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 Souvenirs d'été. [Cammy]

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Souvenirs d'été. [Cammy] Empty
MessageSujet: Souvenirs d'été. [Cammy]   Souvenirs d'été. [Cammy] EmptyDim 16 Mar 2014 - 21:13

Les souvenirs sont similaires aux histoires. On les vit, les écrit, les raconte. Parfois on les déforme, les modifie à notre guise ou, pire, on en dissimule un bout.

Tout comme les histoires, ces souvenirs peuvent être douloureux, traumatisants, déchirants. Ah, tu ne le sais que trop bien...

C'est un jour ordinaire, dont tu ne garderas pas, ou peu, de souvenirs. Les heures passeront, la nuit tombera et, bientôt, une autre journée normale surviendra. C'est une routine à laquelle tu t'es habitué, dont tu as besoin même. Ah ! Pour sûr, se laisser aller à un schéma répétitif, sans avoir à réfléchir, est tellement plus aisé. Pourquoi donc voudrais-tu en sortir ? Pour penser ? Voir le monde ? Les gens ? Tu les as déjà bien trop vu à ton goût, et tout ce que tu veux c'est oublier, te débarrasser de ces souvenirs qui te hantent.

Aujourd'hui, tu ne travailles pas et, n'ayant aucune raison de te lever tôt, tu en as profité pour jouer jusqu'à une heure indécente à l'un de ces jeux de rôles qui occupent tes nuits. Et te voilà, quelques heures après, qui émerge. Tu t'es endormi sur ton clavier, dont les touches resteront imprimées sur ta peau un petit moment. Ton dos, endolori par plusieurs heures d'immobilité, te rappelle à l'ordre dès que tu te te lèves et, déjà, tu sens que la journée va être longue.

En réalité, il y a bien une raison pour laquelle tu aurais du te lever. Un impératif que tu remets à plus tard depuis plusieurs jours déjà. Un problème administratif pour lequel tu dois te rendre à la Mairie. Ah, que tu hais la paperasse ! Une histoire toute bête de formulaire mal remplit.
La mairie... Depuis quelques temps, déjà, tu évites ce lieu comme la peste mais, en as-tu seulement conscience ?

Quatorze heures sonnent à ta montre lorsque, enfin, tu sors de chez toi. Le petit-déjeuner a été maigre et c'est en traînant les pieds – pareil à un non-mort – que tu vas à l'hôtel de ville. Vingt-cinq minutes de marche et te voilà devant la grand bâtiment, sobre, aux allures presque lugubres. Pour sûr, le dernier séisme ne l'a pas laissé indemne. Le séisme... à peine y penses-tu que, déjà, tu le chasses de ton esprit.

La chose que tu aimes par dessus tout, avec l'administratif, c'est l'attente. Une heure, c'est le temps que tu passes sur cette chaise inconfortable, à ruminer toutes sortes de mauvaises choses en attendant, qu'enfin, viennent ton tour. Au final, lorsque celui-ci arrive, ton entretien ne dure pas plus de cinq minutes et tu te maudits intérieurement lorsque l'employé, face à toi, t'annonce que ;

« Vous auriez pu nous envoyer le formulaire par voie postale, cela vous aurait évité d'attendre aussi longtemps. »

Et te voilà quittant le bâtiment, contrarié au possible par cette perte de temps. Non, tu ne voulais pas y aller, tu ne voulais pas sortir de chez toi, aller en ville. Tu ne voulais pas voir l'état dégradé des bâtiments qui ne font que te rappeler ce jour maudit. Ta respiration se saccade légèrement, une migraine pointe le bout de son nez et tu ne peux t'empêcher de regarder cette chose, face à toi. Tu veux partir, fuir, courir aussi loin que possible mais, au lieu de cela, tu restes immobile. Debout, les yeux rivé sur un mémorial, tu ne peux qu'avancer, d'un pas démesurément lent.

Cette marche, semblable à celle d'un mort, t'amène devant l’amas de pierres gravées. Là, tu te figes et un seul mot reste dans ton esprit ; pourquoi ?

Pourquoi a-t-il fallut que tu sortes, aujourd'hui ? Pourquoi t'es-tu retrouvé face à ce mémorial ? Pourquoi as-tu survécu à ce jour maudit, alors que tant d'autres non ?

Les souvenirs sont similaires aux histoires. Et comme certaines histoires, il y a des souvenirs que l'on aimerait oublier, brûler, dissiper. Des souvenirs si horribles, si douloureux, que leur simple existence suffit à vous déchirer. Le souvenir de ce jour en fait partie.

Frénétiquement, tes yeux courent le long des noms inscrits sur la pierre. Tu les lis, et les relis, mais tu restes incapable de les retenir, comme si tu t'appliquais à comprendre une langue inconnue. Et, tandis que ces noms se perdent et disparaissent dans ton esprit, d'interdites images y reviennent. Elle ne font que commencer et, déjà, tu trembles.

Ces images, c'est toi même que les a interdites et chassées de ton esprit, si souvent que, pour peur, tu les aurais crues inventées. Mais... non. Elles sont bien réelles et suffisent à te déstabiliser au plus haut point.
Sur la pierre, tes yeux continuent leur course. Tu trembles un peu plus à chaque fois que tu reconnais un nom. Parfois, tu dois t'y prendre à deux fois, par peur de te tromper. Tu reconnais des élèves, des universitaires. Des gens que tu as connu lorsque toi même tu étais au lycée. Tu trembles encore un peu plus. Tu t'arrêtes à chacun des noms, comme si le fait de les lire trois fois pouvais t'aider à les reconnaître. Peut-être espères-tu ainsi trouver leurs noms, à « eux » ?

« Eux », sont les gens avec qui tu étais avant le séisme...
C'était une autre journée ordinaire, banale, durant laquelle rien d'étonnant ne devait arriver. Après avoir peu dormi, dans ton lit pour une fois, tu t'étais dirigé vers une petite épicerie, en bas de chez toi. Elle était déjà là lorsque tu avais emménagé, dix ans plus tôt, et était tenue par un vieil homme aux airs rudes. La bâtisse était vieille mais, assurait-on, aussi solide qu'un roc.
Te souviens-tu de la surprise du vieillard lorsque, aux premières secousses du séisme, sa boutique s'est littéralement effondrée ? Mais sa surprise s'arrête nette lorsqu'une partie du plafond lui tomba dessus, le plaquant au sol, inconscient ou mort. Tu n'as eu que le temps de te baisser, les mains autour de la tête, avant que le reste du plafond ne s'effondre. Par chance, une étagère était là pour te protéger et tu ne t'ai retrouvé, indemne, dans un espace particulièrement restreint. Tu étais seul, avec une demoiselle de ton âge, une cliente qui passait en caisse au moment de la catastrophe. Elle n'a pas eu ta chance et sa jambe gauche, brisée, s'est retrouvée coincée, dans un angle peu naturel, sous les décombres. Un filet de sang poisseux glissait le long de la chair. Le reste de la demoiselle était bloqué avec toi, dans cet espace particulièrement restreint, au point que vos souffles terrorisés se mêlaient.
Tu étais apeuré, tétanisé, et les pleurs douloureux et paniqués de ta compagne ne t'aidèrent guère.
C'est à ce moment, sans doute, que tu as fais le plus preuve de courage. Alors que ton cœur déchirait ta poitrine à chaque battement, que tes yeux étaient encore larmoyant de poussière et que tu priais pour retrouver ton lit, tu parvins miraculeusement à retrouver ton calme – en apparence du moins. Une petite voix, tout droit venue des contes de fée et histoires chevaleresques en tout genre, te rappela à l'ordre. Tu ne pouvais pas sortir, t'échapper, ou accélérer le temps mais tu pouvais essayer de calmer cette jeune femme pleurs. Oh, ce ne fut pas une tâche aisée, surtout pour pas pour toi, insociable comme tu es mais, après un peu de temps, tu parvins à sécher ses larmes.
Bientôt, tu la prenais dans tes bras, pour une étreinte douce et chaleureuse.
Votre attente à été longue. Plusieurs heures. Et lorsque les secours, enfin, vous dégagèrent de sous les gravas, elle était déjà morte. Tu la tenais toujours contre toi, tremblant, pleurant d'un profond désespoir. Tu l'as accompagnée dans la mort, y a laissé une partie de ton être et, au final, tu ne lui avais même pas demandé son nom...

Et tu es là, aujourd'hui, cherchant frénétiquement sur la pierre du mémorial un nom que tu ne connais pas, hanté par ces douloureuses images. Et, alors que tu ne le trouves pas – comment le pourrais-tu ? - tu restes sur place, comme tétanisé. Figé, tu te sens incapable de reculer, de partir, de fuir. Tu es pris au piège, comme tu l'étais dans cette épicerie – et la panique te gagne. Cette fois, il n'y a personne à rassurer, à calmer ou à réconforter. Tu es seul, devant la pierre, sans aucune raison d'être fort, ou courageux. Tu trembles, encore, d'avantage même. Ton cœur déchire ta chair à chaque battement. Tes yeux s'embuent sans qu'aucune larme ne puisse couler. Et tu restes figé, incapable de bouger, n'ayant qu'un mot à l'esprit :

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