Painted Red

Sujet: Painted Red Mer 14 Nov 2012 - 17:35

PAINTED RED.
To become this sweet man-eating flower of mine.

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Sa main entoure le poignet de Megumi, alors qu’il dévale à toute vitesse le couloir menant au réfectoire. Il n’y a pas une minute à perdre dans la quête de perfection cristallisée de Lawrence Evelynn Swanster. Il dépasserait presque les autres ‘zombies’ dans sa hâte de peaufiner d’horreur son apparence victorienne. Les pans de son foulard virevoltent au rythme de ses enjambées effrénées et il ne demande pas vraiment son avis à sa partenaire quant à la cadence de sa course contre la montre. Quel gentleman foireux fait-il, brusquant une demoiselle pour assouvir ses propres, et très questionnables, envies. Il tâchera de rattraper son comportement plus tard, lorsque son costume d’époque s’égrainera en lambeaux et qu’il aura terminé de s’imaginer les cris d’outrances de William face aux coups de ciseaux, face aux stries sales et intentionnelles. Son cousin est un spécimen particulièrement coincé et froid, le faire sortir de ses gonds est maladivement amusant. Soit.

Le grand blond pousse la porte du réfectoire, recouvrant un instant ses manières pour laisser entrer Megumi avant sa propre personne. Aussitôt entré, il fonce vers un petit sac qu’il a préalablement déposé là, en extirpant de ciseaux et une quantité questionnable de maquillage. Du moins, pour un garçon. Il lacère la partie inférieure de son veston, créant des lambeaux disposés de manière aléatoire et se retourne vers son binôme à la chevelure éclatante. ( Il ne s’est toujours pas arrêter sur une opinion fixe en ce qui concerne la couleur de ces mèches. ) Il lui lance un sourire exalté, tout en continuant à marteler ses vêtements d’adroit coup de lame.

« Ready ? »

À vrai dire, il ne connait pas la jeune gothique qu’il a entrainé à sa suite plus que n’importe quel autre élève qui côtoie l’Académie. Ils ne se sont jamais vraiment abordés en dehors des réunions du Comité des Élèves, mais un tour de destin les a réunis en tant que binôme pour cette grande fête d’Halloween. Lawrence n’y voit pas d’inconvénient, toujours partant pour de nouvelles rencontres et ne s’effrayant pas d’un peu de singularité ( la preuve se manifestant au travers de sa relation d’amitié avec Kohaku ) contrairement à certains des autres populaires. Aussi longtemps qu’elle coopère aux festivités, Lawrence est certain qu’il pourra très bien s’entendre avec la jeune femme.

Il range les ciseaux et s’accapare d’une palette de tons clairs, peu certain de la manière adéquate d’appliquer le tout. Bien sûr Kohaku a tenté de lui apprendre la manière adéquate d’appliquer le maquillage, mais tout ce que l’Anglais croit avoir réellement maîtrise est la peinte des lèvres. Il lance un regard, mi-embarrassé, mi-amusé, à son binôme, avant de se relever, pinceau dans les mains.

« Oh . . . c’est à un ami à moi. Et je dois avouer ne pas être très certain de la méthode à employer pour me zombifier. Tu m’aides ? »

Le grand blond s’approche d’elle, palette et pinceau contenus dans sa poigne et les tend gentiment à sa partenaire. C’est une gothique, il est à peu près certain qu’elle saura le rendre effrayant, fantomatique, inquiétant, plus accordé à cette célébration annuelle de l’horreur. D’où il se tient, elle lui rappelle une poupée, un peu comme la Mariée Cadavérique sans les bouts de chair en décomposition ou comme Sally de A Nightmare Before Christmas. Il sourit à la pensée de métrages d’animation remplis de musicalité. Tout le monde connait ces films de Tim Burton, c’est littéralement impossible dans l’esprit du populaire qu’une âme dans l’Académie n’en n’ait jamais entendu parler. Creusant son esprit pour une ou deux des lignes des chansons interprétées dans ces films, il finit par arrêter son choix sur des paroles à la volée provenant de la mélodie Jack’s Lament. Il chante les deux lignes, rire contenus égayant sa voix, tentant de pousser Megumi dans un état d’esprit similaire au sien.

« I'm a master of fright, and a demon of light,
And I'll scare you right out of your pants. »

Il tenterait de la faire valser, humour empreint de familiarité qui n’aurait duré qu’une fraction de seconde, si elle ne détenait pas le pouvoir sur son maquillage et donc, l’état de son visage. Motivé par la modification de son déguisement, bourré d’entrain à l’idée d’entamer la soirée, le moral ensoleillé de Swanster serait presque contagieux.

Allez, petits survivors, manifestez vous.

Invité

Tout autour d'elle défilait à une vitesse sans pareille. Ce grand blond, son compagnon zombie pour la soirée, venait de lui attraper le poignet et courait à travers les couloirs à une vitesse folle. Tout, tout était passé si vite ... Megumi avait à peine eu le temps de comprendre ce qui se passait. Bien sûr, elle savait pour le black-out, mais dans la précipitation ... Mais après tout, peu importe. Revenant à la réalité, Megumi, entraînée par son partenaire, tentait du mieux qu'elle pouvait de ne pas glisser ou tomber. Ces babies n'étaient pas parfaites pour courir, et à présent, ces pieds la faisaient souffrir. Dans un tintement cristallin de métal, la jeune gothique essayait tant bien que mal de dévaler les couloirs et escaliers à la même vitesse que le blond. Elle ne disait rien, essoufflée, et il ne disait rien, concentré sur sa course. Seul le bruit de leurs pas, ainsi que le doux bruit du pendentif de Megumi rythmait leur cavalcade effrénée. La jeune fille se contentait de le suivre, tout en observant, avec un curiosité semblable à Alice, le profil de son partenaire.

Et puis enfin, leur course s'arrêta. Il poussa la porte du réfectoire, elle entra la première dans la salle. regardant autour d'elle, Megumi s'extasiait de la beauté du décor. A vrai dire, même si elle faisait partie du Comité depuis peu, elle n'avait pas participé à la décoration du réfectoire. Pour quelle raison, elle ne savait plus, mais c'était en tout cas une belle surprise en entrant dans ce lieu. Se rendant compte qu'elle avait oublié Lawrence, la gothique se retourna. Une paire de ciseaux à la main, le blond lacérait ses beaux vêtements victoriens, faisant tomber quelques lambeaux de tissus sur le sol. Au tout début, Megumi fut un peu choquée qu'il lacère son costume ainsi; puis, après réflexion, elle se disait que cela faisait plus zombie ainsi. Puis il l'avait regardé avec un grand sourire, lui demanda si elle était prête. La gothique lui rendit son sourire du mieux qu'elle pu.

« Go ! »

S'approchant de lui, elle jeta petit coup d'oeil dans le petit sac posé à terre, qui était déjà là dans le réfectoire. Du maquillage. Megumi n'en avait pas réellement besoin, les belles balafres dignes des poupées creepy était déjà dessinées. Pas besoin de se regarder dans un miroir, Megumi savait qu'elle faisait peur. C'était pourtant bien une des premières fois qu'elle se maquillait de cette façon. Elle se maquillait légèrement pour aller en cours, mais pour se dessiner autant de cicatrices au crayon, jamais. Un léger regard vers Lawrence qui sortait de ce sac une palette de maquillage. Avec un air embarrassé, il lui demandait de l'aider à se maquiller. Megumi ne savait pas si elle allait faire mieux, mais après tout elle pouvait essayer. Elle n'avait pas vraiment confiance en elle avec ce genre de choses, mais il lui fallait surmonter cette certaine appréhension. Dans un sourire, elle prit la palette que le blond lui tendait.

« Bien sûr. Je ne suis pas une experte, mais je vais faire de mon mieux. »

Se rendant compte qu'elle était plus petite que lui, elle lui demandait de se baisser afin de se mettre sur les genoux. Faisant de même, Megumi prit le pinceau fin entre ses doigts et commença la transformation. Elle trempa le pinceau dans une teinte bleuâtre et commença à en répartir sur chaque joue, afin de donner une impression de maigreur cadavérique. Megumi se mordait la lèvre tout en s'appliquant, telle une petite fille qui s'applique à faire un dessin. Quelques nuances de bleu, de gris, histoire de rendre le teint très pâle. Et puis soudain, une voix vint doucement briser le silence de la pièce.

« I'm a master of fright, and a demon of light,
And I'll scare you right out of your pants. »

Dès les premières notes, Megumi savait qu'elle était cette chanson, quelles étaient les paroles. Elle revoyait Jack, marchant dans le cimetière, chantant son désespoir. Elle se souvenait de Sally, cachée derrière une tombe, qui regardait son amour chanter. Elle savait que Lawrence attendait qu'elle chante la suite. Gardant le pinceau en main, elle l'éloigna du visage du blond. Leurs regards se croisèrent, et Megumi entrouvrit les lèvres afin de pouvoir chanter à son tour, sans crainte ni honte.

« To a guy in Kentucky, I'm Mister Unlucky
And I'm know troughout England and France. »

Ce n'était pas son passage préféré pourtant, mais elle eut un large sourire, et rapidement, elle retourna à sa tâche. Il ne lui manquait plus qu'à creuser un peu plus les joues avec du bleu-gris. Elle s’exécuta avec toute la finesse du monde, et à priori satisfaite, s'éloigna un peu du visage du populaire pour contempler son travail. Elle était plutôt contente de ce qu'elle avait fait, et le tout concordait assez bien avec la tenue de Lawrence, Megumi étant d'ailleurs une grande admiratrice de l'époque victorienne, elle ne pouvait qu'aimer sa tenue, même quelques peu en lambeau. D'un geste vif, elle tendit la main vers le sac et fouilla quelque peu afin de trouver l'objet qu'elle désirait. Elle sortit donc le miroir d'un geste triomphant, et le montra au blond afin qu'il puisse se voir.

« Ça te va ? »

Elle espérait que Lawrence soit assez content de son travail. C'était important pour elle, le jugement final. De plus, Lawrence était quelqu'un de populaire, et Megumi avait peur de moqueries si le maquillage ne lui plaisait pas. Et puis, après que Lawrence se soit examiné, la gothique rangea le miroir dans le petit sac, et se surprit à murmurer.

« Oh, there's an empty place in my bones
That calls out for something unknown
The fame and praise come year after year
Does nothing for these empty tears. »

Tournant la tête vers Lawrence, elle se leva, épousseta son jupon et croisa les bras. Pour l'instant, la soirée s'annonçait prometteuse et pleine de surprises. Pourvu que tout aille bien.

« Que fait-on ? On part à la chasse ou on les laisse venir à nous ? »

La chasse aux survivors. Rien que le nom avait l'air attrayant lorsque l'on est un zombie.

Ravi, il observe les vas-et-viens du pinceau sur son épiderme, sens les couches de teintes lunaires venir obstruer les pores de sa peau et fixe Megumi, enjoué, de par l’intermédiaire de ses iris bleus clairs. Elle répond à son chant, enchaîne la suite des paroles de la mélodie du protagoniste de l’œuvre de Tim Burton sans efforts, voix cristalline apportant momentanément un nouveau visage à Jack. Elle a une voix décente, convient-il posément, écoutant les notes débouler hors des cordes vocales de sa partenaire d’une façon paisible. Le temps des quelques lignes, elle soutient son regard et c’est la première fois que Lawrence réalise à quel point les yeux de Megumi sont d’un vert clair. Il lui lance un sourire, malgré lui, affichant au grand jour son approbation du regard de la gothique. Ses cheveux, bien qu’indéniablement originaux, empêchent les gens de remarquer ce joli regard. Probablement parce qu’ils sont tous deux d’une teinte similaire. C’est déplorable de masquer de si jolis attraits.

Accessoirement, elle sourit, et ça aussi, s’avère toujours être un agréable moyen de s’embellir, surtout lorsque des lèvres d’un rouge profond attirent les regards dans leur direction. La jeune femme finit par se reculer paraissant le scruter, l’analyser et Lawrence, dans un automatisme bienséant, lui envoi un sourire engageant. Elle farfouille dans le sac – le sac de Kohaku, remarque distraitement Lawrence – et en extirpe un miroir de poche simplet qu’elle lui présente de manière victorieuse. La mimique de sa partenaire arrache un bref rire à la gorge du populaire avant que celui-ci ne s’adonne à contempler ses traits. Il les sentait plus lourds, alors qu’elle apposait le maquillage sur son visage, mais n’arrivait pas à visualiser le résultat. Sa peau a adopté une teinte cadavérique, ses joues semblent creuses, ses yeux enfoncés, il parait nettement plus mort que lorsqu’il est entré dans le réfectoire. Comme envisagé, tel que désiré.

« Perfect ! Tu es très douée, quoique vu ce que tu avais fait à ton propre visage, je savais que je n’avais pas à m’inquiéter ! Thank you. », s’exclame-t-il charmé par l’effet de son propre reflet. Seules ses mèches d’un blond ensoleillé trahissent son portrait. Qu’importe, il est un zombie fraichement transformé, il n’a pas eu le temps de se salir et de se souiller de sang. Il marchait tranquillement avec sa dulcinée, Megumi dans le cas présent, avant que la mort ne s’abatte sur eux et ne les condamne à propager leur funeste sort. L’adolescente, alors qu’il s’imaginait l’histoire de sa création, a rangé le verre réfléchissant et murmure maintenant les dernières phrases de Jack’s Lament d’une voix fine. Elle tire Lawrence de sa rêverie et celui-ci n’a pas le cœur de l’interrompre, appréciant les paroles qui lui semblent de contexte. A Nightmare Before Christmas est toujours de contexte à l’Halloween. Et Megumi chante plutôt bien, comme précédemment remarqué, selon lui. Même si ce dernier couplet s’avère plutôt mélancolique. La demoiselle aux cheveux lime regrette-t-elle sa participation ? La pensée défile comme une étoile filante dans l’esprit de l’étudiant, il choisi de ne pas y accorder d’attention.

Il se relève, lissant les pans de son veston rapiécé, alors que son binôme s’adonne à une action similaire avec son jupon sombre. D’autres groupes de mangeurs de chair décédés se sont mis à entrer dans le réfectoire, défilant en groupe de deux pour venir rejoindre leur point de départ. Swanster les observe un vague moment, contemplant la présence de ses collègues du Comité. Cammy n’est pas là, c’est presque dommage. Presque, parce que Megumi est très bien aussi et que Lawrence n’a que trop peu souvent l’opportunité de s’introduire dans le monde des gothiques comme il s’est introduit dans celui de Kohaku. C’est terriblement dommage, ces stéréotypes qui empêchent les groupes de se côtoyer régulièrement . . . Quel chance que le Comité soit là pour les forcer à se lier lors d’événements organisés tel que celui-ci.

Sa partenaire finit par l’interroger quant à la suite de leur parcours. Patienter ou foncer ? La question ne flotte par longtemps dans l’esprit du fier jeune homme et il répond quasi-instantanément, d’une voix énergique :

« On sort d’ici et on chasse ! Après tout, il nous faudra certainement un petit moment avant de les trouver. Let’s hunt, shall we ? »

N’attendant pas confirmation avant de se diriger vers la porte, il tâche toutefois de tenir celle-ci pour sa partenaire, la laissant encore une fois faire usage de l’embouchure avant lui. Il incline la tête dans une révérence se voulant débordante d’un humour gentil.

« Les dames d’abord, très chère. »