₪ Académie Keimoo ₪

In a decade, will you be there ?
 
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 A la recherche du lapin blanc

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MessageSujet: A la recherche du lapin blanc   A la recherche du lapin blanc EmptyDim 7 Avr 2013 - 13:11

L'horloge se trouvant sur l'un des murs du couloirs indiquait 12h14, c'était la pause de midi pour que tout le monde puisse déjeuner convenablement (ou pas) et se détendre un peu avant de reprendre les cours l'après-midi. Beaucoup d'étudiants se trouvaient au réfectoire pour l'occasion, car on y rencontre la plupart de ses amis, et la bouffe n'est pas trop mauvaise, mais en ces premiers jours de printemps, il n'était pas rare d'en voir quelques-uns assis dans les couloirs pour partager un sandwich, ou assis en tailleur dans le parc pour profiter du soleil qui se faisait encore timide. Le printemps... Partout dans le monde cette période de l'année signifiait le début de l'amour, avec les fleurs et les beaux jours qui permettent de se prélasser tranquillement avec sa moitié sans se soucier du reste. Les couples se formaient, d'autres se brisaient pour que chaque partie puisse se reconstruire avec quelqu'un d'autre peu de temps après. Le printemps, c'est aussi le moment de sortir prendre l'air, et pour ceux qui n'ont pas encore rencontré quelqu'un avec qui partager son temps, il faut plaire au plus de gens possible, pour espérer trouver quelqu'un dont l'affection est mutuelle. Alors s'engage une course consommatrice, qui fait particulièrement rage dans l'esprit des jeunes gens. Toujours plus, toujours plus beau, toujours plus cher, pour plaire toujours plus. Bientôt les salles de sport verront leur chiffre d'affaire augmenter et leur fréquentation doubler pour redevenir à son état normal quelques semaines plus tard, les clients gagnés par la lassitude et le désespoir de ne voir les résultats arriver. Car plaire il faut, mais trop d'effort il ne faut pas faire. Mais le printemps au Japon a une seconde signification: la fin d'année. En effet, l'année scolaire nippone s'arrête durant la saison des fleurs, pour un mois de vacances. C'est l'occasion pour les étudiants de travailler les examens de fin de cycle, voir s'ils sont toujours à niveau et s'ils sont capables de passer au stade suivant, ou s'ils ont besoin de cours supplémentaires durant les vacances. Niels, lui, ne s'en faisait pas. Loin d'atteindre l'excellence scolaire, il a toujours eu de bons résultats et n'a eu aucun problème lorsqu'il s'agissait de passage d'années.

Ce midi, il déambulait sans but précis dans les couloirs de l'école. Pour une fois il n'avait pas faim et avait à peine avalé une moitié de sandwich acheté le matin même. Il se contentai d'avancer tranquillement, personne à aller voir, personne avec qui parler, rien à faire pendant plus de 30 minutes. Peut-être que la fortune fera qu'il croisera le chemin d'une connaissance entre deux casiers et qu'il continuera un bout de chemin avec cette personne; ou peut-être que cette même fortune fera qu'un évènement inattendu se produise dans cette Académie, bouleversant un peu l'ordre des choses et le quotidien morose de ce lycée, provoquant une vague de panique, plus ou moins importante, plus ou moins justifiée, que Niels aimait tant. Car c'est le coeur empli de peur que l'être humain dévoile son vrai visage au monde. Est-il lâche et laissera-t-il des vies en danger derrière lui pour sauver la sienne? En profitera-t-il pour assommer ou tuer quelqu'un afin de lui dérober sa possession? Fuira-t-il et aura-t-il tellement envie de vivre qu'il en bousculera les autres? Ou s’assiéra-t-il dans un coin, pour pleurer, prier un quelconque Dieu, et attendre paisiblement le sort qui s'acharne sur sa pauvre condition de mortel. Bouleverser les vies, bousculer les habitudes, casser les chiffres dictant le monde. Niels y arrivera un jour, il en était persuadé. Mais pour l'instant, de sa pauvre condition de lycéen il ne pouvait faire grand chose sinon commencer à poser les prémices de ce qui allait s'annoncer comme un avenir prochain, l'alternatif prenant la place de réalité, et la réalité ne devenant rien d'autre que le passé à oublier, à bannir des esprits.

Perdu dans ses pensées, le jeune homme s'arrêta sur un banc, devant une fenêtre donnant sur le parc de l'Académie, posa son sac part terre, croisa les mains derrière la tête, et posa son pied droit sur son genou gauche. Après tout, il n'avait rien à faire, donc pourquoi pas se reposer un peu? Il inspira un grand coup et soupira.


"Quelle merde..."


Dernière édition par Niels Minster le Sam 22 Juin 2013 - 16:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A la recherche du lapin blanc   A la recherche du lapin blanc EmptyDim 7 Avr 2013 - 16:16

- Allo ? Oui maman… Je sais tu me l’a déjà dit… Mais oui je serai la. Ecoute je prends toujours ce bus la je sais… Je sais. Oui bon à vendredi je vais manger, envoi moi plutôt des mails je te répondrai en attendant je vais au réfectoire. Bisou.

Emy raccrocha. Annabelle, sa mère lui avait téléphoné la semaine dernière car le dimanche qui arrivait, une brocante était organisée à une dizaine de kilomètres de son village. Par conséquent, c’était l’occasion idéal de faire du rangement dans sa chambre aussi bien à l’académie que chez elle. Cependant, l’artiste détestait faire du tri, elle était conservatrice. D’un autre côté sa mère avait un argument en or : si elle ne le faisait pas elle-même c’était elle qui s’en occuperait et en prime elle garderai l’argent de ses affaires. Sans plus réfléchir la demoiselle accepta la proposition de rentrer ce week end. Depuis elle avait reçu trois appels de sa mère pour qu’elle ne se désiste pas. Pourtant, ca n’avait pas de sens aux yeux de la jeune fille, si son accord ne tenait plus sa mère serait des plus heureuse de ramasser le butin, mais il fallait laisser faire le cours des choses. Tout était prévu, le vendredi soir, sortie des cours, puis en quatrième vitesse descente des escaliers, passage de la porte d’entrée et du portail direction le bus de 17 h 42 pour arriver à la maison aux alentours de 18 h 05, une soirée en famille et le samedi préparation des cartons pour le dimanche.

C’est devant le self qu’elle s’arrêta pour remettre son sac en place et prendre un plateau, elle n’avait pas de temps à perdre pour manger des heures avec ses amis, Emy savait éperdument que dans moins de trente minutes sa mère aurait terminé d’écrire son mail long de quatre pages pour demander ce qui se résume en une question : Et sinon ca va depuis toute à l’heure ? L’étudiante aimait sa mère mais l’idée de sortir en famille la surexcitait un peu trop. Sur son plateau, elle ne pris que plat chaud et tranche de pain, un coup d’œil sur sa montre, elle s’installa seule sur une table et en moins de dix minutes le repas fut baclé. Il ne lui restait pas grand-chose à faire, l’horloge affichait 12 h 11 et ses cours ne recommençaient qu’à 13 h. Alors pour passer le temps elle se balada dans les couloirs vides. C’était le début du printemps alors tous sortaient profiter des premiers rayons du soleil et d’autres profitaient pleinement de leur repas de midi. Mais la jeune Atamoto souhaitait être tranquille, au moins aucune personne ne la dérangerait au moment où sa maman appuiera sur ‘ envoyer ‘ ou ‘ téléphoner ‘.

Sans réellement s’en rendre compte, elle monta les escaliers qui donne accès au premier étage côté parc. Un bip retenti dans sa poche, la lycéenne sortit son téléphone de sa poche pour y découvrir le message qu’elle attendait. Tout en avançant sans but précis, elle lisait ce pavé sans faute d’orthographe et toujours sur le même thème, la brocante du week end. Par ses larges fenêtres, l’académie Keimoo offrait une vue imprenable sur l’extérieur et c’est au moment de lire << j’espère qu’il fera beau comme aujourd’hui… >> qu’Emy jeta un coup d’œil sur cet extérieur. Malheureusement pour celle-ci un rayon de soleil l’aveugla un cour instant qu’elle fit tomber son téléphone portable par terre. Un grognement léger sortit de sa bouche.

Quand elle regarda sur le sol pour récupérer son appareil électronique, celui-ci n’était pas à ses pieds. Mince. Elle avait sans doute shooter dedans sans s’en apercevoir. Il n’y avait pas trop de soucis à se faire, l’appareil fonctionnait encore, pas de doute la dessus en sachant qu’Emy se foutait bien de toutes ces nouveautés à écran plus grand, plus performant. Elle avait un téléphone simpliste et peu cher, ce qui lui avait permis de s’acheter une protection pour son côté de maladroite. C’est au moment de poursuivre ses recherches visuelles qu’elle entendit :

- Quelle merde…

Pensant que cette voix masculine parlait de son téléphone, elle leva les yeux et s’approcha du jeune homme assis sur un banc, face à la fenêtre. Elle n’était pas proche de lui, ni loin. C’est pour cette raison qu’elle dit :

- Eh. Mon téléphone c’est pas une…

Emy stoppa sa marche. Aux pieds du jeune homme, un rectangle rouge, c’était son portable, apparemment ce n’était pas des paroles pour elle… Problématique. Avec son sourire de mignonne blondinette elle se pencha pour récupérer ce qui lui appartenait. Elle se posa sur le banc à côté de ce garçon jamais vu avant cela. Il avait les cheveux noirs quasiment jusqu’aux épaules et un air à s’ennuyer légèrement en ses premiers jours de printemps. L’artiste regarda son portable, comme prévu tout allait pour le mieux, il fonctionnait encore. Elle le rangea dans sa poche et se tourna vers cette personne.

- Désolée, en fait je croyais que tu parlais de mon téléphone… Mais non. Enfin voila.
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MessageSujet: Re: A la recherche du lapin blanc   A la recherche du lapin blanc EmptyLun 8 Avr 2013 - 21:59

"Eh. Mon téléphone c’est pas une…"

Hm?

Sans dire un mot, Niels regarda du coin de l'oeil cette jeune fille qui venait d'arriver près de lui pour dieu-ne-sait quelle raison. Relativement petite et plutôt charmante, la jeune blonde se baissa le sourire aux lèvres pour ramasser un objet rouge arrivé aux pieds du garçon par un quelconque moyen, avant de s'asseoir à côté de lui. L'objet en question semblait être un téléphone datant de quelques années protégé par ce qui semblait être un blindage épais. Si ce n'était pas un téléphone, on aurait pu croire que c'était une arme de destruction massive ou un projectile médiéval. Mais non, c'était un concentré de technologie aujourd'hui un peu dépassée, ayant pour seul but la communication. La communication, toujours plus loin, toujours plus vite. On a toujours cherché à sécuriser nos informations, rendre plus efficaces nos lignes de transmission, mais dans quel but? Le temps gagné profite-t-il à quelqu'un? Le temps gagné est-il utilisé à bon escient? Entre ces jeunes scotchés sur leur téléphone comme des robots industriels mono-tâche pour au final ne rien se dire, ne rien exprimer, avoir l'esprit aspiré par cet écran, jusqu'à en devenir incapable de rester quelques minutes "sobre d'électronique", même entre amis; entre ces hommes d'affaires qui oublient famille, enfants, amis pour le travail, constamment connectés pour acheter, vendre des actions, effectuer des transactions, conclure des marchés avec des investisseurs de La Paz, Sydney ou Hong-Kong; peut-on encore penser que cette technologie fait avancer la société? Oui, évidemment. La technologie améliore nos conditions de vie, tout va plus vite, plus simplement, c'est plus facile; la recherche a atteint un point inimaginable il y a quelques années, et dans quelques années nous serons capables de choses que nous ne serions capables d'envisager aujourd'hui. Ainsi est fait l'homme, curieux au point d'en oublier sa vie pour découvrir ce que recèle l'Univers et étudier les lois qui le composent. Mais si tous ces appareils, tout cet argent, tout ce "temps" investi délaisse les notions fondamentales comme l'amour, l'amitié, la famille, le respect, la joie, peut-on dire que la société avance? N'est-ce pas plutôt une sorte de régression morale?

"Désolée, en fait je croyais que tu parlais de mon téléphone… Mais non. Enfin voila."

La jeune fille interrompit le fil de pensée du jeune homme qui allait se perdre encore dans des considérations philosophiques. Niels avait lâché ses mots sans même avoir remarqué la présence du téléphone à ses pieds, pas plus que celle de la fille qui l'avait laissé tomber avant de lui donner un léger coup de pied. Ces paroles sans réelle intention exprimaient le simple désarroi du jeune anglais, et surtout son ennui en ce début d'après-midi qui s'annonçait pourtant radieux. Il se rassit un peu plus convenablement en présence de la jeune femme pour ne pas être irrespectueux, et pour pouvoir plus facilement parler, car cette situation l'annonçait, un échange verbal s'engagerait, tôt ou tard, autant s'y préparer.

"Ohf...T'en fais pas, il m'arrive de parler tout seul, la plupart du temps pour ne rien dire d'intéressant."

Niels regarda la jeune femme avec une certaine moue. Bien que semblant relativement âgée, le jeune homme la considéra de son âge, elle portait des vêtements qui la rajeunissait et lui faisait paraître quelques mois, voir années de moins, lui donnant un air presque enfantin. On peut dire que c'est une image très cliché de comment on peut se représenter une jeune fille japonaise, ou tout du moins ayant grandi au japon, noué dans un paradoxe de maturité/immaturité. Mais bon, après tout il ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam, et ne pouvait donc à ce titre la juger.

Puis ses yeux se reportèrent sur le plafond du couloir. Il s'imaginait le ciel bleu, les quelques nuages qui passaient probablement au-dessus de l'Académie, les élèves qui se trouvaient sur le toit. En-dessous, plusieurs étages, des tables, des chaises, des casiers, rien de bien extraordinaire pour un établissement scolaire en somme.
Poussé dans son imaginaire, Niels se mit à penser furtivement à lui-même, sa condition, sa vie ici, comment il en était arrivé là, ce qu'il faisait ici, ce qu'il ferait plus tard, quel but donnait-il à sa vie, quel sens donner à tout ça, tous ces gens autour de lui, ces murs, ces morceaux de métaux et de bois agencés de manière à créer du mobilier pour habiller les lieux dans un but précis; il se demanda aussi qui étaient toutes ces personnes qu'il croisait quotidiennement mais dont il ne connaissait pas même le prénom. Il se demanda comment des gens si différents pouvaient se retrouver au même endroit, cohabiter, s'entraider, s'amuser, s'aimer... Alors, que sa pensée s'épuisait de questionnement, un ordre vint s'installer en puisant dans ses souvenirs et dans sa réalité, reformant ainsi son passé, lui rappelant tout ce que cela signifiait, lui rappelant qui il était et ce qu'il faisait là.

Il inspira de nouveau un grand coup avant de regarder la jeune fille.


"Bon, pour éviter les discours gênants, les présentations fades et pour ne pas faire en sorte que nous nous sentions obligé d'entamer une quelconque discussion, je vais me présenter. Je m'appelle Niels. En France on a l'habitude de faire la bise à une jeune femme qu'on rencontre, mais je crois qu'ici c'est plutôt mal vu alors bon..."

Lorsque personnellement impliqué dans un contact social naissant, Niels n'a jamais su trouver les bons mots à dire pour instaurer une relation de confiance, détendre l'atmosphère ou commencer à parler tranquillement. Ayant tenté plusieurs fois des techniques plus ou moins douteuses, des blagues plus ou moins vaseuses, il s'était dit qu'après tout sur toutes les personnes qu'il rencontrait, il ne revoyait qu'une minorité d'entre elles, donc il était inutile de faire tant de chichi et autant "rentrer dans le lard" comme il aime quelque fois dire.
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MessageSujet: Re: A la recherche du lapin blanc   A la recherche du lapin blanc EmptySam 13 Avr 2013 - 23:01

Sur son banc face à cette fenêtre, Emy avait remplacé la présence de sa mère par celle d’un jeune homme dont elle ignorait tout. Il décroisa ses jambes, elle les croisa pour avoir une position confortable, en ce temps la son téléphone ne trainait plus dans ses vestes et donc il devenait plus gênant que flottant. L’artiste se plongea dans les yeux du jeune homme qui la regardait aussi comme toute personne normal. Pas de tempête à l’horizon, une simple situation de rencontre. Celle-ci commençait à prendre forme au moment où le jeune homme décida de répondre à sa phrase mal tournée et catastrophée.

"Ohf...T'en fais pas, il m'arrive de parler tout seul, la plupart du temps pour ne rien dire d'intéressant."

Tout allait pour le mieux. Elle glissa sa main derrière son cou pour pousser ses cheveux du côté gauche, à l’avant de son épaule. Son sourire ne quitta son visage, elle aimait sourire à longueur de journée pour affronter le quotidien, ce détail lui donnait un air attendrissant. Etrangement elle ne savait pas quoi répondre, c’était comme une fin au commencement. Rien ne lui venait en tête alors que de son côté, son voisin semblait être plongé dans ses pensées. Sa main se plaça sur sa poche dans laquelle était rangée son téléphone. Cependant elle n’avait plus aucune envie de retrouver sa mère et son baratin. Les mots se bousculaient dans sa tête. Après des années de sociabilité Emy se remettait en question à chaque rentrée. Comment ? Comment nous sommes nous rencontrés ? Les premiers mots qui font tout. Qu’est ce qu’il a fait qu’aujourd’hui nous sommes capable de rire sur des choses qui n’ont aucun sens ? Emy avait une préférence pour éviter les embrouilles quand elle les sentait à deux kilomètres à la ronde. Neutre la plupart du temps, cela n’empêche pas un petit caractère bien à elle.

Son visage était toujours tourné vers lui, à la différence de son regard qui se retrouva sans expression particulière. Vous connaissez sans doute cette sensation de poser votre regard quelque part sans véritablement regarder et soudain vous êtes réveiller de vos pensées par un geste, un bruit et la c’était ce garçon qui donna finalement suite à ce malentendu.

"Bon, pour éviter les discours gênants, les présentations fades et pour ne pas faire en sorte que nous nous sentions obligé d'entamer une quelconque discussion, je vais me présenter. Je m'appelle Niels. En France on a l'habitude de faire la bise à une jeune femme qu'on rencontre, mais je crois qu'ici c'est plutôt mal vu alors bon..."

C’était une longue phrase bien complète et pleine de renseignements. Il s’appelait Niels et il avait parlé de la France. Son nom sonnait plus anglais que français, et elle s’avait de quoi elle parlait en sachant que sa mère était d’origine française. Elle remarqua aussi qu’il avait les habitudes qu’elle dans les phrases, rajouter ses petits qui commencent et finissent une phrase alors qu’ils ne servent à rien, mais qui rassurent au fond de nous. On lui aurait présenté Niels auparavant, sa première impression ne se serait pas tourné sur ce genre de discours légèrement aristocratique et mature. Tel un bonsoir à une inconnue lors d’un dîner à un table de quinze mètres de long.

C’était un paradox humain, sa première phrase laissait paraître un côté un peu rebelle et une autre plus chic et élégante. Elle laissa un blanc avant de répondre, après tout pourquoi taper dans le chic s’il avait un côté opposé. Au final il ne lui avait appris que son prénom. En réponse ‘ Emy ‘ c’était un tout, mais ce n’était pas terrible en soi. On engage pas de suite sur les délires, les sujets plus personnels. Niels, France ses deux mots résonnaient en elle, c’était son point d’accroche. Comme pour un sujet de dissertation, face à la page blanche, il fallait se lancer et une fois lancé tout allait se dérouler suivant l’interlocuteur.

- Moi c’est Emy. Je ne sais pas vraiment si c’est mal vu ici, je me souviens de tous ces gens que je rencontre, mais pas forcément des gestes qui viennent avec.

Fin. C’était un peu bête de mettre comme un point final à la fin de chaque phrase. C’est vrai, à l’oral on ne dit pas virgule à la fin de nos phrases pour montrer qu’il y a suite à la conversation. Alors qu’elle ne c’était pas mise dans le pétrin, que tout le monde avançait autour d’elle, pourquoi repartir chacun de son côté sans se dire au revoir, sans même apprendre un trait de personnalité, la base de tout, se promettre un futur inconnu il fallait relancer la roue du dialogue avant qu’il ne parte.

- Ton prénom ne fait pas français.

Un rayon de soleil traversa la fenêtre heurtant les yeux de la demoiselle, elle les plissa. Dans son élan celui-ci lui coupa la parole. Ce n’est pas une action ordinaire, mais pourquoi pas. Vite fait l’étudiante porta un regard sur sa montre, il lui restait du temps. Mais lui ? Est-ce qu’il lui restait du temps. Grande question, pas de réponse.

- Il me reste un peu plus d’une demi heure. Y a un distributeur pas loin, ca te dit un rafraichissement parce que le soleil atteint ce banc et moi je fond.

C’est une façon de se faire plaisir en même temps. Au moment de mettre sa virgule finale elle posa son autre main sur l’autre poche et par chance elle sentit quelques pièces. Ce serait certes con d’inviter une personne et de le faire payer. Surtout qu’il aurait pu croire qu’elle en profitait en attendant son côté anglais chic. Faux. Elle ne se leva pas de peur qu’il ne refuse pour cette raison d’absence de pièces de monnaie ou de non envie. Après tout il était un peu plus de midi et il avait peut être mieux manger qu’Emy. La jeune fille enleva sa main de sa poche, l’idée n’était pas de le forcer. Ca y est, cette fois ci il semblerait que mot pour mot ce soit le commencement de la fin.
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MessageSujet: Re: A la recherche du lapin blanc   A la recherche du lapin blanc EmptyLun 15 Avr 2013 - 19:39

" Moi c’est Emy. Je ne sais pas vraiment si c’est mal vu ici, je me souviens de tous ces gens que je rencontre, mais pas forcément des gestes qui viennent avec."

Emy. Un prénom simple pour une personne qui avait l'air simple. La simplicité de nos jours, c'est rare, et c'est plaisant. Car entre toutes ces personnalités en quête de complexité et de profondeur, on se noyait dans la masse. La recherche de la différence est devenue un but pour nombreux de jeunes en quête de leur propre individualité, mais aussi de leur appartenance à une culture, une société, un groupe, une ethnie. Ils sont alors balancés dans un paradoxe entre dissociation et association, ne sachant pour lequel opter, et créant au final des états d'esprit instables, prêt à exploser à tout moment, pour une quelconque raison, sans doute sans réelle importance. L'entourage de ces personnes là ne savent pas comment agir, s'il faut les prendre dans tel ou tel sens, s'il faut agir de telle manière, ou d'une manière opposée, créant régulièrement des chocs sociaux, plus ou moins graves. Alors entre toute cette complexité, la simplicité est...reposante. Pas besoin de réfléchir trois heures avant de faire quoi que ce soit; la simplicité appelle l'instinct, et c'est avec les gens simples qu'on devient nous-même simples, en un mot: qu'on redevient nous-même.

"Ton prénom ne fait pas français."

Ce qui est normal vu qu'il était "principalement" anglais, même s'il possédait la double-nationalité franco-anglaise. Cela montre qu'il ne faut pas se fier aux apparences, encore moins aux préjugés, idées reçues et autres stéréotypes. Les anglais ne sont pas tous rouges de peau, les français n'ont pas tous un béret, et les allemands ne boivent pas tous de la bière à profusion. Certes ça peut servir a alimenter une discussion un peu décalée, fournie par quelques blagues gentillettes, mais il faut faire attention aux préconçus de la société, car ils obscurcissent le jugement individuel et freine le développement de la pensée, et donc par extension, l’adaptabilité de l'être en question. Mais bon, tant qu'on reste dans le domaine de l'humour et de la taquinerie, il ne sert à rien de parler de théorie conspirationnistes et de corruption du système, car cela reviendrait à de la paranoïa.

"Il me reste un peu plus d’une demi heure. Y a un distributeur pas loin, ça te dit un rafraîchissement parce que le soleil atteint ce banc et moi je fond."

Elle n'avait pas tort. Le soleil commençait à chauffer sérieusement en ce début de printemps. De plus les fenêtres maintenaient un effet de serre permanent dans le couloir, augmentant encore de quelques degrés la température.
D'un rapide coup d'oeil, Niels regarda la jeune femme, qui semblait hésiter sur un quelconque sujet, comme si quelque chose l'empêchait de faire ce dont elle avait envie dans l'instantané.
Le jeune homme ne réagit pas sur le coup. Il était là, assis, les mains dans les poches, dans une position plutôt discutable, alors que sa partenaire du jour se trouvant juste à côté de lui attendait une quelconque réponse, tout en ayant suffisamment chaud pour que cela fasse place à de l'incommodité.


"Mouais, c'est pas faux."

Niels se leva et s'étira les bras pliés derrière la tête. Il sentit alors de nombreuses articulations craquer, quelques muscles se contracter un peu trop, et des parcelles de peau qui s'étiraient à en faire presque mal. Il aimait cette sensation. Bien loin de tout délire sado-masochiste, le jeune homme appréciait le fait de sentir son corps dans son intégralité, de ressentir des parties qu'on ne ressentait plus de par l'accoutumance, et simplement le fait de se détendre les muscles. Il remit sa chemise en place, enfila son sac et attendit la jeune fille.

"Bon, vu que je suis de relative bonne humeur aujourd'hui, je "t'invite", si on peut appeler ça une invitation."

Niels mit la main à la poche. A travers le tissu il pouvait sentir quelques pièces. 20...50...70...90...Ah! Une pièce de 100. 190 Yens. Cela faisait un peu juste pour deux boissons. Il n'aurait qu'à prétexter qu'il n'a pas soif, et c'est bon. En y repensant, le jeune homme n'avait réellement envie de boire quelque chose. La chaleur ne lui donnait pas si soif, en revanche elle le fatiguait à l'extrême, comme un torchon qu'on essorait dans tous les sens, plusieurs fois. Dans ces journées là, il n'avait envie de rien faire, juste de s'asseoir quelque part, procrastiner lâchement les mains dans les poches. Fainéantise? Sûrement. Manque de volonté? Sûrement pas. Il avait juste envie de ne rien faire. Ne rien faire pendant 5 minutes, 10 minutes ou 30 minutes. Ne penser à rien, s'évader de son corps, de sa vie, laisser son esprit divaguer alors que ses yeux fixent sans regarder un point quelconque de l'environnement, paraissant ainsi être dans un état semi-larvaire incapable de la moindre action. Cela était reposant, et surtout exutoire pour lui. Alors que de plus en plus il méprisait la société et le système mondial s'étant mis en place au cours des dernières années, ainsi que la courbe d'évolution que suivaient les diverses sociétés humaines, tout ça impactant directement le comportement individuel absolu et relatif; il sentait le besoin de fuir de se monde, pour se retrouver calmement quelque part, seul. L'un de ses projets d'avenir était d'ailleurs le voyage. Seul sur un chemin sans fin, à travers les montagnes, les déserts, les forêts, les plages, parcourant ainsi le monde entier pour découvrir les cultures reculées, encore vierge de la mondialisation, pour trouver ces paysages uniques, si beaux et si rares. Car si tout les chemins mènent à Rome, cela veut bien dire que la destination importe peu, car quelque soit le chemin, on y arrive. Le but d'un voyage n'est pas le point d'arrivée, mais le cheminement jusqu'à ce point. La question n'est plus "Où aller" mais "Comment y aller".
Un bruit de pas, un grincement de porte de casier, un chant d'oiseau à travers la fenêtre, Niels n'aurait put dire ce qui l'extirpa de ce rêve éveillé, mais il retomba brusquement dans ce couloir de lycée, avec cette jeune fille. Et le chemin ici était ce même couloir.


"D'ailleurs, mon prénom n'est pas français car je suis né en Angleterre d'une famille principalement anglaise. Mais ma mère étant française, je suis allé tellement souvent en France que je la considère aujourd'hui comme mon 2nd pays. D'ailleurs, officiellement, je suis aussi français vu que j'ai la double-nationalité... Enfin bon, ça n'a pas de réelle importance."
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MessageSujet: Re: A la recherche du lapin blanc   A la recherche du lapin blanc EmptyMar 16 Avr 2013 - 14:18

En y repensant, Emy remarqua qu’elle avait eu de la chance car si son prénom sonnait anglais il aurait pu lui parler en anglais. Bien que nous nous trouvons au Japon, l’anglais reste une langue universelle et de son côté l’anglais restait à tout jamais un mélange de mot complexe et une apprentissage qu’elle n’arrivait pas à perfectionner. D’autre part, elle aurait aussi pu se rattraper sur le français pour ne pas exposer à quel point son anglais était médiocre. Dans son passé la jeune fille c’était retrouvée honteuse face à un jeune homme qui ne parlait pas très bien japonais, c’était d’ailleurs comique de voir cette petite blondinette essayer de sortir des mots anglophones dans un niveau scolaire digne des premières années de collège et encore…

L’artiste prit ses cheveux et les souleva en les secouant de haut en bas pour créer un infime courant d’air dans son cou. Ce n’était pas désagréable, mais ca faisait mal aux bras à force et l’objectif n’est pas de se rafraichir en faisant de la musculation. Relâchant sa chevelure, la blondinette enleva sa veste et la posa à côté d’elle. Son envie se portait sur une baignade ou un ventilateur, une bouffée d’air frais sur son corps lui ferait le plus grand bien. Malheureusement , certains gestes tout bête pour se rafraichir ne se font pas en présence d’une personne qui nous regarde.

"Mouais, c'est pas faux."

Il se leva. C’était signe d’acceptation, alors sans plus attendre l’étudiante empoigna sa veste et fit de même. Le distributeur du premier étage se trouvait au fond du couloir dans l’angle, il n’était pas loin et l’académie Keimoo en possédait suffisamment pour le bien de ses élèves. Cette petite marche lui dégourdit les jambes et le fait qu’elle ait mis un pantalon ce matin n’était peut être pas la meilleure des initiatives. Enfin, l’hiver fut long alors ce changement brutal de température, il valait mieux être prudent en cas de changement soudain de climat. En quelques pas ils atteignirent le distributeur automatique, à la vue de toutes ses gourmandises d’été Emy sentait tous les biens faits d’une nouvelle saison.

"Bon, vu que je suis de relative bonne humeur aujourd'hui, je "t'invite", si on peut appeler ça une invitation."

Que ?! Pensait elle. C’est au moment de prononcer cette phrase qu’elle entendit le bruit des pièces dans la poche de Niels. C’était fortement gênant, elle voulu retenir sa main lui dire non et placer ses pièces dans le distributeur en appuyant sur un nombre au hasard, mais cette pensée, si elle valait le coup de se faire, ne serait elle pas encore plus gênante que la situation actuelle ? Comme une énorme idiote, elle fixa la brique de jus de fruit qui la tentait plus que les autres produits proposés. Boulette, il le fixait. Pourvu qu’il ne remarque pas ce faux pas. C’était étrange, mais dans son regard fixatif elle avait l’impression de l’extirper une fois de plus des ses pensées. Niels semblait énormément pensées, la demoiselle se demandait comment il faisait en cours lors d’un moment d’égarement pour se remettre dans le bain. Elle n’avais pas à penser plus.

"D'ailleurs, mon prénom n'est pas français car je suis né en Angleterre d'une famille principalement anglaise. Mais ma mère étant française, je suis allé tellement souvent en France que je la considère aujourd'hui comme mon second pays. D'ailleurs, officiellement, je suis aussi français vu que j'ai la double-nationalité... Enfin bon, ça n'a pas de réelle importance."

- Moi aussi. Je veux dire ma mère est française et mon père est japonais. Dit-elle en souriant.

Le geste qui accompagna ses mots fut naturel, elle avait coincé les pièces dans le distributeur et appuya en même temps, le 5, puis le 3, bruit de la roulotte, la brique de jus de fruit tomba dans le bac de réception. Dans la famille miss catastrophe je voudrais la fille. Bonne pioche. Ses yeux deviennent rond comme des billes. Affolée, elle n’osa se baisser pour ramasser ce qui lui appartenait désormais. Quand son regard se posa sur Niels elle ferma directement les yeux, son visage formait l’expression innocente de ‘ pas taper, pas taper ‘.

Ses mains étaient entrelacées et comme impossible à décoller. Emy se mordit la lèvre inférieur en rouvrant délicatement les yeux. Niveau stéréotype on aurait pas pu faire mieux, pourtant, bien qu’artiste elle en jouait pas la comédie. Niels n’aimait peut être pas les briques de jus de fruit, elle hésita à lui proposer son achat.

- Je suis désolée… Ce n’était pas contre toi c’est vrai mais je… Je suis un cas… Désolée.

Passer sa vie à s’excuser ce n’est pas une vie, elle ne boudait pas pour autant, n’était pas sur le point de verser une larme, tout ce qu’elle voulait c’était payer elle-même en étant sûr qu’il accepte son geste, qu’elle décline son offre avant, mais machinalement son corps trop porté sur le désir de perdre des degrés de chaleur n’en avait fait qu’à sa tête. La brique toujours au fond du bac devait être à la même température qu’entre ces ressorts métalliques de maintien. Elle n’y pensait même plus, sa seule crainte était qu’il ne dise pas une chose sympathique alors qu’elle ne craignait pas grand-chose. C’était idiot, au moment de s’en vouloir, à quoi pensait il ? Aucun mot ne lui venait à l’esprit pour rattraper la chose. Il aurait peut être fallu qu’elle refuse avant. Non, il fallait qu’elle refuse avant, des scénarios il en existe des tonnes, mais la, c’était soit oui soit non et non allez hop dans le tas. Façon de parler. Emy s’écarta du distributeur.
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MessageSujet: Re: A la recherche du lapin blanc   A la recherche du lapin blanc EmptyMer 8 Mai 2013 - 23:48

"Moi aussi. Je veux dire ma mère est française et mon père est japonais. Dit-elle en souriant."

Emy. C'était un nom qui ne sonnait pas si français que ça aux oreilles de Niels. En même temps, lui-même portait un nom typiquement britannique en ayant une double-nationalité, donc au final les stéréotypes sur les pays ne valent pas grand chose.
Machinalement, la jeune femme inséra les pièces dans la machine, entra une sélection avant de se bloquer net. Une faute d'inattention, rien de plus. Être emporté dans le fil de la discussion et de ses pensées était quelque chose de relativement naturel et fréquent. Il n'y avait pas de quoi en faire tout un plat. Certes il avait dit qu'il payerait cette simple boisson à sa nouvelle camarade, mais bon, on ne pouvait pas tout prévoir. Niels n'était pas du genre à se vexer et il est de nature assez compréhensive. De plus, cela lui permettrait de pouvoir s'offrir ce petit plaisir vu qu'il n'avait assez que pour une brique.


"Je suis désolée… Ce n’était pas contre toi c’est vrai mais je… Je suis un cas… Désolée."

Le regard fuyant, les joues rougies, refermées sur elle-même, les moins entrecroisées; elle pensait sûrement avoir commis une faute, et sentait probablement la honte l'envahir. La honte de quoi? De ne pas avoir respecté une volonté? Sur un sujet si peu important il n'y a pas de quoi s'offusquer. "Et par principe...?" diront certains. Quelle hypocrisie. Tous les jours les gens renient leurs principes fondamentaux, ceux qui leurs tiennent à coeur pour parvenir à atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés, des objectifs économiques, des objectifs sociaux. Le compromis entre se respecter et réussir n'existe plus. Les principes ne valent plus rien. Enfin, ils finissent par ne plus rien valoir. Paradoxalement, ils prennent une place de plus en plus importante dans la société. On parle, mais on n'applique pas. "Moi je fais ça..."; "Moi je pense que...". Il n'y a plus de respect, ni d'autrui, ni de soi. Il n'y a plus de respect, il n'y a plus de compréhension, de compassion. On n'accepte pas la faute, de soi ou de son prochain. On n'accepte pas l'erreur, on veut tout de suite juger, blâmer, crier, s'imposer, et passer à autre chose.

Il regarda la jeune fille à côté de lui, terriblement gênée (à tort) de son acte, de son attitude, allant jusqu'à se remettre en cause. Il était évident qu'elle manquait de confiance en elle, ce qui est plutôt triste, car la confiance fait avancer.
Toujours dans ce silence pesant, lourd, elle s'écarta de la machine, comme pour s'éloigner de l'objet d'un crime odieux avec le sentiment profond et certain de la culpabilité noircissant des perspectives d'avenirs à courts et longs termes.

Le jeune anglais fit un pas, se pencha pour récupérer la brique qui avait déclenché le malaise de la jeune fille, avant de lui tendre avec un léger sourire aux lèvres.


"C'est pas grave, c'est qu'une brique de jus de fruit. Tiens, prends-la."

Niels, à son tour, inséra quelques pièces et choisit de faire tomber une bouteille de thé glacé. Bien loin des célèbres marques occidentales et très différente de la tradition purement anglaise, le thé japonais avait surpris le jeune homme à son arrivée, dans le mauvais sens. Comme nombre d'autres boissons d'ailleurs. Mais avec le temps, il s'habitua à ce qu'on lui proposait et apprit à ses dépends ce qu'il pouvait consommer, et ce qu'il ne pouvait pas sans recracher la moitié du contenant. Il avait ainsi établi une liste par marque, type et goûts de boissons, plus ou moins exhaustive, classée par ordre croissant de préférence allant de "bon" à "interdit".
Il prit la bouteille en question, l'ouvrit, en but une gorgée, puis fit une léger mouvement d'approbation. C'était pas mauvais.


"Je sais pas si t'es née au Japon ou si tu es arrivée récemment, mais ce qu'il m'a le plus dérangé ici, ce ne sont pas tant les habitudes culinaires, que j'adore, en passant; mais ce sont plutôt les boissons dont les japonais raffolent. Je veux dire qu'en tant qu'occidental il y a des trucs qu'on aurait difficilement imaginé. La première chose que j'ai bu en arrivant ici il y a quelques années fut une thé au maïs, enfin je crois. J'en garde pas un bon souvenir, et je crois que je ne saurai probablement jamais ce qu'il y avait réellement dedans. D'ailleurs j'ai retrouvé la même chose dans tout ce qui est sucré. Des bonbons aux épinards? Jamais je m'y ferai."

Il essaya tant bien que mal de détendre l’atmosphère. La jeune fille semblait si perturbée que cela en devenait presque inquiétant. Si elle se morfondait autant pour une bricole, qu'est-ce que c'était lorsqu'un problème grave arrivait? Enfin bon.
Niels prit une autre gorgée avant de porter son regard à l'extérieur pour admirer le ciel bleu parsemé de quelques nuages. Il faisait vraiment beau et chaud aujourd'hui. Cela l'inconfortait quelque peu. Il n'avait jamais particulièrement aimé la chaleur ni l'excès de luminosité qui accompagnait généralement, et il n'était pas du genre à se précipiter dehors pour faire un brin de bronzette. Il préférait le début du printemps. Bien que non-atteint de synesthésie, il s'était toujours représenté l'année selon un cercle, chaque arc représentait une saison, 3 mois sur 12, accompagné de couleurs, de sensations.
L'été était pour lui bleu et jaune, intenses. En Europe c'était la période des vacances scolaires séparant deux années, le "grand break" en quelques sortes. Ce mois lui semblait toujours long, pénible, suffoquant, dérangeant. C'était comme un jeune homme narcissique et sûr de lui draguant tout ce qui bouge.
Il représentait l'automne comme rouge et orange, du fait de la couleur que prenaient les feuilles avant de tomber et de créer ce doux tapis sur lequel il était agréable de marcher. Le vent frais était une caresse au visage. Il pensait que c'était comme une mère qui vous prenait dans ses bras pour vous réconforter.
L'hiver était blanc et bleu marine, classique. La neige, le calme, la solitude, le froid. Niels aimait la neige car il aimait la quiétude. Il aimait ouvrir ses volets et observer l'horizon recouvert de neige absorbant tout bruit environnant, pour ne laisser s'exprimer que la nature en elle-même, en profondeur. Selon lui, c'était un violoniste masqué, en costume blanc, portant un chapeau, arpentant les routes pour partager son art.
Puis le printemps, le doux printemps. Vert, de toutes les nuances. Les fleurs, la belle pelouse dansante sous le vent... Il faisait bon vivre, agréable, sans soleil agressant ou chaleur frappante. Il le considérait comme un ami revenu d'un long voyage, avec qui on discute du temps qui a passé, des vies de chacun...

L'été approchait bel et bien, et Niels n'aimait pas particulièrement ça. Pas au point de s'enfermer pendant 4 mois, mais cela le dérangeait.
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MessageSujet: Re: A la recherche du lapin blanc   A la recherche du lapin blanc EmptyDim 19 Mai 2013 - 15:39

"C'est pas grave, c'est qu'une brique de jus de fruit. Tiens, prends-la."

Tout juste. Il se baissa pour récupérer l’objet en question et lui tendit en souriant du bout des lèvres. Elle attrapa la brique et détacha la paille enrobée dans le bout de plastique qui la protégeait. Emy aperçu une poubelle à côté du distributeur, chose courante pour éviter les déchets trois mètres plus loin. Elle y jeta ce bout de papier transparent et planta la paille dans sa boisson. La paille sur ses lèvres, l’adolescente bu une gorgée et remarqua que la boisson était toujours aussi fraiche. Du moins elle n’avait pas gagné en température en vu du magnifique temps qui éclairait le couloir. La demoiselle passait son temps à s’excuser, ce n’était pas faux. D’ailleurs pour une broutille pareil Niels venait de lui faire part de son avis. Pas la peine dans faire tout un plat. Comprenant l’ampleur si mince de ses mots, elle voulait s’excuser de s’être excusée. Mais elle ferma sa bouche pour ne pas paraitre encore plus ridicule qu’elle ne l’avait été aux yeux du jeune homme. Elle n’ajouta rien à ses propos et repris une gorgée de sa boisson. L’étudiant avait lu en elle comme dans un livre, se relevant après avoir à son tour inséré des pièces, il avait dans sa main une bouteille de thé glacé.

"Je sais pas si t'es née au Japon ou si tu es arrivée récemment, mais ce qu'il m'a le plus dérangé ici, ce ne sont pas tant les habitudes culinaires, que j'adore, en passant; mais ce sont plutôt les boissons dont les japonais raffolent. Je veux dire qu'en tant qu'occidental il y a des trucs qu'on aurait difficilement imaginé. La première chose que j'ai bu en arrivant ici il y a quelques années fut une thé au maïs, enfin je crois. J'en garde pas un bon souvenir, et je crois que je ne saurai probablement jamais ce qu'il y avait réellement dedans. D'ailleurs j'ai retrouvé la même chose dans tout ce qui est sucré. Des bonbons aux épinards? Jamais je m'y ferai."

En apparence on aurait pu croire à une longue phrase barbante, mais loin de la. Les mots défilèrent et son avis sur la gastronomie japonaise lui laissa échapper un petit rire. La famille Atamoto n’était pas riche, et les études d’Emy coutait et leur occasion de rentrer en France voir la famille du côté de sa mère était rare. Cependant, quand elle y allait ce n’était pas pour manger des sushi. Là-bas on mange à la française. Habituée à la nourriture japonaise, les plats français peuvent surprendre mais, pas compliquée au niveau alimentation, la jeune femme mange de tout. En entendant Niels, elle se souvint de sa mère chez ses grands parents devant une assiette chaude et bien rempli en train de vanter les mérites culinaires de sa mère. Le passage de la nourriture japonaise à la nourriture française n’était sans doute pas le même que le passage de la nourriture française à la japonaise. Revenons à nos moutons, un bonbon aux épinards.

- Un bonbon aux épinards… Grâce à toi j’évite peut être l’intoxication !

Elle tira la langue de dégout à l’idée de voir une invention pareille. Drôle de mélange, ca devait être un tirage au sort à l’aveugle dans un chapeau. Un côté sucré ; bonbon et un côté salé : épinard. En sachant que la cantine n’offre pas ce genre de dessert et que ses parents lui font des repas sains et mangeables et non des coups foireux comme cette friandise, ce truc lui parut immangeable… Emy imaginait un truc commercial dans le genre bonbons surprise à la Harry Potter. Pas moyen de vendre un bonbon vert senteur épinard autrement. L’artiste se replongea dans sa brique pour qu’un éventuel gout n’atteigne pas son imagination. Niels avait le regard porté sur les rayons du soleil, une peau blanche, mais pas aussi pâle que sa nouvelle connaissance. Le soleil la brulait et bronzer ne faisait pas partie de son vocabulaire, bien qu’au fond d’elle, en cette période, un teint plus mate ne serait pas de refus.

- Quel dommage que ce soit bientôt l’heure je serai bien sortie.

Emy jeta un œil sur sa montre, il lui restait environ vingt minutes avant d’aller en cours. Un élève passa dans le couloir, un sac en bandoulière. La jeune fille n’avait pas envie de retourner en cours et avoir ce si beau soleil derrière une vitre. C’était déconcertant de devoir rester le cul sur une chaise attendre une sonnerie pour passer à un autre cours et finir à un heure ou cette boule jaune sera peut être déjà dissimulée derrière les montagnes. Elle termina sa brique et la jeta à son tour dans la poubelle.

- Si tu n’as pas grand-chose de prévu après les cours on peut profiter du soleil ? Après tout, il se pourrait qu’il pleuve demain. Ca serait bête !

Ce qui le serait encore plus c’est de se faire des connaissances et de ne plus jamais les revoir. Se promettre un avenir c’est toujours plus agréable que de se croiser dans les couloirs, échanger une bise, un « ça va. » et à peine le temps de terminer cette courte affirmation que la personne n’est plus dans votre champ de vision.

[ HRP : Désolée c'est pas top top :/ ]
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