We rule the World

Merci de laisser un message après le signal.

"..."

Un léger froissement, aussi léger que ce silence éphémère -ces quelques secondes qui suffisent à installer un vide.

"Hello Cammy, c'est Noahki. Me demande pas comment j'ai fais pour trouver ton numéro, tu n'aimerais sans doute pas mes manières de bah... comme tu dirais, de populaire incivilisé. Bon et ben... je suis revenu. Et euh, et bien je me demandais. Tu m'accordes un dernier cours d'histoire? Okay je serai studieux promis, et

...!!"


C'est maladroit comme il ne l'est pas. Ça faisait des mois en fait. La distance, le temps... De nouvelles têtes comme de nouvelles fréquentations comme Noahki Saigara ne s'en lasserait jamais. Pourtant son retour à l'académie l'ennuie inlassablement, ce quotidien devenu routinier le rattrape comme pour lui rappeler avant son départ aux Etats-Unis. C'était il y a plus d'un an.

Ce jour là, la ville est bondée de monde alors que le jeune homme remonte la rue d'un pas rapide. Le musée qu'il a en référence n'est pas bien loin et lorsqu'il atteint les premières marches, l'hésitation finit par le faire s'arrêter. Il s'est assis là, dos à l'entrée principale, sortant son portable pour commencer à tapoter un message qui finira supprimé. De longues minutes passent avant qu'il se décide à passer un appel et fronce des sourcils sur le répondeur du numéro qu'il a récupéré quelques semaines auparavant. Il avait pourtant fait en sorte de sortir à l'heure afin de pouvoir être là à l'heure de fermeture du musée. Il avait entendu que Logan y travaillait depuis... depuis il ne sait trop quand. Et Saigara est encore en train de trouver une excuse pour la revoir qu'une chevelure rousse attire indéniablement son attention, cette silhouette qu'il pense pouvoir reconnaitre avant même d'en voir le visage et qui l'ignore comme s'il avait été un mur anodin. C'est un peu comme ça qu'il l'avait toujours perçue; Cammy Logan ne tomberait pas sous ses avances, complètement indifférente sur son sort. Et c'est sans doute la raison pour laquelle Noahki n'arriverait pas à l'oublier, malgré le temps, malgré la distance.

Un demi sourire s'est affiché sur son visage et il a dévalé les marches.


-...en fait je te laisse pas tellement le choix on dirait".

Fin du message. Si vous êtes satisfait de votre message, tapez 1, sinon...


-Cammy. Hey, Cammy.

Et il s'est planté devant elle.

Mais ce n'est pas de l'intérieur qu'elle arrive. Cammy ne travaille plus au musée depuis longtemps. En bas de l'escalier, elle lève les yeux vers Noahki, essouflée. Elle s'est dépêchée sur la route.
Il a... changé, d'une certaine façon. Il semble plus mature, plus... masculin. Moins gamin.



Lorsqu'elle a entendu son message ce jour là, elle n'en revenait pas. Ce crétin de Saigara avait encore eu un satané culot d'employer des méthodes aussi rustres qu'incroyables pour obtenir ses coordonnées. Dans son petit appartement cosy, elle se voit encore grimacer, bougonner, piétiner en rond tout pour ensuite se mettre aux fourneaux, maudissant l'existence de cet abruti. Quelques temps plus tard, les petits Lemmingtons son prêts, elle en goûte un. La surprise habille totalement ses traits. Encore un morceau, puis un autre. Au final, elle en aura mangé un entier et luttera pour ne pas en savourer un autre. C'est la première fois qu'elle réussi aussi bien ce dessert australien. Sponge-cake vanillé enrobé de chocolat et recouvert de noix de coco râpé. Une fois les bouchées refroidies, Cammy plie une structure en carton jusqu'à ce qu'elle prenne la forme d'une boîte. Comme dans les boulangeries/pâtisseries. Elle y met une douzaine de Lemmingtons, et cercle la boite d'un ruban rouge. Elle observe la boite posée sur sa petite table en fer forgé, blanche, et réalise ce qu'elle vient de faire. Non, elle ne pleurera pas. Parce qu'elle est heureuse désormais. Elle part bientôt, elle recommencera sa vie ailleurs, dans d'autres circonstances. Il ne doit pas y avoir de place pour les regrets. Elle regarde l'heure. Elle est en retard ? Même pas.

Il aurait pu continuer à l'ignorer. Elle n'espérait plus de nouvelles. Elle n'ira pas le voir, il risquerait de tout gâcher.

"je ne te laisse pas tellement le choix on dirait"

Pour la première fois, elle sera en retard. Le faire attendre, comme elle l'a attendu. Il est parti au mauvais moment, lui laissant sa raison être témoin de l'affaissement de son coeur. Il avait réussi pourtant. Il avait réussi à la séduire. Elle aurait pu lui céder, s'il n'était pas parti. Il a mis fin à leur histoire de lui-même. Peut-il vraiment revenir comme une fleur, et jouer celui qui s'en fout, comme si rien n'avait compté ? Pour l'Australienne, ce n'est pas égal. Unfair.

Elle regarde l'horloge. Définitivement, elle est en retard.



Elle peine à reprendre son souffle, la menotte gauche fermée contre sa poitrine, et la droite, tenant fermement le ruban rouge de la boîte. Il se plante alors devant elle, de toute sa suffisance. Son coeur bat. Fort. Très fort. Elle n'arrive pas à détacher ses iris de ceux de Noahki.

- Crétin de Saigara.

Sa boite se dérobe à ses doigts, elle ne s'en rend pas compte. C'est elle désormais qui fait le premier pas, qui tend les bras qui s'enroulent autour du cou du jeune homme. Il a pris des centimètres ? Elle murmure alors à son oreille.

- Lâcheur.

Elle se détache vivement de lui, lui envoie un regard noir en aucun cas représentatif de son émoi, mais figurant la frustration d'un temps précieux perdu à jamais. Elle ramasse la boite de pâtisseries et monte les marches pour entrer dans le musée. Exposition de sculptures temporaire, loin s'équivaloir à celles du Louvre, mais dans le même esprit. Pas de Psyché ni de Cupidon cette fois, mais les Cavaliers de l'Apocalypse, les cercles de l'Enfer de Dante et autres scènes guère joyeuses. Il y a pourtant un monde... Cammy soupire avant de se diriger vers la nouvelle cafétéria de l'établissement. Elle n'existait pas il y a deux mois. Le propriétaire a changé, plus personne ne la connait... sauf le gardien. Elle lui adresse un petit sourire, en souvenir du bon vieux temps. Elle prend place et commande un thé au jasmin pour deux. Oui, c'est elle qui décide.

Il n'a pas le temps d'enchaîner sur quoi que ce soit qu'il se retrouve dans les bras de la rouquine. Et ce n'est qu'à ce moment qu'il entend les mots qu'elle lui déverse. Crétin, ... lâcheur? Saigara ne sait pas trop de quoi elle parle et de toute façon, il n'a même pas l'occasion de lui rendre son étreinte qu'elle l'assassine de son regard tueur sans qu'il trouve à rétorquer. Noahki s'est alors contenté de sourire.

Un boite tombe.

-Et bien bonsoir Cammy...






Il lui emboite tranquillement le pas et l'accompagne il ne s'est trop où, jusqu'à se retrouver assis avec du thé au jasmin sur la table.  C'est inhabituel, cet élan d'initiative -autoritaire, cette invitation muette qu'elle esquisse à moins qu'une fois de plus c'est lui qui s'installe dans son monde à elle. Noahki s'attend d'ailleurs à ce que l'australienne sorte à tout moment un bouquin d'histoire, ces seuls moment où il lui a été donné de la croiser. Mais ce sont des pages qui ne viennent pas, des illustrations et des lignes qui ne se dévoilent toujours pas. Il a alors délicatement levé la théière et a servi Logan en silence, seul le bruit du thé versé dans sa tasse brisant un instant ce silence qu'il ne définit pas. Dans ses gestes, une certaine maîtrise, un certain calme, une habitude dans son job de serveur.

A part l'Histoire, il n'a jamais trouvé un autre prétexte pour lui faire valoir le motif de sa présence. Parce qu'à part l'Histoire, Cammy Logan a toujours été de marbre si ce n'est indifférence à ses pitreries. Des tentatives. Il n'essayerait plus et c'était sans doute mieux ainsi; de l'eau avait coulé sous les ponts.

- Je voulais t'appeler avant, a-t-il fait tout en remplissant sa propre tasse alors qu'il sait qu'il n'en boira pas. Il a fini par capter le regard de Cammy avec un grand sourire, qui s'est mué en sourire fanfaron. Il n'y a rien de mieux après tout, pour cacher cet étrange malaise qui plane.

- Bon ok, à part crétin et lâcheur, je suis content de te revoir, tu m'as manqué ! Tu travailles ici alors?

L'insouciance, c'est toujours cette carte-là qu'il jouerait.

"The wonders of this world go on, the hanging Gardens of Babylon,
Captain Cook and Cain and Abel, Jimi Hendrix to the Tower of Babel


It's a miracle"


La tête appuyée sur sa main, accoudée à la table, Cammy regarde avec cette désinvolture qui ne lui ressemble pas, la manière qu'a Noahki de faire le service. Elle ne se reconnait pas. Avoir limite bondi dans ses bras, ça l'agace. Ce qui explique aussi la raison pour laquelle elle se montre à lui comme si elle s'était levée du pied gauche. Elle...boude, soupire et grogne dans la paume de sa main.

- Si tu m'avais appelée avant, tu aurais peut-être su plus tôt que je ne travaille plus ici depuis plus d'un an. A cause d'un imbécile, pire que toi à vrai dire, j'ai été renvoyée. Mon stage au musée n'a donc pas été validé et j'ai échoué.

Elle s’en est remise depuis, surtout grâce à ce séjour en compagnie de Yui qui lui a fait tout oublier, dès l’instant où elle s’était trouvée assise dans l’avion pour Paris. Malgré elle, la simple pensée vers son ombre préférée lui détend les traits. Songeuse, elle étire un petit sourire. L’Histoire, c’est définitivement du passé. Toute sa vie, elle n’a juré que par l’Antiquité gréco-romaine. Quand bien même elle est toujours aussi amoureuse des mythes et légendes, elle ne veut plus en faire son métier. Car elle sait que ce n’est pas en restant cloîtrée dans des bibliothèques ou dans des bureaux, en épluchant des livres qu’elle fera les meilleures rencontres. L’air, la nature, le ciel, les gens lui ont permis de s’épanouir et de voir la vie autrement que dans des recueils, limités à leur quatrième de couverture. “Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants” est la pire des manières, baclée, de clore une histoire. Et Cammy n’en veut plus, des fins. Elle désire de la longueur, de l’infini, de l’éternité. Comme ces dieux ou presque-dieux qu’elle chérissait.

- J’ai suivi une autre formation en même temps, dans l’architecture du paysage et je viens d’être diplômée. J’ai déjà un contrat et je m’apprête à quitter le Japon d’ici peu. Je garde toutefois mon pied-à-terre ici, mais je passerai 90% de mon temps à l’étranger. Moi qui voulait voyager, je ne m’attendais pas à ce que j’y parvienne dans ces conditions. Surtout après le tremblement de terre de 2013.

Elle se redresse un peu sur sa chaise, soupire, tout en prenant sa tasse avec délicatesse. Elle en a assez bavé et compte désormais rattraper le temps perdu.

- Tu vas devoir te trouver un autre professeur particulier à enquiquiner.

Elle porte la tasse à ses lèvres et déguste une lampée de ce délicieux thé.
Le petite rouquine a le cafard. Malgré l’amertume qu’elle ressent actuellement pour le passé et les dures épreuves qu’elle a traversées, elle songe au toit de la bibliothèque qui s’effondre sur eux, l’aventure qu’ils ont vécu dans les bâtiments abandonnés de Keimoo, le repas improvisé dans le onsen suite à la bataille à coup de fûton - merci Saki - , la balade dans les couloirs en pleine obscurité.

Cette étreinte sur le toit de l’académie.

Elle lève son regard vers Saigara mais ne veut pas se laisser aller à la mélancolie, aussi elle ne peut s’empêcher de lâcher un énième…

- Tu n’es vraiment qu’un crétin, Noahki-kun.

Parce qu’elle l’aime bien tout de même, cet imbécile qui ne cesse de lui foutre le bourdon à chaque fois qu’il réapparait dans sa vie. Elle détourne le regard et finit ainsi sa tirade, à demie-voix.

- I missed you, too. Baka.







(nda: Lyrics "The Miracle ~ Queen" Awesome videoclip. ^^ )

-Arrête ce jeu Logan c’est toi qui a passé toute l’année à me mettre des râteaux, répond tranquillement Saigara en croisant les coudes sur la table pour faire face à Cammy. –Je suis peut être l’imbécile mais j’ai essayé, moi au moins. Je veux même pas me rappeler combien de fois tu m’as envoyé bouler. Je sais pas si ça t'es déjà arrivé mais c'est franchement pas un cadeau je te rappelle!

Il lui lance un regard noir, la fixe… puis finit par éclater de rire.

C’est drôle de voir qu’avec du recul, les choses finissent par prendre une autre saveur. Définitivement, Cammy Logan lui a manqué, mais il ne s’attendait pas à la revoir aussi… changée. Il ne peut s’empêcher de ciller quand elle lui répond par la même. C’est d’anciens souvenirs qu’elle fait remonter d’un coup à la surface du présent, prenant Noahki au dépourvu. Le populaire ne saurait expliquer pourquoi cette fille lui a autant plu à l’époque et continue à le déstabiliser d’une manière ou d’une autre maintenant encore.

-Je crois que de nous deux c’est toi la plus bête. Est-ce que je t’ai dis que je ne voulais pas d’autre prof à enquiquiner ? Tu es une idiote, Logan. Et faudra pas me renvoyer sur les rosiers si je te prouve pourquoi…

Noahki n’a pas réfléchi, il s’est penché au dessus de la table pour embrasser les lèvres de Logan. Il ne se pose pas la question de ce qu’elle risque de lui retourner après ça, et laisse l’instant présent se défiler. Le souffle de la rouquine si près du sien, c’est doux.

-Tu vois, je savais au fond que tu n’en pouvais plus pour moi, murmure-t-il avec une lueur enjouée dans les yeux, avant de se détacher de cette proximité qu’il ne s’est jamais permise avec elle. Il a souri puis s’est rassis à sa place. Quelque chose semble se dénouer mais il ne sait pas quoi. La dernière fois qu’il est parti à New York c’est sans doute à ses yeux la manière la plus honnête de dire au revoir à Cammy ; tout et rien aurait pu se passer entre temps et Noahki ne croit pas à la longue distance. Cette fois, c’est elle qui s’en va…

–Sors avec moi, je pense que c’est la dernière fois que je te le demanderai.

Et il a bu une gorgée de thé avec pour éviter d’ingurgiter dans le vide.
Son portable vibre, mais il l'ignore.

Et c’est toujours la même chose. A ce jeu de ping-pong, Noahki ne gagnera pas, comme toujours. Cammy trouvera toujours un truc à dire pour le remettre à sa place, mais aujourd’hui, la rouquine n’en a pas envie. Une forme de malaise l’habille, une situation embarrassante autour d’une tasse de thé. Aujourd’hui, elle est en retard mais d’eux deux, c’est Saigara qui l’est le plus. Il ne s’agit pas là d’un décalage scolaire ou de mâturité d’âge, mais toujours et encore…. de Temps. Avec Cammy Logan, s’il y a bien une chose à ne pas gaspiller, en plus de l’eau et la nourriture, c’est bien “le Temps”.

Lorsque l’Australienne a rencontré Noahki Saigara la première fois, à la bibliothèque, aurait-elle imaginer telle situation ? Assurément non. A l’époque, si elle pouvait se fondre dans le décor pour l’éviter, ça aurait été une aubaine. Elle n’est certes pas la plus calée en communication, mais elle est forcée de reconnaitre que Noahki l’a bien aidée à s’améliorer. Il la voyait différemment des autres, mais elle l’ignorait, obtuse qu’elle était. C’était sa plus grande erreur, même si elle ne pouvait rien y faire à l’époque. Ca aurait été plus simple, si Noahki avait abandonné, s’il l’avait simplement ignorée. Lui demander des cours particulier pour mieux l’approcher était très subtil, et naive, elle était tombée dans le panneau.

Il est Tom, elle est Jerry. Mais dans le dessin animé, Tom ne gagne jamais. Le petit rat de bibliothèque sait que le grand félin trouvera d’autre souris à accrocher sur son tableau de chasse. Elle, n’en fera jamais partie. Parce que le temps a joué contre lui.

Cammy lève sa tasse aux lèvres, sirote de son thé favori après avoir observé ce regard faussement sombre. Elle s’y est accoutumée d’une certaine façon. Ca aussi, ça lui manquait. Avec qui allait-elle se chamailler lorsqu’elle aura quitté le pays ? Le rire qu’il affiche est nouveau. Peut-être pas pour lui, ce serait étonnant, mais jamais il n’a ri ainsi en sa présence. Elle hausse un sourcil, puis esquisse l’ombre d’un sourire. Noahki Saigara est une personne amusante, elle s’en rend compte désormais. Dans une autre vie, elle aussi aimerait pouvoir rire et sourire comme lui. Ca doit être agréable, l’insouciance. Impensable pour l’heure.


“Tu es une idiote, Logan”. C’est la première fois qu’on lui dit ça. Cammy va de surprise en surprise, bien qu’elle sait pertinemment que c’est faux. La rouquine ne prendra pas son camarade au mot, quoi qu’il en soit. Elle pose sa tasse, puis redresse la tête s’apprêtant à répliquer.

Et se fige. C’est sûrement le choc qui l’empêche de réagir. Même lorsque Saigara se détache de ses lèvres pour s’en retourner sur sa chaise. Pas de piquage de fard cette fois. Au contraire, elle blémit. Son cerveau l’emmène dans un amoncellement de souvenirs pas forcément agréables où Noahki Saigara est le centre de tout. Innombrables sont les abeilles qui lui tournent autour. Cammy n’est pas une abeille. Elle est une chrysalide, en attente de se libérer du cocon qui l’emprisonne avant de prendre son envol.

A la dernière phrase de Noahki, elle détourne son regard de lui, le baisse vers sa tasse et s’en saisit à nouveau.

- Tu touches enfin à ton thé, Saigara. Ce n’est pas de la framboise, mais le goût du jasmin est tout de même est plus prononcé dans la tasse que sur mes lèvres.

Elle repense à ce moment où elle l’a vu, en compagnie de Keio Dupreil. C’était il y a bien longtemps et pourtant, elle le ressent comme si ça s’était déroulé la veille. La colère n’est plus, la jalousie non plus. Toutefois, c’est un mal qu’elle n’oublie pas. Noahki lui, n’en a sûrement pas souvenir.
Elle a envie de lui dire qu’il arrive trop tard, qu’il aurait eu plus de chance au moment de son départ précipité pour les Etats-Unis. Cammy aimerait lui dire qu’elle aurait préféré qu’il reste à l’époque, qu’il reste à ses côtés. Qu’il ne la laisse pas tomber. Qu’il ne l’abandonne pas.

Mais il l’a fait quand même. Comme tout le monde avant et après lui. Sauf une personne.

- Ce n’est pas possible, Saigara.

Elle sirote une dernière goutte de son thé, habillant ses traits d’une certaine forme de dureté. Comme avant. Elle ne lui dira pas tout ça. Elle ne veut pas lui laisser de regrets, ni lui faire de reproche. Et encore moins le blesser, même si ça n’est que dans son amour propre. Toutefois, le petit jeu est terminé, et l’un comme l’autre doivent aller de l’avant.


- Je suis déjà engagée auprès de quelqu’un.

Elle entend une vibration. Ce n’est pas son téléphone. Le sien est volontairement éteint.

- Tu devrais décrocher.

L’ambiance a changé. Cammy Logan est mal à l’aise. En effet, elle a déjà envoyer paître Noahki plus d’une paire de fois. Mais cette fois, elle pourrait se mettre à sa place. Elle sait ce que c’est, depuis Narcisse. Elle en avait souffert. Mais elle ne connait pas assez la nature des sentiments de Noahki à son égard pour comprendre réellement son ressenti.

Finalement, ce n’est pas plus mal d’être une idiote dans certains domaines.

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