura-t-il tout de même, songeant qu’un capitaine à dos, c’était amplement suffisant !

    Et puis, il était bizarre aussi, Lun. L’odeur d’Elyott le dérangeait, mais il se penchait quand même sur lui pour détailler son t shirt, au risque de s’emplir les narines de la charmante émanation d’alcool.
    Verdict ? Il avait l’air de sortir de taule. Un petit dalton. Enfin un moyen, car Elyott n’était pas si petit que ça en fin de compte. Effectivement, la pomme ne perçut pas l’ironie. Au naturel, il avait parfois tendance à prendre les choses au pied de la lettre. Pas tout, bien sur. Mais comme il était étourdi, on pouvait parfois lui faire avaler des énormités. Alors bourré, naturellement, l’humour ne passait plus. Les expressions n’ont plus. Il fallait être simple. Comme avec un enfant.

    Est-ce qu’on envoyait les enfants en taule ? Non. Mais Elyott n’en était plus un, alors il pouvait y aller. Cependant, l’ivresse sur la voie publique comme motif ne lui plaisait pas.
    Il mobilisa toutes les cellules de sa cervelle apathique pour formuler une réponse correcte et pertinente à la remarque de Lun. Même si honnêtement, la pertinence n’était pas toujours le point fort d’Elyott.

    « Mais… je suis sur un bateau. Pas sur la voie publique ! »

    Il avait failli ajouter, en tout bon bourré qu’il était, ‘mais je ne suis pas ivre !’, mais il y avait des limites aux bobards tout de même. Elyott déjà semblait retrouver son sens de la répartie. Enfin, si on pouvait appeler « sens de la répartie » les réponses d’Elyott, bien sur. Disons qu’il arrivait à dire des choses plus intelligentes que oui, non, ok, et des insultes de hadock remixées à la sauce pomme.

    « Et puis…tu n’es pas flic ! Ni capitaine d’ailleurs. »

    Woah. Elyott faisait preuve d’une perspicacité redoutable. Enfin, c’était bon signe. Il ne confondait pas Lun avec le capitaine ou les policiers. Un petit pas vers le recouvrement total de sa santé mentale ! Par rapport au reste, ces remarques étaient presque brillantes. Presque. N’exagérons rien !

    « En plus je ne veux pas aller en prison »

    ajouta-t-il, avec l’air apeuré d’un enfant devant un clown trop grand, trop maquillé, trop coloré, trop souriant, bref, trop effrayant. L’argument de choc. Un jour, quelqu’un devrait expliquer à Elyott que ce n’est pas parce qu’on ne veut pas quelque chose que ce quelque chose n’arrivera pas. Mais pas maintenant. Ca rentrerait par une oreille et resortirait immédiatement par l’autre.

    « J’aurais peur. »

    Comme si on ne s’en doutait pas rien qu’en lisant son visage. En même temps, personne ne devait vraiment être à l’aise en prison. Ou peut être que si. Mais pas des Elyott. Les pommes en prison ont peur, voilà tout. En bateau aussi, il avait peur normalement, mais bon, tant qu’il ne voyait pas la mer, ça allait à peu près, et pour l’instant, la mer, il ne l’avait pas vu, justement.

    Il était justement en train de se demander comment il allait quitter le bateau sans voir, justement, la mer, quand Lun crut bon de lui prodiguer ses précieux conseils. Première réaction, Elyott tomba à la renverse. Enfin pas tout à fait, mais il tomba, ou plutôt s’écrasa, sur le lit. Seulement alors il put considérer intelligemment la phrase. Enfin intelligemment, c’était vite dit.

    « Je ne sais plus qui c’est, alors je ne peux pas savoir quel est son parfum préféré »

    Ca, c’était tout Elyott : se concentrer sur la partie inutile et presque facultative de la phrase et passer à côté du message principal qui n’était autre que : lave moi ce torchon puant avant d’oser le rendre à son propriétaire. Mais bon, en même temps, c’était inutile de lui dire. Elyott était fêlé, mais pas con et irrespectueux. Une fois dans son état normal, il courrait à la laverie réparer les dégats. Il courrait aux douches aussi, accessoirement.

    Mais en attendant, il n’était pas dans son état normal. Lun l’avait remarqué, d’ailleurs –dur de ne pas remarquer en même temps- et crut bon de venir aux nouvelles. Il n’eut pas le temps de lui répondre plus qu’un grognement, puisque déjà une idée avait fusé dans sa petite tête, et il fallait qu’il l’extériorise. Parce que savoir pourquoi Lun était sur un bateau était…essentiel.
    Mais la réponse qu’il obtint était loin d’être satisfaisante à ses yeux.

    « Tu n’y es pas ? Mais si. Si j’y suis, toi aussi. »

    Là, il n’avait pas tort. Il lui restait à réaliser et admettre qu’il n’était lui-même pas sur un bateau, et l’énigme serait résolue. Inspecteur Elyott, plus fort que tout. Sauf que l’alcool.

    « Moi ? »

    Question idiote, et ridicule. La question typique où on meurt d’envie de vous répondre : non, le pape. Mais ce ‘moi ?’ n’était en fait qu’un prétexte le temps de trouver la réponse. Sauf que la réponse, Elyott ne l’avait pas.

    « Je ne sais pas… Je marchais et …je me suis retrouvé sur un bateau ! D’un coup ! »

    Le garçon fronça les sourcils, perturbé, réalisant que ce genre d’aventures était a priori, et même a posteriori impossible. Il y avait donc une explication. Une idée lui vint bien en tête. Il regarda autour de lui, desfois que quelqu’un –qui ? on se le demande, ils étaient seuls tous les deux- n’entende ce qu’il s’apprêtait à dire à Lun. Pas de fouineur à l’horizon. Il s’approcha donc de Lun, pour venir lui chuchoter à l’oreille :

    « C’est peut être encore un coup du capitaine ! »

    Pauvre capitaine…
    En tout cas, Elyott avait pris au mot les conseils de Lun : faire attention pour qu’on ne l’accuse pas de mutinerie. Lun avait dit qu’il ne répéterait pas, alors il pouvait lui faire part de ses soupçons. C’était aussi simple que cela.
    Heureusement que l’abeille était là pour le conseiller. Et parfois le réprimander aussi. Même si en l’occurrence, ce fut Elyott qui lança les réprimandes avec son histoire de lettre. Le garçon grimmaça. Il avait diminué sa dose de pomme en fait, parce qu’Elyott écoutait de temps à autre ce qu’on lui disait. Mais il n’avait pas arrêté, loin de là, et aux yeux de Lun, la quantité ingurgitée serait toujours trop.

    « Mm… » concéda-t-il, cherchant quelque chose à objecter.

    « Oui. Mais là. Là maintenant, là tout de suite… »

    Ca sentait l’ânerie à plein nez.

    « Je ne mange pas de pomme. Alors que toi, tu ne lis pas tes lettres. Donc je fais un effort, et toi non. C’est bien la peine que je t’en écrive hein ! »

    Un peu déstructuré comme argumentation. Un peu…ridicule aussi. Un peu Elyott d’une certaine façon. Il devait commencer à décuver pour sortir de tel raisonnement. Mais pas totalement. L’éloquence n’y était pas. La logique non plus. Mais celle là, elle était souvent absente avec Lyo. Elle devait le fuir, en fait.

    Et puis hop, comme si ça l’avait trop épuisé, il repartir tête la première vers le matelas. En fait, le pauvre garçon s’épuisait tout seul à force de se lever, tomber, se relever, s’écrouler… Ca n’avait plus de fin. Il valait peut être mieux directement l’assommer.
    Et le voilà qui recommençait à déblatérer ses pensées profondes, tant et si bien que Lun n’arrivait plus à suivre ses idées.
    Qui en aurait été capable au fond ?
    A défaut, il parvint tout de même à tirer une information de ce charabia, et rebondir dessus.
    Mais c’était une question difficile pour Elyott. Où est-ce qu’il avait mal ? Il dut rassembler tous ses neurones encore valides. Là, là, là, et là aussi et…là. Moui.

    « Partout. » résuma le mi-ado mi-enfant en grimaçant doucement.

    C’était plus court que d’énumérer. En plus, il se voyait mal expliquer pourquoi il avait des bleus sur le dos, des bosses sur le crâne, pourquoi sa tête lui faisait mal et pourquoi ses genoux étaient douloureux, pourquoi… Bref. Trop compliqué pour lui, là tout de suite. De toute façon son corps était engourdi autant que douloureux, alors difficile de faire la part des choses. La moitié des maux disparaitraient peut être lorsque la sobriété ferait son grand retour.

    En fait, cette question semblait déplaire au garçon. En gros, il n’avait pas envie d’y répondre, et sa réponse en témoignait aisément. Avec un peu de chance, Lun n’irait pas chercher très loin et mettrait ça sur le compte de l’alcool, tout simplement.
    Et puis, il n’allait pas se plaindre. Il avait obtenu ce qu’il voulait : le départ des troupes ennemies de son territoire. Oui parce que le blondinet n’avait rien trouver mieux que de quitter le lit de Lun pour retourner sur le sien, songeant qu’ainsi, il éviterait que son cadet creuse le sujet. Logique de bourré. Il n’y avait, en fait, strictement aucuns liens entre les deux. Cela dit, Elyott était doué pour créer des liens au demeurant inexistant.

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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMer 17 Juin 2009 - 1:37

    (Rho pour un p'tit chioup, il charrie le fofo ^,^')


    Le garçon se leva donc, et se dirigea d’un pas plus que chancelant vers le lit voisin qui était le sien. Arrivé devant celui-ci, il resta un instant debout. Quoique le terme approprié était plutôt : planté. Raide comme un piquet, immobile. Comme si l’acte de s’allonger lui était trop fatiguant. Avec des gestes maladroits et désordonnés, comme une marionnette désarticulée dont les fils s’emmêleraient, il se débarrassa du t-shirt en sale etat et le posa sur le dossier de la chaise à côté du lit. Son regard balaya la pièce à la recherche d’un haut de rechange. Rien en vue, évidemment. Et l’armoire était…trop…loin.

    Pouf. Elyott venait de se laisser tomber sur son lit. Cette fois-ci, il eut droit à un accueil moelleux. Un oreiller bien rembourré et une couette confortable. Il roula sur le côté pour faire face à Lun, dorénavant tout seul, mais bien réveillé, dans son lit.

    « Je rends son lit au capitaine » déclara-t-il avec un sourire à Lun. « Même si en fait toi tu l’occupes toujours »

    Oui, il s’emmêlait les paloches entre le capitaine, Lun, lui, les matelots. Ca faisait trop de monde pour sa petite tête de pomme.

    « Comme ça son lit ne puera pas » ajouta-t-il

    Même si on avait envie de lui répondre : Trop tard. Oui, maintenant qu’il s’était roulé dedans, le cas était sans doute désespéré. Une bonne machine, voilà de quoi aurait besoin la housse de couette de Lun après le passage de la pomme puante. La cousine de la boule puante, en fait.
    C’est qu’on avait presque du mal à lui en vouloir au Elyott, lorsqu’il était affalé ainsi, comme un gros chat, et qu’il offrait son sourire enfantin.

    Du reste, était-ce à cause de l'alcool ou bien simplement de sa silhouette longiligne, le Elyott, ainsi allongé, paraissait tout dégingandé. Un peu comme une sauterelle géante, en moins vert, et en plus esthétique d'un point de vue strictement humain. Avec la distance et la vue trouble, il avait à peine remarquer l'état...assez proche du sien, l'odeur en moins, de Lun. Disons qu'il était tout aussi décoiffé, moins sale, mais plus déshabillé -enfin maintenant, c'était à égalité. Ou plutôt, si, Elyott avait remarqué, mais la fatigue de son cerveau l'empêcha d'émettre le moindre commentaire là dessus, voilà tout.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptySam 4 Juil 2009 - 22:04

Finalement, c'était peut-être pour cette raison que Lun aimait Elyott. Une raison banale : il était tombé par terre, faute à Voltaire. Petit gavroche joyeux qui continuait de vivre dans un monde où les balles sifflent au-dessus des têtes blondes. Ce n'était pas de l'innocence mais de l'inconscience. Et cette inconscience faisait du bien au coeur. Ce garçon plein de couleurs qui osait faire ce que Lun n'aurait jamais tenter avec un naturel déconcertant. Vivre de lubies et de rêves acidulées.
Il était cruel en étant gentil, et alors ? Lun préférait cette cruauté à toutes les autres.

Lui ne pourrait pas. Lun ne pourrait jamais se montrer totalement gentil même s'il avait voulu. Lorsqu'il posait ses yeux sur un monde, il en voyait les beautés et les défauts. Il n'arrivait pas à omettre les excès. Il les aimait : Lun aimait les vices et ce qui fait que le noir enflamme le coeur des hommes.
Il aimait ce qui noie le jour en nuit et ce qui transforme les papillons en monstres. Plus l'être était compliqué, plus il l'aimait. La complexité lui plaisait. Les stéréotypes les plus fous l'intriguait et les folies les plus grandes, le passionnait.
Il fonçait tête baisée dans toutes les curiosités du monde mais n'en retirait pas que de la couleur. Parfois, il se montrait même dur et injuste envers les personnes l'entourant. Lun jugeait peu les gens, mais facilement les groupes.

Petite tête d'Elyott était un enfant. Lun aurait aimé penser le contraire. Il aurait aimé le voir comme un aîné car alors il n'aurait pas hésité à l'embrasser et à lui dire de l'aimer. Lui ordonner, presque. Il ne pouvait pas. Elyott n'était pas homosexuel, ou s'il l'était, Lun n'en avait pas idée. Il n'était pas comme tout le monde, et il avait assez souffert ainsi. Qu'est-ce que Lun aurait à lui offrir ? Un avenir incertain qui se terminerait à la fin de l'école sans que la Pomme ne s'en préoccupe ! Sale gosse qui ne devait pas avoir la même conception de l'amour que tout le monde.
Lun le devinait. Sortir avec un être comme Elyott c'était accepter que son amant face des câlins à d'autres que soit, qu'il vous oublie fréquemment et parle d'idiotie en permanence. Était-il prêt à l'accepter ? Lun pouvait y être prêt. Pourtant, ... C'était Jun qui avait raison. Elyott n'aimait pas Lun et Lun n'avait pas envie de se battre pour obliger quelqu'un à l'aimer.
Il n'était qu'un colocataire et devait l'accepter.

Ce n'était d'ailleurs pas toujours un avantage d'être le colocataire d'un type aussi étrange. Bourré, et stupide, qui rentrait dans la chambre en criant plus fort que nécessaire. Un poids lourd qui vous tombe dessus et provoque un grognement de douleur.
Un blondinet bien chiant qui accusait les autres de ses erreurs. Ce n'était pas de sa faute : c'était celle du capitaine. Lun n'étant pas d'humour à expliquer qu'aucun capitaine ne dormait ici (il sentait que de toute façon Elyott n'était pas prêt à l'accepter dans son attitude), lui fit comprendre que le patron le jetterait à l'eau s'il l'insultait !
Le larron n'avait visiblement pas envie d'être jeté à l'eau. (ce qui était fort dommage, car Lun l'aurait volontiers jeté tout habillé avec un litre de savon dans les douches. L'eau de Cologne de son ami pouvant être : rat mort sur pétales de rose pourries.)

Heureusement pour arrangé la situation, Elyott eu une réaction très mature qui confirma le fait qu'il était bien l'ainé de Lun. Une réaction que bien des politiques devaient avoir actuellement. C'était ce que la soeur disait au frère, l'ouragan aux hommes et la souris à l'éléphant :

"C'est lui qui a commencé !"


Que répondre à une phrase aussi mature ? Lun n'aurait su dire. Il venait de se réveiller. Le matin, il avait bien du mal à se montrer aussi ... sérieux et plein de maturité que son ami Elyott. De ce fait, il répondit sagement et sur un ton amplement moqueur, d'où l'ironie des quelques dernières phrases :

"On ne t'a jamais dit que l'idiot c'est celui qui réplique ?"


Certes, Lun n'était pas un modèle du genre. Preuve : le flic con et stupide à qui il pourrissait la vie. Erreur : puisque le flic ne savait pas que ça venait de lui, il ne pouvait pas vraiment répliquer. C'était donc exclusivement des attaques dans un seul sens. Des petites attaques gentilles pour lui pourrir la vie.
Lun l'avait d'ailleurs laissé tranquille toute la semaine, dans le quasi-coma qu'il était. Lorsqu'il irait mieux, il trouverait quelques chose à lui faire. Il avait plusieurs idées différentes mais l'une serait rapidement faîtes : il devait envoyer les petits morceaux de sa moto par la boite au lettre avec la demande de rançon.

Lun imaginait parfaitement ce que dirait Elyott s'il lui disait qu'il pourrissait la vie d'un flic : c'est pas bien. De toute façon, le problème actuel (un Elyott sentant le putois et imbibé d'alcool) lui prenait trop de temps pour penser à autre chose.

Lun n'osa pas dire à Elyott qu'il était peut-être son allié, mais que s'il avait été dans de meilleure disposition, il lui aurait jeté un seau d'eau sur le visage pour l'avoir ainsi réveillé d'une manière si peu subtile !
De toute façon, être l'allié de quelqu'un ne portait pas franchement chance à Lun. Non, non. Il avait été l'allié de Lanaru et de Maeki aussi. Avant que ses amis ne se fâchent contre lui ! Il avait été l'allié de John et de Kodaa, avant qu'ils ne partent sans lui ! Il avait été aussi l'allié de Luc, jusqu'à ce qu'il se rentre à l'université et l'oublie ....
Lun se savait égoïste dans sa relation avec ses amis. Il leur demandait beaucoup, mais ils étaient tout pour lui. Lun n'avait qu'eux dans son coeur et il s'y accrochait, un peu trop parfois.
Il ne leur pardonnait jamais. Jamais de partir, pas de lui faire du mal. Le mal dans les sentiments, c'est le bien dans les coeurs. On peut toujours en vouloir à quelqu'un d'avoir mal agit et de s'être trompé, mais au moins, était-il là.

" Heureusement que j’ai un bon allié !

- Allié, c'est sûr. Bon, ça reste à voir."

Être l'allié d'Elyott fit plaisir à Lun. Un fin sourire plus gentil s'afficha sur son visage, mais il ne demeura qu'un bref instant. Pendant ce bref instant, Lun perdit un peu la fatigue qui s'était installé en permanence dans son corps, et il sentit une boule chaude au fond de son estomac. C'était plaisant tout de même d'être l'ami de quelqu'un.
D'être l'allié d'Elyott.
Cela, aurait pu marcher, si Lun n'informa pas la pomme qu'elle sentait mauvais. Et surtout, si Elyott ne remarqua pas avec raison que c'était méchant la manière dont Lun lu avait dit.

Car si Elyott ne voulait pas l'être, il venait à son tour de blesser Lun. De le blesser sincèrement. Lun n'était pas d'humeur à attendre qu'il était méchant, même si ce n'était pas ce qu'avait dit Elyott : il avait dit que ce que venait de dire ... blablabla, Lun racourcisait à tord la phrase d'Elyott et retirant le ça, il entendait.
C'est méchant, pratiquement : tu es méchant.

"..."


Le sourire disparu du visage de Lun qui se referma dans une coquille. Depuis quand un gosse avait-il le droit de lui dire qu'il était méchant ? Qu'il aille au diable, et puis c'est tout !
Braqué, Lun jeta un regard assassin au pauvre ivrogne qui ne devait ce rendre compte, ou ne comprendre rien.

"C'est toi qui m'insulte et c'est moi le méchant ?"


Lun manqua de lui placer une réplique assassine afin de le faire partir de la chambre, et pour qu'il puisse se recoucher. D'ailleurs, Elyott ferrait mieux d'aller prendre une douche plutôt que de l'ennuyer.

De toute façon, Elyott précisa que la douche était trop loin. Lun ne trouva rien à redire à ça : lui-même souffrait de s'y rendre dès qu'il se réveillait. Malheureusement, c'était un tic chez lui, et il ne pouvait se passer de douche. Il avait l'impression d'être en permanence sale. Et aujourd'hui plus qu'avant. Il se sentait sale des larmes de Lanaru, du sperme de Maeki, et de son propre sang. Et il avait beau lavé et frotté, il avait l'impression de se retrouver dans un roman avec une tâche qui ne disparaîtrait jamais. Une affreuse tâche qui faisait de lui un être marqué à vie.
Lavé lui semblait le seul moyen d'effacer temporairement les marques sur son corps, même s'il savait que rien ne pourrait lavé le pourri à l'intérieur. Ce pu qui le prenait à chaque fois qu'il devenait assassin.
Un poison avait remplacé son sang.

Lun se demanda si Elyott avait du sang, jus de pomme. Actuellement, il devait surtout avoir du sang alcoolisé. Un vin rouge qui enivrait le pauvre vampire qui viendrait y poser ses dents.

"Tu n'aurais pas du boire autant."
Remarqua Lun en soupirant. Sa main s'engouffra dans les cheveux. Elyott allait manquer l'école et lui avec. Un jour de plus, ce n'était pas bien grave tant qu'Aya ne se mettait pas à le chercher. Ce serait quand même un manquement de chance que ça se cumule :
En plus, avec le peau qu'il avait, on croirait que c'était lui qui avait fait boire Elyott et il aurait de graves problèmes. Non. Il vallait mieux que personne n'arrive dans la pièce et qu'il résolve le problème de la pomme ivre tout seul !

" Mais tu ne me jetteras pas à l’eau, hein Lun ?

"Jamais, Elyott.

Jamais, même s'il avait l'air de sortir de prison. De toute façon, Elyott n'avait pas vraiment de goût d'habitude pour s'habiller. Il était juste plus sobre que d'habitude avec un haut, un peu trop grand pour lui, sentant l'urine de chats. Mise à part cette image peut reluisante, il était mignon dans cet habit de zèbre qui rappelait leur première rencontre à Lun :

Elyott était encore un enfant. Un, il n'avait pas vingt ans. Deux, même s'il en avait plus de treize, il était un gosse. Lun pouvait le confirmer : un gosse qui buvait trop de jus de pomme et qui en mangeait également trop.

Un gosse qui venait de lui briser le coeur en lui disant être méchant. Lun avait amplement souffert sa peine.

Cet alcoolique n'avait pas conscience de ses mots. Lun s'en rendait lui-même compte. Que devait-il faire ? Elyott ferrait mieux de dormir. Seulement, Lun avait envie de le garder près de lui réveillé : tout était compliqué
Un. Elyott devait aller prendre une douche et cesser de l'ennuyer.
Deux. Il devait dormir.
Trois. Lun voulait aussi qu'il reste, car il ne voulait pas rester tout seul ici. Tout seul, même ailleurs.

« Mais… je suis sur un bateau. Pas sur la voie publique ! »

"... C'est pas faux."

C'est pas vrai, non plus. Le sourire ironique était revenu, le méchant était mit de coté. Ainsi donc Elyott pensait VRAIMENT être sur un bateau avec cabine et capitaine. Il marchait à quoi, lui ? Lun ne se souvenait pas avoir eu un tel délire, même sous effet de drogue. En général, ça se résumait à des délires psychédéliques et des réveils dans des lieux sordides.
C'était dégouttant ! Elyott, juste avec de la vodka, avait droit au bateau, au capitaine, et peut-être même au trésor et à la crypte.

"Et puis…tu n’es pas flic ! Ni capitaine d’ailleurs.

- Heureusement." Marmonna Lun."Mais toi, tu n'es pas matelots, il me semble ?"

A moins qu'Elyott ne se soit engagé au cours de la semaine. Lun doutait franchement de cette possibilité. D'ailleurs, si Elyott n'aimait pas l'eau, que faisait-il sur un bateau ? Avait-il des petits cotés masochistes dont Lun n'était pas au courant ?
Non. Elyott avait préféré dormir dans les bras de l'alcool. Huhu. Sans doute, avait-il été fait la fête avec des amis de beuveries, et ça Lun ne l'aurait jamais pensé de la pomme. Comme quoi, il ne savait absolument rien de la personne qu'il aimait.

Et il l'aimait quand même.

"Hé!"


Lun redressa un sourcil en voyant l'enfant face à lui le regard avec un air apeuré.

« En plus je ne veux pas aller en prison,

- Peu de personne veule y aller."

Ce n'était pas franchement agréable d'être entre quatre murs, avec trois types affreux, et une cuvette de chiottes à l'aspect affreux. Franchement, Lun doutait que beaucoup de personnes aient dans leur envie personnelle : aller en taule.
Sans parler de l'état de salubrité des lieux, des pressions sur le moral, des bagarres, des viols ... Non, vraiment Lun ne pensait pas qu'on veuille y aller.

" J’aurais peur.

- Moi aussi."

Ce qui n'était pas vrai. Lun n'avait pas peur de la prison. Il n'avait guère envie d'y aller, et n'apprécierait pas d'y être. Cependant, il n'avait pas peur de la prison : il n'avait pas peur de se retrouver dans un lieu effrayant, parce qui lui semblait que c'était ridicule d'avoir peur d'un lieu. Une prison c'est encore le lieu où on est le plus protégé des gens de l'extérieur. Et par ailleurs : à quoi cela servait-il d'avoir peur ?
S'il devait y aller un jour, ça ne le rendrait que plus proie.

Il avait bien plus peur de la mer. Alkatraz était une prison effrayante pour cette raison. Le rêve de s'échapper semblait impossible : la mer autour empêcherait tout poissonnier de partir. Pourtant, un homme y était arrivé.

Pour en revenir à l'action de faits (parce que dans tout ce bordel, on sait plus trop bien de quoi on parle) Lun vit Elyott s'écraser sur le sol. Et ils en vinrent à parler du dit pull sentant pas vraiment la rose, ou seulement la rose sur les fesses d'un bébé après qu'il ait fait popo.

Bref.

Lun n'aillant guère envie de dialoguer sur le sujet, soupira d'aise en sachant qu'Elyott avait piqué un pull à quelqu'un dont il ignorait l'identité.

« Je ne sais plus qui c’est, alors je ne peux pas savoir quel est son parfum préféré

- Alors comment ferras-tu pour lui rendre ?"


Lun ou l'art de remettre les questions pratiques au goût du jour. Un peu de bon sens lui aurait soufflait que ce genre de questions vaudraient mieux d'être posé un autre jour, quand Elyott serait faire la différence entre la mer et la terre ferme, par exemple.
Elyott qui avait pas l'air de s'en rendre compte, demanda à Lun ce qu'il faisait sur un bâteau. Lun répondit qu'il n'y était pas. Ce qui était vrai. Il n'allait pas faire semblant d'y être juste pour faire plaisir à Elyott : ce n'était pas dans son attitude première de mec réveillé au beau milieu du matin.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptySam 4 Juil 2009 - 22:04

La pomme visiblement ne comprit pas l'allusion, et l'informa que si lui était dans un bâteau, Lun y était forcément. Avec logique bien entendu, car Elyott semblait avoir peu de conscience, mais beaucoup de logique. Ce qui n'était pas plus mal.

" Tu n’y es pas ? Mais si. Si j’y suis, toi aussi.

- Tu y es peut-être, mais pas moi. Je ne prends jamais le bateau !"

Parce que oui, Elyott avait sa propre logique et Lun aussi. Pour l'anglais, il y avait une évidence : il n'était jamais là, il n'était jamais. Par exemple, il ne se demandait jamais s'il était dans un pays où il n'avait jamais mit les pieds. Par conséquent, lorsqu'il délirait, il pouvait rester très platonique même dans les délires.
Malgré cela, ça ne marchait pas toujours. Un délire est un délire, et on finit toujours par voir d'étranges formes, et par arriver dans un monde spectaculaire ou on tombe sur des êtres magnifiques ou effrayants.

Lun doutait cependant qu'Elyott ai fumé la moindre drogue, ou avalé, injecté ... bref. Donc : c'était juste de l'alcool. Un alcool qui avait un sacré effet sur le gosse.

Bref, Lun voulu savoir pourquoi Elyott dans un bateau. La réponse fut un renseignement passionnant qui permit à Lun de se rendre compte qu'il ferrait mieux de cesser d'interroger Elyott. Car bientôt ce dernier allait lui dire qu'il était capable de se déplacer d'un endroit à un autre d'une manière assez étrange.

« Je ne sais pas… Je marchais et …je me suis retrouvé sur un bateau ! D’un coup ! »

Lun observa le manège d'Elyott. Ce dernier s'était mit à scruter autour de lui, à la recherche - ... ? de on ne savait qui. Semblant rassuré par ce qu'il venait de voir (ou de ne pas voir) s'approcha de Lun et se mit à chuchoter à son oreille.
Un alcoolique murmurant à votre oreille ce n'était pas franchement très agréable, remarqua Lun à lui-même. D'ailleurs, en général quand ça arrivait c'était pour lui demander combien il fallait payer pour coucher avec.
Mais Elyott n'était pas vraiment du genre à lui demander ça, et c'était d'ailleurs trop hors contexte.

« C’est peut être encore un coup du capitaine !
- Peut-être. Les chasseurs de baleine sont mesquins."

Lun remarqua qu'Elyott avait prit soin de murmurer pour ne pas que le capitaine entende. Écouterait-il lorsqu'on lui parlait ? En tout cas, il écoutait mieux bourré que sobre. Et Lun l'aimait bien comme ça :
Par exemple, il n'avait certainement pas cesser sa consommation de pomme ! Lun était près à le parier.

« Oui. Mais là. Là maintenant, là tout de suite… »


Lun sourit un peu plus. C'était évident qu'Elyott n'allait pas dire quelque chose de franchement très malin. Déjà sans chercher, il trouvait pas. Alors en cherchant, il ne pourrait que trouver une connerie à dire.
Ce ne fut pas vraiment une connerie, mais pas non plus une grande marque d'intelligence. Sauf que ...

" Je ne mange pas de pomme. Alors que toi, tu ne lis pas tes lettres. Donc je fais un effort, et toi non. C’est bien la peine que je t’en écrive hein !"


Lun demeura bouche bée.

Elyott lui avait écrit une lettre ?

...

Avec des mots et tout le reste ? Quoique, avec lui, il était possible qu'il est oublié les mots dedans. Une lettre écrite par Elyott. Lun se demandait bien à quoi elle ressemblait. Lun se souvint qu'il lui avait dit qu'il lui en écrirait une, et un petit rire démarra . .. Vite stoppé.

"Qu'est-ce que tu es bête, Elyott !"

Lun était touché, et bien qu'il ne sache pas vraiment le montrer, il l'était vraiment. Ce fut donc avec attention qu'il demanda à Elyott où ce dernier avait mal : un partout lui répondit, effectivement, que la pomme devait être couverte ecchymoses. Ce qui n'avait rien de surprenant, à sauter, tomber, marcher, courir, se lever, se coucher, parler, retomber, relever, et retomber comme il le faisait, il ne pouvait qu'avoir mal partout !

"Tu devrais cesser de bouger," conseilla doucement Lun. "Ce serait un bon début."

Un bon début pour quoi, tel était la question. Lun se voyait mal mettre de la pommade sur tout le corps Elyott : il n'en aurait pas assez. Lun se demandait comment Elyott avait pu se faire autant mal : avait-il tenter de jouer au singe avec ses amis ? S'était-il battu ? Avait-il couché avec un amant un peu trop violent ?
Non. Ce n'était pas possible. Personne n'avait le droit de coucher avec Elyott ... Bah, si son amoureux, Lun !
Mais Lun n'était pas d'accord.
Impossible de tenter de le raisonner.

Et comme-ci la question était la mauvaise à poser, Elyott ne s'éternisa pas sur le lit de Lun et alla s'écraser sur le sien.

Lun en profita pour boire une autre gorgée des bouteille que Elyott avait ramené. Une grosse gorgée qui lui brûla la gorge. Il n'était pas bien sûr qu'après un long jeun, l'alcool soit la meilleure solution, mais il n'en voyait pas trop actuellement qui lui convenait autant que celle-ci;

Elyott dans son lit l'informa qu'il laissait le lit au capitaine. Et Lun se demanda pourquoi c'était son lit qui appartenait au capitaine. Il ne se souvenait pas avoir été l'amant d'un capitaine, qu'importe qu'il soit celui d'un bateau de pirate, ou celui d'un tueur de baleine.

"... Elyott !"

La voix de Lun se mua en un faible reproche. Il n'avait pas envie de se retrouver tout seul. Elyott aurait pu rester avec lui, tout de même.

Lun aurait pu avoir honte de telles pensées, mais au contraire, il n'en avait aucune honte. Il voulait que Elyott reste avoir lui dans le lit. Quitte à passer pour un idiot, puisque peu de temps auparavant, il se plaignait que la pomme sente mauvais et qu'il voulait qu'elle parte.

Heureusement, Lun ne parvint pas à exprimer son envie que Elyott demeure à ses cotés et ils restèrent chacun où il était.

Lun soupira, avalant une autre gorgé d'alcool, et fixant le gamin encore réveillé, il demanda d'une voix à peine audible :

"Raconte-moi une histoire."

Une histoire qui lui fasse oublier tout ce qui était passé et tout ce qui viendra.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMer 15 Juil 2009 - 22:55

    Elyott prit le même air que celui d’un enfant qu’on aurait grondé : l’air penaud, un peu boudeur. Il était doc un idiot. Bon. Ce n’était pas la nouvelle du siècle, et ce n’était pas la première fois qu’on le lui faisait remarquer. Il avait bien conscience de ne pas atteindre des sommets de maturité avec un tel comportement, mais que voulez-vous, il fonctionnait ainsi. Et puis, pour son excuse…

    « …le capitaine était trop méchant ! »

    Ben voyons. Elyott commençait à sombrer un peu trop dans les contes de fée, avec les gentils, les méchants, les alliés, les opposants. Danger, santé mentale en décomposition imminente. L’alcool n’excusait pas tout. Un con était un con, bourré ou non, et un Elyott était un Elyott, ivre ou non. Et Lun…Lun n’était pas ivre. Du moins pas encore, mais ça ne saurait tarder puisque de toute évidence son objectif était de vider les bouteilles ramenées par Elyott. Fort bien, peut être que saoul il saurait comprendre le langage de la pomme et même réussir à la raisonner…ça n’était pas gagné non plus.

    Heureusement qu’il avait Lun, son allié. Celui-ci le lui confirma d’ailleurs, mais ajouta cependant un bémol, suggérant qu’il n’était peut être pas un « bon allié ».
    Elyott fronça les sourcils, se pencha en avant dévisagea Lun avec intérêt et concentration.

    « Pourquoi ne serais-tu pas bon ? »

    D’accord. La conversation prenait une tournure étrange, voir louche. Encore une fois, l’excuse de l’alcool étai tentante : qui n’a jamais eu des conversations délirantes sur des sujets improbables à cause d’un excès de vodka ? Mais Lun avait déjà pratiqué le dialogue avec un Elyott sobre, et savait donc que le garçon n’avait nullement besoin de stupéfiant pour poser des questions curieuses ou donner des réponses bizarres. La seule évolution conséquente dans le comportement de la pomme était son immaturité plus présente que jamais et sa lourdeur. A se demander comment Lun faisait pour le supporter. Surtout au réveil. Surtout de pas très bonne humeur. En fait Lun était un surhomme. PommeMan ou Appleman, l’homme qui résistait à la lourdeur des pommes.

    Enfin, PommeMan avait ses limites. Il lui arrivait aussi de se sentir vexé ou de se mettre en colère à cause des propos tenus par la pomme. Comme quand celle-ci lui disait qu’il était méchant. Et hop là, retour de l’air penaud, hébété, voir honteux. Lun devait être bouché d’une oreille, il n’entendait pas la moitié des mots que disait Elyott. En même temps, dans le genre « j’entends ce qui m’arrange » on en connaissait un autre très doué en la matière… C’était peut être contagieux cette mauvaise foi orale.

    « Mais non ! » protesta Elyott, bien décidé à faire régner le bien et la vérité…ou au moins la vérité. « Je n’ai pas dit que tu étais méchant, j’ai dit que ce que tu m’as dit et méchant » et véridique, encore une fois, mais n’allez pas essayer de faire entendre raison à une pomme.

    « Et puis je ne t’ai pas insulté ! J’ai insulté le capitaine ! »

    Impression de déjà entendu ? Oui, la pomme rabachait, mais que voulez-vous, Lun ne semblait pas lui prêter suffisamment attention, il fallait bien se faire entendre avant de se faire juger, non ? Elyott ne voulait pas perdre son précieux allié pour une stupidité, pour une mécompréhension. Pas question, ce serait trop bête. S’emparant du bras de Lun sans lui demander son avis, il lui lança un regard suppliant.

    « Tu vas pas devenir mon ennemi, hein ? »

    A croire que c’était son obsession, cette histoire de capitaine qui voulait le jeter à l’eau. Elyott devenait donc bel et bien paranoïaque. Mais ça n’était tout de même pas sa faute si cet officier marin lui en voulait. Il ne savait même plus pourquoi. Il savait juste qu’il fallait s’en méfier, et c’était amplement suffisant. Sauf que maintenant, il avait peur que Lun se retourne aussi contre lui, tout ça à cause de quelques insultes proférées dans le vent.

    Elyott ferma les yeux, et constata avec dépit que tout tournait encore plus vite lorsqu’il avait le malheur de laisser ses paupières tomber. La voix de Lun lui parvint comme lointaine et avec un écho. Le garçon rouvrit les yeux, cherchant un point d’appui à regarder pour que son cerveau arrête de danser la valse avec ses neurones. Dur. Il finit par poser son regard sur Lun. Ne pas boire autant ? Oui, il n’aurait pas du…

    « Je sais… » marmona-t-il.

    D’autant plus que des fêtes du genre, il en avait cumulé ces derniers temps. Et à chaque fois, il finissait dans le même état. Mais pas dans sa chambre, dehors, ou dans celle de quelqu’un d’autre. Quelqu’un d’autre dans un état proche du siens, ainsi, il passait pour beaucoup moins pitoyable. Là, Lun n’étais pas très réveillé, mais presque tout à fait sobre, alors il pouvait aisément constater l’ampleur des dégats. Elyott passait pour un poivrot. Mais seulement aux yeux de son cadet. Car le pire était que Lun avait sans doute raison : la plupart des gens pourraient en effet croire qu’il l’avait fait boire. Pas tous, bien sur. Lun avait des amis qui le croirait, et Elyott avait des amis qui savaient très bien que la pomme n’avait besoin de personne pour se saouler comme un pot. Restaient ceux qui n’étaient l’ami ni de l’un ni de l’autre. Lyo leur dirait la vérité : qu’il était l’unique fautif. Mais le croirait-on ?

    Pour dire vrai, ce problème la n’hantait pas Elyott, et il n’y réfléchissait même pas. Pas qu’il soit égoïste, mais trop tête en l’air et surtout trop ivre. Heureusement, Lun réfléchissait pour deux. Enfermer Elyott dans sa chambre jusqu’à ce qu’il décuve était sans doute la meilleure solution. De toute façon, ça n’était pas lui qui se battrait pour aller en cours. Enfin ça, c’était dans l’hypothèse où il se souvenait encore avoir des cours aujourd’hui… Il avait une fâcheuse tendance à perdre la notion du temps…

    De toute façon pour l’instant, son principal souci n’était pas d’aller à l’école, ça, il s’en fichait royalement, mais de survivre aux sales coups du capitaine. Bon, ce dernier ne s’était pas manifesté depuis un certain temps, mais on n’est jamais trop prudent. Elyott s’assurait de la fidélité ou plutôt de la valeur de ses alliés, et questionnait le pauvre Lun sur ses intentions. Il fut rassuré d’apprendre que non, Lun ne le jetterait pas à l’eau. Jamais, qu’il avait dit. Et ce malgré son allure repoussante. Cela suffit à rassurer le gamin qui lui adressa un grand sourire rayonnant, creusant d’énormes fossettes sur son visage.

    Si Lun était là pour l’aider à se débarrasser du capitaine il ne craignait plus grand-chose. La police ? Non. Comme il l’avait si bien dit, il n’était pas sur la voie publique. La seule autorité qui faisait loi ici était justement ce stupide capitaine, tout droit sorti de l’imagination d’un Elyott ayant lu trop de BD de tintin…

    Cela dit, on dirait ce qu’on voudrait de ce drôle d’oiseau capturé par les méandres de l’alcool, il était encore un minimum lucide. Il arrivait par exemple à différencier Lun du capitaine. Maintenant, en tout cas. Il savait aussi que Lun n’était pas capitaine, pas policier, et que lui n’était…pas matelot ? Non, en effet, il ne l’était pas. Mais il ne voyait pas ce que ça pouvait changer, au fond.
    A part peut être que, s’il était marin, avec sa tenue blanche rayée bleu, il ressemblerait presque à un prisonnier. Un prisonnier maritime, voilà tout. Mais Elyott ne voulait pas aller en prison. Chose banale, en somme, comme avait cru bon de lui faire remarquer Lun, mais la pomme avait eu besoin de manifester cette peur. L’alcool désinhibe qu’on vous dit, et il délie les langues.

    « Tu y as déjà été ? »

    Elyott et les questions stupides du matin. C’était une approche intéressante pour un début de discussion « tiens au fait, puisqu’on y est, t’as déjà tué quelqu’un ? ». Il avait demandé ça comme il aurait dit : « Tiens, t’as déjà pris le train ? ».
    De toute façon, on savait maintenant la pomme maitre en passage du coq à l’âne. Parfois, même lui devenait incapable de suivre son propre cheminement d’esprit, c’était dire ! Il avait des problèmes de mémoire et de cohérence, souvent accentués par la fatigue ou, dans son cas, par le rhum.

    La suite des évènements ne fit que renforcer cette présomption. Rendre le pull au propriétaire.
    Elyott se tut, et fixa Lun avec des yeux ronds. Comment ferait-il ? La question était plus que pertinente, et se posait véritablement, puisque lui-même n’avait aucune réponse. Le garçon commença à s’agiter, paniquant presque, ses réactions se trouvant exhaltées par l’alcool.

    « Comment je vais faire ? Je ne pourrai pas lui rendre ! »

    Une pensée simple, comme : il viendra déjà me le demander, ne lui traversa même pas l’esprit, trop embrouillé. Elyott partait au quart de tour. Ses yeux s’agitaient dans tous les sens comme si la solution à son problème était cachée quelque part dans la pièce.

    « Luuuun c’est horrible il ne retrouvera peut être jamais son haut ! »

    Elyott, exagérer ? Non, pensez vous… Si c’était là son pire dilemme, alors nul doute, on pouvait dire qu’Elyott était une personne bien insouciante.
    En fait non. Le garçon avait lui aussi plein de problèmes « sérieux » à gérer, mais là, il n’y pensait pas. C’était ça, aussi, le but de l’alcool, non ? Du coup, débarrassé des vrais problèmes, il s’en inventait des futiles, des épreuves pseudo insurmontable que Lun pourrait balayer facilement d’un seul conseil ou d’une seule remarque. Admirable…

    Cela dit, en matière de cohérence ou de logique tordue, Lun pouvait parfois égaler le pauvre Elyott. Ce dernier était peut être saoul, mais il conservait sa logique. Et celle-ci ne coïncidait visiblement pas avec celle de Lun. Le garçon essayait d’imaginer. Lun n’était pas sur un bateau. Ok. Il dessina dans sa tête Lun sur un continent. Lui était sur un bateau. Ok. Il se dessina mentalement sur un bateau. Et ils étaient ensemble. Là, le dessin ne marchait plus. A moins que…

    « ….alors le bateau est dans l’académie ! »

    Oui, il venait mentalement de superposer les deux dessins pour être à côté de Lun, et ça donnait un bateau sur un continent.
    Elyott ferma de nouveau les yeux : toutes ces réflexions poussées lui donnait mal au crâne. Ou alors il commençait à désaouler. Sans doute un peu des deux, mais le résultat final n’était pas très agréable.
    Il avait du faire un mauvais mélange, encore. Pas de drogue, effectivement, comme le soupçonnait Lun. En fait, de la drogue, Elyott en avait déjà pris. Mais pas depuis son arrivée à Keimoo, parce qu’il ne connaissait personne qui aurait pu lui en procurer sans s’attirer des ennuis, tout bêtement. L’avantage d’avoir passé toute sa vie à Londres : il y connaissait plein de beaux mondes, pour toutes les occasions. Ici, il connaissait surtout les gens de l’académie.

    Pourtant, la drogue, on aurait presque pu y croire. Il était rare de voir quelqu’un dans un tel état de gentilles hallucinations avec JUSTE de l’alcool. Mais en fait, ça n’était pas tellement étonnant. Elyott était d’un naturel imaginatif et foufou, ajoutez-y le rhum, et ça donne ceci sans trop de surprise. Quelqu’un qui vous parle de kangourous multicolores en étant sobre peut bien parler de capitaine en étant ivre ! Surtout si on entrait dans son jeu, chose que faisait Lun admirablement. C’était peut être recommandé, au fond. Contrarier Elyott, là, maintenant, tout de suite, n’était sûrement pas ce qu’on pouvait qualifier de bonne idée.

    « Les pauvres baleines ! » s’écria le garçon lorsque Lun mentionna les chasseurs de baleine.

    Pour peu, il se serait mis à pleurer. En fait, il était même à deux doigts de le faire, les yeux humides et la mine ravagée. Le simple fait d’imaginer ces pauvres mammifères marins tués le bouleversait au plus haut point. L’écolo repointait le bout de son nez…
    Heureusement, s’il s’émouvait d’un rien, ce rien était vite oublié, balayé par une nouvelle idée Elyottienne. Et puis, il avait d’autres chats à fouetter. En l’occurrence, le chat, c’était Lun, et s’il le fouettait, c’était bien mérité : dire que le garçon n’avait même pas lu les lettres qu’il s’était appliqué à écrire ! Pour une fois, Elyott pouvait se mettre à la place des groupies de Lun, et il comprenait leur désarroi : écrire de jolie lettre alors que l’objet des lettres n’y prête aucune attention, c’est malheureux.

    Et en plus…EN PLUS…la seule chose que trouvait Lun à lui dire, c’est qu’il était bête. Quelle cruauté…

    « Je le sais ça ! » répliqua Lyot, à moitié vexé, la mine renfrognée.

    « N’empêche que je comprends les gens qui t’écrivent des lettres que tu ne lis même pas, c’est pas très gentil, ils doivent être tristes ! »

    ajouta-t-il, croisant les bras, le toisant d’un air réprobateur, une petite moue boudeuse s’installant sur son visage aux joues trop rouges. Mais ses colères comme ses bouderies ne duraient pas bien longtemps. Encore moins lorsque la mémoire lui jouait des tours. Il grimmaça légèrement lorsque Lun lui fit remarquer qu’il devrait moins bouger. Facile à dire.

    « Je ne bouge pas ! »

    protesta-t-il. Et le pire, c’est qu’il avait l’impression de ne pas bouger. L’impression d’être une loque inhumaine incapable de se mouvoir autrement qu’en rampant. Charmant, oui. Mais véridique. Il était dans un sale état. Alors forcément, le moindre mouvement –difficile- n’était qu’un concert de maux dans tout son corps. Et encore, il pouvait bénir l’alcool d’anesthésier tout ça. Le lendemain serait sans doute difficile. Oui, sauf qu’on était déjà le lendemain, en fait.

    Et malgré ce mauvais assemblages de douleurs éparpillées, il se décida tout de même à se lever pour laisser le lit à Lun, et retourner empester dans le siens, en prenant soin, auparavant, de se débarrasser de ce haut à propriétaire inconnu. Quel courage. A moins que ça ne soit de l’inconscience.
    Il se laissa ensuite mollement tomber sur son lit, vêtu d’un seul pantalon qui, vu son allure, ne faisait que peu de doute quand à son propriétaire, lui. Rouge et beaucoup trop ample, il ne pouvait être que la propriété de la pomme…
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMer 15 Juil 2009 - 22:55


    C’est ce moment que choisit Lun pour se manifester, de l’autre côté de la petite pièce.

    « Quoiiii » gémit l’enfant en réaction au ton de reproche employé par Lun.

    Si ivre et bêbête soit il, il avait cru comprendre que c’était son départ précipité qui faisait râler son cadet. Il lui fallait donc se justifier pour cette fuite.

    « Mais tu m’as dit de ne pas provoquer le capitaine ! Et tu as dit que j’étais dégueulasse ! »

    Pas que le garçon s’en soit vexé. Elyott n’était pas facilement vexable, encore moins avec 2 grammes de sang dans l’alcool. Mais pour lui c’était une excellente raison de retourner dans son lit. Et puis zut à la fin, lui il avait interprété le reproche ainsi. Il avait compris que Lun lui demandait de mettre les voiles pour aller puer ailleurs. Pas sa faute s’il y avait un problème de communication tout de même. De toute façon, retourner sur l’autre lit, maintenant, c’était hors de question. Ca lui aurait demandé une trop grande mobilisation d’énergie, et la pomme en était incapable, le corps lourd et douloureux.

    Le garçon cligna des yeux, assistant au spectacle d’un Lun buvant encore de l’alcool. Elyott n’osa une nouvelle fois pas protester. Il se demanda si Lun était encore tout à fait sobre. S’il avait encore les idées nettes et la maitrise totale de son corps. Combien d’alcool fallait-il pour bourrer un Lun ? C’était une bonne question, mais elle resterait sans doute sans réponse. Il aurait été étrange de lui demander de but en blanc : Lun, tu es saoul ? Oui. Mais Elyott était étrange…

    « Luuun, tu es encore sobre ? »

    Quelle drôle de question. D’autant plus que 2/3 des bourrés auraient répondus « oui » à cette question… Mais soit.

    « Une histoire… » geignit le garçon en fermant les yeux, fronçant les sourcils.

    La vérité, c’était que son cerveau avait du mal à formuler des idées et des images actuellement…alors une histoire.

    « Je ne sais pas si je peux…. »

    chuchota-t-il fermant les yeux plus fort comme pour rassembler ses esprits, ses neurones. C’était l’heure de la grande réunion des neurones, où il serait décidé si les objectifs demandés pouvaient être atteints…ou non. Aïe. Mal au crâne.
    La pomme rouvrit les yeux, et les plantas dans ceux de Lun….ou en tout cas dans ce qu’il croyait être les yeux de Lun à cette distance.

    « Tu ne devrais pas rester dans le lit du capitaine, Lun, il va t’en vouloir et voudra aussi te balancer à l’eau ! »

    Il avait failli ajouter qu’il ferait mieux de retourner dans son lit, sauf qu’ici, Lun n’avait pas de lit. Celui sur lequel il était était celui du capitaine, et il y avait celui de Lyo. Celui de Lun, il avait disparu. Curieux phénomène. Ce bateau était décidément bien étrange…
    En tout cas, c’était une esquive comme une autre pour éviter d’avoir à raconter une histoire qui l’endormirait probablement lui-même à ce stade là…
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyLun 20 Juil 2009 - 0:52

Un théorème est une proposition. Elle est mathématiquement démontrée par un raisonnement logique construit aux travers d'axiomes.


Bien que Lun savait pertinemment à ce stade-là de la conversation qu'il aurait mieux fallu y prendre fin, il ne pouvait s'y résoudre. Quelque part, la peur de se retrouver tout seul était enclin à l'obliger à répondre même stupidement à tout ce que pouvait dire son camarade Elyott. En particulier lorsque ce dernier parlait de personne imaginaire. C'était une manière d'oublier que dans quelques jours, il faudrait faire face à la réalité et à l'effronté. Sérieusement, le garçon n'avait absolument aucune idée de la manière de s'y prendre. Ni ce qu'il devrait dire à Maeki.
Lun était persuadé d'une chose : il ne fallait pas en parler. En parler, ce serait mettre en péril l'existence de son ami dans l'académie. De plus, on l'accuserait, encore, d'avoir détourner un élève du droit chemin. En général, l'anglais s'en fichait bien d'être considéré comme le loup dans la bergerie : fallait-il encore qu'il puisse se défendre et être apte à s'expliquer en n'entraînant personne dans sa chute.

- Qu'as-t-il fait pour être si méchant ?

Après tout, un capitaine ne doit-il pas être toujours suivit ? Elyott avait donc, sous ses faux airs de gentil garçon, une âme à la mutinerie. Ne connaissait-il pas le dicton des patriotes américains : gloire, honneur et patrie ! On se bat pour son pays, on vit pour son pays et on meurt pour son pays. Lun n'était pas un gramme américain dans ses gènes, même en remontant très loin, mais la mentalité japonaise était pratiquement identique : la survie de la nation avant la survie du peuple.
Soit Elyott était un saboteur de première, soit son capitaine devait être un monstre de cruauté. Un réel monstre pour que la pomme en vienne même à le trouver méchant. Lun avait beau savoir qu'il ne savait rien sur le garçon compatriote, il était persuadé qu'il n'était pas méchant dans l'âme et que profondément, il lui fallait de bonnes raisons pour être son ennemi.

Par contre, pour être son allié, il en fallait très peu. Lun après l'avoir insulté, parlé de son père, signalé qu'il quittait la chambre, insulté de nouveau, avait encore le droit de porter ce titre. Elyott avait le culot, par ailleurs, de lui demander : "pourquoi il ne serait pas un bon ?" comme allié. Lun pensait qu'il suffisait de lire le paragraphe pour comprendre. Il n'avait rien d'agréable ou de gentil. Il ne voyait pas de roses ou de kangourous partout. Il ne savait rien sur la diplomatie : et si son demi-frère de sang, Lumenita, avait bien des leçons à lui apprendre à ce sujet, Lun n'aurait jamais été capable de les mettre en pratique. Au bout de quelques secondes de doigté et d'hypocrite, il aurait vite fait de reprendre les mauvaises habitudes.

- Je ne serais pas bon, Elyott. Je ne serais pas mauvais, non plus. C'est le pire.


"Le pire" par là, Lun parlait de ceux qui sont entre le bien et le mal. Pas des super-héros, pas des grands méchants de James Bond. Ceux qui peuvent parfois aider leurs prochains mais qui oeuvrent également pour leur propre intérêt. Sans aucune doute, Lun était de ceux-là. Il était un hacker dans l'âme : il détournait des comptes, vérifiait les fichiers des personnes le côtoyant et tout cela dans son unique but. Cependant, s'il pouvait aider un compagnon de route, il acceptait également : tout comme il lui arrivait de fournir des renseignements aux autorités afin de mettre en capture des pédophiles ou des hommes recherchés. Ce n'était pas franchement son jeu préféré : les flics. Lun en avait bien horreur ! Les flics, c'est la plaie. Soit, ils sont impartiaux comme l'inspecteur Gadget et dans ce cas-là, c'est la galère ! Soit, ils sont complètement pourris comme la bite volage, et là, c'est encore pire. D'autant quand ce même flic est l'ami de tous les amis de Lun (qui du coup, ne croyait plus tellement au dicton : les amis de mes amis sont mes amis.)

En temps normal, à cette même question, Lun aurait pu avoir une toute autre réponse. Il aurait pur répondre, avec un sourire sur le bout des lèvres, et une lueur presque moqueuse : "Je serais méchant, mais tu trouveras ça bon." Cette fois, la parole ne lui vint pas à l'esprit. Il faut dire que même si Lun aimait réellement Elyott au point de le supporter dans cette chambre, il n'avait aucune envie de lui sauter dessus avec l'adorable odeur qu'il dégageait et ses expressions si enfantines. Cela aurait eu l'air d'un vieux pervers s'en prenant à un enfant qui a abusé de la boisson. Lun n'avait aucune envie de leur ressembler ! Même s'ils étaient marrants dans les mangas qu'il lisait de temps à autre, ces petits vieux qui sautent sur toutes les filles et tous les garçons, il fallait reconnaître que dans la vie réelle, cela m'amusait beaucoup moins.

Tout comme ça ne l'amusait pas d'entendre qu'il était méchant. Il avait d'ailleurs mal entendu, non pas parce qu'il était bouché d'une oreille, mais parce qu'il était encore un peu fatigué et que Elyott n'était pas non plus franchement audible dans toutes ses paroles. D'ailleurs, si on veut se faire entendre par quelqu'un, il faut toujours lui parler à son oreille droite pour que l'hémisphère gauche assimile l'information plutôt que dans l'oreille gauche, conduit par l'hémisphère droit, qui changera le sens de la phrase étant bien plus imaginative.
C'est pour cette raison que dans les écouteurs, les paroles sont régulièrement mises du coté droit et la musique du coté gauche.

Lun écoute Elyott protester en soupirant. Elyott avait raison : La pomme = I, Lun = 00. Lun sourit doucement, hochant doucement de la tête devant le garçon pour lui aire comprendre qu'il avait bien comprit ce qu'il disait et qu'il était désolé d'avoir mal assimilé la phrase. Il ne le dit pas : Lun ne s'excusait que très rarement, en général pour une bonne raison, mais jamais pour rien. A cet instant, il considérait l'incident comme du "rien"

"OK, biscuit. J'ai comprit ... mais je t'ai dit de laisser le capitaine tranquille !"
Rappela Lun en jetant un coup d'oeil à la porte au même moment. Non, Lun n'était pas encore rentré dans le jeu du pauvre alcoolique, bien qu'il aurait pu, mais il entendit des pas : les étudiants commençaient à partir pour l'école. C'était assez inquiétant de savoir qu'au bout d'une semaine personne ne s'était fait du soucis pour lui. Et en même temps, de bonne augure pour la fuite qu'il comptait faire dans le mois suivant.

Lun, qui effectivement ne prêtait pas assez attention à Elyott, reposa son regard sur ce dernier. Il l'écouta et rit tendrement en l'entendant poser une question stupide : ennemi ? Lun n'avait pas d'ennemi. Il y avait des personnes qu'il n'aimait pas, et généralement, ce n'était pas les mêmes qui ne l'aimaient pas. Lui, il n'aimait pas Cynthia, sa dernière mère, parce qu'elle l'avait torturé, l'avait violé et avait tué son chat en l'écrasant avec sa maudite voiture. Le pire, aux yeux de Lun, c'était la mort du chat. Parce que c'était Paul, son premier père adoptif, qui lui avait offert en lui disant d'en prendre grand soin : Lun s'était sentit personnellement coupable dans cet accident ayant entraîné la mort, sans préméditation.
Il n'aimait pas le flic Anouck parce ..., ça ne regardait personne. Il ne l'aimait pas, et il avait des bonnes raisons pour ça.
Et la dernière personne que Lun n'aimait vraiment pas, c'était le coté sombre de Maeki et là, il suffisait de voir dans l'état où il était pour comprendre que Lun ne l'avait pas dans le collimateur pour rien. En contrepartie, Cynthia adorait Lun qu'elle considérait comme sa meilleure réussite et un amusement de premier ordre, Anouck ne savait pas même l'existence de Lun ou il l'avait oublié et le coté sombre de Maeki était amoureux de l'anglais.

Les personnes qui n'aimaient pas Lun, comme celles qui lui envoyaient des insultes ou tentaient de le frapper, Lun n'avait rien contre elles. C'était un peu l'histoire du serpent qui mordait la queue de son voisin qui mordrait la sienne. On tournait en rond, on avait mal, mais on se faisait pas son propre mal.

- Je n'ai aucune raison de te prendre pour ennemi, Elyott. Parce que je t'aime bien ...


Je t'aime bien, beaucoup, énormément. Je t'aime, tout court. Aussi. Je t'aime à la folie, je t'aime d'amour. Mais tout cela, ce n'est pas de ton âge. Lun soupira doucement, hochant avec regret de la tête. Qu'importe la manière dont il tournait Elyott dans sa tête, il n'en ressortait que des pommes, des kangourous et aussi des quelques capitaines. Rien qui puisse laisser penser qu'il savait ce qu'était le désir sexuel, l'envie d'embrasser, de toucher, de se frôler, de se prendre. Se perdre dans les gémissements passionnés d'un amant suppliant de cesser tout en s'accrochant à vous pour insinuer à continuer. Les câlins d'avant et les câlins d'après !
Seul point qui avait changé : Lun devait bien le constater, Elyott buvait de l'alcool et de ce fait, il n'était pas blanc comme neige. C'était mieux, c'était beaucoup mieux, car ainsi il pouvait le regarder et avoir des mauvaises pensées sans se sentir trop coupable.

D'ailleurs, Lun en bon conseilleur de mauvaises augures confirma à Elyott qu'il devrait ne pas boire autant. Les pommes et l'alcool semblant désormais être le carburant de ce garçon (car Lun ne pensait pas que Elyott mange du la viande de kangourous, même si elles étaient plutôt bonnes selon les dire de Yuy. Parce que Lun, lui, il aimait pas la viande. Encore moins la viande d'animaux qui rebondit, et depuis l'histoire d'Elyott, il n'osera plus même y poser un regard.) Le problème ne se posait pas : il n'avait pas mangé de viande depuis plus de trois semaines, pas mangé depuis une semaine, et venait de boire de l'alcool. A moins qu'il y ait du sang de kangourous dans les bouteilles d'Elyott, Lun de ne rien avoir ingurgité d'animal depuis longtemps.

Elyott répondit qu'il savait (qu'il ne devait pas autant boire d'alcool). Lun manqua d'en rire. Quelques part, Elyott venait de dire une phrase que lui-même répondait lorsque sur un ton de reproche, Daniel (son second père adoptif, père actuel) lui disait : "Lun, tu bois trop !" ... Je sais. "Lun, tu fumes trop. " ... Je sais. "Lun, tu sors trop." ... Je sais. "Lun, tu as trop d'amants." ... Je sais. ... "Lun, tu ne devrais pas te droguer." ... Je sais. Il savait, peut-être, mais il ne n'en faisait qu'à sa tête. Daniel avait beau dire, beau faire, et menacer de l'envoyer dans un centre de cure : "lequel ? Pour la clope, la drogue, le sexe, mes manières, mes sorties, l'alcool ?", Lun continuait de n'en faire qu'à sa tête.
Finalement c'était peut-être dans les gènes des anglais mêlés à du sang de l'est.

Quitte à n'en faire qu'à sa tête, Lun préférait ne pas se faire prendre (par les surveillants ... (pour la consommations d'alcool d'Elyott ... (parce que se faire prendre ... pour autre chose, pourquoi ....)) Ainsi, il éviterait de se retrouver dans le bureau de la nouvelle sous-directrice, même si elle avait une jolie poitrine, et devoir lui expliquer qu'après avoir loupé une bonne semaine de cours (j'étais malade ...) il n'avait pas bu le moindre alcool avec Elyott (même s'il avait les bouteilles en mains, et consommé de l'alcool en sa présence dans sa chambre) ... Quelque part, ça lui semblait peu cohérent qu'on le croit sur parole.
La solution avait donc était toute trouvé : boire dans la chambre et point !

La boisson que Elyott avait ramené, désormais aux mains de Lun. Celle-là même que Lun prit pour en boire une gorgé. Il avait soif : et il n'avait pas envie de chercher une bouteille d'eau peu probable. Le verre à coté de son lit était depuis longtemps vide, et heureusement, il n'avait que les deux bouteilles fournis par Elyott à sa disposition. Quelque part, dans une valise, il devait aussi avoir la masse d'excitants que son frère Lumenita lui envoyait tous les mois et que Lun rangeait dans un carton de l'armoire sans l'utiliser. Cependant, boire cela, de plus actuellement, et en présence d'Elyott, ce n'était pas vraiment la meilleure solution pour le garder dans le cercle de ses relations. D'ailleurs, Lun n'en avait jamais bu et il jetait régulièrement les bouteilles, parce qu'il en recevait bien une par jour.

Une théorie est une hypothèse spéculative basée, le plus souvent, sur une expérience.



Le théorème de Lun et d'Elyott était facile à résoudre comme une inéquation impossible. En réalité, Lun était tout à fait le genre de personne que Elyott n'aimait pas, via sa fiche relue : il était du genre dragueur, embrassait régulièrement sans raison, ne disait que rarement non, et prenait pratiquement autant de douches que d'amants, ce qui était peu dire ! Il était donneur de leçon et paraissait bien vieux que son âge, parfois. Bref : le type même de l'antipathique populaire de service.
Elyott n'était pas non plus, ce que Lun aurait qualifié d'homme idéal. Raisonnablement, n'importe qui connaissant un peu Lun dirait que c'était impossible qu'il soit tombé amoureux de ce garçon. Lun n'aimait pas les enfantillages des personnes plus âgés que lui. Il avait horreur qu'on le contredise ou qu'on le juge. Il n'aimait pas non plus qu'on se comporte avec des basiques comme gentil, méchant, bon ou mauvais. Pour lui tout était mathématique et donc complexe. La complexité ne s'explique pas avec un mot.
Il avait horreur des garçons sans expérience, et il aimait le vécu. Lun adorait les hommes entre trente et quarante ans, mal rasé, brun de préférence, avec la peau halée et légèrement sucré, qui vous prenait et se laissait prendre dans des râles partagées de plaisirs intenses. Il aimait savoir qu'il pouvait prendre l'autre dans ses bras, mais aussi être prit en retour lorsqu'il avait besoin de caresses tendres.
Or, sans aucun doute, Elyott n'avait rien d'un homme de cette trempe. Tout comme il ne ressemblait guère à une belle femme brune, aux cheveux plutôt courts, lui tombant tout de même sur les épaules et à la peau aussi blanche que la neige. Idéale féminin de Lun.

Pas même dans le caractère ... ni dans le physique. Alors pourquoi ?

Lun aurait pu avoir une théorie à ce sujet. Il était peut-être possible qu'il soit attiré par Elyott, non pas parce qu'il correspondait à un genre ou à un type d'individus mais parce qu'il était lui-même à cent pour cent de sa personne. Qu'importe ce qu'il cachait, une bitch sans cervelle ou un garçon triste ne supportant pas la perte de son père et de son frère, Elyott n'était ni un tricheur, ni un menteur. Il était agréable à écouter, à regarder, à entendre. Quelques part, la théorie était que deux corps radicalement opposés peuvent sans même se trouver des points communs, s'attirer. Lun était totalement attirer par Elyott, au point qu'il aurait pratiquement été incapable de lui refuser quoique ce soit, et qu'il en viendrait à prendre des substitues pour ne pas souffrir indéfiniment de sa peine.
Il avait beau s'être renseigné sur le garçon, savoir qu'il était plutôt hétérosexuel, qu'il n'avait pas vraiment dans ses rumeurs le mot amant, Lun aurait tout de même voulu l'avoir rien que pour lui.
Pas, cependant, au point, de le violer ou de lui faire du mal. Lun préférait directement aller en prison plutôt que de faire ça.

D'ailleurs, Elyott lui demanda s'il y avait déjà été, en prison ?
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyLun 20 Juil 2009 - 0:54

Le sourire sur le visage de Lun ne bougea pas d'un centimètre, au contraire de sa phalange nommé index qui vint se poser sur les lèvres agréablement douces d'Elyott. Lun ne garda pas le silence, mais ne parla guère non plus. Au contraire, il produisit un son ressemblant légèrement à un "chut !" Son doigt quitta immédiatement, quoique à regret, les lèvres du compatriote.
Comme à chaque fois que son passé était trop touché par des questions, Lun les contournait de manière légère sans même y prendre garde. Répondre à la question, il aurait pu. Cependant, il n'en avait pas envie. Absolument pas. Ca ne regardait que lui, et son dossier. Pas même son cassier judiciaire puisque Lun s'était toujours débrouillé pour que ce dernier reste vierge en le demandant au juge.
C'était un peu, le passe-partout de Lun, cette fausse virginité. Bien que les nombres de ses amants se compte sur un pont reliant le Japon à l'Amérique et que le nombres de ses voies de faits se compte sur le pont reliant le Japon à L'Amérique en partant de l'autre sens, ... et bien il arrivait à garder un corps intact, essentiellement grâce à sa maladie, et un cassier page blanche (grâce à papa deux dixit Daniel et papa géniteur.)

C'était aussi parce que ce n'était que des rumeurs. Si Lun devait avouer la vérité, les deux ponts ne rejoindraient que la rive du fleuve de cette ville à son autre coté. Il n'aimait pas changer trop souvent d'amants même s'il était rare qu'une journée se passe sans le moindre petit attouchement. Il était plutôt sage, et lorsqu'il se faisait prendre, ce n'était que des délits mineurs : accusation de prostitution, détournement de mineurs – mais le mineur c'était lui, dégradation d'un bâtiment public, alcool, tapage, drogue. Il n'avait jamais braqué de banque, jamais tuer quelqu'un ... Ou pas à son souvenir.
Par contre, comme le disait la rumeur, il avait bien poignardé quelqu'un. Enfin, il avait onze ans et Cynthia venait d'écraser son chat. Il n'a pas même été jugé, mais l'affaire avait fait scandale dans la presse : un petit garçon de onze ans élevé pendant sept ans en Afrique poignarde sa mère adoptive et s'enfuit se réfugier dans le parc zoologique de la ville. Bons nombres de psys avaient d'ailleurs été vu après cette épisode. Lun avait beau essayé de leur faire comprendre qu'en Afrique, il vivait dans une maison comme tout le monde, et que s'il était allé dans le zoo c'était parce qu'il n'avait que 3 livres en poche (la place de cinéma valait 3,5) personne ne l'avait cru.

Dans la famille des nombreux déboires, Lun tirait toujours le pompon.

Cela dit, Elyott n'était pas mal non plus avec son pull appartenant à personne. Lun l'écouta diverger sur "comment allait-il faire pour lui rendre le pull puisqu'il n'en savait pas le propriétaire" et dans élan de solidarité pour qu'il cesse de s'inquiéter pour rien, Lun répondit calmement :

"Tu t'en souviendras plus tard quand tu l'auras lavé. Sinon, on ferra une annonce."

Effectivement, attendre que l'autre demande aurait été plus simple. Lun avait beau être un génie, il n'y avait pas pensé. L'idée de mettre des annonces l'amusait bien plus : trouvé pull rayé de prisonnier sur pomme puante alcoolique, sera rendu en échange d'une forte rançon ! Attention, si vous ne payez pas avant ce soir, je vous enverrais fils par fils son cadavre !

Cela dit, Lun avait eu une idée quand même donc : Lun 1, Lyo 1.

Lun fronça les sourcils, ce n'était pas tout à fait l'idée première qui lui était venu à la tête. Pourtant, il n'avait pas assez bu pour être saoul ? Peut-être le manque de nourriture et l'ajout d'alcool lui avait-il engourdi l'esprit ? Bof. Ce n'était pas bien grave, tant qu'il était capable de résoudre des inéquations dans sa tête, il serait sobre. Ou pas.

"Et on la mettra partout dans l'académie avec une photo. Ca marche, toujours !"
Affirma Lun en bon journaliste des objets trouvés. Journaliste qu'il n'avait jamais été, mais faudrait reconnaître que ce serait amusant : entre les parapluies des adultes, les ours en peluches, les objets divers, l'argent, les sacs. Un tube de rouge à lèvre, et une plume d'oie. Les gens perdaient définitivement n'importe quoi ! Le journal dirait : "trouvé à la gare sud, une pomme rouge à moitié consommé", "trouvé dans la cathédrale nord, un journal datant de deux semaines"
Et les propriétaires des objets viendraient les rechercher. ... Enfin, certainement pas.

D'ailleurs, un capitaine avait perdu son bateau dans l'académie (selon Elyott) et Lun songea que ce devait être un très mauvais capitaine pour perdre ainsi toutes ses affaires. Peut-être assimilé à la famille d'Elyott, qui n'était guère mieux niveau rangement de son coté. Et alors, cela expliquerait le conflits entre les deux : histoire de famille, toujours. Histoire de famille encore ! Tout était parfaitement logique,
A condition qu'on veuille bien croire qu'un bateau puisse se perdre dans l'académie sans attirer l'oeil de personne et que la chambre de Lun se retrouve dedans par la magie du cinéma japonais. Lun n'étant pas acteur n'y croyait pas.

Plus logiquement, Elyott s'imaginait un râteau, et y tenant, il resterait dedans. Du moins, jusqu'à ce que l'alcool ait quitté son sang.

- ... Tu ne penses pas sérieusement, tenta tout de même de raisonner Lun, qu'un navire puisse être dans l'académie ! ... Tu te prends pour Peter Pan ?


Non, parce qu'au souvenir de Lun, le dernier bateau volant qu'il avait vu, c'était en regardant le dessin animé de Walt Disney. Ha non ! Il en avait aussi vu dans Pirate des Caraïbes de la même maison de production. Il n'avait jamais vu le moindre bateau volé : à l'exception notoire des navires vikings dans les parcs d'attractions. Lun aimait bien les parcs d'attraction, il devait régulièrement en faire mais pas assez à son goût. Il aimait bien ce manège-là, même s'il n'en était pas franchement effrayé : il aurait été capable de s'y endormir. Par contre, les montagnes russes avec la tête en bas mais surtout le vide immense tout d'un coup après la montée gigantesque faisait bouillir son sang et remuer intégralement son intérieur.

Un peu comme l'effet de la drogue au final. Cet effet que Lun constatait sur Elyott sans que ce dernier n'ai prit la moindre dose de quoique ce soit, ni monter sur le moindre manège. En bref : Elyott c'est le plus fort ou alors le plus crétin de mélanger différents alcools quand déjà en supporter un seul est parfois difficile. Plusieurs, certes, oui. Lun en comptait déjà trois : le gin, le rhum et la vodka. Peut-être pas du Gin d'ailleurs, mais du whisky, Lun n'en était pas bien certain. Pas évident de bien différencier les différentes odeurs d'alcool si peu subtiles au final. Lun se demandait si Elyott avait trouvé tous ses alcools dans une des chambres voisines : qui ? Si Kodaa était à l'académie, Lun aurait parié sur lui. (Non, parce que définitivement, les amis de Lun n'avaient jamais eu le moindre bon goût pour l'alcool, leurs cotés : passage à l'anglaise) ou bien, plus probablement, c'était Jun qui avait fournis sa dose à Elyott.
Sa dose d'alcool, on entend bien.

Lun jugea qu'il aurait mieux fait de s'abstenir ! Tout comme il aurait mieux fait de ne pas dire que le capitaine était un tueur de baleine. Elyott les trouva pauvre, Lun jugea que c'était normal. (les kangourous ont des poches pour ranger les billets, les baleines n'en ont pas. Tout juste, peuvent-elles s'abriter sous des parapluies et protéger des lapins bleus ... mais ça c'est une autre histoire.) Définitivement, Lun avait parfois un sens de l'humour très noir et peu drôle.

- Faut bien que le capitaine ramène à manger pour sa famille.

Oui, oui. Je sais. Il doit toujours en rajouter. Pourquoi ? Parce qu'il est con. C'est dans sa nature de l'être. Il ne peut pas s'empêcher d'ennuyer les personnes. Un écolo en lui parlant de meurtre à la baleine, ce qui était totalement horrible. Lun se demanda si Elyott savait qu'ici on mangeait aussi des ailerons de requins et des dauphins, et qu'on en massacrait sur la côtes plusieurs milliers par ans ? Son frère, Lumenita, d'ailleurs, s'était souvent détoné de cette tradition. Il disait : les français mangent les escargots et les grenouilles, les japonais les dauphins et les requins, et ils dirent que nos puddings sont mauvais ?
Lun décida qu'il n'inviterait jamais Elyott dans un des restaurants friqués de la ville. Ainsi il ne pourrait lire sur la carte : ailerons de requin, sauce maison. Ce serait bien mieux.

A une époque, Lun était sortit avec une camarade de classe qui était friande des araignées. Elle allait dans un restaurant exprès pour ça et il mangeait toutes sortes d'insectes. Lun aurait pu qualifier ça de repoussant, bien qu'il avait déjà vu des tribus d'Afrique en manger, l'idée de dévorer des petits vers ne l'avaient pas franchement inquiété, mais des araignées .... Il avait finalement goutté, avant de soupirer : "Je croie que nous deux ça ne marchera pas.", "à cause des araignées ?", "non ... ça n'ira pas tout simplement." Elle lui avait écrit de nombreuses lettres ensuite, et Lun n'avait répondu qu'aux premières avant d'abandonner la partie et de l'ignorer.

Ce qu'il faisait en général pour les lettres. Celle d'Elyott, Lun ne l'avait pas ouvert. Il le regrettait, mais sans avoir besoin de la lire, il était heureux : Elyott lui avait écrit une lettre. Évidemment, ce n'était pas une lettre d'amour, mais quand même. Il lui avait écrit une lettre et c'était bien suffisant dans la tête de Lun qui ... insulta Lyot de bête.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyLun 20 Juil 2009 - 0:54

C'est lui qui l'était d'avoir ce mot-là pour qualifier l'action d'Elyott, mais Lun en était certainement trop touché.

C'est pourquoi le petit sermon d'Elyott ne l'atteignit même pas. Bien au contraire, Lun eu un petit sourire en coin devant les joues rouges, les bras croisés, l'air réprobateur et cette adorable mine boudeuse. Elyott était tout simplement à croquer ! Trop mignon. Lun aurait pu devenir la première groupie de son camarade devant une telle image.

Une image pas très sage, d'ailleurs. Qui osait dire qu'elle ne bougeait ! Et menteuse, en plus.

"Ne sois pas triste, je lirais ta lettre. Je la lirais mille fois, même."


Encore faudrait-il la trouver. Était-elle écrite dans une lettre vert pomme pour l'aider à la distinguer parmi tant d'autre ? Car sur tous les renseignements que Lun avait sur Elyott, son écriture manuscrite n'en faisait pas partie. Par ailleurs, même s'il mourrait d'envie de lire la lettre, il était trop fatigué pour aller chercher dans le tas formés au pied du lit. Au contraire, si Elyott n'avait rien dit, cette fois, Lun n'aurait pas même prit le temps d'en lire les quelques premiers trais et il aurait tout jeter.

Tout comme Elyott aimait se jeter sur le sol. En le démentant d'ailleurs. Lun soupira fatigué : Lun avait à l'évidence trop bu. Il était donc pardonner de toutes les bêtises qu'il pourrait dire jusqu'à son état de sobriété. Le "je ne bouge pas" en faisant également partie. Car à l'évidence, si les hommes ne bougeaient pas au rythme d'Elyott, ils seraient déjà tous devenus des piles électriques.

D'ailleurs, il bougea : la preuve, il changea de lit.

"... c'est ça"
marmonna Lun dans sa barbe, barbe qu'il n'avait pas, mais qui lui permit tout de même de produire un son ressemblant à rien. Lun maudit intérieurement son propre caractère l'obligeant à répondre bien trop souvent quand il devrait se taire. Il s'empêcha cependant d'expliquer à Elyott de long en large et en travers les méfaits de l'alcool sur l'organisme. Parce qu'un, il était fatigué. Et deux, il était en train de picoler son restant de niôle. Déjà qu'à l'ordinaire ses sermons ressemblaient à s'y méprendre à faîtes ce que je dis, pas ce que je fais. Il n'allait pas pousser le bouchon trop loin, Maurice !

Lun soupira, ... Quoique la vue ne fut pas si mal : un Elyott aux joues rouges, aux yeux brillants de la boisson, à la mine boudeuse ET maintenant torse nu dans un pantalon de mille et une nuit s'offrant dans un autre lit. Une hormone qui somnolait dans le jeune homme se réveilla brutalement et Lun eu un immense coup de chaud qu'il tenta de mettre sur le dos de la bouteille. Bouteille qu'il se pressa de mettre à ses lèvres pour en terminer le contenu avant de s'attaquer la la seconde :
Si Elyott était inconscient, Lun était bien conscient qu'il risquait de déraper devant celui qui l'aimait. Garder le secret d'un amour n'étant définitivement pas évident quand ce dernier s'amuse à jouer à la pomme rouge devant vous. Saleté de fruit interdit qui osait encore et toujours le braver !

D'ailleurs un petit trop ... Dans cet élan, Lun faillit reprocher à Elyott d'avoir quitté le lit mais parvint à se retenir.

Visiblement trop tard, au gémissement "Quoi" que Elyott employa tel le gamin qui voit venir le reproche.

- ...


Bien qu'Elyott justifie par le capitaine et les mots de Lun son départ, Lun ne parvint pas spécialement à lui pardonner son horrible fuite. Il aurait voulu avoir le Elyott (torse nu) dans son lit. Sauf qu'à bien y penser, ce n'était peut-être pas une bonne idée.

- T'ai-je dit de m'abandonner ?


Reprocha Lun dans un langage assez cohérent cette fois-ci. Même si comme reproche, ce dernier n'était véritablement pas fondé. Jusqu'ici c'était lui qui avait tout fait pour repousser Elyott de sa vie en le considérant trop jeune pour y appartenir. Que ce soit fait exprès ou non, Lun faisait pour paraître le plus détestable possible. Il y arrivait d'ailleurs plutôt bien. La preuve en image : Elyott en était réduit à quitter le lit de peur que le capitaine et Lun ne les mettent à l'eau pour odeur intempestivement forte.
Ha bien y penser, Lun se mettait tout seul dans les problèmes et c'était donc bien fait pour lui tout ce qui pouvait lui arriver.

De ce fait, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même si Elyott avait mit les voiles de son lit. Comme il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même si le garçon ignorait son amour, puisque c'est tout de même pas évident de se rendre compte qu'un type qui nous vexe sans cesse et qu'on n'a pas régulièrement vu puisse avoir un béguin pour notre personne.
La preuve : Lun ne savait pas que Elyott était un alcoolique notoire et Elyott ne savait pas qu'il fallait faire preuve de patience avant de voir un Lun saoul. Pas qu'il soit incapable de ressentir les effets de ce breuvage des dieux, bien au contraire ! Généralement au bout du troisièmes verres, il se montrait plus réceptif et ouvert aux autres – ou au contraire plus renfermé, en fonction de l'humeur adoptée.
Cependant, pour le mettre dans un état ressemblant techniquement à celui d'Elyott, Lun avait besoin de bien plus de bouteilles. Bien plus ! La seule différence notoire étai que d'habitude, Lun mangeait un petit peu quand même. Bien qu'il oublie régulièrement ses repas, il était assez gourmand et compensé son manque de nourriture régulière et saine par un apport énergique de différents cochonneries japonnasses qu'il prenait.
Ce matin-là, ce n'était pas le cas. Lun n'avait rien mangé depuis sept jours, et il n'avait bu que de l'eau.

L'idée que Lun ait trop bu devait tracasser Elyott, à moins que ce ne soit simplement la vu de la bouteille allant aux lèvres de Lun. La Pomme demanda à Lun s'il encore sobre, en geignant le prénom d'une manière très peu sensuel. - Lun observa la Pomme, avalant une gorgé de la bouteille restante pour prendre le temps de réfléchir à la question.
Analyse mentale de la situation : il venait de boire le fond d'une bouteille, soit un cinquième de celle-ci. Il avait quinze ans. Face à lui se tenait Elyott. Elyott était craquant, et il ne l'avait pas embrassé.
Résultat : s'il n'avait pas embrassé Elyott et qu'il savait encore se tenir correctement, il n'était pas bourré. Oui, mais cela ne faisait pas de lui un homme sobre. Pas vraiment, il n'était pas bourré, mais il n'était pas sobre ...

"Je croie que ne je suis pas saoul"
répondit sincèrement Lun à Elyott, en ne répondant pas de ce fait à sa question de savoir s'il était encore sobre. Ca il ne pouvait pas en juger, mais ce qui était certain, c'est que dans son état actuel, s'il était contrôlé sur la moto à Yuy, il aurait de grave problème : mineur fondamentalement sans permit avec un taux d'alcool dans le sang ...
Fort possible qu'après ça, Elyott ait la réponse à sa question de savoir si Lun avait déjà séjourné en prison.

Lun en observant Elyott geindre à cause de l'histoire eu un sourire sadique. Le garçon lui en avait demandé une, alors qu'il n'avait guère les idées à ça lors de leur première rencontre. A chacun son tour de souffrir !
L'idée n'était pas même venue à Lun que Elyott soit incapable de raconter une histoire. Pour Lun, Elyott était une histoire de conte de fée à lui tout seul. Il jouait tout les rôles : la princesse, la sorcière, le prince et le cheval blanc.

- Si tu ne veux pas, ça ne fais rien.


Ce fut alors que le miracle se produisit. Sans y faire attention, Elyott jeta au feu une phrase anodine qui fit ricocher dans la tête perverse de ce coté de Lun. Cette phrase "Tu ne devrais pas rester dans le lit du capitaine, Lun, il va t’en vouloir et voudra aussi te balancer à l’eau " lui fit plisser le regard et émettre un petit son doux de fatalité. Sans attendre la moindre autre invitation, Lun se leva de son lit, sa chemise retombant le long de son corps. Et refermant un ou deux boutons, tout en laissant le draps blanc tomber sur le sol, le futur peut-être journaliste glissa dans le lit d'Elyott.
Il ne devait pas rester dans son lit ! Tant mieux, il irait dans le lit de son compagnon. Il n'allait pas prendre le troisième lit, tout de même. Ce serait dommage, et d'ailleurs, il était trop loin.

- Tu as raison !
Susurra Lun en bon serpent près de la pomme.

Lun s'assit à genoux sur le lit, déposant la dernière bouteille qu'il venait de terminer sur la table basse d'Elyott. Il se rapprocha du garçon allongé à ses cotés et se pencha pour lui embrasser doucement la joue. Non, il n'était pas saoul.
Dans un baiser doux et si éphémère soit-il, Lun rajouta un autre baiser sur le front d'Elyott.

- Tu viens de me sauver la vie.
Remarqua Lun avec un fin sourire, qui aurait pu se muer en grimace car le fait de se déplacer n'avait pas arrangé ses membres endoloris.

Tant qu'elle n'est pas contrôlée, une théorie ne peut être vraie. Après contrôle, elle devient un théorème.

Lun pencha ses lèvres vers celles d'Elyott et l'embrassa lentement dans un baiser sincère, presque adulte, mais mué d'une certaine timidité nouvelle du à l'innocence de la personne face à lui. A peine une seconde s'écoula-t-elle que Lun releva le visage, et ferma les yeux en enlaçant Elyott pour se coucher auprès de lui.

- J'en étais sur ...
, murmura le garçon d'un blond plus dorés et moins clair que les cheveux fous de son compagnon.

- Je ne suis pas devenu un kangourou ...


Lun entrouvrit le regard, les paupières un peu lourde de ce qu'il venait de faire. Se prendre un nouveau râteau serait supportable, mais ... Les bras demeurèrent figés autour d'Elyott alors que le visage de Lun venait se nicher dans le cou du garçon pour l'embrasser de nouveau, ignorant tout ce qui pourrait le dégoûter en Lyot et au contraire, ne pensant qu'à lui.

- Tu avais promit de rester avec moi et tu es partit ! Dors ... avec moi, maintenant !


Ce n'était pas vraiment une question. Plutôt un ordre, un ordre clair et direct. Lun ne voulait pas rester seul. Refermant les yeux, entourant le garçon de ses bras, Lun murmura enfin ce qu'il aurait du dire depuis le début : "Elyott ... je veux que tu ne sois qu'à moi"
Et bien que le garçon sache pertinemment que Elyott soit trop saoul pour entendre tout cela, il rajouta faiblement, sur le ton d'un secret, à peine audible : Je t'aime, ... et il rajouta, idiot, sincère et mérité.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMar 28 Juil 2009 - 11:22

    Mettre fin à la conversation aurait, effectivement, été une bonne idée. Pour Lun déjà, qui n’aurait pas à subir les plaintes incessantes d’Elyott et n’aurait pas à régler ses problèmes de gueguerre avec ce fameux capitaine. Pour Lyo aussi, parce qu’il s’enfonçait dans une histoire dont il lui manquait des deux bouts. La moitié s’était noyée avec l’alcool ingurgité, et l’autre moitié, un peu flou, laissait la pomme dans tous ses états.

    Et le retour de l’air penaud. Ce que le capitaine avait fait pour être méchant ? Elyott ne se souvenait plus. Il se souvenait de lui, déambulant dans les couloirs, maugréant contre le capitaine, proférant des insultes à son égard, mais pourquoi…pourquoi. Le garçon ferma les yeux et les plissa fort, comme si ce geste allait ramener ses souvenirs. A la place, ça ne fit que déclencher un mal de tête qui le fit grogner. Il avait tout gagné…

    « J’ai oublié. » déclara le poisson rouge très rouge qui, pour le coup, était vraiment rouge puisque son seul vêtement était un pantalon pourpre et que ses joues étaient elles aussi très rouges.

    Mais le poisson rouge était plutôt triste d’avoir oublié, parce que ça lui ôtait toute raison d’en vouloir au capitaine, alors qu’il savait que le capitaine, de son côté, ne se gênerait pas pour lui en vouloir, pour le jeter à l’eau, et autre horreur ! La donne était donc injuste. A moins que le capitaine ne soit lui aussi un poisson. Il oublierait alors sa rancœur, et la paix reviendrait sur le rêve éveillé d’Elyott. Sauf que rêve ou pas, les hommes ne se transforment pas ainsi en poisson, et le capitaine devait très bien se souvenir de ce petit insolent mutin.

    Heureusement pour Lyo, il avait un allié, et un sacré allié. Un bon allié. Enfin, bon du point de vue de Yot, pas de celui du principal concerné qui semblait remettre en question sa « bonté ». Et lorsqu’Elyott lui demanda pourquoi il ne serait pas bon, il ne trouva rien de mieux à lui répondre qu’il ne serait ni bon ni mauvais, et que c’était le pire.
    La pomme l’observa avec des yeux ronds, n’ayant pas la moindre idée d’où il voulait en venir. C’était quoi ça, de la philosophie ? Il avait beau retourner la phrase dans tous les sens ça ne lui évoquait rien du tout. Il resta donc un certain temps à fixer Lun bêtement, avec des yeux ronds –des yeux de poisson- avant d’enfin retrouver l’usage de la parole.

    « Mais ça ne me dis pas pourquoi tu ne serais pas bon » fit-il remarquer, et c’était sans doute l’unique phrase perspicace et intelligente d’Elyott.

    Ca mériterait presque des encouragements. Presque. A part ça, la phrase très philosophique de Lun était tombé dans l’oreille d’un sourd. Disserter sur le bien le mal et le médium, là tout de suite, c’était trop en demander à Elyott. De toute façon, le seul méchant dans l’histoire, c’était le capitaine, et Lun ne pouvait pas être pire que lui, à moins qu’il ne le jette à l’eau et il avait promis qu’il ne le ferait pas. Partant de là, Lun n’était pas pire, Lun était bon et voilà tout. Il n’en fallait pas beaucoup plus à notre bon petit anglais.

    Et si bon soit-il, il disait des méchancetés, lui aussi, parfois. Et quand Elyott le lui reprochait, s’emmêlant dans ses mots, Lun comprenait qu’on lui disait qu’il était méchant. Alors que c’était tout l’inverse : Elyott venait de mener une longue réflexion personnelle qui l’avait amené à la conclusion : capitaine = mauvais, lun = méchant. Oui, particulièrement en période d’ivresse, Elyott aimait bien simplifier les choses et les idées, n’en déplaisent aux pointilleux. Cela dit, il ne pouvait pas non plus laisser passer une telle énormité, et laisser Lun s’auto accuser en son nom de méchant. Il ne manqua donc pas de remettre les points sur les i, et Lun dut admettre son erreur. En fait il ne l’admit pas, mais il arrêta de prendre son air fâché, et c’était suffisant aux yeux d’Elyott. Le tout, accompagné d’un énième avertissement concernant ce vilain capitaine.

    « Pardon pardon » répondit Elyott en grimmaçant. « J’avais oublié, promis je ne dis plus rien sur le capitaine… »

    Oui, enfin ça, c’était une promesse vouée à être oubliée et abandonnée. 2 secondes après l’avoir prononcé, Elyott avait sûrement déjà oublié l’avoir dite. C’était juste pour apaiser le couroux de Lun et du capitaine. Pour le premier, ça semblait efficace. Le deuxième demeurant aux abonnés invisibles, il était difficile de cerner son état d’esprit actuel. Elyott l’avait-il seulement vu une fois ? Il ne s’en souvenait plus. Il ne se souvenait pas de grand-chose le concernant, si ce n’est que le capitaine était son ennemi.

    Alors des ennemis, Elyott n’en voulait pas d’autres, et certainement pas Lun, qui était, jusqu’alors, son allié. Mais le petit bonhomme s’inquiétant parfois d’un rien préféré s’assurer que Lun ne le prendrait pas comme ennemi. Elyott non plus n’avait pas beaucoup d’ennemis. Il y avait bien les gens qui le détestaient. Il ne savait pas toujours pourquoi : souvent, c’était à cause de ses relations, des groupies jalouses, ou alors des ex qui n’avaient pas du tout apprécié son comportement. Quant aux gens que Elyott détestait… à part ce capitaine, non pas grand monde. En fait, le capitaine était tout simplement la sublimation de la haine de Lyot. A trop aimer tout le monde, il lui fallait lui aussi dispenser un peu de haine et de colère, et le capitaine s’y prêter à merveille sans qu’on ne sache même qui il était et ce qu’il avait fait.

    Elyott offrit un grand sourire à Lun, dodelinant de la tête.

    « Je suis rassuré alors. » répondit-il, chassant les petites frayeurs de sa tête d’un coup de balai mental. « Parce que moi aussi je t’aime beaucoup ! »

    Mais ça, Elyott n’avait pas franchement besoin de le dire. Ca se voyait plutôt bien, en général, quand il aimait bien quelqu’un. Soit Elyott aimait beaucoup, soit il aimait bien, soit il appréciait, soit il était indifférent, mais il ne détestait pas. Sauf le capitaine, bien sur. L’ennui avec la pomme, c’est qu’il s’attachait aux gens à une vitesse fulgurante, et si on ne l’envoyait pas rapidement sur les roses, il avait tôt fait de caser la plupart de ses connaissances dans les amis. Des amis, il en avait à la pelle. De vrais amis, un peu moins. Et des alliés, pas des masses non plus sûrement, parce que ça signifiait adhérer aux délires d’Elyott, entre autre…

    Être son allié n’empêcha pas Lun de lui faire le reproche de trop boire, ou plutôt de lui conseiller de moins boire, ce à quoi Lyot répondit qu’il savait. Phrase sans aucun sens au fond. Evidemment qu’il le savait. Cela voulait-il dire qu’il allait arrêter, prendre de bonnes résolutions ? Non, bien sur que non.
    Et puis bon, ne charrions pas, l’alcool était probablement le seul vice du Elyott. Enfin, il avait déjà consommé de la drogue, mais c’était une consommation purement festive, et moins courante. Et en quantité moindre, parce que l’alcool, il forçait un peu la dose parfois…
    Il était donc tout naturel que Lun veuille être discret, de peur que tout ne lui retombe sur le dos. L’option « rester enfermer dans la chambre jusqu’à dissipation des effets » semblait la plus raisonnable, même si pour lui, ça signifiait surtout être enfermé avec une boule puante.

    Ca lui permettait lui aussi de boire un coup, au passage, même s’il était dur de savoir s’il le faisait machinalement ou par envie. Ca, c’était quelque chose qu’Elyott n’aimait pas faire : boire pour boire. Si, du vin, ou du champagne, mais du rhum ! De toute façon, le garçon attaquait presque systématiquement aux cocktails ou à la bière. Il lui fallait un degré d’ivresse avancé pour pouvoir attaquer les alcools forts.
    Lun, lui, ne semblait nullement gêné d’attaquer avec ça dés le petit matin. De toute façon, Elyott et Lun étaient presque opposés en tout, ça n’était pas tellement étonnant.

    Certes, Lun n’était pas le modèle vertueux selon Elyott. M’enfin, en même temps… Les séducteurs, les dragueurs, les collectionneurs, appelez les comme vous voulez, n’étaient pas « le mal », pour Elyott, ils avaient juste…beaucoup de défauts. Sauf que voilà, les défauts, Elyott, bizarre petit bonhomme, il les aimait. Ne nous fourvoyons pas : Elyott n’aime pas les défauts ambulants, les réincarnations du diable et toutes ces joyeuseries. Il aime les défauts lorsque ceux-ci sont, bien évidemment, contrebalancés par des qualités. Qui n’a jamais aimé la méchanceté d’intel ou le mauvais caractère d’intel parce qu’ils sont partie intégrante du intel en question ? Bon. Le principe était probablement le même. Même si, honnêtement, la troupe des séducteurs posaient un sérieux problème d’éthique à notre pomme, et c’est pour cette raison qu’en général, il préférait leur fausser compagnie, et les garder éloignés de ses propres amis. Il n’avait rien contre ces personnes…tant qu’elles ne sévissaient pas sur son entourage. Mais le problème même de ces gens là, c’était qu’ils sévissaient presque partout…

    Il en allait de même pour les gens qui allaient en prison : certes, ils ne devaient pas être tout blancs, mais ce n’était pas ça qui empêcherait Elyott la tête brûlée d’en fréquenter. Enfin, tout dépendait du prisonnier et du méfait dont il était responsable, naturellement. De toute façon, Elyott n’en connaissait pas. A moins que.. ?

    Lorsqu’il posa la question à Lun, il eut droit, pour seule réponse, à un petit « chut » accompagné d’un doigt qui vint se poser sur ses lèvres, lui intimant, tel Pierrot le gardien du sommeil, de se taire. Au lieu de quoi, Lyot fronça une énième fois les sourcils, l’air visiblement peu satisfait de cette réponse.

    « Lun ! » protesta-t-il, rompant le silence installé par le garçon. « Chut ce n’est pas une réponse ! »

    La curiosité, la curiosité… un mauvais défaut ? Non, la curiosité est une qualité, et Elyott était un enfant curieux, trop curieux desfois. Ce n’était pas de la curiosité déplacée, du commérage, non, c’était de la curiosité simple. Il voulait savoir, connaître, apprendre. Mais Lun semblait sans cesse s’opposer à ces pulsions de curiosité : il refusait de lui dire tant sa nationalité que s’il avait été en prison. Pourquoi avait-il besoin de tout cacher ? En même temps, ça pouvait se comprendre : pourquoi voudrait-il dévoiler toute sa vie à un gamin immature trop curieux ?

    Qu’à cela ne tienne, Elyott ne s’acharna pas plus longtemps, s’attelant rapidement à un tout autre problème, peut être moins capital, mais tout de même important. Eh oui, le problème du pull persistait, et semblait troubler au plus haut point le pauvre Elyott, dans tous ses états. Heureusement que super Lun avait toujours LA solution. Pas la plus rapide, ni la plus logique, m’enfin, au moins, il en avait une, parce qu’Elyott, à part geindre, n’était pas très efficace ce matin…

    « Une annonce ? » répéta Elyott, à moitié surpris par l’idée, à moitié admiratif.

    L’idée de Lun lui semblait soudainement mille fois meilleure à toute autre. Pourquoi ? Mais parce qu’une annonce c’est efficace et très drôle ! Elyott était un grand gosse : faire des filatures, des enquêtes, affichaient des petites feuilles partout, tout ça lui semblait follement drôle. Pauvre de lui, il doit s’ennuyer dans sa vie, penseraient certains. Eh bien non. Elyott ne s’ennuie jamais. Il s’émerveille de tout, voilà tout.

    « Le propriétaire sera sûrement content de voir son pull devenir célèbre ! »

    Ou peut être pas d’ailleurs, parce que si c’était celui de Kodaa ou Jun, les groupies allaient le reconnaître et se rueraient pour le récupérer avant les possesseurs. Et si Lun, perspicace, les reconduiraient plus ou moins aimablement, sachant qu’il ne leur appartenait pas, Elyott oublierait probablement l’enjeu principal (rendre le pull) pour le jeu des affiches et le donnerait au premier demandeur. Dramatique cette petite pomme… Lun allait devoir manager de près ce retour à l’envoyeur s’il ne voulait pas voir le pull voyager dans l’académie. Ca serait embêtant, un pull voyageur.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMar 28 Juil 2009 - 11:23

    D’autant plus que dans l’académie, il y avait déjà un bateau voyageur, qui quittait les flots pour s’aventurer sur la terre ferme. Mais Lun semblait peu enthousiaste quant à la supposition d’Elyott, et d’ailleurs, il le lui fit remarquer !
    Elyott fronça les sourcils à la réplique de Lun. Non mais il le prenait pour qui ? Pour un gamin ? Un imbécile ? Un demeuré ? Bien sur que les bateaux n’allaient pas dans les académies ! C’est lui qui commençait avec les irrationalités de toute façon !

    « Et toi alors ! » renchérit Elyott, empruntant des airs de grand professeur qui juraient affreusement avec son visage de grand gosse

    « Tu penses sérieusement que si on est ensemble et que je suis sur un bateau tu peux être sur le bateau ? Non…tu ne peux pas être sur le bateau ! Non enfin… Tu peux ne pas être sur le bateau ! Ou y être ?... »

    Comme toujours, Elyott était très clair avec lui-même.

    « Tu m’embrouilles ! » reprocha-t-il à Lun, fronçant les sourcils, mettant ses mains sur ses tempes comme pour les apaiser. En fait, il s’embrouillait tout seul, comme un grand, avec un petit coup de pouce de l’alcool, voilà tout.

    « Et je ne suis pas Peter Pan ! Je ne vole pas, je n’ai pas de fée clochette qui veille sur moi et… et voilà »

    Et ça, selon Elyott, c’était des arguments de choc. L’argument « Peter Pan n’existe pas » ne lui effleura pas franchement le cerveau. Les siens étaient d’acier. Il ne volait pas, ça, c’était certain. Et il n’avait pas de fée clochette, ça aussi, c’était certain. En revanche, des gens qui veillaient sur lui, il y en avait plus d’un. Ca n’était pas comme si ces gens l’avaient voulu, seulement voilà, avec Elyott, si on ne veut pas qu’il lui arrive tous les malheurs du monde, il vaut mieux garder un œil sur lui. Et ça, ses amis l’avaient vite compris.

    Mais il n’avait pas que des bons amis, évidemment. Ses bons amis ne le laisseraient sûrement pas se mettre dans de pareils états. C’était mauvais pour lui et pour les autres. Pour lui, parce qu’un Elyott bourré est capable de presque…tout. Pour les autres parce qu’un Elyott bourré est capable de presque tout, et parce qu’il est chiant à surveiller. Babysitting gratuit. Un cauchemar…
    La preuve, Lun devait supporter des histoires de capitaines, des compassions avec des baleines imaginaires qu’Elyott trouvait pauvres. Un peu qu’elles étaient pauvres, on les tuait ! Et les fringalles du capitaine ne justifiaient rien !

    « Il pourrait être végétarien, non ? »

    Il pourrait, certes, m’enfin bon, allez expliquer à Elyott qu’on ne peut pas forcer la terre entière à être végétarien. D’ailleurs il n’était pas végétarien, lui. Il ne mangeait pas de viandes jeunes voilà tout. Et s’il pouvait éviter les autres, il le faisait, même s’il aimait le goût de certaines. De toute façon l’alimentation de la pomme était à son image : bizarre.
    Alors pourquoi le capitaine ne pourrait-il pas manger de baleine ? Allez savoir…
    Le problème d’Elyott était toujours le même : son manque de logique. Manger = ok, chasser = pas ok. Mais il faut chasser avant de manger, et ça, le garçon l’oublie. Pour lui ce sont deux actes différents. Acheter sa viande dans un supermarché, ce n’est pas tuer. Tuer et manger ensuite, c’est tuer. Tuer et vendre ensuite aussi. Parfois, fragmenter les chaînes, c’est le bien. C’est ainsi qu’on peut manger un poulet sans songer qu’il a été décapité avant. La simplicité selon sir Lloyden.

    Effectivement, le blondinet faisait partie de ces gens auxquels on ne fait pas plaisir en voulant les emmener manger exotique. Emmenez le dans un petit resto sympa pas cher avec des salades et il sera aux anges. C’est ça, aussi, d’être hippie : la simplicité partout. Enfin presque, parce que rien n’est jamais simple avec Lyo. Pour le comprendre, Lun aurait tout aussi bien fait de se retourner la cervelle. Et de faire un stage à ses côtés : avec les Elyott, la théorie ne suffit jamais…

    C’est aux côtés d’Elyott qu’il prendrait, par exemple, ENFIN la bonne habitude de lire ses lettres. Lors de leur première rencontre, il lui avait déjà dit de ne pas laisser les lettres s’amonceler et de les lires au fur et à mesure. Sur le coup, Lun avait obtempéré. Mais depuis, évidemment, les bonnes résolutions étaient tombées dans l’oubli. Elyott était presque sur d’avoir raison lorsqu’il lui reprocha de ne pas avoir lu sa lettre. Mouche ! Il avait tapé dans le mile, et se faisait traité, en prime, d’idiot !

    Mais devant la mine boudeuse d’Elyott, Lun eut tôt fait de se rattraper, voulant sans doute éviter une nouvelle crise de pomme. Sa remarque fut efficace, puisque des bouderies, Elyott passa aux joyeuseries : il eut un petit rire. 1000 fois, ça faisait peut être un peu beaucoup.

    « Ca te prendrait trop de temps » commenta-t-il, comme si Lun comptait effectivement s’adonnait 1000 fois à la lecture de la même lettre. « Et ca n’en vaut pas la peine ! »

    Effectivement, lorsqu’il repensait à ce qu’il avait marqué. Quoi d’ailleurs ? Ah oui, le poème loufoque sur les pommes multicolores et les kangourous… pourtant il était sobre lorsqu’il l’avait écrit. Et puis les excuses à Lun. Et il lui avait demandé de ne pas quitter la chambre, aussi. Sauf qu’il n’avait pas réussi à terminer la lettre, il manquait donc un bout d’excuse et de demande, même si on comprenait le sens général de la lettre. Quant à savoir si Lun trouverait la lettre… La lettre n’était pas verte, elle était sur papier orangé et parfumé –oui, Elyott était comme les petites filles, il écrivait sur du papier parfumé. Mais sur l’enveloppe, il avait marqué « Lun » avec une petite abeille dessinée à côté, ce qui se distinguait nécessairement de la tripotée de Lun-Sama, Marv-San, et compagnie. Et puis, en lisant la lettre, Lun reconnaitrait probablement les fautes de japonais typique d’un Lyo.

    Mais pour le principe, Elyott était content que Lun lui réponde ça et pas un « j’en ai rien à faire de ta lettre » qui l’aurait sans doute blessé au fond.
    Cela dit, il se décida tout de même à punir son cadet en quittant son lit et en le laissant tout seul. Evidemment, Lyo n’avait pas fait ça dans un but punitif, mais au final, c’était presque comme ça que Lun l’envisageait. En tout cas, l’initiative d’Elyott ne lui plut visiblement pas. Il renchérit même par une petite remarque.

    Ecrasé comme un cachalot en bas de pyjama rouge sur son lit, Elyott sembla réfléchir à la question de Lun comme si la réponse avait quoique ce soit de difficile.

    « Non tu ne me l’as pas dit » reconnut le garçon, écartant quelques mèches blondes de sur sont front

    « Mais je croyais bien faire » ajouta-t-il, l’air hébété

    Et c’était vrai : la grande courge pensait bien faire ! Il pensait que son odeur dérangeait Lun –et c’était d’ailleurs le cas- en plus de déranger le capitaine. Ca faisait beaucoup de dérangement, mine de rien… Et Elyott étant pour la paix dans le monde, dans les ménages, et tout le reste, il lui fallait bien prendre des décisions pour contenter tout le monde. Enfin tout le monde sauf Lun, en l’occurrence…

    Elyott éprouvait quelques…difficultés à comprendre les sous-entendus de Lun. Et oui, si surprenant soit-il, il ne comprenait pas que « tu sens mauvais » voulait dire « reste avec moi » et que les critiques voulaient dire « je t’aime ». Que voulez-vous, au collège il n’avait pas eu la possibilité d’apprendre le langage de la lune. S’il avait su que, des années plus tard, il aurait eu à déchiffrer des codes lunesques, il aurait sûrement étudié tout ça… En attendant, Lun allait devoir s’accrocher ou bien communiquer en langage commun s’il souhaitait se faire comprendre de la pomme. Déjà qu’Elyott n’était pas le roi de la communication : forcément, passer du coq à l’âne et avoir la tête dans les nuages ne facilitent pas la tâche.

    Mais le langage de Lun était encore plus trompeur que celui d’Elyott. Comprenez bien : lorsque Elyott s’exprime, on comprend qu’on ne comprend pas. On peut, à la limite, demander à Lyo de s’expliquer. Les explications ne sont pas toujours plus utiles, mais soit. Avec Lun, c’est plus compliqué : il dit quelque chose, et on CROIT comprendre, alors qu’au final, on est complètement à côté de la plaque. Comme beaucoup de génies, Lun ne devait pas être très doué en communication… Et pas très doué pour se faire comprendre.

    Preuve en était, Elyott le pensait saoul, alors qu’il ne devait, à se stade, n’être qu’éméché. Bon, formellement parlant la pomme ne faisait que se renseigner, mais ce genre de question cache toujours des soupçons. Demande-t-on à un homme parfaitement sobre s’il a bu ? Non, bien évidemment. D’ailleurs, la réponse en disait long. Si elyott avait été parfaitement sobre, il l’aurait analysée pour en déduire que s’il répondait par la négative, c’était parce qu’il ne pouvait pas affirmer être sobre, et que donc il ne l’était pas. Plus. Mais ce n’était pas le cas, et avec le coup dans le nez qu’il avait, il ne retint que pas saoul = sobre. Magnifique, un adulte sobre et responsable dans la chambre. Sauf que Lun n’était pas un adulte, qu’il n’était pas sobre et… responsable, ça restait à voir.

    Et dans toute sa sobriété, Lun réclama une histoire. Franchement. Est-ce que Elyott avait une tête à raconter des histoires ? Des idioties, oui. Des fabulations, oui aussi. Des histoires, certainement pas ! Et il le fit bien comprendre à Lun, qui lui répondit que s’il ne voulait pas ce n’était pas grave. A côté de la plaque.

    « Mais je veux ! »

    répliqua le garçon élevant soudainement la voix, comme s’il s’indignait du fait qu’on puisse imaginer qu’il ne veuille pas rencontrer d’histoire. C’était absurde, il adorait les histoires, il aimait en inventer et en raconter.

    « Mais je ne peux pas »

    Sauf que là, oui, il en était incapable. Elyott n’était pas un raconteur d’histoire infaillible ! Son histoire n’aurait ni queue ni tête. Ou disons, encore moins de queue et de tête que d’habitude. Il resterait le tronc, et le tronc serait flou et fragile. Non, actuellement Elyott n’était capable de rien engendrer si ce n’est un flot de paroles tantôt stupide, tantôt plutôt perspicace. L’ensemble laissait un arrière goût « d’à côté de la plaque », et c’est ainsi qu’on qualifierait son histoire s’il s’essayait à en faire une.

    A défaut de raconter de jolies histoires, Elyott prodiguait au moins de bons conseils –ou presque- puisqu’il recommanda à Lun de quitter le lit sur lequel il se reposait –celui du capitaine- afin de ne pas s’attirer les foudres de ce méchant homme. D’autant plus que le cadet était l’allié de la pomme, il offrait donc au capitaine plus d’une excuse pour vouloir le jeter à l’eau, et ça, bien sur, Lyot ne le voulait pas. Et pour une fois, le cerveau de Lun sembla accepter le conseil, le mettant d’ailleurs immédiatement en application. En effet, le blondinet observa Lun se lever du lot, lui adressant un sourire presque maternel, du genre « C’est bien mon fils, écoute ta maman ». On aura tout vu…

    Ce qu’Elyott n’avait pas prévu dans son plan sauvetage de Lun, c’était que ce dernier rejoigne son canot de sauvetage. Enfin son lit. Et il emmenait même des munitions ! Enfin…une bouteille vide. Cela dit ce serait toujours un projectile si le capitaine venait à les attaquer. Oui, le pacifisme d’Elyott n’était valable qu’en temps de sobriété.
    Il observa Lun agir avec le scepticisme d’un homme sobre devant un homme ivre. Pourtant, des deux, le plus bourré restait la Pomme. Il se demandait simplement pourquoi Lun venait parsemer sa joue et son front de légers baisers. Sans raison probablement. Après tout, lui-même ne se privait pas de le faire quand l’envie l’en prenait.
    La réplique de Lun concernant son sauvetage déclencha un grand sourire triomphal sur le visage d’Elyott.

    « C’est normal ! Tu es mon allié ! Je ne veux pas qu’il t’arrive malheur »

    Oui oui, Elyott était intimement persuadé d’avoir sauvé Lun d’un danger dangereusement dangereux. Brave petite Pomme…

    Mais Lun avait une manière bien à lui de le remercier…
    En vérité, Elyott était bien moins innocent que Lun l’imaginait. Il était même plus inconscient et tête en l’air que juste innocent. De toute façon il était dans un état trop second pour être choqué, surpris ou interloqué par ce baiser, ou pour s’y impliquer. Il n’en eut de toute façon pas le temps, puisque déjà Lun retirait ses lèvres et enchainnait sur un commentaire.

    Commentaire qui eut de l’effet sur Lyot puisque la pomme éclata de rire, trouvant hilarant la remarque de Lun. Pour son excuse, beaucoup de gens ivres trouve un rien formidablement drôle, et la pomme ne faisait pas exception, pour une fois. Et puis, imaginer un kangourou allongé contre lui, penché sur lui, ça avait quelque chose de comique. Il calma enfin son fou rire, essayant de ne pas voir un kangourou sur le visage de Lun, sinon il n’arriverait jamais à calmer ses nerfs. Il n’empêche que Lun avait retenu les conneries que la pomme lui avait sorti, la dernière fois, pour éviter d’avoir l’embrasser ailleurs que sur sa joue.

    « Heureusement, je m’en serais voulu ! » répondit le garçon, reprenant un air très sérieux.

    Car si lui, Elyott, adorait les kangourous, il était plus que moins sur que les autres gens aient accueilli Lun le marsupial les bras ouverts. C’aurait ruiné sa vie sociale, et même sa vie tout court puisque des scientifiques se seraient rués sur un tel cas ! Heureusement, les gens ne se transforment en animal que dans les films et les contes de fée, pas dans la réalité.

    Cela, dit, par précaution…

    « Mais tu es bête d’avoir essayé, qu’est-ce que tu aurais fait si tu t’étais transformé ? » reprit Elyott, fronçant les sourcils en signe concret de mécontentement.

    Oui, Lun était un idiot inconscient de jouer à ce genre de jeu alors qu’il ne pouvait pas savoir d’avance que ça ne marcherait pas.

    Allez-y. Essayez d’expliquer à Elyott qu’il ne pouvait de toute façon en être autrement si on raisonnait avec un minimum de logique scientifique. En temps normal, même Elyott aurait réalisé. En temps normal, oui, mais on n’était pas franchement en temps normal là, alors il pouvait se permettre de croire à la magie.
    D’ailleurs, à trop s’arrêter sur les problèmes de métamorphose, il en oubliait même de parler du baiser, agissant comme si cela était tout à fait normal et naturel. Naturel, ça l’avait été. Normal… ça restait à voir. En même temps, Elyott voyait ça comme une simple preuve d’affection, et il était contente que Lun ait de l’affection pour lui, alors il ne voyait pas le problème. Tout bêtement.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMar 28 Juil 2009 - 11:24

    Cependant, lorsqu’il sentit le visage de Lun s’enfouir dans son cou, accompagné, comme il se doigt, d’une multitude de petits cheveux blonds pour le faire frissonner, il repartit dans un second fou rire, se tortillant pour essayer d’échapper aux mèches folles.

    « Arrêêêête ça chatouiiiille » gémit le garçon, à moitié hilare.

    On ne pouvait pas lui retirer ça : Lun faisait rire Elyott. En moins de 5 minutes il avait déclenché deux fous rires chez la pomme, lui qui ne faisait que râler et pleurnicher depuis qu’il était rentré. Il le laissa pourtant glisser ses bras autour de lui, se demandant s’il avait vraiment promis de rester avec lui. Et quand avait-il promis ça ? L’alcool devait encore lui jouer de vilains tours, mais pour ne pas vexer Lun, il préféra ne pas lancer le fameux « Ah j’ai dit ça moi ? » et se contenta de sourire, hochant légèrement la tête.

    « Mais….ce n’est pas l’heure de dormir ? »

    Non pas vraiment, c’était même plutôt l’heure de se réveiller, à vrai dire. Si saoul soit-il, Elyott n’avait pas sommeil. L’alcool le maintenait encore éveillé, et puis, il avait déjà fait un presque comas de 3h cette nuit qui l’avait assez bien reposé. Ca ne l’avait pas empêché de continuer à boire après… Mais il n’avait pas envie de dormir, juste de se reposer, d’attendre que l’alcool s’évapore en fait. Et Lun…Lun venait de se réveiller, et il voulait déjà se recoucher ? Eh bien, c’était la grande forme dans la chambre. Deux loques, ils s’étaient bien trouvés au fond…

    Le blondinet fronça les sourcils, fixant calmement Lun.

    « Tu vois que tu es ivre ! »

    Son critère d’ivresse ? Le fait qu’il ait envie de dormir après avoir déjà fait sa nuit. Assez arbitraire, oui, mais c’était assez suspect, non ?
    Le voyant de surcroit fermer les yeux, il songea que Lun allait vraiment se rendormir si ça continuait. Levant sa main au niveau du visage en face de lui, il lui pinça doucement le nez en riant.

    « Hé, tu ne vas pas dormir toute la journée gros chat paresseux ! »

    Elyott ? Un tue-l’amour ? Mais non, vous vous faites des idées… Il est juste trop expressif, trop bruyant, trop gamin, trop maladroit, trop bouché, le pauvre môme.
    Et en guise de réponse, il obtint une série de marmonnements quasi incompréhensibles pour un homme sobre, et carrément chinois pour une pomme saoule.

    « Je ne comprends rien à ce que tu racontes »

    répondit Elyott, ses sourcils s’affaissant, les joues légèrement gonflées pour manifester sa déception. Lun devait parler plus fort, lui, il ne pouvait pas plus se rapprocher, il n’était déjà qu’à quelques centimètres de lui. A moins que Lun n’ait parlé dans sa langue ? C’est vrai, Elyott ne savait toujours pas d’où il venait, il venait peut être de s’exprimer en un langage connu de lui seul et de ceux de son pays ?

    Sentant qu’il était en train de perdre Lun qui semblait prêt à s’assoupir à tout instant, il posa sa main sur son épaule et le secoua gentiment.

    « Hého, qu’est-ce que tu disais ? »

    Elyott était aussi insistant qu’un garçon de 5 ans à qui on aurait dit des mots de grande personne sans les lui expliquer : il continuerait jusqu’à ce qu’on ne lui réponde, quite à se faire dire des bêtises ou des mensonges. Et un gamin de 5 ans saoul est le summum de l’insistance.
    Comme Lun n’avait pas l’air plus que ça d’avis de lui faire la traduction simultanée, Elyott se rapprocha, plissant les yeux d’un air pseudo-menaçant.

    « Si tu ne me dis pas, je te chatouillerai aussi ! »

    Esperons pour Lun qu’il ne soit pas chatouilleux. En même temps, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même, c’était lui qui avait donné la bonne idée à Elyott en l’embrassant dans le cou. Même si, en fait, l’objectif premier n’était pas franchement de faire des guilis à la pomme. Qu’à cela ne tienne, le redoutable Elyott soufflerait dans le cou de Lun autant de fois qu’il le faudrait jusqu’à ce qu’il ne lâche le morceau.

    Promenant son regard tranquillement autour de lui –c'est-à-dire que Lun et le lit, puisque c’est ce qui occupait majoritairement sa vue à cet instant- son regard sembla soudain s’arrêter sur un élément visiblement perturbateur. Un bouton de chemise. LE bouton de chemise démoniaque. Vous savez, celui qu’on a du mal à fermer autant qu’à ouvrir parce que le couturier s’est foirré et la fente est minuscule par rapport au bouton. Celui qu’on a beau avoir fait et défait 1500 fois, il oppose toujours la même résistance, tant et si bien que parfois il se déboutonne tout seul parce qu’on l’a mal fermé. Froncement de sourcil de la part d’Elyott et hop, voilà ses deux petites mains occupées à triturer le bouton. Elyott avait l’air d’un psychotique maniaque à concentrer toute sa hargne de petite pomme sur ce bouton et ce, précisons le, de manière soudaine et inattendue, sans que quoique ce soit dans la conversation n’ait pu l’amener à penser à des boutons.

    Se rappelant soudainement qu’il n’était pas tout à fait seul et que, accessoirement, ce n’est pas toujours agréable de se faire tripoter ses vêtements quand on somnole, il crut bon de préciser :

    « Il faut forcer le passage plusieurs fois de suite pour élargir la fente sinon le bouton résistera toujours autant. »

    L’art –parfaitement inutile- des boutons par Docteur Lloyden.
    Redressant le visage vers Lun, il enfonça son index dans la poitrine de celui-ci, reprenant un air pseudo sérieux qui ne lui allait pas du tout. Ne pas oublier l’essentiel : la chatouillage de Lun.

    « Mais ne crois pas que j’ai oublié de te…. de te quoi d’ailleurs ? »

    Et oui, il avait oublié…. Crétin de poisson rouge.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyLun 10 Aoû 2009 - 16:36

[1] ou « des papillons au pull perdu »

C’est comme les papillons de nuit qui sont attirés par les feux de forêt. Ils tournent autour jusqu’à se brûler les ailes et mourir dans le braisier. On ne retrouve jamais leur cadavre. C’est le crime parfait ! L’amour c’est un feu bouillant qui brûle à l’intérieur des hommes. Il faut le différencié des autres sentiments. Le bon sens devenait un papillon de nuit dans ces circonstances.
Comme bien des personnes, Lun Marv avait un type de personne qui pouvait lui faire détourner la tête et le rendre papillons de nuit. Sans aucun doute, Elyott Lloyden n’avait rien du type idéal. Lun les aimait instruit, cultivé et assez dur dans le langage. Il aimait les vices et les défauts des hommes. Plus ils en avaient et plus Lun était souvent séduit par ces derniers.
Les sages enfants ne l’avaient jamais attiré dans les sentiments. Lun n’y trouvait pas ce qu’il recherchait. Lui qui était nymphomane mais aussi cultivé avait besoin qu’on nourrisse autant son esprit que son corps.
Il était dominant généralement dans ces histoires parce qu’être dominé signifiait accorder une confiance en un inconnu. Cependant, Lun n’était pas un dominateur brun et sombre. Au contraire, il était un vrai bisexuel qui aimait toutes les positions inimaginables. Dans son esprit, le mot dominé n’avait aucune signification : il s’agissait juste d’avoir du plaisir. Le plus de plaisir possible !

Quelqu’un comme Elyott devait être prude dans la sexualité, il n’avait pas du connaître beaucoup d’amants, et Lun ne l’imaginait pas dominant quelqu’un. Sauf peut-être une petite brune aux yeux noisettes. Et encore, devait-elle avoir plus de force que lui. Un Peter Pan qui rêve à un capitaine mais qui ne peut pas dire ce que ce dernier lui a fait. D’ailleurs, qui confond une chambre avec une cabine et sent particulièrement mauvais. Pas que l’alcool, mais également des odeurs que Lun pourrait facilement qualifier intolérables dans sa chambre.

Il commençait à s’y habituer. La présence d’Elyott ne lui donnait plus envie de vomir. Lun avait même l’impression que l’odeur désagréable avait commencé à partir. Ce qui était faux : il s’y était simplement fait, comme un homme célibataire vivant avec six chats s’habituent à l’odeur des déchets de ses animaux. Elyott était en quelque sorte un animal de compagnie. Agaçant, adorable, charmant, incompréhensible, vivant dans son monde, évoluant à sa façon, mais tellement important au fond.
C’était aussi un être humain. Un être humain qui dit des phrases débiles.
« Si tu as oublié, » observa le populaire, « tu devrais lui pardonner. Non ? »

C’était la philosophie de vie de Lun. Il n’en voulait jamais à ceux dont il avait oublié la raison du grief. Il se souvenait des raisons qui le poussaient à ne pas aimer Cynthia et Anouck. Il pouvait aussi pardonner et se souvenir. Sauf eux deux. Lun ne pourrait jamais leur pardonner leurs actes et leurs manies. Il les détestait et s’il n’avait eu une conscience quelques peu déroutantes, il aurait fait de leurs vies un vrai cauchemar.
Il en voulait encore à Elyott de l’avoir traité d’idiot à leur dernière rencontre. Il avait trouvé stupide aussi de sa part de s’en prendre à ce garçon qui finalement n’était qu’un insouciant insecte dans la jungle japonaise. Jungle qui n’existait d’ailleurs pas.

Pour Lun, la vie était une Jungle. On pouvait tous y survivre mais certains avaient plus de chance d’être mangé que d’autres. Les enfants et les vieux étaient les proies faciles et les insectes par milliers contrôlaient finalement beaucoup de chose que les maîtres prédateurs n’arrivaient pas à leur reprendre. Il se sentait idéalement un peu partout quoique plus souvent panthère noire pour son appétit féroce envers le corps des Hommes en général et surtout, pour sa curiosité l’attirant souvent dans les traquenards les pires qu’il soit. Lun appréciait cette idée, mais du point de vue qu’une autre personne, il savait qu’il pouvait passer de prédateur à proie en un claquement de doigts.

Comme la bête, il se savait ni bon, ni mauvais. Comme dans sa relation avec Elyott, bien qu’il soit son allié. Celui-ci constata d’ailleurs que Lun ne lui avait dit pourquoi il ne serait pas un bon allié. De ce fait, Lun décida de répondre à sa manière à la question :

« Je ne serais pas bon, »
Répondit-il, « car je t’ai fait de la peine l’autre fois. Que je peux encore t’en faire. Les gens qui font de la peine ne sont pas bons. ... Mais, tu peux me gouter si tu veux. »
Sourire Malicieux.

Elyott aussi faisait de la peine en étant trop gentil. Il n’était donc pas bon dans la conception de Lun. Quelqu’un de bon, il y en avait pas beaucoup. Lun ne se souvenait pas en avoir croisé, peut-être la petite Miu avec qui il avait écrit une histoire d’Hamster. Elle était très innocente et très bonne dans le sens correct du terme. Gentille, attentive, Lun avait beaucoup d’affection pour cette enfant. Elle était une des personnes qu’il préférait le plus dans l’académie : elle était naturelle. Elle n’était pas mauvaise, ça Lun en était persuadé. Elle ne pourrait jamais faire le moindre mal. Ni maintenant, ni jamais.
Lun lui accordait une grande confiance : et elle était la seule personne à qui il avait confié des grandes parties de sa vie en sachant que ça ne serait jamais utilisé ou répété d’une manière ou d’une autre.

Non, Elyott n’était pas bon, mais il était loin d’être mauvais. C’était juste un écologiste insouciant et alcoolique désormais qui avait tout l’air d’un point noir dans les relations de Lun. Sans aucun doute, quelqu’un dans ce genre-là, aurait pu être un ami. Pourquoi fallait-il alors que Lun y mette un sentiment d’amour ridicule ? Lun n’en avait aucune envie. Il avait mal de penser qu’Elyott ne l’aimerait peut-être jamais. Il avait mal de savoir qu’on disait qu’il avait une petite amie brune. Il souffrait énormément, évidemment, mais il savait que c’était ridicule : Pourquoi Elyott ? Pourquoi la seule personne dans tout son entourage qui ne pourrait jamais lui donner le minimum de ce qu’il recherchait. Et la seule personne qu’il pourrait si facilement faire souffrir. Lun le sentait : il ne pourrait plus avoir d’autres amants s’il voulait Elyott. Il n’aurait plus le droit aux délicieux échanges avec la mannequin populaire, il ne pourrait plus jamais presser Jun contre un bar avec son sourire mystérieux. Il ne pourra plus rejoindre le professeur sadique dans sa lit et joue à califourchon sur lui pour l’attacher solidement aux barreaux. Et sans doute que même les extras seraient interdit. Plus question de se prostituer « pour s’amuser un peu » en sortie de bar ou de tourner « un petit film porno entre amis » pour rire de leurs ébats sexuels.

Lun n’aimait pas les rêves secrets des petites filles. Il n’avait aucune envie d’avoir une femme, deux enfants et le petit chemin qui conduit à la montagne. Il avait peur de la routine. Etre avec Elyott est-ce que ce serait signer avec la routine ? Lun n’y avait pas pensé. Il voulait Elyott ! Comme un enfant voulant un chien pour animal de compagnie. Il voulait Elyott sans prendre conscience que s’il arrivait à ses fins sa vie risquait de changer du tout au tout. Voir d’être totalement opposé à celle qu’il avait actuellement.

Elyott était déjà capable d’en vouloir à un capitaine imaginaire, alors Lun ne voulait pas imaginer ce qu’il penserait d’un individu comme lui. Le jugerait-il immonde ? Lun avait rit lorsque Cassandra lui avait lancé au téléphone, il y a trois semaines : « Si tes vices étaient des briques, on pourrait construire un second mur de Chine. » Enchaînant durement la semaine suivante alors qu’il lui parlait de Jun : « Ton cul c’est le métro londonien. On ne sait jamais ce qui va y rentrer. »
C’était d’ailleurs injustifié : Lun n’avait et ne serrait jamais dominé par Jun Masato. Cependant l’idée de le dire à Cassandra pour calmer sa colère ne lui était pas venue aux oreilles. Quelque part, il savait qu’elle dirait une phrase encore plus sanglante s’il tentait de justifier ses choix. « Tu devrais être auprès de moi. De personne d’autre. »

Il irait la rejoindre, mais, il fallait déjà rejoindre Elyott et le fil de ses pensées qui lança qu’il l’aimait beaucoup. Beaucoup, c’était gentil, mais prématuré. Un homme alcoolique, songea Lun, qu’il soit vicieux ou pomme, est définitivement toujours pareil : il tombe amoureux de vous le temps que dure la boisson dans son sang et qu’il réalise que la jolie brune à qui il offre à boire est un homme avec un truc bien gênant entre les jambes. Alors là, l’amour est oublié, et on se souvient de l’instinct qui consiste pour le vicieux à frapper le jugé coupable, et pour la pomme de sauter dans les bras d’une énième relation baby-sitter en repartant à l’aventure de la protection de la planète bleue.

« Tu me le rediras quand tu n’auras plus d’alcool dans ton verger, Elyott. »
Soupira Lun. Et qui ne fallait pas confondre à ce qu'il disait parfois à ses amant, tu me le diras quand tu n'auras plus de sève dans ta verge. Ce qui était fondamentalement différent !

Lun aurait tout donné pour un thé. Il avait mal à la tête. A la place de l’annonce d’un pull dans le journal, il aurait bien fait cette annonce-là : Grand blond vénitien aux beaux yeux forêts s’offre en échange d’un thé avec deux sucres et d’un chocolat avec du caramel dedans. Si possible, rajoutez une pomme pour boule puante colocataire et une bouteille de vodka. Quoiqu’il aurait également, aimé, mettre celle-là : Recherche serpent de la tentation capable de me faire oublier un sentiment littéralement stupide envers une pomme voisine qui me tente. Vices déjà en moi, pas la peine de m’obliger à la croquer.
Cependant, Lun se voyait mal finalement écrire de telles annonces. S’il signait Lun Marv, il était fort possible qu’il y aurait quelques crétins pour lui répondre et Lun n’avait aucune envie d’avoir un admirateur autour de lui. Pire, Elyott ne comprendrait rien et risquait d’être prit à partie par des fans un peu trop violente quand il s’agissait de Marv ce que Lun ne comprenait pas : Jun était fils d’une riche japonais, enfant du pays et connu pour sa grande « gentillesse », sa voix d’or et le reste. Set’ était un mannequin reconnu du grand public qui faisait sa place dans le monde la mode. Et Lun ? Personne ne savait qu’il était le fil adoptif du psychologue Daniel Warren dont les livres, d’ailleurs, n’avaient été lu que par les étudiants en psychologie avancée. Et encore, ceux qui ne prenaient pas de résumé par internet. Personne ne savait qu’il était le film d’un prince anglais et qu’il était héritier de deux couronnes. Il ne tenait sa popularité qu’à de rumeurs courant sur lui. Lun était bon pianiste, mais personne ne le savait.
Il savait chanter, mais n’avait jamais chanter en public, ou alors, il était saoul et sa voix n’avait alors rien de mélodieuse quoique toujours agréable, elle ne sortait que de fausses notes avec trois bouteilles.

Bof. Ce n’était pas la peine de chercher. Lun était populaire, mais il ne comprenait pas bien pourquoi et finalement, c’était Elyott qui avait raison. Lui on le remarque mais sans plus, il fait rire pas plus, mais Lun fait parler de lui : il est craint et donc on ne parle que de lui. Il est populaire, et le pull que porte Elyott va le devenir aussi.
Elyott trouvant que le propriétaire du vêtement serait certainement content que son pull soit célèbre :

« Evidemment. »
Affirma Lun, sans y croire une seconde. Cela risquait surtout de le faire rire, et de lui faire penser qu’Elyott était décidément un sacré gars original qui ne pouvait rien faire comme tout le monde. Si c’était un bon ami, il ne lui en voudrait même pas d’avoir oublié qu’on lui avait prêté.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyLun 10 Aoû 2009 - 16:40

[2] ou des lettres envoyées aux insultes d’abeille

Enfin ce pull perdu, c’étai un peu comme ces lettres qui traînent par terre. Le propriétaire ne devait pas beaucoup y tenir pour le prêter à Elyott ou pour les envoyer à Lun. L’un comme l’autre se valaient pour ce qui était se souvenir de leur originaire. Cependant, c’était la première fois que Lun les laissait autant se rajouter sur le sol. Un tas de lettres d’amour et de mots de colère. Au fond, Elyott devrait se rebeller contre les fans de Lun songea idiotement le populaire : après tout tous ses parties de forêt vierge qu’on coupait pour planter des arbres à papier qui finissait sous leur porte de chambre et n’était jamais lu par Lun.
Si Elyott avait été sur Internet, il aurait pu sur facebook créé la pétition : pour ne plus écrire de lettre d’amour à Lun Marv. Lun y aurait sans doute participé le premier. Il aurait lui créé la liste : « pour qu’Elyott ne mange que trois pommes par jours ! »

Dans ce méli-mélo, Elyott tenta de déjouer la logique réversible de son compatriote anglais en lui expliquant que si Lun jugeait qu’un bateau n’avait rien à faire dans le centre d’une académie, lui ne pouvait pas prétendre être à la fois sur la terre ferme tout en parlant à un Elyott sur un bateau. Lun comprit bien l’idée générale de la pensée de son compagnon même si au fond, c’était définitivement incompréhensible.

« Non, Elyott. »
Répondit Lun en soupirant. « Je ne pense pas sérieusement qu’on est ensemble. »

Et là dans le contexte, ça voulait dire que l’un était sur le bateau, l’autre dans sa chambre, et qu’ils se parlaient par l’opération du saint esprit. P’tain, super puissant le saint Esprit dans ce cas-là. Seulement cela voulait tout simplement aussi signifiait que Lun ne songeait pas sérieusement qu’il était possible qu’i lest la moindre chance avec le garçon et que de plus, il n’était pas avec lui.
C’était dommage d’ailleurs, car s’il avait été avec Elyott, il aurait pu le jeter dans la douche pour le laver. Et s’il avait été avec Elyott, Maeki n’aurait jamais pensé qu’il voulait sortir avec Lanaru et il n’aurait été couché dans ce maudit lit pendant trois jours entiers, puis quatre jours entrecoupé de réveil et de douches. Lun était capable de ne pas manger, même s’il mourrait de faim dès qu’il sortirait de cette chambre, mais il n’était capable d’être sale. Il y avait bien un problème dans sa tête : un vrai problème qui ne risquait pas de s’améliorer avec le temps.

Qu’importait au fond. Elyott était là et Lun était heureux de le voir. Ca, il pouvait le reconnaître, même si la pomme l’agaçait dans son comportement d’enfant qui l’empêchait de le plaquer sur le lit et de l’embrasser littéralement pour savoir si ces lèvres avaient le goût de jus de pommes.

Quitte à boire du jus d’ailleurs, Lun préféra le jus de raison : ou pas. Ce n’était pas du vin qu’il buvait. C’était du rhum. Le rhum est composé de canne à sucre. De la pomme à la canne à sucre, ça rappelait : la pomme d’amour. Lun n’aimait pas ça la pomme d’amour, il trouvait ça beaucoup trop dure : une sorte de grosses sucettes. Non, quitte à sucer, il préférait ….

Tu m’embrouilles !


Hu !? Lun cligna des yeux fixant idiotement Elyott comme l’homme le plus crétin du monde fixerait un calcul de mathématique. Qu’est-ce que Elyott venait de dire et de quoi on parlait exactement. Ha oui, Lun se souvenait. On parlait du fait qu’ils ne pouvaient pas se trouver tous les deux aux mêmes endroits. Et que de ce fait Lun avait aussi peu de logique qu’Elyott, et qu’en plus il l’embrouillait.

« Mouais …., »
reconnu Lun, plus pour lui-même que pour Elyott, « On est un peu dans le brouillard-là. »

M’enfin, théoriquement, il était encore possible que Lun ne soit pas avec Elyott : une sorte de nouveau pouvoir qu’on n’aurait pas connu. Il était quand même moins possible, selon Lun toujours, de faire voler un bateau. A moins d’être Peter Pan,
Mais Elyott confirma qu’il n’était pas Peter Pan. Il n’avait pas de fée clochette.

Lun jugea que c’était une bonne raison : il n’avait pas envie d’une petite blonde en tenue verte tournant autour d’Elyott et jalouse comme une peste ! Il avait déjà bien assez du mal dans sa relation avec son homologue anglais pour ne pas y rajouter un insecte à forme féminine qui mourrait si on disait qu’on ne croyait pas en elle.
Non, non. Lun ne voulait pas d’une telle bestiole dans ses pattes ou plus précisément dans celle d’Elyott. D’ailleurs, Elyott c’était pas Peter Pan, c’est le mauvais Walt Disney : lui c’est Belle. C’est dit dans sa fiche, Fiche lu par l’auteur.
Ce qui signifiait que Lun était soit le gros lourdaud qui essaye de la séduire, soit l’affreuse bête. Dans les deux cas, ce n’était pas franchement très flatteur pour lui. Tant pis ! De toute façon, Lun n’avait jamais vu la belle et la bête de Walt Disney. Par contre, il avait déjà vu la belle et la bête, le film pornographique érotique écrit et très bien réalisée par un groupe d’amateur dont certains étaient ses amis et qui avaient réalisé, entre autre aussi un Peter Pan.
Lun pouvait le certifié, Cassandra avait joué Wendy.

Ok. Ce n’était peut-être pas le genre d’anecdotes à raconter à Elyott. Non. Mauvaise idée, Lun.


Déjà que l’idée d’un capitaine mangeant des baleines ne lui plaisait pas. Lun aimait bien les baleines, comme dans la chanson d’Emilie Jolie, baleine de Parapluie ou, Baleine de soutien-gorge. La baleine c’était définitivement un animal pour symboliser un pervers : gros et mouillé, tordu sous l’effet d’un sein et droit dans leurs mains. Pas de doute. A moins, et plus plausible, que Lun ne voit des images tordues dans n’importe quoi !

C'est-à-dire dans l’innocente baleine terminant en repas chez le capitaine. Et là, Lun ne pensait pas à la femme du capitaine. Quitte, à savoir pourquoi il n’était pas végétarien.

« Il pourrait. »
Confirma Lun. « Alors il va être végétarien pour se faire pardonner du mal qu'il ta fait. »

Après tout, le capitaine n’existait pas. Lun pouvait donc confirmer sans craindre un démentit qu’il était bel et bien végétarien même si de ce fait c’était aussi se mettre en contradiction avec ses propres paroles de tantôt. Qu’importe, à cette heure du matin avec l’alcool un peu dans le sang, Lun n’avait plus envie de chercher midi à quatorze heures.

Non, non. Cette histoire de capitaine, c’était comme le pull d’Elyott, et les lettres de Lun. On ne devait pas beaucoup y tenir. Même si dans le fond, heureusement qu’Elyott avait ce pull : il aurait pu tomber malade. Heureusement qu’il avait son capitaine, il pouvait se défouler. Et heureusement que Lun avait ses lettres, car parmi elle, il y avait la lettre d’Elyott qu’il promit de lire mille fois.

Promesse qu’il ne comptait pas foncièrement faire : il la lirait déjà une fois, une seconde certainement pour essayer de comprendre où voulait en venir Elyott. Puis il la rangerait, dans quelques mois, quelques années, il la retrouverait peut-être, et la lirait encore. Mais ça ne faisait pas plus d’une dizaine de lecture. Grand maximum. Qu’importait ! Cela faisait rire Elyott et Lun fut soulagé de le voir rire : il n’avait plus envie de lui faire la moindre peine.

En réalité, il ne pourrait jamais supporter l’idée de faire pleurer Elyott, même si dans une vie, inévitablement, on ne rigole pas tout de temps. Et ça c’est dommageable ! Lun trouvait que la vie était plus belle en riant qu’en pleurant. Et, fondamentalement, il ne fallait pas être Einstein pour avoir la même pensée que lui.

Par contre, il le fallait pour comprendre que lorsque Elyott disait qu’il ne pouvait pas raconter une histoire, il voulait en raconter, mais ne pouvait pas. Lun sursauta violement en l’entendant élever la voix, ne s’y attendant pas. Lui qui avait entrefermé les yeux, les rouvrit brusquement en fixant Elyott qui protestait contre ses accusations.
Il voulait raconter une histoire, mais il ne pouvait pas.

Lun s’agenouillant, presque à califourchon, les deux jambes de cotés, sur le lit d’Elyott, se frotta les yeux. « Ok, pas la peine de crier ! » se récria-t-il de mauvaise humeur. Elyott lui donnait un fourmillon à la place du cerveau. Ce n’était pas possible.

« Si tu t’énerves comme le capitaine, je t’assomme ! »
Gronda Lun qui était le seul à s’énerver dans cette histoire, colérique à l’idée qu’Elyott est changé de lit. Mais Lun est un soufflet, et il s’est déjà calmé, souriant doucement en écoutant Elyott déblatéré sur le fait qu’il était son allié.

Jusqu’au baiser. Lun osa plaisanter sur le fait qu’il n’était pas devenu un kangourou. Plaisanterie qui ne fit pas rire Elyott. Ce dernier devint très sérieux : « Mais tu es bête d’avoir essayé, qu’est-ce que tu aurais fait si tu t’étais transformé ? »

Lun cligna des yeux. Quelle étrange question. Que ferait-il s’il devenait kangourou en embrassant quelqu’un ? Déjà il tenterait de reprendre forme animale, ensuite il écrirait un livre : « Ma vie en kangourou. » Puis, il ferrait un films : « Le prince Kangourou », des accessoires divers et variés et peut-être un part d’attraction : « Kangoo-Land » avec de super attraction où on est dans une maison fantôme et que des mains d’Elyott tentent de nous manger parce qu’on ressemble à une pomme, où des Lun pervers tentent de vous embrasser et des sales flics font des strip-tease effrayant.
Il y aura les montagnes russes : les montagnes de la Mafia. Les roues d’Hamster. Bref un superbe endroit magnifique avec des navettes spatiales qui envahissent la planète, des attractions où on doit frapper des doigts sortant de terriers, d’autres où on est projeté dans de l’eau.

Plus sérieusement, que ferrait-il ?

Lun prit entre ses doigts les mains d’Elyott pour le regarder dans les yeux, en essayant de garder un minimum de sérieux : « Tu serais obligé de m’embrasser à ton tour pour faire le vœu que je redevienne humain, tout simplement ! »

Bah oui ! Le crapaud n’embrasse pas la princesse, c’est la princesse qui le fait. Lun ne se voyant pas la princesse de l’histoire, jugea donc qu’Elyott devait l’être. (Puis il serait adorable avec des tresses, la robe à fanfreluche rose et le chapeau bien ridicule.)

Lun embrassa Elyott dans le cou qui se mit à rire parce que ça le chatouillait, ce qui déclenchant simplement un doux sourire sur le visage de l’anglais populaire qui enserra contre-lui sa petite pomme. Oui, il se fichait bien de faire rire. Au contraire, il trouvait ça affreusement adorable et mignon. C’était mieux qui de ce recevoir une gifle ou de se faire violement plaqué sur le lit et embrasser. Quoique. Attendez, Lun devait avoir bu un peu trop d’alcool pour considérait que le fait de faire rire adorablement Elyott était plus appréciable que le fait de se faire plaquer contre un lit par un amant désirable qu’il embrasserait violement jusqu’à le mordre à sang.


Lun décréta qu’il était l’heure de dormir, mais Elyott n’était pas d’accord.

« Mais….ce n’est pas l’heure de dormir ?

- Dans ton pays, si ! » Répliqua Lun ou l’art de la réplique Facile en dix leçons. Sans doute que sa réponse d’ailleurs était trop facile parce qu’il ne fallut que trois secondes et demi à Elyott pour confirmer le fait que Lun était ivre. Faux ! Aurait bien volontiers crié Lun, mais il était trop occupé à vouloir s’endormir, en gardant Elyott près de lui.
Ce qui était déjà bien compliqué : Elyott bougeait pas mal, et Lun n’avait pas 100 % de sa force physique pour le maintenir à ses cotés.

« Tu vois que tu es ivre !

- T’es-tu regardé ? »

Car dans le genre c’est l’hôpital qui se fout de la charité, Elyott avait tiré le pompon du manège. En trichant évidemment, car il avait prit l’avion et que l’avion évidemment, ça permet de monter plus haut et donc de choper le pompon plus rapidement que ceux dans les voitures. Alors, même si ce n’était pas un avion mais un bateau volant, Elyott avait triché.

« Hé, tu ne vas pas dormir toute la journée gros chat paresseux ! »


Lun repoussa la main qui pressait son nez, maugréant volontiers mille fois, avant d’entrouvrir les yeux, se plaçant allongé sur le dos. Il fixa Elyott en grondant encore plus.
Il venait encore de l'insulter. Ok, chat paresseux c'était plutôt vrai. Chat, en tout cas. Chatte, aussi parfois.

« Tais-toi Elyott, tu vas finir par faire rappliquer du monde ici ! »


Et là, ce serait franchement embêtant que quelqu’un rentre : à moins que ce soit un alcoolique, alors là, ok. Ou un de leurs amis, pourquoi pas. Mais Lun craignait plus un surveillant, ou un fan trop curieux. Ce serait chiant de devoir expliquer pourquoi il était dans le lit d’Elyott avec le garçon saoul au-dessus de lui et lui à moitié habillé. Voir pas franchement habillé du tout.

Peut-être qu’en mettant sa chemise blanche et le pantalon rouge d’Elyott, ça formerait un habit ? Et encore, ça n’allait pas franchement ensemble.

« Je ne comprends rien à ce que tu racontes »

Lun ignora royalement Elyott : il voulait dormir. Dormir = acte où on ne répond pas à une pomme alcoolique histoire de la faire taire et qu’elle ne fasse pas rappliquer tous le couloir dans la chambre.

« Hého, qu’est-ce que tu disais ? »

« … Shut the fuck up, Elyott ! » Maugréa Lun, qui aurait volontiers assommé son compère pour l’avoir secoué par l’épaule.

« Si tu ne me dis pas, je te chatouillerai aussi ! »

« Yes, but... no, Lyot. »
Ou l’art et la manière de Lun de dire à quelqu’un que « oui, mais non, » il n’était pas d’accord avec ce qu’il disait. De ce fait il n’avait pas envie de parler, donc, Elyott devait se taire : logique Lunaire de tout les problèmes qu’il pouvait rencontrer.
Visiblement, pas assez satisfaisant aux yeux d’Elyott.

« For God's sake, will you shut up ! »
Bougonna l’abeille en montant son coude sur son visage pour essayer d’avoir un peu d’ombre et pour se rendormir.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyLun 10 Aoû 2009 - 16:43

[3] ou suite et fin

C’est à ce moment-là que Lun sentit qu’Elyott avait enfin décidé de se taire, et il en fut quelques peu soulagé. Enfin, jusqu’à ce qu’il sente le bout des doigts du garçon s’escrimer avec visiblement beaucoup de mal sur un des rares boutons qu’il avait mit à sa chemise, qui était également le seul vêtement, quoique assez long, qu’il portait. Ce qui d’ailleurs laissait penser que ce n’était pas la sienne, peut-être, que Lun l’avait prit à Daniel avant de venir ici. Peut-être pas. Alors, c’était à Yuy. A un amant ? Au prof pervers. Qu’importe. Lun n’irait pas faire une annonce avec celle du pull. Il ne rendait que rarement les fringues qu’il piquait parce que généralement, il ne se souvenait pas les avoir prise. Ses amis avaient l’habitude et soupiraient entre eux. Luc en était sidéré : lui qui venait d’une famille pauvre ne pouvait pas comprendre le peu d’important qu’un bien matériel avait aux yeux du prince.

Cependant, les mains sur son haut ne dérangeaient pas Lun. Elyott pouvait bien s’amuser à essayer de le déshabiller s’il voulait ! Attendez. Le regard de Lun s’agrandit brutalement. Elyott était en train d’essayer de le déshabiller : ça c’était franchement un comportement étrange d’homme saoul. Finalement, Elyott était bien un être humain. A moins qu’il ne le confonde avec une poupée Barbie grandeur nature et qu’il ne veuille le changer de fringues.

« Elyott … » Marmonna Lun avec ce délicieux accent très british qu’il s’était forcé à faire passer en arrivant ici, n’aillant clairement pas envie qu’on devine d’où il voulant, voulant sans doute le faire réagir sur ses actions.

« Il faut forcer le passage plusieurs fois de suite pour élargir la fente sinon le bouton résistera toujours autant. »

C’est ainsi qu’un papillon de nuit passa devant les yeux de Lun poursuivit par un ange habillé d’un pantalon rouge franchement ridicule. Peut-être avait-il été piqué par une vilaine abeille virant sur le roux. Les yeux déjà arrondit de Lun se froncèrent, tentant d’empêcher un visage brutalement adorable de rougir sur sa personnage. Lun détestait ça : rougir. Elyott y était déjà parvenu deux fois en deux rencontres et c’était franchement pas sympa de sa part.

Se saisissant des mains d’Elyott afin de le faire cesser de jouer avec sa chemise, Lun se redressa violemment. Il faut dire qu'un coup de chaud l'avait prit et qu'en boucle la phrase d'Elyott tournait dans sa tête.

Elyott en profita pour lui enfoncer le doigt dans sa poitrine, ce qui n’était pas foncièrement une bonne idée puisqu’il y avait là des bleues pas encore tout à fait disparu du passage d’un amant bien trop cruel. Cependant, Elyott ne pouvant pas le savoir, Lun ignora la douleur et fixa d’un œil incrédule Elyott :
Est-ce qu’il disait toujours des choses aussi innocentes à des oreilles perverses ? C’était comme un enfant assit sur les genoux de sa mère dans le métro qui se mettrait à s’écrier : « Maman, j’aime quand tu me touches le zizi » car son sexe frotterait contre la cuisse de sa mère qui n’aurait pas prêté attention à l’érection enfantine et naturel de son gosse. La mère finirait rouge de honte et les passagers du bus fixant avec suspicion mère et enfant.

« Mais ne crois pas que j’ai oublié de te…. de te quoi d’ailleurs ? »

« Don't, I felt so embarrassed! Listen, Lyot. It’s posible that I lov’you. You’re right: I’m filled. Sorry … Hm. »


Ce fut à cet instant précis que Lun réalisa qu’il ne parlait plus japonais. Il soupira soulagé de sa bonne étoile, avant de songer que : Elyott n’était pas japonais et que de ce fait, contrairement à Maeki, il comprenait l’anglais. Cependant, Lun avait toujours une carte dans sa manche.

« Désolé … Je ne parle pas bien anglais. »
Oui, Lun n’aimait pas mentir, mais un mensonge pour éviter une situation embarrassante n’était pas un mensonge. Après tout, Daniel lui disait toujours que son anglais était vulgaire et plein de fautes. Donc, effectivement, il parlait trop familialement.

Maladroitement, le garçon referma le bouton à demi enlevé de sa chemise. Elyott n’était décidément qu’un gosse : et le titiller ainsi ce n’était pas raisonnable. Lun ne voulait pas s’en prendre à un type alcoolisé : ce serait tricher. Evidemment, qu’il avait plus de chance d’être accepté ainsi : en général les mecs saouls faisaient moins de difficultés à le mettre dans leurs lits, mais il y avait une différence entre un mec Saoul et Elyott. La différence tenait en ce papillon avait traversé le corps de Lun.

Le garçon se leva faiblement du lit, cherchant des yeux un pantalon, abandonnant l’idée. Il donnerait tout au monde pour avoir une autre bouteille l’alcool à ses cotés, ou peut-être simplement un peu d’acide ou d’ecstasy. Mauvaise idée, grogna inconsciemment Lun pour lui-même. Il n’avait pas touché à la drogue depuis son départ de Londres, ce n’était pas pour s’y remettre du jour au lendemain : simplement parce qu’on avait tripoté ses boutons.

D’autant que sa stupide réaction brutale avait du faire peur à Elyott.

Lun soupira, se tournant afin de faire face à Elyott, prenant son visage entre ses doigts pour l’embrasser avec tendresse.

« Tu as raison. Il n’est plus l’heure de dormir, mais toi, tu dois te reposer ici. »

Cherchant dans sa table de chevet, Lun prit une plaquette de médicament qu’il posa sur la table de chevet d’Elyott. Il y rajouta une bouteille d’eau, qui traînait dans ce tiroir : la bouteille de secours. Très utile : pour la jeter sur quelqu’un ou plus régulièrement pour avaler les médicaments contre la gueule de bois.

« Quand tu auras mal à la tête, tu prendras deux comprimés, d’accord ? Je dois aller en cours. »


Ce qui était relativement faux, et pourtant un minimum vrai.

Lun, qui finalement, prit un pantalon dans les affaires d’Elyott : un pantalon infâme coloré d’un vert pomme très peu tendance mais qui ferrait clairement l’affaire, il tira également un sous-vêtement propre et un polo blanc à manche longue avec l’effigie sur le buste d’un signe punk que Lun ne connaissait pas mais vêtement qu’on lui avait offert, il y a peu de temps.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyLun 24 Aoû 2009 - 23:34

    Thème (Ca n'a pas de rapport direct avec le rp, ça m'a juste inspiré :D *est bizarre*)


    Ah, si Lun et Elyott étaient ensemble… grande question. Concrètement…Lun n’aurait pas forcément à renoncer à ses « extras ». Il pourrait continuer à voir ses amants, à faire ses jeux sexuels et ses excès en tout genre….tant qu’Elyott ne le savait pas, naturellement. Et s’il l’apprenait… là, les choses seraient différentes, bien sur. La pomme n’étant pas rancunière, elle n’en voudrait pas trop à Lun, peut être même pas du tout en fait. Seule chose : il ne voudrait plus le revoir. Pas de rancune, il voulait bien pardonner, mais après, c’était fini, voilà tout. Elyott fonctionnait assez simplement au final. Pardonner de loin, c’est plus facile que pardonner de près, c’est bien connu.

    Forcément, ça ne facilitait pas les choses, pour l’un comme pour l’autre. Mais les complications, naturellement, Elyott ne les voyait pas. Pour cela il aurait fallu envisager une relation avec Lun, et connaître, un minimum, les habitudes de Lun. Comme il n’avait fait ni l’un ni l’autre, il était loin de se tracasser. Elyott avait la manie –mauvaise ou bonne, selon- de se simplifier la vie au maximum. Il traitait les problèmes comme ils venaient. Ca le turlupinait sur le coup, ni avant, ni après. Un simple d’esprit, oui. Pourtant, il était loin d’être bête. Il était sans doute juste un peu trop…zen ?

    Alors certes, les imaginer ensemble avait quelque chose de…drôle. Le couple qui détonne. Un peu comme Laurel et Hardy, sauf que ces deux là n’étaient pas un couple. Le génie tourmenté
    et l’imbécile heureux. Le terre-à-terre et l’utopiste. Le nymphomane et le bisounours. L’abeille et la pomme. Le cadet et l’ainé. L’adulte et l’enfant, l’ado et l’adulte. L’alcoolique et… l’alcoolique. Quel point commun.

    Et les discussions entre alcooliques étaient bien particulières. Tournant souvent autour de rien ou de n’importe quoi, parfois des deux. En l’occurrence, ils se focalisaient sur un personnage inexistant. Elyott avait lancé son délire de capitaine et Lun était rentré dedans, presque. Le seul problème avec ce capitaine, c’était que Lyo ne se souvenait même plus pourquoi il lui en voulait. Il avait beau fouiller dans ses souvenirs, il se souvenait juste que soudain, il avait pensé à ce capitaine de malheur, et immédiatement, il lui en avait voulu. Pourquoi ? Mystère et boule de pomme.

    Lyo se mit à rougir violemment, soudainement honteux de s’être tant acharné sur un homme, alors qu’il ne savait même plus quelle faute celui-ci avait commise. C’était indigne de quelqu’un qui prônait la justice, vraiment. Les joues aussi rouges que la pomme de blanche neige, il se sentit soudain étrangement bête. Lun avait raison, il devrait lui pardonner. Et il aurait du depuis longtemps. Il n’était pas rancunier, d’ordinaire. Lui-même ne comprenait pas, avec le recul, cet acharnement contre le capitaine.

    « Je suis désolé » souffla-t-il, la mine penaude, s’excusant auprès de Lun à défaut de pouvoir s’excuser auprès du capitaine. Bah, au moins, si son colocataire rencontrait ce fameux marin, il pourrait lui dire que Lyo ne lui en voulait plus, et qu’il s’était même excusé ! Finalement, tout est bien qui finit bien, comme dans les contes –sauf ceux d’Elyott.

    La pomme n’avait pas un mauvais fond, et ça, il ne fallait pas être Einstein pour le comprendre. Il était juste un peu trop entêté. Et entier. Il était entier. En l’occurrence, il était aussi très saoul, et c’était sans doute ça qui avait fortement entravé sa capacité de jugement et celle de pardon.
    Lun avait beau dire qu’il n’était pas « bon », au fond, il était peut être meilleur qu’Elyott. Lui, au moins, avait su analyser calmement la situation, et trouver un compromis pour stopper la guerre imaginaire entre Lyo et le capitaine. C’était un peu grâce à lui que tout s’était arrangé.
    Cela dit, le garçon l’écouta tout de même exposer son point de vue sur la bonté, et sur le pourquoi lui, Lun, ne serait pas un bon allié.

    « Mais je ne suis pas bon non plus, alors ce n’est pas grave. » diagnostiqua Elyott, une fois que Lun eut fini son explication

    Ca lui paraissait évident : si lui-même n’était pas bon avec Lun, alors le fait que Lun ne soit pas bon avec lui n’était que justifié. C’était donnant donnant. Mathématique, même. Négatif multiplié par négatif donne positif. C’était aussi bête que cela. Et puis, l’un comme l’autre savait au moins qu’ils n’étaient pas bons, c’était un bon début pour s’améliorer, au fond…

    De toute façon, lui aussi avait fait de la peine à Lun. Ils s’étaient mutuellement peinés, mais Elyott ne se souvenait plus très bien pour quelle raison. Il se rappelait que Lun lui avait dit qu’il était cruel, sans vouloir lui expliquer en quoi et pourquoi. Ensuite, Lun lui avait sorti ses 4 vérités, et Elyott avait pris la mouche –ou l’abeille, selon. Il avait rapidement effacé ce souvenir parce que sur le coup, ça l’avait rendu malheureux. Capacité d’oubli phénoménale. Lyot s’emplissait la tête de plein d’histoire, de contes, d’idées farfelues, qui prenaient tellement de place qu’elles finissaient par chasser les mauvais souvenirs. Malheureusement, parfois, ceux-ci se manifestaient à nouveau, mécontents d’être rangés dans un coin noir de ce cerveau trop coloré.

    « Te goûter ? » répéta Elyott, avec un grand sourire, à la limite du fou-rire en imaginant Lun dans une corbeille de fruit ou dans une assiette, entouré de glaces aux parfums divers, ou de biscuits exotiques.

    « Il faut t’assaisonner d’abord » fit-il remarquer, avec un sérieux déplacé.

    Allons bon, Elyott allait se lancer dans des discussions cannibales sur la meilleure manière de préparer Lun pour le déguster. Et puis quoi encore…
    Chacun sa vision des choses : Elyott voyait Lun comme un succulent met, Lun le voyait comme un chien. Charmant.

    L’ennui avec les enfants qui veulent des chiens, c’est qu’une fois qu’ils ont leur chien, la moitié d’entre eux ne veulent pas s’en occuper après. Bien sur, Elyott n’était pas un chien : il n’avait pas besoin qu’on le nourrisse et qu’on le promène. Ce qu’il y a peut être de plus embêtant à faire. En revanche, il avait besoin d’affection, d’attention…parfois de surveillance aussi, comme l’auraient attesté la plupart des gens le connaissant un minimum. Alors forcément, recueillir un Elyott à la fourrière pour le laisser pour compte après, ça n’était pas une bonne idée. Même si le garçon n’était pas franchement du genre à faire une scène mélodramatique dans ce genre de situation.

    Il aurait fallu un adulte, un parent avisé, qui aurait expliqué à Lun qu’un chien n’est pas un jouet, qu’il faut savoir ce que ça entraine d’en adopter un, que c’était une grosse responsabilité, qu’il faudrait s’en occuper, qu’il risquait de s’en lasser. Le même discours concernant une pomme. Il faudrait que quelqu’un lui dise qu’un Elyott n’est pas non plus un jouet –même s’il aime jouer et qu’on peut jouer avec-, qu’il faut aussi se renseigner sur ce que ça peut engendrer d’en prendre un avec soi, que c’était aussi une grosse responsabilité, qu’il faudrait bien évidemment s’en occuper, et que de même, on pouvait s’en lasser. Un Elyott, comme un chien, ça peut fatiguer. Il s’agissait de ne pas l’abandonner sur le bord de l’autoroute au premier été venu…

    Mais ces conseils, évidemment, ça n’était pas Elyott qui les donnerait à Lun. Lyot était un enfant, immature et stupide, mais il s’était toujours bien occupé des animaux. Il ne s’en lassait pas, s’attachait rapidement à eux, et adorait s’en occuper. Il s’occupait même probablement mieux de ses animaux que de ses amants, en fait. Dans l’ordre, il valait mieux être son ami, ensuite son chien, et après son amant. Lun avait choisi le mauvais rôle, en fin de compte.

    Ceci dit, il avait tout de même l’affection d’Elyott. En tant qu’ami, bien sur. Ce dernier lui assura même qu’il l’aimait beaucoup. Lun semblait dubitatif quand à cette déclaration. Il est vrai que les paroles d’alcoolique sont parfois…exagérées, voir tirées par les cheveux. Ceci dit, l’alcool était aussi un liquide déliant les langues, et facilitait le déballage de vérité. D’ailleurs, Elyott ne mentait pas : il aimait beaucoup Lun. Le problème ne venait pas de l’alcool, il venait d’Elyott, qui s’attachait aux gens à vitesse grand V. Naturellement, il savait faire la différence entre ses bons amis, et tous les autres. La différence ne venait pas de son côté, plutôt de celui des amis en question : les bons amis connaissaient bien Elyott, et le considéraient comme quelqu’un d’important. Les autres le considéraient comme un garçon sympathique et attachant, sans plus. Compliqué, d’un point de vue extérieur. Du point de vue d’Elyott, c’était plus simple : il aimait certaines personnes, et leur faisaient savoir, point final.

    La remarque de Lun le piqua au vif sans véritable raison, et il se braqua, se redressant comme il pouvait, visage contrarié, bras croisés.

    « Bien sur que je le redirai. Et j’ai parfaitement conscience de ce que je dis ! Tu insinues quoi ? » s’offusqua-t-il

    Non mais quoi ! Est-ce que Lun insinuait qu’il racontait des conneries parce qu’il était ivre ? Quel culot !
    Aujourd’hui, Lun avait décidé de tout reprocher à Elyott. Tout comme il lui reprocha de ne pas avoir cessé son régime de pomme. A tort ! Lyo mangeait moins de pomme qu’avant. Il en mangeait toujours, bien sur, c’était un peu comme une drogue pour lui, mais il avait freiné la consommation.
    Il remettait même ne cause sa logique et sa façon de raisonner. Certes, lorsqu’il essayait de retracer le fil logique d’une idée, c’était peu concluant, et on finissait plus embrouillé qu’on ne l’était au début. Mais l’idée générale était passée. Et Lun ne trouva rien de mieux que de contredire l’évidence même, annonçant sans préavis à son compagnon que selon lui, ils n’étaient pas ensemble.

    Les sourcils d’Elyott s’affaissèrent, l’incompréhension s’installa sur son visage. Ca, même avec toute la bonne volonté du monde, Lyo ne pouvait pas envisager cela. Pour lui, s’il parlait avec Lun, c’était qu’ils étaient ensemble. Sauf s’ils se parlaient par téléphone ou internet, mais ce n’était pas le cas, assurément. A moins que l’un d’eux ne soit un hologramme, mais ç’aurait été une drôle d’idée. Froncement de sourcil incertain : et zut, et si Lun était en fait un hologramme ? Incertain, il avança sa main vers Lun, s’attendant sans doute à happer du vide, mais sa main se heurta contre le bras de Lun. Lyo eut un sourire.

    « Ouf, tu n’es pas un hologramme ! »

    Satisfait de cette découverte, il ne chercha pas plus loin à savoir pourquoi Lun avait une telle considération. Tant pis, pour lui, au moins, c’était sur : ils étaient bien ensemble dans cette pièce, puisqu’ils pouvaient se parler, se voir, et surtout, preuve ultime, se toucher. Mais bon sang, Lun avait failli l’induire en erreur, avec ses affirmations trop assertives, comme s’il était certain de détenir la vérité. Il ne devait plus être très sobre pour dire de telles bêtises…


Dernière édition par Elyott Lloyden le Lun 24 Aoû 2009 - 23:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyLun 24 Aoû 2009 - 23:35

    De toute façon, comme le fit très justement remarquer le cadet : ils étaient dans le brouillard. Les brumes de l’alcool, même, si l’on voulait être exact. Et ça leur faisait perdre toute logique. Ceci dit, même lors de leur première rencontre, leur conversation n’avait pas été la plus logique qui soit. Pouvait-on avoir une conversation sensée avec un Elyott, bourré ou non ? Difficilement. Même sur les sujets les plus sérieux, les plus sensibles, les plus importants, Elyott avait du mal à ne pas laisser ses idées dériver vers tout et n’importe quoi. C’était pour cela, aussi, qu’il était difficile de le supporter, en tant qu’ami, en tant que chien ou en tant qu’amant. A moins qu’on ne soit adepte du n’importe quoi continuel, il fallait une bonne dose de patience avec la petite pomme. Mais de ce côté-là, Lun avait fait ses épreuves. Il n’avait pas encore perdu patience au point de simplement l’ignorer, de l’assommer, ou de le faire taire autrement. Pas encore. Ca ne saurait tarder en fait…

    Pour l’instant, il s’accrochait sérieusement aux histoires farfelues d’Elyott, allant même jusqu’à donner d’avantage vie à ce capitaine sans doute issu de l’imaginaire du blondinet. Et en plus de lui donner vie, il arrangeait les déboires d’Elyott et du capitaine, s’amusant à réconcilier un garçon un peu trop saoul et un homme n’existant que dans les livres et dans leur discussion. Sois en paix avec le monde, Elyott, même avec ce qui n’existe pas. Lun, au fond, avait bien cerné l’espèce de petit hippie qui lui tenait compagnie.

    « Vraiment ? » répondit Elyott, tout sourire, visiblement très heureux. « Alors je lui pardonne tout ! »

    Si le capitaine avait été quelqu’un de matériel, il lui aurait sauté au cou. Comme ce n’était pas le cas, il sauta au cou de Lun, pour la deuxième fois de la matinée. Peut être qu’au fond de lui, il avait compris que le gentil de l’histoire, ce n’était pas le pseudo capitaine, c’était celui qui lui prêtait de bonne résolution pour calmer et faire plaisir à Lyot. Ou peut être que Lyo était juste un imbécile heureux agissant sous l’effet de la joie. Le résultat était le même.

    Cela dit, peut être que l’enthousiasme affectif d’Elyott déplaisait au pauvre Lun en quête de calme, car sa patience semblait atteindre ses limites : au lieu de continuer de répondre calmement à Elyott, comme il l’avait fait jusqu’ici, le voilà qui le réprimandait parce qu’il avait soit disant crié. Le garçon se tut, ouvrant de grands yeux, l’air penaud, ne comprenant pas vraiment pourquoi Lun s’énervait soudainement. Et devant les menaces d’assommage, il jugea bon de se taire tout simplement, le temps que l’assommeur potentiel ne se calme. Ce qu’il sembla faire rapidement, puisque de la presqu’agressivité, il passa à l’affectuosité, venant embrasser Elyott par surprise, soulevant au passage à nouveau la polémique de la transformation en kangourou.

    Lun prenait ça à la légère, sur le ton de la plaisanterie, mais Elyott, lui, peut être parce que l’alcool lui faisait perdre le sens des réalités, semblait on ne peut plus sérieux sur le sujet. Il accusa même Lun de s’aventurer sur un terrain glissant et dangereux sans même penser aux conséquences ni même aux solutions en cas de problème. Ce qui était faux, Lun avait une solution qui cloua le bec d’Elyott. Le garçon hésita un instant, sceptique. Est-ce que le baiser d’une pomme marcherait ? Rien n’était moins sur…

    « C’est le baiser d’une princesse qu’il faut, normalement »

    fit-il remarquer, sans se douter une seconde que Lun l’imaginait déjà avec la robe, les tresses et tout le tintouin. Pour l’instant, au château, il jouait plutôt le rôle du bouffon avec sa maladresse et ses tenues. Le bouffon peut-il transformer le crapaud en prince ? Question judicieuse.

    « Enfin de toute façon, on ne saura pas si ça aurait marché »

    Puisque, heureusement, Lun ne s’était pas transformé. C’était mieux ainsi, après tout. On n’avait pas la certitude du remède, alors il valait mieux ne pas avoir à le tester, ce fameux remède !
    Ce que ce pouvait être compliqué, tout ça. Tout ça pour un baiser, en plus. Heureusement, le même cirque ne se réitéra pas lorsque le prince crapaud kangourou vint embrasser Lyot dans le cou. Le garçon ne le réprimanda pas cette fois-ci, se contentant de rire à s’en décrocher la machoire, ce qui, loin de vexer Lun, sembla l’attendrir. Visiblement, sa majesté s’était calmé, et avait cessé de s’énerver. Peut être était-il juste trop fatigué. Preuve en était : il décida qu’il était temps de dormir. Mais la petite pomme blottie contre lui, elle, ne semblait pas du tout de cet avis. Et Lun ne trouva rien de mieux que cette réplique : dans ton pays, si.

    Cela suffit à rabattre le clapet d’Elyott. Pas parce que c’était une bonne raison de dormir, ça, non, mais parce qu’il se demanda quelle heure il pouvait bien être à Londres. Il avait oublié le décalage horaire, alors il n’en avait pas la moindre idée. Il savait juste qu’il était plus tôt, à Londre. Partant de là, puisqu’on était tôt le matin ici, il y avait des chances pour qu’à cette heure les Londoniens dorment. Le vérifier était facile : il aurait simplement pu appeler Chomei, qui avait son portable allumé tout le temps. Mais s’il le réveillait en pleine nuit, le garçon ne serait sans doute pas enchanté…

    Lyo décida d’abandonner l’affaire, attaquant Lun à coup de réplique à peu près aussi évoluée que celle de l’heure. C’était l’aveugle qui disait au borgne : tu vois mal. En l’occurrence, le mort bourré qui dit à l’homme pompette : tu es ivre ! Et le borgne répliqua d’ailleurs de la même manière.

    « Et alors ! » répondit Elyott, croisant les bras. « Ce n’est pas parce que je suis ivre que je n’ai pas le droit de constater que tu l’es aussi ! »

    Certes. Ce n’était pas faux. C’était même vrai. Et puis, ça le réconfortait, en quelque sorte, de ne plus être le seul dans cet état. Quoique au moins, sobre, Lun pouvait veiller sur lui et raisonner correctement. Maintenant, ce n’était plus si sur… La preuve, il était en train de piquer du nez, se jetant droit dans les bras de Morphée, abandonnant au passage la petite pomme au pays des vivants. Ou des mort-vivants, vu son état…

    Pas de chance, Elyott ne semblait pas du tout de cet avis. Il n’avait pas envie de Lun s’endorme. De un, parce que ce n’était pas du tout l’heure, sauf chez lui, à Londres, de deux, parce qu’il n’avait pas envie de Lun le laisse tout seul patauger dans les brumes de l’alcool. A deux, c’était plus drôle. Ils pouvaient parler de capitaine, de prince-kangourous, de baiser magique et de bateaux étranges.
    A coup de phrases plus ou moins intelligentes, il tenta de ramener Lun à l’état d’éveil total. Manque de chance pour lui, le « gros chat paresseux » en question semblait d’humeur yoyo aujourd’hui : tantôt il l’aidait, tantôt il l’engueulait, tantôt il l’embrassait, tantôt il lui criait dessus.

    Lun était passait en mode orageux, et il ne cessait de gronder, repoussant Lyo si celui-ci avait le malheur de venir le titiller, pour lui pincer le nez par exemple, lui disant carrément de se taire. D’autant que lui ne voyait pas le problème à ce que quelqu’un vienne ici. Et pourquoi quelqu’un viendrait, d’abord ? C’était leur chambre non ? Ils pouvaient parler, se chamailler, même se bagarrer ou se sauter s’ils le voulaient… Non, il ne voyait pas le problème.

    « Et alors ? » fut tout ce qu’il fut capable de répondre.

    Loin de se taire, il s’acharna sur Lun, souhaitant à tout prix savoir ce que Lun avait marmonné. En vain, même lorsqu’il le secouait, il ne réagissait pas, poursuivant avec les grognements et les grondements, allant même jusqu’à lui dire de se taire de manière peu…courtoise disons. Et en anglais. De l’anglais ! Pour un peu, Lyot aurait –encore- sauté au cou de Lun pour le simple plaisir d’avoir entendu sa chère langue natale. Mais le contexte ne s’y prêtait pas vraiment, puisque Lun était, à peu de chose près, en train de lui dire « ta gueule Elyott ». De toute façon, vu son humeur morose, s’il essayait de lui sauter au cou, il finirait par se prendre un pain dans la figure.
    D’ailleurs, à la troisième réplique, il comprit qu’il avait tout intérêt à se taire, même si ça le démangeait d’insister d’avantage jusqu’à ce que Lun craque et ne lui dise ce qu’il voulait savoir. Pour l’instant, le garçon semblait fermé à toute discussion, comme en témoignait son attitude et sa position, planqué derrière son bras.

    « D’accord… »

    Qu’à cela ne tienne, Elyott avait déjà trouvé une autre occupation de la plus haute importance : régler des affaires de boutons. Ca, il pouvait le faire en silence, et ça ne dérangerait probablement pas Lun. Enfin, ça, c’était ce qu’il croyait. Pour lui, c’était rendre service ! Après tout, quoi de pire qu’un bouton résistant ? Lun pourrait lui en être reconnaissant.

    Sauf que, comme de bien entendu, ce dernier n’interprêta pas comme il faut l’action d’Elyott. Forcément, il l’interpréta d’un point de vue Lunesque, et non Lyotesque. On aurait pu s’y attendre –sauf Lyot, qui, lui, était trop occupé à la tâche. D’ailleurs, lorsque Lun marmonna doucement son prénom, il ne trouva rien de mieux que de lui expliquer en détail le but de la manœuvre, ne prenant même pas garde à l’ambigüité pourtant flagrante de ses propos. Il ne remarqua même pas la rougeur passagère sur le visage de Lun. De toute façon, il l’aurait probablement interprété de travers. Il aurait accusé l’alcool, sans doute. Et puis, ses yeux étaient scotchés sur le bouton rebelle.

    Jusqu’à ce que Lun ne se relève brusquement, s’emparant des mains de l’ouvrier pour l’empêcher de continuer à œuvrer. Lyot lui lança un regard interrogatif, ne comprenant pas ce qu’il avait ENCORE fait de mal ?

    « Quoi ? »

    Est-ce qu’il disait souvent des phrases ambiguës ? Oui. Est-ce qu’il s’en rendait compte ? Parfois, pas toujours. Ca dépendait du contexte. En l’occurrence, il était trop concentré sur sa tâche. Parfois, il lui arrivait de plaisanter volontairement sur ce genre de chose, mais la plupart du temps, c’était involontaire. Là, il était complètement à côté de la plaque, focaliser, d’une part, sur son bouton, d’autre part, sur les chatouilles qu’il avait promis à Lun, mais qu’il avait bêtement oublié en cours de route, fidèle à lui-même !

    Mais la réponse qu’il obtint à ses menaces –ou plutôt ses oublies de menace- fut pour le moins…surprenante ! La tournure était étonnante, mais pas seulement parce qu’il l’avait dit en anglais.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyLun 24 Aoû 2009 - 23:39


    Qu’il le dise en français, en japonais, en chinois, en anglais ou en malgache, ça ne changeait pas grand-chose pour Elyott. Enfin si, parce qu’il comprenait le japonais et l’anglais et pas le reste, mais ceci mis à part… « Il est possible que je t’aime », c’était une drôle de formule, tout de même. Qu’on pouvait prendre dans tous les sens. Ce qui est possible n’est pas sur, ni même certain. Aimer était aussi un vaste mot : on peut aimer les animaux, aimer un ami, aimer un amant, aimer un fauteuil, aimer un livre, aimer un aliment. Naturellement, l’amour n’était pas le même pour toutes ces choses là. Naturellement également, on pouvait en éliminer certains : Elyott n’était, de toute évidence, pas un livre –quoique.. un livre audio peut être-, ni un fauteuil –trop maigre pour qu’on s’assoit dessus.

    En revanche il était un aliment : une pomme, mais Lun n’ayant jamais croqué Elyott, il aurait été stupide de lui dire ceci. Est-ce qu’un homme dit à ce qu’il a dans son assiette, avant de l’avoir dévoré : Il est possible que je vous aime. Non. Il était un animal de compagnie aussi, d’une certaine façon. C’est l’auteur de Lun qui l’a dit : il avait voulu Elyott comme il voulait un chien. Cela dit, on ne dit pas non plus à son chien : « Il est possible que je t’aime ». Ou alors… un petit tour dans un hôpital psychiatrique ne ferait pas de mal. Elyott était un amant, parfois, mais pas actuellement, et pas celui de Lun, encore une hypothèse à écarter. Restait donc l’ami, et c’était l’option qui sautait toujours à l’esprit d’Elyott. Quand on lui disait « je t’aime », il prenait ça comme une déclaration d’amitié. Ca ne facilitait pas toujours la vie de ses anciens amants, forcément. L’amour était, de toute façon, pour lui, un terme bien trop abstrait et inconnu dont il n’avait, en vérité, jamais fait l’expérience. Pour donner une image simple, considérer un « je t’aime » comme une déclaration amoureuse, pour Elyott, c’était comme considérer un phénomène très étrange comme une manifestation extra-terrestre alors qu’il n’a jamais connu d’extra-terrestre –hormis sa joueuse- : illogique.

    Compliqué, pensez-vous. Comme quoi, c’est chez les esprits les plus simples qu’on trouve les mécanismes les plus étranges et incompréhensibles.
    Mais bon, avouons tout de même que Lun ne facilitait pas la tâche d’Elyott avec ses formules bizarroïdes, ses « il est possible que ». De plus le garçon ne voyait pas pourquoi il était embarrassé. En fait, la seule chose qui lui paraissait cohérente dans cette phrase, c’était le « I’m filled », qui justifiait tout. Voilà : Lun était juste ivre. Mais avant qu’il n’ait pu réagir là-dessus, Lun s’excusa, prétextant un mauvais anglais. Ca n’arrangeait pas vraiment les affaires, puisque entre les tournures bizarres et le fait qu’il ne sache soi-disant pas fameusement parler anglais, on ne savait plus trop où il voulait en venir.

    Elyott fronça les sourcils, en pleine cogitation.

    « Ton anglais est loin d’être mauvais » fit-il remarquer, en japonais cela dit, parce qu’il était ici pour progresser en japonais, et revenir à sa langue natale n’était pas l’idée du siècle pour progresser. Mais il ajouta, cependant, parce que c’était vrai : « Même si je n’ai pas tout saisi » . Ca, ça n’était pas la faute de l’anglais. C’était plutôt la faute de Lun, qui tournait ses idées de manière assez…Extravagante. Enfin, tant mieux pour lui, dans un sens. Même si, honnêtement, même un « je t’aime » direct aurait pu passer pour une jolie déclaration d’amitié à un Elyott, surtout un Elyott bourré.

    En attendant, le garçon avait au moins arrêté de tripoté la chemise de Lun, lui laissant le loisir de reboutonner correctement celle-ci. Ceci fait, il se releva, sous les yeux perdus d’Elyott, cherchant visiblement quelque chose des yeux. Le blondinet l’observa en clignant des yeux, se relevant lui aussi, grâce à son avant bras, en position presqu’assise. Qu’est-ce qu’il cherchait, au juste ? Lun avait des réactions bizarres, bondissant –quoique le mot fût un peu fort car ses réactions étaient loin d’être vives- sans prévenir et sans raison apparente.

    Elyott resta de longues minutes comme un poisson rouge, attendant sans doute la révélation du siècle qui ne venait pas. A la place il eut droit à…un soupir de Lun. Que d’originalité. Lyo haussa les sourcils, se demandant ce qui le contrariait cette fois. L’instant d’après, son cadet s’était approché de lui, avait attrapé son visage avec ses doigts trop fins, pour venir y déposer un baiser tendre, auquel la pomme répondit par un clignement d’œil surpris. Décidément, depuis qu’il était certain de ne pas être transformé en kangourou, Lun se montrait plus entreprenant avec lui. Ce qui, comme on pouvait le voir, ne dérangeait d’ailleurs pas Lyot outre mesure, puisqu’il débordait de toute façon d’affection lui-même –même si chez lui ça se manifestait plutôt en sautant au cou des gens, comme avait pu le voir Lun un peu plus tôt.

    Et le voilà qui lui annonçait soudainement qu’il n’était effectivement pas l’heure de dormir –ça, Elyott l’avait très bien compris- mais que LUI devait se reposer. Ce à quoi le garçon répondit par un froncement de sourcil peu convaincu. Il se tut néanmoins, trop occupé à observer Lun qui continuait de s’agiter à gauche à droite, fouillant dans sa table de nuit pour en sortir ce qui ressemblait à des médicaments avec une bouteille d’eau –que Lun aurait pu verser sur Elyott pour chasser les mauvaises odeurs, d’ailleurs. Décidément, entre les crèmes anti-bosses et ça, Lun était le pharmacien attitré de la pomme…

    Le garçon écouta religieusement les conseils du dit pharmacien qui lui annonça qu’il devait aller…en cours ? Le temps qu’il ne réagisse, et Lun était déjà passé à autre chose, et plus précisément au vol de pantalon. Le vêtement couleur pomme serait grotesque sur lui. Déjà, il était trop court. Et puis, Lun n’était pas le genre de type qu’on voyait se balader avec des tenues de clown. Plutôt des tenues d’abeille.

    Le temps que ça fasse « tilt », et Elyott réalisa enfin les intentions de Lun. Le voyant se rhabiller, prêt à partir, Lyo se releva un peu trop rapidement, roulant sur le côté, s’étalant –encore, oui- par terre. Soit, à ce stade là, il était rôdé, même si appuyer sur les bleus n’étaient jamais une idée fameuse.

    « Ouille… Lun ! Attends ! Je m’excuse ! » lança le garçon, essayant de se relever, s’empêtrant les pieds dans son pantalon trop large. « Je suis désolé, promiiiis je ne te chatouillerai pas ! »

    Eh oui, vous l’aurez compris, Elyott croyait que Lun voulait partir parce qu’il avait osé le menacer de chatouille. Redoutable. Les chatouilles repoussantes.

    « Et je ne te demanderai pas de répéter ce que je ne comprends pas, et je ne toucherai plus ta chemise, et je ne te chatouillerai pas, je ne te pincerai plus le nez et… »

    Dans le doute, puisque le moindre de ses comportements semblait une raison potentielle de fuite, il préféra toutes les énumérer. L’une serait sûrement la bonne, dans le tas. Voilà notre pomme en train de déployer tous les arguments possibles pour ne pas se retrouver tout seul dans la chambre. Sa phobie de la solitude était loin d’être atténuée par l’alcool. Elle était même renforcée. Ca le mettait dans tous ses états et il avait furieusement l’air d’un névrosé qui aurait oublié de prendre ses médicaments.

    « Et puis…et puis…si tu dois aller en cours, moi aussi d’abord ! »

    Argument suprême d’Elyott : si tu vas en cours, moi aussi. Si je dois rester ici me reposer, toi aussi. L’évidence même. A croire qu’ils étaient menottés l’un à l’autre, condamnés à se suivre partout.

    « En plus, celui qui s’endormait à moitié, c’était toi ! » ajouta Elyott avec un air de reproche.

    C’est vrai quoi ! Pourquoi c’était à lui d’aller se reposer alors qu’il était en pleine forme –ou presque, disons qu’il avait de l’énergie- et à Lun d’aller en cours alors qu’il somnolait ? Elyott devait être l’un des seuls garçons au monde à protester quand on lui dit qu’il peut rester au lit plutôt que d’aller en cours. L’esprit de contradiction peut être…
    Les sourcils froncés, la bouche tordue en une moue boudeuse, l’air plein de reproche, Lyo se rappela bien vite que c’était peut être ce comportement même qui faisait fuir son colocataire. Presqu’immédiatement, son masque sévère s’évanouit, laissant à nouveau place à un visage enfantin, hébété.

    « Non, non, je retire ! J’ai rien dit ! T’en vas pas ! »

    reprit-il, presque certain que Lun allait lui en vouloir et déguerpir encore plus vite à cause de ce qu’il venait de dire. Preuve qu’il n’avait toujours pas retrouvé un état de parfaite sobriété. En temps normal, le garçon aurait eu un peu plus de recul que ça. Un peu. Et encore…

    « Je serai sage et obéissant ! »

    Argument d’un garçon de 7 ans face à la punition que veulent lui infliger ses parents. Brillant, mature. Elyott, en somme. C’était le genre de phrase qu’on ne s’étonnait plus de voir dans sa bouche, en vérité. Il se confondait en promesses multipliées, dont il ne tiendrait pas la moitié : oui, un Elyott même obéissant, n’est jamais sage. C’était un enfant dissipé, on ne pouvait pas grand-chose pour arranger ça.

    « Reste s’il te plait » ajouta-t-il avec un air de chien battu

    Mais de chien battu saoul, ce qui était nettement moins adorable. Normalement, Lyot n’avait pas l’alcool triste, mais si on le lançait sur un terrain peu joyeux, il n’allait pas non plus sauter de joie.
    De toute façon, ça n’était pas non plus comme si Lun avait vraiment le choix. Il s’entêtait à vouloir quitter la chambre…soit. Mais Lyot ne resterait pas ici à se reposerait, il partirait lui aussi. Peut être qu’il le suivrait, peut être qu’il irait embêter une autre chambre, peut être qu’il se perdrait dans l’académie et finirait par tomber sur un surveillant, comme un gros nigaud ivre qu’il était. Bref, dans tous les cas, Lun ne pouvait pas trop compter sur le « repose toi et prends tes médicaments ». Ou alors, il faudrait utiliser la bouteille d’eau pour assommer la pomme. Là, au moins, il serait sage.

    Une gentille boule puante sage, immobile, et surtout, muette !
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMar 8 Sep 2009 - 14:52

Deux ans plus tôt,

La télévision était allumée dans le salon éteint de toutes lumières. A chaque changement de publicités, elle sombrait dans l’obscurité totale avant de laisser des ombres étranges se dessiner. Sur le canapé abîmé en toile rouge dormait un homme d’une trentaine d’années. Devant lui, un verre de whisky à peine entamé et une anthologie de Balzac terminée. Daniel Warren avait toujours pensé être un exemple de réussite. Il était le psychiatre de renommé mondiale qui était capable de profiler sur demande de la justice. Il avait été marié à une actrice célèbre dans son domaine et avec amour avait eu un enfant adorable. Sa vie lui avait toujours semblé parfaite. Jusqu’au décès de son frère Paul qui vivait en Afrique.
Jusqu’à cet enfant en héritage. Deux prunelles vertes qui regardent obstinément dans les votre. Une longue chevelure blonde aux reflets vénitiens. Pas de sourire, pas de rire.
Daniel avait aimé cet enfant au premier regard. Il avait décidé que ce serait le sien comme Gabriel était le sien. Mais cet enfant ne s’était pas laissé approché. Il l’avait mordu, griffé et insulté comme un animal sauvage dans une langue étrangère.
Daniel avait abandonné le combat. Il avait laissé sa femme s’occuper de l’enfant et s’était séparé jour après jour d’elle. Lui aimant Gabriel d’un amour paternel. Elle amoureuse de ce garçon effronté.

Elle l’avait violé. Daniel avait divorcé. Depuis, il ne savait pas comment s’y prendre avec ce gamin. Lun Warren. Il parlait en coup de pieds et en insulte. Il ne l’écoutait pas. Se moquait si facilement de lui. Seul l’influence bénéfique de son ami Luc Simon l’avait un peu calmé. Il sortait dans les bars et Daniel était terrifié à l’idée que ce gosse se retrouve dans une prison pour mineur ou un centre de jeunes délinquants.
Lui, qui n’avait connu aucun échec dans sa vie. Lui, qui avait tout réussit. L’université, fierté de ses parents. Il avait fait son service militaire et ses études en moins de temps qu’il n’en faut. Il n’avait jamais perdu un patient sans se battre jusqu’au bout. Pouvait-il se battre pour Lun ?

La porte d’entrée se referme avec précaution. Pas assez pour ne pas réveiller l’homme, qui se précipita dans le couloir. Il allume la lumière, et dans l’escalier, le jeune adolescent de treize ans se retourne surprit. Lun plisse les yeux, malgré la douleur du bleu violacé qui borde le gauche. La lèvre supérieure ouverte, l’arcade un peu abîmée, le front marqué d’une bosse virant sur le noir. Une queue de cheval ne cachant pas des cheveux fous. Et surtout, ses habits déchirés qui ne tiennent que parce que les mains sont serrées autour.

- Lun … d’où viens-tu ?
- De dehors.
- Lun …

Le psychologue empêcha l’enfant de glisser dans les marches des escaliers. Lun s’échappa et regagna sa chambre, laissant cet homme rester consterné. Que devait-il faire ? Il devait agir. Il devait, il le savait. Que pouvait-il faire ? L’envoyer dans un pensionnat, ce serait l’abandonné. Lui qui avait tellement été abandonné. L’homme sembla vieillir d’une dizaine d’années, s’asseyant sur les marches des escaliers. Des larmes glissaient de ses yeux sans qu’il ne s’en rende compte. Sans qu’il ne le voit. Il n’y avait rien à faire !

Lun demeura en haut des escaliers. Ses yeux curieux fixant cet homme pleurer, à s’y méprendre pour lui. Il hésitait à aller le consoler. Que pouvait-il faire ? L’incompréhension entre deux êtres, un adulte et un enfant. Deux êtres qui s’aiment mais qui ne savent pas se le dirent conduit souvent à cet escalier. C’était compliqué. Sans doute. Il n’y avait rien à faire.

Actuellement :

Peut-être, qu’il aurait mieux valu que Lun soit comme cet Elyott et son capitaine. Il aurait fallut qu’il sache parler papillon et fleur à longueur de journée et qu’il apprenne à boire autrement. Vivre autrement. Lun n’était pas quelqu’un d’autre. Et il ne pouvait rien changer, même s’il voulait essayer de toutes ses forces. Elyott l’amusait. C’et vrai. Elyott l’amusait comme personne ne l’amusait ici. Il le faisait rire avec ses bêtises de capitaine et de kangourou. Ses histoires, non histoire, d’abeilles et de fleurs. Il lui rappelait Gabriel qui voulait des contes de fée pour s’endormir, et Cassandra qui agissait sans se rendre compte du mal qu’elle faisait. Il avait un petit air Anglais, un petit air de Nostalgie de son pays.
Il était différent pourtant de tous les gamins que Lun avait croisés. Cet enfant gamin, enfantin jusqu’aux mouvements de ses lèvres dessinées si parfaitement. Lun pensait l’aimer, il n’en était pas certain. Il n’était jamais certain de ce sentiment-là. Il n’était jamais très sur d’aimer. Il confondait parfois des caprices de petit prince qui veut un mouton ceux de cœur de renard qui veut ce qu’il aime, un ami à apprivoiser.
Il voulait Elyott, mais il ne le voulait pas en bien. Il voulait le toucher, l’embrasser, le déshabiller. Et après. Son cœur lui disait qu’il voulait rester auprès de lui. Relation que son esprit se refusait à croire.

Jamais Lun n’avait su communiquer les sentiments. Avec son père c’était je t’aime, moi non plus. Avec Elyott, c’était je t’aime, mais tu ne le sais pas. Lun se découvrait timide dans un domaine qu’il préférait laisser aux autres. Les histoires d’amour, c’est joli dans la télévision. Série à l’eau de rose. Chez les amis. Pas chez soi. Lui, c’était l’amant de l’homme marié depuis trente ans qui ne supporte plus sa femme. L’amant de l’insatiable amoureux de son autre, mais dont le désir sexuel contrôle une partie de sa vie. Jamais l’amoureux.

Il n’était pas bon. Elyott, l’informa qu’il ne l’était pas non plus. Lun garda son sourire à cette information. C’était vrai. Elyott ne devait pas être parfait : il était alcoolique, tête en l’air, rêveur. Il n’était pas logique dans tous ses propos et ce n’était pas le plus beau garçon de l’académie. Il avait de mauvaises manières. Il ne rangeait jamais ses affaires et son hygiène était à revoir.

« Même si c’était grave, maintenant c’est trop tard. »
Informa doucement Lun. « Je suis ton allié. Tu n’as plus le droit de changer d’avis. »

Lun ne se laisserait pas jeter aussi facilement. Même si souvent, c’était lui qui fuyait. Quelque part, il agissait comme les animaux primitifs. Il n’était pas question de logique. Juste de survie. Pour survivre, il fallait fuir les plus gros conflits et ce qui risquait de le mettre dans un sentiment différent que la neutralité. Etre neutre et indifférent tels devaient être les rythmes de sa vie.

Il ne l’avait pas été en lisant les histoires de Elyott et sa famille dans les journaux. Quoique Lun s’en était rapidement fichu. Des morts, il y en a partout. Cette histoire qui avait captivé tout Londres, Lun l’avait survolé. Il avait presque pensé que c’était bien fait pour Elyott et sa mère. C’était cruel, c’était idiot. Lun n’avait jamais été très malin. Il était ce genre d’enfant qui disait par bravade, devant le conteur de Peter Pan, que les fées n’existent pas. Avant de se réveiller tremblant dans leur lit et de taper dans ses mains en murmurant qu’il croyait aux fées. Qu’il rigolait. Que c’était une blague.
Il était le genre de gens qui n’avouait pas croire en l’incroyable. Evidemment, qu’il tremblait dans le noir en marchant dans une forêt où les arbres penchaient étrangement et donnaient une allure de doigts à leurs branches étranges. Evidemment, qui lui arrivait de relever le nez vers le ciel et de se demander si les extraterrestres étaient sur terre : mais pas question de l’avouer.
Une terre est une terre. Qu’il fasse nuit ou jour, la forêt demeure la même. Et il est fort peu probable qu’une autre vie sur notre galaxie soit existante. Dans une autre, peut-être, mais faudrait-elle encore qu’elle puisse nous atteindre.

Il rêvait. Beaucoup. Mais il ne fallait pas le dire. Il ne fallait pas dire à Lun qu’il était un enfant rêveur, ou même un adulte dans ce cas-là. Il n’aimerait pas ça. Pourtant, en regardant Elyott, il se demandait si son sang avait un goût de pomme. Si sa chair était sucrée comme elles.
Verte, rouge ou jaune. Comment avait-il fait pour être une pomme à l’aspect humain ? Lun se demandait aussi quel fruit il aurait pu être. Il n’en avait aucune idée. Cependant, l’idée qu’Elyott puisse le goûter le laissa plus souriant que jamais.

Surtout lorsque Elyott se mit à parler d’assaisonnement. Sans nul doute. Lun s’imagina l’enfant lui mettre de la sauce salade, du sel ou du poivre sur les cheveux. Des épices ou un autre mélange, et il manqua d’éclater de rire avant de se reprendre pour poser son doigt sur le nez d’Elyott. Enfin, sans le toucher, juste le mettre à son niveau comme une abeille autour de son pot de miel.

« Tu ne dois pas te tromper, Elyott. Je n’ai qu’un moi-même en ma possession. »


Bien que mon demi-frère me ressemble légèrement, songea en soi-même le garçon. Que Jun puisse aussi me ressembler et Lanaru. Mais Lanaru n’était plus. Lun eu un pincement au cœur. C’était vrai. Une semaine plus tôt, Lanaru avait prévenu Lun qu’il ne reviendrait pas à l’académie et qu’il partait pour toujours avec son manager. Lun n’était pas doué avec les sentiments, c’était déjà dit. Il ne s’était pas rendu compte à quel point l’amour de son ami était intense. Mais, au fond, pas si intense que ça. Lorsqu’on aime quelqu’un, est-ce qu’on le quitte ? Lun ne savait pas vraiment quoi penser de cette relation sans relation. Il avait l’impression d’avoir passé une semaine à faire d’étranges rêves et de douloureux cauchemars. Et finalement, plus rien n’avait d’importance. Ni Lanaru, ni Maeki. Il aurait aimé se recoucher et se rendormir. Oublier encore une fois qu’il était vivant. C’était pénible d’être vivant. On ne fait que pleurer faire les autres. Son père Daniel, Lanaru, Maeki, les autres. Même Jun ou Set’. Lun avait l’impression d’avoir entre ses mains une faux et d’être l’infiltré de la mort dans le monde des mortels. Sans nul doute n’apportait-il que du malheur.

Malgré ça, des gens l’aimaient. C’était rare. Lun le savait. Il était peu aimé, adoré : oui, admiré : oui. Aimé, non. Le véritable sentiment d’attention. Elyott le disait, mais Lun savait que ce n’était qu’un mensonge : ou croyait le savoir. Elyott ne l’avait que peu vu et Lun lui avait véritablement fait de la peine.
Aime-t-on les gens qui nous font de la peine et qu’on ne voit jamais ? Lun pensait que non. Non, non. Mais Elyott, il le voyait peu, et Elyott lui faisait de la peine. C’était compliqué et différent.

Différent. En quoi ? Lun n’en avait aucune idée, mais il aurait parié sa vie que c’était différent.
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MessageSujet: Re: Le son d'un reveil   Le son d'un reveil EmptyMar 8 Sep 2009 - 14:53

« J’insinue que tu es un alcoolique qui boit trop ! » Pesta Lun à peine qu’Elyott lui ait demandé ce qu’il insinuait. Lun laissa de coté le fait qu’Elyott paraissait offusqué, partant sur le délire du bateau et sur le fait qu’il n’était pas, lui dedans. Elyott peut-être, mais pas lui.

Ce fut à cet instant que Lun vit la main d’Elyott s’approcher de lui. Pendant quelques secondes, Lun songea qu’Elyott allait lui mettre son poing dans la figure pour l’avoir insulté d’alcoolique. Ce genre de personnes même adorables peut devenir violent avec la boisson.

Au lieu de cela Elyott lui toucha le bras.

Lun pouffa de rire en l’entendant dire qu’il n’était pas un hologramme. Effectivement, il ne l’était pas. Ou alors, il était tellement perfectionné qu’il en s’en rendait pas compte, mais c’était fort peu probable. Passer d’abeille à prince risquant de devenir un kangourou en hologramme c’était voyager au travers des contes de fées. Lun avait l’impression qu’Elyott s’était donné dans objectif de vie de donner un rôle de cinéma à chacune de ses rencontres. Quitte à en donner plusieurs à une seule rencontre.

De là, à le confondre avec un hologramme. Lun poussa un soupir de fatigue, prenant la main d’Elyott dans la sienne. La regardant avec attention avant de tiquer : Il avait encore soupiré !

« Tu vois bien, » constata-t-il, « Tu as trop bu. »

Comme il n’était pas question de passer le reste de la matinée à parler de l’alcoolémie de son camarade, Lun et Elyott rebondirent sur ce sacré capitaine qui n’avait décidément pas donné son dernier mot. Enfin si, car Elyott lui pardonnait tout. Lun confirmant que le capitaine accepterait sans nul doute ses excuses et qu’il ne lui en voudrait plus.
Dans cet acte, Lun ne se fit pas mesquin, bien au contraire. Pour une fois, il prit le parti de dire à Elyott que le capitaine était un homme qui pardonnait facilement et qu’il ne lui en voulait certainement déjà plus. Après tout ce capitaine sortait de l’imagination d’Elyott, s’il avait la même mémoire de poisson rouge, il devait être en ce moment dans un autre navire à commander d’autres hommes qu’ils prenaient pour les siens.

Tout comme Lun prenait Elyott pour sa princesse. Il faut dire qu’Elyott serait vraiment adorable en princesse. Avec tout ce qu’il faut. Il ferrait une adorable Juliette. Seul problème, Lun aimait être le balcon dans cette histoire. L’idée d’être le balcon lui avait toujours plus : être ce symbole qui sépare, mais aussi unit, Roméo à Juliette. A l’époque, il ne fallait pas y voir une allusion à trois : même si aujourd’hui il en riait. Il voulait, enfant, être sous Juliette et sur Roméo. Sans nul doute que c’était un signe de sa nymphomanie qui commençait à prendre le dessus sur les autres sentiments de sa vie.

Lun câlinait Elyott, et l’écoutant dire que c’était le baiser d’une princesse qu’il fallait normalement, il plissa les yeux. Lun regarda Elyott droit dans les siens, avant d’avoir un signe de la tête affirmatif :

« Mais tu es une princesse, Elyott. Voyons ! »

C’était évident. Elyott était une princesse : rêveur, écologique, dans les nuages. Ce n’était que les princesses. Il avait même une vie difficile et pourtant il restait superficiel. Comme elles. Tout comme elles. Il n’y a que les princesses pour perdre frère et père et continuer à chanter dans les épis de blé avec les oiseaux.

« Et puis, je suis déjà prince. »


Ce qui était vrai et confortait l’idée que Lun avait peut-être un peu bu. Néanmoins dans le contexte, le dire, ce n’était pas risqué. C’était un aveux que personne et surtout pas Elyott ne devait comprendre, aussi Lun ne risquait-il pas grand-chose à l’avouer.

Lun se demanda si Elyott était déçu qu’il ne se soit pas transformé. Peut-être aurait-il aimé avoir un kangourou pour lui seul afin d’en profiter totalement. Lun n’en était pas bien certain. Il était désolé de ne pas s’être transformé, mais avec la meilleure volonté du monde, il n’aurait jamais pu le faire. Ce n’était pas dans ces capacités de pouvoir changer de forme humaine pour prendre une forme animale.

Suite à quoi, Elyott lui confirma le fait qu’il était ivre. Tout en lui disant que Lun l’était. Lun aurait aimé dire le contraire, mais peut-être qu’Elyott n’avait pas tout à fait tord. Enfin, qu’il avait peut-être un peu raison. Ou … Bref. Quoiqu’il en soit. Lun se mua ans le silence : donner raison à l’aveugle ivre ce serait se transformer totalement en borgne légèrement bourré.

Il aurait gardé le silence plus longtemps si Elyott n’avait pas fait autant de bruit. Craignant l’arrivé d’un camarade, et surtout d’un pion, Lun demanda à Lyot de se taire. Ce dernier ne comprit pas pourquoi il ne fallait que personne n’arrive. Lun se demanda si son camarade savait parfois faire actionner son cerveau. Lui attrapant les poignets, il le regarda calmement.

« Elyott. Tu es saoul et tu penses que je le suis. Si un pion venait, nous aurions tous les deux des problèmes ! »


Dans tous les deux, Lun pensait surtout à lui. Il aurait des problèmes. Il en avait déjà assez en loupant les cours. Il ne manquerait plus qu’Elyott y rajoute son grain de bêtise !

Visiblement Elyott comprit, après un temps et des insultes, qu’il devait cesser d’ennuyer Lun. Ce dernier pensa enfin être tranquille pour retomber dans les bras de mademoiselle Morphée, mais c’était sans compter les doigts de son camarade qui s’acharnait sur le seul bouton que Lun était parvenu à mettre sur sa chemise. Autant dire que le sang monta d’un seul coup dans le corps du garçon qui s’il n’avait pas été un peu fatigué, aurait plaqué Elyott contre le mur, ou pousser sur le sol pour lui faire comprendre que jouer avec un loup c’est risquer de se faire mordre.

Lun parlait régulièrement anglais. Au téléphone avec son père, qui n’aimait pas s’exprimer en japonais. Avec son autre père également. Avec son jeune frère qui parlait le japonais mais avec un affreux accent au point que Lun préférait ne pas l’entendre et avec tous ses amis. Cassandra évidemment, puisqu’elle ne parlait pas japonais pour deux sous.

Cependant, il ne parlait pas japonais devant ses camarades d’école. C’était ennuyant déjà qu’ils en sachent trop sur lui. Lun préférait être le journaliste fouineur que le populaire épié. Ce n’était franchement pas drôle d’être la proie des rumeurs, même si certaines l’amusaient grandement et que lui-même créait beaucoup d’entre-elles : sauf que lorsqu’elles devenaient vraies, c’était malsain. Lun préférait les éloigner le plus possible de la vérité, ainsi elle ne pouvait pas véritablement lui faire du mal.
Ainsi qu’on pense qu’il n’aimait pas Jun l’arrangeait. Ca évitait qu’on le soupçonne d’être l’amant secret.

Enfin, l’avantage avec Elyott c’est que lorsqu’on parle anglais, il n’en déduisait pas qu’on est anglais. D’ailleurs, Lun mentit rapidement en parlant d’un mauvais anglais : ce qui était qu’un demi mensonge. Son anglais était véritablement mauvais car bourré d’insultes. Ce qui d’ailleurs l’arrangeait bien : entre sa déclaration à demi teinte, son mauvais anglais et le peu d’empathie d’Elyott envers les sentiments de Lun, Lun n’était pas mit en danger.

Ce qui était bien.

Et pas bien.

Car l’histoire n’avait pas beaucoup avancé depuis que cette porte avait été franchit par l’alcoolique pomme puante. Mais enfin, comme les feux de l’amour ont un certain nombre d’épisodes et sont toujours au même point, Elyott et Lun peuvent encore faire durer très très longtemps leurs histoires avant de parvenir à les battre.

Quitte à faire durer mille fois la déclaration d’amour de Lun. Il pourrait essayer mille formules et voir celle qui avait le plus d’impact sur le compatriote. Sur ce dernier point, le populaire anglais ne serait certainement pas d’accord. Pour lui, l’affaire était réglée : il avait avoué ses sentiments à Elyott et il n’avait plus besoin de le faire. Qu’importe si Elyott n’ait pas comprit, qui lui dise ne pas parler Anglais, ou alors qu’il y ait l’excuse de la boisson. Ce qui est fait n’est plus à faire. On ne recommence pas deux fois la même chose. Etc.
Lun avait dit ce qu’il avait à dire, on ne pourrait plus lui reprocher d’aimer Elyott en secret. Maeki ne pourrait plus lui dire qu’il abusait les sentiments d’un garçon. Ce n’était pas le cas. Ensuite, si Elyott ne comprenait pas, c’était de la faute à Elyott. Certainement pas de la faute Lun et de ses formulations étranges.
Il y avait néanmoins une certitude dans cette histoire. Lun se sentait particulièrement idiot. Il aurait aimé être ailleurs, ou dans son lit. Ou dans le lit d’Elyott. C’était assez confus sans être rare. Lun avait toujours des sentiments mêlés à d’autres.

Ce matin-là, plus que d’habitude, Lun était assez brouillon dans ses pensées. Il lui semblait qu’il avait beaucoup de choses à faire et que la plupart ne pouvaient plus l’être. Lanaru avait disparu, Maeki était encore-là, mais l’affronter lui semblait impossible. Il faudrait bien. Lun avait conscience que la situation commençait peu à peu à lui échappait. Entre le fait d’être un amant de Jun, mais jusqu’à quel point ? Et être un ancien amant de Set. Tout commençait à prendre des proportions qu’il n’avait jamais imaginé. Et dans tout cela, il devait préparer son départ pour rejoindre Cassandra. Fatigué.
C’était le mot.
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