Réveil prématuré = Rêves étranges = Arrivée exemplaire.

Evangeline Ravensteel avait prit son train aux premières lueurs de l'aube afin de débarquer le plus tôt possible à Keimoo City. Bien sûr, si ça n'avait tenu qu'à elle, elle aurait sans aucun doute continuer grassement sa matinée et ne se serait que très peu préoccupée de son voyage ; au pire, elle aurait reporté celui-ci au lendemain... voir au surlendemain. Mais évidemment, tout ça n'avait pas été de l'avis de Mrs Ravensteel, antérieurement Isabella O'Connor, qui avait littéralement défoncé la porte de sa chambre, envoyé valser violemment contre le mur opposé sa couette puis l'avait tiré sans ménagement du lit en hurlant, le matin-même.

- NAN MAIS OH ! TON TRAIN DÉMARRE DANS UNE HEURE IMBÉCILE ! TU VAS M'ENFILER UN PUTAIN DE VÊTEMENT ET TOUT DE SUITE DUCONNE ! avait-elle beuglé ; scène mémorable durant laquelle toute la famille (et même les aînés, revenus pour les vacances d'été) avait pu constater toute l'étendue vocale de l'imposante femme.

La cadette n'avait pas tardé cependant à riposter :

- MAIS VIEILLE CONNE QU'EST-CE QUE T'AS BORDEL IL EST 5H DU MATIN PUTAIN ! s'était époumonée Eva en se dressant sur toute sa longueur. MOI JE PIONCE À CETTE HEURE-LÀ ET TU ME FERAS PAS DÉGAGER TANT QUE J'AURAIS PAS MES HUIT HEURES DE SOMMEIL !

S'en était suivie un affrontement verbal au volume sonore plus qu'élevé qui avait achevé de réveiller toute la maisonnée, jusqu'à ce qu'elle eurent l'air d'en venir aux mains et que le patriarche songea sérieusement à les séparer.
C'était donc de cette manière qu'Evangeline Ravensteel première du nom avait perdu son combat et s'était retirée dans la salle de bain avec toute la dignité que pouvait lui accorder un drap.

Et ainsi la dénommée se retrouva à rattraper sa nuit sur un siège au confort douteux, dans un engin s'agitant selon elle plus que nécessaire. Ses rêves furent peuplés par des déformations de la voix de sa génitrice, qui étrangement lui intimait de coudre ses soutiens-gorges à ses culottes, concluant fermement qu'alors il lui serait plus facile de les enfiler. Ensuite était apparu son frère Tom qui lui avouait qu'il était gay et qu'il aimait se travestir ; "Je suis vraiment désolé, tu te rappelles en mai, lorsque tu avais perdu ta trousse à maquillage ? C'était moi qui te l'avait volé." Lors d'un éclair de lucidité et elle se demanda si ses songes ne reflétaient pas la vérité, puis bascula de nouveau dans un tourbillon de couleurs saturées et de visions horrifiantes : Tom embrassant fougueusement le frère de sa meilleure amie, se tournant alors vers sa sœur "Lili... Oliver et moi... Nous allons nous marier."

C'était dans un état d'esprit plus que sonné que Eva fut expulsée du taxi et condamnée à toiser l'imminent bâtiment sous ses yeux, puis à pénétrer dans l'enceinte du hall. Évidemment, elle ne disposait absolument pas de plan. Ou bien, si elle en avait disposé un jour, dans tous les cas, il était clair et net qu'elle l'avait perdu. Un sentiment de malaise se glissa sournoisement en elle et emplit tout son être.

*Chiottes. Premier jour et je me sens déjà mal.* siffla-t-elle intérieurement.

Puis elle s'examina de la tête aux pieds. "I-rré-pro-chable" se décida-t-elle immédiatement. Eh bien oui, elle s'était faite belle pour l'occasion. Elle avait revêtit ses plus beaux atours, à savoir une micro-jupe plissée bleu - s'apparentant plus à un bandeau cependant -, un chemisier orange ouvert sur un T-shirt de la même couleur que sa jupe et des sandales blanches. Sans parler de ses cheveux roux pétants coiffés de barrettes affriolantes et grossières, ses ongles multicolores, et ses innombrables colliers et bracelets. Impossible de ne pas tomber sous le charme de la tornade Evan'. Impossible aussi de ne pas remarquer la tempête Evan'...

Soudain se sentant en confiance, Evangeline mit ses mains en porte-voix et gueula à tort et à travers à quiconque pouvant l'entendre :

- OHÉÉÉÉÉ, Y'A QUELQU'UN ?

Ah ! Il y avait vraiment quelqu'un en fin de compte. Quelqu'un qui avait un sacré coffre mine de rien. Satisfaite de son entrée en la matière, Evangeline plissa ses lèvres en un sourire ravi. Les mains sur les hanches, elle regarda la jeune fille qui s'allumait une cigarette et la trouva très bien roulée. D'un oeil appréciateur mais tout de même pas intéressé, Eva détailla la silhouette tout son saoul.

- T'en veux une ?

Evangeline haussa un sourcil mais s'avança quand même. Une partie de son cerveau se demanda de façon sceptique si les cigarettes étaient autorisées dans l'établissement, mais Lili finit par balayer l'idée d'un revers de main.

- Rassure moi , tu n'es pas une hallucination ?

Eva afficha alors un grand sourire narquois qui fit pétiller ses prunelles bleues - qu'on jugeait moqueuses : n'importe quoi ! - et répondit :

- Celle-là, c'est pas la première fois qu'on me la fait. Mais, non, j'en suis pas une. La preuve.

Et pour confirmer ses dires, elle prit la main de la brunette et l'accola à plat contre la sienne ("Tarzan et Jane" songea-t-elle, intérieurement hilare).

- Tu vois ? termina-t-elle, en lui piquant finalement une clope.

Spoiler:

"Rassure moi, tu n'es pas une hallucination ? " , phrase très sensée car, oui, souvent vos hallucinations vous clament, haut et fort, que bien sûr, ce sont des hallucinations et qu'il vous manque une case. Voir deux . Trois est mon dernier mot . Adjugé vendu.

Un étrange oiseau picorait le crâne d'Alice , des mots y fusaient, sensés mais, insensés lorsque réunis. Nids de lettres emmêlées et mélées de phrases . Il y avait un lien , fallait-il encore le trouver , le chercher pour les plus courageux . Alice regretta la phrase, elle était une source pour les mauvaises blagues . La rousse aurait pu proclammer son statut d'hallucination, la jeune femme l'aurait cru . Il y avait là matière à en profiter ! C'est ce qu'aurait fait Alice . Heureusement la roussinette démentit l'accusation . Mince , elle était honnête . Elle n'était pas comme Alice donc ."Celle-là, c'est pas la première fois qu'on me la fait..." Arg , pas la première ?

" Je déteste ne pas être la première ..."

Murmure, presque inaudible, de la belle brune , plus un reflex qu'une envie réelle d'aborder le sujet . Si on n'arrive pas la première , pourquoi courir ? Philosophie d'Alice De la Truffe livre 1 , bientôt un best seller. Poil de carotte ( nouveau surnom de l'interlocutrice ? ) lui fournit même une preuve qu'elle était bien de chair et de sang . Et quelle preuve ! La main de la brune fut soudainement accolée contre celle de poil de carotte . Surprise d'abord, Alice finit par remarquer qu'elle avait la peau douce . ça peu toujours être utile comme information. "Tu vois ?" . Me prendrait-elle pour une autiste ? Se dit Alice . Elle planta ses yeux bruns dans ceux de PDC ( Poil de carotte ndlr). Arg , PDC avait les yeux bleus , traîtresse !

" Je vois que tu as les yeux bleus. ça fait peur les yeux bleus. Je crois que Carolle a les yeux bleus . Peut-être verts en fait. "

Elle faisait allusion à sa mère , sachant pertinemment que PDC ne pourrait comprendre . Ce n'avait jamais été le but. Elle n'aurait sûrement jamais avoué avoir peur des yeux bleus, trop vides à son goût, si la substance de la veille ne persistait pas dans son sang . PDC lui prit une cigarette . Alice était prête à crier au voleur lorsqu'elle se rappela qu'elle lui en avait poliment proposer . Quelle idée d'être aimable d'un coup. La marque du paquet était française évidemment . Qui sait ce que les japonais osent mettre dans leur cigarette ? PDC semblait oublier quelque chose : pas de cigarette sans feu . Alice se leva, dégaina son briquet et alluma la cigarette volée. Elle se surprit à être d'une telle bonté d'âme , gloire aux pétards ! Ou alors était-ce du à un élan de sympathie pour une étrangère dans la même situation . Alice tentait de percer la nationalité de poil de carotte . Elle n'était pas tout à fait une beauté slave, son accent la plaçait plutôt dans un pays anglo-saxon . Sans aucune raison, Alice ne la voyait pas comme une consoeur européenne, plutôt comme une américaine , loin de se douter qu'elle avait tort.

" Américaine ? Si j'ai raison, ce qui est souvent le cas , mieux vaut éviter d'aborder le sujet "Hiroshima " . Les Japonais n'ont pas beaucoup d'humour. Un jour, j'ai osé dire que les américaines étaient des bombes, un japonais s'est presque étouffé. Ou attends ce n'était peut-être pas un japonais . Je crois qu'il était cambodgien . Diantre, mon histoire n'a plus de sens maintenant . "

Alice eut un rire roque, elle n'avait pas encore réalisé la suprême idiotie de ses dernières réflexions . Les paroles réflêtaient le chaos de ses pensées .Elle enchaîna à la suite :

"Au fait moi c'est ... "

Minute papillon , se dit Alice . Elle regarda une nouvelle fois la rousse pimpante .Qui me dit que ce n'est pas une américaine extrêmiste venu espionner pour le compte de la CIA sur l'éducation japonaise ? Qui mieux qu'une personne excentrique peut cacher des idéaux catholiques conservateurs ? Elle était peut-être contre les avortements . Ou PIRE : pour le mac donalds. Le film spy kids défila dans sa tête. Paranoïa quand tu nous tiens.

" ... Scarlett Smitt. "

" Je déteste ne pas être la première ..."

Eva la jaugea, surprise. Cette phrase à peine murmurée rendait cette fille presque sympathique. Elle-même n'aimait pas beaucoup ça. Comme elle détestait que quelqu'un court plus vite qu'elle. Elle, Lili dite "La Flèche" dans l'enceinte familiale ! Si un espèce d'hurluberlu la doublait lors des cours d'éducation physique, elle sprintait afin de le dépasser à son tour. Si par malheur elle n'y arrivait pas, que son vis-à-vis s'avérait plus véloce qu'elle, elle redoublait d'efforts lors de ses entraînements pour arriver à son niveau. "Jamais abandonner" se disait Evangeline. Généralement, ça ne lui portait jamais préjudice. Elle était même fière de ne se fixer aucune limite ; son corps semblait être fait pour ça.
Evan' secoua la tête. Plonger dans ses pensées était la dernière des choses à faire à ce moment précis.

" Je vois que tu as les yeux bleus. ça fait peur les yeux bleus. Je crois que Carolle a les yeux bleus . Peut-être verts en fait. "

Celle-aux-yeux-bleus esquissa un demi-sourire un peu perplexe. Soit. Les yeux bleus faisaient peur. Elle avisa les yeux foncés de la jeune fille et se demanda si les comparer à des abysses serait oui ou non un compliment. Elle tenait ses yeux de son père et les avait toujours trouvé normaux.

- Si ça peut te rassurer, c'est la première fois qu'on me dit que mes yeux font peur, essaya-t-elle.

La brunette lui alluma sa cigarette dans un geste suintant la bonté d'âme. Eva haussa en sourcil en souriant ; elle l'aimait bien finalement. Inspirant une première bouffée, elle commença à détailler de tout son saoul la belle française - merci le paquet de clopes - qui avait l'air un peu shootée. Qui l'observait en retour. Une beauté européenne, de toute évidence, et Evan' la jaugea de haut en bas d'un oeil appréciateur. "Mais sûrement hétéro." pensa-t-elle en poussant intérieurement un soupir. Elle lui adressa alors un sourire énergique de toutes ses dents sans aucune raison apparente.

" Américaine ? Si j'ai raison, ce qui est souvent le cas , mieux vaut éviter d'aborder le sujet "Hiroshima " . Les Japonais n'ont pas beaucoup d'humour. Un jour, j'ai osé dire que les américaines étaient des bombes, un japonais s'est presque étouffé. Ou attends ce n'était peut-être pas un japonais . Je crois qu'il était cambodgien . Diantre, mon histoire n'a plus de sens maintenant . "

Quelle étrange fille tout de même. Evangeline se demanda combien de temps durait les effets de la drogue - si elle était vraiment droguée s'entendait. Déjà, elle était anglaise - d'origine seulement -, et ensuite elle n'avait jamais compté faire de l'humour avec quiconque, japonais ou cambodgien. Enfin, ces deux choses, elle ne pouvait pas le deviner. D'ailleurs, Eva ne comptait pas se faire vraiment des amis dans cet établissement - si elle s'en faisait, cela se ferait naturellement.

"Au fait moi c'est ... "

Elle se tut, comme ayant une vision d'horreur ou une imagination qui galopait. Evangeline surprit un regard méfiant dans sa direction et se demanda tout à trac si la brunette ne se faisait pas tout un film. Fixant finalement ses ongles multicolores, elle attendit que la jeune fille reprenne.

" ... Scarlett Smitt. "

Eva lui coula un regard torve : ah oui, pas française ? Et son accent, elle pensait qu'il passerait inaperçu ? Blasée, elle ne pipa mot mais la fixa de façon éloquente. "C'est peut-être la vérité." se dit-elle, sans y croire. Mais altruiste, Lili tendit alors une main vers elle et lâcha avec son éternel sourire tordu :

- Ok, Scarlett. Moi, c'est Evangeline Ravensteel. Tu es nouvelle ?

Puis elle tira une nouvelle fois sur sa cigarette et expira finalement une fumée âcre. Une cigarette de très bonne facture, mine de rien. Tournant la cigarette entre ses doigts, elle demanda, curieuse :

- C'est quelle marque ?

Spoiler:

Scarlett smitth ...

Le nom flotta dans la pièce une demi seconde . L'étrangère ne paraissait pas très convaincu , pouvait-on l'en blamer ? Un paquet, un accent typiquement français cependant , un nom américain . Subissant cet élan soudain de paranoïa , supposant que l'étrangère soit américaine , un nom de compatriote ne pouvait qu'être utile. Une main s'avancça, celle de la dénommé Evangeline Ravensteele. Et un sourire ... tordu .
" Ok, Scarlett. Moi, c'est Evangeline Ravensteel. Tu es nouvelle ?" . Alice rêvait où elle avait appuyé sur le mot Scarlett . Etait-elle découverte ?

" Je viens d'arriver ce matin , même si je ne m'en rappelle plus énormément . "

Alice sourit à ce vague souvenir . Jusqu'au bout elle aurait causé des problèmes à sa gouvernante . " Evangeline tira sur sa cigarette " C'est quelle marque ? " . Alice sentait que le courant passait bien entre les deux filles , elle avait deux points en communs : la cigarette et le fait d'être nouvelle dans cette académie .

" Des Dupont . Je vais les faire importé dircetement de france , j'ai pas confiance dans les clopes japonaises . Je trouve qu'ils tendance à doser minimale , ou a tout édulcorer. "

Alice avait une vision stéréotypée du Japon , elle n'avait pas cherché à se documenter . Je m'en foutiste jusqu'au bout des ongles . Elle se souvenait par contre parfaitement ce qu'on lui avait raconté sur la belle contrée des mangas et du soleil levant.

" Je pense que le changement amérique Japon va être brutal pour toi . La culture est vraiment différente . Ah mais attend , tu ne m'as pas réellement dit que tu étais américaine . Je m'emporte un peu . Alors, américaine ? "

Cette question cachait un besoin d'atténuer la paranoïa , signe qui indiquait que la substance dans ses veines commençait à chuter .

" D'ailleurs , que fais tu à Kimo ? Euh Keimoo . Tu as été emmené par la force , menacé avec un flingue , séquestré ? "

Alice oubliait une autre possibilité , inconsciemment lui était venu sa propre condition . La belle brune sourit avec un sourire tordu .

" De ton plein gré ? "

Au regard que cette Scarlett Smith lui lança, Eva sut qu'elle l'avait grillé. Mais, polie, ou tordue, elle ne releva pas. Après tout, si elle voulait cacher son véritable nom, il devait bien avoir une raison. Son sourire étrange s'accentua.
Alors comme ça, elle venait d'arriver ? Un autre point commun, si l'on considérait que le fait de s'intéresser aux cigarettes comptait. Evangeline commençait à apprécier la compagnie de la jeune fille, qui elle-même dégageait une sorte de folie douce dont elle n'était peut-être pas consciente. Elle doutait que quiconque lui ait déjà fait la remarque et ne s'y essaya tout de même pas.

" Des Dupont . Je vais les faire importé dircetement de france , j'ai pas confiance dans les clopes japonaises . Je trouve qu'ils tendance à doser minimale , ou a tout édulcorer. "

"Ah oui ?" pensa la rouquine en haussant les sourcils. Elle ne l'avait jamais remarqué ; généralement elle fauchait les cigarettes à sa mère, de factures anglaises. Les rares japonaises qu'elle avait fumé ne l'avaient pas marqué plus que ça et c'est à peine si elle se souvenait de leur goût sur sa langue.

- Je n'avais jamais remarqué, fit-elle partager tout haut. Tu as déjà testé les cigarettes anglaises ? lui demanda Eva avec un sourire franc. J'en ai dans mon sac si tu veux.

À ces mots elle désigna celui-ci d'un geste brusque de main. Elle en avait apporté des cartouches et des cartouches, de quoi faire planer un régiment.

" Je pense que le changement amérique Japon va être brutal pour toi . La culture est vraiment différente . Ah mais attend , tu ne m'as pas réellement dit que tu étais américaine . Je m'emporte un peu . Alors, américaine ? "

Evangeline faillit éclater de rire mais elle se retint tant qu'elle put, se mordant l'intérieur de la joue avec violence. Tout à l'heure, elle l'avait à demi crue lorsque la brune l'avait insinué américaine, mais elle sautait toujours aux conclusions semblait-il - imprévisibles de son avis. Mais tout à fait valables finalement : elle savait que son apparence prêtait souvent à confusion ; les américains étaient réputés pour leur excentricité. Or, elle était ce qu'on pouvait appeler excentrique et ne s'en formalisait pas. Sur cette pensée elle réajusta la coque de son Wonderbra bonnet D, le col de son chemisier et les pans de sa jupe. Pour une personne extérieure, elle devait certainement paraître d'une escort-girl, mais elle s'en fichait comme de sa première chaussette.

- Non, je ne suis pas américaine, mais anglaise. Par contre, je vis au Japon depuis mes cinq ans, donc je pense que le changement ne sera pas trop brutal, non, conclut-elle avec un clin d'oeil.

Eva repensa vaguement à son déménagement lointain et se revit en train de pleurer et dire au revoir aux fleurs. "À cinq ans on est vraiment naïve" songea-t-elle tandis que sa bouche formait un pli amer. Ses yeux bleus retombèrent sur la silhouette plantureuse de son interlocutrice.

" D'ailleurs , que fais tu à Kimo ? Euh Keimoo . Tu as été emmené par la force , menacé avec un flingue , séquestré ? " " De ton plein gré ? "

Evan' se demanda vaguement si la Scarlett n'avait justement pas été emmenée de force, menacée par un flingue et auparavant séquestrée. Elle chassa cette idée en secouant la tête.

- Non, ma mère m'y a inscrite comme punition, amorça-t-elle d'un ton évasif, qui signifiait qu'elle n'avait pas envie de s'étendre sur le sujet. Et toi, Scarlett ? Quelle sombre histoire te poursuit-elle ? fit Eva avec un sourire goguenard.

Avec un temps de retard, elle s'aperçut que sa clope était presque entièrement consumée. Tirant sur celle-ci une ultime bouffée, elle l'éteignit finalement contre la semelle de ses sandales avant de la laisser tomber au sol avec un "Oups !" très peu convaincant.