Trouver aussi têtu que soi ? C'est possible.

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Une classe vide et qui à en juger par le matériel environnant appartient sans aucun doute à celle qui est utilisée par les élèves du club de cuisine. Aucune forme de désordre, tout était soigneusement rangé où cela devait être. Dans cette classe, adossé contre un des plan de travail, un jeune garçon avait le regard plongé dans le vide, les bras croisé, il se balançait d'avant en arrière comme s'il tentait de se bercer. Seul, le jeune garçon semblait plutôt apprécier ce moment de solitude. En plus de ça, une forme de satisfaction se dessinait sur son faciès. Parlons du temps à présent, voulez-vous ? Et bien, oui, le temps en un sujet de conversation futile mais ô combien utile pour meubler une conversation...Donc, parlons du temps.

Un temps gris, des élèves dont la moue déconfite en disait long sur les pensées qui occupaient leur esprits limités... "Tous des crétins de toute façon, mieux valait-il être seul qu'accompagné par ce genre d'idiots" pensait le jeune homme. Une solitude parfaite, pas un bruit, les élèves avaient sans doute rejoints leur dortoirs et la plupart des clubs étaient occupés où déjà fermés. Aujourd'hui, celui de cuisine était vide pour son plus grand plaisir et il était le seul à y demeurer. Ahhh, les prémices d'une bonne fin de journée ! Parfait, satisfait, le jeune homme laissa un sourire soulever ses lèvres dévoilant ses dents blanches. Bien évidement, c'est à ce moment précis qu'un espèce de suppôt de Satan, un émissaire du diable, une sorcière ou je ne sais quelle autres minions passa sa tête par l’entrebâillement de la porte. Ne pas recourir à la violence, cela causerait des ennuis à ces parents...Et là, il n'avait aucune raison réellement valable pour mettre son poing dans la figure de cette fille sombre qui le regardait d'un drôle d'oeil. Derechef, il lui lança un regard qui était sans nul doute plus terrifiant que le repaire du diable lui même puisque la fille recula de trois pas avant de prendre la fuite. Le Diable en personne aurait sans doute taper l'épaule du jeune Aki pour l'en féliciter mais... Contrairement aux apparences, c'était Dieu qui le branchait plus et bon....chien et chat, torchons et serviettes ne font pas bon ménage. Bref, passons.

Solitude, intrus repoussé, calme ambiant et... Oh non ! Du bruit dans les couloirs cette fois. La goutte d'eau qui fait déborder le vase ! Pousser Bobonne dans les orties, c'est marrant, mais là c'est des oreilles d'Aki qu'on parlait. Un fichu gars qu'il savait populaire... Ce n'était pas du au fait que trois nanas le tenait par le bras qui lui mit la puce à l'oreille, non. Un comportement contre les règles de l'établissement lui semblait-il...Mais bon, qui s'en soucie vraiment de toute façon hein ? Aki avait du arrêter de le lire au bout de la cinquième ligne. Long, rébarbatif, ennuyeux, pénible et bien d'autres homonymes et qualificatifs pourraient encore allonger la liste. S'étaient tous donné du mal pour lui gâcher cette journée ? Pour une fois qu'il n'ennuyait personne il fallait qu'on empiète son espace vital, le calme. DU CALME !

Le jeune homme traversa la classe, ouvrit le frigo et regarda ce qu'y s'y trouvait. Plusieurs aliments découpés emballés dans une couche de cellophane sur lesquels des post-it de diverses couleurs avait étés collés. Ils désignaient les aliments qu'il y avait dans les récipients ainsi que la date à laquelle ils seraient cuisinés. En gros, demain... Un bac de pommes dans le bac à légumes ne contenait aucun légumes mais quelques fruits qui n'avaient plus très belle allure. Nonchalamment, le jeune homme saisit une pomme un peu bosselée mais bien rouge et juteuse et regagna sa place habituelle, celle au fond de la classe, près de la fenêtre par laquelle il regarda ce qu'il se passait dehors. Une fois de plus, le jeune garçon afficha un sourire de contentement. La pluie martelait le sol de milliers de gouttelettes et l'idée de voir quelques élèves dans la cour pour traverser le bâtiment augmenta sa joie surtout lorsque l'un d'eux s'étala de tout son long dans la cour humide...

Aki termina sa pomme en profitant du spectacle extérieur et lança le trognon dans la poubelle une fois terminé. Il manqua sa cible et se déplaça ensuite pour déposer ce dernier à l'endroit désigné pour toute chose appelée "Détritus". Oh, cela lui rappelait le petit Hiro qu'il avait jeté dans une benne à ordure dans son précédant Lycée. Un vrai vol plané, c'en était tordant. Aki ne put s'empêcher de rompre le silence d'un rire puissant qui envahit aussitôt la salle de classe. Erreur, une fouine curieuse en profita pour passer sa tête par l’entrebâillement de la porte ! Une conspiration, cela ne pouvait être que ça. Un instant... Cette fille...elle était bien plus âgée que lui, qu'est-ce qu'elle fichait ici ? Plutôt appréciable à regarder en plus de ça, bien que le jeune homme affichait un regard sombre et blasé à son égard.

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Des souvenirs lui revinrent en mémoire. Plusieurs années plus tôt, elle se baladait presque tous les jours dans ses couloirs qui lui étaient devenus très familiers au bout du compte. Elle était certes arrivée en dernière année du lycée, mais elle avait alors assisté à de nombreux cours dans les salles différentes. Ce n’était pas aussi évident de sécher des cours au lycée que des cours à l’université. Les professeurs avaient été bien plus sévères et vérifiaient tout le temps la feuille de présence et la liste des élèves. De toute façon, lorsqu’elle était encore au lycée, Lucy n’avait rien d’autre à faire que de venir en cours. Si elle était venue au Japon, c’était pour retrouver son meilleur ami d’enfance, Elio. Au début, elle n’avait pas du tout planifié de former un nouveau groupe ici et tenter de produire leur album dans une maison de disques japonaise. Cette idée lui était venue au fur et à mesure qu’elle s’ennuyait fortement et qu’elle n’arrivait pas à trouver son ami. Après quelques mois de lycée, elle était entrée à l’université pour quelques mois, avant de devoir revenir en Angleterre pour être auprès de sa mère.

En tout cas, la jeune fille arpentait les couloirs du lycée dont les lumières avaient déjà été éteintes. Il n’était certes que 17h environ, mais la nuit était déjà tombée en cette période hivernale. Les cours s’étaient terminés un peu plus tôt et les élèves étaient rentrés chez eux ou dans leurs chambres en internat. Il n’y avait presque personne dans les couloirs. C’était donc plus facile pour Lucy de se repérer et surtout, de ne pas se faire déranger par de nombreux élèves fans qui viendraient lui demander des autographes. De temps à autre, elle aimait bien le calme et la tranquillité, bien qu’elle ne refusât jamais d’apposer sa signature sur une feuille de papier, dans le simple but de satisfaire une personne. Cela leur faisait plaisir et Lucy adorait faire plaisir. Le silence qui régnait dans les couloirs mais également dans les salles de cours, qui baignaient aussi dans le noir complet, apaisait la jeune chanteuse qui avait passé une après-midi plutôt longue et chargée. Elle s’était récemment remise à l’administration du club de musique et son retour n’était pas si facile que cela à gérer. Il y avait tellement d’affaires à classer et dont il fallait s’occuper. Ce n’était pas évident. Par exemple, Lucy avait du vérifier l’état du matériel et s’était rendue compte qu’il manquait quelques trucs. Elle avait donc décidé de se rendre dans la salle de musique du lycée pour voir le genre de matériel qui était utilisé.

Cela ne lui prit que quelques petites minutes mais elle avait du se déplacer de la salle du club jusqu’aux salles de lycée. Rien de bien grave. D’ailleurs, il pleuvait à torrent à l’extérieur et elle était vraiment heureuse qu’elle n’avait pas besoin de rentrer chez elle à ce moment-là. Et puis, même si la pluie ne cessait pas, elle appellerait son majordome qui viendrait tout de suite et s’occuperait de tout afin qu’elle ne fût pas mouillée. Mais cela lui importait que très peu. Elle sortit alors de la salle de musique qui se trouvait à un étage supérieur que les salles de cours normaux. La musique, la cuisine et les autres salles n’étaient pas utilisées tout le temps car bien souvent, les cours étaient optionnels pour les élèves de lycée. Pourtant, la jeune anglaise fut quelque peu étonnée de voir des lumières allumées dans une salle un peu plus loin. Elle savait que c’était la salle de cuisine, une salle bien plus grande que toutes les autres puisque c’était dans cette salle qu’il y avait des frigos et pleins de choses entreposées pour apprendre à cuisiner. Et bien évidemment, le matériel pour cuisiner comme les lavabos ou les plaques. Comme elle fut intriguée, elle laissa ses pas la guider afin de vérifier s’il y avait bien quelqu’un dans la pièce ou si la lumière avait été oubliée. Il se pouvait que c’était déjà la femme de ménage qui nettoyait, mais cela l’étonnait beaucoup. Celle-ci ne commençait son travail que tard dans la nuit quand vraiment tout le lycée était désert. Un professeur ou un élève qui s’entraînait pouvaient également être une option.

Au final, Lucy arriva devant la porte qu’elle poussa lentement. Quand elle passa la tête par l’entrebâillement de celle-ci, elle nota la présence d’un jeune garçon aux cheveux bruns. Elle ne l’avait encore jamais aperçu ni croisé dans les couloirs. D’un côté, ce n’était pas très étonnant car elle ne venait que très peu dans cette partie de l’établissement. Mais il lui sembla qu’il était bien plus jeune qu’elle, probablement un adolescent qui entrait à peine au lycée. Première ou deuxième année à tout casser. Il la regardait directement dans les yeux et, si au début il parut l’analyser et être étonné de sa présence – probablement avait-il noté le fait qu’elle était bien plus âgée – il lui lança un regard presque meurtrier. Du moins, c’était la façon dont Lucy interpréta ce regard si froid, tout comme cette expression si blasée qu’il ne cacha pas, sur son visage. Si cela aurait pu en repousser plus d’un et les faire fuir, ce n’était pas du tout le cas de l’Anglaise. Cette dernière fut d’ailleurs plutôt attirée et curieuse par ce comportement du garçon. Toute sourire, elle entra dans la salle sans rien dire ni même demander une quelconque permission. Elle s’approcha du garçon.

- Alors comme ça on fait des heures supp’ ? demanda-t-elle tout simplement, de sa voix la plus gentille possible et un énorme sourire qui rayonnait sur son visage.

Après tout, il était bien rare de voir des élèves rester après les cours dans une salle. Elle trouva donc cela bien étrange, mais d’un côté, elle pouvait le comprendre. L’élève – bien qu’elle en doutât au final – pouvait très bien être entrain de s’entraîner pour préparer une nouvelle recette. Mais à bien l’observer, il n’avait rien sorti comme matériel et paraissait plutôt se désintéresser de la cuisine, quoique cela elle ne pût réellement en être sûre et certaine. Son sourire ne la quittait pas alors qu’elle observait attentivement ce garçon bien mystérieux.

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La jeune fille ne semblait pas vouloir lui faire l'honneur de s'en aller... En plus de ça, elle lui adressa même la parole. C'était plutôt une première pour Aki. En général, les élèves de sa classe préférait l'éviter (pour la plupart du moins) tendis qu'il en faisait fuir d'autres. De toute façon, ce n'est jamais les personnes que l'on veut avoir près de soit qui restent.

Alors comme ça on fait des heures supp’ ?

En réalité, pas vraiment, non. Mais bon, que pouvait-elle bien faire ici ?! N'avait-elle pas d'autres chose à faire ? Du genre, aller récupérer son petit frère, rapporter un cahier qu'il ou elle aurait oubliée ? Qu'importe ! Elle n'était pas la bienvenue ici et il lui ferait comprendre d'une manière ou d'une autre. Aki s'approcha d'elle, il devait être à environ à une vingtaine de centimètre de son visage. Le regard froid, il planta ses pupilles marron dans les yeux bleu de la jeune fille dont le visage était plus bas que le siens. De jolis yeux bleu, sombres qui trahissait une origine étrangère. Proche de son iinterlocutrice, son visage lui semblait familier. Est-ce qu'il l'avait déjà croisé dans l'école ? Peut être bien que oui, mais pour lui, tout le monde se ressemblait ici. Il évacua d'une main invisible ses pensées inutiles et ouvrit la bouche pour la première fois de la journée.

Tu me gênes, dégage...

Simple, menaçant et compréhensible pour les quatre-vingt-dix-neuf pour-cent de la population de ce pays. Néanmoins, il suffisait que le dernier pour-cent ai décidé du contraire. Aki recula d'un pas, mis les mains dans ses poches et si dirigea à nouveaux vers le frigo d'où il sortit une seconde pomme qu'il mangea sans se préoccuper de la laver. Il fit quelques pas dans la salle essayant d'ignorer cette fille au visage familier mais il n'y parvint pas... Bien que l'on aurait pu voir naître une veine sur son front, celle là même que l'on retrouve dans de nombreux mangas, cela ne se produisit pas. Néanmoins, le visage du jeune homme trahissait une certaine impatience. Pour la dissuader complètement de s'en aller, il n'avait qu'à simplement l'ignorer, oui, c'est ça !
Aki se dirigea donc vers la fenêtre par laquelle il jeta son attention sur la cour du Lycée. Rien... Tout le monde était rentré et l'obscurité l'empêchait de bien voir ce qu'il se passait dehors a moins de coller son visage contre la vitre. En effet, dans la vitre se reflétait l'ensemble de la pièce et des néons. Il se produisit alors ce que le garçon redoutait... La fille était toujours là, comme une statue, elle ne semblait pas avoir bougé d'un cil... Embêté il se retourna et revint à l'assaut, proche sans l'être trop il leva la main lentement en direction de son propre visage qu'il fit bouger d'avant en arrière. Un signe qui ne trompait pas et qui voulair clairement lui indiquer la sortie et le laisser à son calme parfait. Ce n'était pas dans ses habitudes de martyriser les filles. En réalité, il n'en avait pas besoin puisqu'elles le fuyait la plupart du temps en chuchotant à l'oreille de leurs amies.

Néanmoins, elle passa le pas de la porte et malgré les démonstrations d'Aki pour la faire fuir elle continua de le regarder, curieuse, ses yeux scrutaient tout ce qu'ils pouvait analyser. Elle afficha un sourire et s'approcha lentement du jeune garçon. Aki regagna le fond de la classe lentement, essayant d'ignorer celle qui perturbait sa tranquillité ... "Elle me dit vraiment quelque chose cette fille" pensa t-il.

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Il se rapprocha d’elle et fut vraiment très proche d’elle. Lucy dut relever la tête afin que leurs regards se plongeassent dans leurs yeux mutuellement à cet instant. Le garçon, malgré le fait qu’il était plus jeune, était déjà bien plus grand que la chanteuse. Après tout, il était bien facile de la dépasser en taille. Elle s’était toujours considérée comme une petite femme, ce qui la complexait assez souvent. Elle n’aimait pas vraiment porter des talons et donc, n’augmentait pas sa taille d’une manière superficielle. Cela ne l’intéressait certes pas du tout, mais elle jalousait quand même les autres filles plus grandes. En tout cas, elle ne manqua pas de noter le fait que dans les yeux marrons de ce garçon, elle ne lisait que la froideur et une certaine forme de menace. Du moins, ce qu’il souhaitait passer pour une menace. Les mots ne se firent pas prier. L’ordre fut clair, net et précis. Cela ne suffisait pourtant pour éloigner la jeune anglaise. Celle-ci s’était mise dans la tête qu’elle avait envie de connaître davantage ce garçon.

Il devait y avoir une raison particulière pour expliquer le fondement de ce comportement-ci et surtout, du fait qu’il lui avait manqué de respect. Normalement, les Japonais était très à cheval sur le respect et la politesse. Si ce garçon enfreignait les règles morales de la société et se permettait de parler de la sorte à une personne plus âgée, c’était qu’il devait y avoir une raison à tout cela. Une menace telle que celle-ci résultait souvent d’une certaine violence. Elle en déduisit, sans vraiment en être sûre et certaine totalement, que celui-ci devait faire parti des solitaires mais en même temps de ceux qui se mettaient à frapper sur tout et n’importe quoi, presque tout le temps. C’était un peu exagéré, certes, mais les racailles avaient cette réputation dans l’établissement. Lucy n’en avait encore jamais vraiment rencontré – juste croisé – et ne s’était pas autant intéressé à l’un d’eux. Puis, elle dut le reconnaître, elle avait l’impression que tout cela cachait bien plus. Les racailles préféraient la plupart la solitude, à moins de former un groupe de racailles. La chanteuse pensa alors qu’il ne devait appartenir à aucun groupe, sinon il ne serait pas resté dans cette salle mais serait tout simplement dehors avec les autres membres. Une idée apparut dans l’esprit de Lucy qui décida alors de rester pour analyser un peu plus le comportement de ce garçon.

Au moment où les mots sortirent de sa bouche, il croyait certainement que la chanteuse déguerpirait. Ce n’était pas le cas. Lucy avait voulu alors le prendre par les joues pour, une nouvelle fois, dire et faire une gaminerie, comme elle aimait à en faire avec ses proches, voire parfois avec quelques inconnus comme ce garçon. Pourtant, elle n’en eut pas le temps puisqu’il partit directement vers le réfrigérateur. Elle le vit se servir d’une autre pomme. Forcément, voler de la nourriture dans les salles de cuisine était bien commun. Si certains avaient pu s’en indigner et le rapporter directement à l’administration, ce n’était pas du tout le cas de la jeune anglaise. Bien au contraire, elle ne se prenait pas la tête et laissait les autres faire tout ce qu’ils voulaient. Elle resta donc silencieuse, toujours à l’observer. Le Japonais se dirigea alors vers les fenêtres et dut se rendre compte qu’elle n’était toujours pas partie, car il fut étonnée de s’apercevoir de son reflet dans la vitre. Ce fut dérangé qu’il revint vers Lucy pour lui faire de nouveau signe de partir, cette fois-ci avec la main. La jeune fille comprenait, mais elle n’en faisait qu’à sa tête. Elle était vraiment connue pour être l’une des pires têtes brûlées qu’il pouvait bien exister. Elle ne se laissait pas faire si facilement et s’il désirait vraiment qu’elle partît, ce n’était pas de cette façon qu’il pouvait y arriver. Aussi têtue qu’elle l’était, Lucy était faite pour rester longtemps. Et risquait même de l’embêter fortement. Mais elle ne s’en préoccupait pas du tout de cela. Elle voulait le connaître, un point c’était tout.

Quand il partit vers le fond de la classe, Lucy ne manqua pas de le suivre. Au début, il était retourné et il ne pouvait donc pas remarquer le fait qu’elle se trouvait juste derrière lui. Enfin, quand il lui fit face une nouvelle fois, elle était proche et toute souriante, comme d’habitude. Rien n’avait changé depuis le début, seulement l’endroit où elle se trouvait. Alors, sa première idée qui lui était passée par la tête tout à l’heure, lui revint à l’esprit. Guidée par son instinct, elle prit le visage du garçon entre ses mains et se comporta comme cette tante qui vous félicitait à chaque fois que vous la voyiez, parce que vous aviez grandi.

- Qu’est ce que tu es mignon, toi !

Toujours avec le sourire, les yeux à demi-fermés. Elle avait probablement prononcé un mot qui était capable de le faire rougir. Elle n’en était pas certaine, mais elle s’en doutait quand même. Peut-être même que tout cela déstabiliserait le jeune garçon, que ce fût le fait qu’elle n’était pas partie, mais également les paroles. Après tout, elle ne pouvait pas savoir combien de filles lui disaient qu’il était mignon. Bien évidemment, en apparence physique il n’était pas repoussant. Mais d’un autre côté, le mot « mignon » n’avait pas été utilisé dans le but de parler de son physique. Plutôt du fait qu’elle le trouvait intriguant. Enfin, elle lâcha le visage du garçon et finit par lui tendre la main.

- Au fait, moi c’est Lucy White, enchantée ! dit-elle avec un énorme enthousiasme.

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Non mais sans blague, combien de temps comptait elle rester ici ?! Elle semblait se plaire à la torturer... Douce galanterie, tu étais trop exigeante avec cette demoiselle qui trouva en Aki une certaine once de curiosité qu'elle ne manqua pas de lui faire remarquer par des sourire et des phrases gênante pour un japonais, surtout en ce qui concernait la phrase suivante:

Qu’est ce que tu es mignon, toi !

Pardon ? Il avait du mal entendre, ça ne pouvait être que ça... Et qui étais-ce à la fin ? Est-ce qu'il la connaissait réellement et qu'elle lui jouait un tour ? Non, après réflexion, bien que son visage lui ai dit quelque chose il se rappellerait d'une fille aussi jolie. Enfin, pénible dans ce cas ci... Vraiment, il ne remettait pas son visage. Mignon, mignon, cela faisait une paye qu'il n'avait pas entendu ce mot là. En général, les filles avec qui il sortait ne pratiquaient pas ce langage et savait aussi bien se battre que lui. Elle, elle n'avait rien de tout ça, bien que son style vestimentaire semblait associé au stéréotype du Rockeur, voir du Punk. Aki la regarda d'un air interrogé et arriva tantôt ce dont il ne soupçonnait pas un instant. La jeune fille se rapprocha plus près de lui et lui pinça les joues comme s'il s'agissait d'un gosse ayant fait une bêtise, ou une marque d'affection douloureuse d'une grand tante trop tactile et reprit la parole en lui tendant la main.

Au fait, moi c’est Lucy White, enchantée !

Il ne tendit pas sa main à la jeune fille qui répondait au nom de Lucy mais cette fois, il fit preuve de politesse et annonça son prénom, prenant soin d'expliquer son patronyme.

Aki Jinpachi, Aki, du même idéogramme que "Automne" et non, ce n'est pas un prénom de fille...

Précision oblige, plusieurs personnes ont tendance à assimiler ce prénom aux jeunes filles né dans le même mois. Certes, c'est un prénom plus répandu chez la gente féminine mais un garçon pouvait tout aussi bien le porter. De plus, il appréciait son prénom. Les joues rosée du jeune homme trahissait une certaine forme de gêne occasionnée par les paroles dites plus tôt mais également du aux pincements que Lucy venait de lui faire subir. On croit rêver, une racaille qui se fait pincer les joues par la première venue... Un instant, Lucy White... Lucy...White ?! Non, cela doit être une erreur, ce n'est pas possible qu'il s'agisse de la même personne... Pourtant, même ses habits sont en accord avec le personnage. Lucy White dans ce Lycée ? Étais-ce réellement possible ? Non, non, aucune chance, il ne préféra pas y penser.

Lucy White, comme bassiste du groupe KO-MON ?!

Une lueur d'intérêt naquît dans les yeux sombres du jeune homme. La musique, il aimait bien ça et plus particulièrement les groupes de ROCK d'origine étrangère. Bien que certains groupes locaux lui plaisait tout autant, il avait découvert ce groupe il n'y a pas longtemps et appréciait le son qu'ils produisaient. Aussi, ce fut pour ça qu'une étincelle d'intérêt pouvait se lire à présent sur son visage. Néanmoins, aussi vite que c'était apparu, il fit disparaître de son faciès ces quelques bribes d'émotions positives et détourna son regard de Lucy. Si c'était elle, que pouvait elle bien lui vouloir ? Qu'est-ce qu'elle attendait d'une racaille, d'un gars qu'il était peu recommandé de fréquenter ? Il vit cette occasion comme un défi à relever pour céder le moins d'informations possible à son égard. Il avait décidé de jouer un petit plus longtemps et d'être l'acteur de cette mise en scène improvisée.

Aki se leva brusquement et fit quelques pas dans la classe pour évacuer ses pensées une nouvelle fois. Quelques lumières dans le couloir s’éteignirent et il entendit quelques élèves marcher bruyamment derrière les portes qui se refermaient. Sans aucun doute, d'autres clubs fermaient leur portes et il serait bientôt l'heure de regagner les dortoirs. Une heure tout au plus... Serait-ce suffisant pour jouer à ce petit jeux ?! Aurait-il d'autre occasion de recroiser cette fille ? Il n'était sur de rien, excepté qu'il voulait en savoir plus à son sujet. La curiosité dévorante qui l'habitait prenait à présent le pas sur sa raison. "Et bien puisqu'elle tient tant que ça à rester ici, donnons lui en l'occasion !" Pensa t-il. Aki croqua une nouvelle fois dans la pomme qu'il avait pris un peu plus tôt. Elle était moins goûteuse que la première, mais elle ferait l'affaire pour combler son estomac.

C'est dans le fond de la classe, près des plans de travail que la jeune racaille jeta son dévolu...ou plutôt son postérieur. Assis sur ce qui servait habituellement à couper les légumes ou encore préparer les ingrédients, Aki balaya la classe des yeux et décida de dévisager Lucy d'où il se trouvait. Il lui fit un signe en direction de la porte pour voir si elle s'exécuterais où si elle voulait encore avoir à faire à lui... Combien de temps tiendra t'elle avec un comportement pareil ? Loin d'être foncièrement mauvais, Aki ne lui ferait aucun mal, pas à elle, d'un certain point, elle l'intriguait. Mais est-ce que cela durerait assez longtemps pour l'amuser ? "Aucune idée, advienne ce qu'il doit se passer et l'avenir nous le dira" pensa t-il mordant une nouvelle fois dans sa pomme.

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Jamais deux sans trois. Ainsi, Aki – car ce fut le prénom qu’il donna à l’Anglaise – bougea plusieurs fois dans la salle, cacha encore ses sentiments et se montra distant et froid envers Lucy, mais surtout, lui montra la porte pour qu’elle sortît et le laissât tranquille. Et pourtant, il l’avait bien reconnue lorsqu’elle s’était présentée. Pas tout de suite certes, mais après quelques temps d’hésitation, les mots sortirent enfin de sa bouche. Si elle avait voulu acquiescer au début, elle ne le fit pas. Les Japonais ne connaissaient pas autant son groupe que les Britanniques. Cela ne changeait pas le fait que la musique s’importait mais surtout, elle avait déjà fait quelques concerts en solo depuis son déménagement au Japon. Son nom circulait doucement mais sûrement dans les bouches des adolescents japonais. Pour le moment, ils ne savaient que son prénom et il était rare que certains parmi avaient la connaissance de son ancien groupe en Angleterre. Elle ne fut tout de même pas surprise quand Aki l’eut reconnue. Elle continua à sourire tout simplement.

Elle nota la rapide curiosité qui avait pris Aki par les tripes. Sinon, il n’aurait pas crié de la sorte, ni n’aurait été étonné d’avoir en face de lui Lucy White. S’il n’en avait vraiment rien à faire d’elle, même en la reconnaissant, alors il n’aurait certainement pas réagi de la sorte. Elle comprit que désormais, ce n’était plus elle qui s’intéressait à lui, mais plutôt l’inverse. Cette petite lueur d’espoir qui était née à cet instant, conforta Lucy dans l’idée que ce garçon devait avoir des raisons pour se comporter comme une racaille. En tout cas, elle sut également quelque chose qui était très importante. Si elle continuait à le suivre maintenant, il finirait rapidement par se lasser d’elle. Alors qu’elle avait réussi à attirer son attention, elle devait se comporter de la sorte à la frustrer un peu. Cela lui donnerait encore plus l’envie de la connaître. De plus, ce n’était plus elle qui venait à lui, mais lui qui venait à elle. Et cela, cela changeait tout. Cela la fit même quelque peu rire. Une idée naquit soudainement dans son esprit et elle en fut très satisfaite.

Elle décida alors de sortir lorsqu’il lui montra la porte. Elle se doutait bien que cela le surprendrait. A ses yeux, elle s’était tellement démenée et avait contourné toutes ses menaces jusqu’au moment où, quand enfin il connaissait son identité et s’intéressait à elle, celle-ci disparaissait. Elle s’en allait, loin de lui. Bien évidemment, ceci n’avait que pour but de réveiller une certaine frustration chez le jeune garçon. Lucy ne pouvait pas être certaine si son plan allait fonctionner, mais il valait mieux tenter ce petit tour de passe-passe. Parce qu’en réalité, elle n’avait pas spécialement envie de s’éloigner de ce dernier et avait davantage envie de le connaître. Mais tout ceci passait par son objectif de le rendre encore plus curieux. Elle voulait attiser sa curiosité d’une autre manière que celle à laquelle il avait du s’attendre. Puis, comme elle n’avait pas confirmé qu’elle était réellement la chanteuse du groupe KO-MON, il ne pouvait être sûr de rien et devait être dans les doutes. La jeune fille partit donc et se dirigea vers une autre salle, ou plutôt, elle revint dans la salle de musique.

Quand elle fut dans celle-ci, elle alluma la lumière et attendit quelques instants. C’était exactement le temps où il fallait à Aki pour se battre avec sa conscience. La curiosité l’emporterait-elle sur la raison ? Lucy n’en était pas sûre, mais elle l’espérait vraiment. Elle osa un rapide coup d’œil dans le couloir, pourtant elle ne vit personne. Il ne s’était donc pas encore décidé. Mais elle savait comment le convaincre. Elle se dirigea vers la basse qui trônait dans un coin de la salle et la brancha à l’empli. Ensuite, elle installa le micro sur son socle et alla vérifier s’il était bien branché lui aussi. Elle vit qu’il fallait quand même appuyer sur un petit bouton pour activer le flux d’électricité. Elle le fit et enfin, fut contente et satisfaite d’elle-même. Cela lui prit quelques minutes mais cela laissait encore du temps au Japonais pour réfléchir. Elle souriait. Elle lança un regard vers la porte, il n’y avait personne. S’il ne s’était pas encore décidé, elle se doutait que cela n’allait plus tarder. Elle jouait sa dernière carte mais elle avait l’impression que c’était la bonne. Et probablement la plus surprenante. Elle s’éclaircit la voix et enfin, elle commença à jouer de la basse. Elle se mit alors à jouer les accords d’une chanson qu’elle n’avait pas encore produite, « You ». Celle-ci avait été prévue pour figurer dans le second album qui n’était pas sorti.

“This day is now too far away
But I can’t help thinking about it.
Remembering is so painful.
I’ve never thought it would be so hard.
Since you left me this day
Life without you became so difficult.”

S’il ne connaissait pas la chanson, au moins il pouvait reconnaître la voix de Lucy. Tout comme le genre musical qui était bien ressemblant au premier album. Avant d’entamer le couplet, elle se permit de jeter un nouvel coup d’œil à la porte.

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Curiosité dévorante qui se nourrit de moi... Tombé dans son propre piège, oui, c'était fait ! A vouloir jouer au malin avec un aîné, voilà ce qui arrive... Il regardait à présent Lucy sortir de la pièce, bien que ses pas ne la conduisirent pas loin. Bien sur, il n'aurait pas su dire où exactement, mais le bruit de ses pas lui indiquait qu'elle se trouvait à présent dans une pièce à proximité. Pourquoi ? C'est vrai qu'il l'avait invité à sortir, et lui avait bien fait comprendre que sa présence n'était pas la bienvenue mais... Maintenant, c'est comme si il le regrettait. Il ne contrôlait plus vraiment la situation. Ce petit jeux ne tournait plus en sa faveur. Lucy White, c'était quand même quelqu'un l'air de rien et l'idée de laisser partir quelqu'un comme elle le dérangeait quelque peu. Aussi, il hésita tout de même longtemps avant de quitter la pièce, Aki livra bataille avec son orgueil durant de longues minutes.

Le jeune garçon mordit une nouvelle fois dans la pomme qu'il tenait encore dans sa main, la dévorant plus vite qu'il ne le pensait. Absorbé par ses pensées, ce n'est que lorsque ses dents s'arrêtèrent sur le trognon qu'il comprit qu'il était temps d'arrêter à moins de vouloir manger les pépins avec. Une fois de plus, il visa la poubelle, s'arrêta un instant en essayant de ne pas rater son coup cette fois. Il jouerait son "destin" sur un lancer. S'il réussit, il rejoint Lucy, si il rate son coup il s'en retournerait à ce qu'il faisait; pas grand chose. Concentration, concentration... Pourquoi se concentrait-il autant sur quelque chose qui était censé être basé sur un facteur de chance ? Au fond de lui, la curiosité de savoir ce qu'elle faisait, ce à quoi elle jouait le dévorait. Aki ferma les yeux l'espace d'une dizaine de secondes et lança le trognon une fois que la lumière inonda à nouveau ses pupilles.

En exagérant, on aurait pu imaginer cette scène au ralenti, observant le trognon de pomme en lévitation, tournoyant sur lui même en laissant s'échapper de fines gouttelettes de jus que contenait encore ce vestige de pomme. Oui, on aurait pu, mais nous ne sommes pas dans un Drama pour jeune fille ou l'on choisit ce que l'on va faire en fonction d'un lancer de fruit. Aussi, lorsqu'il vit la pomme tomber à côté de la poubelle pour la seconde fois, il s'était déjà décidé sur la suite des évènements. Aki se déplaça jusqu'à la poubelle et y déposa le cadavre fruitier qui tantôt gisait sur le sol. Normalement, suite à cet échec, il devait retourner à ses occupations. Néanmoins, comme précisé précédemment, ce n'était pas un lancer hasardeux qui déciderait de ce qu'il allait faire ou non. C'est donc contre son orgueil qu'il quitta la classe. Il ne dut pas chercher longtemps où se cachait Lucy, puisqu'il n'y avait qu'une seule pièce allumée dans le couloir à l'exception de celle où il se trouvait à l'instant. Remarque à lui même qu'il lui rappela qu'il fallait qu'il retourne dans la salle de cuisine pour en éteindre les néons. Une fois cette dernière tâche effectuée dans cette pièce, il se dirigea dans le couloir sombre de l'école et rejoint la seule pièce allumée de celle-ci, ses pas étaient guidés par une musique qu'il ne connaissait pas mais dont il reconnu bel et bien la voix de Lucy. Il profita un peu de la musique avant de rentrer dans la pièce sans dire un seul mot. Il était adossé contre l’entrebâillement de la porte de la salle de musique les yeux mi-clos...

Pas mal... ouais.

Invité

Il était là. Il se tenait, adossé à l’entrebâillement de la porte, comme elle se l’était imaginé. Comme elle le pensait lorsqu’elle avait décidé d’oser un regard vers la porte, à la fin du premier couplet de la chanson. Comme dans tous les films, un cliché quoi. Ce qui eut le don de la faire sourire et la déconcentrer. Elle s’arrêta donc de jouer sur le champ alors même que le garçon parlait. Pas mal. C’était donc tout ce qu’il pensait de ce qu’elle venait de faire ? Lucy grimaça alors qu’elle entendit et que les mots la touchèrent en plein dans son orgueil. Bien évidemment, elle n’explosa pas de colère. Cela ne servait à rien puisque de toute façon, chacun avait sa propre opinion sur une même chose. Si Aki n’appréciait pas sa chanson, très bien. La chanteuse n’avait pas peur de la critique négative, bien au contraire. Puis, elle se doutait qu’il avait dit cela peut être dans un but de la faire réagir justement. Lucy ne se fâcha donc pas et ne s’en préoccupa pas davantage. Elle le prit même plutôt comme un petit jeu, à nouveau.

Elle enleva la basse, soutenue par une bande sur l’épaule, et la posa doucement contre l’un des emplis. Ensuite, elle se dirigea vers le garçon. Ce dernier était resté à la même place, probablement parce qu’il ne souhaitait pas rentrer dans la pièce. Arrivée à sa hauteur, elle lui ébouriffa d’abord la chevelure, toujours en mode « gamine de 14 ans ». La jeune anglaise gardait en elle beaucoup de réactions plutôt adolescentes et enfantines, comme si celle-ci ne désirait pas grandir et préférait rester petite dans son cœur et son âme. Non pas qu’elle ne fût pas mature, bien au contraire. Lucy savait parfaitement faire face d’une manière sérieuse lorsqu’elle le devait, face à une affaire très importante. La dernière en date avait été la mort de sa mère. Toutefois, dès qu’elle en avait la possibilité, Lucy redevenait une petite fille et s’amusait avec les autres, en se comportant d’une façon qui pouvait parfois embêter les personnes qui en étaient victimes. Mais cela, l’Anglaise n’y prêtait aucune attention et continuait ses folies. D’ailleurs, elle voulut reprendre les joues d’Aki mais comme elle l’avait déjà fait quelques minutes auparavant, elle se ravisa. A la place, elle lui pinça le côté, ce qui dut le surprendre à nouveau.

- Pas mal, pas mal ?!? s’exclama-t-elle en feignant la colère, même si cela se voyait que c’était simplement de l’ironie et de l’amusement. Je t’en ferai bouffer du pas mal, moi !

Finalement, elle retourna vers le matériel de musique et se mit tranquillement à tout débrancher. Cela ne l’avait pas dérangé de tout brancher, utiliser l’équipement que pour quelques minutes, puis à nouveau, tout ranger. Ce qu’elle avait souhaité, c’était qu’Aki se rendît dans cette pièce. Qu’il la suivît. Cette volonté s’était réalisée et elle n’avait pas besoin de continuer plus longtemps à jouer. Surtout qu’il commençait vraiment à se faire tard, et très vite, tous les clubs fermeraient leurs portes et les femmes de ménage viendraient nettoyer les salles. Il ne fallait donc pas trop tarder. Lucy ne se préoccupa donc pas du fait si le jeune garçon avait ou non envie qu’elle jouât toujours. Un petit concert privé, il pouvait bien en avoir envie. Le seul souci, c’était qu’une basse seule ne faisait pas tout, malheureusement. Lucy avait besoin aussi d’un guitariste et de son batteur, qui en ce moment, était Andrew.

En repensant à cela, elle cessa de ranger un instant le matériel. Elle soupira longuement, sans vraiment être sûre que cela avait pu être perçu par Aki. Enfin, dos à lui, elle se perdit dans ses pensées. Elle avait vraiment une motivation de fer pour retrouver de nouveaux membres pour son groupe et produire un deuxième album au Japon. Le seul problème, c’était que ce n’était vraiment pas du tout évident de trouver les bonnes personnes. Les chansons étaient déjà presque terminées et composées. Maintenant, il ne restait plus qu’inciter les personnes à les jouer. Dans le groupe, seule Lucy avait réellement toute l’autorité et cela pouvait poser problèmes pour certains, qui désiraient la plupart du temps partager les droits. Certaines personnes pouvaient alors exiger de créer tous ensemble les chansons plutôt que d’interpréter simplement celles que Lucy écrivaient. La jeune femme devait donc vraiment tomber sur de bonnes personnes afin de former le groupe.

Elle fut tirée de ses pensées quelques secondes plus tard. Elle se retourna pour voir où se trouvait Aki mais ne le trouva plus adossé là où il l’avait été quelques secondes auparavant. Elle ne paniqua pas, mais ses yeux balayèrent la salle pour se poser sur le nouvel endroit où il avait tout simplement bougé pendant ce temps. Lucy lui sourit, tentant de masquer le fait qu’elle avait été pensive pendant un certain moment. Elle préférait qu’il connût simplement la Lucy gamine pour l’instant. Il n’avait pas besoin d’en savoir davantage, notamment en ce qui concernait ses préoccupations et toutes les réflexions sur un nouveau groupe. Elle se concentra à nouveau sur le rangement du matériel et lorsque tout cela fût terminé, elle se dirigea vers une table près du bureau du professeur. Elle s’assit dessus et riva ses yeux sur le garçon. Elle croisa ses mains et commença à balancer ses jambes. Enfin, elle décroisa ses mains, les posa sur les côtés de la table et se pencha un peu en avant, dévoilant un brin son décolleté, ce dont elle ne se préoccupa pas du tout.

- Bon, maintenant que tu sais qui je suis, commença-t-elle avant de s’arrêter pour réfléchir à la suite de la phrase. Dis moi réellement, qui tu es.

Si elle avait eu son prénom et nom de famille, cela ne suffisait pas pour connaître une autre personne. Tout ce que Lucy souhaitait savoir, c’était des détails. Elle se doutait qu’il ne se livrerait pas à elle si facilement. Il ne lui raconterait certainement pas sa vie entière ni ne lui ferait probablement pas un résumé détaillé. Pourtant, la jeune chanteuse était très curieuse et elle avait envie d’apprendre le plus de choses possibles sur Aki. Comme par exemple, la raison pour laquelle il avait réagi d’une manière menaçante ou encore ce qui le poussait à se comporter de façon à rejeter les autres. Il était encore probablement jeune, du moins bien plus jeune que Lucy, mais il semblait déjà avoir vécu de nombreuses choses qui avait changé sa vie et l’avait forgé tel qu’il l’était à cet instant précis. Tout comme bien des choses pouvaient encore se dérouler et le faire changer à nouveau.

- J’ai l’impression que tu te donnes un air menaçant pour repousser les autres et être seul, alors qu’en réalité, tout ce que tu cherches, c’est de la compagnie.

Lucy y allait au culot. Mais c’était exactement ce qu’elle pensait de lui. Il avait essayé de la faire partir, mais il n’avait pas réussi. Bien sûr, avec d’autres personnes, il devait avoir beaucoup plus de succès. Pourtant, Lucy avait perçu quand même le fait que le garçon se comportait d’une manière plutôt paradoxale, même si c’était inconscient. C’était exactement cela qu’elle souhaitait comprendre. Cela l’intriguait et rendait donc Aki bien mystérieux à ses yeux. Tout ce qu’elle espérait désormais, c’était qu’il lui répondît, ce dont elle ne pouvait pas être certaine, puisqu’il pouvait très bien décider de ne pas révéler de telles choses à une presque inconnue, une fille qu’il venait à peine de rencontrer.

Invité

Douce mélodie qui occupait son esprit. Douce mélodie qui apaisait autrui. Douce mélodie qui calmait le monstre qu'il avait en lui. Douce mélodie écourtée par sa maîtresse ne laissa place désormais qu'à un silence pesant. La musique s'estompa mais continuait de résonner dans l'oreille de Jin. Elle était belle, elle était douce, il y trouvait un certain bien être. Étais-ce les paroles qui lui parlaient, étais-ce simplement le ton de la voix de Lucy ? La jeune femme avait une voix qu'il appréciait grandement et il était bien difficile pour le jeune homme de cacher ce qu'il ressentait à ce moment là. Néanmoins, il y parvint en ponctuant son avis de quelques mots: "Pas mal". Bien sur, il avait pensé bien plus de choses que cela durant cette courte période de musique. En fait, il avait plutôt apprécié ce moment mais il ne l'avouerait sans doute pas de suite. Par ailleurs, il lui était plaisant de faire bougonner Lucy. Elle avait sans doute réussi ce qu'elle voulait. La curiosité avait pris le dessus sur tout le reste... Pourquoi fallait-il qu'il repousse tout le monde ?! Pourquoi est-ce que la seule voie qui s'offrait à lui était celle de la violence ? Aucune idée, son corps réagissait plus vite que son esprit et avant qu'il ne s'en rende réellement compte ses poings étaient meurtris et son adversaire gisait sur le sol. Quelque part, il regrettait toujours ce qu'il faisait. Foncièrement mauvais ? Non, certainement pas... Il avait beaucoup de mal à se contrôler mais il était trop orgueilleux que pour s'excuser ou regretter publiquement ses actes. Fierté mal placée. Il faisait partie de ceux qui faisait danser les autres avec ses poings. Lucy, elle, s'était avec sa voix, avec sa musique qu'elle avait choisit ses armes. Était elle mieux que lui ? Il en avait l'impression et cela l'énervait. Que lui avait-elle fait à part ça ? Rien. Plutôt gentille, bien qu'elle le considérait comme un petit gamin, il y trouvait une sorte d'affection particulière qu'il ne connaissait pas jusqu'alors. Le culot, elle n'en manquait pas et cela lui plaisait également.

Elle arrêta la musique si subitement, son commentaire lui avait déplu ? Etais-ce simplement pour l'attirer dans sa toile ? Peut être... Néanmoins, elle semblait être occupée avec ses pensées et ne plus faire attention à lui. Une chose qu'il n'appréciait pas. Il voulait qu'elle le regarde, qu'elle "joue" avec lui. Cette grande soeur qu'il n'avait jamais eue... Vraiment ? Peut être que oui, peut être que non. Tout se bousculait dans sa tête et il ne pouvait décemment plus rester en place. Aki allait se déplacer mais Lucy le fit avant lui ét d'un geste de la main ébouriffa tout ses cheveux... Le jeune homme porotesta vigoureusement en reculant d'un pas.

Pas mal, pas mal ?!? Je t’en ferai bouffer du pas mal, moi !

Le jeune homme lui lança un sourire amusé, dévoilant ses canines comme s'il était prêt à mordre ponctué

Humph...

Lucy s'en retourna à son matériel musical et le rangea. Pendant ce temps là, Aki entra dans la salle de musique et bougea d'un endroit à l'autre de la pièce dans un silence parfait, glissant sur l'air comme si la consistance de son corps avait été vaporeuse. La jeune racaille était à présent au fond de la salle ou il continua de faire les cents pas. Lucy ne semblait désormais plus occupée par ses pensées et regarda par où était entré le jeune homme et constatant qu'il n'y était plus fini par le trouver du regard. Elle prit place ensuite sur un des bancs près du bureau du professeur, un point de vue admirable sur son décolleté ne manqua pas de lui ôter de la bouche un sifflement. C'était encore un adolescent, et c'était toujours par impulsivité qu'il agissait... Elle voulait en savoir plus sur lui ? Se pourrait-il qu'elle s'intéresse vraiment à lui ? De quelle façon ?

Bon, maintenant que tu sais qui je suis. Dis moi réellement, qui tu es.

Qui je suis ?! Pensa t'il. Et bien le méconnu Aki Jinpachi... Des Nagas. Que pouvait-il lui dire d'autre ? Il ne comprenait pas vraiment la question qu'elle lui posait et n'avait pas tellement envie de répondre. Néanmoins, il répondit par politesse et en toute franchise qu'il ne comprenait pas vraiment ce qu'elle attendait de lui.

Je ne comprends pas ce que tu veux dire... Qui je suis vraiment ? Je suis Aki Jinpachi, c'est tout.

Il se faisait tard, bientôt toute les classe allaient fermer leur portes. Mais la jeune fille continua de le questionner.

J’ai l’impression que tu te donnes un air menaçant pour repousser les autres et être seul, alors qu’en réalité, tout ce que tu cherches, c’est de la compagnie.

Touché, la solitude, il l'aimait la plupart du temps, c'est vrai... Mais sa réputation de mauvais garçons n'attiraient pas vraiment les autres personnes de sa classe. De plus, ils n'essayaient pas de lui adresser la parole. C'était un comportement qui l'énervait plus que tout et il avait finit par repousser tout le monde. Elle avait lu dans son jeux mieux que n'importe qui... Il n'était peut être pas si compliqué que ça après tout...

De la compagnie... hein... sans doute, oui. Tu es...chiante en fait...mais tu es la seule personne qui ai prit un peu de son temps pour parler avec moi. Et j'aime bien les gens qui y vont au culot.

Aki prit place à son tour sur un des bancs qui se trouvait près de Lucy et contempla son reflet dans la fenêtre, on ne voyait rien dehors, il n'y avait que le reflet de la pièce que projetaient les vitres.

Invité

Visiblement, elle avait bien fait de préciser ce qu’elle attendait de lui puisqu’il n’avait pas compris sa question. Il lui avait simplement répété le prénom et le nom qu’il portait, or ce n’était pas du tout ce qu’elle recherchait de sa part. Elle avait envie de le connaître davantage d’un point de vue psychologique. La façon qu’il avait de réagir l’intéressait tellement. Mais le garçon finit par répondre à la question. Peut être pas de la manière escomptée, mais c’était déjà bien mieux. Le sourire de la jeune fille redevint fort rayonnant lorsqu’il lui avoua la trouver chiante. Ce n’était pas le premier, ni le dernier. Beaucoup de personnes le lui avaient reproché d’être énervante à cause de son comportement. Lucy sortait du lot, elle était originale mais d’une manière qui dérangeait de nombreuses personnes. Si celles-ci ne la supportaient pas, c’étaient à elles de partir. L’Anglaise restait fidèle à elle-même, ne changeait jamais et surtout, pas pour des personnes qui n’étaient pas si importantes pour elle. Les proches, donc les gens qui étaient à ses côtés, étaient ceux qui arrivaient à accepter ce caractère-là.

En tout cas, elle ne se fâcha pas du tout quand il le lui eût dit. Elle connaissait bien des personnes qui se seraient déjà vexées. Ce n’était pas son cas, vu qu’elle savait parfaitement qu’elle était parfois bien chiante. Mais elle continuait toujours et encore à l’être avec tout le monde. Pourtant, Aki ménagea ses propos en lui dévoilant qu’elle était la seule qui avait pris le temps de le connaître. Elle était probablement aussi la seule qui avait vu juste dans son jeu, ou plutôt dans son comportement, afin de repousser les autres de soi. Le sourire rayonnant de Lucy se transforma alors en un sourire plus chaleureux, presque rassurant. Dans ses yeux se lisait la joie et les traits de son visage s’attendrirent tout de suite, comme une mère qui écoutait son enfant. A cet instant, elle avait vraiment envie de le prendre dans ses bras et de lui tapoter la tête d’une façon maternelle, puis lui dire qu’elle était là s’il la nécessitait, mais également s’il avait besoin de parler. Mais elle s’en abstint. Elle ne le connaissait pas assez et donc elle estima que cette fois-ci, elle serait allée trop loin. Après tout, malgré ce comportement enfantin et dérangeant, elle reconnaissait quelques limites qu’elle ne dépassait pas. Or là, ces gestes auraient vraiment été très étranges, notamment entre deux parfaits inconnus, qui ne s’étaient rencontrés que quelques minutes auparavant.

Lucy ne cessa de le regarder quelques instants, avec ce regard très attendrissant et doux. Elle semblait presque comme perdu dans ses pensées. Cela faisait longtemps que cela ne lui était pas arrivé. De plus, c’était vraiment rare de la voir dans cet état-là. Généralement, elle ne montrait pas ses sentiments, ni aucune compassion dans ses yeux. Non pas qu’elle fût méchante, loin de là. Simplement, elle cachait tout en elle et préférait être plutôt extravagante que sentimentale avec les autres. D’ailleurs, elle s’estimait fort mauvaise en ce qui concernait la consolation. Elle n’aimait pas voir les autres malheureux, mais bien souvent ignorait la meilleure façon de les aider. Ses proches, elle faisait n’importe quoi pour les rendre heureux. Les autres, quand elle essayait, elle n’y parvenait pas vraiment. Elle était toujours maladroite quand elle tentait de rassurer et de consoler. Sauf quand il s’agissait de faire la pitre. Dans ces cas-là, elle les faisait bien souvent rire sur le moment, mais cela n’enlevait pas leurs poids pour toujours.

Tout d’un coup, elle fut tirée de ses pensées quand une personne adulte entra dans la salle. Tout d’abord elle crut que c’était la femme de ménage qui arrivait déjà, mais il était encore assez tôt, ce qui l’étonna. Mais elle releva la tête pour apercevoir la personne en question et se rendit compte que c’était un surveillant qu’elle avait déjà aperçu un jour.

- Que faites-vous encore dans les salles à cette heure ? demanda-t-il, avec une voix à la fois interrogatrice mais sèche pour leur signifier qu’ils devaient partir.

Cette fois-ci, Lucy tourna la tête vers Aki et réfléchit un instant. Elle était sur le point de répondre, puis finalement, se ravisa. Elle estima que c’était exactement le moment opportun pour se rendre compte du réel comportement du jeune garçon. Elle se demandait la façon dont il allait réagir : s’il allait être violent dans ses propos ou dans ses gestes, ou si, tout simplement, il répondrait correctement à la question posée. Après tout, à la base, c’était bien lui qui était resté plus longtemps dans les salles, pas elle. Lucy avait l’intention de rentrer chez elle lorsqu’elle l’avait croisé. D’ailleurs, elle pensa qu’elle n’avait toujours pas appelé son majordome afin qu’il vînt la chercher. Il pleuvait beaucoup trop dehors afin qu’elle rentrât à pieds. Elle n’avait pas non plus envie de se faire mouiller par la pluie. Le majordome était la dernière solution. En tout cas, elle ne bougea pas, attendant la réponse du jeune garçon, ce qui lui permettrait de mieux le cerner, mais également, de le connaître.

Invité

Un surveillant débarqua sans prévenir et leur demanda ce qu'ils faisaient encore là à cette heure la. Certes, il avait de toute façon raison et Aki n'était pas du genre à s'emporter pour si peu. Ici, il y avait des règles à respecter si on ne voulait pas se faire expulser... Aussi, Aki préféra faire profil bas comme il l'avait promis à ses parents... Du moins, en gestes... Bien qu'il savait se contrôler et n'était pas enclin à frapper tout ce qui bouge...sa langue, elle, c'était autre chose... Une pointe d'arrogance dans la voix, sans violence... Le genre de voix qui exprime clairement qu'il n'est pas préférable de continuer la conversation. Bien, une fois qu'il lui aurait répondu dans les règle de l'art, il regagnerait sa chambre... Bien que l'idée de se concentrer seur ses devoir l'ennuyait avant même d'avoir ouvert ses cahiers... Il prendrais une vingtaine de minutes à ça avant de se coucher...C'est comme ça qu'il travaillait le mieux... Le calme, c'est beaucoup plus évident pour lui de travailler dans ces conditions. Le fait qu'il n'y ai pratiquement aucun bruit autour de lui et l'ambiance nocturne favorisait sa concentration... Devoirs...devoirs...devoirs... Oh... Il y avait toujours Lucy qui était dans la pièce et le surveillant... Tout deux semblait attendre une réponse de lui. Comme le protagoniste d'une pièce de théâtre, Aki pris une grande inspiration, bomba légèrement le torse et sortit de la classe d'une façon qui se veut... théâtrale.

"Certes, monseigneur, nous nous en allons de ce pas, ma chère et moi..."

Qu'est-ce qui cloche chez toi ?! N'étais-ce pas là le genre de propos que l'on ne sortait exactement PAS dans ce genre de situation... Euh... Et bien en fait... C'était un comportement exagéré, je vous le concède. Irréel même. Soit. Le jeune homme arrêta ses grands gestes bourgeois et repris la posture qui lui était si familière. Aki se gratta la tête ce qui eu pour effet d'ébouriffer un peu plus sa tignasse. Bon, que faire maintenant qu'ils avaient étés "expulsés" de la classe ? Lucy prendrait-elle de nouveau un peu de son temps pour lui parler ? Pour apprendre à le connaitre ? Finalement, il appréciait cette sensation qu'il avait oubliée depuis longtemps... L'intérêt, apprendre à connaître autrui plutôt que de juger sur l'apparence. C'était une bonne personne. Peut être même un peu trop bien pour rester en compagnie d'Aki. Peut être...Mais c'est elle qui avait choisis de creuser la roche à la recherche d'un filon d'or. Pour une fois, il avait envie de parler un peu... Néanmoins, il se faisait tard et Aki se doutais bien que la jeune fille devrait bientôt rentrer chez elle ou dieu ne sais où. Égoïstement, il avait bien envie qu'ils continuent leur petite conversations, cela ne dépendrait que d'elle. Le jeune homme n'était pas encore prêt pour engager une conversation avec une si jolie fille. C'était plus facile pour lui de s'adresser à des filles aux visages disgracieux que de jolies filles. La timidité sans doute... C'est marrant de voir comme le comportement humain vous fait agir en fonction d'une personne. Enfin, pour le peu de gens à qui il pouvait parler de toute façon... Si elle voulait en savoir plus sur lui, elle continuerait de lui poser des questions et il se contenterait d'y répondre le plus poliment possible. Oui, c'est décidé, il ferait comme ça.

Aki attendit que Lucy sorte de la classe... Le surveillant, le concierge ou Dieu ne sait quoi d'autre ferma la porte derrière la jeune fille et tourna les talons dans la direction opposée en ayant pris soin de regarder les deux jeunes gens avec le genre de regard qui veut clairement dire: "Vous n'avez pas intérêt à me prendre pour un con, maintenant, filez !" Le genre de phrase qu'Aki aimait imaginer quand aucun mots ne sortait de la bouche des gens. Une activité distrayante qu'il aimait pratiquer... Quand personne ne vous adresse la parole, c'est assez drôle d'imaginer ce qu'ils seraient susceptible de raconter... Ouais...

Hrp:

Invité

Lucy laissa afficher un brin de sourire aux coins des lèvres lorsqu’elle entendit la réponse d’Aki face à la demande du surveillant. C’était tout de même assez drôle parce que ce dernier se moquait ouvertement, d’une manière plutôt subtile voire implicite, du pion. Au moins, pour le moment, il n’avait pas montré de signe de violence ou de rejet, comme il aurait très bien pu le faire. Certains détestaient tellement l’autorité, notamment du personnel et des professeurs lorsqu’ils se trouvaient dans l’établissement, qu’ils partaient toujours au quart de tour pour n’importe quoi, et ne se laissait pas faire face à ces adultes. Même si le garçon ne donnait pas l’impression de repousser encore, Lucy se doutait que cela devait être le cas. Mais il le faisait sous une autre forme, complètement différente. Au final, elle riva ses yeux sur le visage du surveillant afin de voir l’expression que celui-ci affichait suite à la réponse du Japonais. Son sourire s’agrandit alors car la réaction du surveillant était plutôt marrante. Elle s’empêcha tout de même d’éclater de rire afin de ne pas être irrespectueuse et mal comprise.

Pour répondre au langage soutenu d’Aki et pour continuer dans la bêtise de ce dernier, elle passa son bras sous celui du garçon et avança telle une dame noble au bras de son mari. Elle sortit alors de la salle et nota le fait que le surveillant partait dans l’autre sens. Elle enleva son bras alors de celui du Japonais, pour ne pas le déranger trop longtemps ,car elle savait parfaitement que ce genre de contact physique pouvait provoquer de vives réactions de surprise, voire d’indignation chez certains. Elle lui sourit chaleureusement et se rendit compte qu’ils restaient encore un peu dans les couloirs. Elle regarda l’heure sur son portable qu’elle sortit de sa poche avant de l’y remettre à nouveau. Il se faisait tard et même s’il pleuvait, il fallait quand même qu’elle rentrât chez elle. Elle ignorait si le garçon habitait dans l’internat de Keimoo ou non, mais elle supposait que probablement. Sinon, il serait déjà parti de l’établissement et n’y resterait pas tout seul, dans la salle du club de cuisine.

- Je suis désolée, mais il est temps que je rentre chez moi, dit-elle simplement alors.

Finalement, elle se mit sur la pointe des pieds – car Aki était plus grand qu’elle – et apposa un doux baiser furtif sur sa joue droite. Quand elle se remit sur ses pieds, bien en équilibre, elle ferma les yeux et lui sourit, telle une enfant qui était consciente de vouloir séduire ses parents pour les convaincre de lui acheter quelque chose qu’ils ne souhaitaient pas. Ses mains s’étaient rejoints derrière son dos. Au bout de quelques petites secondes, elle décida que cela suffisait et redevint beaucoup plus sérieuse.

- Demain, après les cours, salle du club de cuisine, enchaîna-t-elle.

Oui, elle était en train de lui donner un rendez-vous, comme pour lui signaler qu’elle avait vraiment envie de le revoir et surtout, de le connaître davantage. Elle n’était pas certaine qu’il y répondrait, mais elle était sûre que de son côté, elle viendrait le lendemain soir dans cette salle afin de l’y attendre. Quelque chose l’attirait dans ce garçon, sans qu’elle pût réellement l’expliquer ni le comprendre pour le moment. De plus, elle ne souhaitait pas le laisser tout seul alors que tout son comportement démontrait que la seule chose qu’il cherchait, c’était de la compagnie. Malgré le fait qu’il repoussait tout le monde. Lucy pensa alors que le problème était que le Japonais avait peur d’être avec des personnes autour de lui, de part le fait que celles-ci pussent le juger, mais qu’en même temps, il détestait la solitude. Tout cela était donc assez compliqué pour l’instant, et la jeune chanteuse avait vraiment envie d’en découvrir plus, et de l’aider.

Sans rien dire et sans attendre de réponse, elle tourna les talons et courut vers les escaliers au fond du couloir, comme si elle était pressée, ce qui n’était pas vraiment le cas. Dès qu’elle sut qu’elle avait disparu du champ de vision d’Aki, elle reprit son portable et appela le majordome afin que celui-ci vînt la chercher en limousine. A cause de la pluie, elle préférait être au chaud et au sec dans la voiture plutôt que de rentrer à pied, ce qu’elle faisait de temps à autre lorsqu’elle en avait envie. L’homme se présenta une dizaine de minutes plus tard à la porte de l’établissement. Il sortit de la voiture avec un parapluie et vint rejoindre Lucy pour le lui tenir avant de la faire rentrer dans la limousine. Il n’y avait pas beaucoup de trafic sur la route car l’heure de pointe était déjà passée. Toute la soirée, Lucy fut prise par ses pensées qui concernaient toutes le jeune garçon. Elle en écrivit même une potentielle chanson.

Invité

Au départ, le jeune homme fut décontenancé par le comportement de Lucy et il ne sut pas comment réagir. Partagé entre une agréable surprise et un profond sentiment de malaise il allait enfin réagir quand l'étreinte de son bras se relâcha et que Lucy se décrocha de lui. Bon, et bien, inutile de jouer le malappris une fois l'histoire terminée... Oui, il avait peut être laissé passé trop de mauvaises choses autour de lui. Bien sur... Les autres ne l'encourageait pas à être un peu plus sociable... Mais Lucy, elle, semblait vraiment s'intéresser à lui. Bien sur, il ne qualifiais pas cet intérêt comme étant de l'amour...plutôt comme... de la curiosité, oui.

- Je suis désolée, mais il est temps que je rentre chez moi,

Elle ponctua cette phrase par un baiser qu'elle déposa sur les joues d'AKi. Encore plus surpris par cet acte que l'épisode de l'étreinte du bras, il resta planté là et ne savait pas quoi dire. Figé de surprise, d'un agréable sentiment qui l'envahissait lentement tendit qu'il digérait la nouvelle et allait devoir regagner sa chambre, seul, pour de nombreuses autres journées à venir... Peut être que toute cette attention s'arrêterait là et qu'elle se lassait déjà de lui ? Après tout, ce ne serait pas la première personne à le faire... Bien que ce fut la seule fille qui l'embrassa sur la joue depuis un bon moment ! Hormis ses petites amies, aucune autre fille n'avait pu faire ça sans qu'elle ne se fasse rejetée, voir insultée. En quelque sorte, c'était un peu une privilégiée, elle lui donnait l'étrange impression de vouloir être quelqu'un de plus fréquentable... Mais... étais-ce là les signe d'un Adieu ? Est-ce que ça avait uen autre signification pour elle ? Aki se perdit dans ses pensées quand la solution lui fut apportée par l'aide de Lucy sans qu'il n'aie eu besoin de la consulter.

Demain, après les cours, salle du club de cuisine,

Un bref sourire s'installa au coin des lèvres du jeune homme et il croisa ensuite les bras avant de poser une de ses épaules contre le mur du couloir. Heureux. Un bien grand mot mais il était sans doute le plus approprié pour ce qu'il ressentait à cet instant... Bien qu'à part un bref sourire, on ne distinguait pas grand choses de ses émotions du moment. Un espèce de handicap dont il se serait bien passé dans ce genre de situation. Bref, il était content qu'elle aie envie de le revoir... Bien qu'il voulut enchainer avec des paroles plus douces, ce fut comme se la partie noire qui obscurcissait son coeur avait décidé de prendre la parole à son insu.

"J'y penserais"

J'y penserais, répétait-il dans sa tête, de qui te moques tu ?! Il s'en voulait mais avant qu'il ne puisse dire quelque chose d'autres, Lucy s'en allait déjà et il la regarda dévaler les escaliers au fond du couloir. Ses pas se firent lointain tendis que l'obscurité qu'il connaissait si bien repris ses droits et inonda de son voile noire les couloirs de l'établissement du Lycée. Sombre solitude, compagne des nuits à venir, il faut croire que cette nuit encore elle serait plus présente qu'il ne l'avait pensé.

Prends soin de toi Lucy...

Trop loin pour entendre ces dernières paroles, il regagna lentement les dortoirs, seul, face à ses pensées. En fin de compte, il avait fait une chouette rencontre et cette solitude qu'il pensait apprécié...il en décela une faille.