Get out of here, get some air, get some lives, get some friends...

Regarder le paysage défiler par la fenêtre. C'est le genre de choses que font les gens qui s'en vont, qui laissent quelque chose derrière eux, qui s'envolent vers une nouvelle destination, parfois de nouvelles personnes. Et puis il y a des fois où c'est juste pour fuir plutôt que de rejoindre quelqu'un. Chrissy soupira alors que le train venait de démarrer. C'est ce qu'elle faisait, fuir. Ses parents avaient décidé de venir lui rendre visite à Keimoo, après tant de temps. Elle ne voulait pas les voir, elle n'avait rien à leur dire, plus rien et ce depuis longtemps, bien que ce fût seulement l'année précédente qu'elle s'était rendue compte que ce qu'elle faisait et avait toujours fait n'avait aucun sens pour eux, tant que leurs affaires allaient bien. C'est pourquoi elle était dans ce train, elle fuyait pour quelques jours, un weekend, une semaine, who knows...à Tokyo.

Tokyo était une ville que Chrissy n'avait jamais vue, comme toutes les autres. Chrissy n'avait jamais rien vu d'autre que la maison familiale et Keimoo. Et bien qu'elle avait ses études là bas, l'idée de prendre le large et de voyager faisait de plus en plus son chemin dans la tête de la jeune écossaise. Elle était majeure, bientôt partout officiellement, encore quelques mois. Elle pourrait arrêter ses études, le temps d'un an et partir, vivre tout simplement. La jeune femme ferma les yeux, le front posé contre la vitre, elle ne savait même pas ce qu'elle ferait une fois arrivée à Tokyo. Il y avait sûrement tant à faire, à voir. Elle aurait sûrement le temps du trajet pour se décider, at least à propos de la première chose qu'elle ferait arrivée là-bas. Il était tôt, très tôt, c'était sûrement l’un des premiers trains de la journée.

Chrissy n’avait aucune idée de l’heure à laquelle devait arriver ses parents et elle ne voulait pas le savoir et encore moins tomber sur eux. C’est pourquoi elle avait mis les voiles si tôt. Elle n’avait d’ailleurs pas pris grand-chose avec elle, d’où son incertitude quand à la durée de son escapade. Elle avait comme à son habitude son sac rose en polochon dans lequel elle avait fourré son porte-monnaie, ses papiers, son téléphone et un pyjama. Rien d’autre. Il lui faudrait donc faire du shopping si elle voulait rester plus de deux jours mais cela restait un détail. Avec l’argent que ses parents lui avaient laissé et auquel elle ne touchait quasiment jamais, elle aurait de quoi faire.

La jeune femme regarda une dernière fois l’heure sur son portable, elle hésita un instant à sortir ses écouteurs puis se ravisa, rangeant le téléphone dans son sac. Elle se pelotonna dans le siège où elle était assise et ferma les yeux, se laissant bercer par les mouvements du train qui menait sa route vers Tokyo.

Elle se tenait les poings sur les hanches, a l'entrée de la voix A17, en provenance de Kobe et a déstination de Tokyo. Ce train etait parfait. Elle le sentait en humant l'air, c'est par la qu'elle allait s'amuser. Peut etre. D'un petit coup d'épaule, elle raffermit sa prise sur sa guitare qui tronait comme d'habitude dans son dos. Elle sortit son téléphone en se dirigeant vers le guichet pour prendre un billet et regarda ses messages d'un air un peu circonspects. Elle ne recevait plus de messages d'Haneko dorénavant. C'etait sans doute terminée. Ca avait etait agréable, et il fallait juste passer a autre chose.

Le guichet etait desert, et elle n'eu aucunement besoin de faire la queue. Les billets n'etaient pas particuliérement chere, et elle avait bien sur largement les moyens de se prendre un billet en premiere classe, mais la classe économique serait parfait. Elle se dépécha de prendre le sésame et se précipita vers le train qui commençait a faire du bruit. Elle trotinna entre les gens qui, pour certains, commençaient a se retourner sur son passage. Ayame Masuda etait seule ? Inconsciente !

- Hé, mademoiselle Masuda, un autographe !

Trop tard, comme une petite fusée, elle avait traversé la foule grandissante et s'introduisit dans le train. Elle referma heuresement la porte avant que des gens montent aprés elle. Elle soupira. Ce n'etait jamais de tout repos de sortir seule. Elle regarda le numéro de son billet et jeta un œil vers le compartiment ou elle etait quand elle aperçut par la fenetre...son vieux majordome, sur la voix, qui semblait la chercher. Ni une, ni deux, elle rebroussa chemin vers le coté contraire, y pénétrant. Des yeux se levérent vers elle, mais pour le coup, on respecta sa tranquilité, et celle du train par la meme occasion.

Elle avança, passa siege aprés siége, entendit un petit cliquetis de photo mais ne s'y en interessa pas particulierement. Elle trouve finalement un siege libre, en face d'une jeune femme blonde, retira la guitare de ses épaules et tomba assise en face en lui faisant son habituel jolie sourire....et se tassa dans le siege, un peu en dessous du niveau de la fenetre, en voyant le majordome courir le long du train, qui se mit en mouvement. Elle allait se faire voir, c'etait évident...mais petit a petit le train prit trop de vitesse, et l'homme ne put que taper violemment au carreau avant de se faire distancer.

- Pfiou, c'etait juste.

Elle se redressa, et écrivit rapidement quelques lignes sur son téléphone a son frere, pour lui dire qu'elle etait bien partie, sans dommage, et le remercier de la diversion qu'il avait produite pour lui permettre de s'échapper. Le train prit sa vitesse de croisiere, une heure ou deux tout au plus avant de rejoindre la capitale. Elle tira sa guitare sur ses genoux et étudia ce qu'elle avait a l'intérieur. Pas de vetements de rechange, pas de nourriture, une demi-bouteille d'eau, son chargeur, son enceinte, et son carnet qui prenait la quasi-totalité de la place. Elle soupira en prenant son téléphone de nouveau et en pianotant distraitement dessus avant de lever les yeux.

- Oh ! Ch....chr...chrissouille ? Euh, non. C'est sans doute pas ça.

Elle éclata de rire :

- Désolée, je dois pas etre loin ! Ca fait longtemps, sacrée coincidence !