₪ Académie Keimoo ₪

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 ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard]

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MessageSujet: ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard]   ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard] EmptyLun 17 Mai 2010 - 1:53

‘Ma puce,
Ton père et moi sommes partis en entretien avec des clients urgents. Nous t’avons acheté du riz et des œufs pour que tu te fasses un bon déjeuner.


On t’embrasse très fort!
Maman’

- … c’est devenu toujours la même chose.

Kara déchira machinalement la feuille de papier accrochée au réfrigérateur. Ses parents avaient pris la peine de faire cuire sa portion de riz, elle n’avait qu’à faire le reste. C’est avec un petit plaisir invisible que la jeune fille se fit cuire une omelette qu’elle mélangea au riz avec des fèves germées. La sauce soja était à peine versée, qu’elle partit avec deux thermos rempli dehors. Même si l’été approchait, le temps était étonnamment froid, l’obligeant à porter une veste en cuir blanc.

Après quelques minutes de marche, la gothique s’assit sur un banc de pierre. Son emplacement? Plein milieu du cimetière. Aucun arbre, tombe ou autre objet quelconque ne la cachait, elle était donc bel et bien totalement à découvert.

- … bon ap’. sussura-t-elle à elle-même.

Difficile à croire qu’une adolescente prendrait son lunch en plein milieu de cet endroit dit morbide mais pour Kara, c’était son petit coin de paix, totalement. Comme le jardin ou la bibliothèque n’était pas dans les environs –vu qu’ils étaient à l’Académie et non près de chez elle-, la jeune fille n’avait que là où aller, la forêt ayant trop de souvenirs mélancoliques –et de couples qui baisaient- dans les alentours. Elle écoutait le silence en mangeant son riz et en buvant son chocolat chaud, faisant bien attention à ne rien renverser. Quelques oiseaux passaient par là, chantant comme si cet endroit morbide était en fait joyeux. Les fleurs un peu partout rajoutaient de la gaieté, si l’on oubliait qu’il y avait là des gens enterrés.

*Dommage… il n’y a personne que je puisse voir… quoique…*

Elle pensa soudainement à sa grand-mère. Le médecin avait dit que ses jours étaient comptés. Ne parlant que poliment avec elle, Kara n’était pas triste pour le moins du monde et elle feignait se retirer lorsque ses proches parlaient d’elle, car tous, même du côté de sa mère, étaient au bord des larmes… sauf elle. Son père avait été très proche de sa mère, le grand-père de la gothique étant décédé durant la deuxième guerre mondiale –en effet il était bien plus âgé que son épouse-. Bref… toute personne se serait senti un minimum seul, mais pas elle. Elle pouvait bien se dire que des spectres veillaient sur elle.

Puis soudain une idée folle, vraiment folle, la prit soudainement. Elle s’était toujours demandé si c’était… confortable. Prenant rapidement une grosse bouchée de riz qu’elle avala, la japonaise referma son thermos et avec le couvercle du premier rempli de chocolat, elle sélectionna une tombe :

En la mémoire de
Yang Rali
1925 – 2010

Par respect étrange, Kara commença à dire un Ave Maria à peine audible entre ses lèvres et… se coucha sur l’herbe presque fraîchement placée au-dessus du cercueil de la dite morte. Elle était beaucoup plus molle que le reste du terrain et en effet, c’était très confortable d’être morte, dommage qu’à ce moment fatidique elle ne soit pas consciente. Elle commençait presque à s’imaginer enterrée, ce qu’elle faisait était l’une des rares folies que la jeune fille se permettait.

La gothique ferma les yeux. Encore fallait-il qu’elle se décide à se lever et continuer à manger…
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MessageSujet: Re: ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard]   ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard] EmptyVen 21 Mai 2010 - 23:38

Il ne fallait pas croire que parce qu’Axel se fascinait pour la mort il aimait trainner dans les cimetières. Ca n’était pas le cas. D’abord parce que dans un cimetière, il n’y avait rien à faire comme expérimentation, donc rien qui pouvait intéresser le rouquin. Ensuite, parce que ça lui rappelait de mauvais souvenirs. Un peu normal, d’une certaine façon : les cimetières rappellent très rarement de bons souvenirs…

En vérité, voir Axel dans un cimetière est même quelque chose d’exceptionnel. En Nouvelle-Zélande, il fuyait les cimetières. Ici, c’était un peu différent. Il pouvait se rendre dans un cimetière, pour la bonne et simple raison qu’il n’y avait pas Naomy. Donc pas de risque de perdre la tête, de se mettre à pleurer comme un damné, de gratter la terre comme un chien affamé à la recherche d’un os, de perdre sa raison et de basculer dans une transe inquiétante.

A vrai dire, c’était la première fois qu’Axel remettait les pieds dans un cimetière depuis « l’incident ». Il n’en avait eu ni l’occasion ni l’envie.

C’était en se baladant dans la ville qu’il était tombé sur le cimetière, et il s’était dit : pourquoi pas. Comme un défi qu’il se lançait : est-ce que tu pourras supporter ça ? Et puis, somme toute, les cimetières étaient des lieux apaisants, si on ne les voyait pas comme la résidence de personnes chères. Et la seule résidente des cimetières qu’il connaissait était loin d’ici, ce qui réglait ce problème là. Axel s’était endurci, depuis. Il voulait croire qu’il pouvait regarder une tombe, et même un champ de tombe, sans faire une crise.

Pourtant, à l’instant même où il posa le premier pied dans le cimetière, il sentit un malaise lui nouer la gorge. Instinctivement, il glissa la main dans sa pochette en bandoulière, où se trouvait son petit canif. Object rassurant car familier. Il referma ses doigts dessus, et poursuivit sa route, imperturbable, ou presque.
Au bout de quelques pas, il consentit tout de même à s’asseoir, sentant bien qu’il fallait tout de même qu’il s’habitue. Revenir dans un cimetière, pour lui, c’était un peu comme revenir dans un endroit où on a fait la fête, on a un gros trou noir, on sait qu’on s’est mal comporté pendant ce trou noir, mais on ne sait pas exactement ce qu’on a fait : c’est très désagréable.

Axel s’était assis entre deux tombes, sur l’herbe. Il prit appui sur ses bras posés un peu derrière son dos, et ferma les yeux. Dieu ce qu’il pouvait aimer le silence. Il ne comprenait que difficilement tous ces gens qui ressentaient l’obligation de coller des écouteurs diffusant de la musique trop forte dans leurs oreilles. Le silence était rare, et précieux. Ils avaient tord de s’en priver et de le fuir.

Et de le briser.
Axel ouvrit les yeux. Dans ce silence trop parfait, le moindre bruit ne s’entendait que trop bien. Le bruit du thermos que l’on referme n’avait rien de naturel. Le rouquin fronça les yeux, se relevant doucement, balayant le cimetière des yeux pour trouver la source du bruit.

Et il trouva : là, au detour d’une tombe plus haute que les autres qui lui cachait la vue, il y avait une jeune fille. Curieuse jeune fille.
Lorsqu’Axel l’aperçut, elle était déjà allongée sur l’herbe, juste devant une pierre tombale. Immobile, presque morte. Seule sa poitrine qui se relevait lentement la trahissait. On ne trompe pas un expert de la mort. Ca serait comme trompait la faucheuse elle-même, en un sens. Même si Axel était moins effrayant qu’elle, avec son visage enfantin, ses grands yeux verts et sa tignasse rousse.

Le garçon hésita. Rester ? Partir ? L’aborder ?
Dans l’embarras, il commença à souffler sur sa mèche de cheveu. Un vilain tic qui se manifestait dans ce genre de situation : lorsqu’il ne savait pas quoi faire.
Il passa et repassa ses mains sur son jeans noir et dans le bas de son t-shirt mauve pour ôter les brins d’herbe qui s’y étaient collés, en proie à la réflexion.

En vérité, la jeune fille en question le contrariait. Elle troublait sa solitude, sa paix, et surtout la paix des lieux. Elle remettait en question les plans d’Axel. S’il voulait s’amuser à dépiécer un animal ou inspecter une tombe, son plan tombait à l’eau. Il ne pouvait définitivement pas s’adonner à ses loisirs morbides en présence de quelqu’un d’autre, même si ce quelqu’un, il ne le reverrait peut être jamais. Ca ne devait pas se savoir : un point c’est tout.

Elle le prendrait pour un fou. Appellerait les flics. Lui causerait des problèmes. Elle penserait qu’il était un fanatique cinglé, peut être même un sataniste –les gens avaient une vision tellement déformée du satanisme, que la moindre anomalie pouvait se ranger là dedans selon eux. Pour un profaneur de tombe peut être. Ironie du sort.

Un léger sourire commença à se dessiner sur les lèvres du rouquin. L’Ironie du sort, justement, Axel l’aimait bien. Et il aimait jouer avec. Provoquer. Au début, ça l’avait contrarié, les rumeurs qui couraient sur lui. Maintenant, soit il les ignorait –si elles étaient vraiment trop aberrantes- soit il les accentuait. Comme s’il avait quelque chose à perdre dans l’histoire…

Et encore une fois, Axel semblait bien décidé à s’attirer des foudres. C’était un peu malgré lui : les orages, il aimait ça.

Il s’approcha donc d’elle, sans plus chercher à cacher sa présence comme il l’avait fait jusque là. Trainnant des pieds sur les graviers pour se faire entendre, il se planta juste derrière la pierre tombale, s’accouda dessus, sans trop de gêne –au point où ça en était hein…- et il attendit un instant, contemplant en silence la jeune fille qui avait élu lit sur ce carré d’herbe.

Et puis finalement, sa voix vint briser le quasi-silence.

    « Tu te trouves sur la tombe du cadavre que j’allais déterrer. »


Simple constatation, pas franchement sympathique. Le ton était neutre : ni joyeux, ni agressif, ni pressant. Rien. Axel était particulièrement doué pour les déclarations atones.
La suite s’annonçait déjà moins « neutre » et gentillette, cela dit. Le rouquin pouvait être totalement odieux lorsqu’il le voulait.

Et là, vous l’aurez sans doute compris, c’était un peu le but de l’opération.

    « Tu gênes »


Autre constatation, voix toujours neutre, contenu un peu moins aimable déjà.

Le tout accompagné d’un léger, presque un rictus, tout dans l’insolence. Pour ça aussi Axel était très doué. Il modulait son visage presqu’à volonté.

    « Déguerpis »


Là, on passait de la constatation pure et dure à une demande. Ou plutôt un ordre : pas de s’il te plait. « Déguerpis s’il te plait » aurait été risible. Et peu convaincant. S’il voulait la faire fuir, autant se montrer le plus désagréable possible. Ca avait déjà fait ses preuves par le passé. Et on ne change pas une équipe qui gagne !

Ceci étant dit, le garçon contourna la pierre pour se placer à côté de Kara. Là, il s’accroupit, pour se mettre à sa hauteur. Il l’observa quelques secondes en silence, avant de lui adresser un sourire presqu’adorable.

    « Allez, au revoir ! »


Au moins, les choses étaient claires : dé-gage.

Axel n’avait pas choisi cette tombe au hasard. Officiellement, il devait avoir une très bonne raison. Officieusement, Kara était dessus. Et Axel voulait qu’elle parte. Pas parce qu’il voulait effectivement creuser ici, juste parce qu’il ne voulait pas qu’une fille qui fait la sieste de manière insouciante sur une tombe soit là quand il faisait ses petites expériences.
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MessageSujet: Re: ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard]   ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard] EmptyLun 24 Mai 2010 - 1:06

- Tu te trouves sur la tombe du cadavre que j’allais déterrer.

Il le fallait. C’était, comme dire, écrit noir sur blanc sur le livre de la destinée, Kara n’aurait jamais un moment à elle en dehors de sa chambre. À la longue, c’était très chiant de ne pouvoir être tranquille qu’entre quatre murs! Mais c’était la vie, il fallait l’accepter comme ça… ou se sauter du toit de l’Académie, au choix. Elle y pensait souvent mais jamais elle n’avait osé car survivre aurait été beaucoup plus chiant que ça, elle aurait du aller voir un psy tous les jours et ses parents commenceraient à faire de grands discours en pleurant comme des madeleines… bref, quelque chose qu’elle voudrait éviter pour tout l’or du monde!

D’abord, elle ne bougea pas et fit un genre de moue ‘Tu me déranges’. Car déterrer un mort, elle ne laisserait jamais quelqu’un faire ça! En plus de donner plus de travail, cela était terriblement irrespectueux pour le mort en question. Ce garçon avait bien l’air d’un rebelle, s’était-elle dit aux premiers abords, ou quelque chose dans le genre…

Voyant qu’elle ne bougeait pas, le nouveau venu continua :

- Tu gênes.

Et avant qu’elle n’ait pu assez fait monter la colère pour répondre…

- Déguerpis.

Elle s’assit, choquée… trop choquée. Elle allait exploser s’il n’arrêtait pas. Mais au comble, le roux n’arrêta pas, même qu’il se plaça devant elle. Elle pouvait pratiquement sentir son souffle plein de sarcasme exécrable. Il la regarda deux secondes et sourit innocemment :

- Allez, au revoir!

Kara prit une longue inspiration.

*Ne panique pas, la violence… la… la violence ne sert à rien… je… je vais… rester… calme… car…*

Elle coupa son monologue intérieur et se leva. La jeune fille attendit un moment et releva la tête, ses grands yeux noirs vitreux semblant être sur le point de pleurer, elle regarda le roux deux secondes en semblant vouloir lui parler et…

SPLASH!


Il reçut une tasse de thé en pleine figurine. Le liquide chaud dégoulinait déjà le long de son cou que Kara ne put s’empêcher un court fou rire. Puis, alors qu’il reprenait ses esprits, elle se décida une action étrange, totalement folle, qu’elle n’aurait jamais pensé pouvoir faire avant…

SBAF!


La gifle était partie toute seule, sans que le garçon n’ait pu réagir, les conséquences, elle s’en foutait bien présentement. Un bien-être énorme l’envahit soudainement et le poids de la présence du jeune homme s’éteignit brutalement, comme s’il était devenu son jouet, son objet… mais elle était persuadée que cette pensée allait bientôt se dissiper.

Lançant le dit couvercle désormais vide de son breuvage sur le banc, Kara toisa le roux qui, dans ses yeux, n’avait pas l’air des plus heureux. Elle replaça sa jupe à carreaux et croisa les bras.

- Maintenant je vais te laisser déterrer ta maison…

Sa moue renfrognée montrait qu’elle était bel et bien choquée car là où on cherche des vices, c’est là qu’on les trouve! Kara ne pensait pas pouvoir retourner sur son banc comme si de rien n’était, elle avait tenté le diable… tout simplement…

[J'aime torturer *sbaf*]
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MessageSujet: Re: ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard]   ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard] EmptyLun 7 Juin 2010 - 22:55

Spoiler:

Etonnamment, au moment même où Kara se disait que la solitude était chose chère et rare en ce bas monde, la même pensée traversait l’esprit d’Axel.
Et c’était d’ailleurs bien pour cette raison que le rouquin avait décidé de jouer la carte de l’horripilation. Par chance, horripilant, il était très doué pour l’être. Des années d’entrainement… enfin des mois en tout cas.

Et à défaut d’une explosion de colère ou d’énervement, à défaut de quelqu’un qui s’enfuit à la course, il obtint au moins un réaction, puisque la jeune fille passa de la position couchée à assise. Remarquable progrès. Alors Axel se permit d’insister un peu plus, enfonçant le clou jusqu’à ce qu’elle craque…et elle craqua.

Le garçon reçut, non sans surprise, un liquide chaud dans la figure. Heureusement pour lui, la boisson n’était plus brulante. Juste chaude. Mais chaude, froide, glacée ou brulante, on n’apprécie que rarement de se faire tremper de la sorte. D’accord, il l’avait cherché : mais elle était sensée dégager, pas faire des représailles…

Le garçon, à son habitude, voulut souffler sur sa mèche de cheveux pour manifester un stress certain. Un inconfort, disons. Ca ne fonctionna pas. La mèche était désespérément collée à son front, humide, grâce au thé. Frustration suprême. Et inconfort grandissant. Le garçon porta la main à son front et balaya la mèche humide du bout de ses doigts. Distrait par cette nouvelle activité, il ne vit ni ne prédit la claque qui suivit l’inondation.

Le rouquin était…perplexe. Comme si c’était la première fois de sa vie qu’on le giflait. C’était presque le cas. Sa mère était trop gentille pour le gifler, son père était trop adepte de la pression morale pour en venir aux mains. Il n’était pas avocat pour rien : la manipulation mentale, c’était son truc. Ca, Axel était presque immunisé contre. Non seulement il était immunisé, mais en plus il excellait là-dedans. En revanche, les claques, c’était la terra incognita pour lui. Et comme tout homme beta qui se respecte, il a peur de l’inconnu.

Pourtant, le Néo-Zélandais était ce qu’on appellerait aujourd’hui un martyre. Axel avait été raillé, brimé, on l’avait bousculé, poussé, on lui avait fait des croche-pieds, donné des coups de pieds, tiré les cheveux. Mais jamais de claque. La claque était un geste tabou. Symbole de l’autorité parentale, symbole de la rupture amoureuse. Et voilà qu’il s’en prenait une en pleine face, sans même vraiment en saisir la raison.

Axel n’en revenait pas. Il était sensé être le mec flippant, effrayant. Pas le mec giflé. Cette fille ne devait pas tourner rond : gifle-t-on les psychopathes qui profanent les tombes ? Définitivement : non ! On les craint. On les évite. On prend ses jambes à son cou en priant le ciel qu’à défaut de profaner une tombe, il n’ait pas plutôt creusé la sienne. On appelle la police à la limite, une fois hors de danger. Mais, bon sang, on ne le gifle pas…

Axel fut un instant tenté de lui en faire la remarque, mais ça lui ôterait en vérité le peu de crédibilité qu’il avait.
Non, s’il voulait garder un peu de contenance, autant jouer le psychopathe jusqu’au bout. Le garçon conserva donc un silence de mort –le comble, dans un cimetière- se contentant de toiser la jeune fille d’un œil…ma foi très inquiétant. Car ça, toiser, dévisager, assombrir son regard, il savait faire très bien, et il ne se gênait pas en l’occurrence.

Ses pensées étaient partager entre le désir de vengeance –il n’allait quand même pas la laisser s’en tirer comme ça ? Question de réputation. Question d’amour propre. Même si bon, l’amour propre… Axel ne le cultivait pas franchement. Mais il avait de la fierté. De la fierté mal placée même.

Kara, c’était un peu l’ennemi public numéro 1 maintenant. De 1 : elle le gênait. Elle était là alors qu’il voulait être seul et tranquille. De 2, elle ébranlait son égo, déjà pas mal mis à l’épreuve ces derniers temps.
Coup de bol dans sa malchance : ça ne se passait pas à Keimoo. Il ne manquait plus que ça : que ces langues de vipères occupées à refaire sa vie à coup de rumeur ne sachent qu’il se soi fait gifler. Il n’avait définitivement pas besoin de ça. Heureusement, rien ne disait que la trouble-fête en question n’était étudiante de Keimoo.

    « Va-t-en »
lacha-t-il, presque dans un grognement, fronçant les sourcils pour se donner un air mauvais.

Qu’elle comprenne, cette pimbeche, que c’était son territoire. Axel n’était pas possessif : ni avec les gens, ni avec les objets, et encore moins avec les endroits. Mais là, c’était quasiment une affaire personnelle : il voulait qu’elle dégage. Elle le dérangeait. Au-delà de la simple présence, il n’arrivait ni à croire ni à digérer qu’elle lui avait successivement vidé son breuvage sur la figure puis giflé. Pour qui elle se prenait, au juste ?

Il sentait une horrible frustration jaillir en lui : si son connard de père ne l’avait jamais frappé. Si Naomy ne l’avait jamais frappé. Alors personne n’avait le droit.
Le garçon frotta sa joue, pensivement. Ca picotait légèrement. Elle n’avait pas retenu son geste, elle y était allée franco. Il devait avoir la joue toute rouge maintenant. L’air idiot. Il n’avait pas envie d’avoir l’air idiot devant elle.

    « Sinon une fois que j’ai déterré mon cadavre, je l’embarque avec moi, et je te mets à sa place. »


Ca, c’était dit. Et avec le plus grand sérieux du monde. Pas qu’elle ne pense qu’il plaisante. Que c’était un plaisantin, un rigolo. Cette simple idée faisait bouillir le sang d’Axel. Voilà bien longtemps qu’il n’avait pas été énervé à ce point. Pourtant, il avait subi l’acharnement d‘un tas de crétins sans cervelle, et ce avec détachement.

Oui mais voilà. De un, c’était des crétins. De deux, ils ne faisaient que se moquer, et la moquerie, ça passait bien au dessus du rouquin. De trois, ils ne lui donnaient jamais de claque. Des bourrades pour le faire tomber, à la limite. Pas de gifle.

    « Tu ferais un très joli cadavre… »


ajouta Axel, esquissant un sourire digne d’un psychopathe, peaufinant son jeu de role à la perfection. Il lui ferait peur. Il la ferait fuir.
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MessageSujet: Re: ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard]   ... lève la queue et puis s'en va! [PV mon renard] EmptyVen 11 Juin 2010 - 2:42

[Axellou \o/ DANS MES BRAS *paf*]

Kara eut un soudain frisson. Imperceptible à l’œil nu, il était léger, peu important… mais il était là. Ce frisson. Même si elle savait la réaction de la racaille pour sûre, c’est toujours au moment critique qu’elle soit toujours aussi surprise. Il ne fallait pas qu’elle ait peur, pas maintenant! Sa coquille… il ne fallait pas qu’elle se brise, pas encore. Puis soudain, elle pensa à cela; et s’il lui enlevait la vie?

- Tu ferais un très joli cadavre…

Elle se retourna en fait, fixant avec les yeux ronds de son visage pâle ce visage ressemblant à celui d’un psychopathe. Pourtant ce garçon paraissait jeune, très jeune. Un adolescent à coup sûr, elle lui donnerait dix-neuf ans au maximum. Si ce serait juste son jugement, Kara serait sûre qu’il n’était pas sérieux, mais son expression était si convaincante, que sa pensée tangua dangereusement. Et ensuite…

Elle sourit.

Elle sourit si honnêtement, comme un ange, comme si on venait de lui dire la chose la plus belle qu’elle n’ait jamais entendue.

- Alors allez-y, monsieur, enterrez-moi vivante, je n’attends que ça…

Kara avait presque pensé lui sauter dessus et l’embrasser pour exagérer, mais il ne fallait pas pousser les limites de ce rouquin. Si c’était de l’avis de la demoiselle, elle embrasserait chaque personne un minimum intéressante qu’elle verrait. C’était une grande romantique… ou plutôt volage intérieurement, cette petite gothique. Elle rouvrit ses grands yeux noirs et toisa le regard du jeune homme, avant de faire demi-tour et de prendre plus loin sur le banc qu’elle avait laissé, son thermos remplit de son repas, qui était encore chaud. Machinalement, la gothique reprit ses baguettes et recommença à manger.

- Mais tu me laisses finir mon dernier repas?

Elle s’assit et continua à mâcher en fixant non Axel, mais ce qu’elle mangeait. En effet, le jeune homme réveillait tout de même une certaine crainte en elle, mais elle se forçait à rester calme, elle était malheureusement humaine et savait ce qu’était la peur… si seulement elle n’était pas humaine. Ça lui aurait donné quelque chose de plus spécial, ou alors si seulement elle n’avait pas été née comme ça, meurtrie par sa personnalité trop différente, sa façon de penser que les autres n’acceptaient pas…

La main de Kara fit signe à Axel, d’approcher. D’une façon ou d’une autre, il accepterait ou pas, mais de toute façon, elle voulait le calmer d’une façon ou d’une autre, histoire qu’il ne lui fasse pas réellement trop de mal.

- Arrête avec cette expression de psycho’, ça fait peur et ça te va pas super bien.

Ensuite, elle essaya de faire la conversation.

- Tu vas à quelle école? Moi Keimoo, le pensionnat, là…

À lui ou non de répondre. Pendant ce temps, sans le regarder, Kara terminait son riz avant qu’il ne refroidisse.

[Court, je sais u___u"]
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