₪ Académie Keimoo ₪ In a decade, will you be there ? |
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| Effet Papillon | |
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Auteur | Message |
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Cammy Logan ♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
Genre : Age : 34 Adresse : Arms of Mother Nature 872 Multicompte(s) : Shiki & Erik
KMO :
| Sujet: Re: Effet Papillon Lun 31 Aoû 2015 - 21:26 | |
| Premier bouton de nacre en fleur, couleur lavande, qui cède, roulement de tambour indécent, mature. La clepsydre rit par ces remous dans son contenant. Insolente, désinvolte, elle est allongée prenant ainsi l'allure de l'infini. Le symbole. Plus rien ne s'écoule, et l'instant demeure le temps de quelques lignes écrites dans les pensées d'une chrysalide en fin d'hibernation. Et ses paupières se closent. ***Je m'appelle Cammy Savannah Logan. Je ne pense pas m'être un jour présentée sous cette forme et je doute de le faire un jour. Je tiens mon deuxième prénom de la soeur de ma mère, décédée d'un cancer de la peau il y a quelques années ; j'avais à peine 13 ans. C'est la raison pour laquelle ma chère maman est aujourd'hui dermatologue. J'aimais beaucoup Tante Savannah, elle m'a appris les bases de la cuisine traditionnelle australienne, que j'ai revisitée à la sauce japonaise. Tout comme sur elle, de nombreuses taches de rousseurs parsèment ma peau, en particulier, le dos. Et à part mes parents, personne n'a jamais vu plus que la peau nue de mes bras et de mon visage. Ce n'est pas seulement parce que je je suis photosensible que je porte toujours des vêtements qui s'arrêtent minumum au niveau des mollets. Keimoo dispose de centres nautiques, de nombreuses plages pourtant il n'y a que dans ma baignoire que je peux m'immerger totalement. Cette constellation de taches que m'a transmise ma tante m'effraie. Parce que je ne peux l'exposer, parce qu'elle m'a poussée à me cacher, à fréquenter les milieux sombres, à fuir cet astre que j'admire, lui qui veux m'offrir sa lumière. Alors je l'ai détesté ce soleil, je l'ai hai de vouloir occasionner ma perte. L'attraction causé par son opposée est venue naturellement. Ainsi, il m'arrive de sortir la nuit, ou sous la pluie, et au mieux, la nuit sous la pluie, comme ce soir. Malgré tout, les couleurs claires et pastelles sont mes favorites et seule la lumière du soleil peut les sublimer. Quelle ironie.
J'ai toujours aimé danser. Les danses en salle, les valses, les menuets, mais aussi le flamenco ou le tango. J'ai toujours eu la sensation de pouvoir oublier n'importe quel tracas rien qu'en tournant sur moi-même. C'est pour cette raison que ma mère a tant voulu que je participe à ce bal, en 2010. Elle n'avait pas compris que ma réticence n'était pas dû au fait d'aller danser avec un cavalier masqué sans doute inconnu... C'était le thème qui me posait problème. Parce que la Saint Valentin n'avait aucun sens à mes yeux. Toute ces idiotes qui s'entêtaient à vouloir acheter des bouchées pralinées, ou au mieux à cuisiner des petites pâtisseries au chocolat en espérant conquérir ce même garçon populaire qui ne tarderait pas à briser leur coeur, c'était d'un pathétique... Il n'y avait rien de romantique, rien de poétique. Je les voyais, du haut de mon perchoir à côté de la fenêtre du premier étage de la bibliothèque, frétiller sur place tandis qu'elles offraient leurs présents. Il ne leur restait plus qu'à attendre le "Jour Blanc", un mois plus tard, pour connaitre la réponse en retour. Acceptera, acceptera pas ? Certains n'attendaient même pas, et refusaient poliment le présent, sur l'instant. Quelque chose d'aussi irrationnel ne pouvait être aussi stupide et je me refusais à tomber un jour dans ce panneau.
Depuis quatre ans, ma vie n'a pas été de tout repos. J'ai essayé de lutter, j'ai crié, j'ai fui (oh, que de fuites ! ) et j'ai versé tant de larmes. "Une fillette" me direz-vous. Je ne vous contredirais pas, je pense. Mais jamais je n'ai présenté mon dos au soleil. Il y a un peu plus d'un mois, je suis allée à Paris. Cette invitation sur bout de papier déchiré, loin des déclarations conventionnelles de rendez-vous m'avait troublée. Ce n'était d'ailleurs pas un rendez-vous. Juste un cadeau de Nöel de la part...d'un homme qui n'était même pas un ami. C'était insensé. C'était risqué. Je me souviens être partie avec une béquille, et revenir sans. Alors, je pourrais aisément dire qu'il s'agissait là d'une aventure salutaire. La période était un hasard, j'oublais que je m'envolais en février. Je ne sais plus ce qu'on a fait le 14 puisque le temps n'existe plus, lorsque je suis avec lui. Peut-être que lui le sait. Peu importe. Je pense que j'ai renoncé à tenter de le comprendre. Les questions directes que je lui pose restent sans réponse claire. Il est le chat et je suis la souris. C'est ainsi. J'admets que ça ne me dérange plus, pour maintenant.
Je me plais à fuir ce qui est douloureux. Je me force à penser que Jin n'a jamais existé, et que ce crétin de Saigara est parti le rejoindre dans le tiroir de l'oubli. Il est évident que quelque chose ne tourne pas rond chez moi, depuis quelques temps. Il parait que les fous ne savent pas qu'ils le sont. Mais puisque j'en ai conscience, je ne suis peut-être pas si déséquilibrée ? Qu'en penses-tu, Yui ? Je sais que j'ai peur. J'ai peur de tout, j'ai peur d'un rien. J'ai peur d'être trahie, j'ai peur d'être abandonnée. J'ai peur de m'attacher, j'ai peur de m'ouvrir, pourtant face à toi, je suis impuissante. Depuis le début je te fais aveuglément confiance. Je pense que j'ai décidé de tout miser sur toi. Je t'ai offert mon étreinte quand peu de personnes m'ont approchée de si près. A cela, je t'ai laissé me sentir par ces narines effilées qui pointent au milieu de ton visage. J'ai tenté de communiquer, mais je ne suis pas très douée tu l'auras remarqué. Mes paroles ont dû te sembler bien étranges et pourtant, tu as tendu l'autre oreille. Je t'ai offert mes lèvres quand personne n'a eu le droit de les goûter (Noahki ne compte pas, il n'a pas demandé la permission ; ce n'est qu'un voleur ). Des cinq sens, reste la vue : oserais-je te présenter à ces étoiles que personne n'a jamais vues, pas même leur propre confrère ? Le doute m'envahit, et je redoute.
WHITE DAY 'cause you are my ribbon
Nous sommes le 14 mars depuis quelques minutes. C'est en ce jour que les jeunes femmes se verront obtenir leur réponse. Dans la culture nippone, certains adolescents offriront à l'élue de leur coeur un ruban blanc. C'est un geste bien plus romantique que l'affaire du chocolat. A la fin de la journée, si elles accrochent ce ruban dans leurs cheveux ou ailleurs, c'est qu'il y a réciprocité. Ca reste puéril dans un sens. Mais est-ce seulement réservé au plus jeunes ? De cette manière que tu as eu d'enrouler tes bras autour de moi, ce n'est plus l'image précédente du serpent que j'ai de toi, Yui. Pas plus que je ne suis la souris jetée en pâture au travers de tes anneaux. Je suis la chevelure, et vous êtes mon ruban blanc, Docteur Valentine. Dans le mythe, Psychê n'avait pas le droit ne voir le visage de l'Amour lors de leurs rendez-vous, lors de leurs étreintes nocturnes. Mais moi, je veux te voir dans cette obscurité qui me plait tant. Je veux voir tes plumes de soie monochrome. A tes côtés, mon précieux mirage, je n'ai plus peur.
Nous sommes le 14 mars 2014, et depuis quelques minutes, l'année a changé. J'ai 24 ans.
Happy Birthday, Cammy. ***Le dernier bouton cède en même temps que s'achève la mue. La nymphe n'est plus, et l'imago déploie ces ailes mouchetées qu'il redoutait. Il sait qu'elles sont laides, il sait qu'il ne peut les déployer de jour, vilain papillon de nuit. Cammy relève les paupières lentement, fébrile au moindre geste du psychologue. - Il est vrai que tu n'es pas un bon danseur. Alors pourquoi me fais-tu valser si bien de l'intérieur, Yui ? " J'ai choisi des lieux où tu serais avec moi", " Ne t'en va pas ce soir, reste avec moi". Elle n'a pas imaginé ces phrases. Elle a eu ce qu'elle voulait : être désirée, réclamée, comme elle a requis sa présence ce soir. - Tu dis que je cherche quelque chose qui n'existe pas. Alors montre-moi ce qui existe. Le chemisier encore humide atterrit en boule à ses pieds dans un bruit léger et sourd à la fois. Un frisson parcourt toute la surface de sa peau malgré tout. Le soutien-gorge immaculé et dépourvu de la moindre fioriture n'est pas un rempart suffisant au changement de climat ambiant. La rouquine guette alors la moindre once de chaleur en se calant contre cet homme qui arrive si facilement à l'ébranler, réduisant à néant ce bastion qu'elle croyait infranchissable. - CQFD:
Yui, tu me le paieras un jour è.é
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Effet Papillon Lun 31 Aoû 2015 - 21:33 | |
| Les tissus tombent à terre dans un bruit de parachute déplié au vent. Ce soir-là, elle porte du blanc quand elle vient chercher un semblant de chaleur auprès de lui. En apprenant la courbe de son dos il perçoit sous ses doigts une peau laiteuse qui se couvre de chair de poule et il accentue la pression de ses mains pour la ramener contre lui (...) et c'est un sourire qui reste suspendu un moment au dessus de Cammy étendue sur le lit, qui disparaît peu à peu alors que Yui se penche au dessus d'elle pour encadrer son visage à deux mains. -Parce que tu t'agites sans doute pour un rien, papillon.Un murmure, là, juste au dessus de ses lèvres, que ses dents mordillent doucement. Elle n'a pas idée de la tornade qu'elle soulève, encore une à cet instant précis. Il s'allonge sur le côté pour emmener ses phalanges dans une ballade improvisée qui s'inscrit dans les lignes de la demoiselle, partant du cou, entre ses seins, puis sur le plat de son ventre. Dérapant plus bas et encore plus bas. Fragments d'une vie, Le monde par Valentine ...elle avait froid pendant que ses seins pressés contre moi, me faisaient perdre cette notion de froid. J'ai dû rester ainsi un moment alors que j'aurais voulu oublier qui se trouvait en face de moi pour échapper à la rafale de questions qui m'assaillirait ensuite. J'ai encore en mémoire la fragrance de ses cheveux, la chaleur de son cou que mes lèvres ont effleurés, et la saveur du velouté de sa peau sur le bout de ma langue. Cammy Savannah Logan. Je ne peux m'empêcher de trouver que Savannah est un prénom: "hmm..", comme quand une silhouette agréable attire le regard. C'est le genre de détail métaphysique qui me donne envie de considérer une seconde fois quelque chose, juste parce que c'est. Je doute le lui dire un jour tel quel mais les pensées servent justement aux hommes de dire en silence tout ce qui n'est pas toujours éloquent de faire entendre. Ça ne marche pas toujours, j'en conviens. C'est en ça que penser est à mon sens tout un art. Ces infimes détails sur Cammy, je ne les apprendrai que plus tard, bien plus tard, tout comme sa date de naissance. Et bien... à priori, je lui donnerai du vingt-cinq ans à tout casser? Il faudrait que je le lui demande un jour. Cela dit je n'ai pas changé de position: les anniversaires m'ennuient toujours et par leur récurrence régulière rendent les choses monotones. J'ai un côté flegmatique et une vision du monde biaisée par mon égo, -il n'a pas fallu qu'on me le répète pour que je m'en rende compte; pourtant, je ne me suis jamais senti davantage concerné par ce monde que maintenant. Au final, tout le monde vit avec les exagérations de chaque instant; c'est relativement intéressant. Honnêtement, je n'aurai pas su quoi lui offrir maintenant de suite, alors que je réalise qu'il s'est déjà écoulé quelques semaines, voire des mois si j'y réfléchis bien. Et si elle me l'avait appris plus tôt, je ne pense pas que j'aurais pensé autrement... Quoique. Je ne sais. Elle retourne mes fondements, des fois.
Cette nuit là a été quelque part étrange. Parce que j'ai soudain compris qu'elle n'avait connu personne avant moi. Parce qu'ensuite j'ai imaginé la pression qui me flottait au dessus de la tête comme une épée de Damoclès. Je ne savais pas combien cette nuit en particulier comptait pour elle et de combien ce combien me dépassait. Un pas. Un kilomètre. Des années lumière? Je l'ignorais ou disons plutôt que je me refusais de le savoir parce que j'étais persuadé que c'était une distance qui devait me surpasser en m'écrasant toujours un peu plus. Et que j'allais -et étais en train de- commettre un sacrilège. Je ne pourrais pas dire que j'ai passé ma vie à respecter toutes les lois mais quand elle s'est timidement approchée de moi, il y avait comme une pression qui m'empêchait de déplacer mes mains sur son dos, prêtes à découvrir tout son corps. J'étais dans l'incertitude par le fait de la savoir fragile et tout en même temps dans la certitude que je n'avais pas envie ni ne devais la fragiliser davantage. Dans mon paysage mental, il y avait trop de contrastes et de nouvelles nuances à la fois, sans compter les questions à non-réponse qui ont brutalement envahi mon esprit pour la première fois -la première fois, dans ce genre de circonstance. Il y avait eu cet instant comme s'il n'y avait plus le même mécanisme que celui que je suivais d'habitude en passant la nuit avec une femme. Le procédé classique, le même schéma, l'universel avec peu de variantes dans les faits. Mais là, il y a soudain eu une flopée de nouveaux éléments à prendre en compte: j'imagine maintenant une marche d'escalier qui dévoile soudain une série d'autres marches intermédiaires au moment même où je veux poser mon pied sur la suivante. Honnêtement, j'aime les femmes et je pense savoir ce qu'est une femme. Et c'est si près du but que Cammy a brouillé à elle seule la vision que je m'en faisais.
C'était étrange. J'étais troublé alors même que je la dénudais de son haut, ... toute cette transparence entre sa robe et son chemisier de la dernière fois m'est volontairement destinée, j'aime à vouloir le croire, à moins qu'elle compte se balader ainsi tout le temps.
... ....Une négociation à l'amiable est nécessaire.
Mais s'il y a des sujets que je pourrai sans mal lancer, celui là m'est plus délicat. C'est exactement en ce point que je me suis trouvé déphasé, ces sujets qui deviennent cruciaux alors qu'ils me sont d'ordinaire, justement ordinaires.
J'ai été troublé. J'étais vraiment troublé.
Je la désirai en me l'interdisant violemment. Je n'ai jamais dis à Cammy Logan comment elle m'est tape-à l'œil sans s'en rendre compte; c'est quelqu'un qui ne réalisera sans doute jamais les atouts qu'elle possède dans leur intégralité. Je ne crois pas être le seul à pouvoir le dire -bien que dans le fond, j'aimerais sincèrement. Je me clame de nature ni jaloux ni possessif mais en fin de compte il n'y a qu'à moi que je ne peux mentir, ça ne me plait absolument pas quand quelqu'un d'autre que moi attente contre ce que je considère comme mien. Ce champ du mien a des tendances outrageuses à s'étendre: je ne prête rien que je ne puisse récupérer quitte à délaisser plutôt que de prêter. Je ne récupère pas ce qui est perdu et cours après ce que je n'ai pas. Certes... Ce n'est une surprise pour personne.
Mes mains voyagent sur le corps de Cammy, elles coulent le long de sa colonne vertébrale et apprécient le toucher de sa peau. Il fait assez sombre pour ne pas distinguer toute les couleurs mais j'imagine sous mes mains l'autre courbe qui s'achève en bas de son dos. Je suis complètement mauvais pour faire un discours sur l'éloge de la beauté et je ne saurai rester plus de deux minutes à expliquer pourquoi je trouve quelque chose beau. Cammy, pour faire simple, à un moment donné, je me suis surpris à la regarder un peu plus, autrement. Sans doute vers la fin de Paris. Ah oui Paris... Valentine, tu es complément frappé. Je sais. Mais elle est quand même venue. Et si avant je la voyais, maintenant je la regarde. Elle me plait sans que je puisse me défaire de cette attraction. Son éventail d'émotions me plait, son visage constellé de tâches de rousseur ne me laisse pas indifférent. Et d'autres détails non plus. Ça me perd. Je n'aime pas beaucoup me dire que quelque chose se termine quand ça ne vient pas de ma propre initiative. Or cette fois, c'est Cammy qui s'en va et moi qui, derrière mon silence narquois, n'accepte pas son départ. Je sens que je vais lui en vouloir un moment à défaut de pouvoir retourner ça contre moi. Mais c'est peut être un départ qu'il vaut mieux plus tôt que plus tard Valentine, n'est ce pas? Ça m'énerve. Je sens mes dents se serrer d'agacement et les détends d'un coup dans une inspiration mentale au parfum de Cammy. Mes doigts ont fait tomber son soutien-gorge blanc à terre; j'ai souri et me suis laissé enivrer par le spectacle de son corps déshabillé. Elle est sublime, l'ai-je déjà mentionné? Oui mais elle s'en va. Alors ce soir, j'oublie le reste -ma mélancolie contre la poitrine de Cammy dans mes mains, mes remords contre la chute de ses hanches nues devant mes yeux. Je m'assieds au bord du lit et je l'attire contre moi pour embrasser franchement ses seins dressés et sentir leur terminaison excitante jusqu'aux tréfonds de mon cerveau. Ma torture mentale troquée contre notre ivresse sensuelle de l'instant. Mes prédictions en arrière plan contre mon désir qui commence à en devenir douloureux. Je passe une main sous ses cheveux derrière sa nuque et l'allonge doucement sur le lit. Oui Valentine, fais comme si le temps n'existait pas, juste pour l'espace d'un soir, et pendant que tes vêtements glissent au sol, tu enfiles ta capote et tu laisses lentement s'achever ce qui te reste d'intelligence.
(...) L'aube se lève - un post-it est resté. Tu dormais... J'ouvre le salon de thé, tu peux passer quand tu veux. YuiPas de fioritures entre les lettres... parce qu'il lui a fallu une douche le temps de réfléchir à sa tournure. L'eau qui coule le long de son corps osseux a une fois de plus, essuyé les passages d'un plaisir éphémère d'une nuit. Entre le bien être et le reste de ses pensées qui se réveillent de nouveau, un homme jette un regard à la femme qu'il a marqué de son amour. Sa main qui hésite à se plonger dans la chevelure flamboyante d'une âme endormie, une conscience qui se résigne, un geste qui s'arrête à mi chemin. Valentine s'est finalement redressé et a refermé la porte sans un bruit.
Dernière édition par Yui Valentine le Lun 31 Aoû 2015 - 21:34, édité 1 fois (Raison : EPIC FAIL: Je t'avais proposé l'option Princesse Tanaka mais tu me m'écoutes point.) |
| | | Cammy Logan ♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
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| Sujet: Re: Effet Papillon Lun 31 Aoû 2015 - 23:58 | |
| Allongée sur ventre, les mèches éparpillées en larges rayons brûlant l'étendue pâle sous elle, Cammy ouvre lentement les paupières. Face à elle, un oreiller qui n'est pas le sien. Autour d'elle, un lit qui n'est pas le sien. Sur elle, des draps qui ne sont pas les siens. Elle se redresse brusquement, masquant instinctivement sa nudité de ce blanc textile qu'elle agrippe fermement. Un claquement au loin, en bas ; elle se lève emmenant avec elle la lourde traîne blanche protégeant sa pudeur. Ouvrant la porte de la pièce, elle se rue jusqu'à la fenêtre encore ouverte de la pièce à vivre. Un panneau publicitaire lui révèle l'heure et la température extérieure : elle sera bientôt en retard. Elle baisse son regard sur ces silhouettes qui s'en vont travailler. Elle ne tarde pas à repérer la sienne, spectrale. Tellement différente de ces autres fourmis, à contre-sens du courant. Elle s'appuie contre le rebord de cette fenêtre qu'elle avait ouverte par deux fois, et laisse son regard suivre la haute forme grise imprégner sa mémoire jusqu'à ce qu'elle disparaisse au coin de la rue. Si vite, si soudain. Le Temps est cruel, le Temps la dévore. Elle observe sa représentation chiffrée, encore une fois, sur ce panneau. "Quand est-ce que commence ton contrat à l'étranger ?"Cammy ferme la fenêtre. Elle jette un oeil à la statuette de Psychê et Cupidon. Eros, en réalité. On ne mélange pas le grec et le romain. "- J’ai pas envie d’en parler pour le moment, tu veux bien ? C’est pas l’heure."Petit tour d'horizon dans l'appartement. Juste pour espérer en apprendre encore un peu plus. Mais presque tout est à l'identique. Dans la salle de bain, il fait encore chaud, la cabine perle encore de sa buée. Quelques effets personnels, un dentifrice, une brosse à dent. Elle imagine la présence de l'homme dans ces simples gestes quotidiens, routiniers. Dans un délire un peu fou, elle ose imaginer sa propre brosse à dents accompagnant la sienne dans le gobelet. So stupid. Tu parles d'un stéréotype. -"Demain?"Elle prend une grosse inspiration et quitte la salle d'eau. La revoilà dans la chambre et, le chemin négligé de ses vêtements sur le sol ne lui provoque même pas des rougeurs aux joues. Elle attrape l'autre oreiller et l'amène à ses narines. - Et si cette fois… je te demandais à mon tour de te joindre à moi ? - Que je me joigne. Aujourd'hui? Demain... ? "Aujourd'hui" est devenu "hier", et "demain" est "aujourd'hui". Demain n'existait pas. Aujourd'hui n'existe plus. Les minutes ont fondu et désormais, Hier ronge les entrailles de Cammy Logan. Entre ses doigts, un post-it. Le seul élément coloré dans cet environnement de film muet en bichromie. Un texte sur fond jaune au lieu de noir. Elle étire un sourire léger, mélancolique. Cette écriture... la même que sur l'invitation à la rejoindre, quelques mois auparavant. Là encore, il l'invite. Au salon de thé. Sauf que cette fois, elle ne le rejoindra pas. La première fois, elle s'est laissée guidée par la déraison. Et c'est par cette même déraison qu'elle a offert à l'homme qu'elle a choisi, ce qu'elle avait de plus précieux, dès lors à jamais perdu. Elle revêt ses vêtements, fait le lit, ôte la quasi totalité des quelques cheveux qu'elle y a semé durant la nuit. Elle nettoie les verres de la veille, les sèche puis les range. La bouteille de vin prend place à l'intérieur du réfrigérateur ; il est quasiment vide. Finalement, elle prend quelques instants pour s'assoir à côté du fauteuil, non loin de la statuette. Elle pose la tête sur l'accoudoir, le post-it qu'elle admire entre ses doigts, ses noisettes rivées sur les lettres, sur la signature. Tant de simplicité dans les mots pour un être si complexe. " -Parce que tu t'agites sans doute pour un rien, papillon." PARCE QUE C'EST TOI si nos matins semblent poussièreCrois-tu, Yui ? Mais ce n'est pas "un rien" quand, à cet instant, je prends la ferme décision de t'offrir mon être dans son entièreté. Parce que je sais ce qu'il se passe, parce que ça m'effraie même quand je dis, lorsque je pense que je n'ai pas peur. Je me sens propulsée par cette même impression que tout à l'heure lorsque tu emprisonnais mes mains dans une seule des tiennes, au dessus de moi, contre le mur de l'entrée de mon studio. A ce moment là, j'avais honte. Honte de l'émoi impur qui m'assaillait lorsque ton index coulait de mes lèvres, descendant sur mon cou, jusqu'à ma clavicule. J'avais compris le sens de ton regard, et je me suis alors cachée derrière une fausse déception. Tu ne m'as pas déçue, Yui. Je l'étais, mais contre moi-même. Je devenais comme tout le monde, victime d'un désir malsain. Je t'ai rejeté en apparence, mais en réalité j'ai encore fui. Tu m'as demandé à quoi je pensais, par deux fois. J'ai répondu à demi. Une moitié de réponse, contre une autre que je cachais. Parce que tu es au centre de mes pensées. C'est une révélation que je ne pouvais exprimer par ma voix, mais par ma peau. Ma peau contre la tienne et ainsi, pouvoir vivre pleinement la réalité de ton existence.
As-tu remarqué que j'aimais toucher ce qui a de la valeur ? Evidemment que non. Mon regret étant de ne pas avoir pu ne serait-ce que frôler cette oeuvre que j'adule, au Louvre. Mes doigts ont effleuré l'Opéra Garnier, l'église Saint Louis, quelques statues ça et là. La grille du passage du Panorama. Ta veste, au quai d'Orléans. Ta veste, dans la véranda. Ta veste, hier soir. Tes mains, dès que j'en avais l'occasion par un procédé en apparence naturel, et pourtant mûrement réfléchi. Ton dos, à chaque fois que je me blottis contre toi. Je ne suis pas connue pour être quelqu'un de tactile, mais c'est justement en me privant en partie de ce sens que, lorsque je le sollicite, les sensations qui en émanent me galvanisent.
Et puis, c'est juste parce que c'est toi, tout simplement.
Pendant que je laissais tes mains parcourir mon corps dévêtu, mes doigts se sont faufilés dans tes cheveux. Je me suis aggrippée à ton cou, lorsque tu as saisi ma taille. J'ai légèrement levé la tête et baissé les paupières en sentant tes lèvres et ta langue onduler sur ma poitrine. Mes rêves de petite fille envolés, j'ai découvert mon corps de femme sous tes caresses troublantes. Je me suis accrochée à toi, comme si je craignais - en bon mirage que tu es - que tu ne t'évapores à tout moment mais au lieu de ça, tu t'es approché plus encore. Ma respiration s'est un peu affolée, sans que je n'en sache réellement la raison. D'ailleurs, Raison n'était déjà plus, évincée par sa soeur cadette rebelle. Passion, tel était son nom. Et tandis que tu m'allongeais avec douceur sur le matelas, mes ongles ont pénétré ton épiderme dorsal. Mon visage caché dans le creux de ton cou, je n'ai pas osé m'en déloger. Je me focalisais toute entière sur chaque centimètre carré de ta peau contre la mienne, jusqu'à ce que mes lèvres prennent les tiennes dans un ultime assaut, avant que le reste ne m'échappe définitivement.
Le froid s'était envolé. Elle attrape la statuette imparfaite, l'observe avec un sourire fin, puis s'en va la porter dans la chambre. Elle la pose simplement entre les deux oreillers avant de quitter l'appartement, post-it en main, et veste trop large à la fragrance de nicotine sur les épaules. Juste un emprunt. Elle remonte jusqu'à son studio, fait sa toilette, enfile des vêtements propres. Elle ne s'encombre pas et glisse dans sa valise le minimum vital. A l'entrée, avec son courrier, l'enveloppe contenant son billet d'avion. Elle regarde la date du jour affichée. Sa vaisselle n'est pas faite, les deux assiettes gisent encore sur la table. Elle ignore tout, comme si plus rien d'autre que sa valise, son billet et la veste de Yui n'existait. ***L'avion décolle pendant qu'au 20b/appt7 rue Hikari, Hiryuu, une dermatologue d'une cinquantaine d'années, aux cheveux roux coupés à la garçonne, passe nettoyer l'appartement, arroser les nombreuses plantes, et vider le contenu du réfrigérateur des denrées périssables. Ce qui était censé être une mission de 18 semaines était en réalité, 18 mois.
Dernière édition par Cammy Logan le Mar 1 Sep 2015 - 0:04, édité 2 fois (Raison : Dis ça a mon orgueil. J'aime résoudre les choses moi-même lorsque c'est possible =) Mais ça reste ta faute, ptit breton =p) | |
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| Sujet: Re: Effet Papillon Sam 5 Sep 2015 - 10:50 | |
| Un battement d'aile, une tornade. Un battement d'aile... Une tornade. Du temps passe. Derrière un silence lourd qui n'en démord pas, continuent les journées au salon comme si rien n'était. Des semaines passent puis bientôt des mois, où Yui s'éloigne peu à peu du monde pour s'enfermer dans ses anciens recueils de psychologie, neurobiologie, neuropsychologie. Bientôt, de nouveaux ouvrages se rajoutent aux piles de ceux déjà décortiqués et des feuilles saturées de notes volent de toutes parts. Il replonge avec la même fièvre que ses années étudiantes à s'approprier une matière jusqu'au moindre maillon de sa discipline, retrouvant dans ses anciens bouquins, les pages annotées d'une écriture perturbée. Il a été un jour cet étudiant qui ne cessait de devancer ses pairs par sa capacité hors norme à assimiler rapidement, par son sens de l'analyse et surtout, par cette faculté à mémoriser l'information. Cet étudiant, qui, malgré la banalité que devait lui conférer le commun des mortels, ne pouvait ni se détourner de sa fascination pour leur raison d'être, ni se contenter de les observer. Il pousse alors sa recherche en allant attraper au vol ses confrères lors des conférences, laissant le Salon quelques jours aux mains de Féa et de Tanaka. Lorsqu'il revient, ce n'est jamais les mains vides, et c'est pour retourner tous les soirs et d'arrache pied, dans une étude dont nul ne connaît l'objectif. Manège infernal, des schémas numérotés dans tous les sens ornent désormais les murs, par dessus dessous les mille et une perspectives du cerveau qui hantent déjà la salle adjacente du salon de thé. Valentine cherche quelque chose qui lui est resté sur le bout de la langue des années plus tôt, fouille les entrailles des possibilités pour remettre à jour un projet inachevé qu'il avait présenté durant sa dernière année à l'université. Et tandis que de nouveaux parfums de thé remplissent peu à peu le Salon, le thé Valentine voit le jour en mai 2014, le thé Sweet Princess Tanaka, since Oct 2014, et plus tard le thé Absolute Fea, since Dec. 2014. La fragrance de ces thés, originaux et distincts de tous les autres ne seront descriptibles que par ceux qui les ont goûtés. "Vous préparez un nouveau parfum, monsieur Valentine?" Assis sur le comptoir, Yui avait levé les yeux de ses annotations, au point de faire se détourner, le regard du stagiaire. le thé L'effet Papillon ne sera jamais commercialisé. Il ne pourra pas l'être car incomplet de sa composition. Il ne le pourra car, le temps est une fourberie qui s'achèvera bientôt sous ses pieds. Travailler, dormir. Travailler, manger, dormir. Beaucoup de jour, un peu de nuit. Et copy paste, ...copy paste.Des tornades sans battement d'ailes. Le vide sans lendemain que laisse Cammy est sauvagement comblé par le manque de temps alors que le temps n'est qu'un prétexte. La rancœur qu'elle laisse ne s'effacera pas: le portable de Valentine s'éteint le jour où Cammy part, et sera sciemment lâché dans le vide le soir où elle ne reviendra pas. Il ne rentrera plus que pour sommeiller les deux ou trois futiles heures de la nuit avant de repartir à l'aube, bien trop en avance pour l'ouverture matinale. Incapable de ressentir la fatigue, la conscience écumant par la motivation de ne jamais se rappeler la pitoyable sensation d'avoir été rayé d'une vie. L'arrogance reprend le dessus, c'est une acrimonie incontrôlable qui l'anime de l'intérieur et qui le rend horriblement excellent dans les projets intellectuels qu'il entreprend, indécemment implacable dans le déroulé de sa réflexion. La colère pour compenser un échec qui ne s'oublie pas. Un feu détestable qui le mobilise d'une seconde énergie, comme s'il pouvait la puiser dans la carcasse fantomatique de son corps. La hargne contre sa fierté, le silence criblé d'une mauvaise foi derrière cette absence de communication. Yui Valentine est rancunier et il n'avouera pas que la condition humaine parvient à le frapper de plein fouet. Mars 2015. -Bonjour Cammy.C'est une étrange chose que de croiser Cammy dans le halle de son propre appartement à une heure indécente. Parfois, il s'en voudrait presque de n'être que ce qu'il est. Il ne dira pas que la voir ainsi au beau milieu de n'importe quand... c'est un ouragan qui se lève de nulle part, balayant toutes ses autres motivations que celle de rester planter là. En l'espace de quelques secondes, Yui ressent un chaud/froid désarmant qui traverse son corps de la tête aux pieds et ses doigts se froissent sur les pages de la neuropsychologie clinique qu'il tient à bout de bras. De brèves salutations et il se retient de poursuivre son chemin en piétinant ce qui doit lui rester de sa myocarde alimentée par l'amertume. Au lendemain du départ de Cammy.
-Monsieur Valentine? -Je vous écoute Sonoko. -Vous vous regardez des fois?
Il dévisage sans façon cette femme. Froidement un instant, léger sourire celui d'après.
-A quoi bon, nous ne sommes que nous même au final.
Il a versé le thé aux agrumes dans sa tasse sans ciller. De son habituel air détaché.
Des agrumes.
Ce que ce monde peut parfois être détestable. Aujourd'hui et aujourd'hui en particulier, Yui aimerait que Sonoko se taise.
-Vous êtes ravissante aujourd'hui.
Un regard paisible, directe. Elle a rougi. Puis elle s'est tue.
...parce que ça marche toujours.
A la croisée des convergences Il sentait les doigts de Cammy crispés sur son dos, percevait chacune de ses respirations au creux de son épaule. Et alors qu'elle dissipait ses questions, s'installait cette douceur palpable en même temps qu'une tension autrement dénommée passion. Douceur était sans doute le mot qui représentait ces souvenirs pourtant trop vifs, son poids enfonçant un peu plus Cammy dans le matelas. Et c'était déjà si proche l'un de l'autre qu'il avait poussé leur corps à s'amalgamer lentement, dans une étrange passion possessive et indécente dont l'intensité électrisait encore son âme. Le sexe n'était en soi, que quelques instants de bien être éphémères; cette nuit là pourtant, Yui Valentine avait aimé Cammy Logan. C'était sans doute ça le plus dérangeant de l'histoire. Or c'était ce même jour qu'il avait implicitement refusé de la rejoindre où qu'elle aille et c'est une fois partie qu'il en avait eu après elle. Yui Valentine n'avait pas choisi la bonne question, il avait encore joué contre le temps et le temps ne l'avait jamais attendu. Où Cammy. Où est ce que tu iras.
-Instant T, avait-il murmuré en ramenant Cammy contre lui, ses doigts jouant avec une mèche de ses cheveux. Le temps pour moi, c'est la bonne personne, au bon endroit, et au bon moment. Cette jonction-là.
Du temps est passé depuis que Cammy est partie mais ça lui donne toujours la ferme intention de crever plutôt que d'admettre que sa réalité l'atteint aussi profondément. |
| | | Cammy Logan ♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
Genre : Age : 34 Adresse : Arms of Mother Nature 872 Multicompte(s) : Shiki & Erik
KMO :
| Sujet: Re: Effet Papillon Mar 8 Sep 2015 - 21:58 | |
| Mars 2014, quelque part entre le Japon et les Etats-Unis, entre Keimoo et Evangeline Parish, LA. Cammy, sur son siège côté hublot, les mains sur le clavier de son notebook ne sait pas par où commencer. L'occupant du siège à sa gauche respire trop fort. Mon cher Yui, Je serais bien passée à ton salon de thé mais, hormis le fait que j'en ignore l'adresse, je n'en avais pas la possibilité. J'aurais peut-être dû te dire hier que mon avion pour les Etats-Unis décollait aujourd'hui. Je suppose que je pensais pouvoir banalement repousser l'échéance de l'annonce mais je pense avoir tout simplement manqué de cran. Je te recontacterai à mon arrivée aux USA. Prends soin de toi.
Cammy. Elle l'enregistre en brouillon et l'enverra à sa première escale. Elle consulte le dernier mail de l'association l'informant du changement de lieu de rendez-vous. Fin février, une tornade est passée sur Vidrine Road entre Ville Platte et Reddell. Ce ne sont pas de gros dégats, mais les victimes de la tornade n'ont pas beaucoup de moyens. Elle ne connait pas encore son binôme attitré, mais ce Jerry Lowe ne s'est pas fait prier et a tôt fait de la contacter. Quelques jours plus tard, pas de réponse de Yui. Entre deux parterres de fleurs fraîchement plantés de ses mains tandis que le très souriant Jerry répare la toiture avec le propriétaire de la maison situé au 3 Sisters Road, la rouquine envoie un autre message depuis son mobile satellite. Mon cher Yui,
Je suppose que ta reconversion te prend tout ton temps libre. J'espère que les affaires marchent bien de ton côté. Ici ça se passe bien, je me fiche du temps. Je vais aller faire un peu de tourisme demain. - Cammy, ça te dirait qu'on aille faire un tour dans le bayou ?- Lowe, il y a encore beaucoup à faire et le bayou, non merci, c'est répugnant.- Je te l'ai déjà dit : appelle moi "Jerry", comme tout le monde. Est-ce que ça t'arrive de sourire des fois ? Allez, essaie de te détendre.- Laisse moi tranquille, Lowe, j'ai du travail.Un mail tous les deux jours devient un mail par semaine. Puis tous les dix jours. Puis toutes les deux semaines. Toujours sans réponse. Juin 2014. Cher Yui,
M'as-tu oubliée ? J'ai quitté Evangeline Parish. Ma mission y est terminée. Je vais me rendre là où on a besoin de moi. J'ai l'impression que Jerry s'intéresse à ma personne. C'est un crétin. Dis... Ai-je dit ou fait quelque chose de mal pour que tu m'ignores ainsi ? Quoi que j'ai pu faire, je m'en excuse. Le temps s'amuse à m'étouffer, et maintenant, je vois passer les jours avec lenteur. Le Japon me manque. Et toi aussi. - Dis, t'as un mec ?- Qu'est-ce qui te fait dire ça, Lucy ?- Bah, tu te caches pour surfer sur ton téléphone, tu es désagréable avec Jerry alors qu'il n'a d'yeux que pour toi, et tu passes ton temps à regarder le ciel.- Pures spéculations. Tu as un peu trop d'imagination.- Cammy, je n'ai peut-être que 16 ans, mais moi aussi j'ai été amoureuse. Alors on ne me la fait pas. Vas-y, crache le morceau, donne les détails, t'as couché avec ? C'était comment ?Cher Yui, Aujourd'hui, j'ai giflé une gamine de 16 ans. Je sais que j'ai mal agi et pourtant, tout ce qu'elle a trouvé à faire en retour, c'est éclater de rire, comme si mon geste n'avait pas d'importance. Est-ce que moi, j'en avais pour toi ? A quoi bon te poser la question puisque tu ne me répondras pas. Encore une mission qui s'achève, Lucy n'aura pas eu de réponse à ses questions et Jerry n'a toujours pas eu l'occasion de voir un sourire se dessiner sur le visage de Cammy. Août 2014. Un visa qui se prolonge. Reconstruction d'une église et de son terrain dans le Dakota du Sud. Quelques kilomètres avant, dans le nord du Nebraska, Jerry Lowe se gare. - Cammy, tu va finir par me dire ce qu'il ne va pas ?- De quoi est-ce que tu parles ? Je vais bien !- A voir tes larmes, je ne pense pas faire fausse route.- Tu as mal vu. Le soleil te tape sur la tête.- Peut-être...Sauf qu'il pleut là.- Allons nous-en d'ici, j'aime pas cet endroit.- Qu'est-ce que tu racontes, tu n'es jamais venue ici, mais c'est quoi ton problème, hein ?Il est soudainement descendu de la voiture, jusqu'à pénétrer dans le pub qui se trouvait là. Cammy, cache son visage dans ses mains pour oublier le panneau qu'elle a vu à l'entrée de la petite ville. "VALENTINE : Small town, big adventure". Elle a fini par descendre du véhicule, jusqu'à sortir de la ville. A un abribus, elle s'assoit. Jerry Lowe la rejoins peu de temps après. - Alors quoi, tu t'es fait plaquer le jour de la Saint Valentin ?- Laisse-moi tranquille.- Arrête de me dire ça, tu me fais passer pour un boulet. T'es froide avec moi depuis que j'ai osé t'inviter une seule fois à sortir. C'est un crime là d'où tu viens ? - Cesse de dire des âneries.- Des "âneries" ? Ca se dit encore ça ? Oh ! Laisse moi deviner, tu vivais dans un couvent ? Si les bonnes soeurs sont toutes comme toi, je sens que je vais aller prier tous les dimanche...- Crétin...- Hey attends, serait-ce un bout de sourire là ?- Jerry...- Ok ok ! Je te laisse tranquille... Mais il n'empêche que tu es encore plus jolie lorsque tu souris.Yui, Ca va faire bientôt six mois que j'ai quitté le Japon. Je suis censée rentrer bientôt. J'ai la possibilité de prolonger, de l'aide n'est pas superflue ici, même si ce ne sont que pour des petites missions. Je dois leur donner ma réponse bientôt. Que dois-je faire ? Je pense que j'aimerais que tu me demandes de revenir, comme tu m'avais demandé de rester ce soir-là... Mais je me dis que tu ne le souhaites tout simplement pas. Comment savoir ? Alors, à moins que tu ne te manifestes, je vais accepter. Les jours passent, devienent des semaines, puis des mois. Halloween et Thanksgiving se sont déroulées sans anicroche, sans pépin, sans la moindre, même minuscule, catastrophe. L'hiver dans le Mississipi est doux. 23 Décembre 2014, préparatifs de la fête de Noël avec plusieurs membres de l'association. Il est 14h lorsque Cammy Logan, Jerry Lowe et deux autres bénévoles font les rayons d'un Walmart de Columbia, Marion County. Le temps est à l'orage, le vent est fort, mais à l'intérieur du magasin, Cammy envoie une fois de plus Jerry sur les roses. Le garçon ne désespère pas d'obtenir un jour les faveurs de la jeune rouquine. Cette dernière est concentrée sur la liste de courses qu'elle a dressée. Elle tient à préparer elle-même le repas de fête, malgré le budget serré. Alors qu'elle choisit soigneusement ses pommes de terre, les lumières vacillent. Très vite, le mot "tornade" passe sur toute les bouches. Les habitants sont assez habitués, les fortes dépressions sont courantes dans le conté. Pourtant, lorsque le courant se coupe subitement, la panique s'installe. Le séisme de Keimoo revient subitement à la mémoire d'une Cammy en état de tétanisation. La pomme de terre tombe au sol et bientôt, ce sont les contenus des rayons ainsi que les luminaires qui s'abattent. Jerry a juste le temps d'attirer la jeune femme contre lui et ce, jusqu'à la fin. Elle restera à ses côtés au Marion General Hospital jusqu'à la sortie du coma de son ami huit jours plus tard. - Ca doit être le plus beau sourire qu'il m'ait été donné de voir de toute ma vie, bien qu'il a l'air triste.- Ne parle pas pour ne rien dire Jerry, tu te fatigues. Et tu me fatigues aussi.- Seulement si tu me dis "oui". Tu sais très bien ce que je ressens pour toi, je pense te l'avoir assez fait comprendre ces derniers mois. Je suis tombé amoureux de toi à la seconde même où je t'ai vue. Je ne te lâcherai pas.Elle se dirige vers la fenêtre, le temps est radieux pour une Saint Sylvestre. A Keimoo, la neige doit tomber à gros flocons. - Je ne peux pas, Jerry. - C'était pour lui ces larmes, à Valentine ?Un frisson. Un nom qu'elle ne veut pas entendre, même pour désigner une petite ville. - Tais-toi, veux-tu !- Non ! Pas tant que tu ne me le diras pas clairement ! Cesse de parler à demi-mot !Elle se retourne vers Jerry, redressé malgré ses deux bras et ses deux jambes cassées. Les hommes... Pourquoi faut-il qu'ils soient aussi persévérents ? Noahki aussi, l'était. Elle soupire et revient s'assoir près de son ami. "Parler à demi". Yui, aussi lui avait dit ça. - Depuis mes 12 ans environ, j'ai peur d'être abandonnée. C'est sûrement à cause de ma soeur, Lydia. Elle ne m'a jamais aimée je pense. Elle a quitté la maison et nous n'avons plus jamais eu de nouvelles. Aujourd'hui, je ne supporte pas l'idée qu'on puisse me laisser, comme si je n'avais jamais existé. Et...ça s'est reproduit. Deux fois, peut-être trois. Mais je me demande ce qui est le plus difficile à supporter : être abandonné, ou être oublié ?INDELEBILE Elle retourne ses mains et regarde ses paumes. Elle regarde l'Atome du Temps, toujours là, toujours présent. Et il demeurera lorsqu'elle même ne sera plus là. Elle ne les a pas oubliée, ces personnes qu'elle a aimées et qui sont parties loin d'elle. Evidemment qu'elle ne les a pas oubliées. Et même si l'absence de Lydia, Jin ou Noahki lui est pénible, ils demeurent à l'intérieur car un simple "Au revoir" boucle la boucle, or... Il n'y a pas eu d' "Au revoir" de la part de Yui. Dans la nuit du 13 au 14 mars 2014, Elle s'est endormie heureuse et puis... Elle ne l'a plus jamais été. " Je n'ai pas besoin de me souvenir de toi, Cammy". Il lui avait dit ça. C'était à une époque où leur présence l'un auprès de l'autre n'impliquait pas d'avoir à se souvenir. Se souvient-il d'elle aujourd'hui ? A-t-elle au moins marqué l'Histoire de Yui Valentine ? L'empreinte du psychologue est cette fois trop profondément ancrée en elle pour qu'elle puisse s'en détacher d'elle-même. - Je ne veux pas qu'il soit un souvenir. Les souvenirs, c'est pour ceux qui oublient.Jerry, mal à l'aise est resté silencieux après cela, pendant quelques minutes. Il a rompu le silence après une grande inspiration. - Je n'ai jamais eu la moindre chance, hein ? - Jerry, je..- Je ne veux pas entendre d'excuses, il n'y a aucune raison d'en prononcer. Toutefois, j'aimerais que tu fasses quelque chose pour moi. Tu devrais retourner à Wasabiland pour en avoir le coeur net. Parce que contrairement à toi, je n'ai pas de patience. Et ne reviens que si ce nullard t'a jetée en bonne et dûe forme.- Jerry... Tu pourrais être moins familier quand même.- Ouais bah en tout cas, ton mec est un gros con qui ne sait pas sa chance. Si je l'avais en face de moi, je lui en collerais une !- Toi aussi t'es qu'un imbécile. Regarde dans quel état tu t'es mis !- Hé !! Je t'ai sauvé la peau, tu pourrais me remercier !- Oui pardon... Merci.- Définitivement, tu es tellement jolie quand tu souris...***Cammy restera quand même trois mois de plus. Les dommages à Columbia après le passage de cette tornade de Force 3, deux jours avant Noël mettra du temps à se remettre de ses blessures. La moindre aide pour sa reconstruction est la bienvenue. Egalement, la rouquine se refuse à rentrer au Japon tant que Jerry est encore hospitalisé. Les semaines passent alors, encore. Mars 2015. Yui, Je ne sais pas pourquoi je t'envoie ce mail. Je vais revenir dans deux jours. J'espère te voir. Retour à Keimoo. Cammy passe le premier soir chez ses parents. Le jour suivant, elle se décide à retourner à son appartement. Franchir la porte de l'immeuble n'a jamais été aussi difficile. Elle s'arrête devant la porte du numéro 1, et même si ça n'était pas prévu, y restera plusieurs heures. L'attente finit par se faire ressentir, puis l'impatience. Elle en conclut que Yui ne vit plus là. Finalement elle franchira les étages suivants, épuisée, et dormira jusqu'au lendemain, quelque part entre le soir et le matin. Et c'est une averse qui s'abat sur la ville, tentatrice au milieu de la nuit fraiche. Cammy remonte le temps en descendant les escaliers. Les pluies de Keimoo ont toujours été les plus belles. Ni trop chaudes comme en Australie, ni assassines comme dans le Mississipi. Même les typhons y sont presque agréables. Arrivée au pied de l'escalier, la porte de l'immeuble s'ouvre de l'extérieur. Surprise. Un nouveau locataire ? Puis la stupéfaction. Douloureuse. - Bonjour Cammy.TURN BACK the hands of timeElle reste interdite, son regard ambré scrutant ce gel indéfinississable qu'elle pensait ne pas revoir. En franchissant la porte de son studio la veille, elle avait perdu espoir et songeait à réserver son billet retour pour Columbia. Le son de sa voix est un automatisme glacial qui la transperce et taillade ses sens à vif. "Bonjour Cammy" ? Se dessine alors sur les traits de la jeune femme, la colère, sombre péché qu'elle a rarement ressenti de manière aussi viscérale. Elle alimente ses jambes qui se mouvent jusqu'à l'homme, remonte promptement de son bas ventre, jusqu'à sa main droite et c'est un claquement sourd qui répand son écho dans tout l'immeuble. - C'est tout ce que vous trouvez à dire, Docteur Valentine ? Comment se fait-il que vous vous souveniez encore de mon nom ?Elle parle, sans crier puis recule de quelque pas, la fureur s'atténuant à l'instant même où elle a fini sa phrase. Toutefois, elle ne laisse pas cet instant s'éterniser et se rapproche à nouveau de l'homme pour mieux poser ses mains de chaque côté de son visage. Le coeur au bord des larmes, elle n'en peut plus de les retenir. Elle y parvient, toutefois. - Je peux ne regarder que le présent si tu me dis que j'y ai ma place à tes côtés. Je ne veux pas que tu sois un souvenir, Yui. Je veux juste que tu sois...mon présent. Je ne te pose pas de demie question cette fois, alors je ne veux pas de demie réponse, et pas dans dix ans ! Je reste avec toi, ou je pars loin de toi. C'est qu'elle a eu le temps de savoir ce qu'elle voulait, malgré l'ignorance subie. Elle se bat, elle avance, mais elle a toujours cette boule au ventre, toujours ce sentiment irrationnel. Alors, elle lui attrape la main et l'emmène dehors, sous cette pluie admirable, comme si cette dernière devait être le témoin d'une éventuelle promesse à venir. | |
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| Sujet: Re: Effet Papillon Sam 12 Sep 2015 - 11:19 | |
| La claque part. C'est d'une facilité surprenante qu'elle le fait sortir de ses gongs en soulevant les pans de sa colère, contre une autre forme de douleur qui lui donne l'impression d'avoir un gros trou en plein milieu de l'estomac. Dans sa main, le bord des quelques pages ne résistent pas et se froissent par une pression imprévue, seul signe de son état d'esprit derrière ce calme un peu trop plat. Une gifle, vraiment...? Pour quelqu'un disparu du jour au lendemain? Mais Cammy se rapproche sans lui laisser le temps de réagir pour poser les deux mains sur son visage, embrouillant sa raison. Elle l'entraîne de suite après dehors, dans un silence pluvieux jusqu'à ce que Yui extirpe sa main de celle de Logan: au final c'est encore le même schéma, elle papillonne puis disparaît, une gifle et puis une caresse. La vie est une étrange ironie. Elle attends une réponse. -Pars. Ce n'est pas comme si elle n'avait pas déjà choisi de le faire. Il pleut, Yui abhorre toute cette pluie. Elle l'agace, à tomber sur ses paupières et à le contraindre de plisser les yeux. Mais Cammy semble avoir oublié que mars n'est pas un mois des plus agréables pour se retrouver sous les sanglots d'un ciel mourant. -Je ne sais pas de quelle place tu parles. Je devais t'attendre?, finit-il par rajouter péniblement. Le présent par définition, n'a pas de passé, ni d'avenir. Si tu veux tu peux rester ce soir et disparaître demain.En face de lui, ce visage qui l'obsède, cette fille qui sème son désordre émotionnel. Cammy n'a pas changé, elle lui paraît encore plus attirante que la dernière fois, encore plus désirable derrière ses traits tirés par la fatigue. Mais derrière cet attrait, persiste l'aigreur dont les saveurs âcres ne parviennent plus à s'estomper. Il voudrait l'avoir dans ses bras tout en lui balançant son manuel à la figure pour que disparaisse son illusion, il voudrait ressentir les fragrances de sa peau tout en la rejetant loin de ses pensées. Yui réalise alors qu'il ne lui reste plus que la fureur qui suinte les courbes de chaque mot à travers un semblant de sérénité hypocrite. -Ton monde fait de rêveries romantiques et rempli d'idylles c'est bien, pose calmement Valentine sans détourner le regard. C'est très bien si tu peux croire que tu peux tout faire. Mais tu crois quoi Cammy? Que j'attends en sachant que demain j'apprendrai que tu pourrais être... Hm, je ne sais pas, par exemple à l'autre bout du monde -éventuellement? La gifle, c'est pour quoi? Pour ne pas avoir répondu? À s'entendre parler, il ne s'arrêterait plus. Valentine s'interrompt et secoue la tête. La vérité n'est autre que Yui Valentine ne peut s'empêcher d'attendre Cammy sans jamais accepter de l'admettre. Il fait un pas en arrière et lui tourne le dos pour rentrer. C'est sans doute la meilleure des choses qui lui reste à faire au lieu de céder à la tentation de vouloir idiotement s'accrocher à un monde trop fleuri où il ne saurait survivre. -Restons en là. Fais ce que tu veux, moi je rentre, j'aime pas la pluie. La jonction de l'instant T n'a jamais autant vacillé dans son esprit. Yui Valentine n'a rien de pour ou de contre, contre la pluie après avoir pu passer des heures à éplucher des ouvrages accompagné du bruit de cette dernière. Pourtant aujourd'hui, sentir l'averse lui tomber dessus a un quelque chose de lancinant. Cette histoire l'angoisse. A la croisée des Convergences Yui n'a jamais cessé de lire les mails de Cammy sans pouvoir y répondre et le jour où, sous le coup d'un mécontentement apaisé, il s'était dit qu'il lui écrirait en badinant sur n'importe quel prétexte, elle lui parlait d'un crétin de Jerry. Valentine avait des lors cessé de vouloir répondre, se détournant de tout ce qui se rapproche de plus ou de moins à Cammy. La composition Effet Papillon est rangée au placard et les saveurs qu'il imagine en mixant les herbes doivent avoir le goût de la rancœur. Seule la statue de Psyché, placée sur l'étagère de sa chambre continue encore de le regarder de cet air perdu et amouraché. Il traverse la chambre sur le point de jeter un œil dehors quand le téléphone sonne. Un autre appareil qui continuera à capter les messages et tous ceux qu'il voudrait ne plus recevoir. -Valentine, se présente-t-il au combiné. Lassitude. Le numéro est une identité masquée au nom d'un anonyme parmi tant d'autres, mais le silence, ce silence des mots et le son de cette inspiration fragile qu'il reconnaît instantanément à l'autre bout se passe d'identité. -Eliane, appelle-t-il doucement. Il y a sa conscience qui tressaille au fond de lui et qui lui fait manquer un battement de cœur dans le monde invisible des choses. Une once d'adrénaline s'y mêle, de cette terreur sourde qu'il a appris à élever et à commander au fil des années d'expérience mises a rudes épreuves. Une voix faible, un silence et c'est son être qui perd ses ressources. Eliane, répète doucereusement une voix en écho, pour saluer sobrement dans le domaine des non-dits; Bonjour mon échec, ma défaite, ma perdition. C'est la première fois qu'elle pense à lui au point de vouloir entendre le son de sa voix au bout du fil. D'habitude c'est son frère, qui s'est emparé du rôle de messager et qui sert d'équilibre entre lui et le reflet qu'il a perdu. -Parle moi, intime-t il sans à-coup. Il pourrait communiquer dans ces paroles silencieuses qu'il a l'habitude d'échanger avec elle, mais le téléphone voile le monde des pensées. -Valentine, appelle alors la voix. Il n'a pas besoin de la voir pour sentir son état, pour connaître la fragrance déstabilisée de ses réflexions. Les secrets n'ont plus de place dans leur proximité scellée. -Je suis prête à me faire soigner. Un appel au secours silencieux. Un calme qui laisse un frisson glacé parcourir l'échine de Valentine. La volonté de guérir est l'étape supérieure après celle de devoir survivre. -Je serai là, enchaine Valentine sans réfléchir. -Je crois que j'ai oublié des choses... Un autre silence. -Ne t'en fais pas. Ce que tu ne peux te souvenir, il suffit de le retrouver.Eliane réfléchit encore. -Je ne sais pas ce que je dois me souvenir Valentine. J'ai peur de découvrir ce que j'ai oublié, j'ai peur de... Un autre silence torturé. Yui plisse les yeux et se mordille la mâchoire, patiemment. La peur est un élément qu'il voudrait écarter du champ d'Eliane. -Ne t'en fais pas.Valentine pose encore ses mots un à un alors que son cerveau rentre en surchauffe. Parler vite fait peur à Eliane, une expression de travers et elle oublie ses repères. Parfois, seul le silence la réconforte et ça, seul Valentine se l'est approprié. Ses pas le rapprochent du bord de la fenêtre, qu'il ouvre machinalement alors que ses yeux se posent automatiquement sur Cammy. L'envie de l'appeler lui prend soudain. - ...D'accord. Je crois que je suis à Paris. Je pense. Elle raccroche avec un train de retard et Valentine laissera son portable bien après qu'elle ait coupé la conversation. Restée sur ses positions, Cammy est encore au bas de l'immeuble en plein milieu de la rue, comme tout à l'heure. De là où il se tient, elle n'est pas si bas ni très loin et il imagine presque ses tâches de rousseur, son petit nez, son visage expressif dont ce qu'il communique creuse un peu plus le gouffre qu'elle a créé en lui. Le vide n'est pas très marqué et il pourrait presque l'enjamber pour la retrouver. Elle devrait rentrer, il fait froid. Il devrait s'excuser, puisqu'elle est encore là. Ils devraient tout un tas de choses sous cette pluie torrentielle. Yui élève la voix. -Cammy. |
| | | Cammy Logan ♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
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| Sujet: Re: Effet Papillon Dim 13 Sep 2015 - 1:07 | |
| " Pars" MIRAGE DE FROID Au creux de mes mainsEt c'est un coeur qui hurle son agonie silencieuse quelque part entre les tempes et l'arrière d'un crâne au bord de l'explosion. Le corps figé ne réagit même pas aux larmes que le ciel verse pour lui, innondant son âme, subissant sa propre déchirure aux rythme de mots dont la cruauté n'a d'égale que l'injustice subie. Cammy Logan souffre de ce mal qu'un docteur avait tenté de lui interdire. Elle souffre autant qu'elle aime. Elle souffre de la main retirée comme si la sienne était lépreuse. Ce calice qu'elle boit jusqu'à la lie porte le goût de l'amertume, de la rancoeur d'un être indéfini pour qui elle sacrifierait tout. Elle souffre de la moquerie subie à plein nez, de ce rôle de coupable qu'on lui attribue d'office, d'une colère qui n'est pas la sienne et qu'elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas. Elle voit ce dos qui lui fait face et qui s'éloigne, rappellant avec une exactitude déconcertante ceux de Lydia, de Jin, de Noahki. De Lawrence. De Dayen, de Shiki, de Saki, de Shiro. De Narcisse. Pour la plupart, ils sont partis de manière progressive, mais le résultat reste le même. Voilà en quoi son voyage aux States lui a été bénéfique. Elle pouvait ainsi voir du monde, partager des expériences, travailler la terre, venir en aide à des personnes qui ont tout perdu ou presque. C'était pour elle un moyen de se persuader que sa misère n'était que peu de choses et qu'à défaut de survivre à sa peine, elle allègerait celle des autres, ne serait-ce qu'un peu. Porter le fardeau des autres est tellement plus simple quand le vôtre vous écrase au point que vous parvenez plus à respirer. C'est un poids qui pèse lourd, chauffant l'oesophage et lançant toute sa masse au creux de l'estomac de l'Australienne. L'ombre de Yui disparue, la main droite de la jeune fille remonte à ses lèvres, atténuant l'envie indistincte de recracher la géhenne qui se répand dans ses veines jusqu'à la moindre capillarité de son existence. Cette affliction se coince alors dans le creux de sa gorge, et Cammy ne parvient à déglutir qu'avec difficulté. La main gauche tente de calmer le tourbillon déclenché quelque part dans l'abîme de son estomac. Les jambes flageollent et lâchent, laissant les genoux heurter le bitume laissant quelques égratignures enfantines se frayer une place. FLOCONS DE SEL coulent léger et puis tourbillonnentLa pluie ruisselle sur son visage, masquant tout autre impureté saline et chaude. Le froid de l'averse évince les pleurs puérils. La bouffée d'air est pénible et Cammy subit une quinte de toux. Elle lève son visage vers une lumière derrière ce double vitrage qui occulte tout ; bruit, froid et désespoir d'une femme sentimentale. Un soubresaut, un sanglot et la voilà qui se lève à nouveau, porté par sa seule et piètre volonté de survie. Lui vient alors cette conversation avec Dorothy, cette vieille américaine de 81 ans, incapable de faire trois mètres sans aide, fan de Dean Martin et de Michael Jackson. Si Cammy n'avait pas pris l'habitude comme ce soir, de porter une fleur artificielle dans sa chevelure, Dorothy l'aurait à chaque fois dévisagée comme si elle la découvrait pour la première fois. Elle ne disait pas que cet artifice était "original" comme tous les jeunes de moins de 60 ans se plaisaient à déclarer... elle préférait dire que ça n'était "pas ordinaire". Les deux personnes que plus d'un demi-siècle séparait, avaient bu du thé pendant plus d'une heure et cours de laquelle Dorothy avait, malgré sa santé fragile, exprimé son simple désir de vivre. Son époux l'avait quitté 15 ans plus tôt, puis ce fut le tour de son fils aîné, et plus récemment, son fils cadet. Tout ce qu'elle désirait aujourd'hui, c'était continuer à suivre ses feuilletons sentimentaux, les talk-show d'Oprah Winfreh et de Jerry Springer ainsi que le Tour de France, l'été, sur une chaine du câble. C'est ainsi qu'elle vit, de son petit bonheur en livre de poche. Que pouvaient bien signifier une simple rupture "en bonne et dûe forme" comme le dit si bien J. Lowe, en comparaison ? La rouquine, debout à nouveau, S'apprête à se mettre en marche. "Pars". Ca ne pouvait pas être plus clair. Cammy l'avait voulu, cette réponse franche. Le plus douloureux, ce n'était pas la réponse en elle-même ; c'était la surprise. Elle avait trop espéré comme une évidence, l'autre choix, celui de rester. Elle regarde le creux de sa main. Plus de passé, plus de présent, plus d'avenir. Le temps a juste repris son cours normal, et alors que la voix de Yui fait disparaitre le silence, une sphère se crée, aqueuse et invisible. Un monde aux couleurs inversées. Elle lève la tête vers l'homme et étire les lèvres en un sourire simple, affable. - Oui je sais. Je risque d'attraper la Mort. Elle refranchit la porte d'entrée, laissant tout son être dégouliner sur les marches qu'elle emprunte. Sa main droite caresse la rampe plus qu'elle ne s'y cramponne. Premier pallier franchi, elle n'accorde pas même un regard à la porte 1 et amorce sa montée vers les étages suivants. Un thé pour se réchauffer, ça c'est une bonne idée. L'ondée lui a semblé pourtant si douce. Mars qui rit, malgré les averses, prépare en secret le printemps. Théophile Gauthier. Dégage - (c)RoBERT Six pieds sous Terre
Dernière édition par Cammy Logan le Dim 13 Sep 2015 - 16:21, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: Effet Papillon Dim 13 Sep 2015 - 11:29 | |
| Un bourdonnement dans ses oreilles, Yui se penche en avant et tend le bras vers Cammy. Il voudrait recueillir sa silhouette au creux de sa main, mais elle lui échappe, seule la pluie tapotant désormais l'avant de son bras. Là où elle se trouvait à l'instant passent deux phares, puis le grondement d'une voiture qui emprunte la voie. Un décalage s'opère devant le gris irisé des yeux de Valentine, où la silhouette d'une rouquine disparaît subitement sous les roues du véhicule.
Oui je sais je vais attraper la Mort.
La ligne de son regard qui s'accroche à celui de Cammy se brise sauvagement et Valentine se voit arracher un hoquet de stupeur à la place de mots qui s'apprêtent à prononcer une fois de plus le prénom qui fait frémir son âme. Il sent son corps flancher et rencontre soudain ce déséquilibre qui le bascule vers l'avant, dans le vide de la ligne rompue. Les quelques mètres qui le séparent du sol ne sont pas fatales à qui s'apprête à retomber sur ses pieds. Mais Valentine se voit lui-même tomber comme balancé dans le vide, et c'est son épaule qui explose violemment au sol, puis son crâne.
Une porte claque bruyamment sans ménage, presque arrachée pour être ouverte à la volée.
Une tornade, un battement d'aile, une tornade, encore. Et encore.
Resté les phalanges plantées telles des serres au rebord de sa fenêtre, Valentine cherche des yeux avec frénésie, la voiture disparue à l'angle de la rue; il cherche le corps de Cammy renversé à terre. Le regard encore ébahi, il sent ses genoux trembler sous l'impact de son propre mirage, comme il lui arrive d'en avoir à force de se sevrer de sommeil. Il peine à décrisper ses doigts du cadre de la fenêtre et se retrouve en quelques enjambées hors de son appartement, l'air hébété devant le dos de Cammy qui poursuit son ascension vers son étage comme un spectre. Ses oreilles ne captent pas vraiment le fracas de sa porte contre le mur, son ouïe s'est noyée dans le bourdonnement familier accompagnant les écarts subites de tensions. Il perçoit son pouls au ralenti, il s'entend respirer -ou plus d'une façon plus réaliste, manquer ses propres pulsations vitales.
Encore quelques pas, une autre foulée puis il se fiche de laisser tomber tout son poids en accrochant ses bras autour de Cammy.
-Non, la mort ne peut pas t'attraper parce que je serai là avant.
Il aurait beau céder contre lui même, la mort n'aurait jamais sa place ainsi. C'est une chose particulièrement étrange que de passer son temps à se battre avec l'ombre de soi-même. Une guerre sans merci dans laquelle Cammy lui vole les moindres tressaillements de son coeur jusqu'à lui faire faire suivre ces pulsions et céder à ses passions.
-Ne pleure pas, je t'en prie...
Son étau se resserre autour d'elle, et c'est sans doute la seule sensation qu'il ressent désormais distinctement de celles de toutes les autres. Emporté par sa chute de tension, le reste ne prend que des allures secondaires, et Valentine, livide, ne démêle plus ses bras. Le spectacle au bas de la rue auquel seuls ses yeux et son imagination ont assisté le délaissent pantois, incapable de se focaliser sur aucun autre objectif fixe que celui d'un papillon qui bat désespérément des ailes sous la pluie. Le sang bat étrangement dans ses oreilles, sa voix prend des tournures comme s'il était sous l'eau, il y a une torpeur lourde qui s'abat sur ses épaules, mais tout lui va du moment que ça rajoute du poids dans son étreinte.
-Si tu pars, je pars avec toi.
Il laisse son visage tomber au creux du coup de la jeune femme, trempée par la pluie.
-Dis ce que tu veux, fais ce que tu veux mais je ne peux pas te lâcher. Je ne peux pas.
Ses jambes ploient et Yui laisse son dos glisser contre le mur tout en les obligeant tous deux à s'assoir sur les marches.
-J'y arrive plus c'est fini...
L'absence d'équilibre peut opérer de nouveau, c'est bien le cadet de ses soucis. Il ferme les yeux parce que sa vue se couvre de petits éclats blancs, jaunes et rougeâtres et que sa tête ne s'y retrouve plus. Ses narines ne perçoivent plus l'odeur de la pluie ni celle du parfum de Cammy. Sa bouche s'assèche et ne présente plus de saveur tandis que seuls ses bras autour d'elle gardent leur consistance.
-...tu me rends complètement insensé.
Le cou de Cammy est d'une chaleur lointaine d'où il ne parvient à déloger sa tête devenue trop lourde. Sans la relâcher, il ne libère que la pression des doigts d'une main pour la remonter devant les yeux de Cammy et l'écraser doucement dessus pour écarter pluie et larmes. Resté derrière elle, Yui ne voit pas son visage mais sent ses larmes encore chaudes, cette fausse pluie sur sa paume et ses phalanges. La voir pleurer lui fait mal, sentir des larmes réveille cette douleur sèche à l'estomac à le faire se plier en deux. Sa main se fait lourde et elle retombe pour s'agripper contre Cammy.
-Je suis désolé.
Il laisse l'air vicié d'humidité remplir ses narines, ses poumons s'affolent et reprennent l'oxygène qui leur est dû. Le mal qui nait dans son cerveau lui donne l'impression d'être dans un état lattent et de devoir articuler la moindre des syllabes pour être certain que les mots soient dit. Des mots qui saignent.
-Tu m'as vraiment manqué et tu n'imagines pas comment. |
| | | Cammy Logan ♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
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| Sujet: Re: Effet Papillon Dim 13 Sep 2015 - 20:11 | |
| (toute petite réponse, u_u) NATURE MORTE le temps n'y est pour rienElle pousse la porte de son appartement, glisse sur le sol de ses pieds nus, caresse les murs et autres objets se trouvant à portée de main. Son corps subit une pression, elle imagine. Dans la réalité de cette pierre qui recouvre les murs, elle rêve d'une étreinte qu'elle n'espère plus. Des vagues ruissellent sur la plage de ses joues, recouvrant ça et là des galets aux teintes rousses, le sable de sa peau s'immerge. Un iceberg l'emporte, elle devient la marionnette de la glace. Emprisonnée, tandis que son esprit fait chauffer l'eau du thé à l'identité inconnue, elle fabule ce qu'elle a perdu. Que ces bras l'enserrent quitte à l'étouffer, compressant son coeur qui n'en peut plus de se battre pour des mirages, idylles fantaisistes et ridicules, elle ploie sous ce poids qui froisse ses ailes, lui arrachant ainsi ce qu'il lui reste de couleur. Elle verse la boisson brûlante dans une tasse, puis dans une autre avant de prendre place sur sa banquette à l'assise écrue. Mais les larmes semblent ne pas vouloir tarir, au point que la demoiselle ne les sent même plus. Mais, en buvant son thé, elle rêve d'une main posée sur son visage faisant ainsi barrage à sa douleur. Elle penche la tête et accentue le contact. Ferme-t-elle les yeux, assise sur les marches de son immeuble entre deux niveaux ? Ou bien est-elle à l'abri dans son appartement, laissant ce mélange d'agrumes et de jasmin se frayer un passage dans l'immensité de son monde dans l'attente de se faire oublier ? Dans le premier, de douces paroles où Yui parle de rester à ses côtés, où il avoue qu'elle lui a manqué. Le second est marqué par l'absence, la colère, la peur et ces mots qui résonnent indéfiniment. Elle oscille d'un monde à l'autre, entre peine et joie puis le chemin se dissout. Pars. Je suis désolé. Restons-en là.Tu m'as manqué. Pars.Je serai là. Restons-en là.Je ne peux pas te lâcher. Pars.Si tu pars, je pars avec toi. Le petit rire se mêle aux larmes tandis qu'elle lève un bras, pointant du doigt une fissure dans un mur qu'elle redessine dans l'air. La lézarde prend alors la forme d'une maison aux couleurs de l'espérance. Fenêtres larges, pièces lumineuses et tant de bibelots, statuettes et livres habillant les murs. - Une façade entre le saumon et le corail. Un grand jardin avec un pommier. Une allée d'azalées et de cyclamens. Des glaïeuls et des hortensias. Un Border Collie qui aurait pour nom "Jack". Une cuisine simpliste, un évier en grès qui donnerait sur le jardin par une petite lucarne agrémentée de deux petits rideaux en dentel...Ton monde fait de rêveries romantiques et rempli d'idylles c'est bien.Elle se stoppe alors que sa tasse lui échappe des mains. Elle transperce le sol laissant ainsi par dessous ses pieds, l'obscurité du tartare entamer son ascension. Elle l'engloutit peu à peu, saisissant sa cheville. Par reflexe, Cammy relève ses jambes, en tentant de se défaire de cette emprise. Elle blottit ses genoux contre elle, agrippant les bras de Yui fermement comme s'il était sa bouée de sauvetage. - J'ai peur... J'ai tellement peur. Je t'en prie Yui, ne me lâche pas. Pas toi. Ne m'..Ne m'abandonne pas, tente-t-elle de dire, mais les mots restent bloqués entre sa gorge et ses lèvres qu'elle pince entre elles. Elle peut oublier les couleurs, les fleurs et les contes si ça le gène. - Je ne veux qu'une... petite place. Je me ferai toute petite, je te le promets. Je ne te dérangerai pas. La voix déformée vacille, proche de l'extinction. Cammy renifle son chagrin en murmurant quelques derniers mots. Même si tu ne m'aimes pas... Est-ce que je peux ? Yui...Est-ce que moi, je peux t'aimer ? Elle se recroqueville un peu plus contre elle-même, emprisonnant un bras. Peu importe au fond si ce qu'elle vit en cet instant est réel ou pas. Plus rien n'a d'importance. Nature Morte - (c)RoBERT Princesse de Rien
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Effet Papillon Dim 20 Sep 2015 - 15:19 | |
| Les nuances reviennent, les mots reprennent leur sens. Le sifflement dans ses oreilles s'estompent, la chaleur au creux du cou de Cammy devient perceptible. Ses cheveux flamboyants, ternes et meurtris ainsi sous la pluie, perlent toute leur chaleur dépossédée sur elle, sur lui, futiles remparts avant que les dernières gouttes finissent aspirées par la terre. Cammy ne sait sans doute pas quel effet ça fait de la voir pleurer, ni quelle sensation elle laisse quand ce qui sort de sa bouche ne sont plus que sanglots, mots confus et syllabes salés au goût des larmes; ces sons, dont la fragilité bouleversée lui susurre qu'il est de loin le plus pourri de la terre. Cammy ne voit pas ce que ça lui provoque, lorsque ce qu'elle lui dit offre plus de tord que de réconfort, et lorsqu'étreinte ainsi dans ses bras, elle se voudrait encore plus petite là où il pensait la voir dans toute son intégralité. Yui relève la tête et l'appuie en arrière contre le mur. La lumière intérieure rend les fenêtres plus sombres qu'il ne le fait en réalité. Le silence retombe lentement, il baisse les armes: un mot de travers, un seul, et tout s'écroule.
-Ce que tu voudras. Tout.Une lassitude s'abat soudain sur ses épaules et la sensation d'avoir perdu un quelque chose d'indéfinissable ne le quitte pas. Ses mains se resserrent sur les vêtements de Cammy au point de les froisser, et il la tire contre lui. -.... Il fait froid.Et il frissonne de l'intérieur. Distorsion C'était une autre nuit, un autre jour, un quelque chose qui s'inscrivait entre les deux, un jour grisé par la pluie. Les transitions entre ses souvenirs s'effacent petit à petit tandis que le spectacle de Cammy assoupie contre lui reste limpide à ses yeux. Il avait remonté la couette sur ses épaules et l'avait regardée dormir ainsi parce qu'il lui plaisait de l'observer pendant son sommeil quand le sien se faisait absent. Il lui arrivait alors de s'extirper de la chaleur des couvertures et d'aller se pencher près de la fenêtre. Sans volets et seulement parée de rideaux, la chambre n'était jamais vraiment plongée dans la pénombre et c'est dans cette semi obscurité que revenait la scène de la berline traversant le bas de sa rue. Cet étrange mirage se répétait maintenant depuis des jours d'affilée, troublant plus que de raison sa conscience déjà tiraillée de toutes parts. Il fixait ce point où Cammy disparaissait soudain de sa vue, jusqu'à ce que la buée de sa respiration couvre complément la vitre. Une bonne chose qu'elle reste un rempart, parce qu'à chaque fois, c'est une sensation de chute mêlée au froid glacé de la vitre sur ses paumes qui le font brusquement revenir à la réalité. Mais tant que Cammy Logan dormait derrière lui, tant qu'il retrouvait sa silhouette se découper dans la lumière nocturne, il pouvait basculer autant de fois que l'emporteraient ses illusions éveillés. Peu importe le lieu. Dans quelques heures l'aube pointerait, dans quelques heures il ferait mine de se réveiller aux côtés de la rouquine. Mais la vérité, la sombre vérité derrière, c'est que son esprit est préoccupé par un autre départ volatile de Cammy. Il avait dit qu'il la suivrait, encore fallait-il qu'elle ne disparaisse pas pour pouvoir se faire. Il ne savait pas ce qu'il ferait si il devait accuser un autre départ maintenant, et cette obsession le rendait malade. D'un autre côté, la nouvelle invention qu'il s'apprêtait à mettre au point le rendait fébrile, dans un état de frénésie mentale tel, que le sommeil avait été écarté de ses priorités. Entre autres. Quant à l'appel d'Eliane de la dernière fois... Ça le travaillait. Il faudrait qu'il retourne sur Paris bien assez tôt pour voir si le traitement en était un bon et si la thérapie qu'elle voudrait bien suivre n'était pas la blague de dernier cri d'un abruti de psychothérapeute et/ou n'importe quel type dont la profession commençait par -psycho. Il a reporté son regard sur la rue endormie. Ses réflexions s'entremêlent, se démêlent pour former plus loin un nouveau nœud sans fin. Quand il lui arrivait de somnoler quelques heures, il y avait le mystère du pont vide qui s'étendait sous ses pieds, comme une élévation sans fond, dont les fondations étaient vicieusement masquées par la brume. La brume, ça résumait bien sa passe onirique. Valentine en venait à ne plus apprécier ce pont parce qu'au final, il ne pouvait évoluer que d'un côté ou de l'autre, à moins de se résoudre à lâcher son corps au vide. Devant cette énigme irrésolue, il se frotte vigoureusement la tête, ébouriffant ses cheveux clairs dans un désordre improbable en jetant un regard vide au bas de la rue. La veille, il était revenu du côté de Cammy et s'était assis au sol, pour ne pas avoir à déformer le matelas et la réveiller. Il avait posé le menton sur le rebord et tendu le bras pour jouer avec le bout d'une mèche de ses cheveux roux. A un moment, son visage s'était s'affaissé pour se poser sur le côté et il pensait avoir fermé les yeux juste quelques minutes. Il se souvenait exactement du déroulement de ses pensées, qui le menaient à aller se faire un café dans quelques heures pour tenir une autre journée. Il s'était dit qu'il corserait la dose en mettant deux capsules et qu'il ramènerait un thé à Cammy si elle était réveillée. Sinon, il poserait ses lèvres sur son front encore chaud et lui murmurerait qu'il partait au salon. Il sortirait en pensant qu'il devrait continuer son auscultation de l'esprit de Féa, mais que le seul moment propice serait la fin de la journée après que le dernier client ait levé les voiles. Il devrait garder son portable quelque part dans ses alentours au cas où Cammy veuille quitter la ville, avancer dans la lecture de sa pile d'ouvrage qu'il devait mais ne parviendrait pas à finir en si peu de temps. Il aurait à servir un nombre interminables de tasses de thé, épaulé de Féa et Tanaka et après avoir fait valser quelques instants toutes ces âmes, il tenterait de pouvoir rentrer à temps en espérant tomber sur Cammy -et non pas sur sa mère en train d'arroser ses plantes. Hm. C'était encore une chose relativement étrange. Le même déroulé, -à quelques variations près- repasse devant ses yeux préoccupés devant cette maudite fenêtre d'où son univers s'écroule. Pourquoi par là, quand est ce que cette cassure a commencé, il ne se rappelle plus. Valentine s'est gratté la nuque d'où il faudrait qu'il retire l'étiquette de ce fichu tshirt qui ne manque pas d'irriter ce qu'il lui reste de tolérance envers lui-même. Paris, il fallait qu'il y retourne. Fichue fenêtre, fichue ville. |
| | | Cammy Logan ♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
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| Sujet: Re: Effet Papillon Dim 20 Sep 2015 - 21:28 | |
| Pluie acide qui ronge, amertume qui s'infiltre et s'immisce entre les gouttelettes d'une existence peinte. Cammy a un jour attrapé le combiné de son téléphone filaire bleu turquoise, jouant avec le fil de ses phalanges sur lesquels ses ongles ont été rongés jusqu'à ne plus sentir l'air.
- Allô ? Qui est à l'appareil, répondez enfin !
Elle a entrouvert les lèvres et le râle qui en est ressorti n'avait rien de ce que le commun des mortels qualifierait de "normal". Gorge asséchée de n'avoir rien avalé depuis des jours hormis ce qu'un spectre lui apportait, l'agonie se poursuivait dans l'étroitesse de ce corps qu'elle envahissait jour après jour. Cammy s'est toutefois forcée à avaler une gorgée d'eau du robinet, mais trop tard, l'américaine a déjà raccroché. Ridicule au milieu de son salon à tenter de prononcer un mot, elle tente d'évincer la solitude provoquée par le retour de Yui à ses activités. Plus loin que le bégaiement d'après le tremblement de terre, le mutisme s'est simplement instauré de lui-même, cette fameuse nuit. Tout est désormais devenu malsain. Elle, lui, l'immeuble et tout ce qu'il contient. Paradoxalement, Cammy se sent incapable de franchir la porte d'entrée, effrayée par le monde, par l'extérieur. Un autre jour, elle attrape à nouveau le téléphone et glisse sur le sol. Elle raccroche en voyant non loin son ordinateur portable.
Cher Jerry, Je ne reviendrai pas. Je ne peux plus repartir. Merci pour tout, je n'oublierai pas celui à qui je dois la vie. Cammy.
Une vie sauvée sur un continent, perdue sur un autre un soir de pluie. "Pars".
Elle ferme les yeux, et s'allonge sur le sol. Ce jour là, ses rêves l'ont amenée dans une petite maison aux bords d'une épaisse forêt d'un côté, de très hautes montagnes brumeuses de l'autre et à une centaine de mètres à mi-chemin, un lac ayant l'allure du ciel par l'image que sa surface renvoie. Le Lac Miroir. Cammy s'est alors approchée de tout près de l'eau, très près, jusqu'à voir son reflet distinctement. Ses cheveux ondulant avaient la couleur de l'improbable, plus éclatant encore que leur terne originel. La femme au contraste puissant porte alors une toge corail que découvre un sein rond et pâle comme le marbre. Cammy lui a alors demandé son nom en silence, sans même avoir à remuer les lèvres. Le reflet a alors simplement étiré les lèvres, puis lui a tendu les bras. Une invitation. C'est ainsi que Cammy Logan a plongé, laissant l'eau glacée glisser le long de sa gorge, par ses narines, et ainsi se répandre dans tout son être.
LE GOUFFRE A TOUJOURS SOIF la clepsydre se vide
Un estomac qui crie famine fait lever les paupières d'une demoiselle, le corps jonché sur un tapis aux ornements floraux. Celle qui a pour nom Cammy Logan se redresse difficilement, le regard parcourant le décor de son appartement. Une lucarne en vue, et la voilà qui se dirige vers elle en titubant. La force n'est quasiment plus sinon celle d'apercevoir le monde. Déception de n'apercevoir ni Forêt Eternelle, ni Monts Brumeux. La seule source d'eau est celle d'une immense flaque d'eau qu'un monstre de métal vient percuter de plein fouet. Serait-ce un cauchemar ? La voilà qui s'assoit sur un fauteuil tandis que la faim tiraille tout son être. Des souvenirs se répandent dans les nuages psychédéliques de son cerveau et se mélangent. Les songes deviennent réels, la réalité devient brumeuse. Au final, la rouquine n'est sûre que d'une chose : elle a faim. Elle cherche quelque victuaille dans son garde manger, grimace en avalant un peu de thé au jasmin. Le pain est rassis, les pommes sont pourries, mais il y a là une boîte de litchis qui n'attend qu'elle. Après avoir bataillé pendant quelques minutes pour l'ouvrir, c'est avec l'énergie de la voracité qu'elle criera victoire par un petit rire de satisfaction avant d'attraper bon nombre de ces fruits trop sucrés à main nue, coupant la peau du pouce et de l'index sur le tranchant du contenant métallique. Le sirop dégouline de ses lèvres, tachant le pull cendré et le sol. Une fois la boite vidée et le reste de jus avalé, la sylphide se rend dans la salle de toilette, réprimant un cri de stupeur devant le reflet terne qu'un miroir lui renvoie. La baignoire étroite se remplit et Cammy regrette de ne pouvoir se prélasser dans une étendue plus large. L'eau déborde de l'immense vasque, et c'est à force de soin méticuleux de ses doigts sur sa peau et sur toute la longueur de ses mèches que l'éclat de vie reprend sa place à la surface de son corps. Devant le dressing, tant d'épaisseur dans les textiles que l'Australienne se sent étouffer d'avance. Malgré la fraicheur de l'extérieur, son choix se porte sur une robe ivoire et un petit gilet corail et une paire de mocassins blancs. Son reflet lui renvoie cette foit une drôle d'impression. Un déjà-vu lancinant de thé au citron. Ce qu'elle sait, c'est que c'est une tenue qu'elle n'a jamais porté à l'extérieur. Cette robe est un cadeau, mais sa légère transparence a toujours été un frein à son port. Tout comme cette autre là, sur le cintre, mais qui lui coupe le chemin de sa mémoire. Pour l'instant. Une étolle vient entourer sa crinière encore humide ainsi que son cou ; il ne faudrait pas qu'elle attrape froid.
" Il fait froid "
Un frisson et aussitôt, la mélancolie qui a tenté de l'habiter est repartie d'où elle venait. Elle glisse désormais le long des escaliers, passent devant chaque porte de l'immeuble sans les voir et sourit grandement à la vue du soleil pointant sur elle. Ses paupières se closent tandis que la chaleur de l'astre qui l'effrayait un jour, caresse désormais son épiderme. Il est temps d'aller faire le plein de vivres.
JE SUIS "AUTREFOIS" et j'ai pompé ta vie
- Cammy ? Qu'est-ce que tu fais ?
Elle regarde ce grand homme d'une cinquantaine bien entamée, le scrutant avec intérêt. Un vide devant lequel l'individu à la chevelure grise...ou plutôt, poivre et sel, semble afficher une forme d'impatience. Une lumière éclaire la mémoire de l'Australienne qui se rue sur l'homme, enserrant sa taille de ses petit bras menue et blotissant son visage contre sur torse. - Papa !!! Je suis tellement heureuse de te voir !
Désarçonné par ce rapprochement un peu trop chaleureux, Seth Logan s'en retrouve sans voix.
- Dis...tu as de l'argent ? Je n'en ai pas et j'ai très faim. - Quoi ? Tu te sens bien Cammy ?
Durant les minutes suivantes qui s'écoulent, un père de famille est tourmenté devant le "cinéma" de sa fille. La voir marchander son étolle en soie contre quelques fruits et quelques légumes, ou proposer un aide gratuite est plus que perturbant. Au final, il a passé l'après midi avec elle, l'amenant dans une crêperie à la limite du quartier Bougu où la jeune femme s'est empiffrée de pas moins de six pâtisseries. A un moment donné, Cammy a eu le regard attiré par une enseigne étrange d'une rue croisant celle où elle se trouvait. Un salon de thé... et c'est un pincement au coeur qui s'instaure.
- Je dois rentrer. Je ne peux pas rester loin de chez moi trop longtemps.
Seth raccompagne sa fille, constate les dégats dans l'appartement. Le sol inondé de la salle de bain, un placard retourné, des vêtements éparpillés, une cuisine souillée par un liquide sirupeux et... qu'est-ce donc, un litchi qui traine ? A voir la boite de conserve, l'homme comprend mieux les pansemants de fortune sur la main de sa fille. Ce n'est qu'une fois tout remis en ordre et le repas du soir préparé à l'avance que Seth prendra finalement congé. Encore déboussolé par le comportement irresponsable de la chair de sa chair, il se retient de l'emmener de force passer un scanner de son cerveau.
SOUVIENS-TOI Le jour décroit, la nuit augmente
Tandis que le soir s'abat sur la ville, Cammy fait le bilan de la journée écoulée. Elle avait été étrange, n'expliquant pas son comportement au marché, ni le désordre de son intérieur. Tout comme cette tenue presque choquante qu'elle porte et qui avait du attirer le regard de bien trop de mâles. Pour chez elle, ou pour une soirée, ça pouvait passer. Pas pour faire le marché, et encore moins pour faire l'aumône. Elle retire les petits sparadraps de ses doigts et entreprend de les remplacer de façon plus propre. Un bruit retentit dans l'immeuble, une porte qui claque. Et ça lui revient.
Toutes ces nuits, dans ces draps blancs qui ne lui appartiennent pas, elle a, à un moment, ouvert un oeil. La silhouette de cet homme entre contre lumière, de celle du lampadaire de la rue, était une oeuvre d'art incomplète. Cammy aime ce qui est incomplet. Yui Valentine...est incomplet. A plusieurs reprises, elle a été tentée de s'extirper de cette nacre qui l'entourait pour approcher une bien plus attrayante pâleur entre ses bras. Mais... Il n'avait pas vraiment répondu à sa déclaration. Malgré la tristesse, malgré la peur de perdre à tout jamais ce mystère qu'elle ne parviendrait jamais à résoudre, pas même dans une autre vie... Elle ne savait pas quelle place il lui consacrait. Le fait d'attendre une réponse qui ne viendrait sans doute jamais était une torture. Elle avait été différente ce jour, mais au lever du soir, tandis que le rideau tombait sur la scène de cet énième acte, elle redevenait la même. Alors elle arrange ses cheveux, ajuste cette tenue qui ne la dérange plus et fait tomber le gilet. Elle ouvre sa porte et descend avec hâte jusqu'à l'apercevoir en bas de l'escalier. Elle se stoppe alors, net, manquant de louper une marche. Elle ne sait pas quoi dire devant ce regard intensément glacé. "Pars". Elle ne veut pas.
- Yui... Est-ce que je peux venir ?
Elle revoit alors ce reflet d'elle-même au Lac Miroir. Elle était si jolie, cette "Psychê". Alors à son tour, elle étire les lèvres, pour faire comme elle. Et si sa vie n'est qu'un songe, autant qu'elle ne se réveille plus jamais.
Au final, elle dévalera les marches restantes jusqu'à s'agripper fermement à la veste de l'homme. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Effet Papillon Mer 23 Sep 2015 - 0:37 | |
| La voix de Cammy le surprend quand il rentre dans l'immeuble, tandis qu'elle se retrouve presque jetée dans ses bras. Le ton de sa voix lui fait un étrange effet, comme s'il ne l'avait plus entendue depuis longtemps alors qu'il est certain de s'en souvenir dans un passé pas si lointain que ça. Il y a quelque chose qui s'effrite chez Cammy, un quelque chose qui change sans qu'il parvienne à mettre un mot à ce changement perceptible. Sans être capable de comprendre ce qui est en train de la dévaster, il laisse le temps s'écrouler, abîmant de jour en jour la raison de celle qui aurait dû briller de tout son éclat devant ses yeux. Devant sa robe légère, il écarquille les yeux tandis qu'il passe doucement ses mains derrière son dos. -Absolument p....Il a fermé les yeux, exaspéré. Pas de né-ga-tion. La dernière fois en tentant de lui dire qu'il reviendrait en discuter plus tard, son restons-en là avait mis Cammy plus bas que terre sans qu'il n'imagine une seule seconde qu'elle réagirait ainsi à ce qui avait été banalement prononcé sous le coup d'une colère. Depuis, il réfléchissait à ce qui allait sortir, dans le doute de semer un nouvel ouragan sans nom. Cela dit, oui pour qu'elle sorte vêtue -dévêtue ainsi- non pour que le moindre regard la dénude encore plus qu'elle ne le paraît déjà à ses yeux. Il pourrait bien faire sauter les yeux des premiers coups d'œil venant se poser sur sa silhouette fine se mouvant sous les tissus, mais autant dire que la bataille était perdue d'avance. Pour le coup, c'était une excellente d'idée qu'elle lui en pose la question sous forme d'autorisation, bien que dans le fond, il supportait assez mal de devoir faire face aux questions où il devait donner ou non une permission. Dans le fond... , c'était en fait, insoutenable. Ça lui paraissait si absurde à tel point qu'elle lui en faisait mal à la conscience. Où avait-il fauté, au point de réduire Cammy à craindre la moindre de ses réponses...? Agacé par les questions sans réponses il a répondu au sourire creux de Cammy. Mais même aussi splendide sous ses yeux, il manquait quelque chose à son entrain habituel; il n'avait pas encore trouvé quoi. Elle avait un quelque chose de céleste qu'il ne devait pas abîmer mais qui se détériorait indéniablement, un quelque chose qu'il décrirait comme tel, à moins ce son regard subjectif l'ait rendu complètement à côté de la réalité. Ce qui en soit, n'était pas improbable... -Est ce que tu peux, oui rien n'a changé, tu peux, a-t-il commencé en se disputant avec ses propres pensées. La perspective de ne pas pouvoir la rendre ni heureuse ni épanouie s'ouvre soudain dans le choix des possibles et cette vérité là est de loin la plus douloureuse à être assimilée. -...Et bien. Allons-y.
Allons où...? Ce n'était pas tout à fait ce qu'il était censé dire. Mais lui clamer qu'il refuse de l'exposer ainsi au regard du monde est en fait plus complexe que ce qu'il se le figure... À un point où il en perdrait son éloquence. Il l'a gardée blottie contre lui et son cœur s'est perdu dans les dédales de ses pulsations. Cammy voudrait venir mais il ne sait pas où elle voudrait atterrir, Cammy qui s'accroche dans ce message silencieux qu'il est supposé interpréter à l'aveuglette. Il retire sa veste et la lui passe sur ses épaules et se faisant, son regard tombe sur ses doigts entourés de pansements. Il attrape le poignet et le lève à hauteur de ses yeux. -Qu'est ce que c'est ?Réaliser qu'il ne voit la plus tel quel est un autre coup porté à son égo alors qu'il la relâche finalement en secouant la tête, aveugle à ses sentiments, ne se doutant rien du chaos des quelques instants auparavant, insidieusement installé à quelques étages au dessus de sa tête. Il ne sait rien, rien de la douleur interne qui hurle en Cammy, alors que ses premiers murmures aurait dû lui crever les tympans, à lui en premier. Il ouvre la porte, et refait face à la fraîcheur extérieure avec une fois encore, l'impression de ne pas avoir trouvé la bonne solution. Les Jardins d'Opale1C'est une soirée douce, plus tempérée que toutes les précédentes, où une pluie ne percera pas le ciel qui s'empourpre face à la nuit. Il y a non loin de chez eux, ce parc qu'il a en connaissance sans jamais l'avoir parcouru. Les endroits floraux ne sont très certainement pas son lieu de prédilection mais au final, ce parc qu'il découvre à mesure de ses pas s'apparente davantage à un jardin japonais, sans en être tellement un. L'endroit est une sorte de charme, il faut l'admettre; mais tout ce décor devient indéniablement secondaire lorsque que la jeune femme qui ondule à ses côtés reste le pivot de ses attentions, sans compter qu'elle ne manque pas d'attirer tous les regards. Tous, tous ces passants terminant leur tour, croisent cette chrysalide qui leur paraît hors du commun dans sa chevelure flamboyante et sa robe blanche légère qui danse au gré de ses pas. Le regard de Valentine se fait plus sombre et c'est agacé qu'il glissera une main autour de la taille de Cammy, ignorant le monde jusqu'à ce qu'il disparaisse. Retombé dans un mutisme pour se contenter de poursuivre cette ballade improvisée sans destination, leurs pas les mènent plus loin encore et Yui s'arrête finalement sur le petit pont rouge qui traverse un mince cours d'eau. Distrait, il scrute le mouvement de l'eau qui coule sous leurs pieds. Passer du temps avec Cammy est soudain devenu une chose étrange comme s'il devait retourner sa mémoire pour se rappeler qu'ils l'avaient déjà fait il fut un temps. Et une fois de plus, il s'oublie dans un silence qui le caractérise lorsque ses réflexions l'emmènent trop loin pour pouvoir être ramenées à la réalité. Yui ne s'en rend compte qu'avec un moment de décalage. Il revient vers la rouquine pour l'enlacer brièvement avant de poursuivre cette ballade sans objectif, un bras autour des épaules de sa psyché. ...La Psyché, comme la statue qui n'a jamais cessé de le regarder d'un air éperdu. Valentine décide alors de parler. Les couleurs se lèvent et tandis que le soir retrouve lentement son empire sombre, les nuances dansent devant les yeux du seul observateur capable de les voir autrement que de les imaginer.
Outre Monde -...Il y a toujours un pont obsessionnel qui revient dans mes rêves, c'est relativement étrange. Dans ce rêve là, je me dis que j'aimerais bien voir des poissons, mais tout ce je trouve c'est une fille qui cherche à transpercer un pauvre poisson rouge qu'elle a sorti d'un bocal. Raconté ainsi, ses propos prennent un aspect loufoque à peu près dérisoire et c'est en le réalisant que Yui a eu un sourire. Il se retourne pour voir l'eau s'écouler au loin de l'autre côté. Il ne saurait dire s'ils sont réellement en train d'avancer, s'ils sont restés sur le pont rouge ou s'ils se sont arrêtés quelque part sur cette étendue en passe de sortir de son sommeil hivernal. Il fait sans doute froid mais c'est une température qui s'oublie, des sensations qui s'évaporent jusqu'à ne plus pouvoir être ressenties. -Tu connais un Féa ? C'est un de mes employés. Il lui a pris la lubie d'installer un aquarium au salon l'an dernier. Il y a depuis, sept poissons dont un que j'ai dû appeler comme la mangeuse de poisson. Araignée. Parce qu'il est noir avec une tâche rouge. C'est son surnom mais dans le rêve je crois qu'elle s'appelle Kami. Et elle a doit aussi avoir un problème obsessionnel avec les araignées...Il lui parle alors des clients comme s'il lui racontait une histoire, de la vie au salon -multicolore d'une certaine façon- d'Eloquence ce chat offert par un de ses anciens patients de l'école, de Tanaka la princesse qui cassait toutes ses suites de tasses. De la terrasse qu'il aimerait bien voir se styliser dans un style japonais, des bonhommes de neige au nez de carotte que le Rônin de tous les temps n'aura pas installé cette année. De la salle du personnel, de ses portraits de patients qui ressortent un à un de sa mémoire en forme de mots suintant sur ses notes éparses, de ses thés à la composition surprenante reflétant la personnalité du salon. Il laisse ses pensées déverser des images à coup de nuances translucides, il raconte paisiblement une histoire comme si elle devait avoir un début et une fin, captivé par son propre monde qu'il n'a jamais cherché à traduire intelligiblement au moyen rudimentaire de la parole pour ne pas en avoir vu l'utilité. Yui poursuit à mesure de leur pas, -des pas imaginaires si entre temps ils se sont posés quelque part, le temps que le bras posé sur les épaules de Cammy, ses doigts gardent une mèche de cheveux orangée-, et il continue ainsi la matérialisation d'un conte jamais relaté auparavant, ce conte à la trame décousue qui lui paraît pourtant limpide au point d'en voir une logique. Yui évoque son projet de pouvoir matérialiser les rêves par la sortie des Hololens, cette étude dans laquelle il a livré un premier rapport à quelques un de ses confrères, ce projet qu'il est en passe de voir s'officialiser pour pousser les fondamentaux de la psychologie. Dans ce récit, il y a des couleurs déformées qui se distillent quelque part dans le paysage et il réalise qu'il se retrouve réellement assis le regard quelque part perdu dans l'étendu vaste devant ses yeux qui finissent par percevoir le ciel clair parsemé des premières étoiles naissantes. Il ne se rappelle ni de d'être assis sur ce banc froid, ni d'avoir demandé à être entendu, ni d'avoir cherché à entraîner Cammy dans ce silence. Il a soupiré, -d'aise, et il a donné son regard gris à l'infinité d'une nuit clairsemée d'idées. -Il y a, parmi les peu de patients très patients qui me reste, une qui dans ce monde ne sait pas qu'elle passe son temps à faire s'envoler les nuances des personnalités pour les dévoiler au yeux de la terre. Mais comme elle ne le sait pas, il faut le lui répéter, et lorsque plus personne ne le lui rappelle, elle a tendance à se perdre. C'est une fille dont le langage est un étrange mélange de couleurs, douceur et empathie, et qui en ce moment est en train de tenter de comprendre ce qui lui arrive. Sans doute beaucoup de choses, mais c'est comme ça que je la préfère; quand elle est submergée par son propre cœur au point de s'oublier de vivre. Alors j'ai l'impression que je peux lui rappeler que je l'aime, parce que ça la fait vivre, parce qu'elle est comme elle est. Je ne sais pas. J'ai tendance à penser haut et parler en silence, et ce qui devrait être fondamental passe des fois un peu trop loin de ma conception. Hm. Tout compte fait ce n'est pas une vraiment patiente, elle ne peut pas l'être parce qu'il y a beaucoup plus de choses qui se passent en réalité. J'espère que tu te reconnais. Il a étiré ses lèvres dans un sourire amusé qui a cessé de se faire lointain comme s'il parlait d'absurdités métaphysiques. -Tu sais que vers l'été, il y aura sans doute des rangées de fleurs un peu partout là. Et après un jour de pluie si tu me rappelles de revenir là, peut être qu'on aura la chance de voir autre chose. Si tu me le rappelles tu verras quoi. Mais pour de suite, là, je te propose de ne pas rentrer à l'appartement mais d'aller là où il fera moins froid parce que... Parce qu'en fait je crois qu'il fait vraiment froid. Il se relève et invite Cammy contre lui. Le cuir du siège arrière s'écrase doucement sous leur poids et Valentine demande l'aéroport au conducteur, une main posée sur le genoux de Cammy. Spectacle neutre et serein, pas de valise, pas de destination, ce soir, il n'y a que les couleurs qui s'envolent. Nous ne rentrerons pas ce soir. ______ 1 : inspiré du forum Blindfolded |
| | | Cammy Logan ♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
Genre : Age : 34 Adresse : Arms of Mother Nature 872 Multicompte(s) : Shiki & Erik
KMO :
| Sujet: Re: Effet Papillon Dim 27 Sep 2015 - 12:06 | |
| I SEE TREES OF GREEN Red roses too
- Merde ! Elle s'enfonce !
Je marche pieds-nus sur le marbre gris de l'Absinthal, hôtel des âmes endormies. Une brise fraîche circule et son sifflement est la seule musique que je puisse écouter. Les lieux regorgent d'autres âmes et pourtant je suis seule dans ce grand espace. Il y a cette ombre qui m'accompagne ; elle n'a pas de visage, elle n'a pas de nom. Elle me mène simplement à cette personne aux longs cheveux d'argent et aux yeux clos. Derrière elles, plusieurs portes : elle me demande de choisir. Je ne réponds pas : pourquoi est-ce que je choisirais ? Je tourne les talons, je ne suis pas prête. Je me retrouve alors dans ce parc, sur ce banc. J'étire les lèvres pour une raison que j'ignore.
- Quelle est ta fleur préférée ? - Freesia.
J'ai répondu sans réfléchir. Thémis ne sourit pas, mais je sens que ma réponse lui plait.
- Souhaites-tu te reposer ? - C'est bon, j'ai un pouls ! Au bloc, vite !
- Je ne suis pas fatiguée. - Alors va à Rhode et rends-toi utile. Tu as un nom ? - Cammy putain, reste avec nous !! Bats-toi bon sang !
Des cris, une odeur de sang, de mort. Ils coupent, découpent la chair pénètrent de leur mains gantées les entrailles de la rouquine. Le rythme cardiaque s'accélère.
- Psychê.
I SEE SKIES OF BLUE And clouds of white
Je suis déjà venue ici. Cette chaumière, cette forêt, ces montagnes. Loin de mon logis, le village de Rhode est austère, creusé à même la roche écrue. Le temps est clément, le soleil est léger, et l'hydromel coule à flot. L'Ancien m'en a proposé à plusieurs reprises, mais j'ai toujours décliné. Ce monde est tellement merveilleux... mais je ne veux pas tomber dans le piège de Perséphone. Je ne me souviens de rien. Ni de comment j'ai atterri ici, ni de l'existence que j'avais avant. Tout le monde ici prétend que c'est ainsi que nous sommes. Que "avant" n'a aucune signification, que les saisons n'existent pas. Le Temps n'est qu'une invention des âmes nouvelles mais qu'on oublie vite. Je ne veux pas oublier. Alors j'ai posé cette question : " Pourquoi vous appelle-t-on l' "Ancien", alors ? " . Il ne m'a pas répondu. Je m'en suis retournée chez moi, même si je sais pertinemment que cette maison n'est pas mienne. Il y manque trop d'éléments. J'aime la paix qui y règne, j'aime le bruissement du vent dans les feuillages des sapins non loin, j'aime aller dans les pâturages, jouer avec la faune locale tout en dansant au milieu des papillons blancs. Je les suis jusqu'aux Lacs Miroirs et me penche au dessus de l'eau. Ma toge corail glisse un peu de ce fait, je n'en ai cure. Je ne parviens pas à me détourner de ce visage qui me ressemble mais dont les couleurs s'estompent. Cette femme...souffre, de l'autre côté de la surface. J'aimerais l'aider, j'aimerais lui offrir mes ailes. Que désire-t-elle ? Mon nom. Je lui souris de toute ma chaleur et me penche un peu plus. Je lui demande le sien, j'ai besoin de savoir. Je lui tends les bras.
The bright blessed day...
Je vois alors un tout petit espace tandis que la faim m'envahit. Je n'ai rien mangé depuis des jours. A vrai dire, je ne me souviens pas avoir mangé quoique ce soit de mon existence. J'ai revu mon reflet, j'ai eu peur. Tellement peur. Je l'ai reconnue, cette fille déchirée par ses sentiments. J'ai fouillé son histoire, ses souvenirs ; je me suis sentie souillée. A l'étroit dans un bassin, j'ai ôté toute impureté de ce corps qui est devenu le mien. J'ai posé dessus un linge immaculé et je me suis sentie... Vivante. C'était le mot. La vie, c'est ce que Thémis voulait me cacher. Je suis sûre que ces portes derrière elle allaient me soustraire à elle. Au lieu de ça, j'ai quitté cet endroit et j'ai découvert le monde. J'ai rencontré ce grand homme, ce père contre qui je me suis laissée aller. J'ignore pourquoi je tiens à cet homme. Certainement parce qu'il me protège de sa tendresse. Il m'a offert des pâtisseries. J'adore les pâtisseries, j'en ai englouti plusieurs. Et puis, j'ai vu cette enseigne là bas. Un salon de thé "métaphysique" ? Je fouille encore dans les souvenirs de cette fille.
Mais tu crois quoi Cammy? Que j'attends en sachant que demain j'apprendrai que tu pourrais être... Hm, je ne sais pas, par exemple à l'autre bout du monde -éventuellement?
C'est tellement évident. Cet homme l'a attendue. Et il l'attend sûrement encore. Elle doit rentrer chez elle.
The dark sacred night...
Je me suis enfouie au plus profond d'elle et j'ai observé cette balade dans le parc. J'ai ressenti tout ce qu'elle éprouvait comme si nous ne faisions qu'une, elle et moi. J'ai tressailli lorsque cette main a glissé sur notre...non, sur ma taille. J'ai ressenti alors cette étrange sensation, celle de lui appartenir. Je sais que j'étais en marge des autres, criant "Indépendance !" à qui pouvait l'entendre. Toutefois, l'idée d'appartenir à une personne ne me dérangeait pas plus que ça à cet instant. Mieux que ça, je me vois encore pousser cet autre moi à pencher la tête pour la poser sur l'épaule de l'homme. Je la sens qui s'insurge un peu, que ce n'est pas correct de s'afficher ainsi aux yeux des autres et de croire que la place occupée n'est pas assez grande pour se permettre telle action. Malgré tout, sur ce petit pont de bois, rouge, il y a cette même sensation familière à Rhode : le temps n'est plus, pour quelques instants. C'est après un instant indéfini qu'il reprend son cours, moi, enlacée dans ses bras. Je revois alors ma chaumière au bord de la forêt et réalise pourquoi elle ne sera jamais mon "home sweet home" : la solitude y est trop présente et je ne la désire plus pour compagne. De même qu'à écouter Yui Valentine - oh, je me rappelle ce nom - me raconter son histoire, s'ouvrir ainsi alors qu'il n'en a pas été forcé cette fois ( je me revois encore lui demander s'il aurait su me parler d'Eliane si nous ne l'avions pas croisée dans les rues de Paris ), bref... J'en ai besoin. Qu'il se confie à moi, qu'il me fasse confiance. Je n'analyse pas ce qu'il me dit, je me contente d'écouter le son de sa voix en réalisant que je suis à nouveau en train de tomber amoureuse de lui. Cruelle injustice quand on sait que ce n'est pas réciproque. J'essaie de me réconforter en me persuadant qu'il s'est passé un truc, cette fameuse nuit. Lorsque je... Non, lorsqu'elle s'est offerte à lui. Une brume m'entoure, et voilà que le parc s'estompe, laissant ainsi la place aux Lacs Miroirs... - Vite, un médecin !!! Elle fait un arrêt !!!
L'orage gronde, le tonnerre bourdonne grandement, l'éclair me frappe. Yui parle d'une femme de façon tellement personnelle et passionnée que la jalousie me frappe en plein coeur. À la surface du lac, l'image de ce couple sur le banc se brouille, un autre éclair me frappe. Encore une fois, je la revois perdre ses couleurs, tourner la tête vers l'opposé et retenir ces larmes qu'elle ne veut plus jamais laisser couler. Alors ainsi, "il l'aime" ? Que fait-il là alors, et que fait-elle là ? La faim me tiraille, je veux goûter au miel de la région et me laisser glisser vers la douceur du climat. Rejoindre cette maison vide, aider ces gens qui ne signifieront jamais rien pour moi, et leur sourire à tout jamais.
Tout compte fait ce n'est pas une vraiment patiente, elle ne peut pas l'être parce qu'il y a beaucoup plus de choses qui se passent en réalité.
Dernier éclair.
J'espère que tu te reconnais.
Bip bip. Bip bip. Bip bip.
- Quelle porte choisis-tu ? - Celle du Temps.
Et Thémis a sourit.
And I think to Myself... What a wonderful world.
*** - On a dû lui faire une une splénectomie. Elle aura un traitement à vie et des injections de Pneumo23 à faire tous les 5 ans, mais n'ayez pas d'inquiétude. Elle est stabilisée. Maintenant, son réveil ne dépend plus que d'elle. Parlez-lui. Ca lui fera du bien. Et à elle aussi.
Quelques semaines plus tard, peut-être plus, peut-être moins mais au milieu de la nuit, un orteil bouge. Lorsque le jour passe enfin et lentement au travers de la vitre de sa chambre d'hôpital, les noisettes de Cammy Logan se font peu à peu à la couleur terne de la peinture du plafond, épargnant la sensibilité de sa rétine par la progression lente du jour.
Le siège arrière d’une voiture, une main sur son genou, une once de bonheur lisible sur les traits tirés, fatigués et plus creusés d’une demoiselle. Elle a eu un éclair de lucidité pendant un instant.
- Mais Yui… nous ne pourrons pas partir.
C’était ses derniers mots avant que le blanc de sa tenue ne vire au rouge. Plus tard, bien après le choc mais avant qu’on ne l’extirpe du monstre de métal qui jouait avec sa vie, elle a juste souhaité se rapprocher de son mirage, malgré les fractures innombrables de son squelette ; elle avait vécu bien pire, se mouvoir n’était pas si douloureux en fin de compte. Elle désirait simplement accrocher son regard glacé mais tellement chaleureux...avant de fermer les paupières, les doigts fermement accrochés à la chemise de l’homme.
What a Wonderful World - (c)Louis Armstrong What a wonderful World
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Effet Papillon Sam 3 Oct 2015 - 8:56 | |
| NE M’ENFERMEZ PAS SOUS TERRE…-Souffle Eliott, lentement. C'est la voix de Théo qui refait surface. Respire. C'est bien, respire. Il respire avec moi pendant qu’on me saisit doucement la main. ...Eliane. Je reconnaîtrai toujours la finition articulée de ses mains se refermant sur les miennes, depuis le velouté de ses paumes jusqu'à sa manière de me retenir à chaque fois qu'elle se sent partir au point de se perdre dans la brume qui l'a un jour dévorée. Je pense connaître Eliane plus que ce que je ne me connais moi-même et il n'empêche que chacun de ses émois m'atteignent presque en même temps que ce qu'ils la touchent. Je connais aussi la pression de ses doigts qui, combien de fois m'ont suppliés en silence de rester avec elle. J'éprouve la même détresse lorsque qu'elle me regarde entre les rideaux partir vers l'aéroport, la même affliction quand je sais qu'elle pense à moi. Pourtant, je pars à chaque fois. Un jour, mon autre moi a commencé à perdre son identité; malgré tous les signaux précurseurs, il était déjà trop tard quand je m'en suis rendu compte. Je voudrais parler, tellement lui parler.
Bip. -Respire. C'est bien. On respire, on souffle comme on peut ensemble, comme au premier jour de notre conception et très probablement jusqu’à mon dernier. Du silence. J'ai ouvert les yeux pour la énième fois de la journée, refaisant face à une lumière qui décroît au fil de mon temps. La fenêtre est le vide qui accroche encore mon attention un tant soit peu, ce carré aujourd'hui strié par les stores rabaissés. Mes paupières sont lourdes, mes yeux sont secs, je peine à fixer un élément autre que ce carré de lumière jusqu'à ce qu'une ombre vienne s'y interposer, m'obligeant à retravailler le focus de mes yeux fatigués. Je les ferme d'ailleurs. Trop d'information. -Valentine? Mais on m'en empêche. Une main fraîche passe sur mon front écartant les cheveux qui gisent dessus, elle repasse et caresse mon visage avec ce que j'imagine être la douceur d'un ange, et qui pourtant m'agace à vouloir préserver mon attention éveillée. Je l'ignore et fais le mort. C'est plus facile. Et du vide passe. ... Je fais face à une immensité de sable rouge orangé. Il y a des tours et des paradoxes, de l'opium, une tarte près d'une cheminée allumée, un gars au surnom d'Odoshi, des baies, un mouton rose de la vérité, Thémis qui n'arrête pas de faire changer la balance de la justice du côté inverse à chaque fois que je la vois pencher de l'autre. Des sommets de bâtiments, des lumières de ville vues de nuit. Un désert ocre aux couleurs les plus chaudes comme le liquide qui me monte à la gorge et que je laisse s'écouler sans scrupule hors de ma bouche à défaut de pouvoir le garder. Un tissu blanc, des ponts rouges, mon cœur se soulève brusquement et s'emballe dans une cadence qu'il m'est impossible de contenir. Il faut que j'ouvre les yeux pour sortir de cette dimension, mon corps est avachi dans une allure qui ne m'appartient plus, ma tête pend en avant mais on m'oblige à la redresser aux creux d'un os qui n'est pas franchement agréable ni à ma joue, ni à mon corps démantibulé. Je laisse faire, je n'ai pas la foi de batailler. Et je connais ce parfum. -Valentine. Je crois bien que ce que je vois me fait de la peine. -Eliane, allons déjeuner. -... La jeune femme ignore la voix, elle fixe intensément ce visage blafard qui vient encore une fois d'ouvrir les yeux. Elle étudie ces quelques instants qui lui sont accordés, elle décrypte le gris de ce regard vaporeux comme s'il lui était donné de voir plus que nécessaire. Résigné, Théo ressort en silence la laissant avec son frère pour aller attraper un casse-dalle. Il est épuisé. - -Valentine. C'est moi, Éliane. Elle a englobé le visage de son frère à deux mains et a attrapé le fil de son regard. Elle connaît cet homme et comprend ses silences mais aujourd'hui elle doute, autant déchirée que terrifiée. Car depuis quelques jours, Valentine s'échappe, inlassablement, et c'est dans ce néant de non-dits qu'il la laisse l'observer dans un calme des plus plats. Une main vient péniblement se poser sur sa tête alors qu'elle s'effondre encore sur son torse, des larmes torrentielles se déversant sur un monde désormais privé d'équilibre. ...C'est bien ce que je disais, ce que je vois me fait de la peine. De l’extérieur, j’avais l’impression de me voir, depuis les yeux de Théo, depuis ceux d’Eliane, avec ce corps –amoché, salement amoché certes, mais tranquillement posé sur son lit d’infirme. Et j’étais là, sans savoir –ou vouloir l’admettre, que j’étais réellement sur mes dernières heures. Le pire c’est que malgré tout, je me pensais encore fort, inaltérable, intemporel et surtout trop orgueilleux pour mourir. Du temps passe et je me perds encore dans ce désert infini aux teintes sanguinolentes. Reality Reality - Lost Frequencies Portrait de Patients Les étoiles au dessus de nos têtes, nous sommes allongés sur le parquet de sa chambre. Elle a sa tête sur mon torse et regarde ce ciel sombre parsemé d'étoiles. Elles sont rarement autant visibles d'ordinaire, cachées par la lumière et l'activité humaine; alors ce soir, après nous être battus comme des chiens à en avoir elle des bleus voire des cheveux arrachés, et moi le visage tuméfié et quelques griffures, nous rendons les armes sur ce sol frais et reposant. Eliane est invivable et il nous arrive de nous violenter par simple orgueil, pour le simple principe de ne pas avoir tord. C'est ainsi. Ce soir, j'aime particulièrement ce firmament que je n'atteindrai jamais, ses petits trous lumineux là haut comme si quelqu'un s'était amusé à recouvrir le monde d'un drap noir, en ne laissant filtrer la lumière qu'à travers ces minuscules perforations pour nous permettre de respirer tous nos vices. Eliane a roulé sur le côté et elle est revenue avec du coton imbibé d'alcool et de crème. C'est son excuse parce qu'elle sait qu'elle a tord et qu'elle ne l'avouera jamais. Moi je n'aime pas me battre et quand je le fais, c'est souvent avec elle, parce qu'elle l'a provoqué. Contre ma sœur je ne peux pas perdre, surtout quand je sais que j'ai raison. On se bat pour la rapidité d'une solution à un problème mathématiques, pour les divergentes pensées des auteurs d'un livre: pour un oui ou pour un non, rien n'est acquis et tout s'obtient à la saveur d'un semblant d'intelligence. Théo nous trouve idiots mais c'est ainsi que nous nous fonctionnons à défaut de pouvoir nous départir. Cet été là, je dépasse Eliane de quelques centimètres. Un jour, on cesserait de se battre; je vais finir par lui faire mal. Eliane a levé la tête, surprise par ce contact. Son regard embué de larmes vient attraper celui de Valentine, et elle scrute puis fouille de nouveau ces deux sphères grises irisées clairement posées sur elle. Elle sait que Valentine n'est jamais vraiment parti après son accident, et pourtant, l'absence de lueur dans ses yeux qu'elle a l'habitude de voir l'effraie. Dans ce regard est écrit une lassitude sans égale, dans ce vide est inscrit un détachement du monde comme elle n'en a jamais vu ailleurs. C'est comme si on avait sauvagement ramené cet homme de force, d'un autre monde. C'est Valentine, c'est bien lui, mais ce qu'il lui reste est un corps qui a perdu l'envie de vivre. Les journées interminables passent, Yui Valentine s'abandonne. Alors parfois Eliane le déteste, Eliane le hait. Yui Valentine sera tout de même transféré à son domicile, le quartier Hiryuu où sa famille a emménagé ses affaires. Dans sa chambre, une fenêtre et son propre regard constamment perdu dans le vague des nuages passants, comme s'il songeait quelque fois à s'échapper par là. Je suis conscient. Ou plutôt, j'ai des sauts de conscience. Et je sais que derrière mon voyage invisible au delà de cette absence apparente et ce calme plat paralysant..., je sais que je suis sérieusement en train de partir en lambeaux. Ah.. Je suis de nouveau secoué. On m'empoigne par les épaules. Je connais cette poigne rageuse. J'ouvre les yeux mais j'arrête de compter le temps.-Je te dé-teste, Eliott ! Une claque bruyante part, violence sèche qui gifle son visage brusquement envoyé sur le côté. Valentine a ouvert les yeux, subitement impacté par cette baffe hargneuse. La douleur lui semble lointaine et la seule réaction notoire qui en ressort est un clignement lent des yeux et une joue dont le sang remonte sous la peau. Incapable de supporter davantage ce vide, la jeune femme attrape rageusement Valentine par son col de tshirt trop blanc, et a cherché à le secouer sans ménagement. Mais son frère ne répond plus de rien et se laisse mollement maltraiter un instant sous le poids de la colère de cette dernière. Elle ne peut le secouer plus longtemps qu'elle se serre déjà contre lui une fois retombée sur le lit, désespérément agrippée à ce jumeau dont la vie s'échappe entre ses doigts. Une hurlement déchirant a retenti et Eliane s'est mise à pleurer comme une enfant, à verser un torrent de larmes qu'elle n'a jamais versé jusqu'à là. Elle couvre alors le soupir las de son jumeau tandis que son frère, Théo, l'éloigne de force de Valentine. -Ramène le Théo, ramène le! Elle hurle. Ça retentit quelque part dans les méandres de mon cerveau.-Tout va bien. Il murmure. Tout va bien. Valentine s'assied dans sont lit, les tissus et couvertures lui paraissent trop lourdes à déplacer mais il observe fixement Eliane. Tu vois, tout va bien. Mais ça n'a toujours pas l'air de suffire. Portrait d'Eliane (suite) En quelque mois, je dépasse Eliane de plusieurs hauteurs bien perceptibles, à tel point qu'on ne manque pas de nous le rappeler. Elle est désormais la plus petite du triptyque et j'arrête de lui rendre ses coups pour coups, si bien qu'elle s'est aussi calmée. Je traine parfois avec Théo bien que nous n'avons pas vraiment besoin de nous parler pour nous comprendre et je passe beaucoup de temps avec Eliane parce qu'elle est la seule à me challenger en permanence. Nous pensons chacun à notre manière que le monde nous appartient au point de dominer notre petit entourage, nous pensons sans le dire tout haut que la moyenne et les standards humains ne nous correspondent pas à juste titre. Nous passons notre temps à mépriser ceux qui ne parviennent pas à suivre notre intelligence. Notre école est faite de têtes pensantes mais quand bien même certaines nous dépassent que nous nous croyons suffisants pour nous moquer du reste. Je rêve cette fois de mon collègue Éric, un gardien de la paix. Je ne sais plus en quelle circonstance je prononce Thor pour l'appeler, alors que chaque fois que je le dis, j'entends Éric. C'est un phénomène qui me paraît intéressant sans que je cherche davantage à en saisir les fondements. À un moment, Thor devient mon cobaye, j'ai trouvé une faille dans la porte de téléportation de mon immeuble, qui me permet de déformer le temps au point de me téléporter dans son esprit. Je rêve encore de Thémis, mais une fois de plus j'ignore pourquoi elle tient tant an me suivre avec sa balance de la justice à deux balles. Elle m'agace à couper les fils de me réflexions, elle m'énerve à se tenir ainsi comme si elle était au dessus de tout le monde. Je ne crois pas aux entités supérieures. Je me suis déjà détourné de cette femme mais elle continue à me suivre comme si elle me réclamait quelque chose. J'ai l'impression d'avoir un lépreux me courir après, excepté le fait que c'est la perfection qui me suit, mettant en lumière toutes mes limites. Ça me fait à peu près le même effet. Des billes de couleurs roulent au sol dans un tintement qui résonne contre les parois de mon cerveau. Je me réveille. ... Ça sent le jasmin.Je suis incapable de me lever tellement que la fragrance me prend les narines, incapable de dire à Eliane que je n'ai pas envie de son thé. Mais elle a perçu cette détresse qui m'envahit et c'est prise de surprise qu'elle fait tomber sa tasse en plein chemin. Le fracas me transperce les tympans comme jamais, l'odeur me retourne de l'intérieur et il faut que je fasse face à la fenêtre et faire dos à ma jumelle dans un mouvement brusque qui me tiraille tout le corps en réveillant une douleur oubliée. J'ai envie de frapper Eliane mais tout ce que j'arrive à faire c'est de soupirer un vieux Je veux pas de thé, étranglé. J'ai l'impression qu'on me démembre en détachant un à un les pièces de mon corps. Eliane pose une main sur mon épaule et je crois que la torture qu'elle vient de soulever sans se rendre compte me donne envie de la repousser violemment. Elle reconnecte les fils, me laisse l'ignorer. Eliane sort, bouleversée. Eliott a un visage qui se tord par la colère, un visage noyé de larmes et je ne sais pas ce qui provoque ça. (...) Un jour, je ne vois plus Eliane. Remplacée, remplacée par des aides soignants qui se succèdent. Je présume que le temps est passé. Je n'en sais rien. -Il faut que je retourne au Salon.Dans les faits, ça mettra encore du temps entre le moment d'intention et d'exécution. Je ne sais plus trop pourquoi. Fin |
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