Nouveau départ... [ CLOS ]

"Allons allons Saki, arrête un peu de faire des simagrés !" disait Maï, sa mère, tout en gesticulant de façon ridicule devant leur récente Mercedes dernier cri. Elle s'était habillée pour l'occasion, tailleur de haute couture, bleu foncé, qui mettait ses cheveux noir bleuté en valeur. Elle avait mit trop de maquillage, ce qui ne siait pas au teint des japonaises, mais son opinion était unique et ancrée, il était impossible de la faire changer d'avis...

"Maman, je t'ai déjà dis que je pouvais me débrouiller toute seule ! Pourquoi tu me laisses pas y aller moi-même ??"
Saki commencait déjà à sentir l'agacement creuser son petit chemin dans ses entrailles. Ce n'était pas pour rien qu'elle avait décidé de partir en pension, elle voulait être loin de cette famille qui l'avait rendue si faible et si stéréotypée... Mais ses parents avaient apparement décidé de lui en faire baver encore quelques heures. Elle soupira, en sachant très bien qu'elle n'aurait pas le dernier mot ce matin. Mais finalement peu lui importait, d'ici quelques heures, elle serait toute seule, perdue dans une étendue de gens tous si différents les uns des autres, et elle pourrait se perdre à corps perdu dans cette étendue de mouvements.

"Y aller toute seule ? Avec plus de 10kg de valises ? L'Académie Keimoo n'est pas loin de chez nous, certes, mais ce n'est pas une raison d'y aller seule. Tu n'as que 16 ans et il peut t'arriver une multitude de choses à cet âge là ! Tu m'entends ?", minauda sa mère, tout en portant un regard accusateur sur la façon dont se tenait Saki, mains dans les poches, baskets délassées et cheveux ébouriffés. "Tu aurais tout de même dû faire un effort vestimentaire, tu vas pas au Zoo !".
Saki sentait la poudre lui monter au nez lorsque son père mit un terme à la conversation. Il ordonna mielleusement à sa femme de prendre place dans la voiture et mit les bagages dans le coffre. Il posa une main paternelle sur la tête de Saki qui se dégagea mollement et prit place à son tour dans la voiture. Elle démarra, signe qu'ils partaient. Saki était encore à côté du coffre, elle n'avait pas bougé... Doucement, elle murmura "J'aurais PU faire un effort... et pas j'aurais DU...", et elle s'engouffra à son tour dans son carosse...

* * * * *

Tête appuyée bêtement sur les paumes des mains, Saki voyait défiler la route qui la menait vers la sortie. C'était le jour J. Au fond d'elle se battaient plusieurs sentiments, excitation d'aller vers un nouvel endroit, de nouvelles personnes, et d'affronter enfin les statues colossales de ses parents ; mais aussi de la peur. Peur de l'inconnu, peur du vide, peur de l'indépendance. De tels changements si imprévus, ça peut vous boulverser !
Mais lorsque les murs de l'Académie s'imposèrent au pare-brise de la voiture, elle en oublia tout ses soucis. Elle semblait magnifique, inaccessible et bien trop hupée pour elle. Elle se remit en tête qu'elle avait été acceptée et qu'elle devait maintenant faire des efforts scolaires pour réussir à gravir les échelons de sa vie professionnelle.

"Saki ! Regarde, c'est ton école ma chériiiie !"
Une fois de plus, sa mère exagérait. Elles, qui ne s'étaient pas parlés depuis des mois, se retrouvaient maintenant à jouer la comédie de la petite maison dans la prairie. Saki se sentait misérable et tellement "enfantilisée" qu'elle se recroquevilla encore plus dans son siège, tout en répondant "Tu trouves pas que plus tu parles comme ça, plus tu fais vieille ?". Ce qui mit un autre terme à cette conversation.
Sûrement plus ou moins vexés de l'attitude et du ton que Saki avait employé envers eux, ses parents se garèrent sur le parking extérieur et sortirent les valises du coffre. Maï embrassa vaguement sa fille, et partit se rassoir. Son père, plus calme et sûrement plus anxieux, s'accroupit à ses côtés et lui murmura "Saki... Cette école coûte cher, mais nous avons de l'argent. Ca te prendra du temps et nous avons du temps... Seulement, si elle nous prend notre fille, nous n'en avons plus... Alors fais attention à toi et reviens nous vite."
Ce discours plutôt moralisateur et larmoyant faillit faire hurler Saki de rage. Cependant, elle ne répondit rien et préféra garder sa rage pour la lâcher l'instant même où ils seraient partis. Ils ne tardèrent pas, évitant les "adieux" trop précieux pour leurs petits coeurs de bourges. Saki, seule sur le parking, du haut de sa petite taille, entourée de ses valises, ne réalisa pas tout de suite qu'elle était libre...

Sortant les mains de ses poches, puis les remettant à nouveau, elle ne savait plus quelle attitude adopter, comme si tous ses repères étaient effacés, comme si à partir de cet instant, elle pouvait être celle qu'elle voulait. Soupirant et sentant une boule de stress inconnue jusqu'alors, lui serrer l'estomac, elle ne put contrôler le flot d'émotions qui la ravageait intérieurement. Une larme coula sur sa joue qu'elle essuya aussitôt rageuse, et elle opta pour une solution plus hardie, et la seule qu'elle connaisse depuis quelques années, elle ferma les yeux, tourna sa tête vers le ciel et hurla :

"Arrête de faire comme si VOUS aviez pris la décision de ME déposer ici ! JE l'ai choisi ! J'AI choisi cette école pour ne PLUS VOUS VOIR ! C'est pas une PRISON, je vais pas MOURIR ! mais je reviendrais JAMAIS ! Je vous HAIS ! Je vous DETESTE ! AAAAAAAAAAAHHHHHHHH !

Elle donna un coup de pied dans sa propre valise, emportée par sa fureur, avant de respirer bruyamment pour se calmer. Elle n'avait pas prêter attention autour d'elle, elle s'en fichait pas mal à vrai dire.
Soudain remotivée à blocs, elle mit un terme à ce débordement d'expressions et ramassa ses valises avant de passer le solide portail de sa nouvelle vie.

* * * * *

Le Hall lui faisait face à présent, et il y avait déjà nettement plus de monde que sur le parking. Ce n'était ni pour lui plaire, ni pour lui déplaire. Elle n'aurait pas aimé être la première, toujours nerveuse de ne pas savoir où aller, elle n'avait plus qu'à suivre le troupeau. Mais hélas, elle tombait dès le début sur de drôles de spécimens... Une fille, dans une robe violine, à l'allure d'une princesse de bande dessinée, s'entêtait à essayer de marcher d'une autre façon... De loin, elle aurait juré se reconnaître, il y a encore quelques mois... mais elle trébuchait, et restait parterre, impressionnante motivation... C'est alors que surgit un garçon aux cheveux blancs pour lui porter secours sûrement. Ah quelle bande de drôles de larons en foire... De l'autre côté, c'était un vrai Picasso qui se trimballait avec une droguée... Tiens... elle essaierait bien une cigarette quand elle aura du temps libre...
Soupirant, elle se rendit compte qu'elle était à côté de la plaque depuis le début... Elle n'avait pas comprit qu'elle ne se ferait aucun ami ici, et finalement, c'était ce qu'elle voulait depuis le début. Se faire des amis n'avait plus aucune signification pour elle. Vous êtes belle, alors ils vont vous envieret vous maltraiter ; vous êtes moches, alors ils vont vous détester et vous humilier. Autant être ni belle, ni moche, juste invisible.
Arborant une moue déconfite, elle avanca de quelques pas... mais s'arrêta encore... Elle ne savait pas franchement où aller... Prenant le temps de bien faire les choses, elle se stoppa définitivement. Posant ses valises sur le sol, et remettant les mains dans les poches de son gilet kaki, elle détailla ce qu'elle avait sous les yeux, pour chercher le moindre indice du chemin à suivre...

Des étudiants le long des immenses trottoirs japonais. Au milieu de cette foule, sur la route, une limousine noire aux vitres teintées roulant au rythme de la marche. Celle-ci tout le monde la connaissait, une ou la seule des étudiantes à rouler en limo c'était Ashley Mac Dowell.
Plusieurs catégories d'individus pouvaient se distinguer dans la foule. Les jaloux sur qui la vantardise de l'héritière avait un impact direct. Puis les dragueurs, tous ces garçons qui tentaient tant bien que mal, à se procurer la riche brune. On y retrouve également les admirateurs, qui suivent la belle dans ses faits et geste, et, pour terminer, ces marginaux qui ne réagissent guère aux folies de la demoiselle.
La fenêtre de la voiture s'abaissa, certains se dégagèrent de la foule pour venir parler à la demoiselle. Qui, d'un premier coup d'oeil semblait ivre au regard de sa moue à moitié déconfite. Et, bien que fortement alcoolisée elle tenait encore en sa main une coupe de champagne. Dans cet état d'ébriété était-elle simplement capable de comprendre ce qu'ils lui disaient. Car ils étaient au moins dix à lui parler en cœur.
Et [...] Effectivement c'était le cas. Même bien plus car sans avertir ses fans elle dégagea sa tête par la vitre et dégurgita tout ce qu'elle avait bu. Les plus proches n'ont pas été loupés, le reste, ont eut de la chance. Peste comme elle est, elle reprit place sans excuser. Au contraire elle ria un bon coup au sujet de cette scène pour finalement refermer la vitre.

- On peut avancer Shawn. Haha, c’était trop drôle.

Qu'en était-il à propos de ces étudiants souillés par la vomissure de la reine A. Les avis étaient divers et variés. Aperçut :

- Ah mais c'est dégelasse, elle est conne cette fille. Même plus elle vient me parler.
- Oh du vomi de A sur mon T-shirt ! Je ne le lave plus.
- Berk !!
- Reste plus qu'à se changer... Elle a encore du trop boire.
[...]

Chacun avait son opinion sur la scène.
Mais que s'est-il passé pour que l'héritière soit dans un tel état ? Petit résumé de la soirée de la demoiselle A.

*****

*****

*****

- Hi ! It's A. What do you do tonight? Me I'll go to the Acropolis. If you want, I'll tell to Shawn, to take you by car.
- ...
- Okay, see you soon.

Téléphone raccroché elle se prépara dans sa chambre. Sa douche étant déjà prise, ne restait plus qu'à se vêtir.
Shanty, sa meilleure amie celle qu'elle venait de joindre pourra l’accompagner dans cette prestigieuse soirée ou seuls des gosses de riches se rendent.
Sur le lit une robe Valentino jaune, le prix ?! 15 000€. Faite sur-mesure pour les désires de la belle. En chaussure de beaux escarpins à talons hauts - Chanel. Sans compter les bijoux en diamant. Pour la coiffe elle les fit boucler en leurs bouts. Dernière retouche de maquillage et parfumage, et, elle était parfaite pour sortir. Une bonne heure s'étant écoulée.
Elle fila dans sa limo pour rejoindre son amie et se rendre à leur soirée.

Shawn : - L'acropole mesdemoiselles. Vous êtes arrivées à destination.

Il vint ouvrir la portière. Shanty était sobre, Ashley avait déjà deux coupes de champagne dans le sang mais n’était pas encore sous effet.
La soirée se déroula sans encombre, les deux amies se séparèrent bien vite pour partir avec un garçon chacune. Ashley, coquette buvait tout en se faisant charmer. Elle prenait son air de niaise. Il devait probablement connaitre la réputation de cette reine déchue. Elle qui avait couché avec la moitié des garçons du lycée.
Bref, la brune avalait verres sur verres, quand vint le moment ou l'homme l'invita à se rendre dans un hôtel luxueux. Ayant avant tenté un hôtel plus à même de ses moyens, du quatre étoiles, ce n'est pas si mal. Mais, suite au refus catégorique de la reine A - pour ne pas rater son coup - il mit le prix pour un cinq étoiles d'exception, choisit par les soins de la belle.
Il sortit d'une poche de son manteau un sac. Dedans on pouvait y retrouver toute sorte de drogue. Cannabis, herbes, cocaïne, héroïne et même des champignons hallucinogènes.
Ashley prit un sachet de coco - sa favorite. Ils se firent quelques lignes. Puis la belle roula de l'herbe. Toute cette fumette ayant donnée soif, elle se désaltéra avec de l'alcool.
Avec toutes ces substances ingurgitées, Ashley était dans un tel état qu'elle ferait tout et n'importe quoi. C'est d'ailleurs ce qui se produisit.
Allongeant le garçon sur le lit.

- Toi, je vais te violer.

Elle se dévêtit pour rejoindre l'homme sur le lit et exécuter ses dires.
Une fois leurs affaires terminées. Les deux individus reprirent ces substances dites illicites accompagnés de verre de boisson alcoolisé.
Soudain, le mobile de la brune sonna, c'était Shawn, il l'attendait en bas. Il était bientôt l'heure de retourner à l'académie. Elle remit sa robe, prit son sac Louis Vuitton et partit. Avant ça, le garçon d'une nuit lui donna le sachet de cocaïne et lui déposa un baisé.

- C'était parfait, on se reverra ma belle.
- Oui bien sure ! Pas de problème...

Elle dit sûrement ceci sous effet des produits consommés. Puis tournant les talons elle rentra dans le véhicule...

*****

*****

*****

Voilà ce qui s'est passé la vieille, ce qui justifie son état.
Le véhicule arriva au parking. Shawn ouvrit la portière pour laissé sortir A. Avant d'avancer au lycée elle se rinça la bouche avec du champagne. La seule chose qu'elle avait. Ca sera toujours plus enchanteur que le gout du déglutit.
Puis elle commença son chemin pour accéder à l'académie, titubant de ses hautes chaussures de droite à gauche. Car oui entre temps elle n'eut pas le temps de se changer, elle revenait de l'hôtel. Etant trop pompette pour penser à mettre son uniforme elle ira en cours en tenue de soirée. Ashley est bien réputée pour ses excentricités.

- Ca va aller mademoiselle ?
- T'inquiète Shawn j'suis pas bourrée !

Vu sa manière de marcher c'était difficile à croire. Avant de pénétrer les lieux, elle enfila ses lunettes de soleil Dolce & Gabbana, pour masquer ses yeux de défonce...
À l'intérieur de l'académie rien ne changea. Elle marchait de gauche à droite bousculant certains étudiants. Certains grommelaient des faits de la belle. Mais connaissant son caractère ils évitaient de trop en faire. Pour ne pas engendrer de conflit
Puis elle heurta une ultime personne. Un sachet de poudre blanche tomba entre les deux filles. Le sachet de cocaïne de la veille. Bien qu'étant de la drogue, elle ne fût pas prise de panique. Regardant le sachet au sol avec un sourire béat. Elle leva le nez vers son interlocutrice lui faisait un sourire également.
Elle essaya de s'accroupir pour le ramasser mais elle tomba à la renverse, toujours aussi alcoolisée elle ria de sa propre chute. L'autodérision elle aime ça décidément.
Finalement, tant bien que mal elle reprit pieds sachet de cocaïne en main. Elle le dressa fièrement en levant son bras pour en avertir tout le hall. Parlant de manière à ce que tout le monde soit informé.

- Regardez-moi ça ! On dirait de la cocaïne... Mais peut-être est-ce du talque. Accordons-lui le bénéfice du doute

Elle ouvrit le sachet, mit le doigt dedans et le déposa ensuite sur le bout de sa langue. Et à nouveau elle hurla.

- Il n'y a plus de doute ! Inspecteur... euh... inspectrice Ashley a tranchée. C'est de la drogue.
Oui cette femme possède de la drogue.

Elle pivota sa tête en direction de la jeune fille. Au travers de ses lunettes ses yeux étaient rouges et mis-clos.

- Alors ! Qu'as-tu à dire pour ta défense ?

Et elle leva le bras de la camarade qu'elle avait heurtée. La pauvre, une victime d'Ashley. Elle qui venait simplement assister aux cours, se retrouve affichée devant tous ces étudiants qui ne la quittaient plus des yeux.
Il ne lui reste plus qu'à bien se défendre. Bon courage jeune demoiselle [...]

Il était évident que Saki se serait sûrement arrêté à un autre endroit si elle avait su que sa journée serait aussitôt gâchée par une idiote en robe de soirée… Quelle horreur de se trimballer dans une école, habillée comme une princesse. Encore une pauvre demeurée qui n’a pas compris que ses parents l’avait enfermée dans une tour de verre. Tout avait plutôt bien commencé malgré le fait que cette école semblait être un repère de rebus de la société. Indécise, elle s’était mise à réfléchir en plein milieu du hall. Elle n’avait pas pu choisir entre « visiter les lieux », ou « aller réserver une chambre ». Si bien, que lorsque la droguée la bouscula, sûrement involontairement, elle eut le réflexe de sourire béatement, comme pour dire « Je t’en veux pas, mais recommence pas ». Hélas, la pauvre fille qui ne tenait plus debout n’en avait pas fini avec elle…
Lorsque Saki se retourna pour faire face à la coupable, elle fut aussitôt frappée par son accoutrement, elle était habillée d’une robe de soirée, qui jurait maladroitement avec les lieux d’ici, beaucoup plus… softs. Elle ne pût retenir une grimace de dégoût devant ce spectacle hideux d’exposition forcée de richesse inutile, mais elle comprit bien vite que son interlocutrice ne remarquerait pas les mimiques qu’elle pouvait faire, ou que même si elle les remarquait, elle ne pourrait les déduire. Elle était complètement faîte. L’odeur de champagne mélangé à du vomis qui s’échappait de sa bouche, emplissait l’air comme du fumier dans un champ de vaches. C’était simplement infâme et le tout, rendait cette pauvre fille encore plus misérable.

< poc >

*Poc ?*… Saki n’avait pas rêvé, elle avait bien entendu quelque chose tomber par terre, mais comme elle n’avait sorti aucun objet lui appartenant, elle n’y prêta pas attention et resta plutôt concentrée sur ce drôle de spécimen qui n’avait pas dit un mot, et tentait tant bien que mal de ramasser un petit sachet blanc. Saki, curieuse, effrontée et plutôt dépassée par les évènements, subissait chacun de ses mouvements, elle aurait pu partir, ou se reculer mais elle restait là. Comme absorbée…
Ouch, tout à coup, tout se compliquait, c’était de la drogue. Enfermée dans son château à 8 tours de clefs, Saki n’en avait jamais vu, et c’est sûrement ce qui la poussa encore naïvement, à ne pas prendre la fuite. Les gens commençaient à affluer autour d’eux, ce qui n’avait rien d’étonnant vu que la demeurée hurlait à qui veut l’entendre que c’était de la cocaïne et que… que QUOI ? Non ! Non ! Cette drogue n’était pas à Saki ! Infamie, la voilà entourloupée dans cette galère qui n’est absolument pas la sienne… Elle soupira, que pouvait-elle faire ? Fuir ? Trop tard maintenant, fallait y penser avant, elle s’en souviendrait la prochaine fois. Se faire passer pour une junkie pour effrayer les badauds ? Pas débile mais risqué pour un premier jour, elle se ferait peut-être renvoyée sur le champ… Non, pas de retour chez les parents, solution impossible. Nier en blocs ? Oui, pourquoi ne pas dire simplement la vérité ?
Lorsque la garce en robe s’adressa à elle pour lui demander ses arguments de défense, Saki se sentit soudain très petite et très mal barrée. Elle sentit son bras se lever en l’air, comme si elle était un pantin incapable de gesticuler sans son maître. Elle était à courts d’arguments sur le coup et le seul mot qui sortit de sa bouche à ce moment là, fut débordant d’innocence :

"Moi ?"

Une personne coupable ne répondrait pas ça non ? Saki était persuadée que tous les gens autour d’elle savaient qu’elle était innocente, mais après tout ils s’en foutaient et elle aussi. Mais qui oserait dire quelque chose à cette demoiselle assez provocatrice pour s’en prendre à une inconnue.
Ce n’était pas le moment de se laisser marcher sur les pieds. Cette galère bien qu’imprévue pouvait devenir un tremplin considérable dans sa « réputation » au sein de l’école. Si elle s’en sortait vainqueur, elle pourrait creuser son trou tranquillement, sinon elle serait sûrement le « bizu » d’une population de lycéens déchainés. Elle n’avait pas spécialement envie de revivre ce qu’elle avait vécu en primaire. Trop traumatisant. Il fallait réagir, et cette saloperie d’Ashley serait parfaite pour commencer. Saki n’était pas dupe, elle savait à qui elle s’en prenait, la famille Mc Dowell, bien que pas originaire du Japon était assez connue dans le milieu financier pour étant une des plus grosses puissances. Et cette petite traînée n’avait rien trouvé de mieux à faire que de se bousiller la santé et les neurones en jouant avec des produits illégaux. Quand on a tout ce qu’on veut de légal, on se tourne vers l’interdit… Remotivée à blocs, elle dégagea son bras, sans agressivité des mains d’Ashley, et remit sa main dans sa poche. Elle releva les yeux vers elle et froidement, lui asséna ce qui était pour elle, un coup assez fatal…

"Tu sais, de nous deux, en ce moment, je pense que c’est toi la plus à même d’être montrée du doigt… Tu as vu tes fringues ? Et pire encore, tu pues l’alcool et le vomi à des kilomètres… Cette drogue, c’est pas la mienne et tu le sais très bien. En plus d’être méprisable, tu es lâche et même pas capable d’assumer tes conneries. Tu me fais pitié, pauvre Junky…"

Saki n’avait pas haussé le ton, elle avait juste placé quelques accents de voix sur certains mots, pour lui montrer qu’elle savait se contenir mais qu’elle n’était pas une brebis à qui on dit d’aller à gauche ou à droite. Même si Ashley débordait de fric, elle était plus prisonnière que Saki. Et c’était sur ce point qu’elle devait appuyer, lui faire se rendre compte qu’elle n’avait aucune idée de la vie qu’elle aurait pu mener si tout n’avait pas été aussi facile pour elle…

"Je te connais Ashley Mc Dowell, tes frasques avec les mecs, l’alcool et toutes ses saloperies auxquelles tu touches, font la une des magasines de potins, mais ne crois pas surtout pas que tu peux contrôler tout ce que tu décides, là où tu vas. Tu as besoin de gens qui t’admirent, te craignent ou qui s’intéressent à toi. Moi le regard des autres, je m’en fous, alors que toi non. Tu peux me salir autant que tu veux, je ne tomberais jamais aussi bas que toi, paix à ton âme."

Elle ironisa en mimant un signe de croix, bien qu’étant athée. Vérifiant que ses valises étaient toujours à côté d’elle, elle repensa qu’elle ne s’était toujours pas décidé sur la marche à suivre, il faudrait tout de même qu’elle demande une chambre, elle avait envie d’être tranquille, toute seule et surtout pas accompagnée de petites pimbêches riches et trop soignées pour être réelles. Elle s’apprêtait à reprendre là où elle en était avant son arrivée, et se retourna en rajoutant, sarcastiquement :

"Garde ta poudre et range la bien dans ta robe a 1Million de Yens, parce que c’est tout ce que t’auras de la vie… Passe ton chemin… Ashley » minauda-t-elle en insistant sur le prénom pour la provoquer encore plus ; dans son état, il était intéressant de savoir ce qu’elle oserait faire ou répondre. Saki prenait des risques, mais c’était fort en adrénaline… « Au cas où ça t’aurait pas frappé, je réfléchissais…"

L’héritière fût bien surprise par l’assaut de la pauvre victime.
Ashley faisait face à une adversaire redoutable. Aussitôt accusée à tord qu’elle répliqua avec une fronde des plus fatales. Peu de personnes oseraient s’attaquer aussi directement à la reine A. Perchée sur son trône elle parait intouchable, à tel point se la mettre à dos en donne des frissons à certains. Car elle est le genre de personne à vous persécuter mentalement, jusqu’à en horrifier ses victimes.
Chacune des phrases prononcées par l’adversaire contenait un piquant bien placé – probablement dans le but d’irriter la brune. Mais son état d’ébriété était tel qu’elle avait comprit que partiellement ce qui eut été dit. Seule l’intonation de la voix permit à Ashley de constater qu’elle été provoquée.
Elle réussit à retenir quelques morceaux de phrase. C’était toujours ça…
Entre autre voici ce qu’elle retint :

- Tu as vu tes fringues ?
- Tu peux me salir autant que tu veux, je ne tomberais jamais aussi bas que toi, paix à ton âme
- Passe ton chemin… Ashley

Elle se fit tourner en boucle mainte fois ces phrases dans ça petite tête. Son caractère impulsif s’ébouillantait petit à petit. Car même ivre, elle était La reine et elle commandait ici. C’est son territoire. Et ce n’est pas une pauvre inconnue qui lui mettra des bâtons dans les roues.
Son regard devint froid, elle insupporte qu’on lui tienne ainsi tête. Et elle le supporte encore moins quand ladite personne est d’une classe sociale inférieure. Prête à exploser, serra les poings et répondit de son ton le plus hautain, tout en titubant.

- Oui, j’ai vu mes fringues, tu n’auras jamais les moyens de t’en acheter des pareils. Je sais que tu veux les même, mais pitié fais-moi plaisir, ferme ta bouche… Tu baves d’envie.
Et d’ailleurs où as-tu appris à parler ? Ici ce que tu qualifies de fringue ça s’appelle des vêtements ou une tenue de soirée. Petite guenon tu devrais peut-être apprendre à parler avant de t’opposer à moi.

Une attaque pleine de repartie de la part d’Ashley. Qui fût suivi d’un brouhaha général. Le coup qui venait d’être asséné était violent. Mais, la jeune inconnue avait décidée de jouer sévère, alors l’héritière se contenta de rentrer dans son jeu. Et à ce petit jeu, pour ne pas mentir elle demeure une experte. Notamment grâce à son expérience acquise lors de ses nombreuses disputes.

- A ce propos, je n’ai pas besoin de te salir, tu l’es déjà, tu n’es qu’une pauvre fille du peuple. Tu es dégoutante comme tous ceux de ta catégorie. Et je me permets de rectifier ta phrase. Je ne tomberais jamais aussi bas que quiconque ici. Car même quand je suis au plus bas j’ai toujours plus de style et de classe que vous tous réunis.

Un étudiant dans la foule s’écria : - Autre chose à ajouter mademoiselle A ?!
Prise dans l’action la blonde acquiesça.

- Oui j’ai autre chose à dire à cette petite guenon qui ne connait pas les règles !
C’est moi qui décide quand je passe mon chemin. Tout comme c’est moi qui décide quand c’est terminé. Tu es dans mon territoire, pourtant tous les étudiants le savent. Tu voulais jouer les héroïnes en t’opposant à moi alors que je suis ivre ?! Soit ! Sache que même ivre je suis suffisamment lucide pour m’affirmer.

La masse étudiante devenait de plus en plus importante dans le hall. Ce qui intriguera surement les surveillants, qui s’intercepteront pour dissiper le conflit. Mais pour le moment ils n’étaient qu’entre élève. Et Ashley n’avait pas décidée de s’arrêter là. Elle y risque sa scolarité, mais après tout, une enveloppe bien garnie suffirait probablement à oublier ce qui se passe cette mâtiné.
Malheureusement pour l’inconnu, la plupart des individus présents connaissaient la reine A – et – se dressaient donc de son côté. Mise à part quelques marginaux qui ne l’apprécient pas.
C’est inconsciemment, en regardant à côté de cette inconnue effrontée qu’elle vit qu’elle était accompagnée de bagages.
Malgré cette découverte, elle ne culpabilisa pas d’avoir prit pour cible une nouvelle étudiante. Ainsi, elle sera formée dès le début du fonctionnement en ces lieux. Elle s’approcha en virevoltant sur les côté droit et gauche jusqu’à atteindre les valises de l’étrangère afin de lire la petite étiquette qui ressortait floue avec l’alcool.
Elle se concentra quelques instants sur le nom et le prénom qui y étaient inscrits. Euréka ! Elle décrypta l’inscription.

- Ainsi tu te prénomme Saki Ôsen… Je me souviendrai de toi petite nouvelle, je ferais de ta vie ici un enfer, alors trouve toi de bons amis.

Conseil avisé du maitre. Car s’il y a une chose qui protège les proies de l’héritière, ce sont les garçons. Hormis les Creepies et Intellos qui sont inoffensifs. Contrairement aux populaires qui représentent un danger potentiel pour Ashley étant donné qu’ils dégagent une influence importante auprès des étudiants tout comme les sportifs. Il serait dommage qu’ils la fassent boycotter. Bien que le tendance tend à s’inverser avec tous ces hommes que la belle conquière un a un. Elle en a de plus en plus à ses côtés. Il lui suffit de jouer la victime et ils foncent à son secours. Bien évidemment eux même ne sont que des pantins, qu’elle manipule avec brios. Car aucun ne sait qu’elle est polyandre. Aux dernières nouvelles elle serait devenue sérieuse dans ses relations […]

Dernier coup de la maitresse des lieux. Elle fit un petit tour pour arriver face au dos de Saki. Avant même que cette dernière réagisse elle eut le temps de verser la totalité du sachet de poudre blanche, sur le crâne de la nouvelle.
La chevelure de la jeune étudiante était recouverte de cette poudre dite cocaïne, ce qui eut le mérite de faire rire Ashley aux sanglots. À la vue de la tête de la jeune fille, Ashley ne parvint à cesser de ricaner, elle ne pu dire une phrase complète.

- Whahaha ! Hahaha ! Tu as pris un sacré coup de vieux Hahaha. Ouuhh je vais mourir de rire, hihihi haha.

Là elle était partie vraiment loin. Mais d’un autre côté rien n’obligeait Saki à rétorquer à la belle. Déjà qu’en étant sobre c’est un vrai diable. Alors la provoquer ivre c’est comme signer un acte de décès.
Toute la foule riait de la scène qui était comique pour certain – mais – beaucoup moins pour d’autre.

Au fur et à mesure des phrases plus que méprisantes que prononçait Ashley, Saki se sentait bouillir de colère. Serrant les points à son tour, elle baissa les yeux et se mordilla les lèvres, emprisonnant sa rage grandissante, résultat d’une frustration d’être ainsi prise à partie dans un conflit qu’elle ne maîtrisait pas. La foule commençait vraiment à s’accumuler et si ça plaisait grandement à Ashley, c’était un gros problème pour notre Saki qui aurait voulu tout faire pour rester inconnue et discrète dans cette école. C’était fort pour un premier jour… Elle était à deux doigts de regretter que ses parents soient repartis si tôt… Non, c’était lâche et puéril de penser à « papa et maman » dans cette situation. Ils n’auraient rien pu faire pour elle et puis de toute façon, elle pouvait s’en sortir toute seule, de cette situation… Mais dans quel état d’esprit ?
De plus en plus énervée, Saki entendait sa rivale lui imposer sa façon de voir, et ses idées douteuses de fille de bonne famille. Elle avait de bons arguments, mais se fiait trop au physique, elle traitait Saki de fille du peuple alors qu’elle aussi faisait partie d’une famille riche ; moins riche que les Mc Dowell, certes, mais riche tout de même. A la manière dont Ashley répondait aux précédentes remarques de notre victime, il était évident que Saki avait touché juste. Elle avait piqué la reine à vif. Mon Dieu qu’elle était simplette, s’énerver pour si peu, des fringues… Pfff quelle nouille. Saki fit une moue, elle regrettait de s’être laissée aller à vouloir impressionner les autres dès le premier jour… Elle aurait dû s’en aller, elle aurait été la risée mais au moins elle aurait été tranquille… Là, tout de suite, elle ressentait une telle fureur qu’elle se demandait si elle n’allait pas tuer la belle sur place… Quel scandale…
Saki releva les yeux, lorsqu’elle aperçut Ashley déambuler près de ses bagages. Mince ! Sa mère avait collé une étiquette avec son nom dessus, roooh quelle idiote ! La voilà désormais victime de harcèlement pour le reste de son séjour dans cette école. Elle s’empressera de téléphoner chez elle dès qu’elle serait seule pour les incendier de bêtise… Mais autre chose vint lui occuper ses pensées…

[i]*Oh non…*[i]

Sa rage fut de courte durée, elle fut anéantie quand Saki sentit la poudre s’effriter sur sa capuche, et s’infiltrer dans ses mèches et sur son visage… Quelle horreur… là c’était un coup bas… tellement bas que Saki en perdit toute attitude défensive. Sa bouche s’ouvrit dans un rictus de désespoir et ses poings se desserrèrent ; un nouveau sentiment s’emparait d’elle et emplissait son cœur à la vitesse de la lumière… la honte.
Les gens riaient, accompagné grandement par Ashley qui était à deux doigts de se faire dessus… Saki n’était plus consciente de son état physique sur le coup. Elle était retournée dans cette école, enfermée dans les toilettes avec un seau de flotte sale sur la tête. Elle était victime, salie, humiliée… C’était tellement réaliste qu’elle sentait même l’eau couler sur son visage… Elle porta la main à sa joue et constata qu’elle ne rêvait pas, elle pleurait. La seule façon d’exprimer ce qu’elle ressentait à ce moment, c’était de pleurer, elle n’avait pas les mots, et personne ne viendrait pour la sauver encore aujourd’hui… Pourquoi personne n’était de son coté ? Serait-elle toujours une personne mal aimée ?
Saki se doutait bien qu’elle ne pouvait rester là, branlante, à pleurer sur son sort mais que pouvait-elle faire ? Elle avouait sa défaite, battait en retraite, mais le mal était fait… N’ayant plus rien à perdre tant elle était au plus bas de son humiliation, Saki se retourna vers Ashley, les larmes ruisselaient sur son visage, mais elle arborait une moue rageuse, et le fait de voir sa rivale rire aux éclats, lui redonna assez de punch pour faire quelque chose qu’elle regrettera sûrement encore plus, un geste dérisoire, violent et assez idiot pour la faire se retrouver dans le bureau du directeur, mais sur le coup, elle s’en fichait, elle devait au moins quémander justice…

La gifle partit rapidement, ce qui arrêta net les éclats de rire d’Ashley et de ses moutons de supporters qui servaient de public. Oui, Saki venait de la frapper, elle avait levé la main sur la reine de l’école, celle qui contrôlait jusqu’à la moindre petite mouche qui volait dans ce bâtiment. Elle venait de se mettre à dos la personne la plus populaire de la ville… Malgré tout, elle ne regrettait rien. Lorsque sa main entra en contact avec la joue d’Ashley, elle sentit comme un immense poids sortir de son corps et même si elle devait subir les foudres de Dieu, elle les attendait avec calme et imprudence.
Retirant son gilet pour le secouer et enlever la poudre qui le jonchait, Saki respira un grand coup avant de faire de nouveau face à la diablesse :

« Pourquoi tu t’en es prise à moi Ashley ? Pourquoi moi ? »

Cette question improbable et opportuniste n’avait quasiment pas sa place à ce moment là, mais c’était là tout le délabrement de l’esprit de Saki, elle ne comprenait pas la situation et avait besoin de mettre un nom sur les protagonistes de l’histoire, les coupables, les victimes, les raisons… comme une enquête policière.
Il était temps pour elle de renvoyer l’ascenseur et de répondre aux accusations de la demoiselle, de lui dire qu’elle aussi avait eu des robes magnifiques lorsqu’elle était jeune, et qu’elle aurait très bien pu devenir aussi méprisante et hautaine et qu’elles se seraient même peut-être apprécier un de ces jours toutes les deux… mais aucun son ne sortait de sa bouche, elle avait juste le goût amer de l’humiliation qui ruinait encore ses joues d’eau salée et l’empêchait de rétorquer quoique ce soit d’intelligible :

« Je… tu… »

Elle se tut, c’était inutile de chercher à annoncer une couleur qu’elle ne possédait pas, elle n’avait pas de réponse. Saki était genou à terre. Ca y est, sa réputation venait de se fonder, la pauvre fille à qui la reine a versé de la cock sur la tête.
Son cursus allait devenir insupportable, elle allait devoir se trouver une occupation, s’inscrire dans un club pour passer de longues heures à ronger son frein.
Reposant les yeux sur Ashley, sûrement encore toute abasourdie d’avoir reçu une gifle, Saki se rendit enfin compte de son geste lorsqu’elle vit la joue rouge de sa criminelle… Ses yeux s’écarquillèrent en forme d’obus et elle porta une main tremblante à sa bouche :

« Oh merde ! … Je … excuse-moi, je… »

Mais il était bien trop tard pour les excuses… Beaucoup trop tard…

Bien qu'assené par une demoiselle, l'impact de cette gifle fût violent. Suffisamment pour faire chavirer sur la gauche la belle héritière encore saoul. Tout le monde se tût net suite à l'action qui venait de se produire. Tous choqués par ce qui venait de se passer. Peu de personne oserait porter la main sur la belle. Surtout que les rares personnes s'y étant affairés s'en sont très mal tirés par la suite.
Ashley redressa sa tête tout en portant sa main sur sa joue. Elle ne rendra pas le coup à sa nouvelle camarade. Non pas, parce qu'elle avait mérité cette gifle. Mais tout simplement, qu'elle trouve que ce sont les personnes les plus faibles qui se défendent avec les mains.
Elle n'écouta même pas ce que lui disait son interlocutrice. Trop préoccupée à réfléchir sur la scène qui venait de se passer. La reine giflée devant une masse étudiante, cela faisait longtemps qu'on ne lui avait pas tenu tête de la sorte. Mais une fille comme A n'abandonne pas contre si peu. [...]

C'est d'ailleurs pour cette raison, que suite à cette majestueuse attaque elle releva dignement la tête avec un petit sourire diabolique. Non ! Ce n'est pas une sadomasochiste, ce sourire ne traduit pas sa joie d'avoir été frappée. Il se distingue plus comme un signe nerveux voire provocateur, montrant que ce coup ne l'a point effrayé plus que ça. Car, ce n'est pas la première fois dans sa vie d'héritière pourrie gâtée ; Qu'Ashley se prend un coup. Surtout qu'ici avec l'alcool son corps entier était anesthésié. Pas besoin d'expliquer que la douleur fût quasi nulle. Au moins un effet positif de sa cuite de la veille.
Dressant ensuite son doigt à l'ongle vernit vers l'effrontée. Dans le but de mettre les barres sur les T et les points sur les I. Il ne fallait pas qu'elle prenne la grosse tête par son geste. Car, ce que la reine A s'apprête à lui dire, annoncera la couleur.

- Tu penses peut-être avoir gagnée. Tu as portée la main sur la reine. Sache une chose, je ne répondrai pas par la violence - car ça serait inutilement grotesque.
Les personnes qui se défendent par les coups sont des êtres faibles et immatures. Si tu n'a pas suffisamment de répartie et de caractère pour te défendre. Tu risques vite d'être renvoyée dans ton pays de petites guenons amazones sauvages.

Elle reprenait ses esprits. Cette gifle lui permet de sortir en partie de son ivresse. Restait encore les nausées persistantes. Mais au delà elle pouvait se concentré désormais sur son interlocutrice. Elle redressa par la même occasion ses luxueuses lunettes de soleil sur son crâne. Son ample chevelure blonde aux reflets rose fût dressée en arrière.
Puis, après s'être remise en condition elle reprit sa tirade qu'elle avait interrompue.

- Mais, tu vas au devant de grandes désillusions si tu penses que tout est finit. Que le problème est clos.
Je suis Ashley Mac Dowell, et ici personne ne me traite en personne faible. Je dicte quand le jeu commence et moi seule décide quand il est terminé. Et te concernant il n'est pas près de s'arrêter.
En espérant que ça soit clair net et précis.

Dans sa manière de parler il était facilement identifiable qu'elle n'avait pas pour habitude de craindre qui que ce soit. Bien au contraire, elle donne l'impression d'une jeune demoiselle confiante et sur d'elle. Ce qui reste en corrélation avec son caractère - elle - qui désire pouvoir toujours tout contrôler.
Qu'allait-il se passer maintenant ?! Il y aura t-il l'intervention rocambolesque d'un membre du personnel qui viendra clore le malentendu ? Probablement pas...
Une chose est sur la reine n'avait pas déposé toutes ses cartes sur la table. Que préparait-elle encore pour humilier son adversaire... N'en avait-elle simplement jamais marre de passer son temps à détruire la réputation des autres. C'est une manière violente psychologiquement de montrer qu'elle se considère maitresse des lieux.
Agacée à se triturer les méninges pour trouver un supplice des plus humiliant, elle se contenta d'un coup bas, simple mais efficace. Qui ne demandait pas trop à réfléchir.

- Avec toute cette poudre dans les cheveux un petit tour au coiffeur ne te serait pas de refus. Tu ne paie pas de mine avec ta chevelure grisâtre, la mode te dépasse ma vieille... Tiens attrape ce billet, tu pourras te payer un coiffeur de renommée.

Puis elle jeta le billet à ses pieds, ne prenant pas la peine de lui donner par pure courtoisie. Puis en s'adressant à la foule étudiante, elle les pria de cotiser pour la jeune Saki.

- Ayez pitiés d'elle. Accordez-lui la chance de pouvoir se payer un coiffeur de qualité. Donner lui des pièces. Comme on vous l'apprend à votre plus jeune âge, toujours aider ceux qui sont dans le besoin. Alors, faites !

Puis des pièces roulèrent aux pieds de la demoiselle, certains rires s'échappaient de la masse grouillante.
Apparemment la gifle n'avait pas suffit à calmer cette furie d'Ashley. Que lui fallait-il pour qu'elle cesse ?! Que son ennemie capitule certainement [...]
Quoi que, si le jeu s'arrêtait là ça en serait bien dommage, juste au moment ou les choses devenaient intéressante.
Mais il serait d'utilité à Saki de savoir que la reine est coriace et qu'elle ne cède jamais avant l'adversaire. Les rares personnes qui peuvent lui tenir tête ainsi sont des personnes autant populaires. Soit des Sportifs, des populaires ou d'autres Pom-pom.
Qu’allait-il se passer, l’adversaire allait-elle lui asséner une seconde gifle ? Ou même lui sauter au coup !? Bien que le risque d’une seconde salve d’attaque physique ne fût pas à exclure, la belle ne craignait pas l’attaque. C’est bien pour cette raison qu’elle poursuivait son concours d’humiliation publique.

D’ailleurs, que mijotait-elle sur son Smartphone… Un message qu’elle était en train d’écrire captait toute son attention. Qui en conséquence faisait pesant un lourd silence sur la scène, qui, jusqu’à maintenant était dynamique. En réalité elle envoyait un mail à une équipe d’étudiant qui collecte des ragots. Une sorte de gossip… Car parfois il y a des chances que certains ragots soient publiés aux yeux de toute l’académie. Soit par l’intermédiaire du journal mensuel, soit dans les gossipblog qui fascine tant les jeunes étudiants.
Son mail terminé et envoyé elle ne manqua pas de l’annoncer.

- Comme ça, si tu voulais passer inaperçue c’est raté. Tout le monde sera avertit qu’une jeune sauvage au nom de Saki Osen à oser agresser Ashley Mac Dowell en public. Bien évidemment je suppose que certains on du prendre la scène en photo, donc ils n’auront aucun mal à prouver la véracité de ce petit message.

Aperçut : La reine A faisant la réputation d’une jeune inconnue qui n’avait rien demandée… Comment cela se terminera ?
Reste à se mettre à jours et se tenir informer des derniers ragots, voir si celui posté par Ashley ressortira en gros – comme elle l’avait mentionné dans son mail.

La main de Saki tremblait encore depuis le choc qui venait de se produire. Vraiment portée à bout de nerfs, elle n’avait pas été capable de retenir son envie de frapper la petite c*nne qui lui menait la vie dure. Elle n’était pourtant pas du genre à s’emporter si violemment, et avait plutôt tendance à tout prendre sur elle, mais cette fois, Ashley avait été beaucoup trop loin, sans raison. Regardant la belle porter la main à sa joue et réaliser qu’elle venait d’être frappée, Saki s’imaginait déjà être battue à sang par la foule en délire qui s’était maintenant transformée en masse hideuse de supporters de catch. Son corps tout entier était pris de tremblements, elle allait mourir, ici, aujourd’hui, n’ayant même pas fait 10 pas dans sa nouvelle vie. Ainsi soit-il. Elle ferma les yeux et attendit le jugement dernier… qui ne vint pas. Quand elle osa rouvrir les yeux, Saki se trouva nez à nez avec… un doigt. Pointé sur son visage, il avait tout à fait l’air d’un avocat accusateur qui venait de sortir son argument infaillible. C’était évidemment reparti pour une humiliation gratuite. Soulagée de voir qu’elle ne serait pas battue, Saki relâcha ses épaules et cessa de trembler. Elle s’était forgé une carapace depuis son humiliation en cycle primaire et les paroles étaient ce qui l’atteignait le moins. A contrario des actions.
Ecoutant d’une oreille Ashley déblatérer des infamies et des menaces gratuites de persécutions quotidiennes, Saki jeta un rapide coup d’œil autour d’elle. La masse d’étudiants faisait un rond mais personne ne s’était posté devant l’escalier qui menait à l’étage supérieur. Qu’il y avait-il là-bas ? Peu importe, du moment qu’elle serait loin de tous ces idiots. Elle devait s’en aller. Evidemment, son séjour ici en sera fort perturbé, elle risquait de se retrouvée enfermée dans les toilettes tous les jours, recouverte de papier toilette dans son lit, personne ne viendrait lui adresser la parole par peur de représailles de la reine A. Ca allait être l’enfer mais elle le surmonterait et en quittant cet endroit, elle aura sûrement vécu les pires années de sa vie. Le meilleur restera à venir… Espérons…
Revenant à la situation actuelle, Saki comprit une fois de plus qu’il allait se passer quelque chose. La poudre dans ses cheveux n’était pas encore toute partie qu’elle en remettait une couche.

*Mon Dieu… si seulement un prof pouvait passer…*

Saki en était rendue à supplier le ciel de lui venir en aide, elle ne savait pas quoi faire pour se sortir indemne de ce mauvais pas. Serrant le téléphone portable qu’elle tenait dans sa poche, elle se demandait si elle pouvait faire genre que quelqu’un lui passe un coup de fil pour s’éclipser en douce, mais à bien y réfléchir, la reine serait capable de lui voler et de lui casser son seul moyen de communication avec l’extérieur, et son seul ami ici… Alors elle ne fit rien et attendit.
Ce fut un coup bas en effet. Saki se retrouvait à la place d’un mendiant. Ses joues prirent une couleur plus que bordeaux et elle sentit de nouveau les larmes couler sur ses joues. Baissant la tête, elle réalisa ce qui lui faisait le plus mal. Non pas qu’une fille s’en prenne à elle gratuitement, non c’était qu’une fille. Mais le plus douloureux, c’était qu’une bande d’adolescents ignares et débiles prenaient son parti alors que Saki n’y était pour rien. Personne ici ne voyait qui était la coupable ? Et qui était la victime ? L’argent pouvait-il vraiment acheter tous ces gens… Ou du moins les effrayer… Apercevant les pièces rouler jusqu’à ses pieds, Saki poussa un profond soupir, elle avait atterri si bas qu’il lui serait difficile de se relever désormais…
Désireuse de fuir au plus vite, elle profita du fait qu’Ashley écrive un message sur son tel pour ramasser les pièces qui jonchaient à ses pieds, elle laissa le billet, elle n’en avait pas besoin. Ashley l’informa qu’elle venait de prévenir tout le monde de ce qui venait de se passer, enfin plutôt de sa version à elle. Saki n’en fut pas touché, c’était un fait évident et elle s’en doutait. Une fois que le silence revint, elle serra les pièces dans ses mains et se dirigea vers la foule. Elle n’avait plus besoin de se sentir humiliée ou honteuse, elle avait eu sa dose. Elle ferma les yeux et dans un cri de rage, elle lança les pièces de toutes ses forces dans les visages si curieux et si avides qui lui faisaient face. Elle entendit des « mais t’es malade ! » mais elle n’en avait plus rien à faire. Retournant vers Ashley, elle se pencha pour ramasser ses bagages et lui murmura :

« C’est bon Ashley, t’as gagné… Je suis morte de honte et mon cycle scolaire est foutu. J’espère que tu es contente de toi. »

En lui donnant ce qu’elle désirait, Saki jouait la carte de la compassion, elle espérait seulement que le fait de se dénigrer couperait l’envie à Ashley de lui en faire baver tous les jours. Si la victime ne se défend pas, où est l’intérêt de l’embêter hein ?
Remettant sa capuche et écrasant le billet avec son pied lourd, Saki reprit ses bagages en mains et quitta les lieux, direction droit vers l’escalier en espérant ne pas être retenue par les autres étudiants et repoussée dans la cage aux lions. Mais ils ne firent pas un geste, alors elle continua… Peu importe où elle allait, il lui suffisait juste de se planquer… pendant 10 ans… Ca devrait pouvoir se faire…

[Ailleurs]