Je rêve que peut-être un jour le monde sera meilleur ~ Saki A.Satô

Le vent ne semblait pas vraiment vouloir se calmer. Bien que certaines filles, voir la plupart d'ailleurs, n'aimaient pas le vent parce qu'ils les décoiffaient, Chihiro aimait cela. C'était une sensation agréable, la caresse affectueuse de cet air frais sur la peau. Cela ressemblait légèrement à l'affection que l'on pouvait retirer de sa tendre enfance. Pour notre amie, ces moment-là lui rappelait un peu son défunt grand-père, lui aussi aimait énormément lorsque le vent se levait. Il disait toujours que le vent pouvait balayer n'importe quoi, mais que surtout, il nous donnait l'envie d'aller plus loin, de voir plus que nous-mêmes. Chihiro ne pourrait jamais oublier ses paroles et ce, malgré le temps qui s'est déjà écoulé depuis cette époque. Elle n'avait pas plus de 5 ans, mais elle se souvient très clairement de cette conversation car la façon dont il l'avait dit l'avait marquée à vie. Ses yeux semblaient raconter une histoire, ils brillaient comme s'il avait parlé de la femme de sa vie ou de ses enfants.

Doucement, elle avait repris la photo que tenait cette fille qui, de près, semblait lui dire quelque chose. Chihiro n'avait pas très bonne mémoire et, elle ne se souvenait pas réellement des personnes avec qui elle partageait la chambre à l'académie. C'est un peu extrême, parfois vexant pour certains, mais si elle ne parlait pas à une personne alors elle ne se souvenait pas forcément d'elle et, c'est ce qui se passait en ce moment.
Ne faisant pas attention à ce que disait la fille sur ce banc, ses yeux se perdaient sur la photo. Sa mère était réellement splendide, c'était un peu son objectif dans la vie, ressemblait physiquement à sa mère. Par contre, ce qu'elle ne ferait pas comme sa mère, c'est avoir un enfant et se marier si jeune. Oui, quoiqu'elle soit née grâce à cela, elle ne voulait pas faire la même chose. De toute façon, vu la manière dont elle se comportait avec les autres, il n'y avait que très peu de chance qu'un jour elle ait une vie de famille. Enfin, on ne sait jamais.

Revenant à la réalité et détachant enfin ses yeux de la photo, notre amie retournait son regard vers la fille du banc. Examinant quelques instants son visage, elle continuait de se dire qu'elle l'avait déjà vu, mais ne sachant pas avec exactitude où elle l'avait déjà croisée, elle ne dit rien.

« Oui, c'est moi. »

Elle ne dit rien de plus, c'est un peu dans sa nature d'être comme ça. N'aimant quasiment personne, n'aimant pas qu'on lui parle et n'aimant pas s'étaler sur certains sujets, elle parlait très peu. Cependant, après avoir laissé passer quelques secondes, elle se rendit compte que peut-être elle pourrait lui parler un peu plus. C'est d'ailleurs à ce moment-là qu'un souvenir lui revint. Elle l'avait déjà vu quelque part et cela semblait être dans la chambre de l'internat. Peut-être est-ce une de ses camarades de chambre, elle n'en était pas certaine. A vrai dire, Chihiro n'avait jamais réellement regardé les filles de la chambre.

« Cette photo date un peu, je suis impressionnée que tu m'ait reconnue. Navrée de te demander cela mais, tu fais partis de ma chambre à l'académie, n'est-ce pas ? Je n'ai pas bonne mémoire concernant les autres. »

Elle le savait, sa question pouvait être blessante, elle pouvait être qualifiée comme de la méchanceté, si cette jeune fille le prenait mal, Chihiro comprendrait et, dans un certain sens, si elle effectivement elle le prenait mal, cela lui passerait par-dessus. Une qualité ou non, Chihiro se foutait royalement de ce que les autres pouvaient bien dire d'elle. Déjà que son physique ne lui apportait pas toujours de bonne chose, apparemment ses cheveux roses ne plaisaient pas à tout le monde, ni son physique en général, mais elle s'en contre fichait bien comme il faut. Probablement que c'était une qualité chez elle, parce que, peu importe ce que vous pouviez lui dire, cela ne l'atteindrait jamais au point qu'elle ne pourrait s'en remettre.

Le vent se calmait quelque peu et notre amie regardait quelques instants aux alentours, il n'y avait toujours personne dans ce magnifique jardin qui ornait les contours de l'Académie, mais dans un sens, cela était loin d'être désagréable de se trouver seule (ou presque) dans un si grand espace. Bien au contraire, il régnait une impression de liberté et cela apaisait la jeune fille, la rendant étrangement heureuse et "docile" si l'on peut dire ainsi. Ce que nous entendons par "docile", c'est que cette jeune fille solitaire pourrait très bien tenir une conversation longue et soutenu avec une autre personne, si celle-ci n'est pas trop dérangeante ou casse-noix comme dirait si bien Chihiro. Autrement dit, lorsque son interlocutrice lui signifia de s'asseoir à ses côtés, au lieu de faire demi-tour comme elle l'aurait probablement fait en temps normal, elle prit place sur le banc. De plus, elle avait la sensation que cette personne n'allait pas trop lui prendre la tête, si ce n'est, pas du tout d'ailleurs, donc autant profiter et s'ouvrir un peu à une nouvelle personne, et qui sait, peut être même devenir "amie".

« Merci.» répondit-elle simplement en s'asseyant avant d'ajouter. « Je suis désolée de ne pas t'avoir reconnu comme étant de ma chambre plus tôt, mais j'avoue ne jamais vraiment vous avoir regarder en face.»

Et puis plus rien, c'était le moment où, lors d'une conversation, Chihiro ne savait plus quoi dire. C'était assez difficile de parler avec des gens, de trouver des sujets de conversations lorsque l'on ne connaissait pas bien la personne que nous avions en face. Notre cerveau commençait à chercher tout et n'importe quoi à dire, nos mains commençaient à gigoter nerveusement sous l'effet du silence pesant, nous commencions à nous sentir seul et à ne pas savoir quoi faire pour rompre ce silence ... Tout ceci, notre amie commençait à le sentir venir et appréhendait énormément car elle ne supportait pas de ne rien faire et de ne rien dire lorsqu'elle passait un peu de temps avec quelqu'un. De plus, si elle commençait à faire quelque chose d'autre, admettons qu'elle continuait à écrire son journal, cela pourrait très bien blessée l'autre et ce n'est pas tout à fait ce qu'elle voulait faire. Non, aujourd'hui elle voulait s'ouvrir à sa camarade de chambre, apprendre un peu à la connaître et ainsi, ne plus oublier son visage ensuite, ni son nom. Quelques nouvelles secondes passaient et finalement, elle décidait de sortir la première phrase qui lui venait à l'esprit.

« Comment est-ce que tu te sens ici ? ...» voilà la phrase qui venait de lui traversée l'esprit, mais elle ne mit pas longtemps avant de la modifier quelques peu, un peu gênée. « Heu non ... Je voulais dire, comment est-ce tu trouves l'Académie ? Tu te plaît bien ici ? Désolée ...  »

Pour une conversation avec Chihiro, ce n'était pas gagné, mais c'était déjà un bon début qu'elle ait décidée de continuer à la conversation et qu'elle aussi décidée de rester avec sa camarade de chambre, un début prometteur donc.

[C'est pas grave, je suis loin d'être irréprochable aussi quand il s'agit de répondre sans prendre trop de temps ^^ tu n'as pas à t'excuser, prend tout le temps qu'il te faut pour me répondre !]