₪ Académie Keimoo ₪ In a decade, will you be there ? |
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| Forsaken Toothbrush | |
| | Auteur | Message |
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Ethel Dawkins ♦ Civil - Œnologue
Genre : Age : 30 Adresse : Quartier Hiryuu, Immeuble Sakura, Appt 33 443
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| Sujet: Forsaken Toothbrush Dim 22 Fév 2015 - 19:06 | |
| 23 février 2015 En fermant les yeux, elle aurait pu trouver le chemin sans aucune difficulté. Même à reculons s'il avait fallu. Ce chemin, cet enfilade de maisons, elle l'avait emprunté tant de fois que chaque pierre, chaque buisson lui semblait familier. Mais c'était le yeux bien ouverts et le corps dans le sens de circulation qu'elle avançait. Les doigts dans la bouche, elle en était réduite à les transformer en jambon sanglants tant elle rongeait la peau autour des ongles inexistants de sa main droite. A mesure qu'elle avançait, il semblerait que son corps allait en effet se tourner dans le mauvais sens, mais partir en courant en suivant celui-ci. Pourtant, en réunissant chaque muscle et chaque force disponible en elle, Ethel fini par arriver à l'endroit excepté. Avançant dans l'allée, son corps se décomposait à mesure que ses pas franchissaient chaque pierre. Mais elle finit par atteindre la porte, et ses doigts rouges frappèrent à la porte.
Suivirent les secondes les plus longues de sa vie, la jeune fille se tortillant comme si elle n'avait pas été aux toilettes depuis un mois. Les secondes se prolongèrent, devinrent une minute, et l'évidence du bien la frapper. Jake n'était pas là. Un soupir s'échappa de la bouche de la rouquine, mais impossible de dire s'il s'agissait d'un soulagement ou d'une peur encore plus profonde qui naissait. Car l'attente allait maintenant devoir commencer. Sept mois depuis qu'elle avait fermé pour la dernière fois la porte de cette maison, le ventre gros comme une soupière. Dans les pleurs et les cris, elle avait clos la porte et n'avait pas même eu une seconde pour se retourner et lui donner un dernier regard.
Il y avait quelque chose d'autre qui n'avait pas eu droit à un dernier regard. Ou plutôt une personne, qui apparemment n'était pas derrière cette porte à cette instant même. Cette personne même qu'elle était prête à attendre pendant des heures. Mais la neige peignait les herbes du jardin, et la rouquine n'avait pas eu le temps d'aller acheter un manteau, son arrivée ne datant que d'hier. Dans un pantalon d'été et un affreux chemisier à manche courtes, on pouvait dire qu'elle était même transite de froid. Plongeant sa main dans la poche centrale de la robe, la jeune fille en retira une clef, une des seules choses qu'elle avait eu le temps d'emmener alors que sa mère tirait ses bras. Quelques secondes après, Ethel pénetrait l'intérieur de Jake. Une sensation étrange la parcouru, une sensation oubliée. Tout revenait à elle comme un coup de fouet. L'odeur, les meubles, la lumière baignant le sol. Elle soupira en refermant la porte, se sentant, malgré toute la tension et la peur, soulagée comme elle ne l'avait été depuis des mois. Fouler enfin un sol connu, et aimé, lui procurait la force dont elle avait besoin pour marcher jusqu'au salon sans verser une seule larme, et se poser sans s'écrouler.
En s'asseyant, les yeux d'Ethel se firent plus incertains. Et si Jake revenait avec quelqu'un d'autre ? Si en franchissant l'allée en ouvrant la porte, il tenait en son bras une jeune femme ? Il en aurait évidemment tous les droits. Ethel avait du partir sans laisser le moindre mot, elle avait juste disparu de la circulation totale pendant sept mois. Sans aucune idée de ce qu'il avait pu se passer entre temps. Peut-être qu'il ne vivait même plus ici, malgré son nom sur la porte, et qu'elle allait voir un soixantenaire bedonnant et pas très bidonné sur le pas de l'entrée. C'était maintenant un peu tard pour avoir peur d'une telle chose. Si elle ne restait pas jusqu'à ce que quelqu'un entre effectivement dans cette pièce, elle ne saurait jamais. Sa peur la plus profonde n'étant évidemment pas le fait qu'il ne vive plus ici, ou qu'il n'arrive jamais. la peur la plus ancrée, jusqu'à tirailler son estomac était celle qu'en franchissant effectivement l'entrée, il ne veuille plus la voir, qu'il lui demande sans aucune lumière de s'en aller. Après tout, elle revenait après tant de semaines sans aucune nouvelle, elle revenait à l'improviste et s'asseyait sur son canapé. Elle était partie enceinte de lui, et revenait d'un coup, sans aucun enfant dans les bras. Allait-elle seulement avoir le temps de lui expliquer.
Les minutes passèrent, puis les heures. Ethel resta stoïque sur le canapé, incapable de bouger sans avoir la certitude qu'elle ne s'écroulerait pas. Mais le soleil vient à décliner au travers de la baie vitrée, et la jeune fille était toujours assise en plein milieu du salon, finissant par se dire qu'elle allait un jour arriver à ronger les os de ses mains si elle ne s'occupait pas. Se levant en prenant soin de s'accrocher aux accoudoirs, elle arracha un sourire à la pièce. Puis se déplaçant un peu plus librement, elle monta pas à pas dans la chambre, craignant de plus en plus ce qu'elle pourrait trouver. En ouvrant la porte, elle réprima un sanglot. Tout était resté exactement pareil, comme si Jake n'avait pas même dormi dans ce lit en sept mois. Ses affaires étaient toujours comme elles les avaient laissées, c'était tout juste si la brosse à dent qu'elle utilisait au moment où sa mère avait fait irruption n'était pas encore en équilibre sur le lavabo, laissée là depuis sept mois sans aucune nouvelle de sa propriétaire, à tourner en équilibre. S'approchant de l'armoire, elle ouvrit en grand la porte principale, parcourant du regard les piles de vêtements, les vestiges de ce qu'elle était avant que sa mère ne décide qu'il était temps qu'elle ne devienne quelqu'un d'autre. Elle poussa alors un râle de rage, et envoya les vêtements qu'elle portait balader à travers la pièce. Au revoir horrible pantalon de velours noir. Adieu, chemisier moulant aux motifs vomitifs. Certainement à jamais, mocassins d'écolières au marron digne d'un fond de toilette. Respirant un grand coup, elle saisit une robe bleu ciel, avec des collants d'un marron chaud et doux et les enfila en toute précipitation, relâchant finalement la pression par une énorme expiration. Quand elle entendit du bruit en bas, la porte d'entrée claquant finalement. La pression remonta instantanément, son visage se décomposant. Se débarrassant du chignon hideux qu'elle portait et laissant ses cheveux voler aux dessus de ses épaules, elle s'accrocha au lit pour ne pas tomber. Mais il n'y avait rien qu'elle ne pourrait repousser maintenant.
Sortant de la chambre, retenant une envie de s'écraser au sol et de se confondre avec le parquet, elle descendit les escaliers. Jake était déjà dans le salon, dos à elle. N'ayant pas fait le moindre son, les pas plus silencieux qu'une souris alors que le chat dors dans le fauteuil au dessus d'elle, le jeune homme ne l'avait pas remarqué. Pendant une seconde, elle fut incapable de bouger, se tenant à la rampe d'escalier comme une idiote, ses yeux terrifiés observant le dos de l'homme qu'elle avait laissé sans même un mot. Finalement, ses lèvres parvinrent à bouger, difficilement. "Jake..."
Dernière édition par Ethel Dawkins le Dim 29 Mar 2015 - 22:06, édité 2 fois | |
| | | Jake Keegan ♦ Civil - Vendeur de vins
Age : 32 Adresse : 16, rue du Tatami. Quartier Hebi. 87 Multicompte(s) : Kuro Maiden
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| Sujet: Re: Forsaken Toothbrush Mer 25 Mar 2015 - 22:08 | |
| Oh, arrête, Jake ! Ce petit jeu ne m'amuse plus... Parce que tu perds. C'est beaucoup moins drôle lorsqu'on est la victime, hum ? Eternel sourire. Tu sais quoi ? Vas-y, j'te l'paye ton verre, t'as gagné d'avance ! Bâtard. Instant de réflexion sur-joué, une envie de se donner un air qui ne lui collait pas tant que ça. Ce soir ? Non. Alors j'attends ton humiliation finale. Tu sais très bien que j'peux pas ce soir ! 'Tain, t'es vraiment un fils de ! Raaaaa Et Jake qui part dans un fou rire, à le voir s'agiter frénétiquement sur sa chaise, faisant voler ses feuilles de cours d'un mouvement rageur du bras. Le blond se lève, fait une révérence magistrale, condamne son adversaire - fort novice - par un clin d'œil et se retire, comme tout bon gagnant.
Le pari avait été simple : l'ingénu devait effectuer son premier harcèlement, sur une nouvelle professeur et, s'il gagnait, J lui payait un verre. Il avait perdu, s'était pris plusieurs jours de renvoie, n'avait même pas atteint sa proie - qui avait du être informé du pari pour se rendre compte que l'élève la stalkait - et devait saigner son portefeuille d'étudiant sous-payé par son petit boulot. Jake avait été le dénonciateur, soit disant anonyme, sous les draps de la belle. Il n'était pas bien fier de la façon dont tout ça avait été annoncé, mais c'était le rythme de vie qu'il menait depuis plusieurs mois. Six environ.
Quelques semaines après le départ d'Ethel, il s'était résigné à ne plus la revoir ou pas de si tôt. Il se doutait de ce qui s'était tramé, aux vues de l'état dans lequel la villa avait été laissée. Les premiers temps, il voulait tout faire pour le retrouver, puis avait finalement abandonné l'idée de mêler les moyens dont disposait son père pour le faire. Il avait donc préféré attendre, sans jamais rien voir venir, ni revenir. La résignation s'était faite au premier rencard, avec un homme, et un préservatif usagé plus tard.
Tout lui rappelait la gamine. La villa, déjà. Ses affaires qui trainaient de-ci, de-là et qu'il ne s'était jamais mis en tête de ranger. L'académie, où ils s'étaient rencontrés. Les rues, les cafés où ils avaient souvent trainé. Les émissions à la télé, avec les personnages de dessins animés qui avaient des têtes toute rondes, comme le petit visage enfantin de Dawkins. Les émissions sur la maternité. Les questions s'étaient muées en doute, rapidement. Plus lentement, ces derniers étaient devenus motifs d'une perpétuel remise en question sur lui, sur elle, sur ce qu'ils avait fait ou pas fait, sur l'enfant. C'est à ce stade qu'il s'était dit qu'il n'y avait rien à faire. Personne ne savait où elle était et il refusait de se montrer vulnérable à ce sujet. Après ça était venu le temps de la colère, la rage, l'incompréhension. Actuellement, J se trouvait entre ce dernier stade et l'oubli, le deuil. D'Ethel, du gamin.
Le chemin était long pour rentrer ce soir. Froid sec, qui gifle les joues, rougit le nez. Il renifle, le frotte, regarde en l'air et soupire. Pas ce soir pour le pari, il allait donc rentrer, se foutre très certainement à poil et s'effondrer sur le canapé, jusqu'à s'y endormir. Il ne prenait même plus la peine de monter à l'étage, dans ce qu'il appelait la chambre d'amis, mais qui était en fait la sienne, à demeure. Il n'avait dormi dans un lit qu'en compagnie d'Ethel, puisqu'elle n'était pas au courant de son dégoût certain pour ces étendues mousseuses où les morts baignent avant la tombe. Et lui qui veillait à changer régulièrement les draps, ne l'avait pas fait depuis son départ à elle. N'avait pas fait le lit tout court, d'ailleurs.
Un coup d'œil à la boîte aux lettres, un tas de courrier s'amasse, mais il la referme sans rien y prendre. Il a croisé le regard de quelques factures, mais la flemme est plus forte que la raison. Le plan nu comme un ver sur le canap' lui fait de l'œil depuis le coin de la rue et il ne voit pas pourquoi il devrait avoir un comportement adulte ce soir, personne ne l'attend. Il pousse la porte d'entrée de la villa, fronçant les sourcils : il l'avait pourtant fermée à clef, ce matin. Pas de comportement adulte. C'est donc insouciant qu'il entre, laissant l'intrigue sur le seuil. La veste tombe au sol, suivant du sweat, plus rien sur la peau hormis le jeans. Les chaussures volent dans un coin, emportant les chaussettes dans leur fuite. La porte claque, il grimace sous la violence du choc, mauvais calcul de force. Quelques pas dans le salon, jusqu'à la télécommande pour allumer la cheminée, tamisée la lumière du plafonnier. Sur le point de lancer la musique, jusqu'au grincement de la dernière marche des escaliers menant à l'étage.
J se stoppe et ne se tourne qu'au son de cette voix qu'il connaît tant et mieux que d'autres. Regard se plante sur la rousse, elle-même plantée au bas de l'escalier. Dans une robe bleue, ce ventre plat. Si plat. Plus de quoi y mettre un enfant. La salive s'avale mal, la gorge est sèche et les poils se dressent sur la nuque : la colère. Un instant, trop longtemps. Il la fixe, balade son regard de haut en bas, de bas en haut. Plusieurs fois. Jusqu'à river ses yeux sur son visage et déformer sa mâchoire sous le grincement de ses dents. Une inspiration, son regard se perd, les paupière se ferment plusieurs fois et il détourne les yeux, puis tourne le dos, retournant à sa télécommande. Bonsoir, Ethel. Je t'offre quelque chose à boire ? Le ton était froid, n'invitant pas réellement à la conversation, mais il espérait que, par le simple fait qu'il lui propose quelques chose à boire, il l'invitait à rester, même un peu. Savoir si elle était encore assez futé pour le décoder ou s'il n'avait, finalement, pas perdu grand chose. Le deuil était en chemin, la voir ne l'arrangeait qu'à moitié, lui qui commençait à l'oublier.
Jake repose la télécommande sur la table basse et se dirige déjà vers le minibar de la cuisine, démarche souple, un peu moins crispé qu'en la regardant. Il a laissé tombé l'idée de mettre de la musique, n'ayant plus tellement le cœur à se détendre. Alors, depuis le temps, des changements ? J ouvre le bar et sort deux verres épais avec la bouteille de scotch. Il sert une bonne rasade dans chaque verre, glaçons dans le sien. Il n'aime pas quand il se noie dans l'eau, mais adore le bruit des glaçons qui s'entrechoquent et cognent contre le verre. Glaçons dans celui d'Ethel bien qu'après un temps d'hésitation. Il avait réellement commencé à oublier. Distance obligatoire, il l'invite du côté du bar de la cuisine où il ne se trouve pas. Il l'invitait à rester, pas à revenir. De nouveau, il rive un regard, plus glacial qu'il ne le voudrait sur elle. Je me doute que tu n'es pas partie de ton plein gré. Tu aurais au moins eu la décence de me laisser un mot, je te connais. Et tu aurais pris tes affaires. Je sais aussi que tu reviens ici d'une manière totalement différente que ton départ. C'est ce qui fait que je veux bien une explication. Le verre monte jusqu'à devant ses yeux, il le fait tourner d'un mouvement de poignet, se concentrant sur le tintement, pour finalement revenir à la rouquine, après une première gorgée qui lui arrache un pincement de lèvres. Coriace. Ne t'excuse surtout pas sur le fait de n'avoir donné aucun signe de vie. Je conclurai forcément que c'est bidon. Je te connais aussi, quand tu veux quelque chose, tu l'as. Un mail, un SMS à la volée, un coup de fil abrégé, un courrier sur un post-it, un pigeon voyageur... Si tu n'as rien fait, rien essayer, ni une fois, ni jusqu'à l'acharnement, c'est que tu l'as aussi voulu. Il s'accoude au bar, à l'image d'une confidence, mais reste trop peu avenant pour inviter à se pencher vers lui. Nouvelles gorgée, verre vide, qui claque contre le bar, faisant sauter les glaçons. Et la bouteille se débouche, se renverse et rempli un peu plus qu'un premier coup. Maintenant, comme tu as du le voir, je vis encore seul. Mais je ne t'attendais plus. Je l'ai fait beaucoup trop longtemps, jusqu'à me trouver moi-même ridicule. Un sourire, amusé, étire sa bouche. Réellement amusé. Mais les yeux se brouillent et il ne le supporte pas. Sans pour autant les glisser de ceux de la gamine, l'affrontant. Et, aux vues de ce qui s'est passé, je ne veux même pas savoir si j'ai un enfant, quelque part. Si tu l'as gardé, avorté, fait adopté ou même vendu. Quand tu repartiras, ça fera moins mal. La voix tremble et les larmes coulent, mais il se raccroche à l'once de fierté de ne pas s'être emporté. Comme si ce n'était qu'une vieille blessure, maintenant. Bientôt un mauvais souvenir. Tu passeras le bonjour à ta mère, Dawkins. Et le verre se vide, encore une fois. D'une traite. | |
| | | Ethel Dawkins ♦ Civil - Œnologue
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| Sujet: Re: Forsaken Toothbrush Mer 25 Mar 2015 - 23:24 | |
| Le regard de Jake, glaçant jusqu'à l'échine d'Ethel. Un long frisson partit du bas de son dos, parcourant chaque vertèbre de sa colonne comme un serpent gelé, pour finir en étincelle désagréable dans sa nuque. Un regard qui la toisa de haut en bas, comme scrutant le moindre détail, s'attardant à peine une seconde sur son ventre. Une seconde de trop, un regard entendu. Tous deux savaient, mais Ethel se tu. Le regard de Jake respirait une colère sans nom. Comme si ce sentiment avait été refoulé dans le creux de ses organes pendant des mois, et sortait maintenant par ses orbites. Elle esquissa un mouvement de recul, qu'elle réprima immédiatement. Elle savait ce qui l'attendait, elle ne pouvait pas fuir ce moment. Elle l'avait à la fois mérité et attendu. Il lui proposa un verre, qu'elle accepta d'un simple signe de tête. Inutile de préciser, il savait. Pendant qu'il tourna le dos pour se diriger vers le bar, elle esquissa un sourire, léger, fugace. Mais un sourire. Au moins il ne l'avait pas déjà mise dehors. Mieux encore, il l'invitait implicement à rester, même quelques instants. C'était une victoire en soi, même si elle savait que les prochaines minutes n'allaient pas être facile.
Alors qu'il tournait le dos, elle remarqua qu'il ne portait que ses jeans. Une vague de mélancolie s'empara d'elle. Il y a sept mois, cette vision était devenue habituelle, à tel point qu'elle ne se rendait même pas compte de ce qu'elle avait en face d'elle. Mais après tant de semaines, elle avait commencé à oublier, le dos de Jake. Il se tourna bien vite dans sa direction, trop vite. Elle cligna des yeux pour effacer l'image du dos du jeune homme. Depuis ces quelques secondes qui s'étaient écoulées, elle l'avait regardé dans les yeux du début à la fin, sans aucune peur ombrant son regard. Alors qu'elle avait appréhendé pendant des heures ce face à face, maintenant que cela arrivait vraiment, un calme olympien s'était emparé d'elle, comme une vague de douceur. Peut être le simple fait de voir à quel point il restait froid, peut-être de le connaître assez bien pour savoir qu'il était touché sans jamais pouvoir l'avouer.
Elle lui devait une explication, et ce serait plus dur que prévu. Alors qu'elle essayait d'assembler dans sa tête les morceaux d'histoire, cherchant comment exprimer le tout, elle se rendait compte que les mots lui manquait. Sa phrase la frappa en plein fouet, faisant un instant vaciller le calme au fond de son regard. Oui, elle aurait pu, si elle avait vraiment voulu. Sa mère avait beau avoir jeté son carnet de numéros, son ordinateur et tout ce qui pouvait contenir un moyen de contacter Jake. Si elle avait vraiment voulu, elle aurait pu s'enfuir quelques heures, chercher un ordinateur. N'importe quoi. La vérité étant que pendant son temps en Angleterre, elle s'était laissée dominer par sa mère, ne cherchant même plus la bagarre, rendant les armes avant d'avoir fait la guerre. Elle réalisait aujourd'hui combien elle avait été faible, mais ne pouvait s'en vouloir. Sa mère avait toujours eu le don, ou plutôt la malédiction pour détruire sa fille de l'intérieur, par un simple mot, un regard. Et sans ce déclic qu'elle avait eu, il y a quelques heures, elle serait surement piégée dans son emprise pour longtemps. Laissant sa vie à Keimoo s'étioler dans un coin de son cerveau. Sans cette vieille dame au coin de la rue marchande du village où elle habitait, qui s'était penché sur le berçeau en mumurant "C'est quand même triste que cet enfant n'est pas de père." Alors elle avait parcouru la moitié du monde pour aller chercher le père de cet enfant, quand bien même elle avait du laisser l'intéressé derrière elle pour quelques temps. La simple idée de voir son fils grandir sans Jake, de se voir elle-même grandir sans Jake lui était insupportable. Elle aurait juste aimé s'en rendre compte plus tôt.
Elle laissa Jake déverser son flot de colère, hochant la tête sans dire un seul mot. Ce n'était pas le moment d'essayer d'analyser à quel point il croyait dire le véritable fond de sa pensée. Même lorsque les mots se transformèrent en couteau cherchant à atteindre son coeur, elle ne cilla pas. Même quand les couteaux se transformèrent en scie circulaire fonçant sur son être, elle ne cilla pas. Il était inutile de s'excuser à présent, ils le savait tous les deux. Mais elle ne voulait plus abandonner, plus jamais tourner le dos. Et tant pis si jamais cela lui valait quelques bleus, que ça soit sur le corps ou dans la tête.
" Je ne compte pas repartir. A moins que tu ne m'y forces. Je ne compte plus te laisser. Je ne m'excuserais pas de l'avoir fait, car comme tu l'as dit ça sonnerait faux. Tu n'as pas besoin de long discours ou de détours. Je pense même que tu sais ce qu'il s'est passé mieux que moi, mieux que je ne veux me l'avouer. Mais je te connais aussi mieux que tu ne veux te l'avouer."
Ou du moins je l'espère... Ne lui laissant pas le temps de réagir, de réflechir, elle s'avança jusqu'à lui, et ignorant les conséquences qu'un tel geste pourrait avoir en cet instant, l'enlaça. Son corps se collant au sien, es bras se fermant autour de son cou, ses doigts caressant un instant la nuque du jeune homme.
Dernière édition par Ethel Dawkins le Jeu 26 Mar 2015 - 14:48, édité 1 fois | |
| | | Jake Keegan ♦ Civil - Vendeur de vins
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| Sujet: Re: Forsaken Toothbrush Jeu 26 Mar 2015 - 0:41 | |
| Ce n'est presque rageant. Qu'elle ne tente rien. Qu'elle ne fasse rien. Qu'elle n'exprime rien. Ni quand les répliques sont devenues assassines, ni quand les larmes ont coulé. Elle avait du en baver, elle aussi, il ne le nie aucunement. Pourtant, en cet instant, c'est à elle de faire son mea culpa et elle s'y prend foutrement mal. J préfère détourner les yeux, les poser sur son verre vide, mais ne rien en faire. Tendre le bras jusqu'à la bouteille sonne le glas, s'y résigner est bien la dernière chose dont il ait envie. Ca et de sentir Ethel contourner le bar pour le rejoindre. Un mouvement de recul avorté par son étreinte, le frisson électrique sur sa nuque et sentir son corps contre le sien. C'était il y a si longtemps... Cette fébrilité contre lui, cette façon de se livrer, entière et pure. Mais les dernières fois n'avaient pas eu le même goût. Les dernières fois, une bulle trônait au nombril et défiait les lois de l'ergonomie des corps enlacés. Là, maintenant, il n'y avait rien. Et le vide contre son ventre creuse celui entre ses côtes, son corps fait un bond, meurt et fond. Du bout des doigts, il parcourt les bras d'Ethel, enroule ses mains dans les siennes et s'échappe doucement de son étreinte. Il le contourne, fait de même avec le bar et s'assoit sur un tabouret haut. Inversion des verres sur le comptoir de la cuisine et il remplit le sien, l'ultime avant que les glaçons ne soient qu'eau gelée. Il aurait peut-être fallu. Les excuses, effectivement, ce n'est pas ce que Jake veut le plus. Mais un minimum de considération. Et qu'elle cesse enfin de remettre aussi facilement ses décisions entre les mains d'autre personne : sa mère et le blond. Elle avait voulu qu'elle rentre au pays, qu'elle fasse il-ne-savait-toujours-pas-quoi de l'enfant, qu'elle ne le revoit pas, jamais et Ethel l'avait écoutée. Maintenant, elle voulait rester, ne plus le laisser, sauf s'il l'y obligeait. A quel moment faisait-elle les choses en fonction de ce qu'elle voulait. Ramper n'est aucunement assumer, ni s'excuser. Et face à tout ça, J sentait sa rage bouillir. La noyer dans l'alcool lui semblait une chouette idée et il était plutôt bien lancé, sur un estomac à jeun, avec deux verres de scotch. Trois, désormais qu'il reposait encore une fois son verre sur le comptoir. Il laisse son doigt glisser sur le bord et tapote le bar, les suivant des yeux, fascination égarée. Tu aurais du penser à ce que tu me dirais. Tu ne connais de moi que ce que j'ai bien voulu te montrer ou te dire. Peu de chose, en somme. Et je ne connais de toi que ce que j'ai bien voulu comprendre. Ton addiction pour la drogue, ton art débauché, ton côté ingénu, frêle, barbare... Et la rousseur de ta peau. Deux étrangers. Et un peu de nous dans un bébé. Encore ce verre qui se rempli. Il le lève, montre le salon d'un mouvement de main souple, les glaçons tintant encore un peu dans le verre. Finalement, ils auront fait un dernier tour, eux aussi. L'alcool ne monte pas encore, mais il le voudrait. Cette maison est immense. Et tourner, comme un lion en cage, rien que dans cette pièce, c'était long, frustrant et flippant à la fois. De me demander où tu étais, comment tu étais... Comment j'allais faire. Et tu reviens, ici-même, sept mois plus tard, en espérant que je ne t'oblige pas à partir ? Allons... Quelques notes d'un rire, une gorgée d'alcool, goulue mais pas finale. Il pose son regard sur Ethel, sincèrement désolé. J'aimerai récupérer ma clef, s'il te plaît. Que tu partes de chez moi. Et, accessoirement, ne revienne pas. Comment l'as-tu appelé ? Du reste, il n'en veut rien savoir. Juste un nom, pour exorciser. Le feu monte aux joues, plus par métaphore qu'autre chose : la question brûlante réveille l'alcool et lui fracasse le crane. Insipide. | |
| | | Ethel Dawkins ♦ Civil - Œnologue
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| Sujet: Re: Forsaken Toothbrush Jeu 26 Mar 2015 - 14:42 | |
| L'étreinte, brisée bien vite. Retour à la réalité. Elle cligna des yeux, sa vision s'étant embuée. Elle avait réussit depuis le début à garder une contenance. Mais le contact avec Jake lui avait ramené les anciennes odeurs, les anciennes sensations. Et elle comprenait dans ses gestes qu'il s'était déjà bien trop détaché. Les larmes lui montèrent aux yeux, elle tenta de les réprimer, mais une goutte glissa le long de sa joue avant qu'elle ne puisse la ravaler. Oui, il aurait peut-être mieux valu qu'elle s'écrase et s'excuse platement. Elle s'était trompé en pensant qu'il ne voulait pas de ça. Mais cette fois-ci, les mots qu'il prononça la transpercèrent de plein fouet, l'ébranlant jusqu'au fond des entrailles. Essuyant les larmes qui coulaient, ne voulant pas pleurer, pas maintenant, elle s'avança dans le salon, mettant une distance physique entre eux deux. Le regardant enchaîner les verres sans presque s'en rendre compte.
"C'est surement trop tard maintenant. Mais, Jake, je suis désolée. Et je le suis sincèrement."
Il était même envisageable qu'elle ne s'excuse sincèrement que pour la première fois. Bien sur qu'elle avait été désolée à plusieurs reprises, avec de nombreuses personnes. Mais à présent qu'elle était confrontée à lui, et se rendait compte de toute la peine qu'elle avait pu faire, elle était désolée de tout son coeur, et le sentait se serrer à mesure qu'elle prononçait ces mots. Savoir que cela ne changeait rien, qu'il semblait déjà avoir prit sa décision était d'autant plus douloureux. Mais il reviendrait, peut-être un jour. Lorsqu'il aurait des questions à propos de son fils, ou tout simplement l'envie de voir son visage. Si bien sur elle avait réussit à le récupérer d'ici là. Elle était consciente que son fils ne serait pas avec elle dans la semaine, ou même dans le mois. Mais il faudrait peut-être plus de temps à Jake pour revenir. En espérant qu'un jour, elle récupère son fils. Qu'un jour, elle puisse le serrer dans ses bras et regarder le futur d'un oeil confiant. Elle ferait en tout cas tout ce qu'elle pouvait pour permettre à cela d'arriver.
Lorsque sa mère était arrivée, elle avait pensé à Jake, mais visiblement pas assez. D'une certaine manière elle avait été égoïste de partir de la sorte, même sans avoir le choix. Elle aurait pu ne pas se soumettre immédiatement, obliger sa mère à rester, quelques minutes, une heure, jusqu'à ce que Jake ne rentre. Peut-être qu'elle aurait été obligée tout de même à partir, mais elle ne l'aurait pas abandonné. Pendant sept mois elle s'était jetée au fond d'un puit sans fond, laissant la lumière s'éloigner de plus en plus. Dans trop de ténèbres pour penser à ceux qu'elle avait laissé derrière quand elle avait sauté. On lui avait souvent reproché, de ne pas prendre en compte le mal qu'elle pouvait faire aux autres. Et maintenant c'était trop tard.
"Je m'en vais. Je sais que le jour où tu seras prêt à revenir me parler, tu sauras me trouver."
Même si elle même n'avait aucune idée d'où aller à l'instant où elle franchirait cette porte. Elle n'avait pas d'affaires, pas d'argent. Aucune idée d'où se diriger pour passer la nuit. Mais elle ne le dirait pas à Jake. Parce qu'elle savait pertinamment qu'il ne la laisserait pas partir en sachant cela. Et si son souhait était qu'elle franchisse cette porte et ne revienne plus, elle ferait cela. C'était un nouveau départ si on y pensait bien. Vierge de tout ce qu'elle avait pu faire. Il fallait juste qu'elle prenne son courage à deux mains et se lance, dans l'inconnu.
Elle sortit de sa poche la clef qu'elle avait prise précédemment. La main tremblante, elle s'approcha à nouveau du bar, et la posa doucement. Elle faisait face à Jake, le bar comme seul obstacle entre eux deux. Tâchant de ne pas faire trembler son visage, elle baissa la tête à nouveau, et esquissa un mouvement de départ. Puis une seconde d'hésitation. Que devait-elle faire ? Une seule phrase, et elle savait que tout changerait. Juste lui dire, qu'elle n'avait nul part où aller. Mais c'était de l'égoïsme. Sa main tremblait sans qu'elle ne puisse la controler, elle la cacha dans son dos. L'alcool avait de toute manière déjà commencé à faire effet. Il était probable qu'il ne remarque même pas les membres tremblants de la rouquine. Mais par sûreté, elle recula d'encore un pas, prête à partir.
"Loïs, il s'appelle Loïs."
En pensant à lui, un sanglot commença à monter dans sa gorge. Sortant d'une poche son porte-monnaie, elle en tira une photo, la plus récente qu'elle possédait. Prise il y a quelques jours. Son fils en train de sourire, un sourire sans dents, innocent et heureux. D'un geste doux, elle posa la photo sur le bar. Puis tourna les talons, n'osant pas jeter un dernier regard, de peur de voir Jake déchirer la photo. La porte se claqua, et à la seconde où elle su qu'il ne pouvait plus la voir, elle se mit à courir de toutes ses forces, loin.
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| Sujet: Re: Forsaken Toothbrush | |
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