Arrivée de Lys Myliana

Lys se leva de son lit baldaquin. Quel sommeil paisible ! Elle s'était reposée malgré le peu de temps qu'elle avait dormis. Elle ouvrit la fenêtre de sa chambre, qui, malgré les coussins, les peluches et les vêtements éparpillés partout, restait trop grande et trop froide. On entendait des chants d'oiseaux. Sa bonne humeur ne faisait qu'augmenter.
Elle se leva, et traversa un couloir pour aller dans la salle de bain. Elle se coula un bain à bulle, se dévêtit et se reposa durant une heure. Quand elle sortit de son bain, il devait être environ neuf heure. Elle revint dans sa chambre pour choisir ses vêtements avec précaution : pour une rentrée, elle devait cartonner ! Elle prit un haut très coloré et court laissant voir son nombril et une mini-jupe en jean. Pour accompagner ces merveilles de la mode, des boucles d'oreille en plumes vertes et des chaussure hautes avec talons aiguilles. La jeune fille se maquilla légèrement avec du masquara, du crayon noir, et une touche de gloss pour les lèvres.
Elle prépara ses affaires, c'est-à-dire un simple cahier et quelques stylos fantaisistes. Et dans son énorme valise d'un rose flashy, elle mit pas mal de vêtements de rechange, le nécessaire de survie (brosses à dents, brosses à cheveux, élastiques, gants de toilette... etc), de nombreux bijoux de toutes les couleurs, son maquillage et sortit dans le couloir pour s'en aller avec la limousine, n'ayant pas faim. Mais malheur, son père passa par là lui fit :

- Ma fille ! C'est comme ceci que tu comptais aller au lycée ? C'est absolument hors-de-questions ! Tu vas revêtir cet uniforme ! Et tiens ! Des copies de la même tenue pour enfourner dans ta valise !

Il montra un tas de vêtements soigneusement repassés aux couleurs fades qu'il portait sur son bras. Avant que Lys ait pu protester, il la poussa dans sa chambre avec le soit-disant uniforme. Elle vêtit à contre-coeur la mini-jupe bleue et plissée, ainsi que le chemisier blanc. Mais pour égayer le tout, elle mit d'autres plumes, cette fois bleues à ces oreilles et d'autres chaussures à talons aiguilles du même bleu. Une fois qu'elle est montré le résultat à son père, elle re-prit ses affaires d'écoles qu'elle mit dans un sac à main fantaisiste aux motifs de toutes les couleurs, ainsi que sa valise et se dépêcha d'aller dans la limousine. Il était presque dix heures.
Et elle était pressée de découvrir le nouveau lycée.

Une fois arrivée, elle remercia sèchement son chauffeur et s'arrêta pour scruter l'Académie. Elle la trouva incroyablement grande, au point qu'elle ne pensait plus à bouger. Elle resta planter là un moment... Puis reprit conscience de son entourage. Les élèves devaient être en cours car il n'y avait personne devant le bâtiment.
Elle franchit la ligne, soupira. Une chose était faite.
Elle y était. A Keimoo.
Elle entra dans le hall. Là, il y avait quelques élèves. Une fille dans un coin avec un bouquin, que Luna regarda avec dégoûts, un groupe de mecs sur le côté, tournant la tête vers elle et chuchotant. Lys savait qu'ils parlaient sur elle, elle donnait l'air de s'en fichtre complètement, même si en vérité, elle en tremblait presque. Elle leur fit un clin d'oeil faussement assuré.
Sinon, il y avait une dame à l'accueil. La jeune fille s'avança vers elle, mais, d'un coup, sa valise s'arrêta. Elle se retourna, il n'y avait aucun obstacle sur la route, mais elle ne voulait plus avancer. Quoique, impossible, elle ne peut pas avoir de pensées. Mais elle avait un problème cette foutue valise ! Lys s'accroupit, il y avait juste un caillou qui était coincé entre la roue et la protection du dessus, ce qui la bloquait complètement, elle voulut le décoincé, mais impossible. Lys pesta contre ses foutues bagages ! Elle essaya encore quelques instants, puis recula, énervée et assez humiliée du groupe de garçon qui rigolait en la regardant. Pour un premier jour, ça s'annonçait assez mal...
Lorsqu’elle entendit une voix chaude à son oreille, quelqu'un était juste là derrière elle, tout près. Elle eut un frisson et se retourna pour regarder la personne qui lui avait fait peur.

Bon ! Arrêt sur image et revenons sur les faits quelques secondes. Vous vous rappelez de la fille dans un coin, avec un bouquin et des lunettes ? Siii, la fille que Lys avait regardé avec dégoût ! Voâââlà ! Et bien ça, c'était Maya. Elle s'était installée sur un banc avec en effet son bouquin mais aussi, détails que Lys n'avait pas vu, sa trousse à côté d'elle et un surligneur à la main. Oui, ce bouquin est à elle, oui, c'est un bouquin de cours, enfin davantage sur le droit des sociétés mais on valide la réponse quand même parce qu'on est des âmes charitables et qu'on vous aime bien. Maya étudiait donc paisiblement malgré quelques allées-venues et... Pourquoi étudier ici ? Vous avez déjà vu une bibliothèque prise d'assaut par des rebelles ? Non ? Et bien allez à la bibliothèque un instant quand on aura fini notre histoire, vous verrez. Maya étudiait donc paisiblement malgré le groupe de mecs qui était plus ou moins bruyant mais cela restant correcte grâce à la présence de la dame à l'accue... Pourquoi Maya a été regardée avec dégoût ? Demandez à la POP, moi j'en sais rien ! Maya était habillée normalement, avec une jupe longue de couleur gris sombre et un chemisier blanc, et ses cheveux étaient parfaitement lissés et démêlés. Elle était présentable quoi. Et arrêtez de me couper ça devient agaçant !

Maya étudiait donc paisiblement, ses lunettes sur le nez pour ne pas abîmer ses yeux par de longues heures studieuses, quand le bruit venant du groupe d'... de... d’orangs-outans, il n'y a pas d'autre mot, se modifia. Ça chuchotait et s'agitait plus loin. Maya leva les yeux de son livre sans lever la tête et vit une nouvelle arrivante. Bon, vu la dégaine, soit c'était une populaire, soit c'était une pom pom girl, soit la fille s'était trompée entre l'établissement Keimoo et la compagnie des Bisounours. Enfin non, il ne semblait pas qu'elle se soit trompée, vu le regard qu'elle lança à notre protagoniste et au clin d’œil qu'elle offrit glorieusement aux primates. Maya retourna donc à sa lecture, se désintéressant rapidement de la scène, jusqu'à ce qu'elle entendit des gloussements qui, là, faisaient VRAIMENT primates. Elle releva les yeux et vit que la nouvelle bataillait avec sa valise. Elle regarda le groupe, elle regarda la nouvelle, elle regarda le groupe, elle regarda la nouvelle.... Quels gentlemen ! Non seulement ils s’esclaffaient qui mieux mieux pour rien mais surtout ils n'allaient en aucun cas venir en aide à celle qu'ils reluquaient quelques secondes plus tôt. Maya soupira : avec les hommes, on est vraiment pas aidés. Surtout que S'ILS POUVAIENT SE TAIRE, CA L'ARRANGERAIT ! Maya respira profondément et observa la jeune fille à la valise de nouveau. Non mais elle n'allait pas se mettre à pleurer par dessus le marché ! C'est quoi cette tête, là ?! Elle soupira en levant les yeux au ciel tout en plongeant sa main dans sa trousse. Elle en ressortit un crayon de bois, standard, usé jusque pratiquement au bout, un truc de deux centimètres et demi avec la mine comprise quoi. Pourquoi le gardait-elle encore d'ailleurs ? Bah, il pouvait toujours servir, comme de crayon de secours ou comme aujourd'hui. Elle se leva et se dirigea vers la demoiselle. Arrivée près d'elle, la jeune fille se tenait de dos et donc pour attirer son attention, elle se racla la gorge :

-Hum, hum.

Et bien oui, elle ne savait pas son nom et elle n'était pas venue la voir pour faire du tricot ensemble. Tricot que ses parents lui avaient d'ailleurs demandé d'apprendre, au cas où elle devrait faire quelque chose pour un potentiel futur petit ami. Genre. Mais là, on est hors sujet. Quand la jeune fille se retourna, Maya fit bien attention de ne pas la regarder dans les yeux. Non parce que le style Sadako, ça ne plaît pas forcément à tout le monde, surtout quand on regarde les gens dans les yeux. Et puis après tout, pour quoi faire ? Elle lui tendit donc le crayon usagé, sans cérémonie, en regardant la valise pour évaluer. Oui, avec ça, ça devrait le faire.

-Hum, hum.

Lys faillit s'étouffer. C'était la petite intello de tout à l'heure qui était venue l'embêter. Elle était déjà assez humiliée comme ça. Les mecs sur le côté redoublèrent de rire. Lys rougit. Elle détestait les situations de ce genre encore plus que les autres personnes. Pour s'en tirer, elle avait le choix entre faire un fuck aux mecs qui commençaient vraiment à la chauffer, ou ignorer complètement la nouvelle arrivante. Le choix fut vite fait.
Les mecs, un peu surpris de son geste, rigolèrent moins et se retournèrent pour continuer leur conversation.
Lys souffla doucement. Elle se retourna vers l’intello. Qui lui tendait un crayon très abîmé. Elle le prit, dégoûtée de devoir accepter son aide. S'accroupissant, elle décoinça la pierre. Puis se releva, tendit le crayon vers la fille.
Avec aucune sincérité, elle fit :

- Merci, mais maintenant tu peux dégager ! Et ne t'avise pas de raconter ça à tout le monde !

Elle reprit sa valise, alla à l'accueil et demanda sa chambre à la dame:

- Salut, je suis Lys Myliana, en deuxième année, puis-je avoir les clés de ma chambre ? S'il vous plaît ?

La femme répondit, croquant une pomme en même temps :

- Oui, oui ! Chambre 3 droit, allez devant vous, tournez à gauche et prenez votre droite. Rez-de-chaussée, vous n'avez donc pas à monter les escaliers. Tenez, les clés !

Lys prit les clés. Fit demi-tour. L'intello était toujours là. Après réflexion, Lys se dit que de connaître le prénom de tous et toutes, même des intellos l'aiderait à s'intégrer. Et après tout, la fille n'était pas si laide, limite présentable ! Elle se dirigea donc vers elle et lui demanda, un sourire angélique :

- Excuses-moi pour tout à l'heure, j'était énervée. Je m'appelle Lys, et toi ? Tu connais le mec le plus mignon du lycée ?

Elle espérait une réponse posée et pas trop compliquée. Elle avait peur d'avoir l'air bête si elle ne comprenait pas tout ce qu'elle lui disait.

Lorsque les « garçons » redoublèrent leur rire quand elle proposa son aide à la nouvelle, Maya ne compris pas pourquoi.... En fait, si, elle comprenait un peu. -_- C'est sûr que mises côte à côte, elles n'avaient rien en commun. La populaire brillait de sa seule présence, avait des vêtements colorés, même sa couleur de cheveux ressortait du lot tout en étant néanmoins naturelle, quant à notre intellectuelle, elle pouvait se fondre et disparaître dans les coins sombres d'un couloir sans aucun soucis avec ses vêtements de base, sa coiffure de base, ses lunettes avec des montures épaisses et son inexistence de charisme. C'était comme si le soleil croisait une météorite. Enfin, en apparence. Car en vérité, c'était sans nul doute loin d'être le cas. Mais les gens sont tellement attachés aux apparences....

D'ailleurs, la damoiselle en détresse semblait attacher énormément d'importance aux apparences vu sa couleur aux joues, son air dégoûté quand elle prit le crayon et sa façon de renvoyer Maya a son banc sans ménagement. Mais elle avait tout de même fait taire ces primates, avait accepté son aide et s'était même écorchée la langue à dire merci, Maya devait bien lui reconnaître cela. On n'est pas populaire pour rien, le minimum syndical est respecté. Et puis, le geste de l'étrangère l'avait tout aussi surprise que les garçons : on ne s'attendait pas à ça de la part d'une populaire qui s'était présentée de manière si « mignonne » au départ. Mais notre japonaise n'a pas marqué son étonnement : seul un haussement de sourcils lui a échappé lors de l'exécution du geste en lui-même, mais les deux manifestations, celle de son visage et celle pour les hommes, disparurent toutes les deux bien vite.

Ainsi, quand Maya récupéra son crayon avec en bonus des méchancetés, cela ne lui fit ni chaud ni froid : au moins, elle n'était pas une hypocrite, c'était déjà ça. Et puis, notre intellectuelle ne l'avait pas aidée pour faire amie-amie, mais bel et bien pour qu'elle s'en aille, afin que le hall soit de nouveau calme. Mais Maya tiqua sur le fait que l'étrangère se sentit obligée de la menacer : la japonaise avait-elle l'air d'être une bavarde ? Elle leva les yeux au ciel et repartit se rasseoir sur son banc. On ne pouvait pas trop lui en demander non plus, à celle-là. De nouveau le nez dans son livre, Maya entendit le nom de la jeune fille qui demandait les clés de sa chambre. Lys Myliana, un nom typiquement étranger, ça. Le prénom était-il un diminutif de Lyssandra ou d'Elisabeth ? Mais alors que Maya s'était finalement replongée dans son livre, voilà-t-y pas que sa kohai venait à la charge.

- Excuses-moi pour tout à l'heure, j'était énervée. Je m'appelle Lys, et toi ? Tu connais le mec le plus mignon du lycée ?

Maya releva les yeux vers la bouche de la jeune fille, surprise de ce qui en sortait. C'était quoi ce sourire soudain et ce ton mielleux ? Elle croyait quoi, elle ? Que Maya allait être heureuse qu'on la prenne pour une imbécile ? Léger accent anglais. Et crotte. Ce n'était pas que Maya détestait les anglais mais les gamins pourris gâtés anglais étaient généralement les pires. Constat purement subjectif après ses cinq ans en Angleterre. Et vu qu'elle les a côtoyés pendant cinq ans, les enfants pourris gâtés, elle arrive à peu près à les démasquer. Elle voulait quoi ? Savoir qui était le garçon le plus mignon du lycée ? Elle l'a prise pour un club de rencontres ? Elle l'a regardé un peu ?

-Non, je ne le connais pas.

Dis Maya d'un ton sobre et égal en abaissant de nouveau ses yeux vers son livre. Et enchaînant dans un anglais parfait, avec un léger accent néanmoins, elle ajouta en ne relevant pas la tête :

-Tu peux arrêter le sourire de façade s'il-te-plaît ? Ça me brûle les yeux.

Non parce que l'hypocrisie à Maya, ce n'était pas son truc. A la limite, en douceur, mais là, aussi flagrant, il ne fallait tout de même pas exagérer.

[Désolée pour le retard et le post très court, mais mon ordi portable a un gros problème de batterie...]

- Non, je ne le connais pas.

Elle avait très bien compris ce qui importait le plus à la populaire, mais Lys insista quand même, un peu attristée :

- Et ton nom ?

Ce n'est pas que ça l'intéressait particulièrement, mais comme elle s'était dit que de savoir les prénoms des autres élèves pourrait lui être utile...

- Tu peux arrêter le sourire de façade s'il-te-plaît ? Ça me brûle les yeux.

Lys fut légèrement vexée. Elle répliqua :

- Non seulement ce n'est pas un sourire de façade, mais de plus, moi j'ose montrer mes dents car je suis sûre que les tiennes sont pourries et noires

Ce n'était pas très vexant, mais au moins, elle avait répondue. Puis, ne voulant s'attarder plus longtemps devant cette dangereuse petite créature, elle tourna les talons pour se diriger vers sa chambre.

[Désolée pour l'attente et désolée à nouveau, c'est court également.]

-Non seulement ce n'est pas un sourire de façade, mais de plus, moi j'ose montrer mes dents car je suis sûre que les tiennes sont pourries et noires

Maya releva un sourcil en entendant cette phrase avant de relever la tête vers la demoiselle. Percutant... absolument percutant... Maya mise sur une pom pom girl. Pour vouer sa vie à la vénération des autres, il faut être un peu idiot. Elle l'observa une seconde s'éloigner d'elle et partir vers les chambres d'un pas légèrement furibond, ses cheveux dansants derrière elle au rythme de ses pas. Peut être que notre intellectuelle est allée un peu fort sur la présentation. Après tout, c'était le premier jour de la nouvelle : elle était étrangère, elle ne connaissait personne et elle essayait de s'intégrer. Peut être avec la mauvaise personne, soit, peut être de la mauvaise façon, on est d'accord, peut être avec un but pas forcement amical, probable, mais elle avait fait néanmoins un effort. Qui était l'héritière de la famille Tsunemori pour détruire les efforts d'une personne quand ils étaient productifs ? De toutes façons, Maya était habituée aux faux-semblants et aux coups bas. Alors pourquoi en aurait-elle peur aujourd'hui, surtout quand ils sont fait par une personne kohai qu'on remarque tout de suite au loin dans les couloirs ?

Après cette seconde pleine de réflexions, après cette seconde à regarder Lys s'éloigner, après cette seconde qui lui a permis de prendre une décision posée, Maya décida de hausser légèrement la voix afin qu'elle porte suffisamment jusqu'aux oreilles de son ex-interlocutrice.

-Maya... Je m'appelle Tsunemori Maya. Bienvenue à Keimoo Academy.

Le prendra-t-elle pour de l'ironie ? Possible, Probable. Mais le bienvenue de Maya était de toute foi sincère. Elle savait que cela faisait du bien de l'entendre, même si les gens n'y croyaient pas vraiment. Mais Maya y croyait. Lys était la bienvenue à Keimoo. Elle savait que cette jeune fille n'avait pas à s'en faire, qu'elle s’intégrerait vite. Même si elle était pleine d'hypocrisie et d'a prioris. En espérant toute fois qu'elle n'aura pas a faire à des racailles. Parce que si elle leur répond comme ça... Lys n'aimait pas être humiliée mais cela risquait fort d'arriver si elle le faisait. Après son intervention orale, Maya reprit sa lecture. Elle se désintéressa à nouveau de la jeune fille.

FIN