Amour : n.m.
- Sentiment intense et agréable qui incite les êtres à s’unir.
- Affection profonde pour quelqu’un ou quelque chose.
Quel que soit l’angle sous lequel on observait ce qui se déroulait en cet instant entre les deux jeunes gens, de mot semblait de mise. Amour.
Jusqu’ici, cette notion avait toujours semblé lointaine et inaccessible aux yeux de Yûichi. La donne avait changé.
Cette impression de chaleur et de papillonnement qui se diffusait au creux de son ventre, il ne l’avait encore jamais ressentie, mais il ne doutait pas une seconde de sa signification.
C’est pourquoi il n’avait pas hésité, lorsque pour la troisième fois il posa ses lèvres sur celles de Conor. Il n’avait pas non plus hésité lorsqu’il avait promis de le protéger. Car c’était précisément ce qu’il avait l’intention de faire, du mieux qu’il le pourrait.
Il fixa un moment son regard sur le visage du jeune homme, presque comme s’il essayait d’apprendre ses traits par cœur… Ce qu’il faisait, de toute façon. Il voulait pouvoir à n’importe quel instant, où qu’il soit, visualiser le visage de l’artiste… Ces yeux clairs emplis de larmes – de joie ? – qu’il tentait de retenir, ce doux sourire qui éclairait en cet instant son expression rêveuse, ces joues rougissantes… Il souhait ne jamais rien oublier de tout cela. Et il comptait bien tout faire pour que ça n’arrive pas : à savoir, le voir encore et encore, passer le plus de temps possible avec lui… Rien que de se dire que cela serait effectivement possible, il se sentait prêt à déborder de la joie qui l’emplissait. Etait-ce vraiment normal de se sentir aussi heureux ? Apparemment oui…
Bref, pour en revenir aux événements, Yû avait donc de nouveau embrassé Conor, semble-t-il au grand bonheur de ce dernier. Satisfait comme un chat qui a le ventre plein, il soutint le regard que lui lançait son camarade, souriant de le voir rougir à ce point. N’a t-on pas idée d’être craquant à ce point ?
Le voyant baisser les yeux, il dû résister à l’envie de lui soulever le menton afin de plonger son regard de le sien.
Il sentait que ce geste n’avait pas été fait sans raison, et sentir ses mains dans les siennes constituaient en soit quelque chose de déjà formidable ; il s’en contenta donc et scruta le visage de Conor, attendant quelque chose dont il ignorait la nature.
« Je… je dois… dois te parler de…. Quelque … chose… mais… je … je… c’est très difficile pour moi… et personnel… tu … tu dois… jurer d’en parler… à personne… »Ah ? Voilà qui était surprenant. Et plutôt gratifiant, somme toute. Conor avait un secret. Quelque chose de difficile à avouer, et semble-t-il difficile à vivre.
Et il souhaitait lui en parler.
De quoi déclencher des sentiments contradictoires dans l’esprit de Yûichi.
Bonheur de savoir qu’il lui faisait confiance.
Peur qu’il ne lui révèle quelque chose de terrible.
« Je… je te l’ai dit : je te protègerai. Et si ça implique de garder ton secret, je le ferai. Quel qu’il soit. » lâcha-t-il d’une voix altérée par l’anxiété.
Et c’est donc habité d’une légère angoisse qu’il suivit son compagnon dans la salle. Ce dernier se plaça entre lui et la porte, comme pour dire « C’est important, et je veux que tu m’écoutes jusqu’au bout. » Soit. *Je t’écouterai, et quoi que tu dises, quoi que j’apprenne, je ne t’abandonnerai pas* pensa-t-il avec résolution.
Voyant que son Conor s’apprêtait à prendre la parole, il l’interrompit d’une main posée sur ses lèvres.
« Attend… Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je veux que tu saches : quoi que tu ne m’apprennes, je te promets que je ne te laisserai pas tomber… D’accord ? »Il retira sa main et pencha légèrement la tête sur le côté, signe qu’il était attentif.
Il était prêt.