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 La Céleste Comédie Du Temps

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MessageSujet: La Céleste Comédie Du Temps   La Céleste Comédie Du Temps EmptyDim 6 Nov 2016 - 15:04

La Céleste Comédie Du Temps
NOTE: Ce RP est un RP privé qui s'inscrit dans un RP en dehors du contexte de Keimoo.
En dehors d'un contexte fixe tout court.




Un. Un temps qui n'existait pas.

- Un thé pour Monsieur Lei ?


Valentine effleure l'épaule du garçon qui n'écoutait que l'extérieur de ce monde fermé. Les regards ne se croisaient pas, les visages ne se tournaient pas, mais les lèvres bougèrent, imperceptiblement, et ces lèvres filtrèrent une voix morne.

- En sol mineur. Un thé en Sol mineur.

Valentine lève les yeux de son client pour emprunter la même direction par laquelle s'échappent l'attention de ce dernier. Vers là où une sortie est possible, vers là où s'échappent les esprits avant les corps, et vers là où, personne n'a pensé à barricader les parois pour empêcher la fuite des invisibles. Mais Yui le sait, lui, et Yui a attrapé la poignée de la théière suspendue dans les airs pour arquer un mouvement parfaitement maîtrisé déversant un filet fumant au centre de la tasse, posée sur une sous tasse, reposant elle-même sur le plat de sa paume droite ouverte. Présentée ainsi sous le nez du garçon aux sombres allures, Valentine pose la théière, saisit doucement la petite assiette à thé de son autre main et la sert sur la table, en face d'un Haruki Lei qui n'a toujours pas prêté intérêt sur le service.

- Gaucher ?

Un léger pli de surprise apparaît sur les traits de Valentine qui s'immobilise, avant qu'un sourire vienne remplacer cet accoup.

- Effectivement.

- Ce n'est pas en Sol mineur.
- ...Je vous demande pardon ?

- Il manque le fa dièse dans la gamme harmonique ...

Valentine joue avec le col de son t-shirt blanc, indécis. Il débarrasse le service, change la fragrance du thé et déroule les mêmes mouvements dans un calque implacable en inversant les ustensiles pour les servir de l'autre main.

- Droitier ?

Un sourire.

- Aussi. En sol mineur vous avez dit.

- Merci.

Yui se redresse et cherche du regard ses employés pour les imaginer occupés à leur clientèle. La salle est pourtant aujourd'hui vide, il n'y a que lui, Haruki Lei et quelques bibelots qui apparaissent parfois de sa conscience éthérée. Si la conscience avait des mains, elles seraient pour Valentine en permanence menottées, bridées. Prisonnières. Il ne sait pourquoi à ce mot il a cillé, et ni pourquoi le service à thé a disparu de sa vision. Le blanc cristallin des murs s'est répercuté sur sa rétine et tandis qu'il parcours la pièce dénuée de toute superficialité, une suite d'information et données incontrôlables s'inscrivent tout à coup, à toute vitesse dans son cerveau.

- Ah. A. Ça résonne un tantinet par ici.


Il se tourne vers Haruki, qui porte le même accoutrement que lui. Un t-shirt blanc et un short blanc, dans une découpe et forme sans caractère qui se veut neutre. Pour autant, même sous ces tons trop épurés et insignifiants, Haruki Lei semble ne jamais pouvoir s'acquitter de son aura ténébreuse de mauvais augure.

- Quelle heure est-il Haruki?

- Seize heures.

Haruki se lève de son siège et fait face à Valentine, il lève les yeux pour les ajuster sur le visage de son interlocuteur quelque part autour de la bouche. L'un susurre des mots et l'autre les aspire de son regard, sans avoir besoin de les entendre, sans avoir besoin de les écouter. Le regard de Lei est un immense vortex noir qui inquiète parce que sans délimitation. Le regard de Lei est un regard faux, deux orbites sombres qui voilent le blanc de l'œil de son iris et de ses pupilles. Mais l'habitude a pris le dessus sur cette singularité et Yui Valentine s'y est accommodé. Derrière Lei, plus de table ni de thé, simplement une chaise vide face au mur immaculé.

- Aurions-nous bu ?

- Non.
- ...Fumé dans ce cas ?

- M'en souviens pas.
- Où sont les poissons ?

- Y en a jamais eu.

Le silence gifle la réalité de Valentine. Elle l'a claqué un peu fort, très fort, et il a reculé d'un pas, puis de deux, ébranlé. Le recul, c'est quand même plus simple pour se remettre d'une situation imprévue. Valentine a tourné sur lui même et ce modeste tour lui a donné une impression de vertige. Trop de blanc impersonnel par ici. Rien ne ressemble à ce qu'il a pu connaître jusque là, c'est déstabilisant. Le geste d'Haruki a capté de nouveau sa concentration et il l'a vu pointer d'un index le badge cousu sur son haut blanc, un peu au dessus de son cœur. Pxxx016 LEI H. Par réflexe, Yui a baissé la tête pour voir sur son cœur aussi. Pxxx010 VALENTINE Y. Surprise.

- Haruki.

- Il est toujours seize heures.

Yui Valentine a soudain un paquet de questions à poser. Tellement qu'aucune ne sort proprement de sa conscience cadenassée.

- Un petit peu plus.

- Non seize heures.
- ...

- Il est exactement seize heures pile.

Valentine a froncé les sourcils et en fixant le gothique, il a aperçu les poissons rouges et noirs de son aquarium nager dans les airs. Superposés.

- Vous les voyez ? Les poissons.

- Oui. Comme au salon.
- Vous y êtes déjà allé?

- Oui.
- Je ne me rappelle malheureusement pas de vous, Lei.

- Non il y avait un géant.
- Ah oui.

- Ses chaussures à l'entrée prenaient trop de place.
- Effectivement. Je ne sais pas pourquoi ce ronin apprécie ces grosses bottes.

- C'est un ronin ?
- En quelque sorte je dirai...

À travers cet aquarium invisible venu se placer entre eux Yui a vu Haruki s'approcher et lever les mains, pour les placer contre la vitre invisible. Les deux trous noirs de son regard ont commencé à suivre le mouvement andante et aléatoire d'un des poissons dans les airs. C'est alors que Valentine a remarqué les montres sur les poignets du garçon. Derrière la vitre ses mains ont saisi ces poignets et, comme si aucun obstacle ne l'en avait jamais empêché, a exercé une traction dessus pour ramener le gamin vers lui. Haruki s'est laissé faire et Valentine a crispé ses traits, perturbé. Il y a un timing étrange dans toute cette mise en scène et lorsqu'il jette un œil sur les poignets, la montre de gauche indique 15:50 de sa trotteuse qui tourne à l'envers et celle de droite 16:10 de sa propre trotteuse qui court à l'endroit.

- Pourquoi avez-vous besoin de deux références ?
- Pour être sûr d'être à la bonne heure. La musique n'attend personne. C'est mathématique.


Valentine fronce de nouveau les sourcils et sent un début de migraine harasser ses perceptions. Des montres aux aiguilles qui tournent trop vite et à l'envers, des poissons qui n'existent pas, du thé qui n'a jamais été servi.


Deux. Un espace qui n'existait pas.
Il n'y aurait pas de trois ni de quatre. Confiné dans cette dualité dans nom, Valentine a fermé les yeux. C'était un peu de folie mais pas tout à fait.

- Que fait-on?

- Rien. Ils arrivent. Et il faudra partir tous les quatre. Presto.

Presto.
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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 30
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
Compteur 1580
Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara

KMO
                                   :

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MessageSujet: Re: La Céleste Comédie Du Temps   La Céleste Comédie Du Temps EmptyDim 6 Nov 2016 - 21:23



    Des bruissements de souvenirs,
    et tout escalade la pente de nos mémoires.

    Je ne sais plus, je ne sais plus, je ne sais plus.



    C’est pieds nus qu’il avance sur le blanc gelé d’un carrelage propre.
    Il n’y a pas de couleurs, pas plus qu’il n’y a de rythme, et dans l’évidence impromptue d’une réalité que l’on cherche à lui imposer, Zakuro balaie des yeux, avec cette expression habituelle du désintérêt, la normalité d’un instant qui ne se sied pas. On ne lui a pas dit, il ne le sait pas, l’endroit est inconnu, il ne comprend pas sa présence en ces lieux.

    Elle, silencieuse, gratte le sol avec ses ongles. Elle a le dos recourbé, comme un animal qui cherche à se protéger ; ou peut-être simplement comme une femme misérable repliée sur elle-même. Il suffit pourtant de voir ses yeux, disques creusés au plus profond de sa chair, dans lesquels s’érigent des incendies sylves, pour réalisé qu’en cet instant, elle est un monstre de pouvoir et de vigueur. Une locomotive, dans sa tête, ne ferait pas plus de dégâts que la fureur démoniaque de ses sourires entendues. Elle sourit, en grattant le sol, et ses ongles s’abîment contre la céramique malmené. Elle va bientôt saigner du bout des doigts. C’est sa couleur, et elle la recherche. Le rouge.

    Zakuro s’immobilise. Les yeux bleus, -la sienne, de couleur-, se dardent sur le plafond. Un plafond sans matérialité, simplement le mot utilisé ici pour désigner une hauteur par rapport au sol, détermine sa dynamique. Kami est concentrée sur le bas, et lui vers le haut. Il a besoin de trouver comment s’élever, et en cet instant, il est probablement le plus à même dans leur duo inefficace de comprendre comment s’établissent les lois de ces lieux. Kami est un monstre, mais Zakuro est autre chose.

    Elle vient de réussir à s’arracher les ongles, enfin. C’est son index, le premier, qui ploie. L’os craque  presque, mais elle ignore la douleur, et se concentre sur la fine particule qui s’établie de la lunule à l’extrémité de son doigt. La douleur est d’avant-garde, le sang est le signal de départ. Il explose, comme une fleur qui bourgeonne, et elle se relève, suffocante, la main en sang. Avec les dents, soigneusement, elle vient améliorer les entailles, arrachant peau et tissus, et ses poignets pâles sont tâchés par une goutte, puis deux. Le sang coule, et les yeux verts de Kami se dardent sur Zakuro.

    « Là. »

    Il hoche la tête, et dans un mouvement qui contracte ses muscles, il abandonne une seconde la matérialité des capacités humaines, pour se transposer sur un autre filtre de réalité. Comme une énergie brusque, libérée dans un espace conducteur, et provoquant une explosion. Les contours trop pâles de cette prison vacillent sous sa volonté, et la seconde d’après, -la notion de rythme imposée de nouveau-, il a détruit un mur.

    « Trop de violence, murmure t-elle. Trop de violence. »

    Il plisse les yeux.

    « Parfois, il le faut. »

    Il l’attrape par le poignet, tâche ses doigts par le sang qui a coulé sur sa peau, mais l’engage à le suivre, et ils se dirigent à l’extérieur de cette prison pâle. Elle n’a de contours que le nom, n’a pas de but ni de fondations, et en cela, Zakuro sait qu’il peut la maîtriser complètement, car il n’existe aucun rythme qu’il ne connaît pas, qu’il ne maîtrise pas. Tout ce qui n’est pas est dans sa tête, tout ce qui est, est au bout de ses doigts. L’intemporalité nage dans la temporalité, et ne se voit reconnue que lorsqu’on la défait de sa matière. Par chance, il a avec lui une représentante hérétique de ladite matière. Kami saigne plus que jamais, et dans leur course, il peut entendre son souffle haletant. Elle a mal.

    Ils parviennent aisément dans ce qui ressemble à un couloir. Zakuro fait la moue, et elle échappe un gloussement. Les portes sont noires, identiques, et se dressent les unes après les autres, cloîtrées dans chacun des deux murs qui engagent la direction. Kami amène sa main blessée dans ses cheveux, et rejettent ses cheveux en arrière.

    « Dommage qu’il n’y ait pas de cartes. Que vas-tu faire ? Défoncer un autre mur ? »

    Il secoue la tête, et jette un coup d’oeil aux portes. Le visuel ne l’aide pas, aussi, il vient déposer sa main encore propre de sang sur la surface d’un mur, et ferme les yeux. Le diaposon du rythme qu’il émet est un sonar aiguisé, mais en cet instant, ne fait rien d’autre que se propager dans le vide d’un espace qui n’existe pas. Il n’y aucun obstacle, aucune surface où les vibrations se heurtent. Zakuro ouvre les yeux.

    « En fait, ça n’existe même pas, soupire t-il. Tu y crois, parce que tu le vois, mais c’est une illusion. »

    Elle sourit, et vient poser son épaule quelque part au niveau de son flanc, dans cet étrange intermède entre eux. Elle est minuscule, et bouillonnante d’une rage qui fait frémir son aura, alors qu’il se veut grand, mais aussi transparent qu’un songe dans l’instant. Le rythme est faux, Zakuro se sent désorienté. Kami, elle, s’accroche à son unique réalité. Elle a mal, et de ce fait, elle sait qu’elle existe. En soit, c’est sa bouée de sauvetage.

    « Avançons. »

    Des fleurs bleues. C’est un champs sans verdure, dans une salle de carrelage, et des fleurs bleues qui se balancent en dessous d’un éclairage de néons. Zakuro s’immobilise, mais Kami, pieds nus, avance et les piétine.

    « De quoi as-tu peur ? »

    Il ne peut pas l’avouer. Elle vient le griffer à la joue, saisissant entre ses phalanges les mèches noires qui couvrent son crâne. Elle le défie, des cinquante centimètres qui les différencie, de la regarder dans les yeux. Il la repousse.

    « Continuons. »
    « Tu fuis. »

    Il l’ignore, elle glousse.

    Ces instants où je suis submergé d’émotions à ton égard.

    Sont franchies les fleurs, des barrières en pétale, que Kami a écrasée avec soin. Zakuro, avec une douleur dans la poitrine, a suivi ses pas, et ils ont poursuivis leur marche jusqu’à parvenir à un miroir. Kami pousse un sifflement appréciateur, tandis que Zakuro vient appuyer ses mains. De l’autre côté du miroir, il y a ces deux silhouettes dont l’accoutrement n’a d’égal que les leurs, mais ils ne se voient pas.

    « Pourquoi ne peut-on pas entrer ? »

    Elle a attrapé entre ses mains des bulles immatérielles, et pour lui répondre, se retourne vers lui. Il peut maintenant considérer le fait qu’elle ait des poissons flottants entre les phalanges et ses ongles arrachés. Elle sourit.

    « Ce n’est peut-être pas le bon moment ? »

    Les poissons traversent le miroir, et vont flotter, dans des mouvements paresseux, de l’autre côté. Les deux hommes qui leur sont opposés, ombre et gammes mêlées sur le même accord décoloré, semblent remarquer leur présence. Ont-ils jamais cessés d’exister, ces poissons ? Kami paraît entendre la question, et vient enfoncer sa main au travers de la surface complexe du miroir cascadant.

    « C’est probablement devenu une sorte de topos. Zakuro ? »
    « Il est l’heure, murmure t-il. L’heure du thé. »

    La dernière phrase, sur une fréquence basse, est prononcée sur un sourire. Il s’avance, et traverse le miroir, avec cette désagréable impression de franchir une cascade, qui pourtant n’existe pas. Le noir est une couleur d’yeux qu’il ne craint pas, et qui a d’ailleurs plutôt cet étrange effet de l’attirer chez ce qui ne se veut pas humain. Il salue les deux hommes, et Kami, en ignorant Lei, vient enfoncer ses doigts blessés contre la poitrine de Yui, en le fustigeant du regard.

    « Tu as le don d’essayer de me faire me perdre moi-même n’importe où. »
    « Il est l’heure, répète Zakuro. Dépendra de ce que vous voulez entendre là dessous, mais ce n’est plus le moment d’être là. »

    Dans un claquement de doigt, il désigne le miroir, une sortie qui n’en est pas une. Kami interroge des yeux Valentine.

    « Pourquoi deux montres ? Pour me rappeler que je suis condamnée, et que s’il y a bien quelque chose qui m’a toujours trahi, c’est le temps  ? »

    Elle a ce sourire douloureux, et vient déposer sa main ensanglantée contre l’angle de la mâchoire de l’homme. Une douceur infinie dans les yeux, elle le considère de toute la force de ses yeux, comme si elle essayait, en cet instant, de comprendre complètement sa nature, et l’entièreté même de son être. Sous ses yeux, un craquellement, imperceptible, comme une ride venu fissurer la surface de son derme.

    « Pour me rappeler que je suis rongée. Rongée à la poussière, mon cher. »

    Zakuro compte les secondes, et les presse. Il entraîne Haruki à sa suite, et le tire avec lui en dehors du miroir : de l’autre côté, c’est une autre réalité. Une salle noire, des ruines peut-être, une sorte de sous-terrain qui est inondé, depuis le temps. Pour accéder aux autres salles, il faudra peut-être nager. Un sourire désolé sur les lèvres, Zakuro vient positionner ses yeux sur le vortex d’un regard trop sombre. À défaut d’être aspiré par les trous noirs, il se contente d’être un rayonnement magnétique.

    « Je ne te connais pas, toi, hein ? »

    Le ciel s’excusera plus tard pour un tel manque de tact. À la place, il l’attrape par les épaules, dans une utilisation sans vergogne de sa force brute, et jette Lei sous l’eau, pour le diriger dans un courant sous-marins. En se retourner, il peut apercevoir Kami et Yui, non loin. Il les harponne du regard.

    « Qu’attendez-vous ? »

    Un coup de vent, venu de nulle part, vient le gifler, et il en ferme les yeux, sous la pression trop brusque, trop violente d’une réalité altérée. Quand il rouvre les yeux, c’est sous l’eau, malmené par la puissance d’un courant qui veut l’écraser dans un bas-fond. La gorge étranglée, sans oxygène pour résister, il plie les bras, protège son visage, et en ignorant les impacts tempêtueux de son corps envoyé valsé contre des rochers sous l’eau, il se laisse porter, et la violence devient simplement un rythme. Des méduses noires, accrochées à ses cheveux, viennent murmurer une mélodie qu’il n’entend pas, et quand il émerge, c’est le corps secoué de frissons. Un fantôme, une silhouette pâle, lui fait face, installée sur la rive. Un regard, un sourire, et Zakuro se sent l’envie de pleurer, complètement désarmé.

    « Tu sais très bien que je ne cesserais jamais de te regarder. »

    Il n’y a pas de méduse dans ses cheveux. Il y a des souvenirs, plus lourds que tout, plus solides que jamais.

    « Je me suis souvent demandé si cela impliquait un temps de retard. Je te poursuis, mais tu n’es jamais là où je voudrais être. C’est ma course à l’envers, dans le non-temps. »

    Il y a un sourire sur le visage désincarné, et Zakuro l’imite.

    « Espèce d’idiot. »

    Le vent balaie l’apparition, et Kami qui suffoque devient la nouvelle réalité. Ses cheveux étranglent sa gorge, et dans ses yeux détrempés, l’incendie de sa rage paraît noyé. Zakuro cherche des yeux Yui et Haruki, et en les réceptionnant de ses prunelles, s’approche d’eux.

    « Vous allez bien ? »
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MessageSujet: Re: La Céleste Comédie Du Temps   La Céleste Comédie Du Temps EmptyMer 9 Nov 2016 - 22:40

Pur, limpide et éblouissant, le monde était blanc, le monde était neige, carnation cruellement épurée sur laquelle Haruki Lei voulait poser les phalanges distales de ses mains pour en effleurer la sonorité cristalline. Blanc était le monde et obscure était sa présence, tâche sombre et demi-ton verni de noir sur le dédale des touches d'un clavier trop grand pour rester à sa portée. Les murs étaient proches mais la musique était sans fin, elle était immense et elle s'accélérait au fil des aiguilles déréglées de ses poignets.


Haruki LEI
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Il fut le premier à entendre le pas des catalyseurs d'une partition céleste, le premier à écouter les nouvelles saveurs imposées par l'arrivée d'un géant et de sa rose noire. Kami Otagame, un rouge virant au noir, du grenat sombre, le poison d'une rage qui ne s'éteignait pas: elle était cette nuance qu'elle avait extrait des insignes étrangères de sa gorge jusqu'aux tracés cabalistiques de ses mains. Sous les lumières manquantes des ampoules mortes, le bourdonnement des aiguilles de la colère, une passion vénéneuse, une douleur originelle. C'était souvent ainsi, et, derrière un calme faux se déchaînait une tempête macabre, la fureur qu'elle répandait de la pulpe de ses doigts contre la poitrine de Valentine. Tout à coup Haruki imagina le cœur de ce dernier palpiter chaudement dans le creux de cette main tueuse dont seule une futile pression, aurait pu mettre fin aux battements vains d'une existence dénuée de sens communs.

-Tu étais dans mon rêve, Prédatrice... murmurait alors Yui.

Sa voix le rappelait à sa réalité, la voix de cet homme qu'il ne connaissait ni d'Ève ni d'Adam mais qui lui semblait familier d'un passé trouble où la mémoire ne comptait pas. Derrière la passivité de son regard il observait et devant les sons il palpait une conversation censée commencer et finir à travers la force de mots réunis. Yui Valentine, il était figé par le spectacle de ses rêves et Kami, elle était poussière de temps et violence d'une dissonance entre deux tons mélodiques trop rapprochés.

- ...et tu es pourtant plus matérielle que tu ne l'as jamais été.

Valentine se tournait vers le Ronin, vers Haruki, puis revenait sur l'araignée, un pli infiniment soucieux sur les traits.

-C'est l'heure du thé, c'est l'heure...

Le monde de Valentine était soufflé, il était balayé par l'effondrement de ses propres fondements tandis qu'il échangeait un regard lourd de sens vers le reflet d'une lame qui ne lui était pas donnée de voir. Première plaie, ouverture des personnages; la seconde serait celle de Féa dans cette dimension abstraite contenant le sourire aussi concret que dantesque de personnages trop transcendants. Balancé à l'eau sans vergogne Haruki ne vit pas son immersion s'opérer, resté dans la réponse à une question qui resterait à jamais ouverte, oubliée sur les lèvres d'une créature intemporelle.




Les visages disparurent remplacés par le courant des eaux et les bulles barbotant dans ses oreilles. Saisi dans un quart de soupir saccadé, une goulée d'eau s'infiltrait violemment dans son corps par la bouche et par les narines, instant douloureux dans lequel Haruki offrait son corps à l'eau, instant implacable dans lequel l'eau possédait ces corps venus s'aventurer dans un territoire qui ne leur appartenaient pas. Oppressante et infernale, la danse macabre aquatique déshabillait Lei de ses sens dans un furieux grondement, raz de marée réduisant à néant les strates de sa conscience. Emporté dans un mouvement pressé agité, presto agitato, il dégringolait en chromatique improvisé sur une énergique descente, incapable de contrôler le moindre de ses gestes. S'il avait su que tant de virtuosité était resté tout ce temps en immersion, il aurait voulu laisser plus tôt, toute cette eau posséder la moindre physique de son corps: ainsi, c'était puissant et faible à la fois, c'était magistral et réduit en même temps, la tourmente des perceptions et le tumulte des flots. Mais avant de se réaliser il fut recraché sur les rives, faible cadavre rendu à la terre, ingéré par les vagues d'une colère sans nom. Les sons cessèrent leur distinction, les visions s'éteignirent, tandis que Valentine, dans la précipitation d'un monde abstrait, émergeait avec dans la main, la patte d'une Araignée cramponnée avec un soupçon de brutalité: le courant avait était violent. Les regards aveugles inconsciemment échangés à travers le déchaînement des eaux lui semblaient pourtant avoir était plus retentissants que les coups portés par les parois. Il relâchait alors ce poignée et discernait à travers une vue trempée, un Ronin esseulé qui vint à leur rencontre... leur demandant si tout allait alors que lui, donnait toute l'impression que tout n'allait justement pas.

-Ronin, c'était l'heure du thé, pas celle de notre mort. Hm.

Résigné, Valentine se penchait sur le corps désormais silencieux de Lei, qu'il avait entendu cracher et vomir la matière aqueuse. Ses cheveux gouttaient sur cette entité étalée, sans savoir qu'elle n'était non pas victime de ce qui semblait être un naufrage sans bateau, mais témoin d'un quelque chose de trop grandiose pour avoir un nom réel.

-Lei, ...ne jouez pas.

Quelques toux, du silence et puis.

-Personne joue.

Le jeune homme roulait finalement sur le côté pour se relever machinalement entre deux autres toux rebelles. Il ne savait face à quel niveau de folie il aurait cette fois à faire, mais il se redressait car c'était la meilleure des choses qui lui était donné de faire. Et parce que le paysage enneigé aux murs immaculés s'était effondré, il le savait, dans un sens ou dans un autre, il fallait avancer. Mais avant, il eut envie de s'ébrouer comme s'il devait éliminer le surplus de poids coincés entre ses plumes.

-Trop de folie...

Essuyant son visage trempé d'un geste de la main, Valentine secouait la tête avant de jeter un oeil sur Otagame, les cheveux plus raides que jamais. Elle ne les laissait pas au vent mais à l'eau fut une étrange pensée qui envahit en l'espace d'un instant ses réflexions perturbés. Ses doigts saignaient toujours.

Idiote.

-Évite de perdre ton énergie à te faire mal, toi.

Yui Valentine avait beau avoir égratigné la conscience de ses patients par le passé, leur souffrance n'était pas son motif. En tout état de cause la détresse d'un autre avait la désagréable tendance à l'en affecter d'une manière ou d'une autre. Il y avait pourtant dans cette scène une fragrance d'ironie quand il suffisait de se rappeler les impacts subis sous l'eau, qui eux étaient moins difficiles à regarder que ces phalanges meurtris sanguinolents. En vrai, ça lui démangeait ses propres doigts, qui se prirent l'envie de s'agiter sans raison. Tout était dans ce fait fictif et il resserrait la pression de ces derniers avant de palper la sensation visqueuse et chaude sur l'une de ses mains. Il faisait un peu sombre pour distinguer la réelle tonalité de leur univers mais pas assez pour camoufler le caractère saignant de la chose. Une douleur désagréable surgit sur l'ongle de son index et il effectuait un mouvement en arrière en ravalant un marmonnement douloureux.

-Ah voilà. Bravo beau résultat, prédatrice.

Valentine soupira. Il ne pourrait servir du thé à seize heures. Un thé sanguinaire, voulez vous ...? Label fait Salon, made in our sweet Salon. s'entendit-il demander dans sa tête, dans une pseudo conversation de neurone à neurone. Où est donc Lancaster ? Sang, douleur, déconcentration.

-Il faut partir.

Partir sans être arrivé était une dualité sans pareil. L'étrange cavité dans laquelle ils avaient atterri semblait être à ce qui devait s'apparenter à une grotte; ainsi plongés dans une séance de spéléologie à l'improviste, puisqu'il fallait partir , Valentine emboîtait le pas de Lei tout en observant ses doigts. Il ne levait les yeux, que lorsqu'il se heurta au garçon.

Haruki ouvrait la marche, se contentant de progresser sans un regard en arrière. Il était là à suivre une ligne directrice comme si la portée se trouvait sous ses pieds et il s'y arrêtait plusieurs mètres plus loin, dans un silence monocorde et constant. Plongé dans une semi pénombre, Valentine lui rentrait dedans.

-Et bien ?

Seul l'écho de ses paroles lui fut renvoyés.

-Il faudrait avancer, Lei, ce n'est malheureusement pas un passage pour quatre.
-Impromptu.

Il suffisait d'un murmure pour caresser la paroi des stalactites et des stalagmites naissants. L'écho des murmures chatouillait l'ouïe d'Haruki, et il découvrait la nouvelle saveur d'une sonorité à apprécier. Forcé néanmoins à avancer, il esquissa souplement plusieurs mètres plus loin qui débouchait sur un espace plus élargi. Et il ferma les yeux pour se laisser filtrer par les notes.

-Vous avez raison, impromptu, ...à l'improviste. Imprévisible, inventé.
-Non, c'est l'impromptu, la fantaisie. Opus posthume soixante six...
- Lei...

Valentine se tut en percevant enfin le son cristallin d'un piano trop lointain. Tandis qu'il se focalisait dessus le son s'amplifiait ou alors ce fut le fruit de son imagination. La mélodie ne lui était pas inconnue et Haruki y avait mis un nom après tout. Valentine, tout en cherchant les deux autres compères des yeux, surpris des murmures se superposer au piano.

-...absolument de la folie. Est ce la toile de la Prédatrice ? La fantaisie impromptue... c'est du Mozart? Tout ceci relève du délire... Nous retrouvons nous dans la dimension bleue du Ronin comme la dernière fois ?  


-Non. C'est Chopin.
-...Pardon?
-La fantaisie-Impromptu de Chopin.

-...Du Chopin ainsi donc. J'étais cela dit certain de ne pas avoir parlé à voix haute, aurait-il entendu ma question? Ce garçon a une ouïe étonnante. Trop de folie en ce monde. Le thé, le thé Valentine. Ne confond pas le thé sencha avec le thé macha, Féa t'a déjà expliqué la différence. Mais où est ce fichu pont ? La dernière fois tu y a perdu l'araignée et depuis elle est apparue en chair et en os devant tes yeux. Le rêves ne saignent pas... si? Où est le carnet de notes, il me semble que j'ai oublié celui de mademoiselle... mince Valentine souviens toi de son nom. Valentine. Valentine ? Tu es en train d'entendre le murmure de tes pensées dans cette grotte. Valentine, tu ne délires pas, tu es en train de penser à voix haute et sans parler. Ça peut exister ça? Valentine...? Tu es en train de t'écouter et d'entendre tes pensées.

-Allegro agitato. Oui j'entends aussi Monsieur Yui Valentine.

- Valentine, je crois qu'il est l'heure de te réveiller.


Et ainsi explosèrent les murs des pensées respectives. La musique permanente dans la tête d'Haruki et l'incendie intarissable des pensées tourmentées dans celle de Valentine.
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Kami Otagame
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MessageSujet: Re: La Céleste Comédie Du Temps   La Céleste Comédie Du Temps EmptyMer 16 Nov 2016 - 1:16


    Sous l’eau, les perceptions de mon être me parurent plus maternelles que la réalité ne l’avait réellement exploité sur moi. Les yeux refermés sur l’instant, pour ne pas regarder ma noyade, c’est dans l’éventualité de ma propre disparition que je respirais à pleine bouche l’instant. L’eau dans mes poumons vint m’enfoncer plus profondément encore, et sous les incontinences des flots qui me maltraitaient, j’imaginais le silence en devenir.

    -

    Le sang noir qui affluait sous mes paupière était un amas informe de couleurs brouillées entre elles. Je recrachais la haine, le venin et la frustration, tandis que s’élèvaient mes seins, dans une respiration, une reprise de contact avec l’oxygène absorbé. Combien de temps s’étaient écoulé depuis le tsunami ? Mes yeux roulant dans l’inconditionnel désir de trouver le repos et l’absence complet d’absolu, je ne découvrais que le visage d’un Zakuro penché sur moi, inquiet de ne pas me voir, probablement, déjà debout. Je crachais de l’eau, de la salive et du sang, avec fureur. Qu’il aille se faire -.

    Il avait dit que j’étais dans son rêve, et j’avais en tête les images de poissons percés à l’aiguille.
    Quand était-ce ? Mes pensées me paraissent lourdes, tout autant que ce corps trop graisseux, trop rond dans son statut même. Je veux, sur la seconde, découvrir cette capacité à m’arracher de la torpeur, de la matérialité, et m’offrir le luxe d’une habilité à flotter dans l’air. Que ferais-je de cette capacité ? Je chercherais à devenir de la lumière, et je viendrais me poser sur l’épaule de Yui, peut-être, pour l’éclairer et lui montrer le train qui arrivait. Il y aurait toujours une locomotive dans ton dos, Yui. Quitte à en faire une malédiction, je croyais cela.

    Qui était ce gamin aussi noir que j’étais rouge ? Roulant sur mon épaule, en me relevant lentement, le monde tanguant sous mes talons, et tribulations ivres, j’observais avec une fureur désincarnée la violence trop complète d’un calme désespéré, désintéressé. Pourquoi avait-il fallu passer par l’épreuve de l’eau ? Jézabeth jetée aux chiens n’aurait connu pire sévices. Inspirant pour recracher l’amas aqueux, je jetais sur Lei et Zakuro un regard chargé de ces correspondances qui s’établissaient entre eux. Ils devaient avoir le même âge, et cette vigueur de la jeunesse qui avait disparu en dix ans chez Yui et moi se retrouvait complètement, éclatante, chez eux. Des bébés, songeais-je en me redressant lentement, projetant mon regard en impératrice coléreuse.

    « Je ne veux plus tomber. »

    Yui marmonna quelque chose à propos d’un jeu à Haruki, et dans un crépitement de mon humeur, je me dirigeais jusqu’à lui, patientant brièvement la réponse d’un « Personne joue » pour venir claquer ma paume contre l’échine trop fragile d’un pseudo ancien étudiant, croisé dans un couloir. Ma main résonna contre le vêtement de Yui.
    Pas de parole, pas de mots à lui offrir, sinon que la réalisation de la marque de sang projetée contre son dos. Comme un repère, comme un mouchard. Je baissais les yeux, avec la sensation d’infâmie. Ma main me faisait mal, et maintenant, je ne savais plus réellement si je me sentais aussi vivante que l’attendait la démarche. N’attends rien de moi, voulus-je lui dire, quand il posa son regard dessus. Moi, je ne cherche pas à blesser les autres par les vides et les absences.

    -Évite de perdre ton énergie à te faire mal, toi. 

    Jaillissement furibond de ma haine retenue, je dardais sur lui la souffrance. Il en résultat une explosion de couleur, minime, près de son lunule, et du sang vint perler. Des reproches glissèrent entre ses lèvres, accompagnées par le sourire qui vint étirer les miennes. Voilà, ne joue pas avec moi à ce jeu, ou ce qui t’arrivera te fera mal, aussi. Je ne répliquais rien, gardant la bouche fermée, étirée en ce sourire qui me convenait pour toute réponse. Nous nous mettâmes à marcher. Ils parlèrent, je n’écoutais pas. Il n’y avait que le chahut de cette violence dans laquelle vibrait mon existence, et sous laquelle j’avais l’impression d’étouffer. Où étions-nous, que faisions-nous ; j’ignorais où ils allaient, mais je me doutais que le voyage ne s’achéverait pas en beauté pour moi. Il y aurait un mur, ce serait une impasse, et l’on pourrait alors l’appeler « violence ». Je ne démordais ; j’avais ce chemin à suivre. Mes yeux se fermèrent, le temps d’une seconde, à supplier un dieu inexistant, mais à qui je me vouais, pour lui offrir le sacrifice de mon être, s’il épargnait au moins Yui. Les autres, que pouvait-il en faire ? Un mélomane détraqué, et un ciel explosé. Mes doigts piquaient.

    Ils parlaient trop. Une bulle créée entre eux deux, à laquelle je n’aurais probablement pas du avoir accès, mais qui résonnait dans ma tête comme des acouphènes reliées aux battements de mon coeur, et à l’afflux sanguin qui venait irriguer mon cerveau. Le système nerveux et sa compréhension mis en suspension, je contemplais les mots sans parvenir à y associer un sens. Je comprenais le mot « toile », qui vint flotter devant mes cils, sans que je ne parvienne à me l’approprier, et qui disparut dans les ténèbres trop grisées de leur couleurs qui ne s’associent que pour fomenter un peu plus de nuances sombres. Du gris et du noir, je vous en prie. Yui voyait-il comme blanc ? J’aurais voulu taper des poings contre la bulle dans laquelle Yui paraissait maintenant endormi, sans que je ne vois ni son âme, ni sa pensée. Où étions-nous passé, l’un pour l’autre ? Il m’écartait si rapidement, qu’honnêtement, je commençais à lui regretter sa rousse. Je ne pouvais pas frapper, ils continuaient de parler l’un et l’autre, dans un langage que je ne comprenais plus, des pénultième et des arpèges en désaccord, tandis que le ciel, celui qui n’existait pas, pas celui qui marchait, commençait à s’éteindre. Y’avait-il eu des étoiles ? Je commençais à percevoir l’impasse dans laquelle il fallait que je me rue. Mais sur les montres accrochées aux poignets de Valentine, les aiguilles tournaient, et je pouvais voir qu’il n’était pas l’heure. J’aurais voulu hurler.

    « Fermez-la. Je déteste Chopin. »

    Zakuro avait murmuré, les yeux abaissés. Cela avait été suffisant, peut-être Yui s’était-il réveillé. Les yeux bleus, ouverts sur nous, il paraissait le plus lucide de nous tous.

    « Calmez vous un peu. »

    Tendant la main, il vint la poser sur le crâne de Lei, avec les sourcils froncés, cette expression trop digne du guerrier exalté. Il était sérieux, trop, désintéressé par la folie qui coulait sous nos veines.

    « Vous êtes en train de vous laissez dévorer par l’endroit. Il faut que vous gardiez la tête hors de l’eau, ou bien vous ne pourrez plus sortir d’ici. Considérez tous les trois que c’est un labyrinthe, et que si vous venez à vous oublier, vous ne pourrez plus sortir. Pensez à ce que vous êtes, à votre essence propre, sinon, vous serez dévoré sans même vous en rendre compte. »

    Il nous fixa, ses prunelles glissant sur nos faces, et je cherchais à deviner l’enfant qu’il avait été autrefois, sans parvenir à le retrouver. Tendant la main, dans une caresse de l’apesanteur, un amas gazeux vint se former entre ses phalanges, circonvolutions nucléaires, s’allumant sous les dépravations physiques établies. Une lueur, un rayonnement, et Zakuro offrit le minuscule astre scintillant à Yui.

    « Il est temps de rallumer les étoiles. Si vous vous perdez, levez la tête, et contemplez le ciel. »

    Il n’y avait pas de ciel. Je ne comprenais pas.



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MessageSujet: Re: La Céleste Comédie Du Temps   La Céleste Comédie Du Temps EmptyDim 12 Fév 2017 - 23:10

... Et si un jour il fallait sortir de cet onirisme, est ce que ce jour là tout serait amené à disparaître. On évoque des pianos et des labyrinthes, on parle d'étoiles oubliées et d'essences effacées. Il y a parmi toutes ces notions, un besoin impératif de sortir de ce paysage démentiel mais je ne saisis pas d'où nous vient cet instinct, comme s'il était question de survie. Rêvons nous, délirons nous, Valentine, il est encore seize heures mais au final... où en es-tu? J'ai palpé une araignée, j'ai senti la physique sous mes doigts comme s'il fallait que le toucher me confirme son existence. J'ai vu un Ronin clamer sa répugnance pour Chopin mais les morceaux s'enchaînaient quand même et Haruki observait ce garçon démesurément grand qui de sa main s'appropriait son crâne. Pourtant, il ne sera jamais vraiment question d'aimer ou de détester car, ce qui coule en Haruki Lei, cet individu déséquilibré, avait quelque chose de linéaire et d'un peu trop véridique. Haruki Lei, quelque soit le compositeur -s'il y en avait réellement un dans son raisonnement, était simplement cette mélodie infernale.

Les pensées de Valentine continuent à résonner dans un murmure constant qui surplombe la musique de Lei. Et tandis qu'un astre nait des phalanges de Zakuro, Valentine accepte le plus étrange des cadeaux qui lui ait été offert en une trentaine d'années de vie. Trentaine ...et aussi absurde et égocentrique que cela puisse-y-il être, toutes les vies parallèles qui lui ont été données de vivre. Une fantaisie.

-Ah, je vous remercie Féa. Oui, il est temps de rallumer les étoiles, n'est ce pas.


Un regard qui sourit dans une mélancolie invisible. C'est une ambiance étrange plongée dans une sincérité toute aussi décalée. Avec un soupçon de superficialité... parce qu'il est difficile de passer en profonde introspection dans un groupe aussi disparate que nous sommes. De la superficialité au fait... vous en voulez dans votre thé, mademoiselle ?

-Que faites vous dans mon rêve?


Mais qui te dit que c'est un rêve. Prédatrice, prédatrice. Quelles existences as tu souhaiter accrocher en plus, dans les maillons écarlates de ta toile. Ne nous suffirons-nous jamais à nous même...? La descente vertigineuse des accords qui jamais ne me parleront autant qu'ils le font pour Lei me font trébucher sur ce non-sol. Sommes nous jamais sortis de l'eau? Il y a pourtant un grondement sourd, -que mon âme décide de trouver inquiétant. Les murs s'effondrent et dans ma volonté statique de vouloir subsister dans ce monde incomplet et bancal, j'entends, au beau milieu de ce bordel sans nom, des battements réguliers que mes perceptions interprètent comme celui d'un cœur. C'est comme si je l'avais, pulsant au creux de mes mains (...) Mais aujourd'hui c'est dans mes oreilles que je le sens.  

-Le problème voyez vous Ronin... c'est que je suis calme.

Un sourire véridiquement désolé. Était ce un problème, Yui ne le déterminait pas.

Ses pensées sont et seront toujours effilochées à ne jamais vouloir s'arrêter de partir dans tous les sens. La frénésie de ces dernières derrière un calme faux, et Valentine a soupiré. Une étoile au dessus de son épaule, -celle que Féa vient de lui former et qui a refusé de se laisser approprier par ses doigts, brille, tel un point de vie.

Il y a en réalité, quelque chose d'ironiquement beau, là dedans.

-Dites moi Féa. Est ce qu'un jour, Otagame tisse vos rêves ?


Un jour. Valentine aurait aimé entendre la réponse tout en la redoutant. Mais il s'est rappelé que les lieux s'écroulent sur eux même, que les battements réguliers le ramènent à sa pseudo réalité et que les parois brisées autour d'eux se sont fait trop proches pour pouvoir les ignorer. Il ne sait pourquoi cet effondrement progressif, il ignore l'origine de cette destruction trop lente pour lui laisser le temps de s'en apercevoir et trop rapide pour pouvoir y remédier.


Il y a dans ce spectacle, un quelque chose qui me rebute sans que je puisse y mettre le doigt dessus. Des pans de murs, dans cette gravité sans lois, sont absorbés par un sol qui n'a de stabilité que mes pensées et c'est ici que notre séance spéléologique s'interrompt brusquement parce qu'en fait... Parce qu'en fait.

C'est une implosion. Kami avait pourtant dit de garder la tête hors de l'eau mais où était le ciel de la terre et où était la tempête de leur accalmie, il n'y avait rien de tout cela. Fissure dans la bulle, un Valentine qui dort pour ne pas se réveiller. Et c'est dans un corps désarticulé, un corps de faible dans lequel Yui émerge, après un silence cassé. Il ne reste alors, plus que l'ironie du sort pour celui qui a toujours fuit la mort.


J'ai toujours pensé que le Ronin était peut être un ciel -mais le ciel d'un autre. Son intemporalité ne me touche pas, néanmoins il n'empêche que j'aimerais un jour l'apercevoir. Ronin, Ronin de tous les temps. Si tu veux représenter l'intemporalité il faut bien qu'il y ait un temps quelque part, pour contrebalancer les équilibres. Sinon ce n'est pas drôle non? Le caractère infini de cet anti temps... contre un début, contre une fin, tic-tac-tic-tac... et puis plus rien. N'y a-t-il pas dans ce fait, une fragrance répétitive mais dans une répétition nouvelle à chaque reprise, une répétition que seule cette Intemporalité peut se permettre d'observer?

La lumière s'est éteinte, elle s'éteint et se rallume mais elle n'est jamais de la même couleur, parce que l'obscurité existe. Que dis-je. Que dis je, Valentine, alors que la seule réalité du moment, là, maintenant dans un maintenant absolu, mon corps me fait mal. La douleur, le monde de la souffrance est un univers auquel je ne saurai survivre. Et je laisse décider à ce qui reste du hasard délaisser ses séquelles visibles sur la matérialité de mon enveloppe corporelle.




Life For Rent
... misérable j'étais et, je n'avais rien de mieux pour contrer la volonté d'une force qui était au delà de la mienne. L'ennui, c'était que je réalisais que je n'étais qu'un objet, un pantin soumis à ces lois d'une métaphysique qui ne m'appartenait pas. J'étais imagination, j'étais abstraction et je n'existait que par les aléas et les obstacles inventés par une folie étrangère. Moi, Valentine, je ne savais plus où devait se trouver ma propre folie, glissée quelque part entre les murs d'un asile créé de nulle part.

J'atterrissais alors un univers pourpre: ce n'était plus mon monde.



Le monde s'est effectivement teint de rouge et le piano s'est fait plus lointain suffisamment pour en oublier sa présence en se focalisant sur autre chose. Le regard de Valentine, trop peu habitué à ces paysages issus d'un délire trop matériel, balaye sans savoir accrocher le moindre détail. La bulle a éclaté, les parois anéantis; alors qu'il lui aurait juste suffi d'avancer pour ne pas avoir à s'affaisser avec le décor. Il aurait suffi de sauter dans le premier train passant pour ne jamais s'arrêter de filer, filer quelque part, filer ailleurs. Toujours ailleurs. Il a cillé. Le battement inconscient d'un regard troublé par une douleur méconnue, Yui Valentine réalise que la blessure est sienne, sans pouvoir l'identifier, ni la localiser. C'est vif, c'est ardent et ça prend le dessus de sa raison. Il a l'impression que ça saigne mais il n'y a pas de sang, l'oppression que ça se brise mais rien ne se casse. La fracture de sa conscience le saisit et c'est tout son être qui se déchire. Peut on être la plaie de soi-même ?

-Kami ?

Quand à l'arrière plan musical, tout le monde l'entendait, tous, sauf Haruki Lei. À partir de là, nous l'ignorions mais il venait d'offrir la magie d'un de ses sens. Il faisait sombre de ce que je semblais percevoir, et je m'imaginais la danse macabre que faisaient nos corps pour échapper à nos déluges d'absurdités.

-Le passé, il s'effondre.

Valentine lève les yeux vers Haruki. Instinctivement, il sent sa main se tendre vers le visage du garçon à la vue des sillages de sang sous ses oreilles.
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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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MessageSujet: Re: La Céleste Comédie Du Temps   La Céleste Comédie Du Temps EmptyMar 12 Déc 2017 - 19:20

HRP : Je ne sais pas. Je. Ouais.





Chopin est un animal qu’il dédaigne, à voir se faufiler sous les épaisseurs de sa peau, et glisser comme un petit taureau vers sa sensibilité lucide. Il secoue la tête, et craint les répercussions d’un ennui mélomane. Quitte à absorber le silence dont témoigne le calme trop olympien de Yui, peut-être Zakuro fera t-il dévorer Haruki par Kami. Ce serait une bien terrible composition, au final.

Rallumer les étoiles. Oui. Zakuro acquiesce d’un petit mouvement de tête, et tourne les yeux vers Kami, qui gigote comme une enfant, en remuant ses mains, en menaçant de faire exploser l’exo-squelette du monde qui n’existe pas. Mais ses menaces ne sont que des mots, et elle a la crédibilité d’une enfant, sur le coup. Zakuro la dépasse, et attrape, du bout des yeux, la circonspection de Yui, qui fixe.

Sa question résonne comme un claquement dans le vide. Zakuro s’en vexe, et trace des mots taciturnes.

« Vous nous y avez probablement invité. Prenez cette responsabilité, d’accord ? »

L’instant d’après, il s’est remis à sourire doucement, et avance le long d’une paroi fragile, en explorant les reliefs du rêve. Il s’agit de ne pas tomber, il s’agit de rester dans la continuité d’un vide qui ne lui appartient pas. Oh, certainement que Young aurait expliqué qu’il s’agissait d’une menace, pour prévenir le subconscient. Mais Zakuro, bien innocemment, n’a jamais choisi de prendre des cours de psychologie. Sa formation cosmologique, en cet instant, est un piolet accroché dans le glacier de la raison, et les informations astrales sont des gardes qui le tiennent maintenu. Zakuro est à peu près sûr qu’il va possiblement croiser l’hémisphère de Jupiter.

Il est peut-être temps de rallumer les étoiles.
Il faudrait enfoncer dans des abysses la nucléosynthèses.

« Je vous ai déjà expliqué la différence entre le thé sencha et macha, Valentine. »

Il vient de s’en rappeler, et les idées qui se cristallisent viennent tapoter contre son lobe, ciselant des échos que Zakuro aimerait voir se dissiper dans le vacuum de son désintérêt. Il se fout un peu de tout, mais les obsessions prennent le pas, et ses mâchoires se crispent, ses muscles se tendent.

« Je vous l’avez déjà expliqué, vous m’aviez demandé, pour ne pas pas vous tromper, je crois. Est-ce que vous vous en souvenez, si je ne vous le rappelais pas ? »

Il a vraiment besoin de savoir, pour le coup. C’est un peu comme avec Tsu Rozen, qui voyait des moutons, là où lui agonisait dans la neige, pourchassé par des démons. Il se sent un peu désorienté, et ses sens titubent. Il ne sait pas si Yui est calme. Peut-être que lui ne l’est plus. Ses mains viennent presser ses oreilles, et Zakuro tremble.

« N-Non… ce n’est pas elle ... »

Son corps est crispé, son souffle emballé. Il ne croit pas qu’il y ait jamais eu d’araignées dans sa tête. Il ne sait pas. Pas même de petit pois, ni de petit vélo qui tourne en rond. Il plie les genoux, en marmonnant des « nononononon », les paumes pressées contre ses tympans, et il ignore le monde qui s’écroule, il ignore l’effritement des parois. Il ignore le tout, en refusant simplement, avec un mal de tête qui augmente et des acouphènes qui viennent perturber tout son équilibre.

Kami glisse son souffle contre la carotide de Yui. Ses doigts effleurent ses épaules, laissent des tracés sombres. Et murmure.

« Peut-être que je construits tes rêves, quand tu ne le sais pas. Quand tu ne le veux pas. Ou peut-être même quand tu le veux. »

Zakuro hurle dans sa tête quand tout s’écrase. Tout s’envole. L’inertie n’existe pas, les secondes s’immobilisent sur un entrelacs de heurts et de choc, et la vague, brutalement, finit par retomber. Le silence s’impose, et Zakuro, allongé, ses cheveux détrempés par de l’eau qui n’existe pas, sanglote sa fatigue. Il est exténué.

« Carter … Carter ... »

Il ne sait plus ce qu’il balbutie. Devant ses yeux, alors qu’il a les paupières fermées, il voit des peluches de Cheshire, duveteuses, qui se déchirent en des boyaux de peluche, en des explosions de plumes. Les heures se remontent, et Zakuro a l’impression qu’on tire hors de sa tête les os cervicaux, et tout le crâne entier, sans retirer le cerveau. Sa nausée est trop forte, il respire à peine, et les yeux entrouverts, noirs comme la nuit, il contemple sans voir.

Kami rit. Kami rit si fort, qu’elle est presque devenue la seule à posséder la sanité d’accepter trop pleinement ce qui se passe. Le rouge qui rutile est une continuité à sa personne, et ses sens en exaltations sont un hurlement de joie à la béatitude des choses. Mais brusquement, elle se tait, et l’immobilisme la contraint, lorsqu’une musique s’impose, et qu’Haruki devient quelque chose. Un quelque chose musicien, qui n’est plus du Chopin, qui ne perturbe plus Zakuro, qui ne fait plus gronder l’araignée. Il se passe autre chose, et Kami poursuit des yeux la course des mouvements de Yui. Elle ne veut pas tomber, elle ne veut pas que tout disparaisse.

Quelqu’un l’appelle. Elle se retourne vers lui. Ce n’était peut-être pas lui.

« Je suis là, Yui Valentine. Je suis toujours là. »


Le passé, il s’effondre, murmure t-il, et Zakuro, un genou plié, le crâne posé contre un mur, les lèvres étirées en un sourire tendre, secoue à peine la tête. Peut-être. Il n’en a que faire, il n’est pas Chronos. Le temps n’est pas de sa juridiction : lui ne se concentre en ce moment que sur l’immobilité. Courez, peut-être, marmonne t-il.

Un dragon va apparaître. Un dragon apparaît. Et jaillissant hors de l’ombre, rouge comme l’univers, il s’approche des choses en mouvements, bipèdes, et les nargue de son immatérialité, avant de disparaître, comme toutes les choses autour d’eux. Zakuro n’a pas bougé, trop fatigué pour quoique ce soit, même pour avoir peur.

« Quand est-ce que vous allez vous réveiller, Croquemitaine ? »

Joshua a une fois dit qu’il était peut-être le marchand de sable. Zakuro réfute. Il est un bakuman, un dévoreur, quelque chose de terrifiant qui vient pour réprimander les enfants, et leurs idées. Il a presque l'impression de retrouver les abeilles du séisme.

« Quand est-ce que ça s’arrête ? Carter va mourir, et je ne suis pas prêt. »

Il est vraiment triste.
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MessageSujet: Re: La Céleste Comédie Du Temps   La Céleste Comédie Du Temps EmptyVen 22 Déc 2017 - 17:27

I wonder if you know your body says good bye



-Mitsumasa. Je viens de passer ma journée à ces fichus papiers et c’est tout ce que vous trouvez à faire, n’est ce pas. Réjouissez vous, vous accélérez ma fin à ce rythme là.

Valentine a posé une main sur son front, exaspéré. Dans une ironie désabusée -presque théâtrale, il s’est adossé à son siège et a observé Kohaku. Ce garçon dont le rôle de pion n’aura jamais suffi. Dans un certain sens cette décadence, sa signature, son made in personnel. La psyché de cet individu, un fascination qui aurait pu à elle seule pousser Valentine à s’intéresser à son pseudo-domaine de psychologue. Sous ses doigts la surface pleine de son bureau qui tape à chaque impact, devant lui un jeune homme qui lui paraît plus étranger que jamais. On lui parle de cécité mais dans son esprit emmêlé c’est un mot qui n’a plus de répercussion, plus de définition. Les temps ont changé, de nouveaux détails sont apparus. De nouveaux sillages, des impossibilités à n’en plus finir. Yui avait longé la passerelle de l’académie, les épaules ayant pour responsabilité le regard inquisiteur de son ancien patient et il lui tournait le dos, comme pour emprunter une autre voie. Valentine est devenu le fantôme de sa propre existence.

-Éternel ou pas, nous sommes tous des damnés.



Autres Parts
Il est toujours temps.




-À moi on ne me raconte pas mais c’est préférable ainsi.

Il regardait Kohaku comme la continuité d’un livre à demi entamé puis oublié par les aléas du temps. Il observait cet amas d’énergie constamment en surchauffe et prêt à exploser sur qui s’y attende ou pas. Une tension permanente, une provocation latente. C’est pourtant une scène qui lui paraît étrangement familière, un déjà-vu de quelque part et de tous ces autres-parts, pendant que Yui reste sur son fauteuil, laissant mourir les papiers froissés sur leur destin, vulnérables et piétinés sous l’infinité d’une folie écrasante. Une folie, la folie, cette aberration qui ne se plie pas sous les caresses d’une humanité éphémère.

-Plus on raconte plus il se fait des noeuds.

Ses mémoires ont un jour, fini striés. Il se souvient, il se souvient mais il reste ce mais qui déforme désormais toutes ses conditions. N’y aura-t-il donc que cet univers pour parler d’un ailleurs qui n’existe nulle autre part qu’ici.

Dans une de ses dernières phrases, Yui Valentine capte le regard malin de l’étudiant et badine.

-Je reste malgré tout, persuadé que vous en avez après ma vie, Mitsumasa, c’est ce ton anodin qu’il emprunte, comme si on causait de la pluie et du beau temps, Et ainsi nous pourrions jouer à l’infini.

A votre avis, qui gère le temps et lequel dans l’infini de ses futiles catégorisations...?

Par dessus son café, ça fume, ça s’évapore. Il préfère sa fragrance à l’odorat qu’au goûter. Il n’y a pas vraiment d’explication à cela. Ni au fait d’entendre Féa grommeler sur le sencha et le matcha. Vers la fin de cette pseudo fin, Valentine  n’est plus qu’une image créée de toute part par les méandres oniriques de Kami Otagame. Elle dit tisser, elle dit créer les rêves, et peut être qu’elle a raison au final, la Prédatrice. C’est la prédatrice de la réalité.

-Je préfère nettement cette dimension-ci. Elle rend les choses plus palpables alors que je sais qu’ailleurs, ...

Ailleurs, cet ailleurs qu’on ne prononce pas.

Il sait qu’ailleurs, dans cet ailleurs de nulle part, il y a quelqu’un au nom inoubliable de  Cammy Logan qui l’attend quelque part. Ici, c’est un peu moins que l’infini, moins que la réalité mais un déséquilibre entre les deux dans lequel même la douleur paramétrée par les rêveurs devient acceptable pour le prix d’une chute vers l’inconnu, le coût du déséquilibre d’un monde intangible et les prouesses de mots fumés aux parfums qui infusent son salon. Ses doigts s’emmêlent à des cheveux roux qui tranchent des autres tons, il ne sait plus si ils sont doux mais le ton vif qui coule entre ses doigts le reste à ses yeux. Un regard en arrière et ce sont ces instants là qui ressurgissent l’attirant et le sommant de revenir près, toujours plus près. Un regard à gauche et c’est Mitsumasa et son sourire grandiloquent qui voudrait écorcher sa conscience de ses griffes et de ses dents. À droite un étrange bras droit, une lame plus aiguisée que les autres lames et qui de son détachement trône un quelque chose qui ne s’atteint plus. Féa parle d’un Carter que Valentine ne connaît pas encore mais l’information passe comme un étranger d’une situation lointaine. Sous ses pieds, la toile d’une Araignée qui le retient ou alors, faudrait-il se rappeler quand est ce qu’il a commencé à marcher sur ses lignes. Il se crée trop de ponts depuis.

-Dans un certain sens tu manqueras toujours à ma conscience.

On ne sait s’il s’adresse à quelqu’un en particulier. Un murmure.

-N’est il pas temps de passer à autre chose?

Il fixe Haruki Lei. Il expulsera le garçon de l’académie au profil d’Ayame Matsuda, une jeune fille au futur prometteur. Elle aurait beau ne pas acter contre Lei, tout est scrupuleusement plannifié dans la tête du directeur adjoint, elle aurait beau faire, ce dernier ne trouvera pas sa place au sein d’un système scolaire aussi rigide. Cet asperger qui dans son rêve, perd le sens de l’écoute sans même le réaliser et en fond de musique, la lettre à Élise. Il y a tant de lignes à dérouler sur son compte. (...) C’est la fin d’un concert.

Comme cette fin, Yui pense toujours que toute chose doit finir et la sienne avec. Chuchotements feutrés, tonnerre d’applaudissement, cette imagination virevoltante contre le silence de plomb qui l’entoure. Il est de ceux dont la zone de confort doit être constamment percée pour se sentir aller de l’avant. Ceux qui n’ont pas de compte à rendre et dont le familier fait fuir au bout d’un moment.  Où allez vous, Monsieur Valentine ?

-Ailleurs, répondait-il amusé en refermant les valises. Les bureaux se vidaient, ses affaires disparaissaient et lui avec. Et il disait cela comme si l’ennui n’existait pas là bas au même titre qu’ici.


Où ça?


Faire une autre comédie temporelle.
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