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 Frémissements nerveux. | Nys.

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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 30
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
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MessageSujet: Frémissements nerveux. | Nys.   Frémissements nerveux. | Nys. EmptyJeu 27 Fév 2014 - 23:31




    Les seins surélevés par ses bras croisés sous sa poitrine, Kami restait prostrée contre le mur de la salle d'entraînement, ses yeux carmins évaluant mes mouvements. Dans la salle de musculation, évidée d'autre présences humaines que les deux nôtres, les coups résonnaient, frappant le silence avec force, heurtant le calme avec un dynamisme brusque.

    « Plus souple, ta jambe, plus souple, bordel. »

    Sa lèvre avait frémi sur un japonais à l'accent prononcé, et je reculais d'un pas, le souffle court. Les cheveux projetés en arrière, dans un chignon qui s'était voulu complaisant dans son confort, dans sa longévité, mais qui n'avait sut retenir mes cheveux trop rebelles. Les éclats bruns de mes mèches venaient frapper le coin de mes paupières, et dans un geste agacé, je rejetais l'une d'elles par derrière mon épaule, l'attrapant entre mes doigts droits. Mouvement réflexe, mouvement irréfléchi : la douleur qui rampait vint frapper brusquement, à la manière d'un éclatement électrique, m'élançant jusqu'à sous les ongles, et je me figeais, sifflant et crachant la douleur. Kami plissa ses paupières en une expression mauvaise, décroisant ses bras pour s'approcher de moi, et tendant un index décharné, s'empara de mon poignet avec une délicatesse violente. Entre les doigts de la française, je cessais de bouger, crispant simplement la mâchoire, plus irrité que victime de la douleur, qui se dissipait déjà. Kami n'obtempéra cependant pas au calme revenu sur mon visage, et relâcha mon bras avec un reniflement dédaigneux, ses yeux orageux se faisant les prémices de la tempête qu'elle me promettait.

    « Tu n'as plus ton plâtre depuis deux même pas deux jours, abruti. Essaie au moins de ne pas avoir à retourner à l'hôpital pour qu'on te le re-foute, ça me ferait sincèrement chier. En position. »
    « Vous vous donnez le mot, avec Lawrence et Kojiro ? ''Zakuro, reste calme, ou tu vas te faire mal''. Vous êtes drôles, quand vous vous y mettez. »
    « Je ne t'ai pas demandé de l'ouvrir, il me semble. Remets toi en position. »

    Ses yeux coulaient un regard encré sur mon bras.
    Dans l'entrelacement des gazes blanches, juxtaposition experte d'une finesse de nuance alvéolées, les bandages qui avaient remplacés le plâtre m'ayant immobilisé le bras ces deux derniers mois se faisaient les soulignements albâtres d'un membre qui retrouvait heure après heure ce confort de la maniabilité, cette appréciation de la dextérité. Je retrouvais une liberté de mouvement, arpentant l'exploration des évolutions de cette épaule qui n'était restée que trop longtemps fixe pour que je le supporte. Je retrouvais cette liberté de mouvement, et dédaignant les conseils trop manichéens des médecins, jalousais l'idée d'avoir à côtoyer un compte à rebours avant de ne pouvoir réutiliser pleinement les capacités de mon bras. Aussi, j'étais retourné voir Kami pour qu'elle me fasse retravailler mes mouvements, comme si l'organe blessé, encore fragilisé ne représentait qu'un obstacle mineur. J'étais satisfait qu'elle ait accepté. Malgré sa capacité à déterminer le bien et le mal, le calme et le dangereux, le naturel et le déraisonné. J'appréçiais Kami et son incapacité à réagir telle que l'aurait fait Kojiro. Car, comme moi, l'effort était trop sacré à ses yeux pour qu'un bras abîmé devienne une barrière, une limite.

    Le bandage, comme un amant, enlaçait ma poitrine, pour se fixer à l'épaule, et couvrir la totalité de mon bras, jusqu'au bout des ongles. J'ignorais à quoi ressemblait ma peau, sous cette surface aux perceptions létales, mais jouant à plier et déplier mes phalanges, je ne ressentais plus cette vague de douleur qui m'avait inondé après la première semaine, lorsqu'on m'avait permis d'utiliser mon bras, puisque celui-ci plâtré. J'étais satisfait de cette évolution, et de cette appréciation temporelle des os qui se ressoudent. Je glissais ma semelle sur le sol, axant ma hanche dans le pivot d'un mouvement qui se fit rotation, et abaissant ma poitrine, rejetais mes épaules en arrière pour une garde basse en projetant mon bassin. Ma jambe s'envola, décrivit la courbe, et frappa. Claquement. Le sac de sable se balança au bout de sa chaîne, l'impact ayant provoqué son déplacement sur les rails métalliques, tandis que, du bout du pied, j'effleurais le sol.

    Les yeux rieurs, appréciateurs, Kami avait ce léger sourire de mes progrès. Je serrais les poings, sachant pertinemment que j'aurais à recommencer plus de cent fois ce même coup de pied avant qu'elle ne daigne accepter et reconnaître le fait que je maîtrisa le mouvement. Je glissais encore ma semelle vers l'arrière, tirant ma hanche vers le haut. Encore. Encore un peu, et ce bras ne serait rien qu'un souvenir. Un souvenir lié à ce café jeté à la figure, à ce désespoir amorcé, balancé à mon visage, et lui, lui qui crache et qui siffle, chat furieux, félin angoissé, sa terreur venue se nicher contre ma poitrine, ses doigts refermés, griffant ma peau. N'est-ce pas, Chess ? Encore un peu, et nous brûleront ce bandage, et je ferais jouer mes phalanges droites sur tes clavicules, dans une caresse plus exploratrice que jamais. Mon pouce sur ton sourire, dans l'idée, vaguement abstraite, d'essayer de l'agrandir plus encore que ce que les angles de tes commissures m'offraient à contempler. Un sourire pour l'immatérialité, un sourire pour la temporalité.

    La porte s'ouvrit, et surpris, je figeais ma position, avant de prendre conscience de l'arrivée d'une personne, et je me retournais, dans le même mouvement que Kami.

    Sur le seuil, un garçon aux cheveux lumineux, aux yeux verts, était encadré par la largeur des portes qui face à sa taille minuscule, semblait presque l'écraser. Interdit, je tournais mes prunelles bleues vers Kami qui croisait toujours les bras, dans une contemplation impassible de l'enfant. Je rejetais mes yeux sur le garçon, fasciné par le blond de ses mèches, et un sourire porté par un coup de vent mental, fragile, vint courir sur mes lèvres. Assurémment, il n'était pas de ces japonais qui tâchaient ma rétine de par leur défilés de têtes brunes. Assurément, il n'était pas ce genre d'individu que je pouvais ignorer. Rien que pour ses cheveux lumineux, il me plu.
    Absolument.

    « Yo. On peut t'aider ? »
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MessageSujet: Re: Frémissements nerveux. | Nys.   Frémissements nerveux. | Nys. EmptyVen 28 Fév 2014 - 13:00

L’hiver. Le morne du ciel, son œil las paressant sur les immeubles, ses nuages déclinant toutes les nuances de gris, l’habillant froidement. On apercevait parfois un éclat de soleil, un bout de rayon, rendant frais seulement le froid. L’astre nous conviait dans le cœur céleste, dans ses émotions, si facilement dénudé. Des courants d’air insidieux se permettaient de traverser les pulls, les écharpes, les bonnets, les cache-nez. La monotonie des vêtements, la population éparpillée qui préférait sûrement boire un chocolat chaud, enfoncée dans un fauteuil au coin du feu. L’humidité du sol recouvert du fin givre que les chaussures épaisses détruisait à chaque pas, marqué par les centaines de semelles, d’empreintes. Les lèvres gercées se fendant en minces sourires. Les buées s’échappant de chaque mot, floutant les contours de visages palis par la saison. Les mains dans les poches, les épaules proches tentant de capter la moindre chaleur des proches.

Et le frissonnement continu parcourant mes omoplates, ne laissant pas indifférentes mes jambes. Des milliers de petits points se redressaient. Enfants, nous disions « chair de poule », maintenant le mot « horripilation » devait nous sembler plus familier. Je préférais l’ancien.

Mon sac de sport résonnait contre mes cuisses à chaque pas ; je remontais la fermeture éclair qui avait le don de ne jamais rester en place de mon blouson sur mon t-shirt où toute la classe mondiale s’était réunie pour y écrire « Hotmale », un cadeau – sûrement mal choisi – d’un ami . De lui, aussi peu correct grammaticalement cela pouvait-il sembler. Mes doigts allaient se retrouver en privé dans les poches fraîches du pull, aussi inutile ce geste pouvait-il sembler, comme aucune chaleur n’avait semblé lorgné la cachette pour mains. Mes yeux tombaient sur quelques visages étonnés, m’observant avec curiosité ou mépris, sans que je ne sache délier l’un de l’autre. Les Japonais avaient les yeux trop confus pour s’y attarder longtemps. Trop noirs. Trop abyssaux. Sans intérêt, et pourtant, je ne pouvais m’empêcher de chercher en eux un détail qui ferait qu’ils étaient différents. Chose impossible pour ma vue abîmée.

Mes cheveux n’avaient pas voulu se mettre en place, ce matin-là. Ils avaient joué aux petits rebelles, et avaient ondulé à cause de l’humidité de l’air. J’avais essayé de les cacher dans un bonnet, mais j’avais juste l’air d’un plombier. Je n’avais pas une tête à chapeaux.

Mais ce n’était pas pour me plaindre que j’avais malencontreusement osé mettre un pied dehors dans l’air glacial hivernal. L’été me manquait déjà. L’hiver s’était toujours moqué de moi, de mes pieds gelés, de ma peau tremblante, de mes dents s’entrechoquant, de ma bouche craquelée, de mon nez enrhumé. Si j’étais en short de sport, ce n’était pas pour une nouvelle forme de masochisme, mais bien parce que je comptais me dépenser. Je comptais me réchauffer jusqu’à oublier le froid s’engouffrant dans mes poumons, ébouriffant mes cheveux. J’allais prendre mes marques pour la première fois sur le terrain d’athlétisme, et courir jusqu’à ce que j’aie l’impression de voler. C’était tout ce dont j’avais besoin.


J’étais fraîchement arrivé dans l’établissement, devant rapidement prendre mes repères. J’étais pressé par la paperasse, oppressé par les personnes, gêné par ces gangs, perdu à travers les salles. Je passai ma langue sur mes lèvres, mauvais réflexe qui les craquèlerait.
Je cherchais, c’était simple, vers ce fameux terrain, demandant parfois mon chemin, l’air hagard, à des quelconques sans nom, sans histoire, que je ne recroiserais sûrement jamais, ou qui pour moi ne serait qu’un tout noué à l’origine douteuse.
J’atterris dans un vestiaire vide et calme, à l’odeur vieillie de transpiration rance. Je fronçais le nez. Déodorant. Je détestais ça. Comme me déshabiller.

Mon pull tomba dans son bruit mou, caractéristique, suivi par le t-shirt, aussi top mode pouvait-il être. Ma solitude m’écrasait, m’achevait. J’aurais imaginé plus d’adeptes du sport matinal, mais sûrement l’ambiance poussant à l’hibernation n’était pas propice à l’effort. Ni le vent se cassant contre les murs, faisant voleter les jupes de courageuses endurcies. Peut-être la jolie jupe d’une rousse surprise par la vivacité d’une bourrasque vigoureuse. Peut-être cela l’aurait-elle faite rougir un peu, accordant ses joues avec ses cheveux, et passerait-il, dans ses yeux, l’éclat de la gêne ?

La scène fantasmée fit frémir mon échine, et j’enfilai un débardeur orange vif : les couleurs chaudes me remontaient le moral. J’avais besoin de pétant, j’avais besoin de clinquant, et oublier la pâleur de la morte saison. Mes chaussures, ensuite, véritables loques, prirent la place de mes baskets montantes communes. La flemme m’avait poussé à ne jamais racheter d’autres paires de chaussures. Ou bien je n’avais pas voulu les quitter pour une quelconque raison affective qui me liait à elles ? Des souvenirs ? Des soupirs ? La défaite, indubitablement, mais n’avais-je pas tant de fois battu tant d’autres ? Peut-être qu’un jour, mes pieds auraient la bonté de pousser un coup, et j’aurais une excuse pour les cacher dans une boîte sous mon lit. Oui, ça semblait être un bon plan. C’était bon, c’était beau. Garder ses objets précieux sous sa couche, et pouvoir en rêver. Quoique, c’était pas une solution pleine de regrets ?

Mais que faisais-je encore dans la pièce ? Mes jambes tremblantes criaient grâce pour trouver un coin plus chaleureux. Je fourrai mes affaires sans prendre le soin infini de les plier dans mon sac – cruel châtiment pour ces valeureux bouts de tissu – et je suivis leur conseil, mais bien vite, je me sentis perdu. Ne devais-je pas trouver du matériel pour l’athlétisme ? Des portes, des portes partout ! Quand cette avalanche de poignées allait-elle cesser ? Elles se ressemblaient toutes, elles étaient les mêmes au millimètre près, à l’usure, à la couleur. Où était ce fichu local, que je commence rapidement mon échauffement et que je me mette à courir ?
Une énième pièce à explorer. J’avais ouvert sans frapper, m’attendant à la solitude poignante à nouveau. Mais parfois, le sort s’amuse de vous.

Je contemplais les deux individus, curieux, sans vraiment cacher mon étonnement de voir des humains – ce qui m’avait semblé si rare, en ces dix dernières minutes. Mes iris verts faisaient la navette entre les deux personnages, sans vraiment distinguer quoi que ce soit. Je ne faisais pas vraiment attention à eux, au final. Je cherchais mon matériel. Je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils, tirer sur ma commissure gauche, maugréant contre ce stupide établissement encore trop inconnu. Alors je me penchais sur les deux personnes. Et mes traits se modifièrent à l’instant. On aurait pu dire que je tombais des nues. Comment ce type pouvait-il être aussi grand ? Etait-ce humain ? Comment avait-il pu hériter de gènes pareils ? Et c’étaient quoi ces traits japonais et ces yeux bleus ? Non mais… sûrement des lentilles. Et la réponse à sa taille ? Indéterminable. C’était un enfant de géant. Voilà. On trouve toujours des solutions à tout ce qui est incommodant. Il avait les muscles vendus en prime. Et malheureusement, ils n’avaient pas l’air faux. C’était le corps de rêve, non ? A côté, je devais avoir l’air bien drôle. Il devait me prendre pour un petit pois.

Elle ? En toute franchise, elle n’aurait pas été mannequin. Je n’avais rien contre les rondeurs, cependant. Une brune. Encore des lentilles ! Peut-être était-ce un gang – le mot est sûrement mal choisi – de cosplayers… qui s’entrainait à je ne savais trop quoi ?

Je fus tiré de ma contemplation par l’homme. Je ne m’y attendais pas, évidemment. Je comptais juste m’excuser et filer en douce, la queue entre les jambes.

« AH ! Euh… Bonjour.  Désolé de vous déranger. Je venais pour chercher le matériel d’athlétisme. Mais apparemment, je me suis juste égaré. »

J’avais la voix tremblante des stressés, les yeux fuyants du coupable, les mains se réconfortant mutuellement du renfermé. Bref, rien de bien fameux, comme première impression. J’espérais juste qu’ils ne se moqueraient pas de moi – sans espoir, sûrement, car moi-même, je savais que c’était irrésistible de rire du ridicule. Il allait peut-être me jeter un regard dédaigneux, en me faisant signe de partir, ou, dans un élan de mansuétude infinie m’accompagner au local ? Nan, fallait pas rêver.
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MessageSujet: Re: Frémissements nerveux. | Nys.   Frémissements nerveux. | Nys. EmptySam 1 Mar 2014 - 22:30

    Pendant une seconde, illusion visuelle des juxtapositions de lumières et de formes, de couleurs et de texture, il me sembla que le garçon fut en réalité une fille. Pendant une seconde perplexe, immobilisée par un regard en avant. Mais adepte de l'androgyne, connaisseurs de ces corps-doubles, il fallut un regard pour m'assurer des hanches droites, de la présence et de l'absence de ces détails qui différencient l'homme de la femme, la femme de l'homme. Physiologiques attachements, prétextes pixelisés de la réalité, je souriais devant cette rencontre importune, mes pensées s'égarant brièvement pour Emmanuel, mon croque-mort ni vraiment homme, ni vraiment femme.
    Pendant une seconde. Illusion, non-dit, et plaisantes tromperies de l'oeil, du cerveau. Il ouvrit la bouche, structurant la composition de son être, de son existence, et délivra sa voix, celle-ci venant porter le premier message informatif jusqu'à mon cerveau.

    « AH ! Euh… Bonjour.  Désolé de vous déranger. Je venais pour chercher le matériel d’athlétisme. Mais apparemment, je me suis juste égaré. »

    Tout dans son attitude exprimait la gêne profonde, et un terrible sourire amusé étira mes lèvres, dans une sorte de satisfaction extinguible, intense. Kami eut la même réaction que moi, son plaisir à contempler l'enfant se teintant cependant de ce plaisir pervers qu'elle prenait à observer ceux qu'elle désirait manger, en leur rongeant la chair jusqu'à dévorer l'âme. La saisie de ce détail fit abandonner à mes lèvres le maintien de leur sourire, et j'adoptais une expression nettement plus calme, créant ce contraste entre le visage de Kami et du mien. Je m'avançais d'un pas, rejetant mes cheveux par dessus mon épaule, saisissant du bout des doigts mon élastique faiblement retenu aux dernières mèches encore entremêlées entre elles. Je le récupérais entre mes phalanges, et dans le jeu coulant de celles-ci, agrandissant la bouche métaphorique de l'élastique, pendant que de l'autre main je saisissais mes cheveux, les tordant en un épais amas, que l'élastique vint immobiliser, claquant sous mes doigts, frappant les boucles. Je me stoppais devant le garçon.

    « Athlétisme, hm ? Il me semble que la section athlétique est au fond du couloir, à droite, dans les dernières portes. »

    Ma main vint se poser sur la porte, et jetant un coup d'oeil par dessus le garçon, évaluais la distance qui séparait cet endroit jusqu'aux locaux de réserves des matériaux d'athlétismes. J'avais récemment croisé des sauteurs qui rangeaient leurs perches un peu plus loin, au milieu des javelots et des disques. Hm. Sans me retourner vers elle, j'élevais la voix.

    « Kami ? »
    « Vas-y. On va dire que tu as terminé pour aujourd'hui. On se retrouve demain ? »

    Je me retournais vers elle, pour lui jeter un sourire. Elle n'y répondit pas, son regard vermeil glissant sur mon visage en une caresse indistincte, indéchiffrable, et elle détourna le visage, décroisant les bras pour s'occuper à détacher le sac de sable qu'elle retira d'un seul mouvement de ses bras, dévoilant sa force insupportablement existante. Son dos dévoilé mettait à nue l'araignée gigantesque, qui dans le roulement de ses tendons et de ses muscles, se mouvait en cadence à chacune de ses respiration, dépliant son long corps au fil de la colonne vertébrale d'Otagame. Crochets et aiguillons poignardèrent mon regard, jusqu'à ce que je ne me détourne, sortant de la salle, récupérant simplement mon sac de sport abandonné dans un coin, et ma bouteille d'eau.

    Après quelques foulées, et des regards posés sur son crâne, après l'installation vaguement insistante de ce silence qui moulait nos mouvements accompagnant l'un et l'autre, j'entrouvrais mes lèvres sur un murmure.

    « Athlétisme, alors ? »

    Je croisais son regard, appréciant la nuance claire. Un vert différent de celui de lun. Celui dans lequel je laissais survoler mes yeux, à la manière d'un oiseau qui plâne au dessus d'une forêt, avait les yeux couleur pomme verte. Ces pommes qui n'existent que là où on ne les trouve pas. Ces pommes vertes qui sont fantasmées, qui sont désirées, et que l'on ne mange que dans l'esprit. Des yeux couleurs pomme, pomme de rêve, pomme d'idées. Des théories d'héliocentrisme qui faisaient se concentrer tout mon intérêt sur lui.

    « Comment t'appelle-tu ? »

    Je posais la main sur la poignée de la porte. Fermée. Un soupir las, quoiqu'il fut naturel que les réserves soient fermées à cette heure là de la journée. Je glissais mon sac sur ma hanche, faisant frapper ma bretelle de besace conte mon omoplate, et plongeais mes doigts à l'intérieur du sac, y cherchant mon trousseau de clefs. Allons, allons, Chessylove, tu ne m'aurais quand même pas piqué celles-ci ? J'en avais besoin, aujourd'hui. Mes ongles heurtèrent une surface multiple, dure et froide, et provoquèrent un tintement. Ah. Trouvées. Je tirais le trousseau des clefs des portes de l'Académie, dans des tintinnabules produits par l'espèce d'énorme chenille métallique de clefs qui formaient le trousseau. Les faisant défiler entre mes doigts, j'étudiais chacune des gomettes que j'avais collés contre les clefs, les disposant de manière à pouvoir me repérer entre elles par un code couleur. Sport, c'était violet. Défilement intempestif des clés, à toute vitesse, entre mes doigts. Puis, cessation du mouvement, et je glissais l'une d'elle dans la serrure de la porte. Elle y glissa, et la serrure obtempéra. Parfait. Un sourire sur le rebord des yeux, j'appuyais sur la poignée, et ouvrais la porte. Le matériel d'athlétisme était bien là. Je m'écartais, pour laisser entrer le garçon, mes yeux évaluant la réserve. C'était ordonné et bien rangé. Rien de dangereux, c'était satisfaisant. Il faudrait peut-être, cependant, que je demande si l'on avait la possibilité de rajouter des écriteaux informatifs sur les portes pour signaler les spécificités des réserves des salles de sport. Mes yeux revinrent voleter leur intérêt sur le crâne blond.

    « Hm. Est-ce que tu as besoin d'aide ? »
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MessageSujet: Re: Frémissements nerveux. | Nys.   Frémissements nerveux. | Nys. EmptyDim 2 Mar 2014 - 20:00

« Psychopathe ». Ce fut le mot qui dut effectivement me traverser l’esprit, à l’instant où je vis ces sourires étirer leurs lèvres. « Secte » convenait peut-être mieux que « gang », finalement.

J’aurais dû ne pas perdre contenance, réfréner ce besoin de faire un maudit pas en arrière, simplement lever un sourcil, tentant de garder un air calme et posé devant ces rictus. Mais je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil derrière moi. La porte s’était fermée. D’elle-même. Le plus dérangeant de ces soulèvements de commissures, de ces plis au coin des yeux, de ces morceaux muscles qui se contractent, était évidemment celui de la femme, qui dura. Trop longtemps pour avoir un quelconque semblant de stoïcisme – que de toute façon, je ne peindrais jamais sur mes traits. Le géant avait cessé, de son côté. Peut-être pensait-il que ça me rassurerait. Ce n’était que pire. A quoi songeait-il maintenant ? La meilleure façon de me cuire ? Quelle préparation irait le mieux ? Quelle cuisson ? Une farce ou non ? Sur le coup, ça ne m’aurait pas semblé étrange qu’ils me sautent ensemble dessus, avant de me jeter dans une marmite d’eau bouillante. J’aurais préféré être un dessert, mais la perspective de mourir par un choc thermique semblait préférable à la lenteur d’un four. Ces pensées ne me faisaient pas spécialement du bien.

Mes yeux les détaillaient. Ils avaient l’avantage, s’ils essayaient. Ils étaient deux. Si j’essayais de m’enfuir, ouvrir la porte me retarderait. Et ils m’attraperaient avant que je ne franchisse le seuil. J’étais fait comme un rat… Mais qu’est-ce qui pouvait bien me faire penser qu’ils allaient me tuer ? Haha. Ha. Ha… tout. Parano ? Sûrement un peu. Mais quand a un sourire digne d’un film d’horreur collé aux lèvres – combien de temps faut-il pour autant perfectionner une expression pareille ? Des années. Peut-être s’entraînait-elle tous les soirs devant son miroir. A moins que ce ne soit son vrai visage, et si c’était le cas, je n’osais pas imaginer ce que c’était, de vivre avec elle – ça ne présage rien de bon.

Le grand – parce que ce serait répétitif dans ma tête de l’appeler « le géant », il lui faudrait un super surnom secret seulement détenu par mon esprit, oui – s’avança. Mon corps avait dû réagir par instinct. Car je m’étais plaqué à la pauvre porte. Et m’étais fait mal à la tête. Si j’avais crié, j’aurais sûrement eu l’air stupide, alors je me retins fermement d’esquisser le moindre mouvement, à part peut-être cette habitude qu’ont les yeux de se plisser au moindre désagrément. Si je m’étais pris la poignée dans les reins, par contre, j’aurais sûrement laissé échappé une mimique qui m’aurait valu des sourires moqueurs. Je ne savais plus vraiment si j’aurais dû leur dire ce que je cherchais. J’aurais pu m’enfuir, d’une façon ou d’une autre, retrouver les vestiaires, aller sur le terrain d’athlétisme, demander à ce qu’on m’accompagne, quitte à être traité d’incapable. Mais bon.

Il me dit alors où se trouvait le matériel d’athlétisme. Je me rendis compte alors que pendant ces quelques secondes, j’avais retenu mon souffle, comme si la moindre expiration aurait pu me foudroyer. Il approcha sa main, je me retins de fermer les yeux, pour cueillir la poignée de la porte à laquelle j’étais toujours collé. Je m’en séparai, cependant. Il parla à la femme comme s’il demandait son autorisation pour partir, comme si elle seule pouvait décider de son sort entre ces murs. Peut-être était-ce le cas. La femme alla décrocher un sac – qui me paressait plus lourd que… moi-même, déjà, et peut-être deux fois mon poids ?  – sans aucune difficulté. L’acte m’avait paru si simple, en la voyant faire. Puis, quand j’aperçus son dos, je compris : elle n’était pas humaine, ce n’était juste pas possible. Qui était assez fou pour se tatouer une araignée dans le dos ? Quelqu’un avec de drôles délires qui ne se marierait jamais. Ou bien avec un savant-fou ou un adepte de BDSM.

Cependant, mes yeux détaillèrent longtemps le dessin. Fascination et dégoût se mêlaient. Je sentais le tiraillement dans mon estomac me criant de baisser les yeux, et la curiosité me demandant ce qui pouvait bien se passer, si encore je soutenais cette observation malsaine. Je dus cependant détourner mon regard lorsqu’il fallut sortir. Comme me réveillant d’une transe, mes paupières s’abaissèrent, se soulevèrent à nouveau plusieurs fois, comme pour s’assurer que la mécanique du clignement fonctionnait toujours. Mes pieds franchirent la porte, le soulagement s’abattit brutalement sur mes épaules. Toujours en vie.

Il me parla dans les couloirs. Je ne m’y étais pas vraiment attendu. Je me sentais plutôt mou, même, après avoir ressenti autant de stress. Il n’était pas un psychopathe, certes. Je pouvais rayer cette hypothèse et essayer de ne pas être effrayé par sa taille. Ce type n’était pas Japonais, c’était la seule information dont je disposais. A moins qu’il ne soit Japonais muté avec des gènes de géant. Ouais. C’était plausible.

« Euh… oui, j’aime beaucoup courir. »

C’était pitoyable. Pourquoi est-ce que cette voix devait-elle chevroter à ce point ? Pourquoi passait-elle dans les aigus à la moindre contrariété ? Pourquoi avais-je envie de me recroqueviller sur moi-même ? Peut-être ne le verrait-il même pas, et me shooterait dedans comme dans un ballon. Ça devait être étrange de vivre en étant aussi grand. Peut-être parfois se prenait-il le seuil des portes. Ce qui devait être bien drôle à voir. Mes  parents étaient plutôt grands. Je devais avoir hérité des mauvais allèles. Déjà, mes yeux étaient n’importe comment, alors ma taille…

Mon nom, maintenant ? Il allait le trouvait étrange. Tout le monde le trouvait anormal.

« Emordnys. Mais tu peux m’appeler Nys, c’est trop compliqué. »

Je parlais avec la lassitude de l’habitude. Combien de fois ces consonnes étaient venues buter contre mes lèvres, combien de fois ma langue avait exécuté l’acrobatie de ce mot désagréable en bouche, suite incompréhensible de lettres juste retournées. Avais-je le pire nom qui soit ? Sûrement que non. D’autres se cachaient, dans le monde. Et puis, je me demandais si j’avais bien fait de le tutoyer. Il fallait montrer un certain respect pour ses aînés, non ?

« Désolé de vous avoir tutoyé. J’aurais dû vous demander votre accord, avant. »

J’avais exécuté une courbette pour m’excuser, et nous étions arrivés devant la porte. Elle ne s’ouvrit pas. Je crus que c’était un complot pour m’empêcher définitivement de faire du sport. Et que le matin et l’hiver, au final, c’était que le mal. Mais apparemment, il avait les clés – et je me gardais bien de lui demander comment.

J’appuyais sur le bouton d’interrupteur sur un mur, éclairant le minuscule local. Ici aussi, ça sentait la transpiration. Un peu la poussière, et les chaussures. J’entrevis les starting-blocks. Ils étaient posés au plus haut d’une étagère. Sérieusement ? J’attrapai une chaise pour la mettre en-dessous. Il m’avait proposé son aide, mais j’avais ma fierté. J’avais juste fait « non » de la tête, avant de m’excuser. Je devais m’appuyer sur la pointe de mes pieds et sur l’arrête du dossier de la chaise. L’horreur. J’en pris deux, voulus redescendre, et ma vie défila devant mes yeux ébahis.

Ce fut ennuyeux. A part la fin. Des souvenirs parcouraient ma mémoire. Mes mains agrippèrent le fer de l’étagère. Elle trembla. Les starting-blocks allaient me suivre dans ma chute : que c’était rassurant ! Je fis en sorte de basculer mon poids de façon à ne pas être dans leur trajectoire, mais je ne pus m’empêcher de crier – hurler comme une fillette – lorsque je m’écrasais au sol. Je percutais une autre étagère pour arranger les choses. Un carton plein de maillots – sales – officiels du club m’était tombé sur la tête, me permettant de survivre aux perches qui me tombaient dessus. Celles-ci, ne voulant pas stopper le carnage, poussèrent une haie, et toutes les autres tombèrent comme des dominos. J’étais maudit ? Je sortis mon visage des vêtements pleins de sueur, en fronçant le nez. Dégoûtant.

« Je crois que j’aurais dû accepter. »

Je regardais le massacre autour de moi. Merde. Toutes les grossièretés que je connaissais me traversèrent l’esprit.
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Zakuro Fea
▼ Université - 4ème Année - Comité des Elèves
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Zakuro Fea


Genre : Non Binaire Lion Coq Age : 30
Adresse : 3, rue la Chance, app. 11, quartier Hiryuu, avec Lawrence E. Swanster.
Compteur 1580
Multicompte(s) : Kojiro Sekigahara

KMO
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MessageSujet: Re: Frémissements nerveux. | Nys.   Frémissements nerveux. | Nys. EmptyVen 30 Mai 2014 - 22:16

Je te prie de m'excuser pour mon retard inimaginable.



    « Emordnys. Mais tu peux m’appeler Nys, c’est trop compliqué. »

    Le nom était incroyablement compliqué à prononcer. Le faisant rouler plusieurs fois sur ma langue, je cherchais à complètement maîtriser et dompter les sonorités de ce prénom aux intonations sauvages, libres.

    « Désolé de vous avoir tutoyé. J’aurais dû vous demander votre accord, avant. »
    « Ne t'inquiètes pas pour ça, souris-je. Tu peux me tutoyer, ça ne pose pas problème. »

    Non, ça n'en posait pas, à mes yeux. Plus maintenant, et encore moins dans ce cas. Dans mon esprit, les mots de Chess vinrent caresser ma mémoire, allant et revenant dans une psalmodie moqueuse. Le respect est une barrière. Un sourire sur les lèvres, né de sa courbette, je le laissais entrer en m'écartant sur son passage, pour qu'il puisse venir récupérer ce qu'il était venu chercher. Une proposition, qu'il déclina poliment, et qui me fit me tenir loin de lui, en observation polie, les bras croisés autour de la poitrine, pour l'attendre. Pour le regarder. Et pour voir avant lui, dans ses mouvements aux enchaînements fatidiques, l'erreur minuscule à l'effet papillon.

    Et si je voulus le prévenir, une minuscule part de moi retint toute ma volonté, dans une contemplation fascinée de ce qui allait arriver. Une logique fatidique, addition de données mathématiques qui offrait un résultat si, quoique rationnel, néanmoins cruel, je frémis en le voyant chuter. Lourdement. Il entraîna avec lui tout un fatras d'objet qui tombèrent sur nous. Mouvement réflexe, je relevais les bras, dans une garde haute, me protégeant d'un ballon, simple, qui alla rebondir jusqu'au sol, pour y rouler, s'immobilisant finalement dans un achèvement de la scène. Tout était tombé dans un vacarme infernal, et les yeux survolant la scène de massacre, je refermais ma bouche entrouverte sur un cri qui, sous la surprise, n'avait jamais franchi mes lèvres. Tout, absolument était tombé. Aucune étagère du lieu étroit dans lequel il s'était engouffré n'avait conservé plus de la moitié de son ancien étalage. Dans une avalanche furieuse qui s'était écroulée sous lui, le garçon, qui témoignait encore d'une trace de vie après le massacre, semblait encore plus minuscule. Les yeux écarquillés, je le fixais, me demandant vaguement jusqu'où l'on pouvait pousser la résistance du corps humain.

    « Je crois que j’aurais dû accepter. »

    Repoussant les objets qui dégringolaient en petits ruisseaux autour de mes mollets, j'avançais jusqu'au garçon, repoussant violemment les perches aux allures de mikado s'étant dressées au dessus de lui. La question de qui de moi où de lui se faisait le plus de film en voyant l'état des choses après la chute ne se posait pas.

    « Est-ce que tout va bien ? Tu t'es fait mal quelque part ? »
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