Stresser tue. Enseigner aussi. [PV]

Bien que Fumiko désirait à cet instant rencontrer un guide pour lui faire montrer l'établissement, le premier regard qu'elle croisa ne fût pas celui espéré. Un jeune intello plutôt réservé sortit du secrétariat avec un relevé de notes qu'il comptait emporter avec lui pour ses choix de cours à l'université. Il avait la tête plongé dans ses notes et marcha en direction du portail sans trop regarder où il marchait. Il avait pour idée qu'il connaissait déjà assez le couloir pour marcher ainsi à l'aveuglette. Son plus faible score : les mathématiques. Il avait toujours eu un léger problème avec les calcules et tout ce qui concernait le bon sens logique.

Secoua sa tête, il rangea le relevé officiel dans son sac à dos, puis roula celui qui était brouillon d'une main pour le fourrer dans l'une de ses poches. En se relevant, il percuta ce qui semblait être une jeune femme aux cheveux blonds, portant des lunettes. Elle devait avoir plus ou moins le même âge que lui. Il se mit à rougir, embarrassé.

"Pardonnez-moi! Je suis vraiment maladroit!" Dit-il en s'inclinant honteusement.

Sa timidité légendaire et sa maladresse étaient connues parmi tous les intellos qui l'avaient fréquentés, mais c'était surtout quand il était en présence des autres qu'il se comportait comme un idiot. Il n'était pas très social, voir qu'il n'aimait vraiment pas discuter avec les autres. C''est pour cette raison qu'il ne s'était pas attardé au bureau du secrétariat et qu'il avait tout simplement dit qu'il voulait son relevé de notes pour un choix de cours. Il termina la conversation avec la vieille dame derrière le comptoir avec des "Oui" et des "Non". Elle comprit alors qu'il était soit pressé, soit timide.

Le mieux qu'il puisse faire en cet instant est d'attendre que la jeune femme lui dise de s'en aller ou bien qu'elle se mette à l'insulter. Pire encore, qu'elle porte plainte contre lui! Shinjiro avait cette habitude de toujours dramatiser les choses dans sa tête, ce qui n'avantageait vraiment pas son cas. A savoir qu'il était aussi reconnu pour sa très grande imagination fertile. A chaque fois qu'il s'inquiétait, il se mettait à inventer toutes sortes de fabulations dans sa tête et parfois il se mettait à l'exprimer sur tous les toits. Ses collègues intellos trouvaient parfois qu'il s'inquiétait beaucoup trop pour des riens, mais parfois c'était tout le contraire. C'était eux qui s'inquiétaient pour lui. Il n'était pas très prudent comme personne et souvent la cible des sportifs ou des racailles qui aimaient s'en prendre aux personnes gênées. En ce moment, Shinjiro aurait bien aimé fondre comme un glaçon et disparaître. Il se mordillait nerveusement la lèvre inférieure.

Des questions pour des questions. Shinjiro avait l'impression qu'il en aurait pour un bail avec elle s'il continuait à discuter avec elle à ce rythme. Elle le tira près d'un mur, pour qu'ils évitent la foule. Alors elle ne se gênait pas pour agir celle-là, se dit le jeune homme en clignant des yeux. Il avait la timide impression qu'elle était peut-être une femme dominante de nature. Elle lui parla de son métier et lui posa une question sur son professeur de littérature.

"C'est Suzuka Taeda. Elle est connue pour avoir écrit une bonne trentaine de nouvelles littéraires dans un magasine japonais, sous un alias qu'elle refuse de nous divulguer. Nous avons des doutes qu'il s'agit de Sachiko T, l'auteur de deux romans d'amour bestseller dans la région de Tokyo et quelques mangas shoujo."

Shinji ne se rendait pas compte, mais il avait laissé de côté sa timidité naturelle pour s'adresser à la dame avec un peu plus d'assurance. Quand il s'agissait de choses qui lui plaisait, il était beaucoup plus sociable. Le calme étant revenu depuis plus d'une minute déjà, le jeune homme se rappela qu'elle avait mentionner l'attitude des élèves, un peu plus tôt.

"Bah, vous savez, l'adolescence, les hormones... Tout le monde passe par là. Heureusement pour moi, j'en sors! Je ne vous dis pas le zoo dans lequel je vivais quand j'étais encore lycéen..." Dit-il pour lui-même.

Et elle finit par se présenter. Fumiko. Voilà qui était un un prénom adorable. On l'entendait rarement depuis certaines années; à croire qu'il n'était plus aussi commun. Il ne me restait plus qu'à l'accueillir comme tout bon citoyen. Je présentai ma main pour serrer la sienne, puis je lui dit :

"Enchanté de faire votre connaissance, Ms. Satô. En espérant que vous passerez un agréable séjour à Keimoo."

Il avait toutefois l'impression qu'elle ne voulait pas le laisser partir. Quelque chose lui disait qu'elle était anxieuse à l'idée de se retrouver soudainement seule. Serait-il mieux pour lui de rester avec elle un moment et de s'improviser guide? A vrai dire, il n'aimait pas trop le lycée. Bien heureux d'avoir gradué de ce dernier, il n'aimait pas trop y retourné. Par le passé, il s'était souvent fait cogné par de grosses brutes à plusieurs endroits, même qu'on l'avait une fois plongé la tête dans un bol de toilette. La mauvaise journée qu'il passa cette fois-là!

"Sinon, vous êtes nouvelle dans le village aussi? J'ai l'impression de ne vous avoir jamais croisée avant..."