[Terminé ] Yaoi - NC-18 Toi aussi t'es en sucre ? [Pv Soji]

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Les vacances touchaient à leurs fins. Miséricorde. Ceci dit, je n'allais pas me priver, même s'il s'agissait de mon dernier week-end de tranquillité. Après, je parlais de vacances mais c'était vite dit : le secrétariat du lycée ne fermait jamais, j'avais donc travaillé toutes mes après-midi, mais rien que d'avoir le droit à des grasses-matinées m'avaient largement suffit pour me sentir en congé : un rien pouvait me satisfaire, il fallait le croire. Mais passons, il était 17h, nous étions samedi, je voulais déjà commencer à me faire plaisir en sortant boire un verre. Seul ? Je n'étais jamais seul, tout du moins, pas bien longtemps. J'avais ce feeling, ce petit quelque chose avec lequel je me faisais toujours aborder. A l'inverse, j'allais beaucoup vers autrui ou je me permettais de m'incruster dans des petits groupes de gens que je connaissais déjà auparavant. Mais beaucoup de blabla pour peu d'action.

J'enfilais pour la première fois depuis des mois un pantalon d'un style "costard" : vous savez, je suis plutôt du genre tape à l'oeil, alors un pantalon de ce type, j'en ai très peu dans ma garde robe ; mais bizarrement, je trouvais ça cool pour cette soirée. Chaussures en cuir, je ne pouvais néanmoins pas résister à enfiler une chemise noire qui sortait de l'ordinaire. Col, manche et linéaire de bouton se retrouvaient d'une couleur aussi rouge que le sang, mes boutons étant en forme de diamant. Bon, ça restait quand même très soft. En me regardant dans le miroir, je n'aimais pas du tout l'image que cela renvoyait de moi, mais ça avait l'avantage d'être quand même un peu passe partout et de faire ressortir mes cheveux, ainsi que mon visage en lui-même, mes lentilles, rouge et verte, installés correctement sur mes iris de nature sombre.

Bijoux aux doigts, aux poignets, coiffé et...faisant la moue à Chouquette en lui disant qu'elle ne viendrait pas avec moi, je prenais mon porte-feuille, mes clefs et je me faisais la malle prendre le grand air ! Je me rendais alors dans un bar inconnu, histoire de rencontrer de nouveaux visages et faire le con si je le souhaitais, sans que cela n'ait de répercutions jusqu'à Keimoo même. Pénétrant les lieux, j'avais repéré quelques personnes, mais rien d'intéressant en soi, du people destiné à partir avant que la soirée ne commence réellement. M'installant au bar, je commandais alors mon premier verre, mais en restant soft, un cocktail sans alcool, mais coloré, juste pour le plaisir des yeux, mon coté enfantin réclamant quelque chose de vif dans mon champ de vision.

Mais...quel champ de vision. Si j'avais su qu'il y avait un barman aussi sexy, je serais venu carrément plus tôt. Alors qu'il se retournait pour préparer ma commande, c'était avec délectation que j'admirais sa chute de rein. Je détournais au final le regard avant que quelqu'un à mes cotés remarque ceci, mais...je savais déjà que je pourrais rester au comptoir toute la soirée sans même parler à quelqu'un d'autre : pour le coup, j'avais ce qu'il me fallait sous les yeux. Et j'espérais les mains.

« Ça fait longtemps que vous bossez ici ? »

Bravo Ichi, tu ne pouvais pas mieux faire, range tes p*tains de question bateau au placard...

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17h00. Il n’était là que depuis trois heures et déjà, le temps lui semblait long. Bien trop long. Il n’avait pas de projet spécifique pourtant, et rien ne devait venir discerner cette journée des autres. Pourtant, une lassitude certaine lui pesait sur les épaules, rendant ses gestes mécaniques et lui arrachant de temps à autre un soupir ennuyé.

Bien sûr, il avait voulu ce job, et bien qu’il se soit donné du mal pour l’obtenir et renflouer un peu ses caisses, il sentait venir le moment de claquer la porte sans se retourner. Il ne tenait jamais bien longtemps en place de toute façon, et c’était déjà beau qu’il ait conservé plusieurs semaines le même boulot et soit resté plusieurs mois de suite dans la même ville. Ville qu’il avait appris à apprécier, à défaut de l’aimer vraiment. Il s’y était fait, comme on se fait à l’abri provisoire qui préserve de la tempête en approche.

Le verre qu’il essuyait faillit lui échapper des mains et il étouffa un juron avant de se redresser. De tous les bars qu’il avait écumés à la recherche d’un endroit « idéal », celui-ci était le moins mal. Peu fréquenté la journée, il offrait à partir du début de soirée une clientèle riche et variée qui laissait tout loisir à Soji de repérer l’éventuel compagnon qui allègerait un peu sa solitude.

Il avait déjà ramassé de beaux trophées dans la faune locale pendant son service, et même croisé une potentielle histoire qui, évidemment, n’avait pas connu de suite. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, il ne se sentait tout simplement pas dans son assiette, et la soirée risquait d’être longue.
Evidemment, il changea d’avis lorsque ses prunelles anthracite croisèrent brièvement le regard artificiel du dernier client arrivé. Il pinça les lèvres, se tourna légèrement et pris le temps de rassembler ses esprits. Il croisait souvent de beaux mecs à son taf, ce n’était pas le problème. Non, ce qui l’avait arrêté net et même forcé à se retourner l’espace d’un instant, c’était cette envie soudaine qu’il avait eu de lui. Une envie aussi soudaine qu’implacable, qui lui avait serré la gorge et asséché la bouche.

Il prit finalement la commande sans relever les yeux, marmonnant un « J’te fais ça de suite » bref d’une voix au timbre légèrement éraillé avant de s’activer derrière le comptoir. Il avait l’habitude des désirs vifs et soudains qui se manifestaient sans que rien ne les laisse présager, surtout lorsqu’il n’avait rien fait depuis un moment, mais tout de même, il n’avait pas besoin de ça tout de suite. Ou peut-être que si ? Que c’était tout ce dont il avait besoin ?

La question lui fit étirer un sourire alors que son regard se plantait dans celui de son vis-à-vis, et il cessa sa préparation le temps de s’accouder au comptoir pour souffler, d’une voix nettement adoucie qu’il ne destina qu’à son seul interlocuteur :

« Quelques temps déjà, mais j’commence à m’ennuyer… »

Il marqua un silence, termina le cocktail et le déposa devant son client avant de lui décocher un clin d’œil à travers deux mèches ébène :

< Tu traînes souvent par ici ? J’t’ai jamais croisé et si ça avait été le cas, j’m’en serais souvenu. »

Et pour sa part, les dialogues clichés ne le dérangeaient absolument pas, tant qu’ils offraient la promesse d’un tout autre genre de conversation par la suite. Rien, bien sûr, ne pouvait lui donner l’assurance que la rencontre se prolongerait, mais rien que pour l’éclat magnétique des prunelles colorées et la silhouette qu’il devinait, il ferait son possible pour approfondir les choses.

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Si jamais la chance était avec moi ce soir, j'avais tiré la bonne carte. Bon, quelque part, je me remerciais presque intérieurement de n'avoir voulu inviter personne avec moi, je pensais par exemple à Zakuro, lui qui me charriait souvent : s'il avait été là, il y aurait également eu Kojiro et là...là oui, ma soirée aurait été plutôt mal barrée. Je n'aurais même pas fais attention au barman. Mais laissons ce sujet de côté, je savais que mon ami aurait à loisir de me rendre chèvre plus tard, en attendant, j'étais là pour profiter autrement.

Plongeant mon regard dans ce lui anthracite de mon interlocuteur, qu'il m'avoue son ennui me fit sourire un peu. J'avouais qu'il n'y avait pas grand monde, mais la soirée venait à peine de commencer, même pas naissante pour tout dire vu l'heure qu'il était. Ce lassait-il de son job ? Qu'en dirait-il du mien ? Lorsqu'il me tendit mon verre, son clin d'oeil ne passa pas du tout inaperçu : vous savez, lorsque vous avez décidé que ce serait sur cette personne que vous jetterez votre dévolu, il est grandement difficile de vous faire voir autre chose que ce qu'il se produit, surtout envers vous.

« Tu traînes souvent par ici ? J’t’ai jamais croisé et si ça avait été le cas, j’m’en serais souvenu. »

Aguicheur ? J'en souriais alors, charmé pour tout dire, j'avais du mal à rester de marbre face à des avances. Je regardais alors mon verre, y plongeant mes lèvres avant de répondre à mon tour, appréciant le goût sucré de mon cocktail, mélangé à son regard glacial, qui risquait de me tenir éveillé un bon moment de la soirée...voir de la nuit.

« C'est la première fois que je viens dans ce bar. Et j'avoue ne pas en être déçu le moins du monde. »

Quitte à jouer sur le même tableau, autant y aller à fond. Barman, c'était un beau métier, mais il devait en voir du monde, de toutes les couleurs, de tous les genres...il devait bien profiter, draguer beaucoup de personne...en snober aussi, jouer avec ceux ou celles qui lui plaisaient mais qui au final, ne lui convenait plus. Je prenais le risque, même si un brin timide, je ne savais pas trop, dans l'immédiat, sur quel pied danser : je réfléchissais de trop. Observant alors mon voisin de tabouret, ce dernier paya sa commande avant de partir, nous laissant alors que tous les deux au comptoir, les autres clients sur des tables plus loin. De quoi entamer une conversation plus poussée aisément si nous le souhaitions.

« Tu dis t'ennuyer, mais le job de Barman n'est pas censé être prisé ? Trop cool !? Tu dois en voir des gens ! Enfin après, t'as peut-être pas choisie ta voie...si ? »

Une conversation plus sérieuse, mais c'était ainsi que l'on faisait connaissance de l'autre, non ? Buvant alors encore un peu de ma boisson, je me rendais compte que j'en avais déjà bu pas mal en deux gorgées : le sucre, sans alcool, ça se buvait sans fin. Et au moins, cela prouvait que ce qu'il m'avait fais était bon. Délicieux à vrai dire.

« Moi c'est Ichibei au fait, ravi de faire ta connaissance ! »

J'avais envie de lui mettre une main aux fesses à chaque fois qu'il se retournait pour essuyer un verre, servir un client ou autre chose...ça promettait lorsque j'aurais un peu d'alcool dans le nez...Je devais vraiment être en manque pour vouloir sauter sur quelqu'un comme ça. Mais ne pas y penser...bien que...elle remontait vraiment à loin ma dernière relation...

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Soji attendait la réponse, avec bien plus d’intérêt qu’il ne daignait le montrer. C’était toujours pareil de son côté, il ne s’autorisait jamais à afficher plus que le strict minimum émotionnel dont il avait besoin pour faire passer ses messages. Il était loin d’être insensible, mais peu de gens s’en rendaient compte, chose qui lui convenait parfaitement.

En attendant, les quelques mots attendus vinrent le conforter. Nul besoin d’en faire plus alors que ce mec semblait déjà plus que réceptif aux légers signaux qu’il lui avait envoyé. Parfait. Parce qu’il ne comptait pas le laisser partir comme si de rien n’était une fois sa consommation terminée.

Il hocha rapidement la tête pour saluer le client sur le départ, et reporta immédiatement son attention sur le jeune – quel âge pouvait-il bien avoir, d’ailleurs ? Il ne s’était pas vraiment posé la question au moment de le servir, mais en l’observant plus attentivement, il se fit la remarque que celui qui lui plaisait autant devait se situer légèrement en-dessous de sa tranche d’âge. Mmmh. Ennuyeux. Bah, il lui poserait la question plus tard, lorsqu’il serait sûr que l’attirance qu’ils semblaient partager avait une chance de se concrétiser.
Mis à l’aise par le tabouret subitement laissé vide, So’ s’accouda nonchalamment au comptoir, les coudes largement écartés et la tête déposée entre les paumes, pendant que ses prunelles accrochaient le regard vairon.

Il se décida à répondre, avoir laissé planer un léger silence et là encore, sa voix se fit caressante :

- « J’ai choisis ma voie, ouais, on peut dire ça. Disons qu’j’en ai emprunté beaucoup avant d’atterrir ici et… la situation n’est pas mauvaise. » Il se mordit la lèvre inférieure, comme pour chercher ses mots alors que la suite était déjà parfaitement claire dans sa tête, puis reprit :

- « J’pourrais pas te dire si ce taf est prisé ou pas. J’sais qu’il est sympa pour tous ceux qui, comme moi, aiment les rencontres faciles et rapides sans prise de tête. »

Il conclut par un regard entendu, ne cachant absolument pas ses tendances clairement volages, puis lui rendit sa salutation avec un sourire en coin :

- « Soji, So’, pour te servir, mais pas à ton service haha. Et dis-moi, Ichi, tu fais quoi d’beau dans la vie ? »

Le ton était amical, naturel et enjôleur à la fois, retenant parfaitement le fait que les envies de Soji concernant le jeune homme allaient bien au-delà de la simple main aux fesses. S’il s’était écouté, il l’aurait simplement choppé par le col pour l’attirer à lui, puis l’aurait fait passer de l’autre côté du comptoir avant de laisser la curiosité qu’il avait de ce corps se satisfaire. Ouais, bon, ils n’en étaient pas encore là, et avant de songer à ce genre de réjouissances, il lui fallait d’abord terminer son service. Chose rendue plus compliquée encore par cette présence un peu trop excitante.

Un soupir lui échappa et il tourna brusquement le dos à son interlocuteur, faisant mine de préparer un nouvel assortiment de boisson pour une commande reçue. Lorsqu’il pivota, il évita de regarder de nouveau Ichi, perdant plutôt l’éclat de ses prunelles dans la petite salle qui commençait à se remplir. Bien. S’il ne voulait pas virer fou avant la fin de la soirée, il allait lui falloir improviser.
C’est avec la même brusquerie contrôlée qu’il se pencha soudain vers Ichibei, s’avançant vers lui jusqu’à ce que sa tempe frôle la sienne et que ses lèvres lui effleurent l’oreille :

- « Alors, qu’est-ce que tu dirais d’une petite balade si j’m’arrange pour finir plus tôt ? Ça t’branche ? Ou tu préfères garder ton joli cul sur ce tabouret toute la soirée ? »

Il recula une fois la question posée, guettant sur le visage d’Ichi un possible refus à venir. Après tout, c’était possible, les questions directes du genre pouvaient tout aussi bien tenter qu’effrayer, il le savait d’expérience. Il était sans doute un peu tôt pour tester la tolérance à la provocation de son jeune compagnon, mais l’envie ne cessait de croître et plus rapidement il serait fixé, plus rapidement il saurait quoi faire de son désir grandissant.

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Il me répondait comme je l'imaginais. C'était cool, vraiment, moi qui était à l'aise avec la foule, qui était quelqu'un d'assez sociable, je devais avouer que son job m'étais envieux. Je pense que si j'y avais pensé, j'aurais pu faire ce boulot. Mais je n'allais pas me plaindre, la voie que je suivais me conduirait là ou je le désirerais avec le temps : il fallait juste que je m'arme de patience. Souriant un peu à sa réponse, j'étais aussi un peu déçu...de ne pas être l'un des rares premiers qu'il ne drague : mais c'était le jeu, le monde d'où je venais jouais aussi sur ce genre de facette.

« Et bien Soji...je suis à la fac, en secrétariat de direction. Je bosse comme secrétaire les après-midi au lycée pour me faire de la tune, en profiter pour me former et me faire un beau CV. Mais je vise autre chose qu'un bureau sordide avec mes études. »

Bah ouais, autant être franc directement, je trouvais moi-même chiant parfois d'avoir un statut tel quel, alors lorsque je le disais aux autres, je préférais qu'ils le voient avec mon regard, mes ambitions. Buvant encore un peu, je remarquais à quel point ce Soji était aguicheur : il ne passait pas par quatre chemins, mais c'était parfait, la drague n'étant pas mon fort, c'était plus qu'encourageant. Le pire fut bien sa demande, alors qu'il allait servir des clients sur une table plus loin. Mes yeux s'ouvrirent alors, comment dire non ? Je ris alors un peu, avant de tourner mon verre entre mes doigts par un stress positif, une envie grandissante, la seule chose qui pouvait donc me trahir vu que j'avais repris un visage réfléchi...alors que j'avais déjà la réponse à sa demande.

« Ça me va. Enfin...uniquement si tu termines plutôt. »

Une fois de plus, je souriais, mais un sourire en coin, taquin, juste pour rester sur le domaine de la séduction, quand bien même je n'étais pas très doué. Le laissant alors servir la table, notre soirée se déroula quelque peu mouvementé : plusieurs personnes étaient arrivés en même temps, ce qui nous avait laissé peu de temps pour discuter tous les deux par la suite ; cependant, ce n'était pas ça qui m'avait empêché de boire, ayant attaqué l'alcool, profitant de mon nouveau voisin de comptoir pour taper la discute et plaisanter un peu. De 18h, il était déjà 22h. Le temps passait horriblement vite, mais enfin, mon joli barman se voyait envoyer du renfort, ainsi, j'allais savoir si il terminerait plutôt tout de même et si nous pourrions rediscuter un peu...

« Tu n'arrête pas de courir ! M'enfin, au moins j'vois plus souvent tes fesses ! »

C'est qui qui avait un petit coup dans le nez ? Le pire, c'était qu'il m'avait toujours servi et j'avais eu l'impression qu'il m'avait servi de bonne dose : mais c'était peut-être qu'une impression au final !

« Alors...on ce la fait cette promenade ou j'attends ta fin de service ? »

Ouais, j'étais quand même resté planté ici et j'avais payé chaque verre...juste pour passer un peu de temps avec lui. Je devais avoir une case en moins...ou être vraiment en manque...ou il me plaisait vraiment. Voir les trois en réalité. Ouais, les trois c'était le plus probable. Finissant alors mon verre, soit mon quatrième verre alcoolisé, je pris la bonne résolution de ne pas en boire un autre : parce que sinon, c'était clair et net que je passais le stade de mec chaud à...mec bourré. Et ce n'était pas ce que je souhaitais.

« Y'a trop de meufs qui te matent, dis moi que tu peux sortir hein ? »

Quoi que là, j'étais déjà plutôt bien imbibé quand même pour oser dire ça : ceci dit, il n'était pas censé le savoir !

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Can you feel me
When I think about you
With every breath I take ?
Every minute,
no matter what I do.

Soji sourit devant l’acceptation, lui rendant rapidement son sourire avant de retourner préparer ses boissons en attente. Pas qu’il fasse réellement attendre les gens d’ailleurs, mais la présence d’Ichi le distrayait suffisamment pour le forcer à être plus attentif que d’habitude. Paradoxal. Soji quoi.

Secouant la tête avec une mimique faussement agacée, il fit de son mieux pour se recentrer sur son boulot, et uniquement là-dessus, empêchant ses pensées de filer droit vers le film qu’il commençait à se faire de cette fin de soirée à venir.

La remarque concernant son cul lui avait tiré un ricanement alors qu’il s’éloignait pour apporter les conso’ d’une table éloignée du comptoir et il tourna la tête vers Ichi, lui envoyant un clin d’œil moqueur par-dessus son épaule avant de s’occuper de sa clientèle.
Envolés les regrets ou la lassitude pour le moment, la seule chose qui comptait était de se libérer le plus rapidement possible pour en arriver aux moments qui l’intéressaient vraiment. Bientôt.

Les heures défilèrent sans qu’il ne les voit vraiment passer, trop occupé entre la salle qui ne cessait de se remplir et les menues attentions qu’il n’oubliait pas d’envoyer vers Ichibei pour lui faire savoir que, même s’il avait des verres plein les mains et que la tête lui tournait à force de se déhancher entre les tables, il ne l’oubliait pas.

Il lui servit ainsi plusieurs nouveaux cocktails, sans les charger trop pour éviter d’avoir à le ramasser par terre, avant de se diriger vers lui d’un pas décidé une fois l’heure de sa libération arrivée.

Sans s’embarrasser, il se glissa derrière lui et plaqua ses deux mains sur le comptoir, retenant Ichi contre lui en lui interdisant toute sortie. Il se pencha, le temps de lui glisser à l’oreille :

- « Ready for me baby ? » et se redressa aussi rapidement qu’il était venu, le libérant le temps d’escalader le comptoir d’un bond souple pour se retrouver à sa place d’origine.
Un éclat de rire franchit ses lèvres lorsque l’allusion, et il haussa les épaules d’un air vaguement intéressé en faisant mine d’observer lesdites nanas avant de verrouiller ses prunelles dans celles d’Ichi

- « T’es le seul qui m’intéresse ici. J’prends mes affaires et on s’arrache ? J’ai finis pour ce soir ! »

Il promena un dernier regard dans la salle, s’assurant que chaque client était servi et que la relève était assurée, puis repassa du côté d’Ichi pour lui glisser un bras autour de la taille et l’encourager à se lever :

- « Suis-moi, j’te montre le chemin haha. »

Il ne le quitta pas des yeux et ne se décolla pas de lui, prenant un malin plaisir à coller ses hanches alors qu’il le guidait à l’extérieur :

- « C’pas très loin, juste deux rues à traverser et on y est ! »

Ramener des mecs à son appart. Encore un truc qu’il évitait de faire en général. Son intimité, il y tenait, et si les histoires d’un soir lui étaient vitales pour tromper l’ennui, son domaine lui restait réservé, et à lui uniquement. Et pourtant, alors qu’ils marchaient côte à côte dans le froid du soir, il se prit à considérer la possibilité de ramener sa conquête chez lui.

Une fois n’est pas coutume, et au lieu de l’hôtel où il comptait l’accompagner, il lui fit soudain rebrousser chemin pour revenir au bar d’où ils venaient. Il garda le silence, ne fournissant pas la moindre explication et se contenta d’indiquer l’escalier grimpant non loin de la façade du bar

-« Monte, j’habite en haut. » Indiqua-t-il laconiquement avant de lui emboîter le pas. L’escalier était raide et il préférait éviter que son compagnon fasse le genre de chute désagréable qui finissait à l’hôpital. Voire pire, à la morgue.

Il ne put s’empêcher de lui attraper les hanches lorsqu’ils arrivèrent en haut, et peina à déverrouiller la porte à la serrure grippée par le froid. Il y parvint finalement et l’invita à entrer avec un sourire encourageant, avant de refermer derrière eux.

La chaleur de la pièce contrastait vivement avec la température extérieure et Soji marmonna en observant la pagaille régnant dans l’appartement lorsqu'il alluma la lulmière:

« Fais chier, j’ai oublié de couper l’chauffage… Quel con. »

Il haussa les épaules pour lui-même, puis pivota vers Ichi en ouvrant les bras pour désigner l’espace en décidant de ne pas s’occuper davantage du bordel ambiant :

- « Bienvenue chez moi, installe-toi ! »

Il lui indiqua le vieux canapé trônant au centre de la pièce avec une mimique gênée et ajouta un ton plus bas, tout en l'observant à loisir maintenant qu'il le pouvait sans être dérangé :

- « Et j’ai absolument rien rangé, j’pensais pas ramener qui que ce soit, tu vois… »

La pièce n’était pas très grande et seul un plan de travail bricolé séparait le coin « cuisine » du coin « salon ». Ca faisait un bail qu’il devait refaire la déco, mais à part un coup de peinture blanche fraîche sur les murs qui en avaient le plus besoin, il n’en avait pas encore pris le temps. Une table basse placée juste devant le canap’ présentait sans honte sa pile de magazines éparpillés et froissés et quelques vêtements traînaient sur le sol en lino relativement propre.

C’était tout, tout ce qui s’offrait aux regards d’éventuels visiteurs.

S’il tenait à son lieu de vie privée et à son espace personnel, Soji n’avait pas mis le moindre soin à l’aménagement de son appart’ et c’était visible. Tant que tout était clean, il ne lui en fallait pas plus. Une porte donnait sur la chambre, et une autre sur la minuscule salle de bain et le tour était fait.

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Lorsque l'heure fut venue, sans même que je ne sache qu'il serait libre, à peine avais-je prononcé mes mots concernant la gente féminine, qu'il venait me bloquer contre le comptoir, ses bras de chaque coté de mon corps, me décollant un frisson d'excitation : sincèrement, ça faisait vraiment longtemps que je n'avais pas décidé de m'investir dans un jeu de drague, quand bien même j'étais une quiche à ce niveau là, de ce fait, savoir que l'on plait à celui ou celle que l'on convoite...c'est plus que grisant. Souriant à sa réplique, c'est me levant du tabouret, sa main sur mes hanches, que nous sortions enfin du bar...

Était-ce un bien ou un mal au final ? De mettre levé m'avait fait l'effet d'un boomerang, j'en perdais un peu mon équilibre, après tous ses verres enfilés. Mais le froid me remit les idées en place, même si mes jambes restaient en coton. On marchait donc un peu, pour aller à l'endroit souhaité...jusqu'à ce que l'on fasse demi-tour, sans que je ne comprenne pourquoi ! Je n'avais alors rien dis non plus, même si je ne trouvais pas de réponse plausible à lui donner, sauf peut-être qu'il ait bu pendant son service pour ne pas se rappeler de la direction de son domicile ! Revenant donc près du bar, il me montra l'escalier et m'indiqua de monter. Ce que je fis, sans un mot encore, sauf peut-être un petit couinement lorsqu'il m'attrapa les hanches, me surprenant.

Une fois à l'intérieur, une vague de chaleur nous prit, le chauffage ? Il avait oublié de l'arrêter : rien de bien méchant, je pouvais ainsi déboutonner ma chemise sans avoir l'excuse du « J'ai trop bu » ; mais bien du « Il fait trop chaud ! ». Retirant donc quelques boutons, complètement à vrai dire, j'avais posé mes mains sur les hanches, observant la pièce d'un regard vague.

« Mais c'est très bien comme ça tu sais ! Ça manque un peu de déco et de meuble, mais c'est douillet quand même ! »

Je lui souriais, j'avais bien fais de mettre un débardeur sous ma chemise pour éviter d'être torse nu ! Me posant alors sur le canapé, j'avais attrapé sa pile de magasine pour la ranger, sous cette même table, mais en tas bien classé : j'étais un peu maniaque, je le savais. Une fois fait, je m'étais retourné vers mon interlocuteur, un bras sur le dossier du sofa, la tête me tournant un peu certes, mais pas encore assez puisque je percevais parfaitement bien la paire de fesse qui se dessinait devant moi.

« Alors, on boit quoi ? » Ah bah oui, j'allais pas perdre le fil maintenant, c'était foutu ! « La prochaine fois, tu viendras chez moi, c'est moi qui te payerait un verre ! » Enfin si y'avait une prochaine fois... « Hm...dépêche, j'veux tes fesses à cotés des miennes ! »

J'étais pas chez moi et je foutais déjà le bordel : ceci dit, c'était autant de sa faute que la mienne, il m'avait trop servi d'alcool, j'avais trop bu. Enfin trop n'était pas le terme exact, "un peu" était plus juste mais encore suffisamment pour que je ne sois plus réellement maître de mes pensées. Trop franc, trop ceci, trop cela...trop avenant et trop tactile. Si bien que lorsqu'il s'approcha a nouveau du canapé, je lui avais attrapé le poignet pour qu'il s’assoit et que mon visage se retrouve près du sien.

« J'ai bien aimé quand tu m'as coincé contre le comptoir... » Je ne maitrisais vraiment rien, sinon jamais je n'aurais osé lui avouer cela. « D'ailleurs, j'ai bu un peu trop parce que sinon je ne t'aurais jamais dis ça, ni dis que je ne t'aurais jamais dis ça...enfin bon. Tu me plais, j'crois qu'il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer. »

J'allais trop vite ? Pfeu, je n'avais que cette soirée pour me faire plaisir. Et franchement, je doutais que mon compagnon de soirée soit contre ! Glissant même une main sur une de ses cuisses, j'eus tout de même un moment de lucidité, pour la retirer et me rendre compte que j'étais vraiment plus que déplacé...

« Pardon, je dérape, j'suis trop tactile... »

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La déco de l’appartement laissait certes à désirer, mais il ne s’en était jamais plaint. Enfin… La question était, y avait-il réellement prêté la moindre attention ? Ne serait-ce qu’une fois depuis qu’il y vivait ?

Il secoua doucement la tête, ferma les yeux, laissant un sourire mince se former sur ses lèvres. De base, l’introduction de nouveaux éléments humains dans son univers lui déplaisait justement pour cette raison : il n’avait aucune envie de recevoir les avis des uns et des autres sur son mode ou son cadre de vie. Pourtant, et contre toute attente, loin de l’agacer, la remarque innocente le fit acquiescer brusquement avant qu’il ne lance d’un ton mi sérieux mi amusé :

- Eh bien, si le décor ne te plait pas, libre à toi de revenir pour l’arranger. J’ai toujours eu la flemme de m’en charger et très honnêtement, j’ai des gouts de merde en ce qui concerne l’ameublement. » Invitation véritable ou moquerie passagère, il ne précisa pas.

Il l’avait regardé s’installer, sans encore montrer la moindre intention de le rejoindre. Au contraire, il se tenait bien droit, entre l’entrée et le canapé sur lequel reposait maintenant la cause du tiraillement qu’il ressentait au niveau de l’entrejambe, le bras relâché avec sa veste pendant toujours au bout d’une de ses mains. Une simple veste en cuir qui lui donnait l’air d’un parfait voyou lorsqu’il sortait tard dans les ruelles du quartier, mais qui avait au moins le mérite d’être plus discrète que son manteau habituel.

Il ne portait d’ailleurs qu’un simple pull noir et un treillis de même couleur, lequel lui aurait clairement glissé des hanches si une ceinture ne le retenait pas de justesse à la limite de la décence. Sa tenue de taf. Ni trop voyante, ni trop négligée, juste ce qu’il fallait pour mettre sa musculature en valeur sous le moule flatteur du vêtement tout en conservant une apparence correcte. Regardant Ichi s’occuper les mains en triant les magazines, il ôta tranquillement son pull qu’il envoya s’échouer sur le canapé, non loin de son invité, d’un mouvement leste du poignet.

Haussant les épaules à la question, il désigna la table basse d’un geste du menton avant de rétorquer d’un ton doux :

- « Je te sers dans cinq minutes, le temps de baisser ce foutu chauffage et j’suis à toi mais… t’es sûr de vouloir continuer ? T’as déjà l’air imbibé et j’voudrais pas qu’tu te sentes mal. »

Il souligna ses propos en accentuant son sourire, puis dégagea les mèches s’échouant sur son front avant de s’avancer vers Ichi en se déhanchant exagérément, lui balançant un :

-« A vos ordres m’sieur. » provocant en se plantant juste devant lui. Tête baissée, commissures relevées, prunelles aux aguets, il l’observait avec l’attention d’un prédateur étudiant sa proie
Lorsque la main lui saisit le poignet, il se laissa faire, sourire s’amoindrissant et éclat de prédation se noyant au fond des prunelles. Il recueillit ses paroles avec un éclat de rire léger qui disparut aussitôt lorsqu’il s’avança brusquement, réduisant à néant le peu de distance les séparant encore pour se pencher sur le jeune homme.

« Tu sais que tu es adorable dans ton genre ? » Lui souffla-t-il en envoyant l’une de ses mains lui attraper le menton pour le lui relever. Il planta insolemment son regard dans le sien, se mordit la lèvre quelques secondes, puis rétabli le contact trop tôt interrompu de sa main contre sa cuisse en ajoutant :

« Il se trouve que tu me plais aussi… et que j’ai particulièrement apprécié ce petit intermède en ta compagnie. »

Il avança encore autant que ça lui était possible, envoyant une de ses jambes entre celles de son invité tant pour se faire de la place que pour assurer son équilibre avant de plaquer ses lèvres contre les siennes tout en le poussant contre le dossier du canap’.
L’entrainant dans un baiser exigeant et intrusif, il ne lui laissa pas le temps de répliquer, de s’y soustraire, ni même de réfléchir que déjà ses mains attrapaient les poignets d’Ichi, les ramenant dans un seul poing qu’il referma fermement avant de lui remonter les bras au-dessus de la tête. Son sourire s’élargit encore lorsqu’il mit fin à l’étreinte en reculant légèrement la tête et le contempla, yeux mi-clos et attentifs.

C’était ce genre d’instant pendant lesquels rien n’a d’importance à part soi-même et la conscience qu’on a de l’autre. Une conscience aigüe et aiguisée entièrement focalisée sur le geste, le ressenti en devenir, la fusion prochaine.

Si Soji se présentait rarement sous des dehors aimables, au boulot et en compagnie d’une conquête, son comportement, sans pour autant se modifier totalement, s’adoucissait suffisamment pour lui permettre de conserver un masque social acceptable. La belle gueule ne suffit pas lorsqu’il s’agit de passer du bon temps, même s’il n’avait pas eu besoin de faire d’effort particulier ce soir. Admirable jeunesse. Triste naïveté, se dit-il en l’observant de nouveau, lèvres pincées sur son sourire figé.

L’heure n’étant plus aux grands débats, il repoussa toutefois vite ses pensées, les boucla dans un coin de son esprit et reporta son attention sur Ichi, qu’il surplombait toujours. Il se redressa avec lenteur, puis se dégagea afin de se rasseoir, convenablement cette fois, les deux fesses sur le canapé. Une fois une position plus stable adoptée, il se tourna vers son invité, puis étendit la main vers la table basse :

- « Les bouteilles et les verres sont rangés là, j’te laisse choisir ce qui te tente. »

Il le laissa se servir, préférant glisser sa main sous la chemise déboutonnée, l'air de rien, avant de préciser d'un ton léger en observant le plafond:

- « Oh, pendant que j'y pense, oublie les excuses avec moi, il n'y a rien que tu ne puisses te permettre ici. »

Il n'aimait pas la gêne, et l'idée qu'un tel sentiment puisse s'installer entre un futur amant et lui-même lui déplaisait suffisamment pour qu'il prenne la peine de faire la remarque. Après tout, désir et plaisir avaient été son gagne-pain pendant un moment, hors de question à partir de là de laisser quoi que ce soit venir gâcher ses réjouissances privées.

Il n'avait jamais vraiment été un tombeur, mais son refus de toute relation trop suivie l'envoyait à chaque fois dans de nouveaux bras, chose dont il ne se plaignait pas tant que les sentiments restaient au loin.

Invité

Sa demande de revenir faire la déco chez lui n'était pas rentré dans l'oreille d'un sourd. J'aimais faire ce genre de chose, peut-être que décorateur d'intérieur aurait aussi été un métier pour ma belle gueule ? Passons, je ne cessais juste de le regarder, son ensemble vestimentaire neutre me plaisant beaucoup, malgré que je misais quand même beaucoup sur l'originalité de mes conquêtes. Lorsqu'il retira son pull, je n'y avais même pas fait attention, même si à présent si proche de moi, ce n'était pas l'envie de lui retirer sa dernière couche de tissu qui me retenait...

« Adorable...? »

Je lui plaisais, mais surement pas encore assez pour qu'il emploi un autre terme : tant pis, t'façon je voulais juste profiter. Et pour profiter...lorsqu'il m'embrassa, je fus agréablement surpris, mais ne l'ayant pas calculé, cela décolla un frisson dans tout mon corps, une secousse agréable, tandis que je répondais avec langueur à cette valse entre nos deux visages. Me laissant faire, je compris déjà rien qu'à cela, à la position qu'il me faisait prendre, qu'il n'était pas du genre à être dominé : j'avais rarement eu de conquête de ce genre, mais peut-être en tirais-je une conclusion trop hâtive ? J'étais trop alcoolisé pour réfléchir plus que cela, préférant ne plus me soucier de ce genre de détails.

Plongeant mon regard dans le sien, alors qu'il rompait notre baiser, je repris correctement mes esprit lorsqu'il se rassit convenablement, allant prendre bouteilles et verres sans plus attendre, plus pour éloigner mes yeux de lui que pour vouloir vraiment picoler : je le savais, il portait des lentilles, tout comme moi, mais j'aimais ce que cela renvoyait et je pourrais me laisser dévorer de ses prunelles toute la nuit s'il le fallait...

Un frisson me prit à nouveau lorsqu'il passa sa main sous ma chemise. Il voulait vraiment que je lui saute dessus ? Je pris alors sa remarque à bien, de toute façon avec l'alcool ingurgité, il ne fallait pas du tout me tenir ce genre de propos. Me servant, le servant aussi, nous avions alors bu un peu, même si moi cela me rajoutait surtout des grammes en plus dans le sang. Je lui avais posé des questions bateaux, sur son quartier, son job, le tout en frôlant sa cuisse avec envie...des banalités, mais le temps s'écoula alors bien vite juste avec cela : deux heures précisément. Si bien que là, je décidais enfin d'arrêter de boire, sachant que mon corps ne répondait plus du tout à mes neurones...

« Hmmm...et donc...tu dragues tout le monde au bar comme ça ? » J'avais posé mon verre, l'aguichant un peu, avant de simplement faire ce que j'avais envie : lui grimper dessus, à califourchon, virant ma chemise, puis venant l'embrasser sans demander la permission. « Enfin, je ne vais pas m'en plaindre...»

J'avais glissé ma main sous son haut restant, touchant sa peau chaude, avant de la retirer et de me relever, venant retirer mon débardeur doucement, me déhanchant sur lui, voulant lui faire envie : c'était mon domaine quelque part, connaissant le milieu des gogo danseuse, des danses de nuit, je ne souhaitais pas en arriver à ce stade, mais je voulais réellement lui faire plaisir, me faire plaisir également...

Caressant ses bras, j'avais fini par lui voler un autre baiser, plus furtif, avant de déboutonner mon pantalon doucement, mais de m'arrêter là, retirant son propre haut, pour le voir torse nu et venir le regarder sans gêne, me courbant pour venir mordiller son épaule, ma main gauche caressant sa peau mise à nue, l'autre sa nuque, mes lèvres remontant jusque son oreille, le son de ma voix, bien que couvert par les grammes d'alcool, murmurant :

« J'ai envie de toi... »

En cet instant, je n'étais plus sur de rien, si ce n'était que je m'accordais plus à la débauche qu'autre chose : je ne voulais plus parler, je voulais agir. D'ailleurs, cette envie était tellement flagrante que j'en aurais presque oublié le prénom de mon partenaire d'un soir : c'était Soji, non ?

Invité

Soji buvait rarement, se trouvant plus souvent du mauvais côté du comptoir pour pouvoir réellement profiter des nombreux cocktails qu’il composait. Ce qui ne l’empêchait heureusement pas de conserver nombre de bonnes bouteilles chez lui.
La table basse faisant office de bar de fortune, il lui arrivait souvent de rentrer du taf, de se laisser tomber sur le canapé, et de s’offrir une boisson en improvisant sa composition au fur et à mesure. Pour l’heure, c’était à son invité de s’occuper du service, et ce n’était pas désagréable.

Il ne compta pas les verres, sentant petit à petit l’euphorie légère mais bien présente de l’alcool prendre le pas sur sa raison. Un état qui aurait pu lui déplaire, s’il avait été mal accompagné. Ce qui n’était pas le cas ce soir. Aussi profitait-il, dévorant son invité des yeux à chaque fois que l’occasion lui était donnée, à savoir dès qu’il tournait un peu la tête dans sa direction.

La discussion lui permettait de garder les idées claires, du moins le pensait-il, et il en profita pour en apprendre davantage sur sa conquête du jour. Non pas que ces informations l’intéressent réellement, ou qu’il compte s’en souvenir par la suite, mais il était pour l’heure suffisamment high pour laisser son indifférence chronique de côté. Ichi se montrait bien plus intéressant qu’il n’aurait pu l’espérer et la conversation se poursuivit sans mal, jusqu’à ce que la tête commence à lui tourner.

C’est le moment que choisit son hôte pour le rappeler brutalement à des considérations bien plus terre à terre en l’enfourchant. Mécaniquement, Soji lui passa les mains autour des hanches, le juchant plus confortablement sur lui sans essayer de masquer la réaction physiologique que lui causait la proximité soudaine.

Le problème de l’alcool était qu’il ne lui permettait qu’une concentration limitée, et sur un seul sujet bien ciblé. Lorsque le poids d’Ichi vint peser sur lui, il ne pensa plus qu’à une chose : le dévorer.

Il lui rendit son baiser avec ardeur, le regardant ensuite virer son haut avec un intérêt croissant. Bon, et inutile de préciser que l’intérêt ne fut pas le seul à grandir subitement.

Lui faire envie ? C’était déjà le cas depuis quelques heures, et il ne restait maintenant plus qu’à consolider l’attirance et surtout, à la consommer.

Plutôt passif jusque-là, laissant tout loisir à l’autre de mener la danse ou plutôt, lui offrant sur un plateau l’illusion d’être maître des choses, la déclaration étouffée lui fit l’effet d’un coup de fouet lui cinglant les reins.

Ravalant un gémissement, il referma ses mains sur la taille sculptée en une poigne possessive et ramena Ichi sur lui d’une traction sèche. Accrochant l’une de ses mains derrière la nuque de son presque amant, il envoya la seconde s’occuper d’ouvrir son propre fut, dégageant l’espace nécessaire à son confort maintenant que le désir rendait le port du vêtement difficile tout en lui capturant les lèvres avec gourmandise en soufflant dans un gémissement à peine articulé :

-« J’veux plus attendre. »

Il appuya son affirmation d’un coup de rein bien placé, puis lui relâcha la nuque pour laisser sa main explorer l’ouverture tentante aperçue un peu plus tôt. Sans cesser de l’embrasser, il glissa ses doigts dans la bordure du boxer, d’abord côté tissu, puis les fit courir sur la peau nue, cherchant à provoquer sur leur passage les frissons qu’il savait pouvoir faire naître. Pourtant, il ne tarda pas à remarquer qu’une donnée imprévue risquait de leur compliquer la tâche. Quelle que soit la manière dont il dirigea ses caresses ou l’intensité qu’il y mit, il fut bien forcé de constater qu’elles n’avaient pas l’effet escompté. Dépité, il s’arrêta sans brusquerie, mais le regard qu’il projeta dans celui d’Ichi mêlait l’interrogation et un semblant de lucidité retrouvé :

-« Mmh, un souci ?

Il n’était pas encore déçu. Pas réellement. Frustré par contre, certainement, et la frustration avait le don de le mettre de très mauvaise humeur. Il se contint toutefois, attendant d’en savoir plus avant de renoncer définitivement à sa partie de jambes en l’air, et retira sa main pour la nicher dans la nuque d’Ichi ou la seconde vint la rejoindre.

Invité

Sentir ses mains sur mes hanches, sa gourmandise sur ma peau, tout cela me donnait envie, me faisait vibrer. Mais il y avait effectivement quelque chose qui n'allait pas, je n'aurais pas su dire quoi exactement, mais je n'avais plus vraiment toute ma tête plus je me déhanchais : l'alcool des derniers verres faisaient l'effet d'une bombe, mon sang circulait trop vite, les grammes qui les accompagnaient également. Je ne contrôlais plus rien mais sincèrement, j'en avais rien à faire ! J'étais bien sur lui, mieux encore lorsqu'il me tenait fermement. Le pied, j'me sentais juste à l'aise dans ses bras, même si je ne me souvenais plus de son prénom, ni même de comment j'en étais arrivé là...

Le laissant me toucher, baissant le regard vers sa virilité, c'était bien un membre dressé que je pouvais entrapercevoir chez lui : hm, un délice, il était pas trop mal foutu en fait...mais un problème allait se poser, un très gros problème :

« Mmh, un souci ? »

Un souci, comment ça ? Ses mains sur ma nuque, c'est le regard surpris que je me penchais vers mes parties, avant de rester bouche bée face à la chose, puis de me mettre à rire : il n'y avait rien de comique, mais franchement j'me faisais bien rire à me retrouver dans cette situation, tout comme j'me rendais compte que je venais de faire foirer mon coup d'un soir. Minable. Posant une main sur mon front, je réussis à me contenir l'espace d'un instant, cherchant ma respiration, calmant néanmoins avec difficulté la nervosité de mes zygomatiques.

« Putain...j'ai trop bu... »

J'aurais pas pu trouver mieux non : parce que de toute façon c'était la réalité. Riant encore un peu, je m'étais alors détaché de mon amant pour me vautrer sur le coté du canapé, tentant à présent de reboutonner mon pantalon tant bien que mal. Je ne réalisais pas la chose de suite, parce que intérieurement, moi je n'étais pas frustré, j'avais même plutôt envie de dormir en réalité !

« Hm...j'vais dormir j'crois ! » Je crois que le plus impressionnant était que j'arrivais encore à articuler correctement dans l'histoire. « Désolé mec ! »

Désolé ? Calant ma tête entre l'accoudoir et le dos du canapé, j'étais tellement bien là, à peine avais-je réussi à remettre le bouton de mon pantalon ; en fait j'avais remis la fermeture éclair, pas le bouton, je n'en avais plus la force ; que mes yeux se fermèrent tous seuls, puis, ce fut le trou noir...

_____________10:30 a.m_____________

C'est la lumière du jour qui me fit ouvrir un œil, dans un gémissement désagréable. Pourquoi n'avais-je pas tiré les rideaux avant d'aller me coucher ? M'étirant, baillant, lorsque je réussis à ouvrir correctement mes deux paupières, c'est visitant d'un regard incrédule la pièce, que je ne pu reconnaitre mon appartement. J'étais...où, là ? Observant les bouteilles et les deux verres sur la table basse, c'est une fois relevé que je reçu quelques bribes de souvenir de la soirée passée. Le barman, je m'en souvenais...j'étais chez lui ?

Me levant, boutonnant enfin mon pantalon pour ne pas le perdre, mes fesses reprirent lourdement leur place sur le sofa, incapable de tenir sur mes deux jambes : je n'avais pas souvenir d'avoir bu autant...mais comme je n'avais souvenir de rien, la conclusion allait de paire. Frottant mes yeux, c'est bien par miracle que je n'avais pas de migraine, bien que, me connaissant, j'allais surement l'avoir en fin de journée, tel le marteau du Thor s'écrasant sur terre. Je mis bien vingt bonnes minutes a me réveiller complètement, avant de ramasser mon débardeur au sol et d'avoir un autre flash.

« Oh mon...dieu... »

J'en avais lâché mon haut, percutant l'instant le plus crucial de mon soirée. Je n'avais pas...je...observant mon pantalon, je me maudis alors intérieurement, poussant un soupire tout en me frottant la nuque. Entendant alors un bruit de drap, voila que je me retournais, admirant le barman dans son lit. La porte de sa chambre était grande ouverte et le peu de lumière qui filtrait dans cette pièce laissait juste deviner qu'il était confortablement installé. Je l'avais déçu, il n'y avait pas de doute. Me levant, avançant sans faire de bruit, je m'étais assit sur le rebord de son lit, les épaules baissés, le dos courbé, une multitude de questions me prenant la tête...

J'avais horreur de décevoir mes partenaires et ce genre de chose, c'était bien la première fois que cela m'arrivait. Soupirant, je réussis néanmoins à sourire un peu malgré cette histoire, m'avouant que j'avais quand même choisi un beau mec : ceci dit, il était hors de question que je parte sur un tel échec. Je ne devais pas encore être tout à fait moi-même, mais tant pis, je pense que j'avais déjà perdu le plus gros de mon coup, tant pis si j'finissais par me faire virer par un coup de pied au cul.

Ouvrant mon pantalon, me caressant, c'est cette fois-ci sans peine que je pu me faire plaisir, avant de me glisser sous sa couette, entre ses jambes, baissant son caleçon et venant lui offrir un réveil, tout en gâterie....

Invité

D.E.C.E.P.T.I.O.N.

Si leur vie avait été un dessin animé, c’est au moment précis où Ichi confirma l’impensable que le mot se serait mis à clignoter dans les prunelles de Soji à la place des $$ trop clichés. Prunelles qui pour l’heure ne reflétaient rien d’autre qu’un désappointement non simulé.

Il se reprit vite toutefois, et ne tarda pas à se laisser gagner par le même rire que celui qui secouait son partenaire par vagues. Non mais franchement. L’affirmation suivante lui fit hausser les sourcils, et il se contenta d’un : « You don’t say » outré avant de secouer exagérément la tête d’un côté, puis de l’autre, avant d’ajouter avec un demi sourire :

« J’espère bien que seul l’alcool est en cause. »

Le laissant ensuite s’installer comme il le souhaitait, il se décala légèrement, observant la dure bataille que menait Ichi contre sa fermeture éclair. Là encore, un éclat de rire franchit ses lèvres avant qu’il ne se lève, vacillant légèrement avant de rétablir son équilibre en s’appuyant sur le canap’. Il contempla encore quelques secondes la silhouette déjà endormie et son sourire se fit vague, lointain, avant qu’il ne s’éloigne pour gagner sa chambre.

Sans même fermer la porte, il se désapa rapidement, ne gardant que le minimum, puis s’étala sur son lit avec bonheur, maugréant toutefois quelques minutes contre l’abus d’alcool et ses dangers pour les relations avant de sombrer sans même s’en rendre compte dans un sommeil de plomb. Finalement, si boire n’aidait pas à cimenter les liens, le repos, lui, en profitait.

_____________10:30 a.m_____________

!:

L’habitude voulait que son réveil sonne tous les matins aux alentours de 10h00. Coup du destin ou simple coïncidence ? L’appareil ne se manifesta pas, et c’est un frisson bien trop agréable et trop réel pour appartenir à son semblant de songe qui le tira du sommeil. Il grommela un gémissement, expulsa un soupir, et ouvrit paresseusement un œil, agréablement surpris par la chaleur montant lentement au creux de son ventre. La matinale, ça aussi c’était habituel. Ce qui l’était moins, en revanche, c’était qu’elle se trouve déjà entre d’autres mains que les siennes…

« OH MY GOD !! »

Le cri sorti avec une spontanéité exemplaire, et il ne chercha pas à le retenir. Il se redressa d’un coup sur le lit, yeux écarquillés et paupières encore lourdes de sommeil, peinant à rassembler ses esprits pour faire coller l’image – et les sensations – présentes avec la réalité. Mèches en bataille, souffle précipité tant par la brusque montée d’adrénaline que par le traitement infligé à sa gaule, il ouvrit la bouche pour protester, la referma aussitôt et se laissa retomber sur le pieu en murmurant un : « T’es sérieux mec ? » incrédule mais dans lequel se peignait une pointe de satisfaction.

Voilà qui annulait plutôt radicalement la frustration de la soirée passée. Soirée dont il se rappelait plutôt bien pour sa part, et pour quelqu’un qui n’aimait pas les surprises, celles de ce genre étaient pourtant appréciables, et appréciées à leur juste valeur.

Cerveau remis sur OFF, il se laissa aller, ondulant des hanches sur le rythme des lèvres emprisonnant son membre, peinant à retenir les gémissements se saccadant dans sa gorge à mesure que le plaisir montait. Il oublia jusqu’à son nom, perdu dans la vivacité grisante du moment présent, lèvres s’entrouvrant sur un souffle haché qu’il recracha soudain en une expiration rendue imparfaite par l’urgence

: « J’vais… Ahh… »

Silence.

Apaisé, le corps parcouru d’un long et unique frisson, il rouvrit les yeux sur ce plafond banal qui lui volait le ciel et annonça laconiquement :

-« Putain, désolé. »

Oh, vraiment ? Il n'en avait pas l'air, pourtant. Revanche ?

Invité

Comme je vous l'avais dis, je n'avais rien à perdre, ce pourquoi je me permettais d'offrir à mon partenaire une gâterie que j'aimais appliquer : nous avions tous des préférences quant à nos jeux sexuels, celui ci était le mien. M'appliquant donc à la tâche, je ne fis même pas de cas quand à sa rapidité à réagir une fois réveillé. Mais puisqu'il se laissait retomber en arrière, j'en concluais qu'il était loin de me virer dans l'immédiat.

Quand il me demandait si j'étais sérieux, c'est jetant un regard vers lui, me contentant d'un sourire en coin, que je lui répondais à ma manière, reprenant mon travail de plus belle : longeant son membre, m'attardant à son extrémité, puis le prenant avec délice en bouche, ma main m'aidait dans l'acte, tout comme le fond de ma gorge qui je le savais, rendait l'acte savoureux. Se mettant à onduler sous mes soins, ce fut aussi agréable pour moi de lui faire du bien, que lui de recevoir l'acte : ce qui le fut moins, fut son appel, son pauvre verbe qui m'annonçait la fin.

« Putain, désolé. »

Désolé ? Finissant d'avaler ce que son corps avait eu à m'offrir, je levais ma tête vers lui, avant de rire un peu, comprenant parfaitement bien l'expression qui trahissait ses paroles. Mais je n'étais pas fâché, si j'avais voulu faire ceci, c'était bien pour me faire pardonner de la veille, bien qu'avoir ce goût si particulier sur le bout de la langue était loin de m'être agréable comme un premier petit déjeuner. Remontant vers son visage, j'avais embrassé son ventre, puis lapé un de ses tétons, avant de lui embrasser la mâchoire et de m'écarter, m'asseyant sur le rebord du lit.

« J'ai été lamentable hier, il fallait bien que je me rattrape. » Rattachant mon pantalon, je m'étais alors levé. « J'espère qu'au moins le réveil t'aura plu. »

Je lui avais alors jeté un regard, avant de retourner dans le salon et de remettre mon débardeur cette fois-ci, qui jonchait le sol pour la énième fois depuis hier soir. Il ne valait mieux pas que je m'attarde, à moins que mon collègue ne m'offre un café...s'il avait du lait : pas de jeu de mot dégueulasse après avoir lu ceci, je vous prie. Retrouvant ma chemise, cette dernière avait alors retrouvé mes épaules, tandis que je sortais mon téléphone de la poche de mon manteau pour y voir mes messages : rien, parfait.

« Je doute que tu désires garder mon numéro de téléphone... » Je grimaçais, j'étais pas franchement fier. « Ceci dit, j'serais quand même pas contre d'avoir le tiens, tu ne voulais pas que je refasse la déco ?! » Non mais sérieusement Ichi, tu pouvais pas juste lui dire que t'aurais aimé avoir une autre chance ?

Posant mon téléphone sur la table, j'avais alors ramassé les bouteilles et mis les verres dans l'évier, avant de me tourner vers mon interlocuteur, lui sourire en coin et aller prendre mon manteau. Il était temps que je rentre chez moi, Chouquette devait m'attendre avec impatience : la pauvre, coincée à l'appartement depuis 16h hier...

« J'y vais, mon chien doit être entrain de manger les rideaux à l'heure qui l'est. Merci et encore désolé pour hier... » Lui souriant une dernière fois, c'est lui foutant la paix que j'ouvrais la porte et que je me faufilais dans les escaliers pour rejoindre la rue du bar, affrontant le froid de l'hiver, la...queue entre les jambes, c'était PIRE que le cas de le dire.

Invité

Encore sous le coup du plaisir inattendu qui venait de lui être offert, Soji essayait encore de rétablir toutes ses connections mentales lorsqu’il capta l’excuse balancée. Excuse qui lui fit froncer les sourcils alors que ses lèvres se tordaient en une moue dubitative :

-« Ça arrive à tout l’monde, t’prends pas la tête pour ça ! »

Bon, ok, ça craignais grave, mais vu le cadeau qu’il venait de recevoir, il n’allait pas en plus se payer le luxe de lui faire des reproches.
Le laissant se rhabiller sans rien ajouter, il s’étira sur le lit comme un chat, achevant de se remettre les idées en place. La question posée flotta dans l’air sans recevoir de réponse, Soji estimant que sa réaction avait été suffisamment démonstrative.

Une fois Ichi sorti de la pièce, il enfila son boxer, se passa les mains dans les cheveux dans un geste incertain visant à ramener un peu d’ordre dans les mèches indisciplinées qui lui tombaient dans les yeux, puis s’avança jusqu’à la porte de la chambre avant de s’appuyer contre le chambranle.

De là, il observa Ichi, attendant quelques secondes avant de lancer d’un ton joyeux qui masquait parfaitement son étonnement : il avait complètement zappé cette histoire de décoration.

-« Prends une des cartes sur la table, le num est dessus. Appelle-moi quand t’as un moment et on verra pour l’appart ! »

Les cartes dont il parlait se trouvaient en effet empilées sur un des coins de la table basse. Son nom et son adresse y figuraient, ainsi que son numéro de portable. Il avait fait ces cartes à l’époque où il bossait pour son compte, ce qui expliquait sans doute la neutralité impersonnelle de chacun des petits cartons.

L’allusion au chien lui fit hausser les sourcils et il s’apprêta à dire quelque chose, mais finalement il se ravisa, et se contenta d’hocher la tête avec un léger sourire. Un chien. Très peu pour lui, vraiment. Il n'était pas très animaux de compagnie et les seuls qu'il tolérait, voire pouvait aimer, étaient les félins. Ou les serpents. Enfin, il doutait réellement d’avoir un jour des nouvelles de ce mec, détail qui pour le moment, le laissait plutôt indifférent. Après tout, il ne s’attachait jamais, alors un coup comme ça dans le vent importait peu. S’il le voulait, il pourrait parfaitement rattraper ça le soir même.

Il attendit d’entendre ses pas dégringoler les escaliers avant d’aller verrouiller la porte, se tournant ensuite avec une mimique mitigée vers l’intérieur de l’appartement. Le canapé avait conservé la forme du corps qui l’avait occupé pendant la nuit et lorsqu’il s’y laissa tomber, il crut sentir les effluves du parfum de son invité flottant encore dans l’air.

Voilà qui n’arrangerait pas sa sensation de solitude, mais, sans trop savoir pourquoi, il fut content.