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Spoiler:

Quinn éternua.
Puis renifla bruyamment.
Dans tout autre circonstance, quelqu’un se serait certainement offusqué d’un tel manque de savoir vivre ; pas là. Et pour cause, il n’y avait personne à des kilomètres à la ronde.
Et puis de toutes façons, il avait une bonne excuse. A cette heure avancée de la nuit, et à cette altitude, la température chutait bien plus bas que les normales saisonnières ; et Quinn était loin d’être suffisamment couvert, avec son débardeur à rayures et son bermuda en jean. Mais franchement, comment aurait-il pu prévoir ? D’en bas, et de jour, cette grande roue paraissait nettement moins haute. De plus, il n’avait pas vraiment prévu d’y rester aussi longtemps.
Il avait pourtant si bien calculé son plan ! Choisir le jour où le gardien de nuit ne pouvait pas être là, se cacher sous le siège d’une nacelle, attendre, patiemment, sans bouger que la nuit tombe et que le parc soit déserté… Cela semblait parfait en tous points. Pourquoi, POURQUOI avait-il fallu qu’il oublie de prévoir la descente ?
Tout ça, c’était la faute d’Andy. A le traiter de dégonflé sous prétexte que Quinn échappait toujours aux défis bidons qu’ils avaient l’habitude de se lancer, il avait éveillé l’esprit combatif du creepy. Quel dommage qu’il n’ai pas en plus réveillé son bon sens.
« T’es pas cap de m’envoyer une photo de la ville prise depuis le haut de la grande roue… De nuit ! »
Si, Quinn était cap. Il l’avait fait. Il avait pris une série de photos de la ville, puis de lui même paré d’un sourire goguenard, avant d’envoyer le tout par mail à Andy afin que ce soit la première chose que ce dernier voit en allumant son ordinateur le lendemain matin. Et s’était rendu compte qu’il se trouvait à une distance du sol non-négligeable, et qu’il n’avait pas la moindre idée de comment redescendre.
Tout son entourage le lui reprochait. C’était le même schéma à chaque fois. Il s’emballait pour quelque chose, se lançait dedans à corps perdu et en oubliait de prévoir une porte de sortie, finissant systématiquement par s’embourber dans des situations plus extravagantes - et inextricables - les unes que les autres.
Il s’en voulait réellement, mais qu’y pouvait-il ? Chaque tentative de faire les choses correctement s’était soldée par un échec - comme maintenant.
Et en l'occurrence, cette fois-ci, il avait gagné le pompom.
Coincé au sommet d’une grande roue, vêtu pour une journée d’été, à deux heures du matin, un dimanche soir - sachant que la fermeture hebdomadaire du parc tombait le lundi, bien entendu. A bien y réfléchir, il n’avait jamais fait pire.
A croire que c’était le karma. Il avait voulu faire le fier, et ce qui lui arrivait était une vengeance du destin ! C’était la seule option possible. D’autant plus qu’une donnée d’une importance capitale venait s’ajouter au problème : son orgueil. Il pouvait bien sûr passer un coup de fil à Andy et lui demander de l’aide - Quinn appelant en pleine nuit pour crier au secours, c’était somme toute parfaitement normal - mais jamais le rebelle ne considérerait le défi comme relevé s’il devait lui même voler à son secours ; quant à demander à quelqu’un d’autre, à une heure pareille, c’était hors de question.
Que faire, alors ?
L’Américain avisa le sol.
Déglutit.
Recula précipitament.
C’était haut. Très haut. TROP haut.
Il n’était pas sujet au vertige, mais à cette hauteur, n’importe qui de normalement constitué aurait également eu les chocottes. Et pour le coup, ça valait aussi pour les “anormalement constitués” comme Quinn.
De dépit, ce dernier flanqua un grand coup de pied dans la paroi de la nacelle. Erreur dramatique. L’instant d’après, il sautillait sur un pied, tenant ses orteils endoloris entre ses deux mains. Il avait malencontreusement oublié qu’il portait des chaussures en toile, et qu’il est fortement contre-indiqué de heurter une surface métallique solide avec des chaussures en toile.
Et, puisqu’un malheur n’arrive jamais seul, il fut forcé de constater que sautiller dans une nacelle de grande roue à une grande distance du sol est tout sauf une bonne idée, lorsque ladite nacelle se mit à osciller dangereusement.
Quinn se figea instantanément, laissant échapper un petit couinement, avant de se tasser précipitamment dans le fond de l’habitacle, attendant le coeur battant comme une lycéenne le jour du bal de promo que les balancements cessent.

« Muuuh… Je veux descendre ! »

Pour un peu, il en aurait pleuré de dépit. Il n’allait tout de même pas attendre jusqu’au Mardi que quelqu’un vienne le descendre de là ? Quelqu’un qui ne manquerait pas de le réprimander copieusement, qui plus est.
Se relevant, il jeta derechef un coup d’oeil par-dessus bord.
Et, alors qu’il envisageait sérieusement de choisir la voie de l’escalade, un mouvement, loin en bas, attira son attention.
Il n’était apparemment pas le seul à se trouver dans ce parc à une heure impie. Et, cerise sur le gâteau, l’individu ne lui était pas inconnu… Un élève de l’Académie ? Mieux que ça. Un élève qu’il connaissait. Il ne lui aurait pas parlé quelques semaines plus tôt lors de son inscription au club de couture, il ne l’aurait probablement pas reconnu. Là, si.
C’était Lewis McQuelque chose… Le mec qui se promène toujours avec un appareil photo !
Son karma avait-il changé d’avis ?
Ne cherchant même pas à comprendre ce que Lewis pouvait bien faire ici au milieu de la nuit, Quinn se redressa de toute sa hauteur, tendit ses bras au dessus de sa tête, pris une grande inspiration et beugla :

« LEWIIIIIIS ! »

Puis, afin de s’assurer que ce dernier voit d’où venait sa voix, il fouilla dans ses poches, en sortit un noyau de pêche qu’il avait conservé dans le but de le planter et le lança de toutes ses forces en direction de la splendide cible rousse que faisait la tête de son futur sauveur.
Noyau de pêche qui finit sa course précisément sur le sommet du crâne de Lewis.
« Strike ♥ » ne put s’empêcher de lâcher Quinn.
Avant de se rendre compte qu’il était en équilibre précaire et de se cramponner à la balustrade avec toute l’énergie du désespoir.

« Sors-moi d’làààààà ! T_T »

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