₪ Académie Keimoo ₪

In a decade, will you be there ?
 
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 Chanson d'amour, hystérie d'un moment

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MessageSujet: Chanson d'amour, hystérie d'un moment   Chanson d'amour, hystérie d'un moment EmptyMar 20 Mar 2012 - 20:01

Songe après songe tu me manques,
Et les peines ne disparaissent pas.




    Songe d'une nuit de printemps, pour le coup. Ahah.. Kodaa se questionnait parfois sur le comment il le lui déclarerait. Comment il deviendrait encore plus ridicule, et comment il repartirait les mains dans les poches. Le baiser que Lun avait donné à Kodaa, sur le terrain de foot avait donné l'espace d'un instant des frissons, des ailes, de l'envie, la découverte de quelques pulsions que le rouquin avait voulu enfouir, les souvenirs des après-midis dans les champs et sous les arbres en Angleterre, une impression de trahison.. Il devait le revoir, pour ressentir à nouveau toutes ces choses, savoir lesquelles se confirmeraient vraiment et lesquelles s'annuleraient. Il ne savait plus trop où le trouver dans la ville, il ne l'avait pas vu depuis longtemps. Et le civil qu'il était devenu ne fréquentait plus les endroits craignosses. Enfin.. Moins qu'avant. Il pratiquait des activités certes malhonnêtes et obscènes, mais dans des lieux chics. Et oui, la haute bourgeoisie a ses besoins elle aussi. Seulement avec une telle vie, la dignité n'est plus, et un homme tel Kodaa, sans dignité, il n'est plus rien, et le pire.. Oui parce que ça pourrait s'arrêter là.. Mais le pire, donc, c'est que cela se porte sur lui, son visage notamment. Comment se présenter ainsi face à Lun ? Non mais impossible d'y penser, ou de l'imaginer. Plus d'argent, plus d'amis, plus d'amant(s), plus de famille, plus de logement, et maintenant plus de dignité. Les événements s'étaient enchainés si rapidement, que Kodaa n'en voyait plus le début, qui, il y a de cela quelques fois, semblait encore si proche et la fin si loin. Aujourd'hui la situation s'inversait. La fin de cette période "dramatique", oui c'est exagéré et puis BIP. Kodaa n'avait cessé, au cours de cette longue période de penser à Lun, hésitant maintes fois à lui envoyer des messages, se demandant parfois s'il n'avait pas changer de numéro, s'il n'avait pas bloquer le numéro du roux, s'il avait encore souvenir de l'existence de ce dernier.. "J'ai voulu couvrir mon cœur d'une cire plus noire." Il s'en serait aspergé, afin de se recouvrir entièrement de cire noire, pour disparaitre dans l'ombre, devenir une statue de cire, ne plus être vivant, laissant une raison valable au blond d'avoir de la peine, et de lui en vouloir. Ça c'était valable ! T'entends Lun ? "C'était valable.."
    Kodaa n'avait pas eu de peine à s'introduire de nuit dans l'enceinte de l'académie, dans l'ancien bâtiment, aujourd'hui à l'abandon. En plus on se croit doté d'une sur-force quand on a un peu bu, alors écarter un grillage n'avait pas été bien dur. Il avait tout de même fini les mains ensanglantées, quelques égratignures sur le visage et les bras, mais sinon rien de bien méchant. La bâtiment était situé à côté de la sale des fêtes. Salle où Kodaa s'était vu expulsé, sous les yeux de Lun remplis de larmes. Sous son regard déchiré, sous ce qui annonçait un adieu le temps d'un moment. L'histoire avec Tsumi, le terrain de foot, et la Saint-Valentin. Ils n'avaient pas vraiment eu le temps de réellement tout s'expliquer, l'un l'autre, le départ avait été si précipité.. Longtemps après cet événement, il s'était torturé, pensant qu'il n'aurait pas dû, s'accablant de tout, pensant ainsi prendre ses responsabilités. Pensant au mal qu'il avait du faire à Lun, au mal qu'il faisait à tout le monde, en permanence. La fête, avait, par la suite, parait-il, repris son rythme, et sa joie, oubliant l'incident.. Oubliant l'homme masqué, oubliant ce qu'était Kodaa. Ils n'oublieraient pas Lun, ça non. C'est trop choquant quand quelqu'un pleure devant vous. En théorie.. En fait, le rouquin espérait que personne n'oublierait jamais Lun, la personne qu'il était.. Ce Mousquetaire, ce salaud parfois, cet ami qui était là quand il fallait, ce sensible.. Différent des hommes d'ici, blond et grand, le sourire d'un prince charmant. S'il revoyait le blondinet, il lui dirait tout,. Ce qu'il pense, ce qu'il n'a pas pensé, ce qu'il s'est interdit de penser.. Tout. Hélios n'était plus là, plus de nouvelles, plus d'amant. Face au miroir, face à la vérité, face au Mousquetaire.. Face à Lun.



Mais toi tu ne me connais plus,
Après ce tort je t'ai vraiment perdu..




    Un simple "T'es infecte". Il s'était promis de s'excuser, pour une fois, ça ne lui ferait pas de mal. S'excuser, et accessoirement, respecter une promesse, à défaut d'avoir réalisé les autres.. Kodaa avait beaucoup promis aux Mousquetaires, à Hélios surtout, et parfois à Lun aussi. On avait beaucoup évoqué les Mousquetaires, sans jamais vraiment en parler. Ça n'avait pas été l'idée du rouquin, peut-être celle de Lun, ou d'Hélios peut-être.. L'origine était bien floue. Cela s'était déroulé lors du collège, lors de l'Angleterre, lorsque les Lewi's se détruisaient, lorsque Kodaa faisait son rebelle. Ahah le rouquin, quand il a voulu faire suer ses parents, il y est bien arrivé ! Nombreuses sont les fois où les parents ont du payer des contraventions, ou le chercher en cellule au poste de police. Ils lui en faisaient baver, lui de même. Les Mousquetaires c'était bien aussi pour ça: c'était une belle échappatoire où l'on ne voyait qu'une bande de potes, de toutes catégories sociales. Tous les après-midi passés à ne rien faire, à faire les quatre cent coups bras dessus-bras dessous, à se disputer, à se taper entre mecs pour finir dans les bras les uns des autres.. A voir naitre les amours, à les voir mourir. On s'voit pas en simple bande d'amis, les Mousquetaires, c'était plus que ça. Le fameux "Tu peux pas comprendre, ça te dépasse". Ahah, Kodaa l'avait sorti un nombre incalculable de fois. On n'approche pas les Mousquetaires, on ne le devient pas. On l'est ou non. Beaucoup de personnes s'étaient vues refuser le droit d'entrer dans la bande. Et Fubuki ? Et Lun ? Eux ils sont arrivés après ! Oui mais c'est pas pareil, évidemment. Fubu c'était Fubu, et Lun ne pouvait pas ne pas venir. D'ailleurs c'était presque choquant de voir qu'il n'était pas là avant, plus tôt.. Dès que ces deux gus avaient intégrer l'équipe, Kodaa avait un peu changé. Le rebelle en mousse qu'il faisait s'émiettait, et il voulait montrer le chemin aux autres, devenir le sage du groupe. Dure mission qu'il s'était confié. Dans les Mousquetaires, il y avait les un peu plus vieux et les plus jeunes. Peu avaient réellement le même âge. Si le souvenir est bon, il n'y avait que Fubuki, Hélios et Kodaa qui avaient le même âge à quelques mois près, évidemment. Hélios. Ça avait été le Mousquetaire le plus proche de Kodaa, à tous les points de vue. L'histoire des Mousquetaires, Kodaa se l'était écrite maintes fois dans sa tête, ça se passait comme ça, comme ça et pas comme ça.. La réalité était tout autre, pourtant. Adieu au slogan balancé après chaque victoire, personnelle ou en groupe, aux après-midis à ne rien faire, au soleil, ou sous la pluie, aux soutiens portés les uns pour les autres, la nuit ou le jour, aux tablettes de chocolat, aux cigarettes échangées.. Non en fait, ça c'était plutôt la réalité. Du moins celle dans laquelle vivait le roux. Il n'avait évidemment pas prévu qu'il y aurait des complications. Bonjour aux embrouilles plus fréquentes que prévues, à l'ignorance momentanée des membres annexes du groupe, aux parents qui s'en mêlent trop, à l'exil forcé.. A l'exil, surtout. Si seulement la mère Lewi's n'avait pas fait des siennes, que Richard ne s'en était pas occupé, Kodaa serait resté en Angleterre, avec Hélios, avec son frère. Avec le père aussi, enfin si on peut appeler ça un père. Souvenirs douloureux. Il serait suicidaire, le rouquin prendrait les morceaux de verre cassé, et s'entaillerait les veines. Il ne l'était pas heureusement ! (Lecteur, t'as vraiment cru que j'allais faire un Kodaa suicidaire ? Mais t'es fou ! ><)
    "Pendant que j'en oublie tes baisers." Laisses-le les oublier.. Fais-les lui gouter à nouveau, qu'il s'en souvienne un peu, puis beaucoup, puis pour toujours. Viens-les lui donner, maintenant s'il le faut. Surtout maintenant en fait !


      - Hé les mecs regardez, c'est Kodaa Lewi's !
      - Ha oué c'est lui ! Mais il est seul ..
      - Hé salut toi, tu sais que .. Oh mais tu saignes.
      - Il faut appeler une ambula..
      - Non surtout pas, allez chercher Lun Marv, s'il vous plait.


    Lun à la place d'une ambulance, ahah. Il ferait le Docteur, et tout ce qui va avec ce genre de mise en scène.

    Et toi tu ne me cherches pas à l'instant,
    Pourtant je cherche pourquoi je t'ai laissé.


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MessageSujet: Re: Chanson d'amour, hystérie d'un moment   Chanson d'amour, hystérie d'un moment EmptyVen 4 Mai 2012 - 2:07

La main est ouverte vers le ciel, les doigts légèrement fermés, la paume visible. Rien n'est posé dessus. Les doigts se referment ; se ferment un par un. L'auriculaire suivi des autres. Un enchaînement rapide, comme on en étudie en scorpionologie. Elle s'ouvre ensuite et la paume demeure vide dirigée vers le ciel. Pourtant, dans cette main, une vie et un coeur sont contenus. La vie que son propriétaire construisait chaque jour et qu'il pourrait détruire en la serrant trop fort. Le coeur qu'il tentait de calmer, chaque nuit ; et qu'il pourrait perdre s'il penchait la main d'un coté ou d'un autre.
Affalé dans un canapé de la salle de repos tel le Savetier de Jean de la Fontaine, un jeune homme à la longue chevelure blonde observait ses doigts aller et venir. Sa main s'ouvrant et se fermant, au rythme de battements de paupières et de battements de coeur, sans qu'il ne puisse s'en rendre compte.
Soudainement, Lun referma les doigts si violemment que ses ongles s'inscrivirent dans sa chair. La douleur le fit grimacer. Toutefois, il pressa un peu plus, ses yeux devant noirs de colère. Noir de colère envers tous ses amis qui n'avaient pas pris la peine de s'intéresser à ce qu'il devenait. Évidemment, ils avaient tous de bonnes raisons sans doute. Il avait entendu parler de nombreuses rumeurs sur les uns et les autres. Sans doute que Lun aurait pu le comprendre et réaliser que lui-même ne s'intéressait plus vraiment à la vie de l'académie Keimoo depuis qu'il était en université. Les cours, moins denses, lui permettaient de ne plus être en permanence dans les couloirs. Il pouvait se permettre de passer son temps entre ses enfants, son travail et l'école. Ses amis, il ne les cherchait pas forcément. Toutefois, il avait l'impression d'être un restoroute qu'on voyait seulement de temps en temps, lorsqu'on partait en vacances. Dont on ignorait l'existence avant de le voir et dont on l'oubliait aussitôt avoir quitté les lieux. Ce n'était pas un sentiment très agréable.

pH de Marv : 7,31


Lun Marv voyait toutefois certains d'entre eux assez régulièrement. Lun envoyait, presque quotidiennement, des textos à Shiki Katsuragi et sortait fréquemment avec lui. Ils allaient à la piscine, malgré que Lun n'est toujours pas surmonté sa peur de l'eau. Ils allaient au cinéma ou flânaient dans les squares et les parcs. Récemment, Lun était également allé au zoo avec Miu Itashi, une ancienne pensionnaire de l'académie Keimoo. Il avait passé une agréable journée à regarder les animaux évoluer. C'était une des rares journées ensoleillées qu'ils avaient pu avoir depuis quelques mois. Lun avait été heureux de pouvoir s'amuser avec son amie. Les parents de Miu les autorisaient à se voir uniquement car à les yeux, Lun était comme Michael O'Leary, un des hommes les plus riches du monde et qu'ils voyaient en lui un possible gendre. Depuis cette sortie, les enfants qui marchaient bien désormais le tannaient désormais pour avoir un animal de compagnie, en plus de leur chat et de leur tortue.
Lun n'avait rien contre, mais le propriétaire de l'appartement aurait sans doute des réticences à lui accorder. C'était un homme rude, dont les ancêtres avaient du supporté l'époque des Martyrs du Japon. Shogun Taïcosama avait persécuté sa famille au point qu'elle avait du vivre clandestinement au Japon pendant de nombreuses années. Le propriétaire de Lun avait été éduqué dans l'esprit que le Japon peut à tout instant détruire une vie et il ne supportait pas qu'on se dérobe à une règle. Il était donc particulièrement méticuleux, à la grande tristesse de Lun. Pour cette raison, le garçon songeait à investir dans l'immobilier.

Cette pensée pétrifia l'Anglais sur place. Il pensait et parlait comme une personne adulte. Une personne qui avait des enfants. Une personne responsable. Cette impression lui tira un frisson de dégoût qui le figea littéralement sur place. C'était la seconde fois cette semaine qu'il ressentait cette impression. Lorsqu'il s'était souvenu avoir regardé la final du match de tennis, en pariant - à juste titre - que Novak Dokovic battrait à l'Open d'Australie Rafael Nadal. Il avait regardé du tennis ! C'était scandaleux ! Si quelqu'un apprenait cela, surtout un de ses amis, il aurait sans doute des problèmes. Toutefois, il avait une excuse. Le tennis lui rappelait Jun Masato. Et ; Jun Masato lui manquait terriblement.
Se redressant brutalement du canapé, le longiligne blondinet remarqua qu'on l'observait. Il savait que c'était précurseur à des ennuis et rangea donc une main dans la poche gauche de son vieux jean déchiré et posa une main sur son tee-shirt où était inscrit : « Ce tee-shirt me rend invisible. Je suis pas là, mec. » Il tapota l'écriture, prit un sourire dédaigneux et apostropha du regard le pauvre observateur.

Pression veineuse en CO2 de Marv : 47 mmhg


Ce dernier, indiscret, était un étudiant de seize ou dix-sept ans. Un jeune étranger, à la chevelure aux multiples couleurs comme c'était désormais la mode au Japon. Lun songea que ça lui rappelait les banksias, des plantes qu'il trouvait assez laides et qu'on voyait principalement en Australie. Le banksia portait une chemise, négligemment ouverte et le dernier pantalon à la mode. Lui et sa bande se rapprochèrent de Lun, le jaugèrent du regard et dirent joyeusement :
« Tu es hasbeen, mec. »
Au plus profond de sa mémoire, Lun ne parvenait pas à se souvenir du jeune homme. En cherchant un peu plus longtemps, il aurait pu se souvenir des regards admiratifs, jaloux et dédaigneux d'un collégien boutonneux à son arrivée à Keimoo. Toutefois, le blond était trop populaire à l'époque pour regarder et trier le nombres de ses groupies et de ceux le détestant. Il l'était encore aujourd'hui. De toute façon, ce garçon aurait pu être un habitant de Gondolin, la ville mythique écrite par Tokien, que Lun n'en aurait rien eu à faire. Il était encore jeune et adepte d'une chanson française de Renaud : "casse-toi, tu pues, t'es pas de ma bande !"

Pression veineuse en oxygène de Marv : 48 mmHg


Le banksia éclata de rire et ses amis suivirent. Lun ne comprenant pas l'hilarité générale pesta et chopa son paquet de clope dans sa poche arrière. Une cigarette glissa, qu'il attrapa entre deux doigts et monta à ses lèvres.

« Écoute gamin. Va jouer au hockey. D'viens un homme. Tu reviendras quand tu auras des poils entre les jambes. Je suis occupé, là ?
- Fais pas le malin. T'es comme les vieilles stars jouant la pute dans les films pornographique. »

Le paquet de cigarettes fut rangé dans la poche arrière du pantalon. Lun fixa le mur, ignorant le jeune étudiant, se demandant depuis combien de temps on n'avait pas changé la décoration ici. Il lui semblait qu'il avait toujours connu ce tableau. Il se souvenait d'un soir, où il ne dormait pas et Yume l'avait rejoint ici. Ils avaient longuement parlé. Désormais, elle était partie. Comme les autres, elle l'avait pris pour l’aéroport de Chengdu, une escale entre l'Europe et le Japon où on ne reste que temporairement sans vouloir s'y intéresser.
Ce fut le rire de l'adolescent et de ses amis qui le ramenèrent à la raison.

« Ouvre tes oreilles, petit. » Répondit Lun avec douceur, appuyant bien sur le dernier mot, tout en se rapprochant félin « Écoute-moi. »
- J'ai pas envie de t'écouter, moi. Dégage, t'es trop près !
- Oh. » Murmura Lun avec une grande d'ironie,continua d'avancer, jusqu'à sentir la respiration de l'autre Populaire qui ne souhaitait pas perdre la face, alors qu'il commençait à être connu. Il tendit la main. Instinctivement le jeune homme recula, en même temps que Lun volait un briquet dépassant de la poche.

saturation veineuse en oxygène de Marv : 61%


Cette fois-ci ce fut Lun qui se mit à rire, allumant sa clope. Il rêvait, les gosses voulaient la popularité ? On le trouvait dépassé ? Parfait. Qu'ils prennent sa place. Sa couronne, on lui avait posé sur la tête. Il leurs laissait bien volontiers. Ils se croyaient dans la cité de l'Ombre ? Désormais, il n'était même plus agacé de voir tous ses gamins à la vie trop facile envier sa vie sans la connaître. Il se fichait bien de ce qu'ils pensaient. Lun avait grandit. Lun avait changé.
Et sans rien dire d'autre, il claqua la porte de la salle en la quittant. Il faisait déjà nuit. Lun hésitait entre aller dans un bon restaurant pour manger un hourite, qu'il avait connu lors de son dernier stage et voyage. Toutefois, il avait également envie d'aller au bar. Un instant, il se dit qu'il pourrait téléphoner à un de ses amis afin d'obtenir des nouvelles et l'inviter à boire un verre. Mais, son pilier, son partenaire, son ami de toujours dans les bars : c'était Karen. Et elle : comme les autres, était désormais une pierre qu'on ne reverrait plus dans l'histoire de Keimoo. Lun n'était pas triste, ils avaient tous fait leurs chemins ensemble et la vie les comblait désormais. Comment en vouloir à ses amis de profiter de ceux que la vie leur donne ?

VO2 = Qc x DavO2


Une fois à l'extérieur, il commença à s'allumer sa clope. Décidément, songea-t-il, je dois vraiment devenir vieux. Ces gamins me fatiguent avec leurs histoires de popularité. Ils sont vraiment sérieux ? Ils pensent que j'ai participé à un prix pour être connu ? Je voudrais bien les y voir à mon arrivée. Ici. Considéré comme un violeur, un pariât. Haha. Ha. Elle était bien bonne comme popularité ! C'était l'extase de voir les filles se sauver en courant dès qu'elles me voyaient et m'écrire des lettres d'amour. D'avoir ma photographie dans les toilettes et sous le lit d'adolescents étrangement dérangées. Loin de mes chers Mousquetaires. Loin de mes amis, loin de ma vie. Tout cela uniquement à cause de vieux administrateurs d'une école privée incapables d'assumer le moindre scandale ! Ils pensent devenir célèbres ainsi ? Stanley Miller, lui, c'est un type célèbre. Qu'ils trouvent les origines de la vie, comme lui, au lieu de s'en prendre à un prestige que j'ai pas demandé ! Ou, qu'ils se fassent connaître autant que moi. S'ils le peuvent.

Ce fut un coup de téléphone qui réveilla Lun de ses pensées. Un de ses potes, nombreux, qui essayait de le joindre. Il accepta l'appel. Après tout, peut-être n'aurait-il pas besoin de chercher quelqu'un pour aller boire un verre dans un bar. Le bonheur venait peut-être de frapper à sa porte et lui tendait les bras. Oubliant ses histoires de popularités où on se battait comme des super héros de Marvel, et où ils voulaient tous que Lun devienne un darkhawk, un héros oublié, Lun chercha à se concentrer sur les paroles de son pote, un japonais assez roublard, une bonne racaille, mais qui avait toujours de quoi s'amuser avec lui. [hrp: merci o/ mes récentes recherches pour comprendre les marvels après en avoir entendu parler tous les jours ces derniers temps.]

« Le Roi Lun, j'écoute ?
- Lun, il y a un souci avec Kodaa. L'est chelou, bouge ton cul. »

La cigarette tomba sur le sol, alors que des pas rapides étaient entendu dans la cour. A la fenêtre, l'adolescent populaire décréta que Marv était devenu totalement fou. Pendant, ce temps celui n'avait jamais eu un état mental très stable faisait ce qu'il faisait toujours quand il s'agissait de Kodaa Lewi's : il courrait en remerciant son ADN, et les haplotypes de son père de lui avoir donné assez de tonus musculaires pour partir au quart de tour, juste après avoir fumé.
Trois fois. Trois fois que Kodaa le faisait courir ! A cette vitesse, Lun aurait bientôt l'impression qu'il lui avait installé un KontrolPack pour pouvoir l'obliger à faire du sport malgré lui. Putain de pirates informatiques qui utilisent désormais des logiciels préfabriqués pour entrer dans leurs bases de données.
La première fois, il avait couru pour lui échapper. Après avoir entendu qu'il était infect. Il avait voulu le fuir et fuir tous les autres. Il s'était haït et l'avait haït. Il avait voulu le tuer et aurait aimé faire pareil de lui-même. Car il était suicidaire, simplement trop lâche pour aller jusqu'au bout au final. Ou trop malchanceux ou aimer des dieux des Vies Compliquées. Peu importait la raison, il était toujours là.
La seconde fois, pour le rejoindre sur un terrain de football où leurs lèvres s'étaient touchées bien malgré lui. Lorsque le passé surgit, on l'attrape au vol ou on reste sur le sol. Lun se souvenait du toucher doux, du silence du terrain vide, du goût sucré des lèvres de Kodaa. Il voyait les grains fins de sa peau et l'odeur de son parfum. Comme-ci les cinq sens s'étaient connectés ensemble comme pour former une seule et même musique où ils joueraient des notes endiablés. Les deux manquantes étant sans doute le coeur battant dans la poitrine et le cerveau cessant de fonctionner.
C'était idiot. Ce n'était qu'un baiser. On ne devait pas accorder de l'importance à e qui n'en a pas. Lun le savait mieux que personne. Il n'y avait des règles il devait les respecter : on ne sort pas avec quelqu'un qui est amoureux d'une autre personne. On ne sert jamais de substitution. On n'embrasse jamais un de ses meilleurs amis. On ne complique jamais une amitié.
Ce n'était rien. Il ne s'était rien passé. C'était un peu l'histoire des deux folliculaires d'Anton Tchekhov, Lun et Kodaa tenant alternativement les rôles de Rybkine et Chlepkine.

Qc = VO2 / ((SaO2-SvO2)xHbx1.34)


Lun arriva devant le vieil immeuble abandonné. Il aimait cet endroit car les créations artistiques y étaient nombreuses. L'art des rues remplissait les lieux marquant l'histoire de vies qui l'avaient traversé. Lun avait le coeur qui battait à cent à l'heure, et songeait que le strychnos ignatii qu'on lui avait prescris pour calmer ses sauts d'humeur auraient sans doute besoin d'être doublé d'un bon cocktail.

« Il est là ! »

Lun regarda les étudiants l'observant. Il hocha de la tête, ralluma une clope. « Merci, les gars. On se voit bientôt, mais laissez-nous seuls.
- Ca va aller, superman,
- Vu mon pays d'origine, Sherock Holmes, m'irait mieux.
- Alors achète-toi un imperméable. »

La blague du pote de passage ne fit pas cet écho dans la tête de Lun Marv. Il songea, effectivement, il aimait bien les vieux imperméables des films de journalisme. Il se dit qu'il pourrait parfaitement se promener avec l'un d'entre eux, quand l'automne reviendrait. Là, il commençait à faire un peu trop chaud. Avec un chapeau, et une pipe. Il aurait vraiment alors l'air d'un vieux. Ou d'une caricature. Cela pourrait être son trait de caractère. Tel la frenchtouch dans la quatrième dimension. Ce qui permettrait de se différencier des autres aspirants journalistes.

On peut éviter de faire une ponction directement au coeur des individus,
Par un simple calcul mathématique et quelques données personnelles.


Cheveux blonds. Cheveux roux. L'anglais blond était debout au-dessus de son homologue roux. Il était penché en avant, les jambes écartées au-dessus du corps. La pointe de sa chevelure, non attachée, touchant presque le visage de Kodaa. Un pendentif en forme de croix remuant légèrement du au mouvement du garçon lorsqu'il s'était penché en avant. Lun Marv avait la cigarette et le sourire aux lèvres Son regard vert scrutait son ami, cabotin et moqueur, tel Peter Pan provoquant le Capitaine Crochet Je suis là. Je suis là. Mais pourquoi ? Il allongea la main comme pour la tendre afin d'aider son ami MAIS s'effondra sur lui, sans se retenir. Une position similaire à celle du terrain de football. Le baiser en moins. Un baiser auquel il ne fallait pas penser. Kodaa et Lun se ferraient forcément du mal - quelqu'un d'autre était dans le coeur de l'un comme de l'autre ; quelqu'un d'autre qu'il aimait. Quelqu'un qui ressemblait à l'autre, mais qui ne l'était pas. - A moins ? Que ce ne soit le contraire. Est-ce Kodaa qui y ressemble ? Ou l'autre ? Est-ce Lun qui ressemble ou l'autre ?
Trop de questions dont personne n'aurait jamais la réponse.
Ainsi, le simili anglais enserra avec force le rouquin, ses yeux clos. L'odeur de Kodaa s’imprégnant sur ses vêtements, mélangé à un flottement d'alcool - absolument inacceptable quand on est sobre. Je suis là. Je suis toujours là. Ce n'est que des riens que tu en fait d'un tout. C'est moi, ça. Moi qui exagère tout. Moi, qui provoque tout. Arrête. Je croyais que tu voulais montrer le chemin ?

Au contraire, Lun l'enserrait avec une confiance sourde. Tu oublies qui je suis. Je suis si lunatique. Colérique. Tendre et pathétique. Mais puisque c'est ça. Je vais te montrer le chemin. Je ne t'abandonnerais pas. JAMAIS. Plus jamais je n'abandonnerais quelqu'un. Je l'ai promis. Je tiens cette promesse. La clope à ses lèvres manquant de bruler la chevelure rousse de son ami, Lun réalisa qu'il était accro à certaine odeur. Il aimait l'odeur de Sora, quand il sortait de la douche, comme un dragon fou. Il aimait l'odeur de Jun, quand il se réveillait le matin. Il aimait l'odeur d'Elyott, mélangé à la terre de ses jardins. Il aimait l'odeur de Yume, qui sentait comme le printemps. Pourtant avec douceur, Lun s'éloigna. Restant à sa place, mais s'écartant juste assez pour voir le visage de Kodaa. Tu oublies le serment, le groupe. Et les promesses.

Lun attrapa les mains de son ami. Tu oublies que je t'aimais. Que je t'aimais et que ne TU voyais que l'Autre. Car il était plus Beau. Car il était plus souvent là. Car vous étiez dans la même Classe. Car tu ne voyais pas, tous les efforts que je faisais pour être avec toi. Alors ne me fais pas ça. Ne te déclare pas. JAMAIS. JAMAIS. Car j'aurais l'impression d'être un substitut, car je lui ressemble. Car tu vas me faire du mal. Car je vais t'en faire. Car ça finira, dans un hôtel et dans le sang. Car tu n'es pas suicidaire, mais avec moi : tu le deviendras. Ne sois pas le prétendant d'Antigone, ou tu finiras une épée dans le corps. Il lui en voulait. Il lui en voulait de ne pas avoir son numéro de téléphone. D'avoir été renvoyé par sa faute. Il lui en voulait, de ne pas l'aimer. De ne pas l'aimer assez fort pour vouloir le voir ; sans avoir besoin d'être saoul.

Les mains sont ouvertes vers le ciel, les doigts légèrement fermés, les paumes visibles. Elles contiennent d'autres mains, blessées. Les doigts se referment ; se ferment un par un. L'auriculaire suivi des autres. Un enchaînement rapide. Elles restent fermés. Les paumes abritant ses blessures. Lun se sent stupide, il a laissé Kodaa payer pour lui. Il a laissé Kodaa être renvoyé à cause de lui. Ensuite, il n'a rien fait pour l'aider. Il n'a pas fait un geste de gentillesse.

Car tu n'aurais pas voulu,
Car tu es trop fier,
Car j'avais trop honte,
Car je suis paumé dès que mes amis m'en veulent,
Car sans, je peux crever tout de suite,

« Je sais que l'alcool te rend un peu con, » Murmura Lun avec douceur, « mais, est-ce que tu te souviens que je ne vis plus à l'académie Keimoo ? Et que tu as mon numéro de téléphone ? Que j'aurais pu bouger jusqu'à toi. Qu'on aurait pu boire ensemble. Que tu m'énerves ! »

Lun planta un regard qui hésitait entre la joie, l'amusement et l'agacement. « T'es infect. »

« Mais c'est pour ça que je t'aime. Toutefois, si tu comptes à ce que je m'habille en infirmière, tu rêves. »

Aucun calcul pourtant ne pourrait permettre de comprendre,
Pourquoi on ne peut pas empêcher le coeur de battre face à ceux qu'on aime.
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MessageSujet: Re: Chanson d'amour, hystérie d'un moment   Chanson d'amour, hystérie d'un moment EmptyDim 13 Mai 2012 - 23:14

Lettre à Hélios G. Smith.

Tu sais Hélios, j'ai pas voulu. C'était pas de ma faute.. Je suis parti, mais c'était bien à cause de Sam, et Richard aussi. Tu sais très bien qu'il n'aimait pas qu'on traine avec son fils.. Il détestait le fait qu'on ait ramené Lun, après chaque sortie, en le regardant et en le saluant d'un air défiant avec nos habituels "Bonsoir Monsieur .. Euh.. Bonsoir Richard." Ahah j'aime me souvenir de ce petits moments, qu'on passait tous les trois durant lequel tu voyais Lun rentrer, pendant lequel je défiais des yeux son paternel. D'ailleurs tu sais, Lun est ici aujourd'hui.Il est au Japon, avec moi.. Enfin, pas avec moi, mais il y est. On s'est disputé, il a changé, les Mousquetaires, il me l'a presque dit, c'est finit pour lui. Je sais c'est triste. Mais c'est de ma faute, ne lui en veux pas, jamais.
Tu sais Hélios, j'ai pas voulu lui dire qu'il était infecte. Il l'avait cherché. Mais j'aurais pas du, je sais. Il disait que j'avais eu pleins d'amants, t'oubliant en Angleterre au passage. Tu le sais toi que j'ai pas voulu t'oublier, pas vrai ? Tu sais très bien que .. Mais oui tu le sais. J'ai voulu t'envoyer des cartes, souvent. Mais j'en avais pas le courage. Tu sais, j'ai eu peur que tu m'oublies. Personne n'était là où tu étais pour me relater tes faits.. J'ai bien cru te croiser, un soir, au détour d'une boite de nuit, ici. Mais pourquoi aurais-tu fait le déplacement, heein ? Pour voir l'ordure que j'étais devenu ? Tu sais, j'ai mal tourné une fois que je suis arrivé ici. Tu avais toujours été là, et d'un coup tu disparaissais.. J'ai bien cru que le monde s'écroulait. Le dernier souvenir que j'ai de toi, c'est ce jour-là, lorsque tu pleurais dans mes bras. Ça m'a rendu vraiment triste, j'ai beaucoup pleuré ici, j'ai même plongé dans les drogues.. Tu me diras, c'était inévitable, mais j'aurai voulu que tu sois là lorsque j'allais mal. C'était égoïste de ma part je sais..
Tu sais Hélios, j'ai pas voulu plonger dedans. J'avais le nez explosé.. Et Lun aussi s'y est mis, seulement lui il se piquait. Tu sais on s'est vu au bal de l'académie, pour la Saint-Valentin. J'avais un déguisement génial, tu l'aurais aimé, tu sais. En fait, il s'est passé un truc horrible ce soir là. Je me suis fait viré, pour la simple raison que j'avais une mauvaise influence et exprimait ma sexualité un peu trop publiquement.. Lun était déchiré, et j'ai vu ses bras, ils étaient tout piqués partout. Il aurait pas du.. On s'est vu, après, pour se reparler. On avait perdu contact, ça m'a rendu triste. Et j'te mentirais, si j'te disais que j'avais pas eu l'impression de revivre le départ d'Angleterre, ce jour-là.. On s'est embrassés Hélios. Mais c'était de ma faute.. Je te dis ! Ne lui en veux pas, jamais. Je serai toujours le fautif dans cette histoire. Pour n'avoir pas su te dire combien je t'aimais, et n'avoir pas su te garder auprès de moi.. Pour t'avoir fait pleurer.. Pour avoir été cette prostituée rouquine qui est allée voir ailleurs dès que je pensais un peu trop à toi.. Pour avoir fait en sorte que Lun m'embrasse.. Pour ne pas lui avoir donné de nouvelles après mon renvoi.. Pour n'avoir pas pu recommencer une vie sans vous deux dedans, ici.. Pour toutes les larmes que j'ai moi-même versé..
Tu sais Hélios, j'aurai bien aimé avoir de tes nouvelles aussi, qu'es-tu devenu ? Où vis-tu ? Aimes-tu quelqu'un d'autre ? Me permets-tu de l'aimer en même temps que je t'aime ? Dis tu me le permets ?

Dis, tu me pardonnes ?
D'Artagnan.


Il y a ton sourire qui s'élève,
c'est comme une lueur d'espoir.


    C'est le genre de lettre qu'il enverrait à Hélios, plus tard. Il avait pensé à lui, en attendant que les pigeons voyageurs reviennent avec Lun. Il avait repensé à leur baiser innocent du stade de foot, il avait repensé à Lun, tout simplement. Son visage pâle, ses lèvres blanches, ses poumons brûlés par la cigarette. Goût amer que ce doux songe. Il se rappelait souvent des petits détails qui faisaient l'authenticité des gens.. Pour Lun, c'était tout. Son caractère souvent extrémiste, ses petites attentions involontaires, qui faisaient qu'on s'attachait à lui malgré nous. Kodaa s'y était attaché, il s'était foutu dedans. C'est le jour de son départ qu'il avait commencé à éprouvé des sentiments pour Lun. Des envies rancunières, jalouses, séduites, désireuses, incomprises, sexuelles aussi.. La confusion permanente concernant les sentiments,ça, le rouquin il connaissait par cœur. Comme il connaissait les tatouage que Lun avait, comme il connaissait les moindres recoins de la cicatrice d'Hélios, comme il connaissait les bosses de la planche de Skate de Jude. Il avait apprécié les voir, parfois les toucher. Cependant, il avait remarqué une chose, une seule, et ça lui faisait vraiment plaisir.. A chaque fois qu'il appelait Lun à l'aide, ce dernier accourrait. D'un côté, Kodaa s'en voulait d'utiliser autant Lun, regrets quant à sa manipulation parfaite d'antan, mais d'un autre, c'était l'assurance qu'il le verrait toujours. Et ce, même s'il était prêt à sauter du bord d'une falaise. Lun viendrait. Le rouquin savait alors qu'il pourrait bien faire tout ce qu'il veut, tant qu'il y a aurait quelqu'un pour aller chercher Athos, il ne se passerait rien. Tremblant pour un blond qu'il attendrait bien plus que trois fois, tremblant pour un être qu'il ne cesserait d'aimer secrètement.. C'était lorsqu'il sortit une cigarette que l'Attendu arriva enfin. Il était accompagné des pigeons voyageurs que Kodaa lui avait envoyé. Ils semblaient se connaitre, et l'un d'entre eux blagua avec le blondinet, comme s'ils étaient amis depuis toujours.


Il fallait choisir une route,
Alors on a choisit la pluie,
Acide à s'en brûler le coeur..


    La dernière fois que Lun avait couru pour rejoindre c'était.. Au terrain de foot. Kodaa s'y était rendu, sans raison aucune après avoir été renvoyé de l'académie. Là-bas, il avait voulu voir Lun pour lui expliquer ce qu'il s'était passé la première fois qu'il avait couru, pour lui expliquer que s'il avait été viré, lors du bal, ce n'était pas de sa faute mais bien de celle du roux. Ils avaient ensemble évoqué l passé et Lun avait joué les indifférents. L'autre fois, qui était en fait la première fois que le blond accourait pour Kodaa, c'était lorsque le roux avait appris que son ami était à l'académie. Il avait voulu le revoir pour parler du départ précipité, et pour que Kodaa exprime à Lun à quel point il détestait son père. Dérangés par le beau Tsumi Tadashii, une dispute était partie et le fameux "T'es infect." de Kodaa. En y réfléchissant bien, c'était toujours pareil.. Kodaa voulait voir Lun, il l'appelait, ce dernier venait, il se passait quelque chose d'inhabituel qui faisait fuir le blondinet, et Kodaa redonnait rendez-vous à Lun de manière à s'expliquer concernant ce-dit événement. Et rebelote. Toujours à faire le premier pas. C'était Lun qui courrait, mais c'était bien Kodaa qui l'appelait sans cesse. Quand Lun se déciderait-il enfin à faire appel à Kodaa ? Il était là. *Hé Vieux loup de mer, j'suis là..*. Sur cette pensée, il remarqua que Lun était au dessus de lui, ses jambes le serrant un peu. C'était la même position qu'au terrain. Ses longs cheveux blonds frôlaient le visage de Kodaa, légèrement égratigné.

      - C'est presque comme au terrain de foot.. Dis-moi Lun ..


    Kodaa ressemblait à un comateux. Il n'avait que très peu bu, peu fumé. Il s'était replongé dans la drogue, juste pour cette nuit. Il avait eu tellement peur qu'il ne vienne pas. Encore une fois, comment pouvait-il venir s'il ne le prévenait pas ? Kodaa aimait ce genre de situations, il faut croire. Toujours à donner des rendez-vous à des personnes qui ne sont pas au courant. Perdu dans ses pensées, il en oublia ce qu'il voulait lui demander. Le murmure d'un bref "non rien", et Kodaa se retrouva serré par une étreinte, forte, presque incassable, qui les faisait se sentir invincibles, l'un en compagnie de l'autre. Il aimait ses étreintes chaudes, qui, par le passé, lui remontait clairement le moral. Cela faisait si longtemps que le roux ne pu retenir un léger "Hmm" de plaisir pris dans un doux soupir de satisfaction.Il sentit sa main se lever, abimée par le grillage, elle saignait un peu. Lun tu vas avoir les mains tâchées, arrête, tu vas te salir.. *Que fais-tu avec un pouilleux comme moi ? Heein dis-moi, pourquoi t'es là.. Tu te salis, toujours plus, quand tu viens.. Je suis un peu la tâche qui part pas sur une robe d'un blanc immaculé. Pars avant de te retrouver tout sale.* Lun, si tu savais comme Kodaa a aimé ce baiser, même enfantin, que t'es accordé de lui donner. Depuis le temps qu'il te connaissait, qu'il en avait envie.. N'y mets pas fin, jamais. Embrasse-le encore, cette nuit, aujourd'hui, ce soir.

      - Je sais que l'alcool te rend un peu con.. Mais, est-ce que tu te souviens que je ne vis plus à l'académie Keimoo ? Et que tu as mon numéro de téléphone ? Que j'aurais pu bouger jusqu'à toi. Qu'on aurait pu boire ensemble. Que tu m'énerves !


Il y a tes yeux qui me tuent,
Quand tu me dit que c'est fini.
Il y a le vent de nos sanglots,
Qui soufflent pour une amnistie.


    *Lun ne dit rien, non tais-toi.*

      - T'es infect.
      - ..
      - Mais c'est pour ça que je t'aime. Toutefois, si tu comptes à ce que je m'habille en infirmière, tu rêves.
      - Mais qu'est-ce que tu racontes ? J'ai quasiment rien bu.. Et puis pourquoi tu parles d'infirmière ? T'es bête..


    Il s'alluma une cigarette et à peine entamée, son nez saigna. Révélateur de bien des choses, il préféra s'essuyer avec son t-shirt, déjà tâché par ses mains. Il baissa le regard, préférant fuir une éventuelle morale, ne voulant pas le décevoir davantage, esquivant la confrontation. Il laisse échapper un sourire en coin, il a l'impression d'être materné. Lun mais tu fous quoi là ? Tu viens toujours, et après tu disparais. Bon oké, on inverse les rôles mais.. L'idée est là. Pourquoi vient-il si c'est après pour repartir, puis pour revenir en courant. Il le regarda alors, avec un air gêné, d'incompris, avec un poil de méchanceté..

      - Pourquoi t'es.. Venu ? J'veux dire .. T'étais pas obligé tu sais.. Après tout, j't'ai déjà fait venir deux fois.. Je t'accorde le jamais deux sans trois.. Mais la prochaine fois, tu viendras ?


    Il hésita longuement avant de continuer, laissant sa cigarette se consumer, sortant sa flasque de whisky et buvant une gorgée. Mais plus sérieusement Lun.. Si jamais il tombe, tu le rattrapes, pas vrai ? Il n'avait pas su te rattraper quand tu étais tombé de l'arbre, mais c'est pas faute d'avoir essayé. Tu essaierais pour lui ?

      - Tu seras là si j'ai besoin de toi ?


    Il n'avait posé cette question qu'à une seule personne, et la réponse avait été telle que le demander à nouveau engageait une déception évidente quant à la réponse. Nier le fait qu'il y avait eu un précédent, c'était nier la majeure partie du passé de Kodaa. Il aurait voulu que Lun soit le suivant, mais le connaissant que trop bien, il penserait n'être qu'un lot de consolation, une pièce de rechange. Le roux ne voulait pas que ce dernier pense ça, mais il ne pouvait se permettre d'arriver telle une fleur fanée et empoisonnée dans la vie de Lun. Il avait des enfants.. Que diraient-ils s'ils voyaient Kodaa, un jour, débarquer chez eux ? "Oh Papa, c'est qui ce Monsieur aux cheveux roux ? Il a l'air bizarre.." Tiens d'ailleurs, quand est-ce que Lun comptait-il lui parler de ses enfants ? L'apprendre par des ragots.. Quelle déception cela avait été.


Il y a les lois de l'empire,
Et les trous noirs dans ma mémoire..
Il y a le meilleur et puis le pire !


    Il regardait les pupilles de Lun, manquant de laisser couler des larmes sur les siennes, manquant d'embrasser sa bouche, manquant de jouer avec ses longues mèches blondes. Il manquait à son devoir, tout simplement. Évidemment, vu sous l'angle de Lun, ce dernier n'était que substitution. Mais du point de vue de Kodaa, c'était différent.. Il l'aimait. Il en aimait deux. Chose improbable, mais possible. Ça ne lui était jamais arrivé. Il aimait Hélios, avait eu des sentiments pour Masato, avait eu envie de chacun de ses amants, avait voulu revoir Tsumi car lui aussi c'était différent, et il aimait finalement Lun. Penserait-il un jour à se déclarer auprès de lui ? Ou serait-ce lui faire bien trop de mal ? Se sentant rougir, Kodaa baissa légèrement la tête, ouvrant son paquet de cigarette et en proposant une à Lun. La sienne était finie, il devait bien en prendre une autre après tout.. C'était de sa faute s'il avait commencé.. De sa faute s'il s'était drogué, s'il l'avait fait pleurer au bal, s'il l'avait abandonné en Angleterre il y a des années de cela, s'il n'avait pas su l'aimer dès le début..

      - Au fait Lun, t'as arrêté ? Tu sais .. J'ai bien vu tes bras le soir du bal.


    Il n'était pas grandement mieux. Lui c'était la cocaïne. Il était tombé dedans la soirée qu'il avait faite, avant de rencontrer Tsumi. C'était aussi pour ça que ç'avait du déraper. Il avait penser arrêter un temps, mais il pensait trop aux Mousquetaires, ça lui faisait mal, il devenait fou cherchant vainement quelques grammes à se mettre dans le nez. Lun cesse de le regarder. Il n'a qu'une envie que tu ne veux pas voir se réaliser.. C'est sa faute. Dis on fait quoi dans ce cas-là heein ? On s'excuse chacun d'être un fardeau pour l'autre ? On se prend dans les bras n'oubliant pas le petit baiser déchirant, passionné, et sans nécessité aucune, enfin si nécessaire mais pas pour la suite de leur histoire. Et on dit quoi, votre histoire, ou votre amitié ? La tentation était trop forte. Lun, même s'il semblait être quelqu'un de parfaitement banal, était tout de même le prince de Keimoo, son ami proche, et mieux encore que tous ces titres pourris.. C'était Athos, le Mousquetaire. D'Artagnan le regardait, comme s'il tentait de lui dire de parler, de l'inciter à lui sauter dessus avant qu'il ne le fasse en premier..

      - Et si..


    Kodaa hésita un instant, encore, lâchant une bouffée de fumée blanche.. Il l'aimait cette fumée, destructrice dans l'intérieur, piquante aux yeux des autres, et pourtant si pure par sa couleur, mais non son contenu. C'était son doute un peu Kodaa, une matérialisation du roux. Une idée de réincarnation qui sait ? Fumer lui permettait de réfléchir. Pour certains, ça les détendait, ça les faisait se réchauffer.. Pour le rouquin, c'était juste un moyen de réfléchir de manière plus sérieuse.

      - .. Et si je te laissais tranquille une bonne fois pour toute ?


    Il aurait voulu ne jamais prononcer ces mots. Il se rapprocha de Lun. Il lui souleva les quelques mèches qui étaient devant son visage, et l'embrassa. Ce 'était pas un simple baiser innocent et enfantin, comme il l'avait été au terrain de foot, il y a quelques mois. Kodaa faisait sentir à Lun ce qu'il ressentait pour lui. Il ne parlerait pas, ne disant pas de mots de travers qui pourraient le blesser. Il l'embrasserait jusqu'à ce que Lun le rejette. Pour toujours, qui sait..


Puisque tout est aléatoire,
Dans le chaos des univers,
Et puisqu'insoluble est la réponse,
Et puisque déjà me manque l'air.


      - Lun.. Je.. Te .. Hmm..
      - ..
      - Pardon.


Mais qu'importe les directions jusqu'au delà de la limite,
Tous les chemins mènent à tes yeux,
Tous les chemins mènent à la fuite...


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MessageSujet: Re: Chanson d'amour, hystérie d'un moment   Chanson d'amour, hystérie d'un moment EmptyDim 9 Déc 2012 - 3:59

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Lorsque le ciel devient noir, lorsque la nuit est sans étoile et lorsque la fin approche, à quoi pense-t-on exactement ? La plupart des hommes vivent leurs vies sans se poser la bonne question, sans voir ce qui se trouve juste devant leurs yeux. On cherche un idéal qui est à porter de main mais qu’on refuse de voir ou d’accepter car ce n’est pas celui qu’on s’était fixé. Les nomades et les solitaires ont la présence d’esprit de ne pas rechercher une vie de groupe, de moutons où on peine péniblement à trouver une place qui nous convienne. Alors qu’aucune place n’est la notre. Aucune. Est-ce que les célèbres artistes non oubliés ont évités la mort en évitant l'oublie ? Alors qu'il ne reste d'eux que des fragments d'un passé qu'on offre aux corbeaux avides d'histoire. A la fin, au final, il ne restera rien de tout ce qu’on a gagné, tout ce qu’on a eu, il ne restera qu’un vécu que ceux qui restent se souviendront à leurs manières.

Evidemment, les souvenirs ne sont pas la réalité. Ils s’en approchent sans jamais y toucher. Les souvenirs de Lun Marv et de Kodaa Lewi’s sur les mêmes faits n’étaient pas équivalents. Aucun des deux n’avaient raison. Ils avaient simplement vécu les choses à leurs manières. Différemment. Il ne serait donc pas aisé d’écrire la vérité à partir de témoignages. Ce ne serait qu’une parcelle d’informations. Il suffit de voir le journal télévisé et les faits le plus graves : plus le nombre de personnes qui la colporte sont nombreux, plus ils semblent différents. C’est le phénomène de la mémoire. Toutes les grandes histoires comportent cette part d’imprécisions qui nous bouleverse ; une ombre qu'on ne se souvient pas. Si on devait croire les souvenirs, on penserait que les Yétis existent, qu'il y a des monstres dans certains lacs et qu'il existe une possibilité pour que des Vierges nous apparaissent dans des grottes.

Qu’importait les grandes histoires, désormais. Il n’y avait que deux êtres, deux personnes. Si les choses avaient été différentes, ils auraient été des amants. Ils se seraient aimés, déchirés, retrouvés, unis. Toute la vie, jusqu’à la mort.
Les mousquetaires se battent et ne fuient jamais, même lorsque l’ennemi est en masse, qu’il est plus fort, plus armé et plus habile. Ca ne compte pas, la seule volonté de vaincre et le rêve utopique d’un monde meilleur sont suffisants à les convaincre de rester combattre jusqu’à la fin.

Et toi, tu serais prêt à fuir ? A Partir ? A abandonner la partie ?

Kodaa avait peut-être raison. Il avait sans doute pu manipuler Lun par le passé et il pourrait le faire encore facilement aujourd’hui, encore. C’était évident ! Le blondinet était enclin à l’amitié. L’amour qu’il portait envers ceux qu’il aimait l’aveuglait au point qu’il aurait donné toutes ses richesses, travaillé jour et nuit ; vendu son âme au diable et son corps à ses disciples pour ne pas que ses amis soient dans la tristesse. Ainsi Marv devait-il pleurer souvent sans l'avouer, la nuit dans son lit, aux souvenirs amers de ce qu’il donnait sans retour : un retour qu’il ne méritait pas. On n’offre pas pour recevoir, ou alors il ne servait à rien de tendre la main. Qu’importait si quelqu’un la prenait ; l’important c’était de la garder ouverte. Ouverte pour accueillir ceux qu’on aimait.

Sauf que Lun avait peur. Il avait peur et il était en proie au doute. Il savait que personne ne comprendrait les maux et les ombres qui l’envahissaient, le traversaient et le détruisaient. C’était un sentiment très nombriliste que de croire que personne ne nous comprend. Toutefois, qui n’a jamais ressenti ce genre de trouble, de voir le monde autrement que les autres ? Et d’assister impuissant à une scène de théâtre auquel on est confronté sans pouvoir y appartenir ? Lun le ressentait en permanence, lorsqu’il voyait sa famille devant lui, lorsqu’il voyait le journal télévisé ou qu’il marchait dans la rue avec la musique à fond dans ses oreilles. Il se sentait déconnecté, ailleurs. Dans un monde parallèle où il contemplait impuissant les restes d’une humanité détruite par la vie moderne.

C’était presque le terrain de football, mais ça ne l’était pas. C’était presque la même histoire, mais ça ne l’était pas. On ne rejoue pas la même scène, on ne revit pas la même histoire. On a juste une seconde chance, une troisième, une autre. Jusqu’à ce que l’autre finisse pas ne plus croire en nous. Jusqu’à ce que l’autre, tel Merlin, ne puisse qu’être enfermé dans un arbre pour continuer à aimer.

Déposant sa main fraîche sur la joue de son compagnon roux, Lun eu un petit sourire d’apaisement. Des larmes piquaient le coin de ses yeux de jade qui s’inquiétaient de la tournure des évènements. Il le voyait, sans le voir, aveuglé par la peur que lui inspirait cette relation ambiguë auquel il ne comprenait rien.
Il l’aimait, sans doute. Il l’avait aimé, sans le moindre doute. Mais, est-ce que c’était suffisant pour tenter une histoire qui finirait droit dans le mur, tant elle était bâtie sur un semblant de vérités, sur des souvenirs qui s’entrecroisaient.

- Je …

Il ne savait pas où il en était. Il ne savait pas ce qu’il faisait là. Lun sentait la respiration de Kodaa, il sentait sa poitrine remonter et descendre, accompagnant ce souffle de vie. Il entendait presque le cœur qui ricochait au sien, comme des coups de poignards qui tenteraient de le transpercer. Comme-ci, à cet instant précis, le monde tournoyait autour de lui et qu’il lui suffirait d’un simple baiser. Un simple baiser pour que le monde s’arrête. Que les oiseaux cessent de voler en plein vol, que les avions s’accrochent au ciel comme des nuages statiques, que les gens deviennent des statues et qu’il n’y ait plus qu’eux deux. Sur cette terre.
Et qu'enfin, tout explose pour les laisser seuls au monde.

Lun retira sa main, regardant Kodaa s’allumer une clope. Tentant de ravaler des larmes alors qu’il voyait le tee-shirt s’imprégner du sang. Mon dieu, songea le jeune homme, pourquoi ai-je aimé une tête de linotte pareil ? Je suis déjà à peine capable de m’occuper de moi-même. Comment pourrais-je aimé et être aimé de quiconque ? Il faudrait être stupide ou juste fou pour croire en une telle histoire.
Pour croire.


Indifférent au regard de Kodaa posé sur lui, Lun se réveilla de ses réflexions pour entendre sa question. Ses questions, à dire vrai. Il n’avait pas de réponses à apporter. Il ne savait pas pourquoi il venait toujours lorsque ses amis lui demandaient d’être là. Il aurait été juste qu’il les laisse tomber. Après tout : ils vivaient leurs vies sans jamais s’inquiéter pour lui. Ils n’étaient pas là quand Lun allait mal et le plus souvent, ce n’était que par des rencontres fortuites qu’ils se revoyaient. C’était sans doute vrai, aussi, de l’autre coté. Lun avait conscience qu’il n’appartenait pas totalement à la vie de ses amis. Il était un électron à part. Si on le retirait, ça ne les empêcherait sans doute pas de continuer à vivre. Il avait de lui-même fait ce choix : le choix de pouvoir mourir sereinement sans troubler la vie d’autrui. Il ne serait que des SMS de moins dans un portable, une sortie de moins dans des mois venus, qu’une personne de moins à appeler en cas de problèmes. Qu’un être qu’on oublie pour continuer d’avancer.
Pourtant, au plus profond de son être, Lun le savait : il ne voulait pas être oublié. Il voulait être aimé pour ce qu’il était. Loin de la beauté d’un corps éphémère, loin de l’image qu’il donnait. Etre aimé, et l’entendre. C’était un rêve. Et les rêves sont des bulles de savon soufflés un après-midi de printemps par un enfant blond. Rares sont celles qui parviennent à voler jusqu’au ciel pour y atteindre la réalité.

Il était venu, car il pourrait s’en vouloir d’avoir cédé encore : mais il ne pourrait jamais se pardonner d’avoir abandonner quelqu’un. Il l’avait déjà fait, autrefois. Une fois. Comment pourrait-il alors ne pas se souvenir à quel point cela avait été douloureux ?

- Je …

Encore une fois Lun ouvrit la bouche cherchant ses mots, sans les trouver. Il était absurde de tenter de continuer de parler. L’émotion l’étouffait trop pour qu’il puisse prononcer la moindre parole.

Qu’importait le nombre de fois où tu tomberas. Je serais toujours là pour toi. Si je peux te rattraper avant la chute, alors je le ferais. Si je ne peux pas, je serais là pour te relever. Tu auras droit à un baiser magique, tu auras ma main pour t’appuyer, mes yeux pour t’encourager. Et si tu as une cheville de foulée, mon épaule pour te soutenir. Mes bras pour te porter. Qu’importe le nombre de fois où tu tomberas : je serais toujours là pour toi. Si tes genoux sont écorchés, je te soignerais. Regarde-moi. Regarde-le. Je ne suis peut-être pas le plus drôle, le plus joyeux, le plus simple. J’ai des tas de problèmes et ma route est sinueuse. Mais, tu pourras éternellement compter sur moi. Qu’importe que ta chute soit petite ou grande, qu’importe que tu glisses, qu’on te pousse ou que tu sautes de toi-même, je ne serais jamais loin de toi : tant que tu croiras en moi.
Je serais là, même si tu n’y crois plus. Je ne t’abandonnerais jamais. Jamais. Tu peux m’oublier, tu peux m’effacer. Tu peux monter le plus haut possible et atteindre la plus haute des montagnes. Tu peux glisser sur un arc en ciel, décrocher les étoiles, sauter de nuage en nuage. Devenir un ange, voler avec les oiseaux ou devenir le plus monstrueux des êtres. Qu’importe le point que tu choisis : je ne te laisserais pas.
Car tu es mon ami. Car je t’aime. Car je sais, au travers de mes rêves, que nos chemins sont faits pour être croisé.


Kodaa avait raison : Lun n’accepterait jamais d’être le second. C’était dicté dans sa manière de penser. Il savait qu’on pouvait aimer plusieurs êtres à la fois, il savait qu’on pouvait en aimer d’autres après. Il savait qu’on pouvait l’aimer, après. Mais les gens faisaient des choix ! Même en étant profondément amoureux, il ne pardonnait pas d’être le second … Et ça valait pour chacun de ses amis.
Jun Masato, le prince blond qu’on ne croisait plus à l’académie. Car il avait fait son choix, en son petit ami ; la princesse Iris qui avait eu des prétendants auxquels elle n’avait pas dit non ; Sora Kumori qui cédait face à la beauté de Narcisse ; Shiki Katsuragi qui avait eu la présence d’esprit de rencontrer la beauté brune de Yun-Jin ; ce dernier qui avait eu l’intelligence de se retourner sur le passage du japonais ; et d’autres encore : qui avait aimé avant de l’aimer : qu'il avait aimé avant qu'ils ne l'aiment.

Même en étant profondément amoureux, Lun ne pardonnait pas l’impardonnable ! D’avoir été utilisé, d’une manière ou d’une autre, dans ses relations. Amants de passage, amants de long terme, ami qu’on oublie, promesse qu’on trahit, mensonge qu’on utilise. Ce n'était pas tant le fait d'être le second qui lui faisait regarder les autres différemment : c'était d'avoir été sacrifié. On l’avait abandonné pour une relation qui était éternelle ou un échec. On l’avait sacrifié car il était compliqué dans sa vie, simple dans ses réactions : car il disait ce qu’il pensait, car il aimait ouvertement et qu’être avec lui aurait été se confronter à autre chose que la superficialité. Sans savoir, même, qu’il était celui qu’on aimait.
On avait fait ce choix sans voir qu'il était important. Et il aurait du pardonner d'avoir cru mourir ?

Comment pourrait-on se douter que ce garçon blond aux yeux de pluies, facile aux rires et faciles aux larmes, soucieux en permanence était celui qui était notre moitié ? La destiné l’avait placée là, le jour des choix. Il avait autorisé les personnes à prendre un parti, à prendre un chemin. Un choix. Comme on en fait rarement dans sa vie : où tout semble être prévu d’avance.
Il y avait eu le choix entre un autre et Lun Marv. Entre aimer l'un ou aimer l'autre, entre continuer une histoire avec l'autre ou en commencer une avec lui. Personne n'avait fait le choix de Lun. Peut-être en partie, car le blond soufflait que l'autre était mieux ... ; c'était sa manière de tester. Sa manière de voir si on tenait à lui.

Jamais Lun ne pourrait, de lui-même, venir changer ce choix. C’était son seul orgueil : sa seule fierté. On ne peut pas demander de supporter l’insupportable.

Inconsciemment, à la mention de ses bras, Lun les regarda. Il aurait aimé s’enfoncer sous terre, tant la honte venait de se déverser dans son esprit explosant toutes ses idées. Il en était incapable ! D’arrêter. Car lorsqu’il souffrait trop, c’était le seul véritable moyen qu’il avait de revenir à la réalité. Lorsque la souffrance l’étouffait, comme des mains semblants vouloir le broyer et qu’un souvenir trop douloureux revenait à sa mémoire. Oui, il se scarifiait. Il le ferrait sans doute encore lorsqu’il souffrirait. Car il n’avait rien auquel se raccrocher d’autre. Il n’avait pas un souvenir qui lui donne un espoir. Une pensée qui lui attire un souffle d’envie. Il ne savait pas trop ce qu’il voulait, il ne savait pas trop où il allait. Il savait ce qu’il ne voulait pas, où il ne voulait pas aller, ce qu’il ne voulait pas être.
Il ne voulait pas devenir fou. Il ne voulait pas perdre ceux qu’il aimait. Et, quand la peine était douloureuse, il aurait tendance à crier, à frapper, à hurler sur eux. A leurs envoyer des milliers de messages de détresse qui le ferraient passer pour un cinglé.
Alors qu’un coup de couteau suffisait à calmer ses larmes. A calmer son cœur, à faire cessé de tourner ce monde, à clore la pièce de théâtre. Car un bruit la nuit lui rappelait un violeur, car un mot d'un ami lui faisait craindre l'abandon et qu'une phrase le conduisait à la jalousie ou à la colère. Il était plus simple de sentir une douleur contrôlable et de vérifier qu'on tient encore assez à la vie pour ne pas l'enfoncer assez profondément.

Assez, pour l'instant. Car, mille tentatives ratées n'empêcheront pas l'une de réussir. Ce n'est pas que mourir est son choix, c'est que la vie le tue petit à petit de sacrifices en sacrifices.

Sans doute cesserait-il le jour, où il vivrait avec quelqu’un. Il avait cessé le temps d’être avec Elyott. Car, la pensée de l’autre avait le même effet : et que la pensée de l’inquiéter l’en empêchait.
Elyott, c’était sans doute cette pensée qui modifiait le raisonnement de "jamais être le second" … Lun aussi avait aimé. Personne après cela ne serrait le premier. Kodaa était différent des autres : il n’avait pas fait un choix. Contrairement aux autres. Le destin n’avait pas placé Lun, en même temps qu’Hélios. Kodaa et Hélios étaient, avant que Lun ne soit avec eux. Ce n’était pas pareil … peut-être. Lun ne savait pas si Kodaa l'avait sacrifié pour un autre, il n'en était pas certain.
Après-tout ... N'était-il pas là à l'attendre ?

Les yeux ronds de Lun s’écartèrent brutalement sous la surprise. « Et si je te laissais tranquille une bonne fois pour toute ? » Déclara soudainement Kodaa qui décidément savait choisir ses mots.

Tu es infect. Et si je te laissais tranquille une bonne fois pour toute ?
Tu es infect. Et si je te laissais tranquille une bonne fois pour toute ?
Tu es infect. Et si je te laissais tranquille une bonne fois pour toute ?
Tu es infect. Et si je te laissais tranquille une bonne fois pour toute ?
Tu es infect. Et si je te laissais tranquille une bonne fois pour toute ?
Tu es infect. Et si je te laissais tranquille une bonne fois pour toute ?
Tu es infect. Et si je te laissais tranqu …
Les mots retentissaient violemment dans le cerveau de Lun alors que des lèvres se posaient sur les siennes. Un baiser doux auquel Lun répondit, trop désireux depuis trop longtemps de les rencontrer. Et soudainement, un baiser humide par les larmes muettes de Lun Marv. Il était bouleversé par la question qui frappait en échos son esprit. On en était donc là ? A l’heure des choix ?

On en était donc là, il n’était donc plus possible d’être des amis ambigus ? D’aimer en secret, de tourner sans cesse autour du pot, de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment ?

Mordant les lèvres de Kodaa jusqu'à sang, Lun le repoussa doucement. Il se redressa en même temps. Ses yeux vibrant de colère.

- Qu’est-ce qui te passe, bordel, dans la tête ? Et on ose dire que c’est moi qui suis compliqué alors que tu es capable de tout remettre en question là maintenant ?

Ce n’était pas juste ! C’était lui, Lun Marv qui avait ce genre de paroles. C’était lui qui demandait aux autres s’ils voulaient qu’ils partent. Lui qui posaient des distances, des moments de silence. Lui qui les éloignait. Il ne s’était jamais attendu à avoir la même réponse. Lui qui faisait en sorte de les voir fuir. A avoir le même sort. Et si je te quittais, ta vie serait mieux sans moi, non ?

Si Kodaa n’avait pas posé la question, si c’était Lun qui l’avait fait le premier : il aurait été d’accord. Il n’était qu’un poison dans la vie de Kodaa. Il l’inquiétait sans cesse, il lui demandait beaucoup, il voulait des mots, des promesses, des histoires et des explications. Il était pire qu’une sangsue qui vous suce sans cesse le sang.

Seulement, …

La main de Lun attrapa brutalement le haut du tee-shirt de Kodaa. Tee-shirt déjà malmené par ce dernier. Et sans pouvoir se retenir, Lun lui mit son poing dans la figure, plus violemment qu’il n’aurait cru en être capable, une douleur violente vibrant dans ses jointures où il pouvait désormais sentir ses battements de cœur.

- Abandonne-moi, Kodaa Lewi’s, mais je te ne te laisserais jamais partir. Tu m’entends ? Je serais devant ta porte à t’attendre. Je serais le serveur de ton bar préféré, la pute que tu iras te payer. J’envahirais tes rêves, je souillerais de lettre ta boîte aux lettres, tes emails. Et si je ne peux pas tout ça, je t’attendrais. Je t’attendrais.

La colère et les larmes brouillaient l'esprit lucide du garçon qui avait l'impression de n'entendre que ce mot et cette phrase. Le premier dit il y a longtemps, le second dit maintenant. Lun s’est reculé, dos au mur. Il se donne un coup de tête contre ce dernier, la douleur ne lui fit pas grand-chose. Il se redonne un coup de tête, la gardant cette fois-ci coller. Sa main montant pour cacher ses yeux, sans pouvoir dissimuler les larmes sur ses joues.
Quel sale enfoiré de fils de salaud ! Le faire venir pour un adieu. Le faire courir pour lui dire ça. Allez tous aux diables ! Allez tous en enfer.

- J’ai perdu tout le monde …

- J’ai perdu tout le monde …
Répéta mécaniquement le jeune homme.

Depuis son retour, Lun n’avait pas eu de nouvelles de grand monde. Il n’était pas même au courant du coma de Sora, pour qui à ses yeux, il n’existait plus. Il n’avait pas non plus de nouvelles de Shiki, car Lun avait toujours peur de le déranger. Il ne savait pas ce qu’étaient advenus de Jun et d’Iris. Et, il évitait Luc car son esprit était trop embrouillé de leurs retrouvailles et du regret de l’avoir laissé. Au milieu de tous ses êtres, Lun se sentait soudainement très seul : il n’avait pas su retrouver une place. Il n’avait pas su comprendre ce qu’ils voulaient de lui. Il avait l’impression de n’être qu’un jouet entre des mains d’enfants maladroits et il avait délibérément choisi de ne plus forcer. Si les autres étaient trop occupés pour le voir … Alors il cesserait de se battre pour être auprès d’eux. Tant pis. Il ne leur demanderait plus rien. Il en avait assez de s'entendre dire qu'ils étaient occupés.

- Je mourrais si je te perds toi, à ton tour. Alors si tu veux m’achever, tue-moi.

Lun reposa son regard noir, brumeux vers Kodaa, criant presque.

- Tue-moi.

Avant d’étouffer le reste de sa phrase dans un murmure :

- Tue-moi, maintenant au lieu de me laisser à l’agonie. Si je pourris à ce point ta vie, tu n’as qu’à détruire la mienne. J'en ai plus rien à foutre de toutes ses conneries.

Retombant accroupi contre le mur, Lun dissimula son visage entre ses jambes et l'encerclant de ses bras. Il resta ainsi, recroquevillé pour dissimuler sa détresse. N'ayant plus conscience de la présence réelle de son ami. N'entendant plus rien. La souffrance le brisant. Les sanglots silencieux le noyaient. Cette douleur, toute sa vie il s'en souviendrait. Toute sa vie, il se souviendrait du mal qu'on ressent lorsqu'on accorde toute sa confiance, toute sa vie en une personne et qu'elle la brise en quelques mots.

- T’es qu’un connard. Dégage !

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