Retour au source et renaissance! [PV Yu]

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Trois semaines… cela faisait trois semaines que Shin n’avait pas mis les pieds à l’académie. Il ne faisait que fuir la réalité… Sa rencontre avec le doc. Brisebois l’avait fait grandement réfléchir. Le jeune homme avait préféré la voie de la facilité… il avait été lâche et cela le débectait profondément. Cependant, le gothique revenait parmi les vivants. Trop de choses se produisait pour qu’il reste à se morfondre dans le noir. Les évènements du bal de la Saint-Valentin ne lui étaient pas inconnus. L’étudiant avait vu les informations et reçu pas mal de coup de fil pour lui expliquer la situation… ainsi que plusieurs sermons –service après vente bonus- à cause de sa soudaine disparition.

Et dire que Shin avait prévu d’y aller à ce bal… enfin, Sin… pour foutre un bordel monstre… mais non. Son père avait mis la main sur lui deux jours plus tôt dans l’appartement d’un garçon que le gothique squattait. Il avait donc été ramené illico-presto dans la demeure familiale. Kyo Masara ne savait pas du tout comment agir avec son fils quand il était dans cet état-là. Surtout quand le dit « fils » essaye de vous frapper voire plutôt de vous tabasser alors que vous essayez de lui sauver la vie. A force de prendre de la drogue et de l’alcool, on finit par devenir de véritable épave humaine. La seule solution qu’il restait à son père, c’était dans l’enfermer jusqu’à ce qu’il se calme. Il détestait faire ça mais il n’avait pas d’autre choix. Le jeune homme fut donc isolé dans une pièce spéciale où il ne pouvait faire de mal à personne et où il ne pouvait se faire du mal.

Quand Shin sortit… il était redevenu lui-même et maître de son corps. Par contre, ses mains étaient ensanglantées à force de s’acharner à frapper de toutes ses forces sur les murs et la porte. Rapidement, il fut soigné et bandé puis il alla se reposer. Plus tard, le jeune homme fut réveillé par les informations. La réalité des choses lui revint en pleine figure. La ville de Keimoo aux infos. Le bal de la Saint-Valentin avait mal tourné. Il ne fallait pas vraiment s’étonner aussi. On est tous des étudiants après tout. Bah, il allait encore profiter de la maison le temps que les choses se tassent… ou pas. Quelques heures plus tard, on eu droit à des nouvelles informations. La directrice et le comité des élèves avaient été destitués… trente minutes plus tard, le nouveau règlement instauré par le nouveau directeur arriva dans sa boîte de messagerie. Ce machin –y’a pas d’autres mots- l’avait laissé sur le cul puis à huit heures pétantes, l’étudiant avait reçu un message comme quoi on l’avait choisit au comité des élèves. Ça faisait beaucoup en une soirée… Il fallait qu’il réfléchisse. Ce n’était quand même pas une décision à prendre à la légère.

Cependant, Shin était en pétard. Les choses n’allaient pas se passer comme le nouveau principal le voudrait. La plupart des élèves venaient à l’académie Keimoo pour deux choses :
_ Sa prestigiosité et son enseignement très diversifié
_ Ainsi que sa liberté que nous accordait la discipline de l’établissement.
Si on ne pouvait plus s’habiller comme on le voulait, rentrer à l’heure qu’on voulait, sécher les cours ou arriver en retard et qu’en plus, on ne pouvait même plus faire la fête… où allait monde ? Pas dans le bon sens, ça c’est sûr. Le jeune homme accepta la proposition de l’ancien comité des élèves et représenterais donc les gothiques. Enfin, il ne comprit pas vraiment pourquoi il l’avait choisit mais bon. Maintenant qu’il avait accepté, il essaierait de remplir au mieux sa nouvelle fonction. Mais pour cela, l’étudiant devait déjà rentrer à Keimoo.

Ainsi, le voilà donc, un peu en retrait par rapport au portail, devant l’académie. La même dégaine que d’habitude mais plus prononcé pour bien faire chier son monde. Le portail était fermé puisqu’il était plus dix-huit heures. Ce n’était pas vraiment un problème… il fit le tour de l’enceinte puis il escalada les pans de murs et s’infiltra dans la cour extérieur afin de gagner le pensionnat. Le gothique rasa les murs comme une ombre en évitant soigneusement les quelques surveillants et il pénétra dans le dortoir des garçons où régnait un chaos indescriptible. C’était une chose à prévoir ! Les élèves n’allaient pas laisser un nouveau venu faire la loi et régir leur vie à leur place.

Chacun prenait des mesures à leurs manières. Pour une fois, on pouvait dire que tous les groupes avaient un point en commun. Le nouveau directeur n’était pas le bienvenue et il allait bientôt le sentir.

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Il ne valait mieux pas compter les jours que Yu avait passé sans aller en cours. D’autres préoccupations bien plus importantes le forçait à mettre sa scolarité et ses activités au club entre parenthèse pour une période indéterminée. Il n’était que de passage à l’académie. Ses derniers jours avaient été très éprouvant moralement. Apprendre qu’on a un frère jumeau ne s’accepte pas du jour au lendemain et il n’avait toujours pas reprit contact avec son père. Comment aborder le sujet ? Quelles questions poser ? Son oncle avait proposé d’en parler à son frère avant son fils mais Yu préférait le faire lui-même. Comment réagirait Shori Matsuda lorsqu’il entendrait le jeune homme lui révéler qu’il avait rencontré son double par hasard à l’académie Keimoo ? Arme en main, il serait aller directement le butter cet enfoiré ! Et sa nouvelle famille de demeurés avec. Mais il n’avait aucune arme à part la haine. La colère amenait querelles et souffrances, il le savait. Toutefois, ce n’est pas ce qu’il l’empêcherait de mener la vie dure - pire que ça, l’enfer - à Shori. Il l’appellerait ainsi désormais. Cette trahison lui coûterait statut de parent. Pauvre homme, il avait presque pitié de lui tant il connaissait la douleur qui l’attendait. De toute façon, il avait déjà banni son fils une fois, la prochaine serait la dernière. Pas question qu’il remette les pieds dans cette maison infestée d’hypocrisie. Jusqu’à présent, Shori continuait à vivre bien tranquillement en gardant ce lourd secret pour lui. Qu’il profite bien de ces derniers instants de joie.

Ce matin là, l’oncle de Yu avait eu un échange téléphonique avec un membre de la direction de l’académie et l’oncle de Yu, doux comme un agneau, s’était emporté et avait menacé de retirer son neveu de l’établissement à cause d’une histoire de tutelle non attribuée ou on ne sait quoi. Un rendez-vous leur avait été fixé à dix sept heures trente et, naturellement, ils étaient arrivés dix minutes en retard. Yu n’avait jamais vu la personne qui les accueillit et ne retint même pas son nom. Par contre, il se souviendrait à tout jamais de sa nonchalance et de la phrase qui lui avait valu une insulte de la part du garçon.

« Vous n’êtes pas le père, ni même le tuteur légal, alors vos raisons ne m’intéressent pas. Je veux parler à la mère ou au père de cet enfant. A supposer que ce jeune délinquant ait des parents, bien sûr. »

« Traînée ».

Son oncle lui demanda d’attendre dehors, le dialogue reprit, l’autre ne semblait nullement touché par l’injure de l’adolescent. Au lieu de faire ce qu’on lui demandait, Yu se rendit au club, n’ayant aucune idée de ce qui se passait dans l’école. Il croisa quelques uns de ses camarades, qui lui donnèrent des claques dans le dos en manifestant leur joie de le revoir parmi eux. Les visages s’assombrirent quand il expliqua qu’il ne revenait pas tout de suite car sa vie familiale était chamboulée. Il ne dit rien sur Alvin, ni sur la mort de sa mère. Il ne connaissait que trop bien le pouvoir des mauvaises langues. Et puis, il n’était pas le seul à porter ce fardeau. On lui relata les derniers faits à l’Académie, un bal, une dissolution, un renvoie, une arrivée, de nouvelles règles et un professeur à l’hôpital. Rien que ça ! Yu ne pouvait que se réjouir de l’accident de Brisebois à cause de ce qu’il leur avait fait subir durant le premier cours de psychologie. On récolte la monnaie de sa pièce. Oui, la seule bonne nouvelle dans toute cette histoire. La plus mauvaise: le nouveau règlement.

Les premiers actes n’avaient rien de très surprenants jusqu’à l’article sur la tenue vestimentaire. Déjà, il fallait s’attacher les cheveux, ce que Yu ne faisait qu’en de rares circonstances, ne pas porter de jean - complètement impossible. Pour le fun, il lu toute la feuille en commentant la plupart des numérotations. Plus de batifolage ? Tant mieux ! Pour ce qui était de la distance de sécurité fille-garçon, personne ne la respecterait. En gros, ce règlement ne servait qu’à déchaîner les âmes rebelles. Franchement, il n’avait pas de temps à perdre avec ce genre de bêtises. Il accompagna deux de ses amis aux dortoirs ou chacun était affairé à organiser tel ou tel mouvement de révolte. Très amusant. Mais il était plus de dix huit heures et le portail fermé, il resterait coincé ici. Et, pour couronner le tout, les appareils électroniques étaient interdit, donc il ne pouvait pas contacter son oncle sans risquer de s’attirer les foudres de la direction. En même temps, avec tout ce qui se tramait autour de lui, personne n’irait le balancer s’il utilisait son téléphone et puis, c’était une urgence !
Il alluma son cellulaire et là, surprise ! Pas de réseau.

Le même scénario se répétait avec tous ceux à qui il demanda de l’aide.
Non là, c’était la goûte de trop.

« Qu’est-ce que tu vas faire ? » Demanda une voix dans son dos.

Avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, ses yeux se posèrent sur son héros d’un jour. Le gars qui avait tenté de le protéger du diable Brisebois.
Il le salua d’un signe de la main, vu qu’il ne savait pas s’il pouvait l’appeler par son prénom.

Ami : « Tu le connais ? »
Yu: « Pas vraiment. Il était dans le cours de Brisebois »
Ami 2: « C’est Shin Masara. Vous étiez dans le même cours et tu ignores son nom ? »
Yu: « Je sais qui c’est, abruti ! Et je te rappelles que je n'y suis allé qu'une fois. C'était amplement suffisant»

Les joues pourpre, il leur relata le fameux jour ou Shin s’était porté à son secours, lui évitant ainsi la potence.

Ami 3: « Hé, pour le prof' ... Vous pensez que c’est grave ? »
Ami: « La question serait plutôt: Est-il toujours en vie ? »
Ami 2: « C’est la même chose ! »
Ami: « Faut croire que non. »
Yu, l’esprit un peu ailleurs: « Je reviens ».

Il rejoignit Shin d’un pas lent, un peu inquiet de la tournure que prenaient les évènements. N’ayant aucune envie d’être associé à un mouvement anticonformiste, il décida néanmoins qu’il avait un rôle à jouer dans cette bataille contre la tyrannie. Les institutions n’avaient pas le droit de leur imposer de telles règles, qui allaient à l’encontre de la liberté collective & individuelle.

« T'es venu prendre part à la fête ? Sérieux, s’ils ne veulent pas qu’on s’approche des filles, ils n’ont cas construire des couloirs plus grands. Dit Yu à Shin, mais assez fort pour être entendu de ses voisins. L’académie est mixte quand même. »

Après un moment d’hésitation, il ajouta en souriant:

« Je sais que ça fait longtemps et que tu ne dois pas t’en souvenir, mais merci pour la dernière fois, j’ai bien cru que Brisebois allait me tuer »

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Après un voyage de cinq heures en voiture, Shin voulait dormir. Cela faisait trois jours qu’il n’avait pas fermé l’œil… les soutes à bagages violacées voire noires qui étaient sous ses yeux en témoignaient avec son teint pâle qui tournait plus au gris cadavérique. Il avait vitalement besoin de repos, ça devenait urgentissime ou au moins, une boisson énergisante dont il raffole tant.

Cependant, le jeune homme était loin de ses estimations premières concernant les dégâts que le nouveau règlement avait provoqués. Les dortoirs, enfin chez les garçons tout du moins, étaient en effervescence. Il n’avait pas l’air bête à débarquer comme ça, en plein milieu d’une révolte, avec son sac de sport qui contenait quelques affaires. Tout d’abord, le gothique devait appeler une ou deux personnes pour dire qu’il était bien arrivé et tout le barda. Il sortait son téléphone pour passer les coups de fil mais… pas de réseau ! Bizarre. Proche de lui, un autre académicien faisait de même. Il lui rappelait quelque chose… quelqu’un qu’il avait rencontré quelque part… un cours peut-être. Pour l’instant, sa mémoire n’était pas très coopérative. Elle était plutôt récalcitrante. L’étudiant lui avait juste posé une question avant de prendre la direction de sa chambre.

Shin attrapait quelques bribes de conservations par-ci, par-là. Révolte, rébellion, injustice, stupide, connard. Il les enregistrait mais il les analyserait plus tard les informations captées parce que, là tout de suite, ce n’était pas le moment. Il entendit son nom aussi. Qu’est-ce qu’on lui voulait ? En ce moment, tout ce que le jeune homme voulait, lui, c’était retrouvé Myle… pour s’excuser. Il l’avait traité durement et il s’en voulait. En fait, le gothique aimerait voir Mitsu, sa petite sœur de cœur. Juste un câlin… un peu de tendresse et de compréhension mais c’était impossible, maintenant, à cause de ce putain de règlement alors il se contenterait de la douce chaleur de son lit. Enfin, c’était ce qu’il prévoyait mais il en fut tout autrement. Un vague « je reviens » que l’étudiant intercepta, lui disait qu’il ne verrait pas son lit dans l’immédiat. En effet, peu de temps après, il reconnut à côté de lui, la même personne qu’un peu plus tôt.

En plus, le jeune homme en question avait totalement raison sur de nombreux points. L’académie était mixte donc les filles et les garçons se côtoyaient de tout temps. Élargir les couloirs mais quelle bonne idée. Enfin, pour Shin, le véritable problème ne se situait pas là. Dans toutes les lignes du règlement, quelque chose le faisait chier mais une en particulier, celle sur l’homosexualité. On aime qui on veut, bon sang. Bref… Le gothique émit un bâillement discret avant de répondre.

« On peut voir les choses comme ça… je viens tout juste de rentrer… »

Ne précisons pas que celui-ci n’avait aucune valeur ludique, qu’il était dans les alentour des dix-neuf heures donc qu’il avait pénétré dans l’enceinte de l’établissement illégalement. Mais bon, passons. Maintenant, Shin observait attentivement son vis-à-vis. Les rouages de son cerveau s’étant quelque peu remise en marche, il se rappela où est-ce qu’il l’avait vu. C’était en cours de psychologie. Cet élève avait tenu tête au professeur puis il s’était barré. Le jeune homme lui avait sauvé la mise quand Brisebois l’avait choppé dans les couloirs. Son nom… Ah oui ! Yu Matsuda-kun. Il avait mis le temps pour s’en souvenir.

« Je me rappelle de vou… toi. Ce n’était pas grand-chose… mais c’est vrai qu’il l’aurait sûrement fait sinon. »

Avant, Shin aurait eu un doute en disant cela mais maintenant, après cette soirée passait en sa compagnie, il n’en était absolument sûr.

« Yu Matsuda-kun, n’est-ce pas ? Excuse-moi si je ne t’ai pas reconnu plus tôt. Ce voyage m’a littéralement épuisé. »

Eh ben dit donc ! Le jeune homme était bien loquace aujourd’hui mais hypocrite aussi. Il aurait du remplacer le mot « voyage » par « beuverie, débauche, drogue et crise de folie ». Cela aurait été plus juste. Mais bon, Yu n’était pas sensé le savoir et c’était très bien. Tiens, d’ailleurs, en parlant de lui, une chose l’interpella. L’étudiant ne l’avait jamais vu dans les dortoirs. Qu’est-ce qu’il y faisait ? Le gothique, intrigué par sa curiosité, lui demanda.

« Que fais-tu encore ici ? »

Peut-être n’avait-il pas pu sortir ? Le déclic se fit dans la pauvre matière grise restante. Yu était bloqué.

« C’était pour ça que tu cherchais un portable qui marche. Je ne peux pas faire grand-chose pour toi… » Une hésitation puis, à voix basse : « En fait, si mais plus tard…,fit Shin avec un sourire énigmatique, en attendant, puis-je t’offrir l’hospitalité ? »

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La réplique de Shin pouvait être interprétée de diverses manières. « Je viens tout juste de rentrer de voyage » ou « je reviens de dehors ». Yu opta pour la première proposition, puisque, tout comme lui, Shin semblait plus ou moins étonné de ce qui se tramait devant leurs yeux. Visiblement, il n’était pas le seul à s’être absenté assez longtemps pour ne pas avoir été au courant des évènements à l’académie. M’enfin, ce n’est pas comme si toutes ces histoires le passionnait. A la limite, il s’intéressait à l’affaire Brisebois. Malgré ce que ce bourreau leur avait fait subir - à lui tout particulièrement -, le sportif espérait qu’il ne lui arrive rien de dramatique. Un prof’ de moins ici ternirait la réputation de l’école, donc celle de ses étudiants. Aucun club pro ne voudrait de lui, sa carrière était foutu d’avance. Et, avouons le, il avait bien envie de revoir Brisebois pour lui pourrir la vie, le faire péter le seul boulon qui lui restait. A part ça, il se fichait qu’il crève, ça ne lui ferait ni chaud, ni froid, d’un point de vue purement personnel. Serait-ce possible que des gens tiennent à un tel énergumène, mis a part, peut-être, les membres de sa famille et quelques amis proches ? Brisebois était probablement différent à et en dehors de son lieu de travail. Certains professeurs ont tendance à se braquer contre leurs élèves, uniquement parce qu’ils sont jeunes (les élèves) ~~et cons~~, n’essayent pas de comprendre, ni d’écouter ce qu’ils ont à dire. D’où le comportement agressif de certains (n‘est-ce pas Yu ?). Mais Brisebois aurait du le savoir, parce que MONSIEUR Charles Brisebois est psy nom d’un bordel !

Oh oh, voilà qu’il s’emportait dans ses pensées. Ce n’était pas à lui de juger des compétences de ses aînés. Il devait y avoir une raison à la venue de Brisebois, comme il y a une raison à toute chose. Soit disant. Yu tremblotait légèrement, inconsciemment en serrant le poing rageusement. Dire qu’il avait fallut l’intervention d’un tiers pour lui éviter de se faire lentement arracher la gorge… Il devait s’endurcir, autant mentalement que physiquement. Un jour, c’est sûr, il serait plus grand et plus fort que Brisebois. Oui enfin, c’était un peu ridicule. Dans dix ou vingt ans, il ne serait plus au lycée et tout ce qui concernait l’académie Keimoo auraient disparus de son présent. Dommage, car on dit que c’est au lycée qu’on se fait des amis pour le reste de notre vie, il parait. Il ferait aussi bien d’en profiter. Quelques noms lui vinrent en tête, très peu, mais plus qu’auparavant. Il ne pouvait pas réellement estimer leur valeur, il aimerait bien les revoir tous les trois. L’un était son rival par nature, l’autre ce qui se rapprochait le plus d’une amie et le troisième… Il ne savait pas trop. Un compagnon comme un rival potentiel, il lui ressemblait un peu. Il aimait bien ces trois personnes, chacun différent à sa façon, mais était-ce réciproque ? Pouvait-il espérer entrer dans leur cœur ? Et depuis quand faisait-il dans le romantisme ? Depuis quand se préoccupait-il de l’avis des autres à son propos ? Un peu de dignité crotte !

Pourtant, oui pourtant, Shin, son sauveur, qu’il n’avait vu qu’une seule fois, se souvenait de son nom en entier ! Bien sûr qu’il s’en estimait heureux. Non, non, il ne râlerait pas pour une fois. Shin avait le droit de le désigner comme il l’entendait. Il accepterait même d’être appelé « poubelle » ou « souris ». Maintenant qu’il le disait, c’est vrai qu’il n’avait pas l’air dans son assiette. Moins qu’à leur première rencontre. Un voyage donc.

« C’était genre un voyage « forcé », un voyage « repos », ou un voyage « visites dans les contrées sauvages d’Afrique du Sud ? »

Pas de chance pour Shin-chan - et voilà ça commence avec de la familiarité -, car il allait devoir le supporter encore un petit bout de temps. Déjà parce que Yu n’avait pas l’intention de laisser partir son héros, il lui était redevable, ensuite il était coincé ici et il fallait bien trouver un endroit ou pioncer. Il n’aurait jamais eu l’idée de demander à Shin-chan de l’héberger, attendez ! Faut pas pousser mémé dans les orties (<= HS: Sorry de casser le rythme, mais cette expression rappelle des souvenirs à l’auteur. Un petit clin d’œil à la personne qui l’a sortie y a pas si longtemps car je ne la connaissais pas celle là. La honte je sais XD)

La question le laissa perplexe. S’il se mettait à tout déballer publiquement, ils risquaient bien d’être la cause d’une manifestation nocturne devant les portes des bureaux de l’administration. Il devait bien rester un ou deux bosseur à cette heure là. Une vingtaine de minutes plus tôt, il était en train d’insulter l’une d’eux après tout. Mais quitte à affronter ses parents et affronter le personnel de l’académie, il préférait encore que ce soit le personnel. Enfin ses parents, c’est vite dit. Un père et sa compagne qui ne se souciaient que très peu de son éducation, prenaient à peine de ses nouvelles et lui avaient caché l’existence d’un frère jumeau. Quitte à choisir entre ses soucis familiaux et les problèmes à l’école, il choisirait sans hésiter les problèmes à l’école. Mais ce choix ne s’imposait pas promptement. Il devrait donc s’occuper en premier de sa famille, pas seulement pour lui, Alvin passait en premier. Au moins, il était sûr qu’ils partageaient les mêmes gênes par preuves physiques.

« A la base, j’étais juste venu justifier mes absences et mon oncle doit m’attendre dehors, je ne vois pas comment le contacter puisque les portables ne fonctionnent pas. Il faudrait que je fasse le mûr, mais si mon oncle me voit faire ça, il va vraiment se poser des questions et… Bref. Comme si j’avais pas déjà assez d’emmerdes… »

Il se passa une main dans les cheveux en soupirant.
Son oncle, même après explications, le prendrait pour un délinquant. Il l’avait toujours vu comme un garçon responsable, Yu ne voulait pas décevoir la seule personne qui croyait en lui et l’encourageait dans son quotidien. Ca l’arrangeait bien de passer la nuit ici, sauf qu’il allait se lever à l’aube, à l’ouverture du portail, pour rentrer chez lui. Remarque, si son oncle ne le voyait pas revenir, il se douterait qu’il ne pourrait plus sortir et ne tarderait pas à rentrer.

La proposition de Shin-chan prit immédiatement une connotation bizarre pour le troisième année qui ne se voyait pas tous les jours invité à passer la nuit dans la chambre d’un inconnu. Mais bon, Shin-chan était son sauveur, il avait énormément de respect pour lui.

« Euh… Tu es sûr ? Je ne voudrais pas déranger… Et… en plus ce sera la seconde fois que tu viens à mon secours. Je n’ai pas encore trouvé le moyen de te remercier en bonne et due forme pour la fois précédente, donc… »

Tu parles, que des excuses.
Soyons honnêtes.
Il trouvait hyper cool de passer une nuit en sécurité près de son sauveur.
Il trouvait moins cool de ne pas avoir le contrôle sur la situation.
Cela se passait ainsi quand il tombait sur Shin.

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« Tu prends les trois, tu les mélanges avec quelques pincées d’autres ingrédients et je pense que tu auras un bon résumé de mon voyage si l’on peut dire. »

Passons… Il ne valait mieux pas en parler de vive voie et, encore moins dans les couloirs. Certes, Shin connaissait Yu mais ça s’arrêtait là alors il n’allait parler de sa vie à tort et travers. Moins on en sait, mieux on se porte. D’un autre côté, ça lui faisait plaisir de discuter avec une personne normale de choses… normales ? Peut-être pas mais ce n’était pas le plus important. Même s’il était crevé, le gothique prêté attention au propos du sportif du mieux qu’il pouvait. Yu avait été absent, lui aussi. A sa tête, on pouvait voir qu’il avait eu des problèmes mais le jeune homme préféra ne rien demander. On a tous nos secrets. Si Yu voulait les partager, il les écouterait sinon il se tairait.

Shin aurait pu lui montrer comment se faire la mal mais, apparemment, ce n’était pas la solution pour Yu. Il devenait certaines choses au travers de ses paroles. Le sportif ne voulait pas trahir la confiance de son oncle donc il resterait ici. Le gothique émit un petit soupir puis il posa sa main sur la tête de son camarade et lui ébouriffa gentiment les cheveux.

« Ne te prends pas trop la tête… J’ai une solution pour deux de tes problèmes. Le truc, quand on a des emmerdes, c’est d’essayer de les résoudre au fur et à mesure sinon on finit par se noyer. »

Et ce couillon, pour une fois, savait de quoi il parlait. Shin lui sourit et lui proposa donc son hospitalité. Si Myle était là, il lui expliquerait la situation de Yu et il ne refuserait pas de l’héberger. Enfin, proposer ça de but en blanc, ça pouvait paraître bizarre aussi. Il le vit dans la réaction du sportif. Dormir dans la chambre d’un inconnu… ça pouvait faire réfléchir un tant soi peu. Un sourire naquit sur ses lèvres en écoutant Yu. Halala… le lycéen s’embourbait dans ses excuses et ses explications. Sur son « donc », le gothique posa son index sur les lèvres du sportif.

« Je t’ai dit de ne pas te prendre la tête avec ces choses là. Je t’invite… Il te suffit d’accepter. Pour le reste, dis-toi que je tombe juste au bon moment à chaque fois. Tu ne me dois rien. »

Shin ne se prend pas la tête avec des choses comme ça. Il voit quelqu’un en difficulté, il l’aide. Un point, c’est tout. Pas besoin de remerciement bien que ça face toujours plaisir. En attendant, il était vraiment lessivé. Ça pouvait se voir dans sa démarche tremblante tandis qu’il le guidait vers sa chambre. D’ailleurs, sa vue était un peu flou. Bah, une bonne nuit de sommeil et ça irait mieux. Arrivé devant sa porte, il voulut abaisser la poignet mais ses doigts endoloris ne lui obéissaient pas. Un « Aïe » se fit entendre. Le gothique finit par se servir de son coude pour ouvrir.

« Voilà ma chambre et celle de mon colocataire… qui n’est pas là. Entre… Tu peux t’installer sur mon lit. C’est celui qui est dans le coin le plus sombre. J’ai une ou deux petites choses à faire. »

Il inspecta la pièce. Tout était rangé même de son côté. Son ordinateur était toujours au même endroit. Il l’alluma, inséra sa clé usb avec internet au débit puis le gothique alla dans son armoire et en sortit un survêtement noir ainsi qu’un sachet de friandise. Ensuite, Shin alla voir ce qu’il restait dans le mini-frigo. Il en sortit deux canettes puis il se dirigea vers Yu. Il lui tendit une canette et le survêtement.

« J’espère que ce sera à ta taille, je n’ai pas grand-chose d’autre… de toute façon, ce n’ait que pour la nuit. T’as faim ? T’as envie de quelque chose ? »

Et si tu arrêtais de passer du coq à l’âne, ça faciliterait les choses à tout le monde. Shin but d’un trait sa boisson énergisante avant de se relever et d’aller vers la fenêtre en prenant au passage son paquet de cigarettes.

« Est-ce que ça te dérange si je fume ? »

Mais qu’est-ce qu’on vient de te dire ?

« Ah, oui. Tu peux te servir de mon ordi pour envoyer un message à ton oncle. Comme ça, un problème de régler, non ? »

Irrécupérable...

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Il en aurait bien rit si ça ne paraissait pas aussi sérieux. Certes, Yu n’avait aucune idée de ce que Shin traversait, il ne connaissait rien de sa vie et ne se permettrait pas des questions indiscrètes. Ils n’étaient pas encore assez proches pour. En plus, son voisin n’avait pas l’air de vouloir s’étendre sur le sujet, une autre raison qui l’obligeait à la fermer. Concernant la confiance que son oncle lui accordait, c’était un peu aléatoire. Il avait été un assez mauvais gars pour être exclu du domicile familial, son oncle était au courant des histoires avec son père, il pensait néanmoins qu’il était juste un ado en crise, qu’il grandirait bien vite et, au fond, il n’était pas méchant, juste révolté. Les joues légèrement rouges, il poussa un petit grognement alors que la main de Shin lui ébouriffait les cheveux. Amusant, car il se souvenait d’avoir procédé à ce type de familiarités avec Akira, quelques mois en arrière. Ce jour là, sur la plage, tout naturellement, il avait fait un pas de plus vers l’inconnu, vers autrui, vers lui-même.

« Hé ! Qu’est-ce que tu fiches ? »

Il tendit l’oreille pour écouter ses idées. Résoudre les problèmes au fur et à mesure. Bien sûr ! Il n’y aurait jamais pensé tout seul ! Mais qu’il était bête ! Shin, t’es trop intelligent, sérieux… Bon, c’est clair qu’entre les idioties du nouveau règlement, ses soucis familiaux et ses propres problèmes perso, il avait de quoi se perdre. Il gardait quand même la tête froide. Chacun doit porter sa croix, bien que la sienne soit plutôt chargée, il l’acceptait en serrant les dents. Yu n’avait jamais prit la fuite, ni choisit la facilité. Il avait beau se plaindre et ne pas gérer ses émotions, il se sentait responsable, au moins pour cette fois et assumerait son devoir jusqu’au bout. Ok, ça n’était pas lui qui avait demandé à rencontrer Alvin, puisque c’était le cas, il ne pouvait tout simplement pas faire semblant et reprendre sa vie normale. Il faisait partie de ces personnes qui ressentaient toujours un besoin de comprendre, de savoir, d’apprendre. C’est peut-être ce qu’on appelle plus communément la curiosité. Une curiosité savante.

Par reflexe, le sportif repoussa la main du gothique en tournant la tête, le visage pourpre. Bizarrement, il ne croyait pas aux coïncidences. Qu’il se retrouve là, en compagnie de Shin était juste un signe du destin. Ca aussi il devait l’assumer. Personne ne lui demandait rien, mais imaginez qu’il laisse passer l’occasion de se faire un ami maintenant, qu’en serait-il dans un mois, un an, dix ans ? Il serait seul. Seul pour son mariage, parce que sa famille ne voulait plus de lui, en admettant qu’il rencontre l’âme sœur, ce dont il doutait fortement. Il n’était pas fait pour les relations à long terme, surtout avec les filles. Il se lassait très vite et passait à autre chose. Non, le mariage n’était pas pour lui. Vraiment pas.
Et de toutes les manières, qui serait assez fou pour l’aimer ? A part un fou ? Un aveugle-sourd-muet ?

« Même si tu dis ça, je me sens redevable et personne ne peut rien contre ma détermination ».

Il se mit à sourire bêtement en marchant sur les talons de Shin. Finalement, il lui restait encore assez de volonté pour sourire et avoir ce genre de pensées positives qui vous donne mal à la tête. Sans cette détermination, il ne serait déjà plus de ce monde. Cette volonté de s’en sortir. Une volonté qu’il n’avait pas en arrivant à Keimoo. A croire que cette foutue école l’avait changé. Un peu.
Il observa Shin et sa démarche pantelante, puis sa manière d’ouvrir la porte de ce qui était vraisemblablement une chambre. Yu se dit qu’il ne pourrait jamais cohabiter dans un si petit espace avec une personne. Il faudrait qu’ils se connaissent parfaitement ou bien que son colocataire soit handicapé. Et encore ! Il n’était pas sur de le supporter même mal-portant. Déjà, il n’était pas du matin, alors s’il devait partager sa salle de bain, son armoire, entendre une voix, des ronflements et le reste… Enfin, à certains moments, c’était peut-être sympa.
Yu remercia Shin d’un geste de tête et se dirigea vers le lit dit. L’atmosphère de cette partie-ci semblait différente par rapport à toute la pièce. Ou alors il était dingue.

« Euh rassures-moi… Il n’y a pas de monstre sous ton lit pas vrai? »

Il hésitait à regarder.
C’est qu’il avait toujours eu peur des monstres voyez-vous… Oui, même à son âge. Il était en sécurité seulement dans sa maison, d'après lui... et J.K Rowling.

« Merci… »

Il avait un ordinateur chez lui, mais ne s’en servait jamais, pas seulement par manque de temps, il ne savait pas quoi faire dessus à part se servir du traitement de texte, envoyer des e-mails et visiter quelques sites de temps en temps. Il y passait en moyenne deux heures par mois.
La voix de son sauveur le sortit de sa rêverie et il consentit à répondre par un signe de la tête négatif.
Suivit d’un autre pour la cigarette.
A vraie dire il ne supportait pas l’odeur du tabac, mais il n’était pas en position d’exiger quoi que ce soit. Hésitant, il se dirigea vers l’ordinateur sans pour autant y faire ce qu’il devait faire. Il se contentait de mater l’écran en refoulant sa question du mieux qu’il pouvait.
Puis il capitula.

« T’as un mail, toi aussi ? »

En gros ça revenait à demander « S’il te plais, s’il te plaiiiiiiiiis donne-moi ton e-mail, je le veux, je le veux ! » Il n’allait pas dire un truc si pathétique.

Invité

« Rien »

, fit Shin avec un sourire moqueur.

Il pouffa légèrement en entendant le grognement de Yu. C’était qu’il pouvait être susceptible, le troisième année. Bah, ce n’est pas grave… au contraire, cela l’amusait de le taquiner mais gentiment, doucement pour ne pas le brusquer. Le jeune homme avait vu ce qu’il se passait quand c’était le cas et ce n’était pas son but. Il voyait bien que le sportif avait des problèmes donc il avait proposé des solutions si l’on peut dire. Ce n’est pas pour rien qu’une personne l’appelait « logique implacable ». En échange de ce « fabuleux » surnom, il la nommait « efficacité prouvée ». Il ne faut en aucun cas chercher leur origine.

Shin fut surpris de voir Yu rougir en repoussant le doigt qu’il avait posé sur ses lèvres. C’était qu’il était mignon quand il était gêné. Il pouffa une nouvelle fois en s’empêchant de rire. Le gothique ne croyait pas, non plus, aux coïncidences. Un jour, en lisant un manga, il avait vu une phrase qu’il lui correspondait tout à fait : « Rien n’est dû au hasard, Tout n’est que fatalité ». La seule chose que l’on puisse faire, c’est de choisir. Enfin, si le jeune homme était un signe du destin, il serait alors de mauvais augure… il n’était l’ami pas à avoir, il était plutôt celui qui fallait craindre dans l’ombre. Un fantôme qui vous hante et qui connait les cadavres qui se cache au fond de votre placard. Un livre noir dans lequel on écrit à l’encre rouge. C’était comme ça que l’étudiant se considérait. Il vaudrait mieux être seul qu’être comme lui.

« Dis-toi que ta dette est payée car elle l’est pour moi. Tu as de la chance d’avoir cette détermination, j’aimerai avoir la même. La fuite, au bout d’un moment, devient lassante. »

Peut-être est-ce pour cela que Shin était de retour à l’académie. Il faisait face à la réalité. Tout doucement, le gothique sortait de ses ténèbres dans lesquelles il s’était enfermé pour aller vers la lumière… enfin, le monde extérieur. Il conduisit Yu vers sa chambre et le fit s’installer sur son lit après un effort laborieux pour ouvrir une porte récalcitrante. Le jeune homme avait eu peur en l’ouvrant… peur de trouver Myle. Peur de se faire détester même s’il le méritait. Peur de se faire jeter et abandonner. Une crainte sans nom qui avait envahit tous ses sens. Au démarrage, l’étudiant s’était aussi demandé comment aller se passait cette colocation. Très bien jusqu’à…

Intrigué, Shin releva la tête. Des monstres ? Sous son lit ? On n’est pas dans un conte merveilleux, mon jeune ami. Juste dans une chambre d’un pensionnat. A part une ou deux araignées, il n’y avait rien de monstrueux. Avec un sourire rassurant, il fit :

« T’inquiètes, à part, ma Némésis. Il n’y a personne. »

Shin donna des vêtements à Yu et alluma son ordinateur avant d’aller pour fumer une clope. Même si l’athlète avait répondu négativement à ses deux demandes, il se disait que ça ne se faisait pas de fumer dans la chambre, et puis, il devait diminuait sa consommation de celles-ci qui avait largement augmenté depuis un mois.

« De rien »

Il vit Yu se lever et se diriger vers l’ordinateur et s’assoir. Bizarrement, il resta bloquer devant l’écran. Ne savait-il pas s’en servir ? Il se rapprocha silencieusement pour voir ce qui clochait. Le sportif avait l’air d’être en proie à une lutte intérieur qui se concrétisa par un abandon. Un pressentiment, le jeune homme savait exactement ce qu’il allait lui demander. Formulation d’une requête de manière détournée. Trop kawai, tellement Yunesque.

« Euh, j’en ai une mais bon. Comment dire, elle est assez spéciale. C’est : les-enfers-à-vos-trousses@hotmail.com … n’en cherche pas l’origine. Allez, envoie ton mail avant que ton oncle s’inquiète.»

Oui, papa Shin. C’est bon, ce n’est pas un gosse. Il sait ce qu’il doit faire. Et toi, tu n’as pas oublié quelque chose. Le jeune homme regarda ses bandages qui étaient en train de se faire la malle. Eh merde… il soupira. Il fallait aussi qu’il change de fringue. Le t-shirt sous sa veste avait des traces de sang. Le gothique se dirigea vers l’armoire afin d’en sortir des vêtements propre. Même s’il détestait être torse-nu en présence de quelqu’un à cause du gigantesque tatouage, une aile noire en tribal, qui était dans son dos et de ses cicatrices, il n’avait pas le choix. Vite fait, l’étudiant inspecta son corps. Bleuis, meurtris et sacrifiés. Comme d’habitude, quoi. Il défit ses bandages et observa ses mains. Elles étaient vraiment dans un sale état. Il sortit les bandages, compresses et désinfectant qui se trouvait dans son sac. Ensuite, il s’attela à sa tâche oubliant quelque peu Yu ou plutôt le confondant avec quelqu’un d’autre. Shin n’arriva à panser ses blessures alors automatiquement, il fit :

« Myle, tu ne pourrais pas m’aider s’il te… »

Le gothique releva la tête, étonné de ses propres paroles. Qu’est-ce qui lui avait pris de les confondre ? Peut-être simplement la même présence, familière et réconfortante. Shin n’aimait pas être seul.

« Désolé, Yu-kun. Est-ce que tu pourrais me donner un coup de main ? Les miennes ne sont pas très coopératives ce soir... »

Invité

« Si je puis me permettre… »

« … Les gens qui fuient sont des peureux égoïstes qui ne pensent qu’a leur propre bien être. Si tu as des problèmes, il faut juste les affronter les uns après les autres pour s’en débarrasser et plus tu attends, plus tu souffriras et plus les problèmes s‘accumuleront. »

« Euh… Je dis ça mais ce n’est pas comme si je connaissais tes problèmes ou quoi, donc oublie. »

« C’est … Euh… Original… »

« Ca devrait être bon… »

« Bon sang ! Prends un peu plus soin de toi ! »

« Je ne sais pas ce qui t’es arrivé et je ne te connais pas, mais il y a des gens qui s’inquiètent pour toi, alors fais plus attention ! »

« Je… Désolé… »

« C’est juste que… Enfin… Tu devrais aller à l’hôpital ou à l’infirmerie… »

« Que… Que veux-tu que je fasse… »

« Je ne te connais même pas… Et tu me demandes de t’aider alors que je ne sais rien… Expliques-moi … S’il te plais »

Invité

Shin ne se confiait pas. On se confiait à lui, pas l’inverse. Son passé était plus noir que noir. Peut-être pas l’un des plus horribles mais pas l’un des plus joyeux, non plus. Des deux à qu’il en avait parlés, l’une était en France. Il correspondait souvent avec Siobhan, sa meilleure amie. L’autre… L’AUTRE, le jeune homme l’avait brisé, morcelé et éparpillé par un malencontreux hasard. Il ne voulait plus que cela se reproduise. Plus jamais. Alors, ce n’était pas que Shin pensait que Yu était un gamin même si celui-ci était plus jeune que lui. Au contraire, il le trouvait assez mature pour son âge mais il ne voulait pas retenter cette expérience. Le gothique avait trop peur de détruire une connaissance encore une fois.

L’étudiant n’avait retrouvé une stabilité psychologique que depuis une journée, ce n’était vraiment pas le moment de tenter le diable. Et c’était véritablement le cas de le dire. Sin étant sa part de ténèbres profonde, machiavélique et tortueuse. On a tous une part d’ombre, et celle de Shin n’était pas l’une des plus agréables ni des plus sympathiques. Ainsi, il avait fuit pour protéger les autres de lui-même. En disant ces mots à Yu, il savait que l’athlète lui répondrait franchement.

Shin ne fit qu’un hochement de tête pour l’inciter à continuer. La formulation l’avait fait sourire. Il ne s’attendait pas à ça de la part du troisième année. C’est une pièce qu’il n’aurait jamais cru casé dans le puzzle qu’était la conscience de Yu. Il le surprenait une fois de plus. L’élève savait varier les plaisirs et les remarques foudroyantes.

Eh PAN ! Prends-toi ça dans les dents, Shin. Cette flèche alla droit dans la cible, très bien centrée. Cela fit mal mais il avait tendu le bâton pour se faire battre mais, heureusement que le coup à bout portant n’avait pas été voulu sinon il serait émietté. Le pire, dans tout ça, c’était qu’il était totalement d’accord avec lui. Et dire que peu de temps avant, le jeune homme lui avait dit la même chose d’une manière différente. En soupirant, il fit :

« Tu n’as pas tort… »

L’avantage avec Yu, c’était qu’il ne passait pas par quatre chemins pour exprimer sa pensée et cela, Shin l’appréciait. Ça changeait. Ce trait de caractère était plaisant mais, parfois, blessant. On ne peut pas tout avoir… le beurre et l’argent du beurre. Il faut faire un choix.

« Ne t’inquiètes pas, je t’ai dit. »

Shin ne pouvait pas oublier, il n’oubliera ce qu’avait dit Yu. Ça resterait gravé dans sa mémoire. Mais bon, passons à une chose plus amusante. En faite, Némésis était sa guitare-basse qui se trouvait dans l’étui sous son lit. Donc, à moins que le sportif est peur d’un instrument de musique, il ne craignait absolument rien. Quand à son colocataire, il n’était pas là, et cela n’était pas plus mal pour le moment.

Quand Shin mentionna son adresse, Yu-kun fit un sursaut. Ne vous avais-je pas dit de ne pas en chercher l’origine. Enfin, cela le fit quand même bien rire intérieurement. Le sportif croyait-il aux superstitions et à certaines choses paranormales ? En plaisantant, il fit :

« Je dirais plutôt effrayant qu’original. Tu n’es pas d’accord ? »

Ensuite, tandis que Yu s’afférait à poster son mail et regarder ses messages, Shin prenait un nouveau t-shirt ainsi que le nécessaire pour refaire ses bandages mais avec ses blessures, il était très gauche. Automatiquement, le jeune homme avait demandé de l’aide à la première personne qui lui était venu à l’esprit. Non pas Yu mais Myle, son colocataire. Comment avait-il pu les confondre ? Le gothique le savait très bien. Il s’était repris et avait demandé un coup de main au sportif cette fois-ci.

Cependant, Shin était loin de s’attendre à la réaction de Yu qui le laissa pantois. Le gothique sentait sa main sur son épaule. L’autre était énervé ou peut-être inquiet… quand les évènements le concernaient, il était visé toujours à côté de la plaque. Au moment, il se leva les yeux vers lui… l’athlète avait baissé les yeux et retiré sa main. Et maintenant, il s’excusait. Le jeune homme soupira une énième fois.

« Pourquoi t’excuses-tu ? Tu ne me connais pas, certes, mais je comprends ta réaction… d’autres auraient eu la même. »

Oui, d’autres… mais tu vas les chercher où ? D’accord… certains comme Myle, Mitsu… je veux bien mais ta famille. Une mère qui a voulu te tuer, un père qui t’enferme parce qu’il ne sait pas comment réagir quand tu es dans une de tes crises de folie. Est-ce qu’ils s’inquièteraient réellement s’il t’arrivait quelque chose. Pour Shin, la réponse était toute trouvée, c’était non.

« Je suis allé chez le médecin avant de rentrer à Keimoo. »

Le jeune homme était loin de connaitre les pensées de Yu. S’il les avait perçus, le gothique se serait abstenu de lui montrer son buste et ses nombreuses meurtrissures. Surtout quand il vit les larmes, peut-être des larmes de frustration, mais des larmes tout de même. Son cœur lui fit mal. Il n’aimait pas voir les autres pleurer. Il était trop empathique, ça le faisait souffrir. La voix de Yu était à peine audible. Shin fit comme il faisait justement quand il ne savait pas quoi faire. Il effaça les sillons de larmes présentes sur ses joues avant de lui relever la tête et de déposer un baiser chaste sur ses lèvres. Il posa son front sur le sien. D’une voix douce, il dit :

« Chut. Calme-toi… »

Le jeune homme passa une main dans la chevelure de Yu, la caressant doucement.

« Je voudrais que tu m’aides à refaire mes bandages pour mes mains… »

Il s’éloigna un peu de Yu pour le regarder.

« Si tu veux, je t’expliquerai… mais ce n’est pas une jolie histoire. »

Shin lui mit une bande dans les mains avec un petit sourire. Il caressa une dernière fois sa joue afin d’effacer la dernière larme qui coulait.

« Après, je voudrais que tu me parles de toi… »

fit le gothique dans un murmure.

Invité

C’est simple, personne ne se confiait à Yu et Yu ne se confiait à personne. A part Ashley qui avait entendu un dixième de son passé, personne n’était au courant de sa vie et il préférait que ses histoires passées ne s’ébruitent pas, car il en était peu fier. Mais le passé est le passé et il ne restait pas fixé sur des instants qui ne constitueraient pour lui qu’une source de regrets. Il assumait ses actes, il assumait d’être la honte de la famille et ça s’arrêtait là. Il ne verserait pas de larmes pour de telles futilités et ne jugerait pas non plus son prochain par ses actes antérieurs. Shin n’avait vraiment aucun soucis à se faire de ce côté-là, par ailleurs, le troisième année savait très bien tenir sa langue. Il ne parlait pas à grand monde, évitait les commères et leurs commérages et il était donc normal qu’il soit toujours au courant de tout en dernier. Mais ça lui importait peu. Il préférait se mêler de ses affaires, ignorer le gain de sable dans l’assiette de riz de son voisin car sa propre assiette était elle-même parsemée de petites graines indigestes. L’étudiant pouvait emmètre autant d’hypothèse qu’il en existait sur la vie et le passé de Shin, tant que celui-ci ne lui aurait rien dévoilé. Il était rare qu’un garçon de se trempe se préoccupe à ce point d’autrui, mais Shin était spécial pour Yu, il éprouvait envers le gothique un énorme respect à la limite d’une discrète adulation. De toutes les manières, qu’il tienne à quelqu’un ou pas, il se comporterait de la même manière, dans la mesure ou son tempérament impulsif prenait toujours le dessus sur sa raison. Ou peut-être pensait-il également avec son cerveau, il lui arrivait de dire des choses intelligentes, parfois.

Shin avait beau lui dire de ne pas s’inquiéter, cela ne l’empêchait pas de se faire du soucis. Enfin ne comprenait-il pas que son existence était aussi importante que celle de n’importe qui ? Qu’un accident est si vite arrivé et que des gens pleureraient sur sa tombe ? Qu’ils ne cesseraient de se demander ce qu’ils auraient pu faire pour empêcher la chose, qu’ils se sentiraient si impuissants qu’ils en hurleraient et que leur cœur ne se remettrait jamais de cette perte ? Yu avait perdu sa mère, même si elle n’était pas sa mère biologique, elle représentait tout pour lui, d’ailleurs il n’avait jamais connu sa génitrice non plus. Cela faisait tant d’années qu’il n’avait pas vu son visage qu’il commençait à oublier ses traits. Il regardait sa photo de temps en temps, pas trop pour ne pas toujours se replonger dans ses souvenirs et oublier qu’un brillant avenir l’attendait. Il croyait que ceux qui passaient par beaucoup de moments difficiles finiraient par avoir une vie plus heureuse que ceux qui ne vivaient rien de dramatique. La vie n’est pas si injuste, car, au final, on se retrouve tous à deux points identiques. Le point de départ étant la naissance et le point final étant la mort. Ensuite, il est de notre devoir de choisir notre manière de vivre et de supporter la perte, le malheur et la souffrance. Il faut parfois une bonne dose de sacrifices pour atteindre le bonheur. De ce fait, Shin trouverait un jour le bonheur, pas forcément celui qu’il attendait, car le destin réserve des surprises de taille.

« Je ne te trouve pas du tout effrayant pourtant. »

Shin avait un caractère et un style bien à lui. Yu ne se fiait pas aux « on dit », ni aux apparences. Contrairement à d’autres, il se refusait à penser que ce qui n’entre pas dans les normes de la société était anormal. Personne n’est réellement normal, tous sont différents. Peut-être pensait-il ça à cause du geste héroïque du jeune homme ?
En tous cas, il avait un peu abusé. Son impulsivité l’agaçait, le gênait, souvent, sans pour autant qu’il ne le montre. Là, il l’avait montré et il s’était même excusé, ce qui n’était pas du tout dans ses habitudes. Il perdait pied. Tout ça à cause de lui. Il espérait que Shin se rendrait compte de son importance, de sa valeur.

Non, il ne pouvait pas comprendre. Pas totalement du moins. Et Yu ne connaissait, pour sa part, pas des masses de personnes qui se seraient mises à chialer juste pour un peu de sang, des bandages et une vision morbide… Mais qui connaissait-il vraiment ?

« C’est que… Je ne voulais pas me mêler de tes affaires, ni paraître impoli. Tu es libre et je n’aurais pas du donner mon avis alors que… »

Alors que… Il était allé chez le médecin. Pouvait-il le croire sur parole ? Le médecin qui l’avait vu était drôlement incompétent alors ! Si ça avait été lui, il l’aurait direct envoyé se faire soigner à l’hôpital. L’adolescent haussa un sourcil, loin d’être rassuré et Shin choisit ce moment pour lui relever la tête et l’embrasser sur les lèvres. Il se doutait que ce n’était évidemment pas un geste d’amour. Shin cherchait juste à l’apaisé, il n’avait vu ce genre de scène que dans un film ou un manga et ça lui faisait tout bizarre de le vivre. Il pouvait maintenant se mettre à la place de la fille qui ne sait plus ou se mettre et tremble de tous ses membres. Les lèvres de Shin avaient juste enfleurés les siennes, ce simple contact avait suffit à l’électriser, lui enlever toute réticence et le plonger dans un état mi- léthargique. Il entendait à moitié, respirait à moitié, ne pensait plus à rien. Il était pendu aux lèvres de Shin, sentait son souffle lui caresser le nez. Il se posa une question, une seule: quelle était la personne qui comptait le plus pour Shin. Il enviait cette personne, qu’elle existe ou non. Il se disait que lui aussi aurait aimé avoir une personne avec qui partager des baisers et des étreintes. Mais il devait aider Shin, oui il devait l’aider…

« Ca ne fait rien, racontes-moi »

Il saisit la main droite de l’aîné, enroula le tissu autour de son poignet et de la paume, plus ou moins concentré sur sa tache il ne fit que hocher la tête à sa dernière phrase. Il ne voyait pas quoi dire de lui. Sa vie n’était pas rose non plus et il ne saurait pas par ou commencer s’il devait parler de ses activités. A part parler d’athlétisme ou de sport en général, il n’était pas très loquace. Shin finirait par s’ennuyer, il ferait mieux de dévier sur un autre sujet dès que l’occasion se présenterait. Avant tout, il voulait éclaircir un point obscure.

« Dis… Tu as l’habitude d’embrasser un gars en larmes, que tu n’as rencontré qu’une seule fois ?»

Il voulait tellement, tellement que la réponse soit négative.
Il priait pour qu’elle soit négative.
Mais que dirait-il, que ferait-il si elle était négative ?
Non.
Elle serait positive à coup sûr.

Invité

Les choses ne se passaient jamais comme on le souhaiterait. Décidément, non. Shin en était la preuve. Un enfant non-désiré. Un grain de sable qui avait fait grincer les rouages de la machine qu’était sa mère. Son gosse l’avait fait buggé, complètement déraillé. La folie avait pris le pas sur la raison. La femme avait finit par être internée. Le gothique ne connaissait pas le sentiment d’amour maternel. Il se souvenait parfaitement des traits de Lyna. Jamais, il ne pourrait les oublier. Sa plus grande crainte étant un jour de les revoir. Le jeune homme savait que ce jour-là, il ne serait plus de ce monde. Cette fois-ci, personne ne le pleurerait parce que si sa propre mère ne l’aimait pas, qui pourrait l’aimer ? Pourquoi les autres s’intéresserait-il à lui ou à sa mort ? L’idée même qu’on puisse penser à lui, ne lui effleurait pas l’esprit. Et Yu… Pauvre petit Yu. Tu es mal tombé ou tu n’es pas tombé sur la bonne personne. Il aurait mieux valut que ce soit quelqu’un d’autre qui t’es sauvé la peau devant Brisebois. Ça t’aurait évité bien des désagréments mais avis. Une personne s’était déjà cassé les dents sur sa carapace. Veux-tu tenter ta chance à ton tour ? Cela est à tes risques et périls.

Shin avait une certaine confiance en Yu. Il savait que s’il lui parlait ces secrets seraient bien gardés mais il ne le ferait… enfin, pas entièrement. Le jeune homme avait bien des surnoms. Tous aussi originaux les uns que les autres. Sin avait été le premier, donné par sa mère. Une erreur de prononciation pourrait-on dire. Un autre qui était beaucoup moins connu, était « Le Livre noir des Secrets ». Le gothique connaissait beaucoup de choses, parfois, trop. Ce qui lui avait valut et lui vaut toujours de nombreux problèmes. On se confiait à lui parce que c’était une véritable tombe. Rien ne sortait. Même sous les coups, il ne disait rien. Ce cas de figure avait eu lieu de nombreuses reprises. Alors, oui. Il ne prêtait guère attention à lui-même. Les blessures ne lui faisaient plus mal… plus autant qu’avant. C’était… comment dire… la routine ? Oui, voilà. Il a pris l’habitude. Mais, pour le coup, c’était lui, le méchant, dans l’histoire qu’il s’apprêtait à raconter.

« Eh, je croyais qu’on parlait de mon adresse pas de moi. »

fit-il rieur puis beaucoup plus sérieux :

« Si, je le suis. »

Peut-être aurait-il le droit au bonheur ? Ou peut-être pas ? Qui sait ? Personne… Qu’importe. Avec ses conneries, Shin était en sursis. Ce n’était qu’une question de temps s’il continuait sur cette voie. Mais bon, en rentrant, il avait pris de bonnes résolutions mais allait-il les tenir? Telle était la question.

Non, il ne se rendait pas compte de sa valeur ou de la valeur que certaines personnes pouvaient lui donner. Et encore, moins celle de Yu. Le jeune homme ne le connaissait pas vraiment. Certes, il avait sentit du respect venant de sa part mais il s’était arrêté là dans son analyse. Dès que ça le concernait de près, l’étudiant pouvait être totalement aveugle par moment. Shin écouta le reste attentivement. Alors que… quoi ?

« Ne te fais pas de soucis pour moi… »

… je ne le mérite pas. Oui, il avait bien vu un médecin qu’il lui avait conseillé d’aller à l’hôpital. Son père, aussi, avait appuyé le docteur mais Shin s’était entêté. Il ne voulait pas y aller. Jamais, il n’y retournerait. Une fois avait été amplement suffisant. Retenter l’expérience ne lui plaisait pas des masses donc le médecin s’était occupé de lui à domicile avec, au cas où, une ordonnance pour l’hôpital si l’état de ses mains empirées. Et puis, il était tout simplement pressé de rentrer à Keimoo. Beaucoup de choses étaient en train de changer donc ce n’était pas le moment de trainer la patte.

Les larmes de Yu l’avait blessé… ce n’était pas la faute du sportif. Shin était comme ça, c’est tout. Il y a des choses qu’on ne peut empêcher. Celle du gothique est de ressentir les émotions des autres jusqu’à un certain point. C’est donc en tout bien, tout honneur qu’il avait embrassé Yu. Il n’y avait rien de plus mais les actes ne sont pas dénués de signification pour autant. Ceci, le jeune homme l’apprit de la réaction de sportif. Il l‘avait laissé pantois, les bras ballant… façon de parler. Attentionné, voilà comment il avait été.

Il y avait bien une personne qui comptait plus que toutes les autres pour Shin. Elle existait. C’était Myle mais il l’avait perdu. Le jeune homme était aussi revenu pour ça, pour mettre les choses au clair et, surtout de se faire pardonner. Un jour… Yu trouvera aussi la personne rien que pour lui. Pour changer de sujet, le gothique lui demanda s’il pouvait l’aider à faire ses bandages. Par où commencer son histoire…

« Il était une fois, un jeune garçon qui se prénommait Shin. Ce garçon avait une grande part de ténèbres enfouies en lui… les gens la connaissant, la surnommait Sin. Un jour, un garçon curieux vint vers lui pour tenter de la comprendre et de l’aider. Et là, ce fut le drame. La bête endormit au plus profond de Shin, se réveilla et tortura le garçon curieux. »

Shin avait commencé à raconter ceci tandis que Yu refaisait ses bandages. Après, ça serait à son tour de parler de lui. Il prenait toujours plaisir à écouter les autres. Attention, ne vous méprenez pas. Il ne prend plaisir au malheur des autres. Cependant, parler pouvait exorciser certains démons. Enfin, l’athlète le déstabilisa encore une fois. Cela allait devenir une habitude à ce train là.

« Non, ce n’est pas dans mes habitudes. C’est… parce que… »

Que pouvait-il lui répondre ? Non… Shin ne l’aurait pas fait si c’était quelqu’un d’autre. Il l’aurait réconforté et écouter, certes, mais il ne l’aurait pas embrassé. Pourquoi Yu alors ? Compliqué… Il l‘avait déjà fait. Myle… cela avait été un baiser volé. Jûta… c’était parce que… voilà quoi mais c’était avant Myle. Maintenant, c’était un très bon ami. Quand à Siobhan, c’était autre chose. Un moment d’égarement. La gifle, en retour, l’avait remis sur le droit chemin. Enfin bon, elle était quand même jalouse dès que quelqu’un devenait trop proche de Shin surtout quand c’était un homme sachant ses préférences.

« Ne me demandes pas pourquoi. Je l’ai fait, c’est tout. »

Le résultat de ses miraculeuses réflexions… épatant, n’est-ce pas ?

Invité

Certes, ils parlaient de l’adresse et pas de Shin. Il était malgré tout possible que ça ait un rapport avec son état d’esprit au moment il avait crée son compte, a moins que ce ne soit qu’un gros délire tout à fait innocent. Yu ne pouvait pas croire que Shin était possédé de temps à autre par des démons ou des esprits, ou se faisait vampirisé par un névrosé adepte de magie noir. Le sportif ne s’était jamais intéressé à tout ce qui est style et groupe, il ne savait pas réellement ce que faisaient les gothiques, ni les autres d’ailleurs et il s’en fichait complètement. Il ne voulait pas être mêlé à des histoires sordides qui le mettraient dans la merde et Shin semblait être le genre de personnes à s’attirer des problèmes. Encore une fois, tout n’était qu’hypothèse, mais c’est une autre image qu’il avait de son héros. Une image assez dévalorisante, qui devait contenir une petite part de vrai. Ca ne signifiait pas pour autant qu’il allait abandonner son senpai parce qu’il était un nid à problèmes. Tout le monde connait son lot d’ennuis au quotidien, ceux de Shin était probablement graves, ça n’empêche qu’il restait un vaillant et brave chevalier venant au secours de pauvres types comme lui. Il ne fut pas impossible non plus que l’étudiant ait une trop belle image de son justicier, qu’il soit tombé dans le panneau de l’idéalisation. Non. Pas Yu. Il était réaliste. Shin avait certainement des défauts, comme ne pas prendre en considération sa propre santé. Il avait l’air d’être une personne gentille et attentionnée, à l’écoute des autres, tout le contraire du lycéen qui ne vivait que par procuration d’adrénaline. Il avait conscience que dans la vie, on ne peut compter que sur soi. Il ne prenait pas la peine d’écouter les histoires des autres car il ne savait pas comment réconforter quelqu’un. Il avait vécu ça avec certaines de ses petites amies. Des filles, pour la plupart, superficielles. L’une d’elle avait des soucis relationnels avec ses parents et ne venait voir Yu que lorsqu’elle avait besoin d’un lit ou pioncer, de câlins et de mots doux qu’elle ne trouva pas. « Apprend à résoudre tes problèmes par toi-même ma grande, personne ne pourra le faire pour toi et tout ce que je pourrai t’offrir ne t’aideras pas à aller de l’avant, au contraire. Tu finiras par t’habituer à ses marques d’affection, tu en demanderas toujours plus et un jour j’en aurais mare, moi ou un autre, et tu finiras toute seule avec les mêmes problèmes sur le dos. Salut ! » Lui avait-il dit, en lui claquant la porte au nez. Deux semaines après, il apprit que la fille s’était dégoté un autre idiot pour palier à sa crise existentielle.

« Libre à toi de le penser. Je te donne juste un point de vue extérieur. »

Bonne justification. Il ne faisait que donner son opinion. Shin n’en avait pas besoin, mais Yu se sentait obligé de parler. Sa bouche réagissait plus vite que sa raison parfois, mais il ne regrettait que très rarement ce qu’il disait. Là, il regrettait de s’être mêlé des affaires de Shin, pas de lui avoir révéler sa pensée sur la fuite. Il fallait bien qu’il s’exprime, ça servait à quoi de parler à quelqu’un si on ne pouvait même pas donner son avis ? Et puis, il ne se souciait pas de l’impact que ça aurait par la suite. Si on le détestait parce qu’il l’ouvrait, qu’on le déteste. Il n’en crèverait pas, n’en pleurerait, ni se pencherait sur le fautif pour lui faire des représailles. Après tout, Yu avait l’habitude d’être seul, non pas qu’on le rejetait. Il ne faisait pas confiance à n’importe qui et se mettait tout seul en retrait. Mieux vaut être seul que mal accompagné et bien sûr, il était le seul à décider de qui était fréquentable ou non. Alors ce n’était pas Shin qui allait le décourager de vouloir le connaître, par de simples paroles. Les mots ne signifiaient rien sans les actes. Le sportif voulait des faits, du concret, des preuves. Et, quand bien même Shin avait fait de mauvaises choses, le passé ne comptait pas. Inévitablement, il se ferait du soucis pour Shin par la suite, car il avait fait l’erreur de faire une bonne action pour le jeune homme. Cette bonne action, il ne l’oublierait pas si tôt. Il secoua négativement la tête et eut pour unique réponse, catégorique:

« Je suis désolé, mais je ne vais pas pouvoir accéder à ta requête. Si tu ne voulais pas que je m’inquiète, Tu n’avais pas qu’à te foutre à moitié à poil en te pavanant comme si rien n’était et me demander EN PLUS de l‘aide. »

Il le faisait de bon cœur, ce n’était pas un reproche. C’était bien plus que ça.
Yu lui en voulait oui, mais il lui en voulait pour le laisser à l’écart. Ne pas se faire de soucis. Oui, c’était bien facile à dire. Sérieux, il poussait un peu le garçon. Et lui, au lieu de se barrer en courant, il restait là à pleurer comme une fillette, alors qu’il était le premier à dire qu’un homme ne devait pas montrer ses faiblesses. La situation était assez importante pour qu’il se permette un petit laissé aller. Ca ne le dérangeait pas que Shin le voit dans cet état, qu’il constate par lui-même les dégâts de son insouciance. Dans sa tête, Yu se surprit à le traiter de connard, puis il chassa vite cette pensée, car les pensées négatives ne le mènerait qu’à la déprime et il n’avait pas besoin de ça en ce moment. Il se consola en prenant plutôt compte de la chance qu’il avait de se retrouver dans cette chambre avec son idole. Shin n’aurait pas de difficulté à trouver quelqu’un, il était sympathique lui. Pas Yu. Yu serait heureux, mais son bonheur serait toujours en danger à cause de son caractère, s’il ne changeait pas. Comme il ne comptait pas changer, il serait toujours seul. Peu de gens le supportaient, il comprenait. A leur place, il aurait aussi du mal à se supporter. Que voulez-vous, les épreuves vous forgent de manière à ce que la souffrance ne vous atteigne plus ou très peu. Pour cette fois, juste cette fois, Yu était sortit de sa carapace invisible. Pour cette fois, il écouterait avec attention ce qu’on lui dirait, car, pour cette fois, il avait besoin d’écouter.

« Tu sais, si tu veux vraiment m’effrayer, tu devrais utiliser d’autres moyens plus convainquant. »

« Si tu me parlais de la manière dont tu as torturé ce pauvre gars ? »

Sans s’arrêter de faire les bandages, il leva des yeux avides vers Shin, attendant qu’il achève son récit. Torturer, il y avait plusieurs sens. Torturer moralement, physiquement, amicalement… La voix mystérieuse de Shin tendait plutôt vers la torture physique ou morale, mais il n’en serait pas sûr tant qu’il ne dévoilait qu’une partie de l’aventure, qui ressemblait drôlement à un conte merveilleux.
Passons à la question à cent yens.
Une excuse, allez, allez… « C’est parce que… » ??
Suspense !
Et Yu dit, de sa voix la plus râleuse, la plus chiante possible:

« Ne crois pas t’en sortir si facilement. Si ce n’est pas dans tes habitudes alors tu devrais avoir une raison. Il y a toujours une raison à un acte. Evite de te foutre de moi. Tu m’as pas embrassé parce que t’en avais envie, tu l’as fait pour quoi ? Me calmer ? Tu pensais que j’allais me sentir mieux après ça ? Et bah ouais, je me suis sentit mieux, mais j’aurais limite préféré que tu m’envoies me faire voir, parce que là tu vois, je ne sais même pas quoi penser. »

Mettez-vous à sa place. Un jeune homme mignon qui vous a aidé un jour vous invite à passer la nuit dans a piaule par gentillesse, ensuite il vous confond avec son colocataire, vous montre de vilaines blessures qui vous font penser qu’il a probablement été impliqué dans une affaire sordide, puis il vous embrasse en affirmant que ce n’est pas dans ses habitudes… A sa place, vous auriez trouvé ça normal ? Non ! Il n’y avait rien de normal là dedans. Rien de normal, rien d’ordinaire, ni d’habituel, vous comprenez ? Absolument rien de rien !

« Tu me prends pour un putain d’idiot c’est ça ? »

« Je ne suis pas un PUTAIN D’IDIOT ! T’as pas besoin de me rabaisser comme ça ! Tu crois que je vais accepter tout ça sans rien dire ? Qu’est-ce que tu dirais si je t’embrassais aussi parce que je sais pas quoi faire d’autre ?! »

Joignant le geste à la parole, sans attendre de réponse, Yu se rassit en face de Shin, lui saisit les épaules et le coinça contre le mûr. Avec agilité, il se glissa tout contre lui et déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de se retirer sèchement. Ca n’aurait pas le même effet, Yu ne cherchait plus à comprendre mais à faire comprendre à Shin que sa manière d’agir n’avait pas été la bonne, par des actes, pas seulement des paroles. Il ne redoutait pas de se faire étrangler ou dégager. Il s’y était préparé à la minute ou il avait accepté de suivre Shin jusqu’ici. Si ce n’était pas aujourd’hui, ce serait demain, dans un mois, un an, dix ans. Un jour ou l’autre, Shin le laisserait tomber. Comme tous les autres. Et pour couronner le tout, il était si énervé qu’il commençait à transpirer… Et à avoir des spasmes… Un trop grand excès de stress.

« De l’air… »

La chaleur lui faisait tourner la tête, à ce rythme, son coeur ne tiendrait pas le coup.
Depuis quand était-il sujet à des crises de spasmophilie ?
L'externe ouvrit la porte à la volée, se prit les pieds dans une longue banderole rouge, sans voir ce qu’il y avait d’inscrit en lettres vertes, et s’écroula de tout son long dans le couloir. Une main lui empoigna le bras, il entendit des voix puis plus rien.
Il battit une fois des paupières et sombra dans les ténèbres.
Le noir.

Invité

Pas de vampirisation ni de possession. Juste un léger trouble de la personnalité. Celui-ci avait été créé à partir du moment où il avait compris que sa mère le détestait et que s’il disparaissait, ça ne changerait absolument rien à son quotidien. D’ailleurs, au fur et à mesure qu’il grandissait, Lyna devenait de plus en plus violente. Et pourtant, elle était parfois surprotectrice envers son enfant. Sa génitrice faisait en sorte qu’il n’ait pas d’amis parce qu’elle avait peur que Shin lui échappe et ça, c’était inconcevable. Enfin, de toute manière… qui aurait été copain avec lui ? Le garçon était aussi pâle que la mort parce que sa mère lui interdisait de sortir de la maison voire carrément de sa chambre. Il avait la peau sur les os car sa mère oubliait de le nourrir ou le privait de nourriture. De bien entendu, tout allait en se dégradant. Shin était au collège à cette époque. Il n’en pouvait plus… sa mère avait faillit le tuer en le noyant. Il décida de se confier au seul ami qu’il avait. Quelle erreur monumentale qu’il venait de commettre. Cela créa un grand remue-ménage dans l’école. Tous furent au courant ! Sa mère fut donc convoquée, et là, ça avait été sa fin. Mythomane, voilà le syndrome dont était atteint son fils unique. Elle présenta les papiers en question car Shin se faisait soigner bien entendu. Qui mettrait en doute les propos d’une psychiatre ? Personne ! Surtout quand il y avait des preuves. Le petit se blessait seul et reportait la faute sur sa mère. S’il était aussi mince, c’était parce qu’il était difficile sur la nourriture, voyons. Ça coulait de sources.

Depuis ce jour, Shin était devenu un bouc-émissaire pour les autres et un souffre-douleur. Brimé, battu et tabassé autant au collège qu’à la maison. Pas d’échappatoire donc. Il encaissait sans geindre ou se plaindre, se renfermant sur lui-même et commençant à éprouver une haine indicible envers autrui. Une haine profonde se personnifiant aujourd’hui sous les traits de Sin. A proprement parlé, Shin était bien la personne que Yu connaissait. A l’écoute des autres, attentif, sensible et qui aide comme il peut. C’était aussi une face de sa personnalité, elle était bien présente. Le point de vu extérieur du sportif pouvait faire avancer les choses puisqu’il était objectif bien qu’il ne connaissait pas l’autre partie du gothique. Au moins, maintenant, l’étudiant avait un libre arbitre… seulement depuis trois années mais bon. Avoir une autre opinion que la sienne ne l’entravait en rien… mais pourquoi Yu était comme ça avec lui ? Il ne comprenait pas. Pourquoi comprendrait-il d’ailleurs ? Alors, le jeune homme lui avait dit de ne pas se faire de soucis. Comment ça ? Pas pouvoir accéder à sa requête ? Se pavaner ? L’étudiant ne se pavanait pas !

« Je me change… ET je suis quand même dans ma chambre. »

Shin ne releva pas la réplique sur l’aide. C’était de bonne guerre. Cependant, le gothique était totalement aveugle face aux sentiments que pouvaient éprouver Yu en le voyant ainsi. Le voir pleurer l’avait mis face à la réalité, la vérité. Le jeune homme avait été beaucoup trop insouciant et il avait blessé le sportif. Il s’en mordait déjà les doigts. Shin le supportait parce qu’il l’aimait bien. Il s’attache facilement et Yu, par certains côtés, était attachant. Bon, il avait franchise à toutes épreuves et un caractère bien trempé mais il l’appréciait ainsi. Les gens ne peuvent pas changer leurs natures profondes mais ils peuvent toujours s’améliorer.

Shin avait donc commençait à narrer son histoire en lui donnant des allures de conte pour cacher sa morbidité. Par contre, le sourire amusé de Yu le fit voir rouge. Les moyens plus convainquant, il les avait. Le gothique oublia son tact. Tout était en train de reprendre sa place comme cela aurait du l’être depuis le début. Le jeune homme indiqua la cicatrice toute fraiche qui se situait sur son cœur.

« Tu vois… Myle est un pacifiste convaincu… donc il déteste la vue du sang. Eh bien avec un couteau, je lui ai fait faire. Tout doucement… en prenant tout le temps du monde. Puis, après, je l’ai violé. »

Mensonges ! Certes, Sin l’avait voulut mais Shin l’en avait empêché donc l’artiste n’avait pas été violé à proprement parlé. Heureusement… mais ça ne changeait rien. L’incident était là. Ce n’était pas la question. Le gothique avait parlé crument, sans détour. L’avait-il choqué ? Allait-il partir ? Yu se rendrait-il compte que son idole dans ces moments les plus sombres était un véritable connard ?

Et puis, ce fut le tour de la fameuse question à trois francs six sous. Question que Yu aurait mieux fait de s’abstenir de poser vu les réponses plus que brumeuses de Shin. Il se rendit compte de sa gaffe face au ton railleur du sportif. Blessé, il fit :

« Je ne me défile pas. C’est vrai que ce n’est pas dans mes habitudes. Je n’embrasse pas n’importe qui, non plus. Je n’aime pas voir les gens pleurer… je t’ai consolé comme je le fais avec les gens que j’apprécie. Merde ! Jamais je ne me foutrai de ta gueule ! »

Eh merde ! Shin s’en mêlaient les pinceaux à vitesse grand V. Il avait fait une connerie. Il ya toujours une raison à son acte mais dite ça à son impulsivité. Rien n’était normal. Le jeune homme ne réfléchissait pas comme à son habitude et Yu s’énervait de plus en plus. Le contrôle de la situation échappait autant à l’un qu’à l’autre. L’ambiance devenait explosive. On avait un duo de choc dans cette chambre ce soir-là.

« Non, non, NON. Tu te méprends. »

s’exclama Shin, paniqué. Il regardait Yu avec anxiété, quelque chose clochait. Les signes ne trompaient pas. Plus inquiet qu’autre chose maintenant, il fit :

« ça suffit. Calme-toi… »

Puis le jeune homme manqua un battement de cœur. Pardon ?!

Toute cette histoire ne tournait plus rond. Qu’est-ce qu’il voulait dire p… ?
En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, Shin se retrouva coincer contre le mur. Il retint un cri. La douleur de ses blessures se raviva dans son corps. Qu’est-ce qu’il pouvait à part observer Yu ? Se défendre ? Cela lui aurait servit à quoi ? Il le laissa faire.

Le message était bien passé parce que, tout de suite, c’était Shin qui était déstabilisé totalement. Putain, le con ! venait-il de penser à son propre sujet. Il n’allait ni étrangle Yu et encore moins le foutre à la porte. Le gothique ne le laisserait pas tomber alors qu’il était dans la panade. Pas le genre de la maison.

Par contre, Shin ne s’était pas trompé sur les prémices d’une crise imminente. Il en avait connut plusieurs pour en reconnaitre les signes avant coureurs. Spasmes, sueurs froides, manque d’air. L’étudiant se leva rapidement pur rejoindre Yu qui avait déjà ouvert à la porte en disant qu’il voulait de l’air.

« Attends ! Yu ! »

Puis, tout se passa au ralentit. Il vit Yu se prendre le pied dans la banderole et s’étaler de out son long dans le couloir mais il ne se releva pas.

« Yu ! »

Shin se saisit de son bras… merde. Yu était inconscient. D’autres personnes étaient regroupées autour d’eux. Putain ! Écartez-vous, charognes. Il a besoin d’air. Pas d’un attroupement. Parmi, il reconnut quelqu’un et lui demanda un coup de main afin de porter le sportif dans sa chambre et de l’installer sur le lit.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
_ J’en sais rien. Ouvre la fenêtre, stp.

(Un instant plus tard)

De toute manière, ça ne te regarde pas. »

L’autre s’exécuta et ne chercha pas à discuter. Un Shin en colère et inquiet n’était pas à contredire. Cependant, il tenta.

« S’il ne se réveille pas dans quelque temps, tu devrais l’emmener à l’infirmerie…
_ Je sais ! Je suis pas con, non plus. »

Un cas désespéré. L’autre garçon s’éclipsa en lui disant que s’il n’y avait pas de changement, il l’aiderait à le descendre à l’infirmerie. Il fit s’éloigner les autres qui s’étaient agglutinés devant la porte. Maintenant, la porte était à nouveau fermée et ils étaient seuls. Shin eut le temps de repenser à tout ce qu’il s’était passé depuis le début de cette rencontre. Tout était de sa faute ! Si Yu était dans cet état-là, c’était uniquement de sa faute. Décidément, il ne faisait que des erreurs. Une personne de plus venait d’en faire les frais. Myle n’avait pas été suffisant… il fallait qu’il en entraine d’autres dans sa chute.

Des larmes silencieuses de rages coulaient sur ses joues. Que pouvait-il faire à part veiller sur lui jusqu’à ce qu’il se réveille ?

« Yu-kun… réveille-toi… »

Devait-il l’emmener à l’infirmerie ?

« S’il te plait… »

Invité

« Qu’est-ce que j'fiche ici… »

« Ah…! Masara-sempai ! Désolé ! »

« Non, non, non ! Arrêtes ! Arrêtes moi ça tout de suite ! Et SURTOUT ne vas pas te mettre en tête que c’est de ta faute ou je t’en colle une »

« Je vais bien… Et… Euh… Je te demande pardon pour ce que je t’ai dit … Et pour le baiser aussi… Je crois que j’ai été un peu loin… Je ne fais que te causer du soucis, il vaut mieux que je m’en aille. »

« Je ne mérite vraiment pas tout ce que tu fais pour moi… Et ça m’est égal que tu sois un tueur en série ou un pédophile… Enfin je veux dire… Je ne dis pas ça par rapport à moi bien sûr ah, ah, ah… »

« Bref, je me fiche de ce que tu as pu faire de mal dans le passé. Tout ce que je vois c’est que tu m’as aidé. Je suppose que tu as des défauts, tu es humain donc c’est normal. Mais moi aussi j’ai des défauts et je n’ai pas un passé très glorieux, mais c’est le passé et il est inutile de le ressasser en s’en voulant pour des choses qui n’ont plus lieu d’être. Nous blessons, nous sommes blessés, que ce soit dans le passé, dans le présent ou dans l’avenir, ça ne changera pas. Alors ne perd pas du temps et de l’énergie à ce que tu ne peux pas contrôler. »

« Euh… J’ai appris ça de mon maître, quand je faisais du kendo. »

Invité

Des erreurs ! Des erreurs !

L’Oublie est sa plus grande faute. Son rôle à jouer… un rôle à jouer. Celui de Shin. Qui était-il ? Un homme majeur en France, proche de sa majorité au Japon. Une personne mature, posée, calme et réfléchie… Shin Masara comme il aurait du l’être. Défaut de conception ? Peut-être bien que oui ? Peut-être bien que non… Quand on prévoit des choses, rien ne se passe comme elles devraient l’être sinon ce serait bien trop simple. Bien sûr qu’il connaissait ses devoirs d’hôtes… c’est peut-être bien la seule chose que sa mère lui est inculquée correctement.

Des mensonges ! Des mensonges !

Ah… Myle, Myle, Myle. Shin s’en veut, tu sais. Tellement mais qu’en sais-tu ? Rien… du moins pour le moment. Il est stupide. Il attendra que ces bleus, ce qu’il a montré à Yu, aient disparus avant de venir te voir. Le jeune homme n’était pas suicidaire. Les colères de son ancien colocataire étaient rarissimes mais terribles. Ce n’était pas le moment de se faire voir. On attendra le prochain créneau horaire. Ce sera moins dangereux.

Des excuses ! Des excuses !

Une scène qui ralentit, des protagonistes qui deviennent spectateurs. Un temps autre où l’on ne peut agir. Un Yu qui s’effondre, des gens paniqués dont Shin le premier. Ensuite, nous avons un Yu transporté puis allongé sur un lit. La fenêtre est ouverte. Il ne nous reste plus qu’un couillon paniqué, inquiet et en colère contre lui-même. Vint alors le moment… celui de…

L’Attente.

Heureusement elle ne dura que quelques instants. Le sportif se réveilla et se redressa en passant une main sur son visage. Qu’est-ce qu’il faisait ici ? Eh bien, c’était une bonne question. L’autre à son chevet ne répondit pas avant que Yu ne le regarde. Masara-sempai ?! Pour un sempai, il était bien pathétique. A part l’âge, il n’avait rien d’autre qui pouvait faire de lui son aîné.

« Ce n’est pas à toi de t’excuser… »

fit le gothique en soupirant.

Pleurer est un exutoire pour l’étudiant tout comme sa plume. Bizarre. Shin s’était inquiétait et cela était dans son droit même Yu ne pouvait l’en empêcher. Cependant, la douleur au niveau de son nez fit stopper net ses larmes. Un « Aïe » surgit sous l’effet de surprise. Le jeune homme ne put rien faire d’autre qu’écouter l’Athlète, le temps que l’arrête de son nez ne lui fasse plus mal. Il n’était pas d’accord dans le fait que ce n’était pas sa faute. Cela se ressentit dans son regard mais il préféra se taire. En effet, l’étudiant savait qu’une menace véridique planait au-dessus de sa tête. Pas que cela lui fasse peur mais las coups, il en avait reçu assez pour le moment.

Shin écoutait, enfin, attentivement ce que lui disait Yu. Ce n’était pas trop tôt. Il avait donc toute son attention et, là, il se rendit compte qu’il s’était comporté comme un véritable imbécile ! Pur sang ! Garantit à cent pour cent ! Si seulement, il avait été attentif plutôt. Soupir. La mauvaise manie du jeune homme revint parmi nous. Gentiment mais assez énergiquement, il ébouriffa les cheveux du sportif.

« Reste ici, baka…, fit-il avec un sourire, j’ai été pas mal dans le genre aussi. Je te présente mes excuses à mon tour. »

S’échapper ne résolvait rien, Shin l’avait appris durant son escapade. Le jeune homme était loin d’être un héros mais il aidait autrui comme il le pouvait. L’espoir fait vivre… tellement que le gothique était devenu immortel depuis le temps bien que le désespoir soit le plus présent. Bref… à raconter des mensonges et à l’induire en erreur, c’était à Yu de s’en mêler les pinceaux. Le jeune homme allait l’aider à ranger un peu.

« Si je peux aider alors j’aide… et comme tu ne savais pas où aller je t’ai proposé de dormir dans ma chambre. Ensuite, ce que j’ai dit à propos de… ce n’est pas vrai du moins… je ne l’ai pas fait.»

Tiens, Shin disait la vérité. Miracle ! Vraiment impressionnant ! Heureusement que Yu enchaina sinon il se demanda ce qu’il aurait bien pu lui arriver.

Ces phrases, il les connaissait. Répéter, répéter. Cependant, elles ne voulaient pas rentrer dans son cerveau comme s’il y avait une barrière invisible ou quelque chose qui les repoussait. Ne pas se focaliser sur le passé et avancer. Facile à dire, plus difficile à faire. Les choses qu’il veut ont disparut depuis bien longtemps. Ses souvenirs sont toujours bien présents, gravés dans sa chair pour ne pas qu’il oublie… Pour ne pas oublier la menace qui pèse encore sur lui, qui jette un voile d’ombre sur sa vie. Le jeune homme ne peut pas s’en dépêtrer, c’est ainsi. Pour l’instant, il est emprisonné à l’intérieur. Il ne voit l’extérieur que par des trous dans le tissu. Il a les yeux fermés mais l’esprit ouvert. Ainsi, même s’il vit rougir Yu par rapport à la gêne de ses paroles, il avait décelé dans celle-ci une certaine animosité.

« Ce sont de bons conseils mais pour l’instant, je ne peux pas les appliquer. Il me faut du temps. »

Pourquoi redevenait-il mélancolique ? Shin se ressaisit en faisant un petit sourire. Avec un « bon », il se pencha et posa son front contre celui de Yu. Pas de température. Son teint était moins pâle, il reprenait des couleurs. Par contre, il commençait sérieusement à faire froid. Le jeune homme se leva pour aller fermer la fenêtre. En passant devant l’armoire, il prit un t-shirt noir à manches longues et l’enfila puis il revint auprès de Yu. Il avait encore oublié quelque chose de fondamentale. Cette fois-ci, ce fut ses joues qui rosirent légèrement.

« Merci d’avoir refait mes bandages… »

Bon, ce n’est pas tout mais il commence à faire faim. D’ailleurs même si Yu n’avait pas fin, il le forcerait à manger si c’était nécessaire.

« Après ce que tu viens de nous faire, il faut que tu récupères tes forces. Je vais chercher à manger, je reviens dans cinq minutes. »

Et avant que Yu n’est pu dire quoique ce soit Shin était déjà parti remplir sa mission.

Invité