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 Les gaies muselières des corps éplorés. | Naoko

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AuteurMessage
Kohaku Joshua Mitsumasa
♣ Université - 4ème année
Kohaku Joshua Mitsumasa


Genre : Non Binaire Verseau Coq Age : 30
Adresse : Hiryuu : 05 rue de la Chance, app 32 ou la Chambre 110 de l'université ou chez Zakuro.
Compteur 665
Multicompte(s) : Lawrence E. Swanster | Populaire

KMO
                                   :

Les gaies muselières des corps éplorés. | Naoko Empty
MessageSujet: Les gaies muselières des corps éplorés. | Naoko   Les gaies muselières des corps éplorés. | Naoko EmptyJeu 6 Aoû 2015 - 20:04

Les gaies muselières des corps éplorés.

They speak with smiling teeth.

-


Le bruissement de l’été, les ombres du crépuscule, le chant d’une mélancolie qui s’effritait contre mon épiderme à mesure que je secouais ma carcasse, à mesure que mes pas me portaient le long d’un chemin familier. J’avais d’abord contemplé envahir son appartement, grimper les escaliers jusqu’à sa porte pour ensuite forcer la serrure, puis je m’étais souvenu, dans un éclair de conscience qui avait amenuisé la mélancolie un brin davantage, qu’il y avait un petit moment que Yui Valentine ne rôdait plus là. J’aimais bien m’imaginer souffler sur les cendres de son départ, m’imaginer les regarder se disperser aux quatre vents.  La mort te pourchasserait-elle, Valentine ?

Il y avait bien des raisons de rire, lorsqu’on s’imaginait Yui courir à contre-sens du temps, il y avait bien des raisons de présager un retour, une fuite dans la logique qui l’aurait poussée à fuir. Je te promets une chose, une toute petite chose, que je souffle et que j’avale. Je te griserai et je te mangerai, un jour.

Zakuro m’avait raconté, aux petites heures du matin, alors que je contemplais le plafond de sa chambre, les yeux grands ouverts, aspirant la lumière qui filtrait doucement au travers de ses rideaux, la désertion du salon de thé. Il m’avait raconté, comme il me racontait toujours, doucement, passionnément, m’avait parlé des animaux, de sa collègue, de toutes ses vies qui allaient et ne venaient plus dans l’antre métaphysique d’un ancien pseudo-psychologue impulsif.

C’est probablement pourquoi, à défaut de pouvoir me rendre à l’appartement, je me rendais au salon de thé, piochant l’asphalte de mes semelles. Je venais de temps en temps, alignant livres et manuels sur une table de mon choix, m’enracinant dans mon amour du thé et de la contemplation humaine. Je venais pour ignorer, pour broder un album photo des gens que je voulais déguster. Puis, j’avais cessé de venir lorsque Yui avait oublié d’exister.

Et je poussais maintenant la porte, sans manuel, sans sac, sans le moindre papier d’identité, une pelle sous le bras, balayant du regard l’établissement vide de vie jusqu’à en tomber sur la silhouette d’une vague poupée qui n’avait plus grand chose de chiffonné. Sa porcelaine s’était fracassée, il y avait cela maintenant quelques années, avait laissé place à une armure reluisante de rouille et de péripéties. Ce jour là, sous les escaliers, sous la poussière, elle était devenue une guerrière, mon héroïne.  ( Et, me reconvertissant en sorcière, en adjuvante, je lui avais confié un familier pour qu’elle ne nous oublie pas. )

Bien entendu, le propriétaire du salon de thé ne faisait pas parti du décor. Malchance, Zakuro n’y apparaissait pas non plus. Il n’y avait qu’elle et moi, ainsi qu’un chat tout blanc qui me saluait d’un coup de tête contre mon tibia.

Bonjour, moi.

Je lorgnai Naoko tranquillement, déposant ma pelle sur la première surface libre qui se proposa à moi, en l’occurrence, une table propre faute de clients pour la salir. Je l’observai en silence quelques longues secondes, peu désireux de briser les restes de mélancolie qui m’habitait et dans lesquels je me complaisais à me vautrer par les temps qui couraient – pourquoi t’as foutu le camp, pourquoi t’as décampé, comment vas-tu, où es-tu, qui te fais à manger, pourquoi m’as-tu abandonné ? –.

Ce fut dans un haut de cœur que je la saluai, dans l’avènement d’un soubresaut interne qui me força a réellement écraser mes lentilles cramoisies contre son visage.

« Oh.  Hello, Heroïne. »

J’étais venu quémander des distractions, convoitant d’abord l’absence de logique de Yui, puis m’imaginant trouver, à la place, l’intemporalité de Zakuro. Il n’y avait toutefois que cette petite femme plus grande que nature pour me tenir compagnie, que cette humaine à la force toute particulière pour m’amuser. Je soupirai, vaguement, un sourire mielleux se frayant un chemin jusque dans mes yeux.

« You’ll do just fine. Viens. »

Mes doigts effleurèrent son bras avant de l’empoigner, saluant du coin de l’œil la présence d’un troisième moi, d’un minuscule rat de blanc vêtu. Une aventure en trio, un ménage à trois. Je repris précautionneusement possession de la pelle – que je n’avais assurément pas volée au club de jardinage, voyons – et je nous entrainai de à l’extérieur, peu soucieux de l’avenir du salon de thé. Ce n’était rien d’autre qu’un bâtiment vide qui attendait le retour d’un empereur qui n’avait d’empirique qu’une cognition ébréchée.

Je ne cherchai pas à communiquer, durant le trajet nous séparant de notre destination. Je me contentai de serrer son bras entre les pattes arachnides de ma main sans fournir d’explication. Il n’y en avait pas vraiment, non, il n’y avait pas de raison autre que celle de désirer cultiver des sourires, de désirer contempler des départs. Peut-être voulais-je simplement m’imaginer les corps des disparus me souriant tout en sachant pertinemment que cela ne se produirait jamais plus.

Je ne savais pas comment dire aurevoir.

Les grilles donnant sur le cimetière étaient hautes, presque stéréotypées dans la conception que mon esprit en avait. Elles incitaient à la sobriété, à cette solennité gluante qui humidifiait les yeux des visiteurs. Pourtant, je souriais distraitement au ciel, me pourléchant de l’état nocturne dans lequel il installait le paysage. Je souriais au vide, éperdument distrait, le manteau de cuir que j’avais dérobé à Ryosuke se faisait lourd sur mes épaules.

J’entrainai Naoko entre les tombes jusqu’à m’arrêter devant le patronyme d’un ou une inconnu, la lâchant pour mieux lui tendre la pelle, pour lui demander, d’un ton étrangement désinvolte, comme si tout ce manège relevait de la routine :

« Tu veux creuser la première ? »
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