₪ Académie Keimoo ₪

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 Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]

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MessageSujet: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyDim 24 Juil 2011 - 22:53

    Le son de claquement de talons hauts sur un sol dur résonna dans le corridor vide, gênant légèrement les murs dans leur sommeil. Il était rare d’entendre un quelconque bruit si tard dans la journée, quand l’académie était vide de tout étudiants. Les murs étaient habitués à posséder ce moment de répit pour récupérer des bruits qu’ils devaient endurer durant la journée, ceux des étudiants en cavale courant et criant à tue-tête. Ceux même du personnel beuglant des ordres devenaient à la longue pénibles. C'était donc des plus déplaisants pour eux que de devoir endurer ce nouveau son de talons aiguilles frappant furieusement le sol dallé. Ce n'était pas nécessairement un bruit des plus plaisant, surtout quand la personne qui effectuait ce martèlement était tout sauf de bonne humeur ce qui changeait drastiquement l'effet que donnait le son au final. Logiquement, une personne frustrée ne marche pas aussi calmement et sereinement qu'une personne dans son état normal, ce qui dans cette situation était démontré d'une façon très explicite. Les murs maintenant réveillés ne purent s'empêcher de se demander ce qui avait pu causer une telle frustration chez la propriétaire de ces pauvres chaussures. Malheureusement pour eux, les dites chaussures ne purent révéler que de la souffrance face au maltraitement poussé puisqu'elles n'en connaissaient pas la raison. Les murs déçus retournèrent un à un à leur sommeil tandis que les pas s'éloignaient de leur emplacement, devant se contenter de mystère au lieu de rumeurs. Il est bien connu que les murs adorent les rumeurs, ce n'est pas pour rien après tout qu'on disait qu'ils avaient des oreilles. Mais ce récit ne parle pas d'eux, et donc il nous faut maintenant revenir à l'essentiel. La jeune femme furieuse qui parcourait les corridor au beau milieu de la nuit continua de martyriser ses pauvres chaussures de cuir rouge contre le sol sans aucun remord, sans doute parce qu'elle était trop occupée à maugréer des idées noires dans sa tête d'adulte pour se rendre compte que celles-ci avaient des sentiments. Cette jeune femme est en effet un être d'une logique inébranlable et n'apprécierait certainement pas que l'on lui dise que ses chaussures avaient des sentiments. C'est cette adulte qui est le sujet de notre récit. Pour tous ceux qui sont en ce moment en train de gémir de dépit face à ce sujet des plus inintéressant, il n'est pas encore trop tard pour changer d'idée et quitter cette scène de suite. Pour les autres, entamons.

    Renna Maria Johnson était d'une humeur très acide en cette soirée fraîche d'été et elle l'était non sans raison. En effet, n'importe qui serait d'humeur acerbe quand au lieu de voler vers la Grèce antique et ses temples historiques, on se retrouvait à jouer les gardiennes d'enfant à des étudiants en état d'ébriété. La jeune femme se souvenait encore de ce matin si doux quand elle s'était réveillée, curieusement de bonne humeur avec son habituel air grincheux mystérieusement disparu. Le premier coup d'oeil dans son miroir ce matin là l'avait légèrement surprise, elle qui était si habituée à observer des traits tirés par le manque de sommeil et des sourcils froncés dans une expression ennuyée. Son esprit songeait alors avec délice que dans quelques jours seulement elle serait en train d'arpenter les rues du, selon elle, plus beau pays du monde entier. Ah les vacances d'été, moment si bénéfique à la santé qu'elle passerait loin de ces morveux ambulants qui ne pensaient qu'avec leur entre-jambe au lieu de ce qu'ils avaient sur les épaules. Maintenant que le semestre était terminé, que ses examens étaient corrigés et que la moitié de sa classe avait échoué elle était enfin libre. Aujourd'hui serait la dernière journée qu'elle aurait à visiter les couloirs de cette maudite académie pleine d'hormones. Le directeur l'avait convoquée ce matin-là et c'était la seule raison pour laquelle elle devait se pointer dans l'institution scolaire. Elle prit grand soin de se rendre présentable et alla boire un café revigorant dans son petit restaurant favoris, songeant que le calme du matin était réellement son moment de la journée préféré. Jamais la jeune femme ne s'était inquiétée de cette rencontre avec le directeur, elle se doutait simplement qu'il souhaitait la féliciter pour ses efforts et sa discipline toujours constante. L'homme ne pouvait, selon elle, rien lui reprocher. Comme elle avait eu tord.

    En sortant du dit bureau, l'attitude de l'enseignante avait drastiquement changée. Si auparavant on aurait pu presque voir un rare sourire étirer ses fines lèvres et un chant sortir de sa gorge légère, maintenant son expression acide naturelle était de retour et apparemment en plein forme. Elle fulminait littéralement de rage, de dégoût et d'injustice. Sa main avait même réussit à trembler autour de la poignée de porte métallique avant qu'elle ne se décide de la relâcher dans un mouvement sec. Comment cet homme osait-il lui infliger une telle chose. Comment osait-il la coincer ainsi et l'empêcher de choisir une autre tangente. Comment osait-il même suggérer... Qu'elle était trop dure avec ses étudiants ? Les paroles avaient résonnées dans sa tête blonde et encore en ce moment, dans sa rage de soirée, elles continuaient de la titiller d'une façon on ne peut plus déplaisante. "Vous êtes trop exigeante", qu'il avait dit "je ne cesse de recevoir des plaintes", qu'il avait ajouté de ce ton si sérieux "cela doit changer", qu'il avait souligné. Sa suggestion qu'elle devrait rester durant l'été pour tenter d'aider ses étudiants à problème et apprendre à mieux les connaître avait causé à la jeune femme des spasmes d'horreurs presque impossibles à cacher. Pendant quelques secondes elle avait cru halluciner ces paroles maudites et demanda sur un ton poli qu'il répète ses mots encore une fois. Malheureusement à la deuxième écoute, ils restèrent les même. Apparemment le bon directeur croyait de son devoir d'aider son personnel à se rapprocher des jeunes et à aimer leur travail et il pensait deviner en elle une tristesse infinie. Il voulait qu'elle fasse des efforts supplémentaires pour comprendre ses élèves, les apprécier et être moins dure avec eux. Mais surtout, il ne voulait plus découvrir dans ses rapports que son cours était le seul avec un taux d'échec aussi élevé. Et là tomba la menace : "Si vous faites encore échouer plus de la moitié de votre classe, melle Johnson, je me verrai dans l'obligation de vous renvoyer. Est-ce bien clair ? " Le choc que la professeur avait ressentit après cette affirmation avait été considérable. Encore maintenant, elle avait un mal fou à s'en souvenir sans ressentir un intense sentiment d'injustice. Était-ce sa faute si les étudiants de ses cours étaient tous des abrutis incompétents qui n'arrivaient pas à respecter ses règles pourtant si simples ? Pourquoi devait-elle sacrifier ses vacances d'été pour excuser leur idiotie ?

    Le directeur avait été clair. Elle se devait d'aider durant l'été ses étudiants les plus à problème. Il avait précisé qu'il serait heureux de voir rien qu'un élève s'améliorer grâce à ses efforts à la fin de l'été. Sa suggestion de quel étudiant en particulier avait coûté cher à la jeune femme. Parmi tous ces crétins qui assistaient à sa classe, il avait du choisir elle. Ironiquement, Renna était sans nul doute plus dure avec cette étudiante qu'avec les autres même si jamais elle n'oserait se l'avouer. Voilà qui nous ramène à la situation présente, où notre personnage principal frustré martelait furieusement le plancher de ses talons, traînant derrière elle la dite étudiante fautive contre son gré. C'était injuste. Tout ce cirque était juste injuste. Elle aurait pu être en Grèce à l'heure qu'il était, en train de parcourir les corridors historiques de César et de la noble cité. À la place, la voilà qui était piégée dans cette fichue académie tout l'été et forcée à voir chaque jour la personne qu'elle avait probablement le moins envie de voir de toute son existence. J'ai nommé Myra Jefferson, ou la peste de sa vie entière. Déjà le fait qu'elle soit de nouveau présente dans sa vie à des milles de l'endroit où Renna vivait avant était une coïncidence des plus chiantes que la jeune femme n'arrivait toujours pas à réconcilier. Maintenant qu'elle devait lui adresser la parole et être à proximité d'elle pendant des semaines, ça en devenait carrément insupportable. Elle aurait pu certes envoyer le directeur promener et se choisir un autre boulot, mais la vérité est que Renna Maria Johnson a un orgueil à tout casser, que l'homme avait blessé gravement en suggérant une seule minute qu'elle était une mauvaise enseignante. Elle allait lui prouver à ce crétin d'imbécile qu'il se méprenait, oh que oui. S'il fallait qu'elle endure ce monstre aux yeux verts, eh bien elle allait le faire non de dieu ! Ses doigts se serrèrent sur le poignet quand elle sentit la jeune fille lui résister et c'est sur un ton des plus glacial qu'elle lança dans le silence des corridors :


    « Essayez de suivre un peu, melle Jefferson, cette situation est déjà assez pénible comme ça sans que j'ai à supporter votre incapacité totale à vous déplacer. »

    Renna essayait désespérément d'oublier le fait qu'elle tenait en ce moment même entre ses doigts le doux poignet basané de la jeune femme qui avait occupé la plus grande partie de son esprit pendant plus de la moitié de son existence. Elle se refusait de laisser ses pensées jubiler devant sa proximité à cette créature si intimidante et le simple fait qu'elle ait à se battre contre ses pulsions la mettait encore plus en rogne sévère. Pour en ajouter une couche sur cet amas de malheur qui lui tombait soudainement dessus sans crier gare, cette chère mademoiselle Jefferson avait décidé qu'il serait amusant de se griller les neurones d'un surplus d'alcool copieux ce soir là même. Ce qui expliquait la démarche plutôt mal équilibrée de la jeune femme qui tentait de suivre la démarche rapide et sèche de son aînée avec difficulté. L'adulte aurait sans doute du prendre en considération l'état pathétique de l'élève et ralentir le pas. Malheureusement, elle n'était pas de ces êtres à l'âme compatissante. En ce moment, Renna ne pensait qu'à sa frustration et à comment la transférer à cette impertinente jeune femme. Enfin, la course effrénée tira à sa fin tandis que Renna s'arrêtait sèchement devant sa propre salle de classe, cherchant impatiemment ses clefs dans ses poches de veston gris perle ouvert. Quand enfin elle put ouvrir la satané porte et pousser l'étudiante protestante dans la classe vide, la jeune femme se permit un long soupir d'agacement. C'est sans regarder l'élève qu'elle dit sèchement :

    « Asseyez-vous. Et tâchez de le faire avec une once de décorum si vous en êtes même capable. »

    L’enseignante profita de ne plus avoir les doigts enserrés sur le poignet de la jeune femme pour se pincer vigoureusement l’arrête de son nez aquilin, un mal de tête pointant soudainement à l’horizon. Toute cette fichue année elle avait ignoré la jeune femme. Tout pour oublier son existence, l’effacer de sa vie. Oh ça n’avait pas été suffisant, loin de là et déjà ça avait été une source d’ennui pour Renna très constante. Mais au moins elle n’avait pas à interagir avec l’étudiante ni endurer sa présence trop près de sa personne. Ce qu’elle avait à faire à cet instant était contre tous ses instincts de survie et pourtant… Pourtant sa carrière, son orgueil et son intégrité étaient en jeu. Elle ne pouvait tout simplement plus reculer. Derrière son bureau, à une distance presque raisonnable de la jeune fille, voici ce qu’elle déclara sur son ton neutre et sec habituel :

    « Je suppose que votre esprit est trop embrouillé pour que vous ne compreniez la raison de votre présence dans cette salle de classe, mademoiselle Jefferson. Est-ce le cas ? »

    L’ambiance était tendue et des plus insupportable. Une salle de classe plongée dans l’obscurité au beau milieu de la nuit tendait à donner cet effet dévastateur, surtout avec une enseignante furieuse vous fixant glacialement.

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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyLun 25 Juil 2011 - 11:16

    Une éprouvante journée se termina, emportant avec elle son lot de soucis, de stress, de panique et d’interrogations superflues. Peu à peu, à mesure que les cours s’achevaient, les couloirs de l’académie Keimoo se défirent de leur effervescence, celle qui meublait un silence à la fois terrifiant et oppressant. Myra ne savait pas si elle devait hurler de joie ou pleurer, en apprenant que sa soirée, d’abord si bien commencée, se terminerait dans un maelström de souffrances morales. Bien loin d’imaginer ce qui allait se passer, elle s’extirpa de son ultime cours dans la joie et la bonne humeur, planifiant avec son groupe d’amis une soirée beuverie, où chacun amènerait de quoi boire et fumer, afin de tuer l’ennui d’une routine mécanique. Comme d’habitude, elle opterait pour une boisson suffisamment forte pour se mettre la mine du siècle, et décuver le lendemain dans les toilettes de l’académie. Malheureusement pour elle, c’était monnaie courante. Elle tenait très mal l’alcool mais s’évertuait à perdurer dans ses sottises, car elle était un parfait mouton influencé par les idées saugrenues de ses camarades. Ainsi, une fois qu’ils se faussèrent compagnie dans l’optique de se procurer ce dont ils avaient besoin, elle revint dans sa chambre, le sourire jusqu’aux oreilles. Ses deux colocataires étaient absentes, et elle en profita pour se prélasser, en allumant son ordinateur portable. Elle consulta ses mails, son profil Facebook qui pullulait de messages en tout genre, et écouta de la musique pour se détendre. Puis, en presque fin d’après-midi, elle se défit temporairement de l’académie Keimoo pour se rendre en ville, et s’accaparer de l’alcool. Auparavant, en vagabondant dans les couloirs, elle croisa malencontreusement le chemin de son professeur de mathématiques. Renna M. Johnson, ou le diable incarné. Bien que ne croyant pas en Dieu, la jeune Rebelle aux racines espagnoles espérait du fond du cœur qu’un ange gardien veillait sur elle. Cette femme était folle à lier, et elle ne comprenait pas les raisons de son acharnement sur elle. Pendant la majeure partie de ses cours, elle lui tapait sur le système en la corrigeant à la moindre erreur, et en la traitant comme une moins que rien. Avait-elle une tête à se faire dominer et mener par le bout du nez ? Non. Et de toute évidence, elle se fichait pas mal de progresser, car les études n’étaient pas son credo. Ayant redoublé une année, et ayant passé les autres sur le fil, elle revendiquait sa liberté et son indépendance en se défaisant volontairement d’un système scolaire élitiste et impitoyable.

    En attendant, afin de mener à bien sa mission alcoolisée, elle ne prit aucun risque, et se contenta d’effectuer un bref saut dans l’appartement de son père, qu’elle trouva particulièrement poussiéreux. Bon sang de bonsoir, ne pouvait-il pas être soigneux avec ses affaires ? Et sa propre chambre qu’elle trouva sens dessus dessous ! Myra ne préférait pas imaginer les femmes qu’il ramenait chez lui pour que ce soit un tel bazar. Néanmoins, elle savait d’où elle tenait sa libido exacerbée. Tel père, telle fille. Ce schéma s’appliquait très bien pour les Jefferson, jusqu’à preuve du contraire, bien entendu. Quoiqu’il en soit, ce fut sans une once de scrupule qu’elle alla fouiller dans ses placards, pour y trouver un pack de bière, une ou deux bouteilles de rosé, du Martini Bianco importé d’Europe, ainsi que quelques litres de Saké. Voilà de quoi ravir ses partenaires d’ivresse, qui se feraient un plaisir de vider tous ces récipients. Fière de ses emplettes, elle les cacha dans deux sacs à dos trouvés dans ce qui lui servait autrefois de chambre. En guise de réminiscences, elle s’éternisa un peu dans son ancien antre, et soupira en revoyant de vieilles photographies appartenant à une époque révolue. Son père tenait à ce que sa fille conserve au moins quelques souvenirs de sa mère. Ainsi, sur sa commode contenant quelques vêtements laissés ici pour les rares séjours passés avec lui, on pouvait observer trois cadres dans lesquels avaient été insérés des visages aujourd’hui méconnaissables mais pourtant marquants pour la demoiselle. Sa stupide mère et sa sœur Lauren, influençable. Elles souriaient naïvement devant l’objectif, et véhiculaient un faux sentiment de complicité. Ecœurée par cette vision, Myra s’empressa de disposer les cadres face contre la commode, avant de dire au revoir à son ancienne maison.

    Il ne fut pas évident d’être discrète avec deux sacs à dos plus lourds qu’elle. Fort heureusement, l’un de ses amis habitant à proximité de sa résidence, la rejoignit dans la foulée, et l’aida à transporter la marchandise comme si de rien n’était. Revenus à Keimoo, ils s’empressèrent de cacher tout cela dans les dortoirs, plus particulièrement dans la chambre de celui qui avait commandité cet heureux évènement. Dans la hâte et l’impatience, ils effectuèrent les ultimes préparatifs, et passés l’heure du dîner, se réunirent à pas feutrés dans leur quartier général. Aucune musique ne fut nécessaire pour meubler le silence, puisque ce dernier était perpétuellement interrompu par leurs bavardages incessants. Le groupe était constitué, à part égales, de filles et de garçons. Ces derniers n’avaient pas la main morte sur l’alcool, et firent la démonstration de leur descente impressionnante. Ils s’applaudirent mutuellement, et se firent passer quelques joints et autres vices peu recommandables dont ils ne se privaient pas. La modération n’entrait pas dans leur vocabulaire, et les excès primaient sur un mode de vie, parfois enchaîné par les principes dits obsolètes des adultes. D’ailleurs, Myra expliqua à ses camarades comment mademoiselle Johnson torturait ses élèves, et s’énervait sur sa personne en la tapant presque sur les doigts. Tandis qu’elle racontait le dernier cours passé avec elle, ses auditeurs la fixaient attentivement et riaient en imaginant la confusion qui avait dû naître dans la classe, lorsque l’enseignante était brusquement sortie de ses gonds. Pour cause, Myra avait eu la mauvaise idée de mâcher un chewing-gum pendant sa leçon, et par pure provocation, avait émis des bruits de mastication particulièrement désagréables. Ni d’une ni deux, la femme était montée sur ses grands chevaux, et avait commencé à la dénigrer publiquement. Ne se démontant pas, la Rebelle avait soutenu son regard, en répondant avec le plus de répartie possible. Lors de sa dernière réplique, ses camarades éclatèrent de rire, alertant malheureusement cette même Johnson qui passait dans le coin. Etait-ce le destin qui s’acharnait contre Myra ? Allez savoir.

    La déloger de la chambre ne fut pas une mince affaire pour Renna. En effet, tandis qu’elle l’agrippait sauvagement par le poignet en lui ordonnant de la suivre pour une raison jusqu’alors inconnue, Myra faisait de la résistance. Un joint dans sa main gauche, et une bouteille de Martini dans l’autre, elle était la parfaite représentation d’une jeunesse totalement désaxée. Mais peu importait. Ce n’était qu’une période comme une autre, dont l’achèvement serait marqué par une poussée de maturité conséquente. Tout du moins, c’était tout ce que l’on pouvait espérer pour elle, car jusqu’à présent, son avenir était flou. Et tandis qu’elle espérait une aide de la part de ses camarades, ces derniers se statufièrent sur place, n’osant pas riposter quoique ce soit. Ils n’eurent même pas la présence d’esprit de cacher l’herbe, ainsi que tout ce qui les trahissait dans leur tendance à l’irresponsabilité. Ils étaient littéralement ahuris face à ce qu’ils étaient en train de voir, et étaient partagés entre l’hilarité et la confusion. Myra continuait de s’agiter et se fit arracher la bouteille de Martini par l’un de ses amis, qui insista pour qu’elle n’emmène pas toutes les provisions avec elle. Puis, avec une force herculéenne, Renna parvint à la faire sortir de la chambre et à la traîner dans les dortoirs, les couloirs, et ce jusqu’à atteindre la salle de mathématiques. Cette même salle s’apparentant à un lieu de torture et d’agonie. Titubant et manquant d’épouser le sol, Myra tentait de comprendre où elle voulait en venir. De temps à autres, elle la surprenait en train de la morigéner pour son manque de réactivité.

    - Allez donc vous faire voir, espèce de… de vieille fille aigrie !

    On ne pouvait pas dire que cette insulte soit réellement convaincante, mais elle ne parvenait pas à émettre des mots plus intelligents. Il fallait le reconnaître, elle était ivre morte. Dépossédée de ses moyens, elle voyait également son corps échapper à son contrôle. Elle tenait à peine debout, et paraissait danser un pied sur l’autre lorsqu’elle s’essayait à effectuer un pas toute seule. Sa tête dodelinait étrangement de droite à gauche, et un sourire béat fendait parfois son visage. Sensiblement, elle n’avait pas conscience de la situation. Et lorsqu’on lui ordonna sèchement de s’asseoir sur une chaise, ce qu’elle fut bien contrainte de faire, elle manqua de basculer sur le côté, et de se répandre comme une carpette sur le carrelage. Néanmoins, pour sauver les apparences, elle essaya de garder son honneur sauf, en s’agrippant à tout objet susceptible de la faire tenir correctement. L’air abruti, elle observait son professeur qui la questionnait sur la raison de sa présence ici. En observant son état, elle supposa que son esprit était trop embrouillé pour réaliser quoique ce soit, ce qui était plus que véridique.

    - J’vois pas ce que vous voulez dire. Chuis parfaitement en état d’vous parler… et puis qu’est-ce qu’on fiche là ? C’est pas l’jour, si ? Les cours ont déjà commencé ?

    Son joint toujours dans la main gauche, elle s’étonnait de ne pas se l’être fait confisquer. Elle en profita donc en tirant une taffe considérable de sa cigarette faite maison, le tout avec une expression extatique. Plongée dans une autre dimension, elle avait l’impression d’être dans un cauchemar, ou quelque chose qui s’y assimilait. La silhouette de Renna ondulait, ce qui lui procurait des nausées virulentes. Puis, crachant un nuage de fumée s’évaporant immédiatement dans l’atmosphère, elle toussota comme si elle s’essayait à fumer pour la première fois. Poursuivant sa longue chute en enfer, elle déclara :

    - En tout cas, z’avez la tête de quelqu’un qui s’est levé du pied gauche. J’dirais même plus que vous êtes mal baisée dans vot’genre, non ?

    On lui pardonnera son excès d’incongruité, tandis qu’elle riait bêtement en fixant son joint d’un regard quasiment absent. Elle était dans un état parfaitement normal. Tout à fait. Et Renna ne tarderait pas à lui rappeler les dures lois de la réalité.
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyLun 25 Juil 2011 - 14:07

    Étrange comme un simple mal de tête né d'une combinaison d'un surplus de frustration et d'un trop plein d'agacement peut rapidement s'épanouir sous de parfaites conditions. L'esprit scientifique de Renna aurait du sans doute se préoccuper de cette nouvelle constatation avec intérêt, mais malheureusement à cet instant il était tout sauf prioritaire dans la tête de l'enseignante. Elle observait les mouvements maladroits de la jeune femme avec un dédain presque malsain, ses yeux perçant suivant chaque manquement d'équilibre en prenant une lueur presque métallique. Dans ce regard que plusieurs qualifiaient de glace, on pouvait clairement deviner une intense colère d'être prise dans cette situation. Renna ignorait totalement pourquoi toujours elle était celle qui devait se retrouver dans de telles impasses, mais elle aurait voulut rencontrer cette fichue destinée et lui ficher son poing dans sa jolie gueule. Certes, la dame à lunettes était tout sauf violente normalement, sauf dans ses mots, mais cet instant semblait des plus anormal. Comment expliquer autrement le fait qu'elle soit coincée dans une classe vide avec une étudiante clairement incapable d'avoir une conversation civile avec elle, même quand elle n'était pas en état d'ébriété ? La jeune femme, perchée sur un coin de son bureau, offrit à melle Jefferson un regard déplaisant et teinté d'un mépris clair. Si la jeune femme cherchait de la compassion face à son état des plus humiliant, elle n'en trouverait certes aucune chez la professeur. En fait, Renna songeait à ses sentiments faibles pour la jeune femme avec un nouveau dégoût. Elle se demandait comment diable elle pouvait ressentir autre chose que du mépris pour une créature aussi ridicule, elle se demandait aussi ce qu'elle avait bien pu faire à ce crétin de Dieu pour mériter un tel sort. La dame continua de fixer froidement son étudiante, songeant à comment gérer cette fichue situation désastreuse. Le proviseur avait été clair, elle devait redresser cette Myra Jefferson à tout prix ou risquer de perdre son travail. Observer ainsi la dite mademoiselle aurait du convaincre Renna que c'était impossible et qu'elle devrait tout simplement démissionner et se trouver un autre boulot, préférablement quelque chose de calme et d'intellectuel. Le seul élément en la dame à lunettes qui permettait à toute cette histoire de se perpétuer, c'était sa tête dure et son ego. Parce que jamais elle ne laisserait dire personne qu'elle faisait mal son travail et si pour le prouver elle devait endurer un monstre aux yeux verts tout ce qu'il y avait de plus frustrant, elle le ferait. Pour le bien de l'humanité.

    Des paroles à peine stables résonnèrent dans la pièce tandis que l'étudiante essayait pathétiquement de rester droite sur ses jambes, mais encore une fois Renna ne fut aucunement émue devant cette présentation pathétique de faiblesse humaine. Les mots semblèrent résonner dans la salle et se rire de l'enseignante qui fronça les sourcils dans une expression mauvaise et eut la soudaine envie de rire grâcement de cette garce bronzée. Mal baisée ? Si c'était réellement cela que la jeune femme pensait d'elle, alors elle se gourait totalement sur sa personne. Bien sûr, il ne fallait pas s'attendre à ce qu'une telle idiote puisse comprendre quoi que ce soit à son sujet quand elle n'arrivait même pas à comprendre des formules mathématique de base. Un air méprisant se teinta sur le visage de la professeur tandis qu'elle croisait les doigts en les laissant reposer sur ses pantalons noirs moulants et parsemés de lignes verticales du même gris perle que son veston.


    « Si vous êtes incapable de prononcer des phrases complètes sans perdre vos mots, alors taisez-vous. »

    Les murs et chaises semblèrent frémir devant cette démonstration de froideur et de mépris. D'ailleurs, s'ils avaient pu trembler et exiger de plus chauds recouvrements, ils l'auraient sans doute fait sans plus tarder. Renna observa la jeune femme tandis qu'elle multipliait les efforts afin de s'asseoir sans grande émotion, son regard ne la quittant toujours pas des yeux. Certains pourraient penser qu'en ce moment l'enseignante pensait à tous les moyens possibles et imaginables qui existaient pour torturer cette idiote qui lui faisait perdre son temps, mais ils auraient tord. En effet, l'esprit de la dame était bien plus agréablement occupé dans un débat intérieur. Elle combattait des années de fascination pour la jeune femme qui lui faisait face, fascination qui refaisait surface à présent. Il était totalement incongru pour son obsession de réapparaître à cet instant précis, surtout que la jeune femme était tout sauf attirante dans cet état pathétique. Mais la vérité était que si son obsession avait été rationnelle, elle n'en serait pas là aujourd'hui. Ses pensées se remplirent de passages inutiles, de questionnement sur les éléments qui composaient l'apparence physique de melle Jefferson. Elle se demandait comment une jeune fille munie d'attributs si puissants pouvait même être réduite à un état d'ébriété si avancé. Et jugeant par ce qu'elle venait de se ficher dans la bouche, par même d'autres substances encore moins recommandées. Son esprit analysaient les yeux verts manifestement perdus dans un univers autre et espérait pour elle que ce dit univers était plus plaisant que la réalité. À cet instant précis, Renna aurait aimé être saoule elle aussi juste pour trouver la solution à tout ce bordel. La voilà, frustrée devant une situation impossible et elle se mettait à s'extasier sur la jeune femme encore. Le fait d'être à ce point sensible aux attributs de la jeune femme fichait notre très chère professeur de mathématique dans une rogne sévère qui la rongeait en permanence. Espérant que l'absence de ses lunettes sur le bout de son nez aquilin rendrait l'apparence de melle Jefferson moins ravissante, la dame retira brusquement ses montures rouges et les posa avec agressivité sur son bureau avant d'entrelacer à nouveaux ses doigts, sa bouche démontrant clairement sa colère intérieure.

    « Vous êtes donc aussi idiote qu'ignare. Je ne suis pas surprise. »

    En suivant ces paroles dures, la dame se releva d'un mouvement sec et ouvrit l'un de ses tiroirs rageusement, provoquant un bruit sourd dans la salle silencieuse. Des sons de farfouillement dans des piles de papier bien rangés se firent entendre à la suite tandis que la dame cherchait un document, ses sourcils toujours froncés dans une expression ennuyée. Trouvant ce qu'elle cherchait, sa main posa triomphalement un dossier sur la surface du bureau et Renna prit quelques secondes pour lever les yeux dans une expression grave sur la jeune fille avant d'ouvrir le dossier. Celui-ci, bien garni en feuilles diverses, semblait peiner sous le poid des feuilles qu'il devait contenir sans se plaindre. La jeune dame parcouru rapidement les feuilles de gestes brusques, avant de s'en saisir d'une en particulier.

    « Myra Jefferson, étudiante en quatrième année. Vous avez tout un dossier melle Jefferson, à votre place je serais des plus fière. Tout du moins si vous souhaitiez être un exemple parfait de pathétisme et d'idiotie pour vos camarades. »

    Elle releva le regard quelques secondes pour percer la jeune femme d'un air condescendant avant de continuer sur le même ton dérisoire :

    « Je vous assure, melle Jefferson, que ces camarades n'ont besoin d'aucune aide de votre part pour être idiots ou pathétiques. »

    Sa main jeta d'un geste dédaigneux la feuille sur le bureau tandis qu'elle observait à nouveau sa vise-à vis. Elle ne doutait pas une seule seconde que ce monstre aux yeux verts se ficherait pas mal de ce qu'elle venait de dire, après tout s'il y avait bien une chose que melle Jefferson avait prouvé avec le temps c'est qu'elle n'avait rien à cirer de ses études ou de ce que les autres pensaient d'elle. La vérité était que Renna avait dit tout ceci plus pour se défouler contre la jeune femme que pour réellement la choquer. L'une des raisons pour laquelle la dame était si frustrée par toute cette idée de cours particuliers, était qu'elle savait pertinemment que jamais la jeune femme n'accepterait de se faire aider pour la simple et unique raison qu'elle ne se considérait probablement pas comme quelqu'un aillant besoin d'aide. Personnellement, Renna se fichait pas mal des difficultés scolaires du jeune monstre. Si elle voulait se gâcher la vie s'était son problème et elle n'avait pas envie de lever le petit doigt pour relever la situation. Renna n'avait pas du tout l'intention de jouer aux bons samaritains en faisant melle Jefferson devenir la parfaite petite étudiante et en l'aidant à passer ses cours pour faire quelque chose de sa vie. Non, ce qu'elle voulait s'était simplement la forcer à entrer des notions de base dans son crâne vide et lui faire passer un examen de cours d'été pour prouver à ce crétin de directeur que ce n'était pas sa façon d'enseigner qui était ridicule, mais plutôt les étudiants eux-mêmes. Elle ne doutait pas une seconde que melle Jefferson n'allait pas être disposée ni à étudier, ni à effectuer des exercices secondaire. Renna ne cherchait pas vraiment à ce qu'elle le fasse d'ailleurs, elle n'espérait pas tant. La professeur s'attendait plutôt à ce que cette peste ne devienne qu'encore plus nulle en mathématiques sous sa tutelle qu'elle ne l'était auparavant. La dame ne savait, en vérité, pas du tout ce qu'elle faisait. Sachant tout ceci sur la jeune femme, n'importe qui aurait abandonné l'affaire et quitté les lieux. Mais l'enseignante fulminait et ne voyait pas clair. En ce soir précis, elle ne voulait que passer sa frustration sur la jeune femme et la confronter à la situation pour qu'elle soit aussi frustrée qu'elle même, voilà tout.

    La jeune femme finit par remettre d'un geste calculé ses lunettes sur le bout de son nez et observer l'étudiante d'un air calculateur pendant quelques instants, avant d'entamer sur un ton exaspéré :


    « L'ironie dans tout cela, melle Jefferson, est que votre idiotie a intéressé notre cher directeur à un point tel qu'il lui a semblé inévitable de me conseiller de redresser votre situation. Voyez comme en cherchant à devenir rebelle et imbécile, vous ne devenez que plus intéressante pour ce corps scolaire que vous semblez tant détester. »

    La dame se leva d'un mouvement brusque à nouveau et s'avança dans la salle de classe pour poser deux mains sur le bureau derrière lequel Myra Jefferson était assise, la fixant d'un regard méprisant et glacial. Pendant plusieurs secondes, elle ne fit que l'observer derrière ses lunettes, ses lèvres pincées dans une expression déplaisante. Son esprit jubilait de se trouver si près de l'objet de sa fascination et ce fait ne faisait qu'augmenter sa mauvaise humeur.

    « Puis-ce que vous semblez si incapable de le deviner par vous-même, je vais vous révéler ce qui se passe, mademoiselle Jefferson. Il se passe que notre cher proviseur a cru bon de vous attribuer un tuteur particulier afin que vous puissiez obtenir des notes moins honteuses dans au moins une de vos matières. Il se passe, que je serais ce tuteur. »

    Les yeux perçants tâchèrent de deviner une lueur d'horreur dans les iris verdâtres, ce serait si délicieux que de savoir que ses propres sentiments frustrés face à cette situation étaient partagés. Ils tâchèrent aussi d'ignorer les battements plus hâtifs de son propre coeur puisqu'elle se trouvait si près de la jeune femme qui avait hanté ses pensées jour et nuit pendant près de 18 longues années de souffrance. La vie était réellement injuste.
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyLun 25 Juil 2011 - 15:16

    C’était bien la première fois qu’un adulte voyait Myra dans cet état. Disons que même son père n’avait jamais eu le privilège de la voir s’abandonner à des voyages acides ou enfumés, dont elle sortait à peine consciente de ce qu’il s’était produit. Elle vacillait dangereusement sur l’océan d’un onirisme palpable, uniquement lorsque son corps subissait les effets de produits illicites. Elle se sentait à la fois apaisée et malade, parce que son estomac lui rappelait incessamment les litres d’alcool avalés insouciamment. En même temps, elle était bien obligée de descendre de son petit nuage, car la réalité s’incarnait en Renna M. Johnson, comme un monstre aux griffes acérées et à la cruauté inégalée. Elle l’entendait se déplacer de temps à autres, et chaque fois que ses talons claquaient, l’écho du choc résonnait dans sa tête et lui octroyait une migraine inextinguible. Elle aurait aimé lui dire stop, afin qu’elle cesse de la provoquer délibérément. Elle n’y était pour rien de son point de vue personnel, alors que jusqu’à preuve du contraire, personne ne l’avait forcée à ingérer autant de substances d’un seul coup. Elle était l’unique responsable de son malaise, et elle aurait dû se sentir honteuse, à l’idée de ramper telle une larve aux pieds de son professeur de mathématiques. Parallèlement, la jeune femme assurait le suivi de ses notes, et pouvait analyser le moindre de ses résultats. Myra ignorait ce qu’il s’était passé pour qu’elle y mette autant de conviction dans sa façon de faire, mais elle pressentait que quelque chose se tramait dans son dos, et que son flegmatisme ainsi que son je-m’en-foutisme y étaient pour beaucoup. Etait-ce à cause de ses excès, ou simplement parce que son laxisme agaçait perpétuellement le corps professoral en charge de sa scolarité ? Oh, et puis peu importait. Pourquoi se soucier d’une cause par laquelle elle ne se sentait pas concernée ? Après tout, elle était jeune, alors autant en profiter et remettre ce type de problème à plus tard.

    Cependant, madame Johnson n’était pas du genre à procrastiner. A maintes reprises, elle observait la jouvencelle d’un air méprisant et dédaigneux. Son attitude, tout comme son allure, était altière et poussait à l’intimidation. Myra ne savait pas trop quoi répondre à ses innombrables insultes, et laissait couler en savourant son joint du bout des lèvres. Elle continuait d’en extraire des nuages bien consistants, qui se laissaient ensuite mourir dans l’atmosphère. De temps à autres, son coude appuyé contre le rebord de la table glissait, et manquait de lui faire perdre son équilibre. Cela ne faisait que trahir davantage sa perte de contrôle et cette ivresse qui peinait à se retirer. Elle avait osé espérer que tout ceci n’était qu’un malheureux cauchemar, mais à en juger par la parfaite froideur de ce pupitre, et le parfum bel et bien tangible de son vis-à-vis, elle n’était pas dans un songe. Elle était confrontée à une réalité tortueuse, qui la mènerait fatalement à un dénouement tragique. Ainsi, par souci de ne pas en montrer plus sur son état laborieux, elle se tut comme lui conseilla Renna. Celle-ci serait peut-être agréablement surprise par sa docilité, et lâcherait la pression afin de ne pas rabaisser davantage son élève. Toutefois, vu comme elle était partie, il serait utopique d’imaginer une Miss Johnson indulgente et compatissante, dont le courroux ne serait que passager, et s’interprèterait comme une façon de bousculer son prochain. Clairement, elle prenait un malin plaisir à déstabiliser Myra, et sensiblement, l’aversion ressentie à son encontre n’arrangerait pas les circonstances.

    - Fait chier …

    Tout à coup, elle laissa échapper ce murmure pour elle-même. En dépit du Martini qui coulait dans ses veines, elle commençait à comprendre approximativement où l’adulte voulait en venir. Après s’être installée à son bureau, elle avait farfouillé dans ses tiroirs, avant d’en extirper un dossier bien consistant : celui de Myra Jefferson. Elle le feuilleta, toujours en conservant son air exécrable, et lui expliqua l’envergure de la situation. Apparemment, ses résultats et son comportement étaient si catastrophiques, qu’ils exigeaient une revue complète de son parcours. Tant et si bien qu’elle la qualifia de stupide et pathétique.

    - Je vous en foutrais de la stupidité et du pathétique, madame Je-sais-tout ! rétorqua-t-elle sur un ton vindicatif.

    Décidément, la beauté ineffable de Johnson n’avait d’égale que sa méchanceté. C’était bien la première fois que Myra avait affaire à un professeur dénigrant délibérément ses disciples, pour la simple et bonne raison qu’ils n’étaient pas fichus de résoudre des équations du premier degré. Si encore sa matière pouvait servir à quelque chose dans la vie quotidienne, ses crises de nerfs pouvaient être excusées, mais ce n’était pas le cas. D’aussi loin qu’elle se souvienne, Myra n’avait jamais procédé à la résolution d’une équation du premier degré pour se lever, prendre sa douche, petit-déjeuner, aller faire des courses, traîner des pattes pour aller en cours, et je vous passe toutes les activités fascinantes qui jalonnaient son existence. En fait, si elle avait été un peu plus lucide, elle se serait peut-être doutée du fait qu’il devait y avoir autre chose. Renna avait beau se défendre derrière des arguments, comme quoi c’était le directeur qui l’avait convoquée, il n’était pas conventionnel de se comporter ainsi, à l’égard d’une jouvencelle qu’elle connaissait à peine. Cependant, Myra étant trop flinguée pour se soucier de cela, elle la fixa telle un merlan frit en continuant de fumer son joint, et en se pâmant sur les volutes qui en émanaient. Tandis que l’adulte poursuivait son baratin, la Rebelle l’imitait caricaturalement en reproduisant ses mimiques orgueilleuses. Elle bomba la poitrine et la singea jusqu’à ce qu’elle se lève brusquement de son bureau. Elle s’approcha d’un pas certain jusqu’à la table située derrière elle et, son souffle courant sur sa nuque tandis qu’elle prononçait la sentence irrévocable, Myra réprima un frisson de dégoût. Elle avait envie de s’esclaffer tellement la situation était cocasse. Et d’ailleurs, ce fut ce qu’elle fit, en riant comme une folle à gorge déployée. Son rire devait chanter à des kilomètres à la ronde, ce qui aurait le don de faire frémir les murs dont les oreilles devaient être bien à l’écoute à cet instant précis.

    - Parce que vous croyez que je vais m'laisser dompter comme un toutou ? Vous vous foutez le doigt dans l’œil, ainsi que dans tous les orifices possibles et imaginables ma p’tite dame !

    Pour une personne complètement ivre, elle était loquace, car s’il y avait bien une chose qui la galvaniserait jusqu’à son dernier souffle, c’était sa soif d’indépendance et de liberté. Elle avait su échapper aux principes traditionalistes de son imbécile de mère. Par conséquent, il était hors de question qu’elle se fasse dresser par cette femme néfaste et ignominieuse, dont la seule présence suffisait à la mettre en boule. Ainsi, se retirant temporairement de son emprise, elle poussa fermement sa chaise de ses genoux branlants, s’avança en tanguant jusqu’au bureau, après quoi elle posa un regard hagard sur la pile de feuilles constituant son dossier. Fixant tour à tour le professeur et sa paperasse, elle finit par y écraser sèchement son joint en arborant un sourire triomphal. Puis, manquant de tomber pour la énième fois, elle s’appuya lourdement sur le bord du bureau, et se laissa glisser jusqu’à pouvoir poser ses fesses sur cette même chaise où s’était assise Renna. Elle soutint son regard et, comme pour alimenter le feu de sa colère, elle s’accapara le dossier et en éparpilla délibérément les feuilles aux quatre coins de la pièce, sans se soucier de leur importance.

    - L’éducation, l’éducation, mais qu’est-ce donc que l’éducation ? Oh, mais que vois-je, Renna M. Johnson, petit mouton tout doux et tout docile de l’éducation ! Vous savez quoi, m’dame, vous pourrez faire tout c’que vous voulez, personne n’pourra m’influencer. Parce que j’suis mon propre maître et que je crache sur vos valeurs morales à trois sous. Vous vous prenez pour quelqu’un alors que vous n'êtes rien. Parmi les milliards de terriens occupant cette fichue planète, vous êtes personne. Vous entendez c’que vous je dis ? PER-SONNE ! Alors me faites pas chier avec vos réformes à la con !

    Pour se donner de la contenance, elle voulut se relever mais finit par épouser le sol de tout son long. Elle émit un petit gémissement de surprise, et pleurnicha en sentant une vive douleur enflammer son poignet. En tombant mollement sur le carrelage, elle s’était malencontreusement appuyée de tout son poids. Dans un premier temps, elle s’efforça de ne pas y prêter attention, mais sa seconde chute fut celle qui lui annonça la fin de ce petit manège indécent. Se traînant comme une dératée jusqu’à la chaise, elle parvint à s’y hisser à l’aide de son bras encore valide, et une fois chose faite, inspira un grand coup en n’osant pas observer les réactions de son interlocutrice. Parce qu’à ce moment là, une petite voix lui faisait sournoisement savoir qu'elle était burlesque et infantile.
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyLun 25 Juil 2011 - 16:20

    S'être éloignée à nouveau de la jeune femme n'empêcha pas Renna de serrer durement la mâchoire au rire qui sonnait faux. Faisant maintenant dos à la jeune femme, elle serra les poings et ignora la douleur que ses paumes durent endurer comme ses ongles les martyrisaient maintenant cruellement. Cette peste de monstre aux yeux verts allait définitivement causer sa perte. Bientôt on pourrait lire dans tous les journaux qu'une enseignante déglinguée avait commit un meurtre inexcusable, celui de l'une de ses propre étudiante. Mentalement, la dame pensa à tous les moyens qu'elle pourrait utiliser pour torturer cette vile impertinente, cette fois-ci fidèle à ce que l'on pourrait déduire de ses pensées. Ses yeux lancèrent des éclairs au pauvre tableau innocent qui aurait bien voulut se recroqueviller sur lui-même pour ne pas avoir à endurer un tel regard. Madame je-sais-tout ? Dompter comme un toutou ? Était-ce donc cela que cette idiote pensait réellement d'elle, qu'elle était une vieille fille avec un copieux bâton dans l'arrière train, frustrée de par une vie sexuelle vide qui s'amusait à lever le nez en l'air et prétendre tout connaître ? Une telle enseignante ne pourrait jamais, il est vrai, arriver à 'dompter comme un toutou' cette garce d'étudiante. Une telle enseignante ne pourrait que terminer dans une copieuse dépression ou alors au sommet d'un établissement à penser sérieusement à se jeter en bas. Renna Maria Johnson n'était pas cette enseignante. Elle n'était pas mal baisée, elle ne possédait pas de bâton dans l'arrière train et jamais elle ne s'abaisserait à croire qu'elle connaissait tout. Il existait tant de choses en ce monde qu'elle voulait apprendre, tant de savants à étudier, tant de livres à lire. Une personne qui se déclarait 'je-sais-tout' se déclarait inévitablement 'je-sais-rien. Renna nourrissait une haine poussée pour ce genre d'individus, parce que pour elle le savoir était une chose sacré. Que cette peste la croit capable d'une telle attitude ne faisait que monter d'un cran sa persuasion que melle Jefferson n'était qu'une ignare. Pourquoi, pourquoi devait-elle être celle qui apprendrait à cette jeune impertinente les vérités de l'existence ? Était-ce parce qu'elle n'abandonnerait probablement jamais, peu importe les âneries que la jeune femme lui lancerait ? Ou était-ce tout simplement parce qu'elle était la meilleure personne pour ce travail ? Melle Johnson n'avait aucune idée de la raison. Ce qu'elle voulait c'était de déclarer haut et fort qu'elle n'avait aucune envie d'éduquer cette garce. Elle aurait préféré avoir à endurer milles heures de cours avec ses pires étudiants plutôt que ça. Mais voilà, elle n'avait guère le choix.

    L'enseignante ne se retourna pas en entendant les pas badauds de la jeune femme derrière elle. Elle se refusa également à répliquer à ce tas d'âneries qui sortaient de cette bouche sale, fronçant tout simplement les sourcils. Elle finit par tourner légèrement le regard pour noter le joint posé au milieu des feuilles et le regard triomphal que lui lançait la jeune impertinente. Les yeux glacials regardèrent le milieu de la première feuille dorer devant la chaleur du joint et les cendres se répandre sur la surface du papier sans grande émotion. La vérité était qu'elle se fichait pas mal de ce dossier. Il appartenait au proviseur et elle ressentait une extrême satisfaction de savoir qu'il allait recevoir ses précieuses feuilles si lâchement salies. Elle aurait même voulut écrire un peu 'Voyez ce que vous me coller comme cas désespéré' avec une petite flèche vers les restes du joint, mais considéra cette réaction des plus puériles après mûre réflexion. Après son sabotage héroïque, la jeune femme se mit à éparpiller les feuilles et à les lancer en tous sens sans grande préoccupation, regardée par une enseignante neutre. Le regard sévère de Renna suivit les galipettes de son étudiante encore une fois sans grande émotion, ses yeux ne suivant même pas les mouvements des feuilles de papier, plus occupés par l'observation d'un visage satisfait de lui-même. L'adulte songea un moment que ces feuilles devaient avoir prit un temps fou à classer et qu'il était probablement cruel de les remettre pêle-même dans ce fichu dossier, mais se reprit rapidement. Ce crétin de directeur était la raison pour laquelle il devait endurer cette garce et ses agissements d'enfant alors il allait devoir se satisfaire de ce résultat. On récolte ce que l'on sème, comme le dicton le dit si bien. À la suite de ce merveilleux spectacle de puérilité ivre, la charmante melle Jefferson se mit à lui faire la morale d'un ton à peine stable. Elle suivit le monologue sans réagir, ses poings toujours serrés et son regard frigide toujours fixé sur la jeune femme. Elle se demandait calmement si cela faisait souffrir la garce d'être si idiote ou si c'était simplement dans son code génétique. Renna continua d'écouter, de suivre des yeux. Il lui semblait que le spectacle devenait de plus en plus ridicule et triste, mais melle Jefferson était si bien partie qu'il lui semblait cruelle de l'arrêter en si grand élan. D'ailleurs, ce dit élan provoqua sa chute bien élégante sur le sol.

    L'enseignante observa d'un air mauvais la jeune femme maintenant sur le cul, se demandant encore une fois si cela faisait mal à Myra d'être si ridicule. Il lui semblait inconcevable qu'une telle stupidité d'esprit existe sur cette terre. Néanmoins, elle reconnu silencieusement que sans stupidité les humains pourraient être vus comme des êtres intelligents, ce qui n'était aucunement le cas, tout du moins à son avis. Les yeux bleutés suivirent la silhouette humiliée jusqu'à ce que celle-ci se perche à nouveau sur sa chaise, son regard plongé vers la surface du bureau. Un silence de plomb d'installa dans la salle. Puis, Melle Johnson se mit lentement à applaudir.


    « Bravo, melle Jefferson, vous venez de me prouver que vous pouviez être encore plus puérile que de norme. »

    L'un de ses collègues aurait pu sourciller devant cette attitude condescendante avec une élève et lui lever un doigt réprobateur en soulignant qu'une telle attitude était interdite face aux étudiants. Sans doute qu'elle aurait pu se faire coller un sermon par ce cher directeur qu'elle aimait tant depuis cette belle journée ensoleillée. Mais Renna s'en fichait complètement. Elle se fichait du protocole, elle se fichait des règles. L'enseignante savait que si elle voulait arriver à ses fins avec cette garce de Jefferson, il lui faudrait être brutale et chiante. Son activité préférée. Myra ne respecterait probablement jamais une enseignante douce et craintive. Elle ne respecterait probablement jamais une enseignante point barre. Mais Renna ne cherchait pas à être respectée, elle cherchait à démontrer à cette jeune impertinente que l'idiotie dont elle faisait preuve ne lui servirait à rien dans sa misérable existence. À rien sauf à l'enfoncer, bien entendu. Non que Renna se préoccupe du futur de cette jeune bronzée à cervelle d'oiseau, mais il lui semblait jouissif comme activité que de faire réaliser à melle Jefferson à quel point elle avait tord sur la vie. La dame poussa un soupir en observant le désordre de sa salle de classe, haussant un sourcil. Elle finit par s'avancer pour faire face à son étudiante, le bureau le seul obstacle entre elles deux. Ses yeux se fixèrent sur la masse de cheveux noirs épais sans grande émotion avant qu'elle ne se mette à parler sur un ton neutre, mais ferme.

    « Avez-vous terminé d'agir en parfaite enfant ou devrais-je attendre encore quelques minutes, mademoiselle Jefferson ? »

    Elle continua de fixer la tête baissée sans vraiment attendre de réponse. Renna avait deviné que la jeune femme s'était blessée en tombant, le petit cri de surprise douloureuse ne lui avait pas échappé après tout. Elle savait également que si cette garce finissait par être blessée grièvement, ce crétin de directeur trouverait moyen de tout lui mettre sur le dos. Mais pour le moment, elle préférait ignorer la blessure en faveur de montrer à la jeune femme qu'elle se méprenait sur sa personne. L'enseignante posa une main sur le bureau dans un geste décisif, offrant à la jeune femme une vue de ses ongles rouges bien taillés.

    « Sachez, melle Jefferson, que je n'éprouve aucun plaisir à être votre tuteur. Au contraire, je ne souhaiterais rien de plus que vous disparaissiez entièrement de cette école, puisque vous semblez si soucieuse de vous faire renvoyer. Je n'ai aucun respect pour votre personne, aucun espoir non plus. La vérité est que vous êtes un poids pour cette académie et pour vous-même. Vous n'accomplissez rien, vous n'écoutez rien et vous vous fichez de tout. Dites-moi melle Jefferson, que pensez-vous accomplir avec une telle attitude ? Je suppose que votre esprit n'y a même pas pensé. »

    Il arrivait très souvent à Renna de devoir faire face à des étudiants paresseux ou tout simplement stupides. Il lui arrivait aussi très souvent de les moquer publiquement devant la classe. Se faisant, la jeune dame ne voulait pas être cruelle et ne possédait pas ce plaisir qu'éprouvaient les sadiques à humilier les gens. La vérité était que la dame agissait ainsi dans l'espoir que ces morveux lui prouveraient le contraire à l'avenir, qu'ils se ressaisiraient et feraient tout pour lui prouver qu'elle avait eu tord sur leur compte. Renna n'avait rien à faire de trouble-fêtes dans sa salle de classe. Son but était d'apprendre à ses étudiants à se discipliner et à accepter que dans la vie, il y avait autre chose que l'amour et la boisson. Elle s'y prenait de façon sévère et dure, mais quand on comprenait ses motifs il devenait plus aisé de la considérer autrement que comme une tortionnaire sans coeur ni compassion. Renna n'avait jamais été une mauvaise personne ou quelqu'un de cruel. Elle était froide et préférait la vie en solitaire, mais ce n'est pas pour autant qu'elle voulait la perte de tous et qu'elle s'abaisserait au meurtre. La situation du monstre aux yeux verts était catastrophique, il fallait bien se l'avouer. La jeune femme ne réussissait presque dans aucun de ses cours et semblait ne pas s'améliorer. Si cela continuait ainsi, elle allait probablement se faire suspendre. Quand Renna avait apprit tout ceci, elle avait ressentit une énorme frustration que d'être celle à qui la responsabilité était de redresser la jeune femme. Mais secrètement, elle avait été choquée et inquiète. Il lui avait semblé toute sa vie que cette jeune femme était bien plus qu'une paresseuse idiote. Elle savait qu'à l'intérieur, une jeune femme intelligente se trouvait. Ou tout du moins, elle donnait le défi à melle Jefferson de le lui prouver. C'est sans doute pour cette raison qu'elle continuait ainsi de la titiller d'insultes, pour voir ce qu'elle répondrait.

    « Je n'irais pas par quatre chemins. Ceci est votre dernière chance de prouver que vous souhaitez ne pas gâcher votre vie d'enfantillages. Si vous échouez sous ma tutelle, il vous sera interdit de continuer à étudier ici. Est-ce clair, mademoiselle Jefferson ? »

    La dame attendit quelques instants, puis se saisit presque délicatement du poignet blessé pour l'observer avec attention. Ses doigts parcoururent avec délicatesse la peau sensible tandis que ses yeux perçants observaient, cherchant à découvrir la nature de la dite blessure. Elle tint fermement le membre de la jeune femme afin d'éviter que celle-ci ne tente de fuir, car cela ne risquerait que de la blesser d'avantage. Notant que la blessure était tout sauf sérieuse, elle poussa un soupir et déposa le poignet à nouveau, un peu plus brusquement. Puis, elle arqua un sourcil avant d'ajouter sur le même ton acerbe :

    « Je vous félicite de vous être vous-même humiliée. Dois attendre encore un comportement puéril de votre part ou puis-je espérer une réponse civile ? »
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyLun 25 Juil 2011 - 17:22

    Si Myra avait eu la décence de s’observer attentivement, elle soulignerait avec opprobre sa débilité profonde, ainsi que l’ignorance dont elle faisait preuve en présence de Renna. Cependant, ce n’était pas par manque d’intelligence qu’elle agissait ainsi, mais parce qu’elle avait quelques fois souffert de ces conditions dans lesquels l’Homme était contraint d’évoluer. Naître dans une famille que l’on ne choisissait pas, obéir à ses parents en gobant naïvement leurs principes et leurs morales, devenir leur fierté en travaillant bien à l’école tout au long de son enfance et de son adolescence, avant de prendre son envol avec un diplôme et une profession à la clé. Myra avait l’impression que ce schéma déjà tout tracé ne lui laissait pas énormément de liberté, et elle pensait que la rébellion, aussi impulsive pouvait-elle être, était une démonstration d’intelligence. Or, toutes ces personnes qu’elle fréquentait à ses heures perdues, n’étaient majoritairement que des enfants à problèmes. Ils trahissaient inconsciemment leurs faiblesses en jouant les durs à cuir, et en provoquant les limites de leur santé. Ils étaient irresponsables parce qu’ils étaient effrayés, et ils étaient effrayés parce que jusqu’à présent, l’existence ne leur avait pas permis d’avoir davantage confiance en eux. Peut-être bien que c’était cette raison qui poussait Myra à se focaliser sur son indépendance qui, à ses yeux, rimait avec sottises, excès et je vous passe les détails. Les seules connaissances générales qu’elle avait parfaitement mémorisées, étaient celles liées à des pratiques peu orthodoxes, visant à se détourner du droit chemin. Si elle n’était pas douée pour s’assurer un avenir florissant, elle était en revanche très douée pour le réduire à néant. C’était un talent comme un autre, qu’elle allait pourtant devoir reconvertir, afin qu’il ne soit plus un inconvénient mais bel et bien un avantage dans son développement personnel. Elle allait sur ses vingt ans et n’avait aucune perspective d’avenir. Forcément, arrivé à ce point, elle avait tendance à prendre ses jambes à son cou et à adopter la politique de l’autruche. Foncer tête la première dans les coups foireux, sans jamais prendre du recul et admettre que l’on avait tort. C’était sa spécialité, et après s’en être vantée durant des années, elle en vint à se demander si ce n’était pas la cause de sa propre dépréciation. Admettons, si un jour elle parvenait à résoudre une équation du premier degré à la perfection, n’en tirerait-elle pas une grande fierté ? Et lorsque cette victoire s’appliquerait dans d’autres domaines qui lui tenaient plus à cœur, comme la couture, ne s’autoriserait-elle pas à régner du haut de son piédestal ?

    Après être passée par une phase colérique, elle avait envie de craquer et de pleurer toutes les larmes de son corps. Des sentiments purement contradictoires lacéraient son cœur, et des pensées totalement paradoxales s’entrechoquaient dans son esprit. Dans sa tête, c’était un champ de bataille qui prenait forme, dévoilant le territoire apocalyptique de ses incertitudes et de ses appréhensions. Elle était presque une adulte aux yeux de l’état japonais, mais elle agissait comme une enfant. C’était bien ce que Renna essayait de lui faire comprendre, mais la faible douleur enlaçant son poignet, et les effets restants de l’alcool additionnés à l’herbe l’empêchèrent de le réaliser. A présent, elle n’était plus perchée sur son nuage acidulé. Elle en descendait progressivement, touchant douloureusement la terre du bout de ses orteils. Les nausées s’intensifièrent, et sa tête lui tournait atrocement. Elle avait une envie irrésistible de vomir. Est-ce qu’il y avait une corbeille ou un récipient semblable pour lui éviter de répandre sur le sol le résultat de son irresponsabilité ? Tandis que Renna se rapprochait d’elle et continuait de la morigéner en lui demandant si elle en avait terminé avec ses idioties, Myra chercha de quoi se soulager d’un air paniqué. Elle se recroquevilla légèrement et inspira un grand coup, tout en sentant le regard perçant et rancunier de son interlocutrice. Elle avait cessé de la provoquer de front, et hissait inconsciemment le drapeau blanc en reconnaissant qu’elle avait légèrement abusé. Encore que « légèrement » était un violent euphémisme qu’il convenait de corriger. Du coup, ne trouvant aucune issue à son problème, elle daigna tendre une oreille attentive à Renna, et se concentra sur le rouge écarlate de ses ongles parfaitement manucurés. A cette vision, elle eut deux fois plus envie de régurgiter et eut un haut-le-cœur d’abord étouffé, puis de plus en plus expressif. Et finalement, à la question « Que pensez-vous accomplir avec une telle attitude ? » , elle ne trouva rien à répondre hormis :

    - J’vais vomir.

    Par chance, elle aperçut la corbeille tant convoitée, située sous le bureau du professeur. En se penchant pour l’attraper, elle défaillit et plongea tête la première dans le récipient ultérieurement rempli de paperasses en tout genre. L’ivrogne se vida littéralement de son vice, ainsi dépossédée du démon qui la hantait jour et nuit. Elle passa deux bonnes minutes à cracher ses tripes, et pouvait clairement sentir le regard glacial, exaspéré et écœuré de son enseignante. Elle était presque blessée à l’idée de la décevoir, après son père qui la soupçonnait de réellement le faire exprès. Toutefois, elle n’y pouvait rien. Elle ne voyait en elle qu’une incapable, spécialisée dans les soirées branchées, avec prise de pilules magiques à la clé. En même temps, c’était elle qui s’était confectionnée son propre moule, au point de se persuader de sa véracité. Pourtant, il y avait pas mal de critères qui en dissimulaient d’autres, bien plus intéressants et valorisants pour la demoiselle. En attendant, elle se montra épuisée par l’effort qu’elle venait de produire, afin d’expulser de son enveloppe tous ces litres de Martini. La tête en arrière, elle eut l’étrange sensation de revivre. Elle venait clairement de dire adieu à un poids considérable qui, cependant, ne l’empêcherait pas d’avoir une gueule de bois monstrueuse. Elle redoutait ce lendemain comme tous les autres, car elle s’attendait à ce que l’estime porté à son Ego soit encore plus bas que les fois précédentes. Ce comportement ne l’amusait pas autant qu’avant, il ne faisait que détruire son image. Naturellement, son état d’esprit en pâtissait, et ce fut en toute connaissance de cause qu’elle surprit les paroles menaçantes de Renna. Apparemment, sa scolarité et tout ce qui allait avec dépendaient de ces séances de tutorat. Forcée de reconnaître la délicatesse de la chose, elle eut tôt fait de se décourager en visualisant tous les cours qu’elle n’avait pas assimilés.

    - Dans ce cas, considérez que j’suis déjà virée. Ou alors, j’en viendrai à croire que vous êtes suffisamment masochiste pour prendre cette mission au sérieux. Vous l’ditez vous-même, je suis une moins que rien idiote et pathétique. J’vois pas pourquoi vous vous torturez l’esprit avec ça. Vous êtes en train de gaspiller une nuit pour rien, et comme preuve de mon cas éternellement désespéré, vous aurez qu’à montrer ce fameux dossier que j’ai mis en charpie.

    L’estomac désormais creux, elle n’eut pas le courage de se lever pour quitter la pièce et rejoindre sa chambre. De toute évidence, il serait surprenant que Renna la laisse partir après ce qu’il s’était passé. A moins de renoncer au tutorat au profit d’une expulsion définitive, elle ne voyait pas comment elle pourrait se défaire de cette femme au tempérament glaciaire. Au cours de son cirque, elle avait su rester impassible. Ce qui signifiait que, contrairement aux autres adultes, elle ne pourrait pas la rendre chèvre et lui faire baisser les bras. Les autres enseignants ne s’étaient pas évertués à refaire son éducation. Ils s’étaient contentés de la laisser crever sur le bord de la route, en attendant que son dossier scolaire soit suffisamment catastrophique pour lui claquer la porte au nez. Alors pourquoi ne faisait-elle pas pareil ? Un élève de plus ou de moins, cette académie ne manquait pas d’éléments pertinents et prodigieux. Elle avait raison en disant qu’elle n’était qu’un poids pour cette école. Elle n’y méritait pas sa place. Mais si elle était parvenue à y faire son entrée, c’était bien pour une raison. Pour l’une des rares fois de son existence, des adultes avaient vu quelque chose en elle qui pourrait la conduire à la réussite, faute de quoi son piètre dossier n’aurait pas été validé. Cependant, elle avait gâché cette opportunité offerte, et le regrettait amèrement à cause de cette foutue Renna qui la remettait en question. Elle lui retournait le cerveau avec ses introspections, et elle n’eut pas tôt fait de crier « ouf », qu’elle en remettait une couche. Pour l’heure, après avoir exposé sans ambages ses intentions, elle en était venue à lui demander si elle pouvait espérer une réponse civile de sa part. La tête comme un ballon et ses paupières s’abaissant lentement mais sûrement, elle opina mais voulut se défaire de l’étreinte gardant son poignet captif. D’un mouvement brusque, elle parvint à se dérober et entreprit de se remettre sur pieds. Elle était moins sujette aux nausées mais expérimentait quelques vertiges.

    - J’commencerai à m’comporter correctement lorsque vous cesserez d’me rabaisser. Je maintiens mes propos selon lesquels vous n’êtes rien sur cette planète. Moi non plus, je n’vous respecte pas, et c’n’est pas parce que vous me prendrez en charge que je vous considèrerai comme le messie. ‘fin bon, j’vois pas pourquoi je m’embête à vous dire ça, puisque vous êtes une empotée sentimentale.

    Et puis, ses paroles étaient assez illogiques. En exigeant le respect, elle le réfutait d'office en refusant de le pratiquer réciproquement auprès de son enseignante. L'incohérence de ses mots prouvaient bien qu'elle n'était pas encore tirée d'affaire, et que seule une bonne nuit de sommeil la remettrait d'aplomb. Cependant, alors qu'elle semblait s'être calmée, elle farfouilla dans la poche de son pantalon et y dénicha un paquet de cigarettes accompagné de son briquet. D'une main tremblotante, elle essaya de s'en griller une, en vain, puisque l'épuisement l'incitait à fléchir sous le poids des vicissitudes existentielles.
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyLun 25 Juil 2011 - 21:53

    La veine bleue qui traversait le front de melle Johnson pulsa dangereusement tandis que son mal de tête se faisait sentir à nouveau. La jeune femme prit quelques secondes pour retirer ses lunettes, les nettoyer avec un mouchoir qu'elle sortit de sa poche et pour les remettre. Durant ce laps de temps, ses efforts furent accompagnés par le bruit déplaisant de la jeune femme vomissant dans sa corbeille de classe. Au lieu d'être dégoûtée ou révoltée par les vomissements, Renna se surprise à penser que le pauvre concierge allait être bien prit au dépourvu par cette découverte inusitée. La jeune dame espérait juste qu'il n'était pas encore passé parce que sinon l'odeur allait être bien pénible à endurer durant le cours du lendemain. Cette pensée acheva de faire grimper en flèche sa frustration et l'enseignante croisa les bras avec un air ennuyé sur ses traits durs. Il ne manquait plus que ça, comme si la situation n'était pas déjà assez complexe ! Non, il fallait bien sûr que cette charmante jeune femme se mette à vomir par dessus le marché. L'enseignante se rendait bien compte qu'il était incongru de sa part de se plaindre de cet événement puisque ça avait été son idée que de se pointer au beau milieu d'une partouse d'étudiants pour sortir la jeune femme par le bras et la traîner contre son gré dans les corridors vides. Si elle n'avait pas voulut que la jeune femme soit malade dans sa salle de classe, elle aurait pu tout simplement attendre au lendemain matin avant de lui parler, surtout qu'étant donné que c'était les vacances d'été elle avait tout le temps du monde pour parler de tout ça avec melle Jefferson. Maintenant qu'elle y pensait, il était des plus difficiles pour elle de se souvenir pourquoi au juste il avait été si nécessaire de parler de toute cette histoire de tuteur avec la jeune femme ce soir là même. Si elle y réfléchissait plus avant, elle soupçonnait qu'elle n'aimerait sans doute pas sa conclusion. La vérité était qu'elle avait été si en colère contre la situation qu'il lui avait semblé impensable de passer la nuit sans communiquer son désarroi avec la mademoiselle qui provoquait ses tourments. Si elle n'arrivait pas à dormir, pourquoi l'étudiante en avait-elle le droit alors ? Ce jugement puéril était indigne d'elle et pourtant ça ne l'avait pas empêché de le produire. C'est donc sur cette attitude des plus enfantine que l'enseignante avait résolument parcourut les corridors afin de trouver melle Jefferson et de déverser sur elle son courroux.

    La trouver avait été aisé, il lui avait suffit de tout simplement être agressive avec quelques étudiants croisant son chemin et elle avait finit par découvrir que la colocataire de la jeune femme était en ce moment à la bibliothèque. Puis, la professeur avait visité la dite colocataire et menacé de lui offrir des notes affligeantes et de multiples retenues si elle ne l'informait pas de l'endroit où melle Jefferson se terrait. Le reste était aisé à deviner, la jeune dame avait trouvé l'endroit où la partouse illégale était tenue, surpris plusieurs adolescents pleins d'hormones en flagrant délit de copulation près de l'entrée et choqué tous les gens présents en tirant la jeune femme de la salle sans commentaire. Et ce, à l'entendre, exactement au moment où la dite mademoiselle s'était amusé à raconter des choses sur sa personne, non qu'elle avait écouté. La présence d'alcool et de toute sorte de produits illicites n'avait pas surpris la professeur et elle n'avait aucunement l'intention d'avertir les surveillants des activités nocturnes des élèves, sans doute parce qu'elle était trop en rogne à cet instant pour réellement penser à ce genre de chose. Sans doute aussi parce qu'elle avait autre chose à faire que de tirer satisfaction d'une telle action. Et donc voilà tout le récit de l'histoire, non que cela puisse intéresser quelqu'un d'autre que les deux concernées. Au final, Renna était déjà plus calme. Voir quelqu'un vomir tendait à changer la perspective des choses, apparemment. L'enseignante ne parvenait quand même pas à être aussi acerbe maintenant qu'elle se rendait compte à quel point la jeune femme était pathétique, ce ne serait pas humain de le faire après tout. Tandis que ses yeux suivaient les courbes du dos de la demoiselle, son esprit marchait furieusement. Elle hésitait. Oui, vous avez bien lu, la charmante enseignante hésitait du chemin à suivre. Elle était tentée de laisser l'étudiante crouler au dessus de sa corbeille sans demander son reste, claquant la porte derrière sa personne. L'enseignante était également consciente que de faire cela serait d'abandonner et de s'avouer vaincue, ce qu'elle n'aimait pas du tout. Son orgueil protestait d'ailleurs avec véhémence cette éventualité et si elle était sincère avec elle-même, elle s'avouerait sans doute que de voir l'objet de son obsession si bas n'était pas plaisant. C'était bien pour cela qu'elle la détestait, cette maudite obsession. Elle la rendait vulnérable à cette gamine et l'obligeait à ressentir des sentiments qu'elle aurait préféré enfouir sous terre.

    Avec un soupir d'agacement et une main sur le visage, la jeune dame écouta les paroles lancées vers elle sans répliquer, sa veine menaçant encore de pulser sur son front. Et merde. Il fallait que cette peste ait l'air encore plus pathétique, il le fallait. Rien que pour l'obliger à se montrer plus douce et compatissante quand elle n'en avait aucune envie. Soudain, Renna se sentie accostée du souvenir de deux grands yeux verts innocents la fixant de bas d'un air naïf et c'est précisément ce souvenir qui la força à ne pas quitter la salle.


    « Que dites-vous melle Jefferson, que vous baissez les bras ? Je vous croyais plus forte, votre répartie en classe est trompeuse. »

    Pourquoi évitait-elle la question ? Était-ce si difficile d'avouer qu'elle savait que cette garce avait une intelligence bien cachée qui ne méritait pas un tel maltraitement ? Si, ça l'était. Pour avouer une telle chose, il lui faudrait sans aucune doute changer totalement de personnalité. Cette réflexion causa à la jeune femme une autre vague d'irritation poussée.

    « Qu'importe, mes motivations ne concernent que moi. J'ai été assignée à votre cas qui est certes grave et donc je vous interdit d'abandonner. Il en va de votre avenir après tout et non du mien, vous ne pouvez en toute conscience baisser les bras. Qu'allez-vous faire de votre vie autrement ? Accueillir des clients dans un fast food avec un uniforme ridicule ? franchement je ne crois pas que la casquette vous aille bien. »

    Il était difficile de comprendre les motivations de renna à présent. Faisait-elle tout ceci parce qu'elle n'avait pas le choix, parce que son orgueil était en jeu ou tout simplement parce qu'elle en avait envie ? L'enseignante préférait ne pas y penser. Sa frustration actuelle était une preuve irréfutable que c'était probablement une combinaison des trois éléments. Celui qui était prédominant était plus difficile à cerner. Le mouvement brusque de la jeune femme pour dégager son poignet captif rappela soudainement à Renna que la situation actuelle n'était pas de bonne augure. Faisons le bilan : une étudiante saoule et malade qui avait vraisemblablement besoin des soins d'une autre personne histoire de ne pas crever durant la nuit qui n'arriverait pas à se rendre dans sa chambre toute seule, un poignet foulé qui nécessitait l'attention d'un médecin et l'infirmerie qui était fermée. Bien que l'enseignante ne se tenait pas au courant des nouvelles du personnel de l'académie, il lui avait semblé que l'infirmier en chef était en vacances. De toute façon, même s'il ne l'Était pas, Renna n'avait aucune idée de comment le contacter en pleine nuit ni de son adresse. Quelle était la solution alors ? Traîner la jeune femme jusqu'à sa chambre et espérer que ses colocataires idiotes allaient s'occuper d'elle ? Elle doutait que ceci soit la meilleure idée du monde, d'autant plus que la colocataire qui avait dévoilé l'endroit de la partouse à Renna avait précisé qu'elle dormirait chez une amie pour éviter d'avoir à endurer une Myra ivre pendant la nuit. Quelque chose lui disait que l'autre colocataire en ferait autant. C'était pas une mince affaire, il fallait bien l'avouer. Si elle laissait l'étudiante seule pendant la nuit celle-ci allait sans doute trouver le moyen de crever bêtement et cette fois c'est certain qu'elle perdrait son boulot, d'autant plus qu'ils y avaient eu des témoins à ce party qui l'avaient vu traîner la jeune femme. Le directeur allait la qualifier d'irresponsable, elle avait quand même laissé une étudiante ivre toute seule dans sa chambre. Et elle perdrait son boulot. Merde. Que faire... La solution était là, en lumières fluorescentes dans son esprit, mais elle se refusait à y faire face puisque cela voudrait dire des choses qu'elle n'était pas prête à accepter. Au final, elle du se rendre l'évidence et s'avouer vaincue. Elle allait devoir s'occuper de cette garce elle-même. Que disait le dicton déjà ? Quand on veut qu'une chose soit bien faite il faut la faire soi-même ?

    Le soupir retentit, lourd et défaitiste. La pensée qu'elle aurait à endurer les vomissements et geignements de cette fille toute la nuit ne fit qu'empirer son irritation qui grimpait déjà des sommets. Pour envenimer l'affaire, les mots de la jeune femme retentirent dans la salle et ne lui donnèrent envie que de laisser l'étudiante choir. En même temps, Renna aurait du s'attendre à cette réaction de la part de la jeune femme. Elle l'avait quand même insultée plusieurs fois d'affilé... Mais ce genre de logique n'avait pas sa place dans les pensées de la jeune femme en ce moment précis. Elle se contenta donc de fixer la jeune femme d'un air calculateur tout en pensant à comment elle allait transporter sa carcasse jusqu'à son studio en ville. Après tout, il n'était pas question qu'elle dorme dans un dortoir d'étudiant juste pour surveiller une adulte qui n'était pas foutue de passer à autre chose que son enfance.


    « Je vous signale que vous êtes en mauvaise posture pour m'insulter, melle Jefferson. Manifestement vous n'êtes pas en état de regagner votre dortoir toute seule et je ne vois personne d'autre que ma personne pour vous aider. Allez-vous réellement cracher sur cette aide ? Pousserez-vous le bouchon aussi loin que cela ? Faites attention à votre réponse. »

    Malgré les mots durs, la jeune femme avait déjà décidé qu'il était inévitable qu'elle aide l'étudiante, peu importe ce que la dite jeune femme pouvait bien en penser. Il en allait de sa réputation et de son boulot après tout ou tout du moins c'est ce qu'elle tentait de se convaincre. Son regard capta le paquet de cigarette et elle fronça les sourcils en remarquant les mouvements trembleurs. Cette fille était vraiment ridicule, se borner à fumer alors qu'elle était en si piètre état. Comme si ça allait l'aider. Une idée se mit soudain à pousser dans l'esprit de la dame et elle offrit un demi sourire en coin au paquet de cigarette avant de s'en emparer lâchement, le tenant à une distance raisonnable de la jeune femme tout en l'observant d'un air neutre.

    « La vérité est que vous n'avez guère le choix melle Jefferson, tout du moins si vous souhaitez que je vous rende votre précieux moyen de mort à petit feu. Êtes-vous prête à entendre mes conditions ? »
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyMar 26 Juil 2011 - 13:06

    C’était dingue tout de même ! Elle qui avait prévu de passer une soirée tranquille avec ses amis, se voyait affublée de propos tous plus scabreux les uns que les autres. Entre son côté pathétique que Renna lui reprochait avec véhémence, et ses attitudes qui la desservaient considérablement, elle serait loin de sortir vainqueur de ce long combat. Le retrait dont elle fit preuve en s’éloignant de son enseignante pour s’allumer une cigarette, démontrait parfaitement son découragement. Elle en avait assez d’être prise pour une imbécile, sous prétexte qu’elle ne mettait pas ses capacités intellectuelles au service de l’éducation. Après tout, si elle souhaitait bousiller son avenir, ça n’en tenait qu’à elle. Mais la responsabilité que le directeur de Keimoo faisait peser sur les épaules de Renna, dissuadait cette dernière d’abandonner le champ de bataille. Il fallait qu’elle continue de se battre coûte que coûte, afin d’obtenir un semblant de volonté de la part de la jouvencelle. Pour l’instant, elle était loin du compte. La main toujours tremblotante et le corps tanguant, Myra était peu disposée à s’affairer à un exercice quelconque de mathématiques. Dans son fort intérieur, elle réclamait le moelleux de son matelas, et la douceur de ses couvertures. Si elle en avait eu le pouvoir, elle rentrerait directement chez son père pour bénéficier de son affection, quitte à l’interrompre pendant son coït avec une parfaite étrangère. Elle avait besoin d’une présence adulte pour la guider, mais se l’avouer viendrait à reconnaître ses faiblesses. Pourtant, le moment de tirer un trait sur sa fierté mal placée n’était-il pas venu ?

    Renna avait bien raison sur un point. Myra ne pouvait pas faire semblant que tout allait parfaitement bien. Si elle persistait sur cette pente glissante, elle en viendrait à servir des clients dans un fast-food, avec une casquette et un t-shirt ridicules, correspondant à l’enseigne qui l’emploierait. Elle qui se plaignait de ne pas vouloir travailler avant longtemps était mal barrée. Jusqu’à preuve du contraire, les études supérieures pouvaient aussi être une façon de reporter ce saut vertigineux dans le monde des adultes. On se contentait de se rendre dans un amphithéâtre, de gober passivement des connaissances transmises par un Docteur spécialisé dans une discipline spécifique, avant d’aller s’enterrer dans la bibliothèque puis de rejoindre ses potes à une soirée étudiante. Grâce à son je-m’en-foutisme, elle passait à côté de pas mal de choses, et l’unique intérêt de son professeur était, dans le cas actuel, de la forger en tant qu’adulte, et non en tant que gamine impétueuse. Elle n’était plus une enfant. Cette époque où on nous tendait la main était révolue, ce qui revenait à prendre la situation à bras le corps, afin qu’elle ne nous échappe jamais. Naturellement, il y aurait toujours un coup bas du destin pour interrompre nos grandes démarches, mais ce n’était qu’un challenge comme un autre pour se prouver à soi-même que l’on était capable de grandes prouesses. Renna se doutait que Myra n’était pas plus stupide qu’un autre. Elle avait exactement les mêmes capacités qu’un intellectuel né, sauf qu’elle ne les exerçait pas. Du coup, son cerveau s’atrophiait, et elle ne pouvait plus rien en tirer. Elle aurait beau le presser comme un citron, le jus qui s’en extrairait serait d’une fadeur incommensurable. Cette fadeur serait probablement due au trop-plein de substances illicites dont elle faisait usage.

    - Je ne suis pas bête au point de refuser une aide, mais je n'fais que vous rendre l’ascenseur, espèce de langue de vipère !

    Voici sa réponse à l’avant-dernière réplique de son professeure, décrétant qu’il serait imprudent de réfuter son soutien. De toute façon, il semblerait que tout avait déjà été planifié pour modifier radicalement l’existence de la demoiselle. D’abord, l’apparition de cette femme dans sa routine sans importance, puis l’initiative du directeur qui avait pointé son dossier du doigt, sans omettre les nombreux avertissements de son père. A maintes reprises, il l’avait prévenue du fait que ses excès finiraient par se retourner contre elle. Et il avait eu raison, pour la énième fois, car n’être plus fichue d’allumer son briquet pour consumer l’extrémité de sa cigarette était un comble. D’ailleurs, ni d’une ni deux, Renna lui reprocha son obstination et osa s’emparer du paquet de cigarettes tenu fébrilement de sa main gauche. Interloquée par cette brusque disparition, elle jeta un regard belliqueux à son interlocutrice, et s’approcha maladroitement d’elle dans l’espoir de récupérer son paquet. Ce dernier étant à une distance raisonnable, elle dut sautiller pour espérer l’attraper. Et le plus rageant, c’était que son enseignante avait une taille bien plus haute que la sienne, ce qui lui octroyait la désagréable impression de s’épuiser pour trois fois rien. Elle eut beau tendre les bras après son paquet, elle ne le récupèrerait pas de sitôt, car Renna commença à vouloir imposer des conditions. Depuis quand se permettait-elle de lui ôter ses effets personnels, dans l’espoir de lui faire faire ce qu’elle désirait ? D’un autre côté, il fallait reconnaître que c’était astucieux, puisqu’ainsi, Myra était en proie à un déchirement tel qu’elle serait bien contrainte d’obéir pour pouvoir retrouver son précieux. Ainsi, d’un air presque larmoyant, elle observait son vice devenu inaccessible, et abdiqua en grommelant des jurons incompréhensibles.

    - Et quelles sont vos conditions, Majesté ?

    Elle prononça cette phrase sur un ton snobe, puis recommença à singer mademoiselle Johnson, en bombant la poitrine et en imitant son air altier. Elle aurait voulu détenir une force physique surhumaine pour lui arracher ce fichu paquet de cigarettes. Mais mis à part ses yeux verdoyants, son teint hâlé et sa longue chevelure d’ébène aux étranges reflets bleus marines, dame nature ne s’était pas montrée généreuse quant à lui soumettre une force herculéenne ainsi qu’une taille convenable, afin que son altercation avec son enseignante se fasse d’égal à égal. Les différences interindividuelles étaient telles qu’il y en aurait toujours un pour trimer tandis que l’autre s’en tirerait à bon compte. Cependant, il était essentiel de noter que l’ivrogne semblait s’être calmée dans ses ardeurs. Hormis deux phrases balancées dans le vide, elle avait cessé tout numéro d’argumentation, en clamant haut et fort que le monde entier était contre elle. Caliméro avait fini par s’extirper de ce corps, avant de se perdre dans des souvenirs enfantins. Myra titubait encore dangereusement, mais elle parvenait à suivre le fil de la conversation, ce qui était un premier point positif. Son regard hagard suspendu aux lèvres de son interlocutrice, elle appréhenda ses fameuses conditions. Allait-elle la torturer dans d’atroces souffrances ? Ou allait-elle trouver un compromis pour que tout le monde soit amplement satisfait ? Le silence amplifié suffit à accroître le suspens, tandis que les muscles de Myra se contractèrent dans un soudain élan d’anxiété.
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyMar 26 Juil 2011 - 14:12

    Si elle n'était pas en ce moment même en train de le vivre, Renna n'aurait jamais cru les rumeurs comme quoi posséder l'avantage clair sur une autre personne pouvait procurer une énorme sensation de suffisance. En ce moment, regardant la charmante melle Jefferson sautiller sur place pour atteindre un paquet de cigarette qu'elle n'atteindrait vraisemblablement jamais, l'enseignante se sentait retrouver tranquillement son calme. Peut-être était-ce parce qu'ainsi elle se vengeait de tous ces supplices que le monstre aux yeux vert avait daigné lui faire subir, ou alors peut-être simplement qu'elle avait l'impression d'avoir la main haute dans cette situation ce qui la satisfaisait. Une chose était certaine : L'enseignante avait fait un coup de maître en pensant à ce moyen de tirer de l'étudiante ce qu'elle voulait. Renna n'avait jamais été de ceux liés de servitude à la nicotine, mais elle savait que celle-ci pouvait faire un bon moyen de chantage. De voir l'élève saoule tenter pathétiquement mais si désespérément de reprendre son bien confirmait au moins ses suppositions. Pour être certaine que la jeune femme n'atteindrait pas le paquet, Renna le releva encore un peu plus, posant sa main libre sur sa hanche et osant un sourcil de défi à la jeune femme. Une telle attitude provocatrice aurait certes pu être dangereuse dans cette situation, puisque si Myra avait réussit à atteindre l'objet elle aurait vite perdu la face. Heureusement, la dame était plus grande que la jeune femme à la base et aidée par ses souliers à talons hauts. L'enseignante remercia d'ailleurs mentalement ces dits souliers tout en continuant d'observer les efforts pathétiques de la jeune femme pour reprendre son bien. Au moment où melle Jefferson sembla comprendre que ses efforts étaient futiles, Renna la vit arrêter de sautiller et lui offrir un regard ma fois très noir. Elle haussa un sourcil au 'votre majesté', pas nécessairement fâchée de se faire nommer de la sorte. Ce qui la faisait tilter plus c'était le ton que la jeune femme avait employé en lui parlant, un ton clairement moqueur qui signifiait que le surnom était bien dénué de tout le respect normalement attribué à une telle appellation. Renna haussa un sourcil de nouveau, principalement en remarquant l'attitude corporelle dérisoire de la jeune femme qui semblait tenter de l'humilier en l'imitant ainsi.

    La vérité était que cela ne lui donna envie que de rire. Un tel enfantillage ne faisait que prouver les suppositions de la dame comme quoi melle Jefferson n'était qu'une enfant dans un corps adulte. Ce qu'elle avait besoin, c'était d'une bonne fessée et d'un général militaire pour la remettre sur le droit chemin. Dire que Renna allait devoir s'Y coller... Était-ce un mal de tête qui repointait sa tête à l'horizon ? Eh oui. Eh merde.


    « Je vois que vous comprenez mieux votre situation, melle Jefferson. »

    Son ton avait été léger et aurait presque pu croire qu'un sourire condescendant se rajouterait à cette phrase, mais il n'en fut rien. Sans doute parce que Renna n'avait pas l'habitude de sourire, cela faisait travailler des muscles de son visage qu'elle jugeait inutiles. La jeune femme continua d'observer le corps de Myra Jefferson qui essayait visiblement d'imiter sa propre posture rigide afin de l'humilier, ce qui ne fonctionnerait probablement pas. S'il y avait bien une chose que la dame était consciente sur elle même, c'était que sa frustration sur la stupidité d'autrui pourrait fort bien la détruire si elle ne faisait pas attention. Du coup, quand une personne s'évertuait visiblement pour utiliser cette faiblesse chez elle, elle avait apprit à rester de marbre et à ne pas s'insulter, ce qui lui permettait de garder l'avantage. Ce jour là, elle était aidée également par le fait que la jeune femme qui lui faisait face n'était aucunement droite ou bien posée dans ses efforts à cause du copieux nombre de boissons alcoolisées qu'elle avait ingurgité au cours de la soirée. Melle Jefferson, en tentant de l'imiter pour l'énerver, ne faisait donc que prouver à Renna qu'elle était réellement pathétique et en besoin de son aide, bien qu'elle ne l'avouerait visiblement jamais. D'ailleurs la dame avait été surprise que melle Jefferson admette avoir besoin de son aide un peu plus tôt, en quelques mots bien acerbes il est vrai, mais elle l'avait fait quand même. Jamais l'enseignante ne se serait attendue à un tel comportement venant de la jeune femme. Elle prit quelques minutes pour réfléchir à ses conditions tout en continuant de fixer la jeune femme lui faisant face et son regard défiant. Pour rien au monde elle aurait donné la satisfaction à melle Jefferson d'éviter son regard, oh que non. Elle voulait que la jeune femme comprenne qu'elle faisait face à quelqu'un de fort qui saurait lui tenir tête coûte que coûte. D'ailleurs, ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle cherchait à trouver le meilleur moyen d'exprimer ses quatres volontés, ses yeux lançant des éclairs. Finalement ce fut sur un ton sec, mais des plus clairs qu'elle se mit à parler.

    « Si vous voulez recouvrer votre bien, il vous faudra accepter que je sois votre tuteur et ce pendant le reste de l'été. Chaque fois que vous remplirez correctement un exercice que je vous ferai suivre, je vous redonnerais une cigarette et une seulement. Voici ma première condition. »

    La dame ne lâcha pas le regard de la jeune femme une seule seconde, sachant pertinemment que de le lâcher ne ferait que faire croire à cette jeune impertinente qu'elle avait la main haute entre elles deux, une conclusion inacceptable. Elle attendit quelques instants avant de continuer ses mots durs, sachant pertinemment que pour s'assurer que la jeune femme accepterait ses conditions, alors il lui faudrait s'assurer qu'elle les ai bien comprises. Renna était assez fière de sa première idée, ainsi elle pourrait contrôler aisément l'étudiante sans trop se fatiguer. Certes, la jeune femme pourrait aisément aller s'acheter un autre paquet, bien qu'aux efforts qu'elle faisait pour récupérer celui-là, Renna doutait que la jeune femme n'avait pas les moyens d'acheter à tout bout de champs des paquets. Elle se doutait même que melle Jefferson obtenait ses cigarettes de façon contrebandière, probablement un étudiant sur le campus qui se faisait un peu de monnaie en vendant des produits illicites. Renna se fit une note mentale de trouver les sources de la jeune femme et de gentiment les faire disparaître, ce qui ne ferait que rendre la jeune femme encore plus à sa merci.

    « Ensuite, si à la fin de l'été je juge que vous êtes capable de repasser vos examens, vous aller le faire sans que j'ai à me battre futilement contre vous. Si vous passez ces examens, alors je vous rendrais le reste du paquet dans son intégrale et je vous achèterais même 5 paquets supplémentaires. Ceci est ma deuxième condition. »

    L'enseignante hésitait légèrement à mettre voix à sa dernière condition. Il lui semblait des plus humiliant pour elle de devoir demander une telle chose à mademoiselle Jefferson, d'autant plus qu'elle n'avait pas réellement envie de rendre cette condition une réalité. Après tout, partager son studio pendant un été complet avec une telle peste ne serait qu'un supplice pour elle autant que pour l'étudiante. L'ennui, c'est qu'elle avait commencé tranquillement à réaliser que si elle n'avait pas melle Jefferson constamment sous la main, elle ne pourrait probablement jamais la trouver. La jeune femme allait probablement la fuir et se cacher partout dans la ville, Renna avait mieux à faire que de courir après une délinquante pour qu'elle vienne suivre ses leçons, la seule idée qu'elle aurait même à courir après qui que ce soit l'indignait avec une force impressionnante. Mais comment la contrôler alors ? Comment s'assurer que l'étudiante allait obéir à ses désirs et docilement écouter ses leçons ? Elle doutait même que cela serait possible. Néanmoins, la seule solution presque plausible serait que la jeune femme vive avec elle dans son studio. Ainsi elle serait obligée de revenir pour dormir tout du moins, ce qui permettrait à Renna de l'accoster de travaux et de l'empêcher de fuir. N'empêche, la seule idée donnait envie à la dame de se cogner la tête plusieurs fois sur un mur, préférablement de béton. Sa frustration et son irritation de devoir partager son logis avec une telle peste ne connaissait pas de limites et pendant un instant elle fut si furieuse que ce soit là sa meilleure solution qu'elle ferma les yeux afin de regagner une once de calme. Montrer sa colère à l'étudiante n'arrangerait nullement les choses. C'est donc avec un air des plus calculateur qu'elle parla enfin, mettant en mots son pire cauchemar et tentant de ne pas grogner de mécontentement se faisant.

    « Afin que les deux premières conditions soient valables, il vous faudra... Accepter la dernière condition. Cette condition, je ne vous en ferai part que demain matin, quand vous aurez l'esprit moins brumeux. Vous devez tout de même l'accepter tout de suite, sinon je jette votre précieux paquet par la fenêtre. Et ne vous méprenez pas, il sera excessivement aisé pour moi de vous couper toutes vos sources de troc. »

    Il avait semblé malin de ne pas révéler la condition, du moins pas pour l'instant, puisqu'il était certain que jamais la jeune femme n'accepterait autrement. Déjà la dame avait du mal à accepter cette dite condition elle même et c'était son idée. D'une humeur exécrabe, la jeune dame attendit quelques instants, son regard toujours rivé sur la jeune femme qui lui faisait face. Elle espérait ardemment que melle Jefferson était du genre fière qui ne reviendrait jamais sur ses promesses, sinon rien ne lui empêchait de revenir sur sa parole après coup. Renna avait l'impression, cependant, que la jeune femme était du genre à ne jamais revenir sur ses mots et elle espérait ne pas se tromper. C'est donc avec un air de défi et le bras toujours en l'air, tenant les cigarettes loin de tout danger, qu'elle dit sur un ton des plus condescendants pour la provoquer :

    « Alors melle Jefferson, qu'elle est votre réponse ? Vous n'allez pas jouer les peureuses et vous désister j'espère, après tout il en va de votre futur. Je ne fais que vous ouvrir la voie. »
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyMar 26 Juil 2011 - 17:09

    La jubilation de Renna à l’idée qu’elle puisse avoir le dessus fut perçue comme un cuisant échec par mademoiselle Jefferson. Depuis toujours, elle faisait en sorte de ne jamais céder, résistant jusqu’à obtenir la retraite définitive de son adversaire. Cependant, cette fois-ci, il n’en fut rien. Elle dut accepter sa triste défaite, tandis que l’ivresse était ce qui l’avait faite courir à sa perte. Si elle avait été en possession de tous ses moyens, Renna aurait pu prendre au sérieux le moindre de ses propos. Mais dans un tel cas de figure, tout ce qu’elle prononçait sonnait comme une blague dont on riait allègrement, abandonnant l’indifférence au profit d’une hilarité transcendantale. Profondément vexée, voilà ce qu’elle était. Elle avait conscience de s’être couverte de ridicule, et n’aspirait qu’à faire en sorte que la situation s’accélère, afin que demain soit un autre jour, et qu’elle puisse se remettre de cette mésaventure. Ou pas. A en juger par les conditions que son professeure allait lui imposer, elle n’était pas sortie d’affaire. Elle avait un sacré bout de chemin à parcourir, avant d’entrevoir le bout du tunnel. Pour l’instant, elle était dans une impasse. Et c’était difficile à croire, mais Renna était présentement l’unique solution qui s’offrait à elle. Quitte à être humiliée, autant ne pas le faire à moitié. Elle devait prendre cette aide et l’exploiter, jusqu’à ne plus pouvoir en tirer quoique ce soit. D’ailleurs, elle aurait dû disposer d’un tel soutien depuis un bon moment, mais encore fallait-il qu’elle admette en avoir besoin, ce qui impliquait d’écraser sa fierté et de faire preuve d’humilité. Ce n’était pas donné à tout le monde, et à en croire son comportement lâche et irresponsable, elle n’avait fait que contourner ses problèmes sans être allée à leurs sources.

    Quoiqu’il en soit, son jeu de mimes n’eut pas l’effet escompté sur son interlocutrice. Dans des circonstances où elle aurait été sobre, Renna aurait été davantage réceptive, mais étant donné le manque de crédibilité de Myra, elle crut bon de ne rien relever et de poursuivre son discours. A tort, la jouvencelle avait jugé préférable de lui laisser le champ libre, afin qu’elle déblatère rapidement ses conneries, et qu’elle puisse aller se coucher. Toutefois, elle ne se doutait pas qu’aller se coucher, entraînerait une immersion dans un environnement qui n’était pas le sien. Apparemment, son enseignante n’était pas décidée à la laisser partir, elle la harponnait jusqu’à obtenir des réponses correctes de sa part, avant d’embrayer sur autre chose. Au bout d’un moment, la métisse s’impatientait, et finissait par croiser fermement les bras sur sa poitrine, en signe d’agacement. Ne pouvait-elle pas accélérer le rythme au lieu de faire durer le suspens en lui demandant son avis ? A quoi bon l’interroger en sachant pertinemment qu’elle n’avait pas le choix ? Elle n’avait strictement aucun mot à dire, parce que d’une, elle était une gamine capricieuse, et de deux il était dans son intérêt de ne pas aggraver son cas. De ce fait, sur un ton presque monocorde, Renna exposa sans ambages ses conditions. La première fut déjà difficile à avaler, tant et si bien que Myra s’empressa de s’exclamer :

    - Vous êtes pas ma mère je vous signale. Des paquets de cigarettes, je peux en avoir à la pelle vous savez. Vous pouvez même terminer celui-ci que ça me fera rien. Si vous arrivez pas à arrondir vos fins de mois pour vous payer vos propres paquets de clopes, grand bien vous fasse, car vous avez atterri sur une vraie usine à tabac. Quelle veine !

    Myra ou l’art de se voiler la face. Elle savait que ce seul paquet de cigarettes était l’un des rares privilèges que son père lui offrait. Ca lui faisait un pincement au cœur de le voir entre les ongles rouges écarlates de cette garce, qui ne daignait pas décrocher son regard du sien. Cette bataille silencieuse durait depuis le premier cours passé ensemble. L’élève suivait attentivement les déplacements et les réactions de l’adulte, tandis que celle-ci s’affairait à l’étalage de ses connaissances non sans ce même ton condescendant qui la caractérisait si bien. Par ailleurs, la deuxième condition arracha un sourire badin à la jeune fille. En clair, Renna se servait de ses cigarettes comme d’une carotte, permettant de faire avancer un âne. Est-ce qu’elle avait une opinion aussi dévalorisante d’elle, pour l’attendrir d’une telle manière ? Certes, elle n’avait pas encore vingt ans et devait absolument être recadrée, mais ce n’était pas une raison pour la priver de ses petits plaisirs quotidiens. Par conséquent, le projet de l’enseignante était déjà mal parti puisqu’elle ne comptait pas se passer de ce qui l’aidait à relativiser la misère de son existence. Mine renfrognée, mâchoire contractée et poings serrés, la Rebelle n’appréciait sensiblement pas sa proposition.

    - Vous êtes gonflée, vous le savez ça ?

    Assurément qu’elle le savait. Elle devait se l’entendre dire trente mille fois par jour. Mais peu importait. Le fait que Myra lui adresse une telle insulte n’engendrerait rien, hormis une indifférence imperturbable. C’était à la fois ce qui l’intimidait, et lui donnait envie de l’embêter davantage. Elle ne connaissait pas les limites de son impassibilité, et elle crevait d’envie de trouver son point faible, histoire de la faire sortir de ses gonds. Cette parfaite maîtrise d’elle-même ne pouvait cacher qu’un secret bien gardé. Peut-être avait-elle honte de quelque chose ? Ou alors, elle essayait d’exorciser des démons en provenance du passé, en revêtant le costume d’un tyran ! Allez savoir. En tout cas, la perspective de se soumettre au bon vouloir de ce bourreau n’enchanta pas Myra, et ce fut en écoutant son ultime condition qu’elle s’imagina en train de lui cracher à la figure.

    - J’accepte vos conditions que dans la mesure où vous me laissez fumer trois cigarettes par jour, soit une par repas. Si vous refusez, il va falloir vous faire violence pour obtenir quoiqu’ce soit d’moi !

    Puisque Madame se permettait de construire des règles à tout-va, pourquoi ne pourrait-elle pas faire pareil ? Sans scrupule, elle lui sommait d’abandonner partiellement son idée, afin que le tutorat se déroule dans de meilleures conditions. En état de manque, Myra serait incapable d’être concentrée, et ce serait encore moins bénéfique pour l’enseignante qui aurait l’impression de parler à un mur. Si elle souhaitait se faciliter la tâche, autant faire preuve d’un peu d’indulgence, en attendant que les choses se tassent, et qu’elles puissent s’écouter parler mutuellement. Actuellement, c’était un dialogue de sourds qui se mettait en place, car c’était à peine si la Rebelle portait une oreille attentive à son interlocutrice. Elle était lasse de ses exigences à trois francs cinquante. Et elle était davantage exaspérée par son panache, qui l’avait conduite à interrompre une délicieuse fête au sein des dortoirs.

    - Et si vous continuez à m’polluer l’air de cette façon, toute voie à prendre me semblera bien néfaste. Alors en échange de vos fichues conditions pour la cigarette, j’aimerais que vous soyez un peu moins rude. Vaincre le mal par le mal, ça marche pas ‘vec moi !

    Et tout en rivant son index tremblotant en direction de Renna, Myra vacilla, emportée par une fatigue harassante. Le repos était l’unique mot qui la galvanisait un minimum. Son esprit était embrumé, de multiples pensées vadrouillaient partout dans son cerveau, et son cœur souffrait de cette constante adrénaline. Encore un peu, et ses jambes se déroberaient sous son poids de plume. Cinq minutes supplémentaires passées à bavasser, et ce serait le drame.

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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyMar 26 Juil 2011 - 22:51

    Il est souvent dit dans les vieux poussiéreux livres de sagesse qu'avant de traiter les autres de noms, il fallait se tourner vers soi-même. En effet, c'est là une bien sage affaire puisque personne n'est parfait et qu'il est donc injuste de demander à autrui de l'être quand soi-même on ne l'est pas. Suivant cette logique, il était facile de considérer Renna comme étant la dame la moins sage et probablement la moins mature du monde entier. En effet, la jeune femme passait son temps à critiquer mentalement les autres et à les considérer comme des abrutis sans se rendre compte qu'une telle attitude était puérile. Pour qui se prenait-elle à juger ainsi les autres du haut de ses talons ? Pour dieu vraisemblablement, quoi qu'elle démentirait sans doute cette affirmation qu'elle considère fausse. Il est ironique de savoir que la dame a une vision si étroite du monde qui l'entourait. C'est comme si elle se bornait à porter des oeillères et qu'elle refusait de voir ce qui se trouvait à deux centimètres de son nez. Certes il n'y a rien de mal à être asociale et à préférer la solitude à la compagnie, mais se considérer supérieur aux autres sans pouvoir donner de raison logique n'est pas saint du tout. D'autant plus que ses raisons étaient maigres niveau arguments. Bien sûr, affirmer avoir une intelligence supérieure n'était pas puéril à ses yeux et complètement fondé. Ce qu'il fallait véritablement dans la vie de Renna, c'était quelqu'un pour lui offrir un bon coup de pied dans le derrière. Quelqu'un qui lui ferait comprendre que de considérer des inconnus comme étant stupide n'était pas très malin et qu'avant de juger autrui il lui faudrait probablement faire une introspection de sa propre personne. L'enseignante bénéficierait sans doute de la réalisation qu'elle agissait comme une parfaite enfoirée pour absolument aucune raison. Ou peut-être parce qu'elle avait peur des autres ? Après tout, la jeune femme avait passé toute son existence à être acerbe et à éloigner les autres avec des regards glacials. Elle prétendait que c'était parce qu'elle n'avait pas besoin d'autrui dans sa vie, mais était-ce le cas ? N'était-ce pas en fait la peur de cet inconnu, de la gentillesse ? Nul ne le saura jamais hélas, puisque la jeune femme était trop coincée pour se sortir du derrière le manche à balai qui y avait élu domicile.

    Quand on y pensait plus avant, ces deux individus étaient parfaitement construits l'un pour l'autre. L'une allait décoincer l'autre à force de la faire déborder d'irritation et l'autre allait lui faire comprendre que son comportement était nocif à sa propre vie. Ça semblait presque trop coïncidentiel et parfait pour être un simple hasard, peut-être était-ce alors le travail de miss destinée ? Pourrait-il y avoir une flèche de cupidon dans cette histoire également ? Après tout cela expliquerait bien cette obsession que Renna nourrissait pour la jeune monstre aux yeux verts depuis sa naissance même. Une théorie plausible se présente à nous : un jour Cupidon décida qu'il avait besoin de pratiquer son tir puisqu'il venait de commettre une grave erreur. En effet, faire aller ensemble un concierge d'école primaire et une avocate renommée pouvait semblé assez déglingué surtout si l'un était atteint d'une névrose avancée et l'autre possédée par des rêves de grandeur inaccessibles. Et donc en pratiquant son tir, il manqua vraisemblablement sa cible et du observer frénétiquement à travers les nuages pour la récupérer. Un objet de la sorte est des plus dangereux après tout et il serait maladroit que de la laisser traîner. Malheureusement il ne trouva jamais la dite flèche qui avait en fait été directement percer le dos d'une jeune fille acerbe vivant dans la belle ville e New York. L'inconvénient de vivre dans une ville avec des bâtiments si hauts sans doute. Ou peut-être la situation était simplement comme elle l'était et qu'il ne fallait pas chercher plus loin. C'était quand même bourré de coïncidences douteuses, ce scénario. Deux individus qui vivent comme par hasard l'un à côté de l'autre, puis se séparait et comme par magie se retrouvaient. D'autant plus que Renna était la référente de melle Jefferson, ce qui était encore plus étrange que tout le reste. Peut importe les raisons pour lesquelles ces deux jeunes femmes devaient maintenant s'endurer mutuellement, il y avait définitivement quelque chose de supernaturel en jeu. Celon Renna, il s'agissait tout simplement de sa malchance qui se faisait sentir, puisqu'elle se refusait de croire à l'existence de Dieu et encore moins à Cupidon. Un être qui se trimbale en couche culotte parmi les nuages ne lui inspirait ni confiance, ni grand amour.

    Les prochaines répliques condescendantes de la jeune femme firent hausser l'un des sourcils parfaitement taillés de la dame qui ne répliqua pas tout de suite. L'attitude de cette garce lui tombait réellement sur les nerfs. Et dire qu'elle était là à essayer de l'aider. Comment faisait cette garce pour la remercier ? Elle l'insultait et lui faisait la gueule. Bonjour la maturité. Si Renna ne le savait pas déjà, elle aurait sans doute eu toutes les peines du monde à accepter le fait que Myra Jefferson avait 19 ans et pas 10. C'est donc en reprenant un peu de sa froideur habituelle qu'elle répondit simplement :


    « Contrairement à vous, melle Jefferson, je ne suis pas assez idiote pour m'empoisonner moi-même. Tâchez de vous le rappeler. Et effectivement, je ne suis point votre mère. Si je l'étais, cela ferai sans doute longtemps que je me serai jetée en bas d'un pont. Préférablement un qui se situe juste au dessus de rochers acérés, juste pour ne pas prendre de chances. »

    Outch. C'était le cas de le dire, Renna Maria Johnson était allée trop loin sur ce coup là. Une insulte de ce calibre ne pouvait en aucun cas être méritée, d'autant plus qu'elle faisait face à une jeune femme moins âgée que sa personne en parfait état d'ébriété ce qui signifiait qu'elle n'était pas en possession de toutes ses neurones. La professeur aurait sans doute du prendre tout ceci en considération, après tout être irritée par une personne saoule était bien peu digne d'elle. C'était sûrement lié au fait qu'il s'agissait de melle Jefferson. Cette personne avait tendance à faire sortir de l'enseignante que ses plus mauvais côtés. L'accumulation de frustration qui s'était rangée dans un coin de son esprit avec les années ne savait comme se déverser qu'avec des mots durs et des regards empoisonnés. C'était d'ailleurs dommage, cela n'avait fait que créer en la jeune femme une animosité envers sa personne qui n'était sans doute pas nécessaire. Renna s'était rapidement créé la réputation d'une enseignante sans pitié qui était invivable et qui ne méritait aucuns amis, mais en réalité c'était une personne bien. Quelqu'un de difficile à vivre, sans aucun doute, mais tout de même que l'on gagnait à avoir à nos côtés. Si elle était littéralement une mauvaise personne, elle n'aurait sans doute jamais accepté de jouer les tuteurs à cette jeune femme. Bien que jamais elle ne se l'avouera, la jeune enseignante avait principalement accepté les conditions du directeur parce qu'elle s'inquiétait de la situation de son obsession et qu'elle voulait se rapprocher de sa personne. Ne prenez pas ces expressions de surprise exagérées, je sais bien que ce n'est pas facile à voir et qu'elle l'exprime comme une demeurée, mais laissez-lui une chance enfin, ce n'est pas pour rien que jamais elle n'eut d'amis ! Melle Jefferson songeait sans doute que si la dame continuait à la fixer dans les yeux c'était pour lui prouver qu'elle était forte et il y avait une grande part de vérité dans ce fait, mais une autre raison toute aussi importante était que Renna adorait les yeux de la jeune femme. C'était sans doute l'attribut qu'elle aimait le plus chez elle.

    Après un soupir d'ennui, la dame ferma les yeux un instant pour se reprendre et si melle Jefferson n'avait pas été là, elle aurait sans doute secoué la tête avec un air irrité. Quand elle rouvrit les yeux, son expression normale était de nouveau au premier plan, cachant toute autre chose à la vue d'autrui. Et voilà que la jeune femme l'accusait d'être gonflée. L'enseignante sentait sa migraine toujours présente propager des vagues de malaise dans sa tête à ces paroles. Décidément, s'obstiner avec melle Jefferson était tout sauf reposant. Elle écouta la réponse à ses conditions d'un air plutôt indifférent sans la quitter des yeux et n'afficha aucune émotion pendant plusieurs secondes. Elle hésita un instant, mais décida que d'héroïquement guérir la jeune femme de son addiction n'allait probablement pas être des plus aisés, surtout avec cette attitude de chien. Qu'importe, si melle Jefferson voulait se pourrir la vie ce n'était pas de ses affaires de toute façon. Renna écrasa violemment toute pensée contraire à cette dernière comme on écraserait un cafard d'un coup de talon bien posé.


    « Je suppose que je n'ai guère le choix. J'accepte. Je vous paierai même vos fichus paquets, si cela veut dire que vous serez plus sage. »

    Il était rare d'arriver à tirer de l'enseignante une telle concession. Évidemment, la jeune femme n'allait probablement pas s'en extasier, vu son état qui dégénérait à vue d'oeil. L'adulte continua de fixer sa collègue avec un air calculateur, mais cette fois c'était plus son état qu'elle voulait évaluer. D'après les tournis et les vacillements, la jeune femme n'était pas loin de perdre l'équilibre et de se faire un joli bleu sur le front au rythme où les choses avançaient. L'enseignante savait que très bientôt il allait falloir proposer à la jeune femme de déplacer leur conversation dans son studio. Elle avait encore du mal à se faire à l'idée elle-même alors de penser à communiquer cette dite idée avec autrui... Disons qu'à cet instant une guerre contre elle-même rageait vicieusement dans la tête de la professeur. La dame grinçait même des dents et combattait son envie de quitter les lieux en laissant la jeune femme se noyer dans ses propre régurgitements. Cette saine pensée offrit à la dame une image des plus dégoûtante et elle du admettre que personne ne méritait de mourir aussi tristement. L'ennui, c'était aussi que maintenant qu'elle y pensait, Renna ne savait toujours pas comment elles allaient se rendre au dit appartement. La jeune fille allait vraisemblablement tomber dans les pommes bientôt et vu son poids considérable, la traîner à mains nues dans les corridors ne seraient pas une mince affaire. D'autant plus que si quelqu'un la trouvait en train de traîner melle Jefferson de la sorte, il serait bien difficile d'expliquer les faits. Elle voyait déjà les rumeurs chez les étudiants qui circuleraient dans les corridors. Sans doute allaient-ils tous penser, demeurés comme ils étaient, qu'elle avait décidé de tuer la jeune femme parce qu'elle en avait plus que marre de son attitude. Renna s'amusait d'habitude des rumeurs à son sujet dans le corps étudiant, mais elle pouvait bien s'en passer en ce moment, surtout que le directeur avait un oeil pointé sur ses agissements. La dame s'apprêtait à proposer son plan, se disant que cela ne servait à rien d'y réfléchir puisque c'était inévitable, quand la jeune femme se remit à parler. L'enseignante s'était attendue à d'autres remontrances enfantines, du coup les arguments la frappèrent et elle se surpris à cligner un moment des yeux d'un air bafoué. Puis, vint la colère.

    Colère parce que vraisemblablement la jeune femme avait raison. Si elles voulaient que cette histoire ridicule de cours particuliers se produise avec un minimum de difficulté, il lui faudrait sans doute changer son attitude. Les gens tendaient à moins bien performer sous le stress et l'agressivité. C'est donc avec un air très irritable et les dents serrées qu'elle répondit froidement :


    « Votre argument est... Logique. Très bien. Je tâcherais de moins... heurter votre sensibilité avec mes-... Je veux dire que je serais moins... acerbe. »

    Cette réponse lui en avait coûté, surtout qu'elle avait faillit être brusque encore une fois. Mais bon à force de le faire c'était devenu un réflexe qui était bien difficile à se laisser effacer. Maintenant cette admission finie, le regard de la dame remarqua à nouveau quelques vacillements. Sentant elle-même une fatigue l'envahir et souhaitant que cette fichue journée finisse, elle poussa un soupir et croisa les bras dans un geste défensif avant de dire sur un ton plus neutre :

    « Maintenant que nous sommes d'accord, je crois que nous devrions nous déplacer. Visiblement vous ne pourrez tenir encore longtemps sur vos jambes. Comme je n'ai pas envie de vous laisser seule dans votre dortoir, puisque vous risqueriez de stupidement- je veux dire puisque vous risqueriez de ne pas passer la nuit étant seule, je vous propose de... Passer la nuit dans mon studio. Il n'est pas très loin, en ville. Ainsi je pourrais garder un oeil sur vous. Qu'en pensez-vous ? »
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyMer 27 Juil 2011 - 15:54

    HRP : Ce n'est pas grand chose, mais je n'ai pas jugé utile d'en mettre davantage pour clôturer ce premier RP ! :D

    Si le rapprochement entre les deux jeunes femmes était dû à une maladresse de Cupidon, peut-être aurait-il mieux fallu qu’il s’abstienne. Tout du moins, pour l’instant, Myra ne voyait pas ce qu’il y avait de bénéfique dans leur rencontre, si ce n’était que cette femme l’énervait perpétuellement avec son air suffisant, son ton complaisant, ses manières princières, et je vous passe tous les défauts qu’elle pourrait lui trouver. Elle était absolument incapable de brosser un portrait un tantinet positif de son interlocutrice, parce qu’elle était méprisable, à vouloir manipuler son prochain afin d’obtenir ce qu’elle convoitait. Myra n’était pas un objet que l’on maniait comme bon nous semblait. En tant qu’être humain digne de ce nom, elle était pourvue d’un libre-arbitre, et c’était ce qui pouvait gêner, puisqu’elle usait de cette liberté en s’appropriant des droits qui n’auraient pas dû être siens. Le rôle de son enseignante référente, reposait aussi sur ce principe, quand bien même si son élève aurait du mal à le cautionner. En attendant, Renna ne se montrait pas très fairplay, en l’écrasant avec mille et uns noms d’oiseaux, alors que la jouvencelle n’était pas disposée à réfléchir correctement. Plus les minutes s’égrenaient, plus son état empirait. Elle sombrait progressivement dans une somnolence dangereuse et incontrôlée, que son propre corps réclamait car il en avait assez d’être maltraité par sa propriétaire. Son caprice était légitime mais malvenu, car en prenant connaissance des réelles propositions de l’adulte, l’étudiante réalisa qu’elle ne pourrait pas effectuer quelques mètres supplémentaires sans se rétamer telle une carpette. Heureusement, il existait des moyens de transport comme l’autobus, le métro, le tramway voire même les taxis. Ce n’était pas ce qui manquait dans une grande ville comme celle-ci, mais encore fallait-il détenir la force et la volonté nécessaires pour se traîner jusqu’aux lieux où l’on bénéficiait des services de ces fameux transports. Renna avait sûrement dû comprendre que son élève n’était pas en état de verser un quelconque effort physique. Il serait suspect de la tirer derrière elle comme un sac, surtout que certains surveillants restaient pendant la période des vacances pour assurer les rondes nocturnes, et interrompre les possibles élans de débauche des étudiants. Et tandis qu’elle continuait de déblatérer ses répliques acerbes, Myra n’eut plus envie de lui répondre. Elle était définitivement usée, et n’aspirait qu’à s’allonger sur quelque chose de mou, qui soutiendrait correctement son dos endolori, et la soulagerait de tout inconfort. Elle se surprit à frissonner, tandis que l’ivresse laissait place à un épuisement considérable. Ses jambes continuaient de chanceler à chaque pas, et sa température corporelle s’emballait au même titre que son rythme cardiaque. Si elle n’avait pas fumé que de l’herbe, elle aurait pu penser qu’elle avait fait une méchante overdose, ou quelque chose qui s’apparenterait à un bad trip. Mais étant donné qu’elle pouvait tenir debout un minimum, cette conjoncture n’était pas valable.

    Ne prononçant plus un mot, Myra continua de payer les pots cassés et une fois que son cerveau eut analysé la situation, elle se demanda s’il était bien raisonnable de dormir chez son professeure. Elle trouvait ces circonstances très atypiques, car elle n’avait jamais eu de relation allant au-delà du système éducatif, avec les personnes en faisant partie. Hormis son père, elle avait toujours considéré les adultes comme des parasites, qui l’éloignaient de ses objectifs en la décourageant, ou en la faisant passer pour ce qu’elle n’était pas. En grande immature irréductible qu’elle était, elle ne se voyait pas seulement comme une idiote profonde, mais comme une enfant qui cherchait à se soigner de ce qui la taraudait. Ce n’était pourtant pas compliqué à capter, et n’importe quel ignorant aurait pu supposer que ses attitudes dissimulaient un mal-être, mais les adultes étaient uniquement faits pour vous expier, sans chercher à comprendre. Ou alors, lorsqu’ils s’y essayaient, ils s’y prenaient maladroitement, et se heurtaient à un mur de glace. Aussi glacial que le regard de Renna, lorsqu’elle faisait face à mademoiselle Jefferson.

    Celle-ci finit par acquiescer faiblement suite à son alternative, et désireuse de trouver un parfait équilibre pour ne pas fusionner avec le sol, elle s’accrocha gauchement au bras de son enseignante. Elle se doutait qu’elle la rabrouerait, mais si elle avait un peu d’humanité, et si elle était résolue à tenir sa promesse selon laquelle elle se montrerait moins mesquine, elle accepterait de lui servir d’appui. Après tout, c’était ce qu’elle s’apprêtait à être, en l’aidant à rehausser son niveau scolaire et son sens des responsabilités. Ce serait un chemin ardu que divers obstacles parsèmeraient, mais de son côté, Myra ne perdait pas espoir. De toute façon, elle était plus préoccupée par les enchantements soporifiques de Morphée que par toute autre chose. Par conséquent, elle entreprit de se bouger les fesses en commençant par dépasser la porte de la salle de mathématiques. En l’ouvrant, elle crut s’être débarrassée d’un fléau, et à mesure qu’elle s’en éloignait, elle avait l’impression de retrouver son oxygène. Même si celui-ci était vicié par la présence de madame Johnson, il était déjà plus appréciable que ce qu’il ne l’avait été auparavant. S’être partiellement défaite de sa fierté aurait une incidence positive sur son futur. Mais avant que les séquelles se fassent sentir, une distance colossale les séparait encore d’un foyer bien douillet.

    Docilement, la jouvencelle laissa Renna prendre les rennes, avant de pénétrer dans son propre univers. Adoptant une démarche saccadée sur le chemin du retour, elle se demanda si elle parviendrait à la comprendre, en passant ne serait-ce qu’une nuit dans son antre. Mais peu importait. La fraîcheur mordante de cette soirée étoilée, lui arracha quelques frissons électrisants qui parcoururent sa colonne vertébrale, et hérissèrent tous les poils de son corps. Tout en continuant de s’accrocher furieusement au bras laiteux de l’adulte, elle essaya de ne pas trop penser, afin de ne pas accentuer la migraine qui assaillait son esprit, et désordonnait ses pensées. Le regard absent et les lèvres pincées, elle était encore en proie à ces fâcheuses sensations lui rappelant incessamment son idiotie et sa fougue incontrôlable. Elle ne savait pas trop quoi penser de ce qui était en train de se mettre en place, mais elle n’avait pas le choix. Après avoir testé mille et unes façons de contourner les lois, pourquoi ne pas s’essayer à leur obéir au moins une fois dans sa vie ?
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] EmptyJeu 28 Juil 2011 - 4:33

Et c'est ainsi que nos deux aventurières franchement heureuses de voyager ensemble se rendirent dans la joie et en gambadant vers des cieux de bonheur, illuminées de rayons de soleil dorés.

....

Ou la suite ici dans ce prochain topic tout aussi plein de gaieté : Hellish Night

    PS : Avis à ceux qui avaient pas captés, c'était du sarcasme pur et dur =D
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MessageSujet: Re: Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra]   Quand on pousse le bouchon trop loin... [PV Myra] Empty

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