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 Par la force des choses [PV] CLOS

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MessageSujet: Par la force des choses [PV] CLOS   Par la force des choses [PV] CLOS EmptyDim 16 Jan 2011 - 12:36

    Un professeur parcourait les rangées d'un amphithéâtre au plafond haut, donnant une impression de grandeur intimidante. Des étudiants penchés sur leurs copies, se grattouillaient quelques fois l'arrière de leur crâne dans un intense élan de réflexion. D'autres préféraient évacuer leur tension sur l'extrémité de leur stylo mordillé, tandis que certains comme Lise, préféraient s'isoler du monde, concentrés jusqu'à se plonger autant au sens propre qu'au sens figuré dans leur feuille d'examen, parsemée d'écriture. Lise laissait aisément courir sa plume au fil de ses réponses, qu'elle voulut les plus concises et les plus précises possibles. Comme spécifié dans l'en-tête de l'énoncé qu'on lui avait distribué, les réponses ne devaient pas s'étendre en longueur, car cela favorisait les hors sujets. Tandis que sa première année avait failli être un cuisant échec, à cause de ses tendances à développer ses idées à outrance, elle avait finalement compris comment le système universitaire fonctionnait. C'était une question d'adaptation, et il était d'autant plus difficile de correspondre au modèle de l'étudiant japonais, lorsqu'on était une jeune française venant à peine de quitter Paris, la capitale. Cela faisait déjà deux ans qu'elle essayait de se fondre dans la masse, nouant avec des étudiants venant de tous horizons. Elle était parvenue à se reconstruire dans un entourage sain et équilibré, après une adolescence quelque peu gâchée par la triste disparition de sa mère, et le deuil difficile entrepris par son père. Après presque six mois de bataille acharnée, et quelques années à s'accommoder de son absence, tous les deux étaient parvenus à retrouver un terrain d'entente.

    Lise mit le point final sur sa copie aux alentours de midi moins dix. Il lui restait peu de temps pour manger, et entamer le second partiel de la journée, à quatorze heures pétantes. Sitôt qu'elle eut rendu sa copie, elle s'empressa de ranger soigneusement ses affaires dans son sac, s'armant de sa carte étudiant qu'elle allait peut-être devoir présenter à la cafétéria. Parcourant les couloirs à la vitesse grand V, elle ne s'était pas attendue à ce que ce soit bondé de monde, et qu'il n'y ait presque aucune table de libre. Cette fois-ci, elle était seule, il n'y avait pas son groupe d'amis appartenant à toute discipline confondue pour la soutenir dans cette terrible épreuve. Cinq minutes plus tard, après avoir fait la queue en trépignant d'impatience, et apercevant les places lui filer entre les doigts les unes après les autres, elle se retrouva avec son plateau entre les mains. Plantée au milieu, elle fut parfois bousculée par des étudiants venant rejoindre leurs camarades, sans plus attendre. Son regard balayait l'ensemble de la pièce, où des odeurs de nourriture mélangées à d'autres fragrances non identifiées emplissaient l'air, et lui filaient la nausée.

    - Bon allez Lise, motive-toi et trouve-toi cette satanée place…

    Ce genre de murmure qu'elle prononçait uniquement à son attention, trahissait non seulement son agacement mais aussi son désarroi. Et tandis que ses yeux amandes cherchaient désespérément une place, en voilà une qui surgit comme d'un rien. La personne qui se trouvait à côté de la chaise vide était une jeune fille blonde, aux traits fins et plaisants, qui ne devaient pas laisser la gent masculine indifférente. Elle ne semblait pas converser avec les autres personnes de sa table, elle devait être aussi seule qu'elle et espérant du fond du cœur qu'elle ne l'enverrait pas chercher une autre place à cause d'une éventuelle camarade attendue, elle s'approcha d'elle. Adoptant une voix claire et sûre d'elle, Lise s'imposa aussitôt.

    - Excuse-moi, mais j'ai beau chercher, il n'y a pas d'autres places de libres à part celle-ci. Est-ce que ça te dérange si je m'assois à côté de toi, juste pour manger ?

    La fin de sa phrase, à savoir "juste pour manger", sous-entendait que si la demoiselle n'était pas d'humeur à discuter, Lise ne l'incommoderait pas et se contenterait de remplir son estomac dans le silence le plus complet et le plus cérémonieux qu'il soit. Puis, voyant qu'elle ne semblait pas y voir un quelconque inconvénient, elle posa son plateau, s'apprêtant à prendre place, mais ralentissant volontairement ses initiatives, dans l'éventualité où elle changerait d'avis. Toutefois, il serait quand même audacieux de l'envoyer paître, mais mademoiselle Ebel était d'une précaution et d'une méfiance infaillibles à ses heures perdues, ce qui lui donnait parfois l'impression d'être vulnérable, et à la merci des autres.



Dernière édition par Lise Ebel le Mer 2 Mar 2011 - 14:30, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Par la force des choses [PV] CLOS   Par la force des choses [PV] CLOS EmptyDim 16 Jan 2011 - 14:32

Il était un peu avant midi. Bientôt, tous les étudiants sortiraient de leurs salles ou amphithéâtres pour venir à la cafétéria. Ils avaient envie soit de boire un café après tout le stress de l’examen, soit de manger. Voire les deux. Rachel, quant à elle, avait terminé l’examen quelques minutes plus tôt. D’un côté, elle savait qu’elle l’avait raté. Pas facile de reprendre les cours finalement après quelques mois d’absence. Elle avait tout fait pour éviter cela mais il avait bien fallu qu’en septembre et début octobre elle ne fût pas là. Pour sa santé et aussi celle de Rose. Ainsi, la jeune demoiselle n’était pas venue en cours pendant un mois à peu près. Ensuite, elle avait repris comme si de rien n’était, prétextant un accident. Mais elle avait du rattraper tous les cours. Il fallait avouer qu’à ce moment là, personne ne se pressa pour lui rendre service. Alors elle dut travailler beaucoup plus dur que les autres. En plus de s’occuper de sa fille. Elle avait tenu ce rythme deux semaines. Après, trop fatiguée pour rattraper les cours toute seule à la bibliothèque ou grâce à certains professeurs qui avaient accepté de l’aider, et en même temps rentrer à la maison afin de donner à manger à Rose, la laver et la coucher puis se lever en plein milieu de la nuit pour la nourrir encore une fois, elle abandonna. C’était beaucoup trop intense pour elle. De plus, son frère ne l’aidait pas autant que l’on pouvait croire. Non, il l’hébergeait seulement. Ce n’était donc pas facile non plus. La journée il travaillait et le soir il retrouvait sa bande d’amis pour fumer, boire voire même parfois se droguer. Quand il rentrait alors à la maison, Rachel se mettait fortement en colère. Encore aujourd’hui cela lui arrivait. En tout cas, on ne pouvait pas dire que tout était drôle dans sa vie. Mais elle le supportait quand même. C’était le prix à payer, un point c’était tout. Un jour, elle parviendrait à atteindre son but et à nouveau elle brillerait.

Enfin peu importait. Tout cela pour dire que Rachel ne s’était pas vraiment préparée énormément à ces examens de fin d’année. Oui, en février elle serait déjà en vacances, en mars aussi, comme tous les étudiants universitaires au Japon, et en avril elle redoublerait sa première année. Tant pis. C’était, encore une fois, le prix à payer. Elle écrivit alors tout ce qu’elle pouvait et posa son stylo. Elle rendit sa feuille puis sortit de la salle sous les regards surpris de quelques uns. Cela ne la préoccupait guère. Qu’ils pensaient ce qu’ils désiraient ! La jeune espagnole se dirigea, rêveuse mais soulagée après la fin de tous ses examens, vers la cafétéria. Elle était d’ailleurs consciente qu’à cette heure-là, elle trouverait encore de la place. Heureusement. Dans quelques minutes, elle serait bondée. C’était l’endroit préféré des étudiants pour se retrouver entre les cours. Rachel se présenta devant la dame qui servait et lui demanda un chocolat chaud. Elle détestait le café. Au contraire, le chocolat chaud la réveillait. Elle s’assit ensuite à une table et commença à boire. Elle se perdait dans ses pensées sans cesse. Son regard fixait un point de la table. Puis, tout d’un coup, elle fut tirée de ses pensées par la sonnerie de son téléphone portable. Elle remarqua que les examens s’étaient terminés maintenant puisque la foule se pressait à la caisse et surtout, pour occuper les dernières places possibles de la cafétéria. La véranda avait été fermée car il y faisait froid et ils ne devaient pas avoir assez de moyens ou en tout cas d’argent pour la réchauffer 24h/24h. Cela réduisait considérablement les places disponibles.

Rachel chercha vivement son portable dans toutes les poches de son sac. Quand elle le trouva, elle vit le nom inscrit sur l’écran : Eric. Elle n’avait aucune idée pour laquelle son frère l’appelait à un tel moment. Il ne lui demandait jamais comment s’était déroulé les examens. Il ne l’appelait surtout pas pendant ses heures de travail non plus. Quelque chose avait du arriver et la jeune espagnole se demandait bien quoi. Elle décrocha.

- Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-elle vivement.
- La voisine m’a appelé et m’a dit que tu étais injoignable. Elle m’a dit de te prévenir que …

Encore une fois la même excuse. Rachel ne l’écouta même pas. Il lui avait déjà fait le coup plusieurs fois. C’était leur voisine qui s’occupait gentiment de la petite Rose pendant que Rachel était en cours et Eric au travail. Elle comprenait parfaitement que les études étaient très importantes pour l’espagnole et qu’elle ne pouvait pas rester toute la journée à la maison pour garder la petite. Elle avait donc accepté de la prendre en charge la journée surtout qu’elle ne faisait pas grand-chose. Il lui arrivait tout de même de temps en temps quelques imprévus et cela engendrait de telles situations. En général, Rachel rentrait tout d’un coup à l’appartement pour s’occuper de la petite Rose. Quant à Eric, il menait tranquillement le cours de sa vie et continuait à travailler l’après-midi puis à sortir le soir. Cette fois-ci, sa sœur n’avait pas l’intention de se laisser faire. Rachel attendit que celui-ci termina de parler. Elle connaissait son discours par cœur.

- Ecoute Eric, moi je n’en peux plus. Cette fois-ci, c’est toi qui quittes ton travail et qui t’en occupes.
- Quoi ?!? Mais t’es malade ? Je peux pas faire ça ! T’as fini tes examens et tu ne vas rien faire de l’après-midi alors fais-le. En plus c’est ta fille, pas la mienne !

Pendant qu’Eric parlait, une jeune fille s’était approchée de la table parce qu’elle cherchait une place. Visiblement celle à la petite table ronde de Rachel, table pour deux personnes seulement, était la dernière. Rachel leva les yeux vers la jeune fille et lui murmura qu’il n’y avait aucun problème pour que celle-ci s’assît à la table avec elle. Ensuite, elle ne fit même plus attention à elle. Pourquoi d’ailleurs aurait-elle fait attention ? Les deux filles pouvaient vivre leurs vies chacune de leur côté après tout. De plus, elles ne se connaissaient même pas.

- Oui, j’ai fini les examens mais je suis épuisée, j’en ai marre. C’est peut-être ma fille mais c’est ta nièce aussi je te rappelle. A chaque fois c’est moi qui suis obligée de rentrer pendant que toi tu ne fais rien pour elle. Tu comprends, je suis fatiguée !
- Mais si je quitte mon travail je suis viré, Rachel.
- Peu m’importe, fais toi virer. C’est pas comme si on manquait d’argent, Eric. Je sais que tu veux en gagner pour payer le loyer et la nourriture mais je te signale que j’ai de l’argent sur mon compte.
- Mais c’est toi qui voulais pas y toucher à cet argent !
- Oui, ben au début. Maintenant j’ai changé d’avis ! Je m’en fiche. Tu vas récupérer Rose et laisse moi me reposer un peu !

Elle ferma rageusement le téléphone portable, coupant cours à la conversation avec son frère. Comme elle savait que celui-ci allait la rappeler, elle éteignit son portable pour être injoignable. Cela l’obligerait à partir du travail. Elle rangea enfin son portable, prit son chocolat chaud devenu tiède et en but une gorgée. Ensuite, elle se tourna vers la fille qui s’était assise à sa table et mangeait tranquillement sans la déranger. Rachel avait crié au téléphone. Elle soupira.

- Excuse moi de t’avoir dérangé pendant ton déjeuner …
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MessageSujet: Re: Par la force des choses [PV] CLOS   Par la force des choses [PV] CLOS EmptyDim 16 Jan 2011 - 17:22

    Lise ne tarda pas à recevoir une réponse plus ou moins positive de sa camarade, plus occupée à parler au téléphone qu'à la saluer avec davantage de courtoisie. Lise ne fit pas une affaire d'état de son comportement, d'autant que la conversation qui suivit paraissait particulièrement houleuse. Dans un premier temps, la psychologue en culotte courte ne fit pas attention, ou du moins, elle tenta tant bien que mal d'y faire abstraction, sirotant un peu du jus de pomme qu'elle avait pris, et piochant sans aucun enthousiasme quelques morceaux du plat qui lui avait été servi. Elle essaya de se concentrer sur autre chose que la voix vive et agacée de sa voisine. Elle porta son attention sur un jeune couple, qu'elle voyait souvent s'embrasser passionnément pendant les innombrables cours en amphithéâtre que les étudiants devaient supporter. Elle les regardait tantôt avec envie, tantôt en s'offusquant de les voir s'exhiber sans une once de pudeur. Elle qui avait pour habitude de vivre heureuse en restant cachée, il ne lui était pas toujours évident de comprendre comment on pouvait faire étalage de son bonheur. C'était comme le cracher à la figure de celui ou celle qui ne l'a jamais mérité, parce qu'il n'a jamais eu la chance de rencontrer la personne rien que pour lui, qui émerveillerait chacune de ses journées. Lise n'avait trouvé aucun prince charmant digne d'elle jusqu'à présent, et pour tout vous dire, elle n'avait pas vraiment cherché. Elle ne faisait pas en sorte de plaire, elle était parfois d'un individualisme assez déroutant, en particulier pour les nombreuses relations amicales qu'elle avait progressivement tissées au sein de Keimoo.

    Continuant de mâchouiller consciencieusement les bouchées menues qu'elle s'apprêtait à digérer, Lise fut pourtant témoin d'une scène très amusante. Maintenant, ce n'était plus la voix de la demoiselle d'à côté qui prenait le dessus, mais celle de la jeune fille qui formait un si beau couple avec son Jules. Apparemment, la vie n'était pas toujours facile pour les Amoureux de nos jours, et réceptionnant un verre d'eau en pleine figure, le damoiseau haussa le ton à son tour. Ce fut donc une incroyable cacophonie, entre l'une qui se querellait pour une histoire de garde d'enfants, et eux qui n'en étaient pas encore là, et qui se chamaillaient comme des souillons. En même temps qu'ils disparurent de la cafétéria en claquant des couverts et des talons, que la discussion houleuse entre sa voisine et un parfait inconnu s'acheva. Une fois que Lise eut terminé sa séance d'observation particulièrement divertissante, elle sursauta lorsque la jeune femme blonde lui adressa la parole. Elle s'excusa platement de l'avoir importunée pendant son déjeuner.

    - Tu aurais pu me déranger mais finalement, ça n'a pas été le cas. Je peux très bien passer au-dessus de ça.

    Surtout lorsqu'une scène plus intéressante se développait dans un autre coin de la pièce. Haussant des épaules, Lise fit le bilan dans tout ce qu'elle avait entendu. Finalement, elle n'avait capté que des bribes de conversation, mais ça lui avait suffi pour comprendre, et pour se souvenir peu à peu. A une période, une nouvelle avait remué tout Keimoo. Une jeune étudiante répondant au nom de Rachel Leboit, avait vu sa grossesse exposée aux yeux d'une bonne partie de la jeune population Keimoossienne, ce qui n'avait pas dû être facile à vivre. Dans un premier temps, Lise se dit que ça ne pouvait pas être forcément elle qui était actuellement assise à côté d'elle. Il devait y avoir bien d'autres demoiselles qui tombaient enceinte, volontairement ou non. Et puis, ces personnes faisaient ce qu'elles voulaient, on n'avait pas à les juger pour ça selon Lise. Cependant, Rachel avait eu la malchance d'être directement prise pour cible. Elle avait été comme médiatisée, tant et si bien que même Lise qui n'était pas ici depuis les années collège, avait eu droit à une parfaite description de son apparence, de sa personnalité, de ses agissements. Les ragots allaient bon train, et puis il y avait ceux qui la prenaient en pitié ou qui s'étaient armé d'une neutralité à toute épreuve. Elle avait dû se sentir tellement seule, tellement peu aidée, à moins qu'elle ait eu la chance d'avoir un entourage digne de ce nom, prêt à la soutenir en toutes circonstances. Osant pour la première fois affronter le regard de son interlocutrice, elle la scruta en plissant ses yeux et déclara en toute franchise :

    - Dis-moi si je me trompe, mais tu ne serais pas Rachel Leboit ? Ne vois aucune insulte dans cette question, mais j'ai entendu quelques bribes de ta conversation téléphonique, forcément et… j'ai fait le rapprochement. Après je peux me tromper bien sûr, je ne me fie qu'à ce que j'ai entendu. C'est-à-dire pas grand chose, mais suffisamment pour être mise au jus.

    Elle se replongea quelques secondes dans la dégustation de son plat et voyant que la supposée Rachel n'avait pris qu'un piètre chocolat chaud, elle poursuivit :

    - Il est midi et tu ne prends qu'un chocolat chaud ? Les périodes d'examens sont rudes, il vaut mieux se nourrir convenablement. Oh, et suis-je bête, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Lise, Lise Ebel !

    Elle ne lui tendit aucune main affable comme l'aurait fait tout homme d'affaires envers un collègue. Elle ne lui sourit pas non plus de toutes ses dents, feignant d'être sa meilleure amie après quelques secondes de conversation platonique. Elle avait prononcé cette phrase sur un ton certes très formel, mais qui n'en restait pas moins engageant. Elle avait approuvé ses propos par un bref hochement de tête, tout en soutenant le regard de Rachel. Ce dernier élément était ce qu'il y avait de plus important pour elle, surtout pendant une première conversation avec une personne que l'on ne connaissait pas. C'est vrai quoi, à part un patronyme et une courte parcelle de sa vie, qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire sur son interlocutrice ? Rien du tout. Alors elle se tut.

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MessageSujet: Re: Par la force des choses [PV] CLOS   Par la force des choses [PV] CLOS EmptyLun 17 Jan 2011 - 10:52

Malgré tous les efforts possibles pour calmer les rumeurs, pour tenter de faire en sorte que le moins de personnes possibles ne sachent la vérité, Rachel ne pouvait pas éviter certaines personnes à se boucher les oreilles. Elle ne pouvait pas non plus être sur ses gardes constamment et faire attention à tout et n’importe quoi. Cela lui serait bien trop pénible. C’était pour cela qu’au final, elle n’avait pas vraiment réagit pour changer de sujet lorsque la jeune fille s’était assise à côté d’elle. Il était certain que cette dernière entendrait des bribes de la conversation. Voire même ensuite aurait de l’audace pour lui poser des questions dessus. Tout le monde était curieux. Tout le monde désirait savoir si les rumeurs qui circulaient étaient vraies ou fausses. Il en était toujours ainsi. Même pour les actrices. Et Rachel avait déjà appris à gérer ce genre de problèmes. En général, elle se disait que les autres pouvaient bien croire ce qu’ils voulaient. Le plus important c’était qu’elle et son entourage la crût et connût la vérité. C’était tout. Elle pouvait dire la vérité autant de fois qu’elle le voulait, si certains ne la croyaient pas, alors elle leur disait tout simplement « Allez vous faire voir ». Du moins, c’était ce qu’elle pensait. Elle n’avait jamais manqué de respect à ce point là à n’importe qui auparavant. Elle le prononçait sous une formulation bien plus gracieuse, cela n’en restait pas moins ce qu’elle pensait et voulait transmettre comme message. En tout cas, tout cela pour dire que Rachel ne fut pas surprise pour le moins du monde lorsque la fille hésita à lui en parler. Oui, elle hésitait. Rachel pouvait le lire dans sa voix. Elle n’était pas sûre que ce fût un sujet à aborder. Elle avait certes raison. Mais ce n’était pas pour cela que la jeune espagnole ne lui donnerait pas de réponses.

- Enchantée, Lise.

Rachel fit mine d’abord de s’intéresser au nom de cette fille plutôt que de lui confirmer qu’elle était vraiment LA Rachel Leboit dont elle avait entendu parler. La jeune espagnole savait parfaitement tout ce que Lise avait entendu suite aux rumeurs. Malgré tout, elle demanda :

- Que sais-tu sur Rachel Leboit ?

Non seulement elle ne lui disait pas encore si Lise avait raison, mais elle désirait être sûre et certaine de tout ce qu’elle connaissait d’elle. Cela lui éviterait par la suite de lui raconter soit des choses inutiles (qu’elle savait déjà) soit tout simplement de tout lui dire. Rachel n’avait aucune envie de se lancer dans un discours pour tout lui expliquer du début jusqu’à la fin. Elle attendrait que Lise lui répondît tout ce qu’elle savait. Ensuite, elle confirmerait que c’était elle ainsi que tout ce qu’elle savait était vrai. Enfin non bien sûr pas tout. Si cela se trouvait, elle croyait à toutes les rumeurs alors que certaines étaient fausses. Par exemple, nombreux sont ceux qui disaient que le père de Rose était Rayflow Lightning. D’un côté, il était vrai que la jeune espagnole avait traîné avec lui et ses amis pendant quelques mois de sa grossesse. Mais Ray n’était pas le père de Rose. Bon, si Lise ne demandait pas qui était le père de la petite, tant mieux. Elle n’avait pas du tout envie de citer le nom de Wunjo Ivanova. Cet homme, elle ne l’avait plus revu. Tout comme Akim Kovatchev. Elle ne voulait pas les revoir. Aucun. Elle savait qu’ils étaient de mèche et que quelque chose clochait. Ils cachaient quelque chose, ils avaient un secret. Elle ne désirait plus en savoir davantage. Elle voulait tout simplement oublier. Car c’était, en plus de la mort de ses amis en Espagne, le pire des souvenirs de toute sa vie. La jeune fille vint se pencher sur la table tout en y posant les coudes et joignant ses mains. Elle fixait le regard de Lise tout en le soutenant et attendant une réponse. Elle découvrait un tant soit peu son décolleté mais cela ne l’importait pas du tout. Finalement, elle n’avait pas beaucoup changé depuis la fin de sa grossesse. Elle avait repris les bonnes vieilles habitudes. Toutefois, à ce moment-là, rien au niveau drague ou charme ne lui était passé par la tête. Elle attendait seulement la réponse.

Une fois qu’elle la reçut, Rachel soupira puis sourit. Elle se redressa sur son siège, prit son chocolat chaud et but une gorgée. Avant de lui dire toute la vérité, elle se souvint alors de son commentaire sur tout ce qu’elle prenait comme déjeuner. La jeune espagnole se contint de rire. Lise ne la connaissait pas. Elle ne pouvait donc pas savoir que Rachel mangeait beaucoup plus tard. Elle avait malgré tout gardé les habitudes des espagnols. Ainsi, elle prenait quelque chose à manger seulement vers 14h au plus tôt. Rachel n’avait pas faim et un chocolat chaud lui suffisait pour le moment. Il était vrai que le rythme espagnol ne correspondait pas avec les cours universitaires de temps en temps. Mais cela ne la dérangeait pas le moins du monde. De plus, en période d’examens, elle en avait un ou deux par jours donc elle pouvait manger à l’heure qu’elle désirait en général. Puis, elle venait de terminer son dernier examen alors cela n’avait plus aucune importance. Elle reposa le chocolat chaud et regarda à nouveau Lise.

- Je suis de nationalité espagnole. Je mange plus tard. Alors oui à cette heure-là je n’ai pas besoin de beaucoup plus que ce chocolat. Puis tu sais, je viens de terminer mes examens alors je ne m’en préoccupe plus du tout.

Un petit silence s’installa entre les deux filles. Pour retarder sa réponse d’encore quelques minutes, Rachel enchaîna :

- Ça se passe bien pour toi ? Je veux dire, les examens.
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MessageSujet: Re: Par la force des choses [PV] CLOS   Par la force des choses [PV] CLOS EmptyMar 18 Jan 2011 - 18:39

    Lise prenait son temps, découpant en petits morceaux, mâchant lentement, et avalant avec délicatesse pour ne pas brusquer son système digestif. Grâce à cette technique purement stratégique, elle se donnait le temps de répondre aux moindres interrogations de son interlocutrice. Le brouhaha de la cafétéria avait tendance à couvrir la voix de la jeune femme blonde, mais Lise, dont la chevelure de feu tranchait dans ce décor parfois triste et banal, était d'une attention à toute épreuve. Se concentrant actuellement sur la mie de son pain qu'elle extrayait à l'aide de son index, elle ne fut pas surprise d'entendre ce genre de question sortir de sa bouche. La psychologue en herbe ignorait totalement si cette interrogation permettait de contourner une situation délicate, ou si elle était au contraire, une façon de procéder à une vérification des éventuelles informations qu'elle avait pu entendre sur le compte de Rachel Leboit. En fait, elles étaient nombreuses, et c'était bien connu que plus les ragots s'entassaient les uns sur les autres, plus ils tendaient à enfouir la vérité, la déformant, pour l'empêcher d'éclater. C'était l'un des principaux défauts de l'être humain, à savoir de ne faire entendre que ce qu'il trouve le plus alléchant, le plus curieux, et donc le plus attractif pour les oreilles naïves et indiscrètes. Pas évident d'avoir un esprit critique sachant peser le pour et le contre dans une telle situation, mais Lise savait qu'entre jeunes gens, nous ne sommes pas toujours tendres. Ca avait dû être le cas pour cette étudiante tombée enceinte, et sur laquelle s'abattit une montagne de bruits tous aussi absurdes les uns que les autres, donnant lieu à des soupçons malsains et à des comportements abjects. Lise ne voulait pas passer pour l'une de ces commères qui avalaient la moindre information sans se soucier de sa pertinence. Cependant, elle ne voulait pas non plus donner l'impression d'émettre des affirmations, sans pour autant avoir de preuves. Ca serait se comporter comme une personne essentiellement instinctive, ce qu'elle était durant la majeure partie du temps, et par conséquent irritante, du fait de cette manie à balancer des mots, sans se soucier de leurs conséquences.

    - Je sais ce que tout le monde sait, que ce soit sur son apparence et sur quelques pans de sa personnalité. Quant à ce qu'il s'est passé dans sa vie, j'ai uniquement retenu qu'elle a eu une grossesse et que cela a dû avoir des conséquences aussi positives que négatives je présume, en particulier vis-à-vis des autres habitants de cette Académie. J'écoute, je retiens, mais ce n'est pas pour autant que j'adhère à toutes les histoires qu'on raconte. Les rumeurs, c'est comme ça. Ca part de rien, et au final, la vérité se perd définitivement.

    Sa réponse n'était peut-être pas celle que la demoiselle aux cheveux dorés attendait, mais à quoi bon s'étendre en balivernes, si c'était pour s'entendre dire que c'était faux. On pouvait être sociable sans pour autant se noyer nécessairement dans la masse, suivant sagement le troupeau conduit par un porte-parole, un leader pensant à leur place. Inéluctablement, plus Lise y réfléchissait, plus elle se disait qu'elle ne savait pas grand-chose sur Rachel Leboit, hormis tout ce qui courait à son sujet. La meilleure façon de connaître la vérité, c'était de s'adresser à la principale concernée. Toutefois, comme elle n'avait aucune idée de si celle avec qui elle conversait actuellement était vraiment celle qu'elle supposait être, elle ne préférait pas s'élancer dans un long et interminable débat. La grossesse, pour ou contre ? Après tout, c'était son corps, elle en avait le plein contrôle, même s'il n'était pas certain que cette grossesse eut été vraiment désirée. C'était là une question qu'il était plus ou moins essentiel de surligner, car cela changeait énormément d'aspects.

    - Et puis, parfois, un rien devient un excellent prétexte pour alimenter d'innombrables ragots. Après, libre à nous de les croire sur parole ou pas. Qu'est-ce que tu en penses, toi ?

    Elle venait de finir son quignon de pain, après quoi elle s'était attaquée à son dessert. Une crème brûlée onctueuse, qui pourtant, était un produit purement industrielle. Forcément, quand on savait ça, le dessert semblait moins savoureux, mais Lise tenait à reprendre des forces pour ses prochains examens. En parlant de ça, sa voisine lui demanda si tout se passait bien pour elle. En haussant les épaules, Lise parut se montrer satisfaite de ce qu'elle avait accompli jusqu'à présent.

    - Après des débuts difficiles, je m'en sors plutôt bien. Mon examen de ce matin s'est bien passé, je commence à saisir le fonctionnement de l'université. Il y a deux ans, j'arrivais de Paris où j'y ai vécu toute ma vie, alors forcément, ça n'a pas été une partie de plaisir pour m'intégrer, non seulement à cause de la langue que j'ai apprise à partir de mes seize ans, mais aussi à cause des… coutumes qui sont différentes. Cependant, je me plais ici, et puis, on rencontre des gens de tout horizon. Autant pour moi d'ailleurs, il est vrai que les Espagnols sont des mange-tard si je ne m'abuse.

    Elle gloussa discrètement, et ne voulant pas monopoliser la conversation toute entière, elle planta franchement ses mirettes noisettes dans celles de la supposée Rachel, et lui demanda à son tour :

    - Et toi, comment ça se passe l'université ? Ce que tu étudies te plaît ?
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MessageSujet: Re: Par la force des choses [PV] CLOS   Par la force des choses [PV] CLOS EmptyLun 31 Jan 2011 - 12:44

Spoiler:

Plus Lise parlait, plus Rachel souriait de plus en plus. Elle décelait toute l’intelligence de la jeune fille. Elle n’était pas du tout comme les autres. Croire aux rumeurs. Oui, c’était exactement ce que la jeune espagnole aimait entendre. Et cela lui donnait encore de l’espoir. Tout le monde n’était pas un simple mouton qui suivait les dires du berger. Lise se démarquait des autres. Elle comprenait parfaitement le but d’une rumeur. Elle ne se laissait pas prendre et ne tombait pas dans le piège. Cela ravissait la jeune Rachel et elle savait qu’au moins, Lise pourrait être une personne qui la supporterait. Si elle le souhaitait. En tout cas, elle intriguait de plus en plus Rachel. Cela faisait un bon moment que l’espagnole n’avait pas rencontré quelqu’un et surtout, qu’elle n’avait apprécié une personne. Sa vie avait été très intense ces derniers temps et elle n’avait pas eu le temps pour aucune rencontre. Elle commençait à ressentir certains effets de la solitude et d’isolement face à sa situation familiale du moment. Cela ne lui plaisait pas du tout. Surtout qu’en plus de cela, depuis cet événement qui coûta la vie à ses deux meilleurs amis depuis presque toujours, elle s’était enfermée sur elle-même et n’avait choisi que les personnes qu’elle fréquentait avec une certaine précision. Peut-être devrait-elle arrêter ? Ce temps là était révolu. Vraiment ? Pas si sûr. Eric criait toujours que cela l’avait amenée dans cette situation négative. Rachel ne s’en préoccupait plus du tout de ce qu’il pensait. Elle continuait. Ou plutôt, elle recommençait. Elle se pencha sur la table et prit la boisson. Mais il ne lui restait plus qu’une gorgée alors elle fit la moue. Tant pis, elle s’en achèterait encore plus tard lorsque la queue aura diminué.

- Tu me plais, lui répondit Rachel soudainement lorsque celle-ci lui demanda ce qu’elle pensait sur les rumeurs. Le plus important dans les rumeurs, c’est que la personne concernée et son entourage sache ce qu’est la vérité. Peu importe le reste. Et même si la personne est préoccupée par les rumeurs, il faut qu’elle s’y habitue. A ce moment, elle n’y fera même plus attention. Qu’ils croient ce qu’ils souhaitent !

Elle sourit. Toujours pas de réponse à la question la plus importante : est-elle vraiment Rachel Leboit ? Il lui était vraiment important de voir les réactions de Lise avant même de lui révéler la vérité. Et pour l’instant, l’espagnole était très heureuse de ses réponses. Elles étaient parfaites. Et elle estimait qu’elle pouvait très bien le lui dire maintenant. Toutefois, elle cherchait désormais le moment pour le lui dire. Parce que d’abord, Lise lui raconta une partie de sa vie puis elle enchaîna sur les examens. Pour terminer sur une question où elle attendait de même comme réponse de la part de Rachel. Alors elle pensa que c’était le bon moment pour lui dire. Commencer par parler des examens et des conditions dans lesquelles elle avait révisé. Puis enfin terminer par lui révéler qu’elle avait vraiment été enceinte parce qu’elle avait une petite fille de quelques mois, née en septembre. Elle s’apprêtait alors à parler lorsqu’un garçon s’approcha de la table. Rachel tourna la tête. Il n’y avait plus de places dans la cafétéria et non plus à cette table. Lise avait prise la dernière. Alors que lui voulait-il ? A Rachel ou même à Lise. Il s’arrêta puis regarda la blonde.

- Ton frère est furieux, Rachel.

Un ami de son frère. Bien sûr, elle ne les connaissait pas tous. D’ailleurs elle n’en connaissait presque pas du tout. Ce fut la raison pour laquelle elle ne l’avait pas reconnu. Mais eux, la connaissaient tous au moins de vue. Eric l’avait décrite physiquement. Ils ne pouvaient donc pas se tromper. Rachel soupira. Sa colère remonta à nouveau. Son frère avait du contacter un de ses amis afin qu’il la retrouvât. Elle n’en pouvait plus. C’était vraiment le moment de crise. Elle se dit qu’elle aurait une longue conversation avec Eric, et pas forcément toute douce. Elle devait s’y préparer et elle avait encore toute une après-midi. Parce que malgré ce qui arriverait, elle ne rentrerait pas. Cette fois-ci, elle ne céderait pas. Elle ne se laisserait pas faire. Elle n’avait aucune envie que son frère gagnât. Qu’il fût satisfait. Alors elle se leva brusquement et en même, la chaise racla le sol, provoquant un bruit insupportable. Toutes les têtes se tournèrent vers eux désormais. Et mince ! Mais bon, tant pis. Elle y était habituée. Elle avait souvent été dans de telles conditions. Elle le supporterait. Elle ne savait pas ce qu’il en était de Lise, mais elle ne pouvait pas penser à elle maintenant. Elle espérait qu’elle se débrouillerait si jamais elle était prise dans cette histoire.

- Pars ! Va-t-en ! cria tout simplement Rachel.

Le garçon ne savait pas quoi faire. Il était très surpris de la réaction de la jeune fille. Comme il ne partait pas, Rachel dut enchaîner :

- Je m’en fiche de mon frère ! Tu vas l’appeler et lui dire que je ne céderai pas alors qu’il arrête toute cette mascarade. Il va s’occuper d’elle et puis c’est tout ! Maintenant va-t-en !

Il ne comprenait pas ou en tout cas, il ne bougeait toujours pas. Elle dut alors le pousser au niveau du torse. Il poussa un cri, la regarda d’un air menaçant voire comme s’il avait envie de la tuer. Ensuite, il partit, lui aussi en colère. Rachel se rassit sur sa chaise, comme exténuée. Elle soupira plusieurs fois, mit sa tête entre les mains et ne se préoccupa pas de tous les regards encore posés sur elle. Quand elle leva la tête, elle la tourna vers Lise.

- Je suis vraiment désolée pour ce qui vient de se passer.
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MessageSujet: Re: Par la force des choses [PV] CLOS   Par la force des choses [PV] CLOS EmptySam 5 Fév 2011 - 16:10

    Lorsque Lise eut enfin achevé son déjeuner, elle reposa ses couverts sur son plateau et poussa ce dernier sur quelques centimètres. Suite à ce geste banal mais pourtant symbolique, elle posa ses mains sur son ventre qu'elle caressa comme s'il s'agissait d'un objet véritablement précieux. Ce repas lui avait fait un bien fou, après avoir passé une matinée entière à cogiter au-dessus d'une copie, contrariée par l'incertitude de sa réussite. Même si elle était plus confiante qu'auparavant, elle mettait toujours un point d'honneur sur le fait de ne jamais rien prendre pour acquis. Après tout, elle avait souvent eu de mauvaises surprises par le passé, dès lors qu'elle croyait trop en ses compétences. Elle s'évertuait à se remettre en questions, autant dans le domaine des études que dans celui de ses relations. Son interlocutrice en était un parfait exemple. Plus elle l'interrogeait sur la dénommée Rachel, plus Lise se demandait si elle n'était vraiment pas en face de la principale concernée. Ses questions démontraient un vif intérêt pour l'opinion de la psychologue en herbe, ce qui supposait qu'elle s'en souciait, comme-ci cela la concernait directement. Ma foi, si tel était le cas, ça serait un grand honneur de pouvoir lui parler ouvertement de toutes ces rumeurs. Lise verrait ceci comme un privilège, celui de connaître la vérité vraie, celle qu'on prenait un malin plaisir à enfouir six pieds sous terre.

    Lise esquissa un sourire discret lorsque son acolyte lui avoua qu'elle lui plaisait. Oui, le raisonnement de mademoiselle Ebel était plus que rationnel, et même si sa franchise lui avait coûté bien des efforts pour se rattraper auprès de son prochain, on lui était quelques fois reconnaissant de ne pas laisser planer le doute. Elle se fichait pas mal des phénomènes de mode, des opinions communes. Il n'y avait que les siennes qui comptaient, car jusqu'à preuve du contraire, elle savait réellement d'où elles provenaient. Ainsi, elle pouvait les croire sans se demander si ce n'était pas se comporter comme un docile mouton de panurges. Quant au fait de croire ce que nous souhaitons, Lise était assez d'accord avec ce raisonnement. De toute façon, on ne peut pas empêcher les gens de polémiquer sur un sujet aussi croustillant qu'une adolescente peut-être accidentellement tombée enceinte. Il y avait inéluctablement des ragots abjects et indécents qui en résultaient. On n'y pouvait rien, mais Lise était navrée pour ceux qui étaient au centre de ce spectacle.

    Au moment où un léger silence plana entre les jeunes filles, celle aux cheveux blonds s'apprêta à dire quelque chose. Lise crut percevoir une légère prise de souffle, celle que l'on a lorsque l'on souhaite faire une déclaration importante. Elle savait que c'était une façon de prendre son courage à deux mains avant de se jeter à l'eau. Mais alors que ses yeux noisettes se suspendirent aux lèvres de son vis-à-vis, celui-ci fut interpellé par un jeune homme. Apparemment, sa venue n'était pas spécialement bien vue, compte tenu de la violente réaction qu'il reçut en échange. Intriguée par ce face à face foudroyant, Lise ne fut aucunement surprise de l'entendre prononcer le prénom de Rachel. Elle n'exprima qu'un bref étonnement, s'appuyant un peu plus contre le dossier de sa chaise. Tandis que la rouquine prenait ses aises, ladite Rachel bataillait pour que cet homme disparaisse de son champ de vision. D'une oreille distraite, Lise écouta, sans pour autant se délecter de chaque information. Elle n'était pas là pour s'abreuver malicieusement de ses contrariétés, mais pour faire plus ample connaissance. Evidemment, quelques éclaircissements ne seraient pas de refus suite à tout ce à quoi elle venait d'assister, entre le coup de téléphone suspect et cet individu irrespectueux. Mais elle n'exigerait aucune explication, elle attendrait que ce soit Rachel qui fasse le premier pas.

    Une fois que son adversaire eut détalé comme un lapin face à ses réprimandes, elle s'excusa auprès de Lise.

    - Ce n'est rien, je comprends que ta vie ne soit pas de tout repos. A chacun ses problèmes, Rachel.

    Elle avait prononcé son prénom avec une lenteur flagrante, comme si elle prenait véritablement conscience de l'identité de son interlocutrice. Dans un soupir, Lise jeta un bref coup d'œil à sa montre. Il leur restait encore une heure pour débattre sur le sujet qui les inspirerait le plus. Maintenant que Rachel avait été démasquée à son insu, est-ce qu'elle prendrait le temps de lui expliquer, ou est-ce qu'elle jugerait que les explications pouvaient attendre ? De toute manière, ce n'était pas comme si Lise n'attendait que ça, mais en sachant qu'elle était en présence d'une personne qui avait délié les langues de vipère, elle se sentait avide de vérité.

    - Avec tous les éléments que j'ai maintenant, je crois être en mesure de penser que tu es la Rachel dont nous parlons depuis le début. Si c'est bien le cas, j'admire ton courage. Tu n'as pas dû connaître que des périodes roses. Si j'avais été toi, je me serais débrouillée pour disparaître, en changeant d'identité, de pays, quelque chose dans ce genre. Ma tolérance à la stupidité humaine a des limites, et quitte à passer pour une lâche, crois-moi que j'aurais coupé les ponts. Faire face est une véritable épreuve.

    Victime des doux effets de la digestion, Lise bâilla à s'en décrocher la mâchoire. Elle n'avait aucune motivation pour endurer le prochain examen. La psychologie différentielle, bien qu'attrayante, comportait aussi des difficultés non négligeables. Pour l'affronter, Lise éprouva le besoin d'aller commander un café pour se revigorer. Se levant de table, elle posa une main douce et affable sur l'épaule de Rachel avant de lui proposer la chose suivante :

    - Je vais me prendre un café pour me réveiller un peu. Tu veux que j'aille te prendre quelque chose à boire ou ça ira ? Tu as peut-être des choses plus importantes à faire que de t'éterniser à la cafétéria.

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MessageSujet: Re: Par la force des choses [PV] CLOS   Par la force des choses [PV] CLOS EmptyJeu 17 Fév 2011 - 14:30

Dès qu’elle entendit son prénom prononcé tout lentement par la voix de Lise, elle sourit voire même poussa un petit souffle sortir de sa bouche, comme pour dire que cela la faisait rire. Elle n’avait pas eu le temps de lui dire la vérité après qu’elle fût satisfaite des réponses de cette fille. Après tout, il était rare de trouver des personnes avec qui on pouvait s’entendre et qui pensait cela. Les autres, ils semblaient avoir les yeux fermés et ils préféraient tout simplement suivre le troupeau comme des moutons et ne pas se préoccuper de la vraie vérité. Pas la fausse. Celle que tout le monde admettait comme étant la vérité mais qui ne l’était pourtant pas. Elle espérait maintenant qu’elle n’avait pas trop dérangé Lise en ne lui disant rien au début. Maintenant, elle le savait. Du moins elle le pensait. Mais elle avait raison. Il était facile de reconnaître Rachel si on connaissait les rumeurs. Elle n’avait donc pas tardé à tout saisir. L’espagnole vint s’adosser à nouveau à sa chaise. Manque de son chocolat, et surtout, se sentant un peu fatiguée après cet accès de colère, elle ne savait plus trop quoi faire. Elle réfléchit quelques instants pendant même que Lise parlait. Elle écoutait à moitié mais saisissait quelques bribes de mots. Son esprit reconstituerait les mots et les phrases par la suite afin qu’elle comprît ce que son interlocutrice désirait lui dire. Quand enfin Lise termina de parler, Rachel rassembla donc tous les mots. Elle se rendit alors compte que cette dernière appréciait son courage. Cela étonna un peu Rachel. C’était la première personne qui lui disait qu’elle avait été courageuse. En effet, cela n’avait pas été facile tous les jours et ça ne l’est toujours pas. Mais de toute façon, elle avait bien vécu la mort de ses amis.

- J’ai déjà changé de pays, dit-elle à moitié perdue dans ses pensées. Si je suis au Japon c’est parce que j’ai traversé une période plus que difficile en Espagne. Ma grossesse n’était qu’une épreuve de plus mais pas plus difficile que la précédente.

Pour l’instant, elle ne disait pas la raison pour laquelle elle se trouvait au Japon. A savoir qu’elle recherchait la femme qui avait ruiné d’abord sa carrière puis sa vie. Oui, parce que ses amis, c’était sa vie. Elle ne s’imaginait pas que leur absence serait un manque aussi terrible et dur à vivre. Aujourd’hui, elle avait tout simplement envie de vengeance pour se sentir beaucoup mieux. Savoir que ses amis n’étaient pas morts pour rien. D’ailleurs, à cette pensée elle sembla beaucoup plus triste qu’elle ne l’était l’instant auparavant. Elle avait les yeux rivés vers un point fixe de la petite table. Quelques secondes plus tard elle secoua sa tête, comme si elle était revenue à la réalité, et la tourna vers Lise.

- Mais je te remercie, tout ce que tu me dis me fait grandement plaisir.

Qui avait dis que Rachel n’avait pas de cœur ? Probablement de nombreuses personnes dans cet établissement. Il était vrai qu’en arrivant ici, elle avait beaucoup changé. Elle s’était lâchée. Elle avait couché de gauche à droite avec tout le monde – ce qui lui avait valu la grossesse actuelle – et elle avait dragué tous les garçons qu’elle avait désirés. Elle avait méchante et froide avec de nombreuses personnes. Elle s’était prise pour supérieure à toutes les filles qui avaient été ses pseudos « amies ». Puis elle avait été abandonnée par toutes. En fin de compte, cela ne la dérangeait plus autant. Son frère pensait qu’elle avait retenu sa leçon mais elle était finalement restée la même après la naissance de Rose. Après tout, elle n’avait pas envie d’être la même dans ce pays. Elle pensait toujours et encore à la mort d’Emilio et Natalia. C’était le plus important. Elle devait trouver cette femme, par tous les moyens possibles. Puis elle se rendit soudainement compte que Lise lui avait posé une question et qu’elle n’y avait pas encore répondu. Elle réfléchit un instant pour savoir ce qu’elle avait envie de faire mais elle ne savait pas encore. Resterait-elle encore un peu ou pas ? En tout cas, elle était sûre qu’elle n’avait plus besoin d’un nouveau chocolat chaud. Cela ne l’aiderait en rien au final. Alors elle était davantage tentée de partir de cette cafétéria. Malgré la colère, elle s’inquiétait quand même et elle culpabilisait. Elle avait tout d’un coup l’envie de rentrer chez elle pour voir si tout allait bien.

- Excuse moi, Lise j’adorerai rester un peu plus mais je pense que je vais partir me balader un peu toute seule.

Mensonge ? Pas forcément. Elle ne savait pas quoi faire. Peut-être allait-elle ne pas rentrer à la maison ? Il fallait qu’elle y réfléchît encore et une petite balade serait probablement la meilleure solution. Elle se leva, prit le verre en carton qui était vide pour aller le jeter avant de revenir à la table.

- J’ai été très contente de te rencontrer, j’espère pouvoir te revoir, avoua-t-elle avant de terminer sa phrase. Et excuse moi, mais j’avais besoin de savoir certaines petites choses avant de te dire la vérité sur mon identité. J’espère que tu ne m’en veux pas trop.

Elle lui fit un clin d’œil, sourit et attendit sa remarque avant de partir.

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