Le petit chaperon rouge... mais il est pas petit et ce n'est pas un chaperon [PV Lun ^^]

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Il y a une vieille légende qui raconte l’histoire d’un ours gigantesque apparu soudainement dans la forêt, une bête dont les pas faisaient frémir les feuilles des arbres. Féroce et sanguinaire, la bête chasse sans relâche et le gibier vient vite à manquer. Poussés par la faim, un groupe de chasseurs s’aventure à la poursuite de l’ours. Ils le traquent et se retrouvent rapidement sur sa route. Le combat s’engage, mais les flèches des chasseurs se brisent contre la peau épaisse de la bête; finalement, les hommes sont massacrés. Plusieurs lunes durant, des groupes de chasseurs tentent de vaincre l’ours, pour n’en jamais réchapper. Puis, une nuit, trois hommes ont le même rêve : ils poursuivent la bête et la terrassent. Les trois chasseurs se lancent donc sur les traces de l’ours géant, ils la traquent inlassablement des jours durant, jusqu’aux limites de la terre. Devant les yeux des chasseurs, l’ours saute du bout du monde. Les hommes sautent à leur tour à sa poursuite.

La nuit, les étoiles montrent les trois hommes pourchasser la bête… mais pas ici. Ici, les lumières le soir sont trop nombreuses et brillantes pour que le ciel ait quoi que ce soit à offrir à la vue. Et puis de toute façon même si on pouvait les observer, lui ne les verrait pas de sous toutes les branches entrelacées.

Adossé au tronc d’un arbre, les mains croisées derrière la tête, David ferme les yeux; les étoiles il s’en fiche depuis des lustres, mais les histoires des vieux lui restent toujours dans la tête.

***

« Alors, tu es prêts? »

Son grand-père, appuyé sur sa canne, le regarde enfoncer de force dans sa valise des vêtements oubliés. David acquiesce de la tête, un pied écrasant le contenu de la valise alors qu’il tente de refermer la fermeture éclair de cette dernière.

« Tu as dis au revoir à ta mère? »

Une insulte cinglante est adressée à la valise, suite à quoi la chose décide finalement de coopérer. La fermeture éclair finalement glissée en place, le jeune homme se redresse et croise le regard de son grand-père. Ce dernier s’abstient de commentaire et s’éloigne au rythme lent d’un vieillard accablé par une arthrite sévère.

Quand il entre dans sa chambre, la mère de David pose le livre qu’elle est en train de lire puis lève les yeux, un mince sourire aux lèvres.

« Je m’en vais. »

« Je sais. »

Elle se lève et va vers lui pour l’enlacer; elle est si petite dans ses bras qu’il est presque absurde de croire qu’elle l’a un jour mit au monde. David la serre contre lui en fixant le mur. Elle était délicate autrefois, maintenant elle est frêle.

***

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Spoiler:

Mais, lui, c'est bien un loup ....

Il y en a une qui doit être contente. Elle qui réclame sans cesse des histoires, sans réclamer, elle en obtient une. Les histoires c'est un peu les coeurs des hommes. Les songes. De tout temps, on vit dans les histoires : mais le pire c'est sans doute qu'on se raconte aussi celle-ci.

Lun vivait depuis quelques jours chez Ivory Lancaster. Il n'avait pas remis les pieds à l'académie Keimoo et il n'avait pas encore prévenu ses amis qu'il avait déménager. Il hésitait encore à le faire. A quoi bon refaire les mêmes erreurs ? Il devait changer de vie. Et ils avaient fait leurs choix en l'abandonnant. Ce n'était pas à lui de retourner en arrière et de les aider. La boussole, il l'avait perdu. L'envie, aussi.

Il ne voulait pas quitter l'appartement. Il ne voulait pas. Depuis qu'il avait ce refuse, cette chambre, c'était le seul lieu où il désirait être. Le seul où il était certain qu'il pouvait éviter les regards accusateurs. Seulement : Lun Marv était de ceux qui rentrent dehors et sortent chez eux. Sa maison c'était l'extérieur. Et il avait besoin d'un peu d'air.
Aussi, lorsque la nuit arriva, les enfants endormis dans leurs chambres, Lloyd dans la sienne, Ivory absent, Lun jugea qu'il pouvait s'accorder une petite marche. Embrassant le front de ses enfants, âgé désormais d'un an, il enfila un vieux jean noir abîmé par le temps et un tee-shirt trois fois trop large pour lui. Ses cheveux d'un brun délavé commençait déjà reprendre leurs teintes de fin de levé de soleil, donnant un aspect assez sale à ses cheveux.
Malgré l'été et ses douces températures, l'adolescent enfila un épais pull à capuche.

Qu'importait ! Il ne sortait pas faire un concours de beauté. Attachant ses cheveux en une haute queue de cheval, Lun s'aventura enfin dans la ville. Toutefois, l'impression d'être vu, d'être espionné prit rapidement le dessus sur le reste. Les passants marchaient sans le voir, et lui avait l'impression sordide qu'un regard ou deux le voyaient. Le voyaient et comprenaient ce qu'il était.
Il fallait fuir. Malgré son envie de fumer et d'aller dans un bar, l'étudiant apeuré décida qu'il devait rentrer. Il devait retourner dans la chambre : dans la maison, qui empêcherait le chat de le toucher. Il devait éviter de jouer au jeu du chat et la souris, sans quoi, il serait rapidement un escargot tout chaud.

Grondant, les larmes lui montant les yeux, Lun s'engouffra dans un bus. Mauvaise idée, il descendit une seconde plus tard, pour fixer avec curiosité la forêt. Comment avait-il fait pour se tromper de ligne à ce point ? Lui qui voulait revenir chez Ivory, se retrouvait pas vraiment du bon coté.

Grondant contre lui-même, Lun enfouit les mains dans ses poches y cherchant son téléphone portable. Bien mal lui en prit, car le garçon comprit alors que non seulement son portable, son sac et ses affaires étaient dans sa chambre Lancaster, mais qu'en plus, comble de la connerie : ses clopes aussi.

Il y a des jours où il ne faudrait vraiment pas sortir de chez soi ! C'est certain.

Lun se maudit, espérant que Ivory ne remarquerait pas son absence. Il fallait maintenant songer à un moyen de rentrer. Sans doute que si Lun n'avait pas été aussi déboussolé depuis un mois, il aurait vu que le dernier bus était celui qui l'avait conduit ici. Au lieu de cela, une impression de bien être envahi Lun : ici, il n'y avait personne. La ville, un peu plus loin, la forêt était une protection en soi.

Sauf : une montagne. C'est étrange comme on a de drôles d'idées en voyant des personnes. Lorsque Lun croisa pour la première fois le regard de ce jeune homme adossé à un arbre, il songea que les montagnes étaient difficile à gravir, et trop dangereuses pour y aller seul.

Une fraction de seconde, Lun demeura choqué de cette révélation surprenante : il y a des personnes bien plus grand que lui-même. Et celle-ci devait avoir une taille de plus que lui, des yeux bridées et une peau bronzée. Une mélange d'une japonaise et d'un Yéti ?

Lun n'avait pas peur – il avait déjà bien trop peur en temps normal. A vrai dire, ce ne fut que la taille de la présence qui le surprit. Ensuite, il se contenta de l'observer blasé, sans la moindre prudence. Son regard décrivant ce corps musculeux avec scepticisme. De la gonflette ? C'était d'un ridicule à réveiller les morts enterrés dans cette forêt.

« Pardon ... »

Cela aurait pu être une manière de s'excuser de cette entrée brusque mais ce n'était pas le cas. Le but était simplement de réveiller l'autre type de ses pensées où il semblait bien ancré.

« Vous auriez une clope et du feu ? »

Il fallait l'avouer, Lun n'avait pas l'habitude de lever le regard sur une personne. Même les adultes étaient plus petits que lui. Alors c'était un peu compliqué pour lui de garder cette position. Plissant le regard, Lun se demandait comme un être aussi effrayant en stature pouvait être séduisant. Sans doute un sportif.

« Si tu cherches le coté des prostitués, tu t'es trompé de coté. »

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La voix de l’autre lui fit ouvrir un œil, question de voir qui s’immisçait dans son moment de solitude, puis l’autre œil finalement car l’intrus n’allait pas simplement passer son chemin. Ayant délogé ses mains d’entre sa tête et l’écorce de l’arbre pour pouvoir croiser les bras sur son torse, David incline légèrement la tête pour rencontrer le regard de l’autre. Sans que cela n’ai quoi que ce soit à voir avec ce que le brun a dit ou fait, l’Amérindien sourit légèrement; c’est la première fois depuis qu’il est dans ce pays qu’il rencontre quelqu’un qui mesure uniquement moins de dix centimètres que lui. Sans raison ça l’amuse, ou ça le surprend et la surprise est amusante…

« J’ai l’air de quelqu’un qui cherche une pute? » Mais ce n’est pas vraiment une question.

Ce matin en s’habillant pour le voyage en train qui l’amènerait à Keimoo, David a choisit sa plus vieille paire de jeans, trouée aux genoux par l’usure, et un chandail sans manches parce que les températures chaudes d’été l’incommodent. Bref, de quoi être confortable pour les quelques heures de train. Dans le dit train, le siège à côté du sien était occupé par une fillette dont la mère et la sœur étaient assises aux places juste devant. Apparemment estomaquée par son monstrueux voisin, la petite fille ne lâchait pas ce dernier du coin des yeux, retournant rapidement à sa poupée dès que David lui rendait son regard. Las du jeu de l’espionne en devenir, le jeune homme décidait de démontrer son humanité en engageant la conversation en félicitant sa voisine pour sa jolie poupée. D’abord surprise d’entendre une voix humaine sortir de la bouche du géant, la fillette rougit légèrement avant de se lancer dans une diatribe sur le nom, les goûts, les amis et la vie en général de la dite poupée. Préférant de loin la conversation d’une enfant de quatre ans aux regards en coin pseudo-subtils de cette dernière, le jeune homme hocha de la tête pour démontrer son intérêt et encouragea la fillette à continuer.

Une fois arrivé finalement à destination, David dit adieu à sa nouvelle amie – non pas sans un sincère soulagement – et se trouva un taxi. Déjà le crépuscule se pointait et il n’avait rien fait appart se battre avec une valise et asseoir son postérieur dans un siège de train.

Une fois sur le site universitaire, il se rendit à l’admission pour se faire diriger vers les résidences, sur le chemin desquelles il se trompa de couloir deux fois. Enfin surplace et au bout de le mèche que pouvait représenter sa patience, il ouvrit la porte de la résidence qu’on lui avait assignée, laissa sa valise à l’intérieur et referma la porte sans même mettre un pied dans le couloir… n’ayant aucune envie pour l’instant de croiser un de ses colocataires et d’avoir à engager une conversation civilisée.

Les mains dans les poches il s’était donc éloigné du campus d’un pas rapide, pour aller n’importe où où il n’y aurait préférablement personne, question de prendre l’air et de bouger un peu.

Debout contre son arbre, David retourne le regard de l’autre, ne pouvant s’empêcher de remarquer que ce dernier lui rappelle une fille du lycée… en plus grand et en plus maigre. Le brun est mince à faire peur; c’est immanquable même sous le pull, qui est soit dit en passant, selon David, beaucoup trop chaud pour la température ambiante.

« Pas de clopes, pas de feu. Peut-être qu’ils en ont du côté des prostituées? »