Are you gonna bite ? [PV]

Invité

C'était partit tout seul. Akita n'avait pas voulu que ça se passe ainsi, pas vraiment. Il s'était laissé dépasser par les évènements, il n'avait pas réussi à raisonner. Pourtant en général, il faisait attention aux autres, en sport.
Le prof avait décidé d'organiser un tournoi de volley ball. Comme c'était le premier cour d'Akita, ça n'avait pas été très difficile de faire croire qu'il avait oublié ses affaires de sport. Hors de question de se changer au milieu de tout le monde. Il aurait attiré les regards curieux...
Et puis, malgré tout, il avait été décidé qu'Akita jouerait. Le professeur disait que c'était un bon moyen de faire connaissance avec les autres. Sauf que pour ça, il aurait fallu qu'Akita ait effectivement envie de sympathiser avec ses camarades de classe.

Le ballon rond lui était arrivé en plein dessus. Ses yeux bleus tranchants avaient regardé le projectile tomber dans sa direction à une vitesse dangereuse. Mais ce n'était pas de ça qu'il aurait du se méfier. Renvoyant la balle d'un geste maladroit et imprécis, complètement blasé par le fait qu'on envoie un ballon sur lui plutôt que sur les autres membres de son équipe, Akita n'avait pas prêté attention à un des élèves qui s'était élancé dans sa direction pour récupérer la balle. Le garçon, un grand blond à la mâchoire carrée, l'avait percuté de plein fouet et s'était effondré au sol avec lui.
Le coccis douloureux et les coudes meurtris, le garçon récemment arrivé à l'académie fusilla celui qui l'avait percuté et qui le dévisageait, surpris.

-T'as un problème toi ?! Qu'est-ce qui t'as prit de me sauter dessus comme ça ?

L'autre avait répondu d'un ton sec et méprisant. Ce devait être ce genre de garçons mordus de sports, trop fiers de leurs capacités dans ce domaine pour imaginer que les autres puissent se débrouiller sans eux. Il y avait dans son regard interrogateur une pointe de méprit, et visiblement il était contrarié d'être tombé de la sorte. Il se demandait surement ce qu'Akita faisait sur son chemin.
Le jeune garçon aux cheveux bruns soupira et se leva, le visage crispé. Il avait évité un accident encore plus malheureux.

-C'est bon, je t'avais pas vu, répondit le garçon en faute.
-Ben tu pourrais regarder autour de toi, t'es pas le centre du monde.
-De quoi tu parle toi. Ça y est t'es nouveau et tout alors tu te la pète ?

Akita fit un pas en avant, et esquissa un geste qui n'avais rien de doux envers le garçon blond. Le prof intervint, rappelant à l'ordre les deux joueurs. Akita soupira longuement en se passant une main agacée dans ses cheveux en bataille. Il était prêt à laisser tomber, et il s'éloigna d'un pas ou deux, trainant ses converses noirs sur le sol, masquée par un jean un peu large et qui trainait par terre.
Sans le vouloir, il entendit les murmures des gens de son équipe. Il comprit vaguement qu'il s'agissait de lui. Il comprit aussi qu'on le critiquait et qu'on se moquait de lui. Son sang ne fit qu'un tour, et Akita s'élança vers le grand blond en l'attrapant par le col de son t-shirt blanc.

Invité

En cette belle matinée d'automne, Kun-Ti marchait paisiblement dans l'académie, virevoltant dans le hall, puis dans les couloir, pour finalement s'échouer dans la bibliothèque.
À vrai dire, il avait des tonnes de choses à faire cent fois plus importantes, comme par exemple, s'occuper de préparer ses cours qu'il n'avait toujours pas organisé ou bien ranger son nouveau bureau qui restait inlassablement enfoui sous une tonne de cartons, feuilles, babioles et inutilités en tout genre, mais il s'en contre fichait totalement.
Malgré les années, Kun-Ti était resté un royal feignant et fumeur flegmatique. Chassez le naturel et il revient au galop. Et tout ce qu'il avait à faire n'aurait jamais plus d'importance pour lui que de fumer une bonne cigarette. Quoi que...
Avec les années ses priorités avaient tout de même un petit peu évolué. Enfin au jour d'aujourd'hui, ce qu'il avait de plus important à faire que le plus important, c'était surtout de trouver des membres pour son club d'escalade, dont la propagande n'avait pas franchement fait mouche.

Il passait dans les rayons l'air hagard, sa cigarette à la bouche, quand la jeune responsable, qui le regardait étrangement depuis environ 10 bonnes minutes, finit par s'approcher doucement de lui.

* Pourquoi cette femme s'approche-t-elle de moi comme ça ? Elle ne se rend pas compte que je suis beaucoup trop vieux pour elle ? Si j'avais été suffisamment mature à l'âge de 10 ans, j'aurais pu être son père ! *

« Excusez-moi Monsieur... »

« Monsieur Bai. Que voulez-vous jeune fille ? »

Il avait, depuis toujours, cette irrésistible envie de sortir cette phrase à une jolie femme lorsqu'il en aurait l'occasion ! Il était tellement content, qu'un sourire léger s'esquissa sur son visage. La jeune fille rougit, puis repris la conversation en baissant les yeux dès la fin de la phrase du professeur.

« Excusez moi, mais vous ne pouvez pas fumer à l'intérieur de la bibliothèque monsieur... »

Kun-Ti regarda la jeune fille strictement tout en sortant le fin bâton de nicotine de sa bouche. Elle avait l'air assez timide, son ton n'avait qu'à peine effleuré les tympans de l'ex-punk, qui se délecta alors de la lenteur qu'il mit à réagir à ce qu'elle venait tout juste de lui dire.
Restant stoïque, il était impossible de percevoir sur son visage qu'il ne s'attendait pas du tout à ce que la jeune femme lui dise qu'il devait partir ou éteindre sa cigarette. Il était tout même assez simple d'y décrypter le ton sarcastique sur lequel il prenait les événements.

Il resta là un moment sans bouger le petit doigt, attendant que la responsable relève la tête. Puis à ce moment-là, il la regarda avec un sourire.

« Bien sûr je comprends, excusez-moi pour le dérangement. »

Et il sortit de la bibliothèque comme il était rentré, lentement et en fumant, à une chose près qu'il avait un large sourire aux lèvres en se fixant l'image de la tête complètement perdu, inquiète, puis ravie de la jeune femme.

C'est ainsi qu'il se retrouva à airer de nouveau, passant devant la vie scolaire, l'infirmerie et enfin, le gymnase.
Il s'arrêta devant le large bâtiment. D'où il était, il pouvait voir deux assez grandes portes qui étaient entrouvertes, d'où l'on pouvait entendre des bruits typiques d'adolescents jouant un match. Il s'approcha, se disant qu'après tout, il pourrait peut-être faire connaissance avec un nouveau professeur, lui parler de son nouveau club, se faire de nouveaux amis, bref, changer un peu le quotidien quoi.

Il se plaça devant les grandes portes, laissant s'allonger devant lui une fine et grande ombre qu'il suivi du regard pour enfin lever la tête vers ce qui avait environ l'air d'être un match amical.
Le ballon virevoltait de part et d'autre de terrain, jusqu'à ce que l'une des élève se mette à se faire littéralement écrabouiller. Était-ce du volley, du sumo, ou bien du rugby avec un filet, un nouveau jeu japonais ? Et surtout, qu'est-ce qu'une fille, avec un pantalon trois fois trop large pour courir, venait faire dans un match amical masculin ?

-T'as un problème toi ?! Qu'est-ce qui t'as pris de me sauter dessus comme ça ?

Le ton montait, apparemment les garçons de cette classe auraient dû y réfléchir à deux fois avant d'inviter cette fille au match pour l'impressionner, du moins c'est ce que pensait Kun-Ti tout en s'avançant vers la futur zone de combat.

-Ben tu pourrais regarder autour de toi, t'es pas le centre du monde.

Kun-Ti se rapprochait de plus en plus à l'allure que le ton montait.
* Ha ! Le prof qui montre enfin le bout de son nez !
Ça fait un moment que je serais intervenu moi ! *
Il s'arrêta en voyant le professeur dissiper le conflit. Puis accéléra le pas en voyant qu'une fois le loup reparti vers son bon vieux banc, les souris reprirent de plus belle leur altercation fortuite.

Quand la présumée jeune fille leva de presque un centimètre le costaud blondinet, tous les regards se tournèrent vers la scène. Alors que le professeur -jugé complètement inutile par Kun-Ti- se retourna et commença à revenir sur ses pas, Kun-Ti l'arrêta d'un signe de la tête qui disait * Laisse, je m'en occupe. *, puis accéléra vers le jeune couple d'énervés.

Il posa légèrement sa main sur la forte poigne de l'élève menaçant, le regardant droit dans les yeux.

« Jeune fille, vous n'avez rien à faire ici. De plus, le règlement stipule clairement qu'une bagarre ou quoi que ce soit s'en rapprochant est passible d'un renvoi temporaire. Suivez-moi. »

Il s'était avancé au cours de la phrase, plaçant son bras entre ceux de l'élève violent qui ne le vit pas venir tant il était énervé, pour enfin encercler l'un d'eux et entraîner strictement la jeune fille vers l'extérieur du gymnase. Puis, lançant un regard vers le professeur présumé de l'élève, il ajouta quelques mots pour rendre son affaire plus crédible.

« Un passage dans le bureau de la directrice ne vous fera pas de mal ! »

Si on lui avait dit qu'un jour il dirait ça, il ne l'aurait franchement pas cru !
Lui qui avait toujours été un pur délinquant, n'allant jamais en cours et faisant le plus possible tout l'inverse de ce qu'il devait faire, il avait osé sortir ça !
Enfin, c'était pour le bien de la crédibilité de ses actes. Vous n'allez tout de même pas penser que Kun-Ti aurait vraiment amené un élève chez cette nymphomane de directrice !?
Non, lui, tout ce qu'il comptait faire, c'était éviter un esclandre. Il avait toujours été un fervent pacifiste. Il ne se rendait même pas compte que si un de ses collègue le croisait là dehors en compagnie d'une élève, son paquet de cigarettes à la main, il risquait vraiment gros, alors qu'il venait à peine de retourner à Keimoo !
Pour lui tout ce qu'il faisait était totalement censé.
Apparemment, la jeune fille en question n'avait pas vraiment l'air d'avoir envie d'être en cours, si elle s'était battue, il aurait en plus pu lui arriver n'importe quoi, alors à quoi bon la laisser dans son pétrin. Pour Kun-Ti, c'était dès le départ la faute de son professeur incompétent qui n'aurait jamais dû la laisser jouer. Il lui était donc paru complètement logique de prétendre l'emmener chez la directrice pour en fait lui faire sécher le cour.

Bref, pendant qu'il pensait à tout ça, Kun-Ti ne s'était pas arrêté de marcher. Ils étaient maintenant arrivés près d'un banc pas vraiment loin du gymnase, mais suffisamment isolé pour que le professeur de la jeune élève ne les retrouve pas. Le vieux fumeur se posa alors sur le petit banc, lâchant son emprise sur la frêle chose apparemment encore énervée.

« Tu veux une cigarette ? »

Invité

La surprise et la perplexité étaient visible sur le visage ambigu d'Akita. Un type un peu plus grand que lui venait d'interrompre sa petite discussion avec son camarade de jeu. Un regard vert et strict, une voix posée...Ce ne pouvait être qu'un prof.
Akita soutint autant qu'il le put les yeux du nouveau protagoniste. Sorti de nulle part, il ne l'avait pas vu arriver et ne s'était pas douté que quelqu'un viendrait parler à la place du coatch de volley. Ce dernier devait se situer bien bas dans l'estime du type aux cheveux blancs...
Le jeune garçon aux yeux tranchants et glacés se serait sans doute calmé si on l'avait rappelé à l'ordre. Sans doute. Et il aurait probablement accepté de s'excuser si le nouveau venu, qui lui barrait maintenant la route, le lui avait demandé. Ou peut être qu'il serait parti sans demander son reste, fuite puérile par dépit. Mais les mots du professeur aux cheveux décolorés claquèrent dans son esprit comme la pire des insultes imaginables.

-Jeune fille, vous n'avez rien à faire ici. De plus, le règlement stipule clairement qu'une bagarre ou quoi que ce soit s'en rapprochant est passible d'un renvoi temporaire. Suivez-moi.

Jeune fille...JEUNE FILLE !
Les autres élèves mis à l'écart par l'intervention de l'homme dévisagèrent celui-ci avec des regards interrogateurs, avant d'étouffer des rires moqueurs. Akita lui, était bien loin de rire. Réfrénant l'envie de lancer une flopée d'injures à ses soit disant camarades de classe, il fusilla du regard celui qui venait de faire naitre en lui une rage indicible. Avait-il de la merde dans les yeux ? Certes, il n'était pas le premier à se tromper, mais pensait-il vraiment qu'on aurait fait jouer une fille parmis autant de machos orgueilleux ? Pensait-il vraiment que l'étudiant en jean et baskets en face de lui, dont les cheveux bruns ébouriffés soulignaient son air canaille, était une fille ? Une nana ? Une minette ?
Il avait l'air si sûr de lui, ce prof. Si fier même, d'être intervenu de la sorte comme un agent des forces de l'ordre. Akita serra les poings, essayant de maîtriser la colère qui lui brûlait les veines. La mâchoire crispée et les sourcils froncés, il se laissa entraîner à l'écart par l'adulte aux cheveux blancs, sans un regard pour les gens dans le gymnase, sans même prêter attention aux ultimes paroles qu'on pouvait éventuellement lui adresser.

Ils arrivèrent près d'un banc douteux, sans doute assez vieux. Ils n'étaient pas très loin du gymnase et pourtant la pression de la honte cuisante que venait de lui infliger le professeur se faisait moins sentir. Ne restait que la colère vive d'un jeune garçon qu'on prend pour une fille et qui vient de se faire remarquer par toute une classe. Lui qui voulait justement changer d'image...

Le type avait une drôle d'attitude. Posé sur le banc, il avait presque l'air ennuyé...pour Akita. Celui qui avait parlé de renvoi temporaire le regardait comme si finalement il n'était pas question de l'emmener chez la directrice. Pourquoi un tel paradoxe ? Le changement brutal de la situation prit Akita au dépourvu, et il garda le silence quelques secondes de plus, choqué.
Mais ce qui le souffla le plus fut que le type aux cheveux blancs lui proposa une cigarette.
Nouveau, ça. Les profs qui dépravent leurs élèves. Du jamais vu. Exaspéré, et surtout perdu, Akita se lâcha enfin. Peu importait qui était ce professeur, peu importait ce qu'on lui reprochait. Il venait d'arriver, on n'allait pas le virer si tôt.

-C'est quoi votre problème a vous ? On fait quoi là ? Vous m'engueulez et m'humiliez devant toute la classe, et après vous me proposez une clope ?

Invité

Kun regardait le gamin avec étonnement, son paquet de cigarettes toujours pointé vers sa petite frimousse brune. Trop de questions en même temps, Kun-Ti avait déjà du mal à se rappeler la première question quand Akita arriva au bout de la dernière.

En effet, le jeune élève en face de notre chère professeur n'avait sûrement pas l'âge requit pour fumer, boire, ou dieu sait quoi d'autre. Mais pour Kun-Ti qui à 14 ans déjà fumait comme un pompier et faisait des soirées délirantes, - où il finissait soit totalement bourré, la tête dans les toilettes, se réveillant avec un sacré mal de crâne, des matières non identifiées sur le t-shirt et des hommes eux aussi non identifiés sur le pantalon, soit complètement déchiré, voyant des champignons géant et imaginant un monde parallèle dans le placard, se réveillant dans ce même placard avec des filles inconnues aux bras – proposer une cigarette à un adolescent paraissait totalement banal. Pour lui donc, rien de bien anormal à son geste, pas de quoi fouetter un chat. Il se demanda ainsi si ce n'était pas parce que la jeune fille en question faisait partie de ces troupes de zombis nationalistes qui criaient à tue tête dans les manifestations « le tabac, c'est tabou, on en viendra tous à bout! », qu'elle fut outrée par sa gentille et innocente proposition. Il fut même légèrement vexé. Vue le prix que lui coutait ses petites tueuses filtrées, c'était vraiment très aimable de sa part d'en proposer une à quelqu'un à qui il venait, en plus, tout juste de sauver la mise !

Il bouda en reposant son paquet à l'intérieur de sa veste noire, puis essaya de se rappeler les premières questions qui lui avaient été posées...
L'avait-il humilié devant toue sa classe ? Non, il n'arrivait pas à voir ce qu'il aurait pu faire d'humiliant. Lui avait-il baissé le pantalon ? Non, sûrement pas. Aurait-il pu laisser comprendre que le grand blond, au regard aussi instruit que ses pieds, était plus fort qu'elle ? Non, décidément pas. Lui avait-il malencontreusement touché la poitrine ? Ha... Peut-être bien ! Après tout ça n'aurait pas été la première fois que ça lui arrivait.
C'est vrai qu'il l'avait légèrement engueulé, mais pas de quoi en faire un plat, c'était pour la bonne cause, et vu la façon de parler de la jeune étudiante, ça devait lui arriver souvent, pensa-t-il en souriant intérieurement, prenant ensuite un air engagé et serin. Si elle avait un peu réfléchi, elle aurait compris que ces engueulades n'étaient que façade et qu'ils étaient encore loin du bureau de la directrice, lui avec sa clope au bec et « elle » avec le feu lui sortant des oreilles et son petit regard complètement paumé. Elle aurait aussi compris que, du coup, ils ne faisaient strictement rien du tout ici, chose qui aurait pu parfaitement être faite ailleurs, mais qu'il était préférable de faire ici, loin des passe-ragots, mais aussi de son gentil mais inutile professeur de sport.
Il en conclut donc que finalement, ce n'était pas lui qui avait un problème, mais bien cette jeune fille, visiblement troublée par des événements complètement anodins.

Il avait ainsi passé 30 bonnes secondes à regarder la présumée jeune élève avec un regard posé – Oui, Kun-Ti est souvent long à réagir, mais aussi très long à répondre à des questions. Chose d'autant plus probable quand ces questions sont multiples. - quand il se décida enfin à lui répondre après avoir laissé s'échapper d'entre ses fines lèvres une longue fumée de cigarette.

« Excuse-moi si je t'ai malencontreusement... frôlé à un endroit qui t'était personnel, ça m'arrive quelques-fois, mais je ne le fais pas intentionnellement ! »

Il se leva soudainement, se mettant dos à l'élève de façon à pouvoir avoir l'expression qu'il voulait sans être vu. Une grimace indiciblement risible passa alors sur son visage, un genre de tic qu'il avait pris avec les années quand il avait envie de crier « ET MEEEERDE! », mais que la situation le prohibait.

* J'aurais peut-être du réfléchir avant de dire ça... Pourtant j'avais mis une note sur ce fichu carnet "penser à réfléchir avant de parler" à côté de la note "penser à réfléchir avant d'agir" ! *

En effet, s'il avait réfléchi avant de sortir cette phrase, il serait peut-être moins passé pour un pervers, enfin le tout aurait été de mise si la personne en face de lui était effectivement une fille. En l'occurrence il passait bien plus pour un fou que pour un pervers, car pour comprendre ne serais-ce qu'une partie de la pseudo logique de Kun-Ti, il aurait fallu qu'Akita soit bien une fille, mais qu'en plus il soit un peu tordu et capable de lire dans les pensées.

Après sa grimace habituelle finie, Kun-Ti se rassit calmement en regardant son interlocuteur, qu'il prit doucement par l'épaule en s'abaissant sur le banc, l'invitant à faire de même. Puis, d'un coup, il se releva, lâchant son emprise sur le jeune homme. Une illumination venait de traverser son esprit. Elle n'était pas des plus éclairées, mais pour notre chère professeur d'histoire, elle resplendissait dans une logique implacable.

* Haaaa ! Mais c'est parce qu'on est encore trop près de sa classe qu'elle ne veut pas fumer en fait ! Ça tient la route ! En fait, elle a peur d'être humiliée si on la voit fumer en compagnie d'un vieux, ou bien de se faire engueuler, et du coup, elle veut qu'on parte de là pour ne pas avoir de problèmes ! *

Il s'était peut-être un petit peu emmêlé les pinceaux en effet, mais toujours est-il qu'il se mit à fixer Akita d'un air content et résolu pour enfin sortir d'un ton enjoué une question peu attendue.

« Tu veux qu'on aille dans un coin plus tranquille peut-être ? »

Enfin de toute façon, on s'attend rarement aux phrases de Kun-Ti, ses proches auront pris l'habitude de s'attendre à l'inattendu, dans ces cas-là, ce sont les phrases logiques et prévisibles qui étonnent. Un don pour être étrange ce Kun-Ti, vous l'aurez bien compris.

Invité

Dans n'importe quelle autre contexte, la situation pourrait vraiment passer pour risible. Quoi de mieux pour se fendre la poire qu'un beau quiproquo entre deux personnes. Mais ce n'était pas n'importe qui, là, devant ce banc. C'était un professeur complètement à côté de la plaque et aux humeurs changeantes, dont les cheveux blanchâtres reflétaient parfaitement le caractère soupe au lait. Et c'était Akita au regard emplis de points d'exclamation et d'interrogation, qui haussait les sourcils avec perplexité. Encore.
Pendant quelques instants, et ce alors qu'il digérait la dernière réplique du type en face de lui, le jeune garçon se demanda si ce n'était pas lui qui avait un problème. Peut être qu'il n'avait pas été assez clair. Peut être aussi qu'il s'était trompé sur les intentions du professeur venu le prendre par la peau du cul en pleine altercation. Ou pas. Cette cigarette de l'amitié proposée par celui sensé être adulte dénotait étrangement, comme en complète opposition avec ce qu'il avait voulu dire. Comme un loup proposant de partager sa laitue avec un lapin. Comme un lapin acceptant de tenir la laisse d'un rottweiller. Comme un rottweiller qui se mobiliserait pour l'interdiction de la vente de molosses domestiques.

Akita se passa une main lasse sur le visage. Il avait beau réfléchir, il ne voyait pas pourquoi son interlocuteur lui avait dit : « Excuse-moi si je t'ai malencontreusement... frôlé à un endroit qui t'était personnel, ça m'arrive quelques-fois, mais je ne le fais pas intentionnellement ! » Où était le rapport ? A moins que le bras d'un garçon soit considéré comme une partie spécialement intime, sans comparaison malsaine, il ne s'était rien passé de si malencontreux, physiquement parlant. Ce n'était pas la première fois que le jeune garçon se faisait empoigner fermement pour être dirigé vers la sortie. Et il avait vu pire. Quelques gifles partant plus vite que ne pense un cerveau, ou un coup de règle en bois sur le crâne. Les enseignants avaient parfois du mal à se maîtriser lorsque Akita sortait quelques répliques bien pesée et bien pensées.
Non, vraiment, le problème était tout autre. L'égo du jeune garçon avait été blessé, son intégrité avait été meurtrie, son identité même avait été reniée, bafouée, piétinée et mise à mort en public. De sa voix étrangement basse et éraillée, Akita se résigna à expliquer à l'idiot aux cheveux blancs ce qu'il pensait. Et pas question de s'éloigner du gymnase : avec un peu de chance, quelqu'un l'entendrait.

-Mais je ne veux pas allez dans un coins tranquille, monsieur . Je veux que vous me présentiez des excuses ! Et pas pour m'avoir malencontreusement frôlé je ne sais où, non. Pour m'avoir insulté devant une dizaine de personnes, sans état d'âme ! Je ne suis pas une fille, bordel ! Vous devriez arrêter de fumer, ça vous donne des hallucinations de malade, et ça emmerde le monde. Moi, surtout.

Le temps d'une seconde, Akita songea qu'il avait sans doute été trop véhément dans ses paroles. Il n'était pas loin d'insulter l'enseignant, et ça, ça risquait d'être mauvais à l'avenir. Pourtant il ne regretta pas d'avoir parlé. La communication, disent les psychologues du dimanche, est le meilleur moyen de se faire comprendre. Sans déconner, parce qu'en se taisant on ne peut rien dire ?
Ses yeux bleus brillants d'une colère sourde et contenue, Akita shoota dans un caillou qui passait par là, innocent minéral qui eut le malheur de croiser la route du jeune Moboshi. Les lacets de sa baskets volèrent autour de sa chaussure avec une sorte d'élégance surprenante, légers et sales, poétiques mais réalistes malgré tout. C'était bien Akita, de s'attarder sur un détail tel que celui là. Qu'est-ce qu'il en avait à foutre, après tout, des lacets gris de ses chaussures ?

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Are you gonna bite ? [PV] 091210061652472624

*Je ne suis pas une fille ~~~*

L'annonce résonnait dans la tête du vieux fou comme un réveil vous faisant sursauter à 6h00 du matin alors que vous pensez que ça ne fait que quelques minutes que vous êtes au lit. Ce petit groupe de mot fit se redresser Kun-Ti qui prit un air plus sérieux, soudain conscient... ENFIN conscient, serait peut-être même l'expression la plus juste.
Il se dit alors que ça paraissait ainsi logique qu'un jeune garçon joue avec d'autres jeunes garçons à un match amical entre garçons. Que deux garçons qui se battent, finalement, ce n'est pas très anormal et que, du coup, le blond à l'air idiot ne se serait sûrement pas senti inférieur si c'était bien un autre garçon qui l'avait battu! Tout prenait son sens. Sauf que, du coup, les actes de notre cher chinois, toujours à côté de la plaque, perdaient, eux, un peu leurs sens. Décidément... Chassez le naturel et il revient au galop.
Il regarda sa cigarette avec un air inquiet. Est-ce que le tabac lui ferait faux bond, lui qui avait toujours été à ses côtés, est-ce que soudainement il se retournerait contre lui? Le professeur fit mine de jeter sa cigarette, mais la remit en bouche aussi sec, laissant un sourire ironique s'afficher sur sa figure qui jusqu'ici n'avait eu l'air que de celle d'un idiot.
Avec la seconde bouffé de nicotine, Kun-Ti décida ainsi de reposer son professoral postérieur sur le petit banc académique et, son sourire se transforma en rire.

De loin, un jeune garçon aperçu la scène. Il vit un homme aux cheveux gris rire aux éclats, dont on pouvait suivre les mouvements illogiques grâce aux traces de fumé qui émanaient de sa cigarette. Il s'arrêta quelques secondes, se demandant qu'est-ce qui pouvait bien faire rire cet homme. Et puis qui était-il ? Un surveillant ? Trop vieux. Un professeur ? Ha, peut-être bien, il courrait le bruit qu'un nouveau professeur d'histoire assez atypique avait fait son entrée dans l'académie. Il s'avança un peu plus, curieux de découvrir avec plus de détails le visage du nouveau professeur puis s'arrêta en voyant un jeune garçon debout face à l'homme, le regard tourné vers un cailloux roulant le long de la pente qu'ils surplombaient. Il ne s'attarda pas très longtemps sur la scène, après tout, il avait moult chose bien plus importantes à faire que de regarder un professeur se moquer ouvertement d'un élève en tenu de sport. Lui-même était souvent l'objet de railleries quant à son accoutrement et ne supportait pas de voir ce qu'il pensait voir. Encore un jeune garçon qui n'aimera jamais le sport, pensait-il. Il s'approcha alors rapidement des deux inconnus et lança véhément quelques mots avant de repartir comme il était venu.

« Vous avez rien d'autre à faire que de glander ? »

Kun-Ti tenta de se calmer face à la nouvelle voix qui venait de se faire entendre. Il leva la tête et aperçu un jeune garçon en vert et bleu fluorescent partir d'un pas pressé.
Reprenant ses esprits, il sourit le temps d'une nouvelle bouffé puis réfléchit à ce qu'il pourrait bien répondre au jeune garçon, le temps de relâcher une fine fumé blanchâtre de ses narines.
Il se leva donc et posa sa main sur l'épaule taillée du jeune homme.

« Je suis désolé de t'avoir emmerdé. Vois-tu, à mon âge, il n'y a plus que ça à faire d'amusant ! »

Un sourire involontaire s'afficha alors sur ses lèvres. La bonne excuse ! Il n'avait pas su trouver mieux pour ne pas avoir l'air trop idiot. Pourtant, avec le temps, il aurait dû s'y habituer. Ce ne sont pas ce genre de situations qu'il aura le moins connu après tout !
Il tenta alors de remettre la conversation sur la bonne voix.

« Mais le jeune garçon qui est passé a dit juste. On a pas vraiment que ça à faire que de rester ici non ? En fait, non. Moi je n'ai rien d'autre à faire. Mais toi tu as un cour à reprendre. J'imagine que tu auras compris que je ne comptais pas t'amener plus loin qu'ici. Je pensais seulement qu'il ne serait pas judicieux de vous laisser face à face, toi et la tête d'ampoule que tu maintenais par-dessus terre. »

Il laissa s'échapper encore un petit sourire, cette fois accompagné d'un rire amusé. Décidément, c'est assez difficile pour Kun-Ti de garder son sérieux, et ses 30 ans n'y changerons rien. Mais qu'à cela ne tienne, il faut de temps en temps, savoir parler calmement. Le vieux fumeur se rassit donc en aspirant le peu de cigarette qu'il restait entre ses doigts.

« Mais j'imagine que le génie de la classe a dû se calmer, si tu veux y retourner, libre à toi, je ne t'y forcerais pas. Ne va pas croire que tous les professeurs de ce monde ne pensent qu'à suivre les règles, bien sûr, ton professeur de sport ne doit pas avoir grand-chose dans le cerveau, alors j'image que ça doit l'aider à garder un bon équilibre quant à sa façon de vivre sa vie. » Il rigola légèrement puis reprit. « Pour moi il n'y a rien de plus important que de rester en paix avec soi-même. Ça peut ne pas paraitre très crédible en face d'un garçon que j'ai pris pour une fille » Il émit un petit sourire de confusion en regardant le jeune garçon puis repris encore une fois sa phrase, plus doucement. « mais fait ce qu'il te plaira, de toute façon, il est clair que ton absence est déjà justifiée. Alors. Tu la veux cette clope ou pas ? »

Son visage s'était adouci au fur et à mesure que ses mots sortaient. Il était plutôt rare qu'il dise autant de choses sensés d'un seul coup, mais il est clair que ça lui arrivait de temps en temps. Comment croyez-vous qu'il serait devenu professeur d'histoire sans ça !?

Tout en parlant, il avait ressorti son paquet de cigarettes et le tendait gentiment au jeune homme, cette fois, il était sûr qu'on ne lui refuserait pas. Mais on est jamais sûr de rien à vrai dire, surtout quand on a 30 ans, qu'on n'a jamais réussi à arrêter de fumer, qu'on parle de paix avec soi-même et qu'on propose par deux fois une cigarette à une jeune inconnue. Ha pardon. Un jeune inconnu. Le tout couronné donc par le fait qu'on ne sache pas reconnaitre une fille, d'un garçon.

Invité

Il en avait connu, des professeurs atypiques, étranges, presque paranormaux. Oh oui, quel jeune étudiant n'a pas eu moins une fois dans sa vie croisé la route d'un prof de chimie hippie, ou d'une péripatéticienne voulait faire croire qu'elle enseignait le français. C'est la diversité du monde qui se reflète dans les salles de classe, et les profs en font partie.
Oui mais cet énergumène là, ce ne pouvait vraiment pas être un prof.
Les éclats de rire qui ponctuèrent la tirade peu délicate d'Akita en étaient la preuve. Un professeur ordinaire aurait souligné l'impertinence et la grossièreté de ses propos. Pas lui. Il préférait rire de sa lourde erreur, et continuer de produire des volutes de fumée blanchâtres en tirant quelques lattes sur sa cigarette. Hilarant vraiment. Il en tomba presque sur son banc.

La véhémence de l'étudiant ne passa pas inaperçue. N'avait il pas, d'ailleurs, volontairement haussé le ton pour qu'un éventuel passant puisse l'entendre ? Un autre jeune garçon s'approcha du duo pour le moins étrange, et d'un ton bravache demanda s'ils n'avaient pas quelque chose de mieux à faire que de glander.
Non.
Il n'y avait rien, vraiment rien, de mieux que de glander. Sauf que là ils ne glandaient pas ils avaient une discussion extrêmement sérieuse sur le sexe. Quoi de plus normal entre un étudiant et un enseignant.
Cherchez l'erreur.

S'ensuivit une série de paroles plus sages et sensées les unes que les autres, qui achevèrent Akita. Il se dit qu'il avait vraiment manqué de bol dans cette histoire, et se résignant à écouter le professeur tout en retenant un soupire de lassitude, le garçon aux cheveux bruns en bataille garda le silence.

-...Tu la veux cette clope ou pas ?

Ah revoilà le seul point intéressant de leur entrevue. La clope. Parce que le reste était entré par une oreille et ressorti par l'autre. La capacité de concentration d'Akita avoisinait la totale nullité, autant parler à un sourd. Lui au moins prendrait la peine de lire sur les lèvres.
Le jeune garçon avait préféré regarder autour de lui d'un regard bleu agacé. Ça lui faisait trop penser, ce petit discours, à un sermon ou à quelque chose dans le genre. Les paroles d'un prof quoi. Alors que la mention de cigarette tendait plus à faire passer l'enseignant du côté « élève » ou même « pote » que du côté « vieux gars sans intérêt qui blablate pour rien ».
Akita renifla, et s'empara d'une cigarette du professeur. Penser à lui comme tel était vraiment une épreuve pour son cerveau déraillé, aussi lorsqu'il parla, ou plutôt lorsqu'il grommela, ce fut pour demander :

-C'est quoi votre nom, M'sieur ?

La cigarette coincée entre les lèvres, et une main abritant son extrémité des assauts éventuels du vent, le jeune garçon enflamma le tabac. Il rangea le briquet, son briquet, dans la poche de son large jean qui traînait toujours par terre, et avisant une trace de boue, décida de le remonter d'une main négligente pour éviter que ce genre de tache ne se reproduit à nouveau. Le tissus était solide, quoi que déjà élimé, mais surtout Akita n'avait pas l'intention de faire trop la lessive, alors autant soigner ses vêtements. Si c'était possible de pouvoir « soigner » un baggy, informe par nature, et en jean délavé.

Invité

Il avait prit la cigarette ! Ce n'était donc pas un zombi nationaliste, il aimait les bonnes choses et savait profiter de la vie ! Kun-ti en fut bien rassuré. Il sourit à l'approche de la petite main sur son paquet de PallMall. Ce simple geste avait réussi à le rendre encore plus calme qu'à l'habitude. Il prit lui-même une cigarette et l'alluma avec une certaine lenteur.
Il observait le jeune homme prendre la cigarette à son tour. Il reniflait. Peut-être avait-il été tellement vexé par sa méprise qu'il voulait lui prouver par cet acte très charmant qu'il était bien un homme. Kun-ti ria légèrement en se disant qu'en effet, cela pouvait être assez difficile de se faire prendre pour une fille. Ça ne lui était jamais personnellement arrivé. Mais que voulez-vous, l'erreur est humaine, et avec ces traits fins et longs, il ne devait pas être le seul à se méprendre sur le sexe de ce garçon.

« C'est quoi votre nom, M'sieur ? »

Hoho ! Tiens donc, maintenant, se sentait-il plus en sécurité ? Kun-ti sourit. Il le savait, la cigarette est la clef des bonnes relations. La cigarette, c'est le bien !
Le jeune garçon alluma sa cigarette en finissant sa phrase et rangea son briquet de large truc qui lui servait de pantalon. *Ha la jeunesse...*
Kun-ti se décala de façon à ce que le jeune garçon puisse s'assoir s'il en avait envie, puis ferma les yeux un court instant, profitant de la brise légère qui venait de le traverser, avant de répondre au petit.

« Mon nom ? »

Il réouvrit les yeux. Oui, il était professeur, mais il paraissait plutôt légitime que son nom ne soit pas encore connu, puisqu'il venait juste d'arriver dans l'académie. Après tout, il n'avait même pas encore eu de cours.

« Je suis Mr Bai, le nouveau professeur d'histoire de l'université. Enfin tant que nous ne sommes pas en cours, tu peux m'appeler Kun-ti. »

Il sourit sur ces mots, puis se rendit soudain compte qu'il ne connaissait pas nom plus le nom du jeune élève. Il aspira une autre boufée de cigarette et reprit donc.

« Et toi, comment tu t'appelle mon grand ? »

Encore un tic qui lui était resté malgré les années. Il appelait toujours les filles « petites » et les garçons « mon grand », pour une raison que lui-même ne saurait pas expliquer. Enfin, toujours est-il que ce petit surnom ne le gênait en aucun cas. Pour lui, c'était encore une chose banale. À se demander comment il avait pu bien faire pour vivre aussi longtemps en société !
Il tira une nouvelle fois sur sa cigarette et regarda le jeune garçon attentivement.

S'il n'était pas nouveau, il était clair d'après cet accoutrement qu'il ne devait pas souvent aller en cour. Mémoire de folle jeunesse. Kun-tu sourit en se rappelant son propre passé. Lui qui avait failli être renvoyé à force de ne pas aller en cours était maintenant devenu professeur. Il ne faut jamais juger un livre sur sa couverture.
Il se releva et recommença à rigoler. Apparemment, ce rire n'avait rien de normal, il aurait même pu paraitre idiot et dénué de sens. Tout l'était chez Kun-ti de toute façon. Mais, en fait, ce rire avait un réel sens. Il riait, il se moquait des règles, des préjugés, de la déviance et de la vertu. Il ne croyait en rien, il ne croyait qu'en ce qu'il voyait, il ne croyait qu'au passé et qu'aux actes. Il se moquait de tous ceux qui n'avaient pas cru en lui, il se moquait de lui-même, pour avoir si longtemps pensé qu'il ne deviendrait sûrement qu'un pauvre homme accumulant les jobs. Il se moquait des évènements fortuits qui avait fait sa vie telle qu'elle était. Puis, son rire se calma, se retransformant en calme. Il se rassit doucement et finit sa cigarette.

« Excuse moi, il arrive que je me rappelle de choses très drôle sans vraiment le vouloir. »

Il ria encore légèrement, son sourire s'atténuait, mais le fous rire voulait persister. Il alluma une nouvelle cigarette.

« Tu es nouveau toi aussi je présume ? »

Spoiler:

Invité

Spoiler:

Alors comme ça Monsieur Kun-Ti Bai, ce type même pas fichu de différencier un garçon d'une fille, et qui proposait une pause clope aux élèves de l'Académie, était un professeur d'Histoire. À l'université. Un point pour lui alors, c'était pas demain la veille qu'Akita l'aurait en cours. Pire, avait l'assiduité que le jeune garçon mettait au travail, peut être bien qu'il n'irait jamais mettre un pied dans cette partie du campus. C'était regrettable, objectivement parlant, de gâcher sa jeunesse en restant dehors à fumer pendant que les autres bossent pour passer au niveau supérieur l'année suivante.

Le banc sembla trouver quelques attraits aux yeux d'Akita, qui posa ses fesses dessus, là où le prof lui avait fait un peu de place. Ce qu'il y avait de passablement intéressant dans l'histoire (pas l'Histoire, matière enseignée par cet espèce d'énergumène anormal qui se prétendait professeur, mais l'histoire qui concerne ledit professeur et la racaille qu'il avait fait s'échapper du cours de sport), c'est que Kun-Ti était ''nouveau''. Derrière ce simple mot se cachaient plus d'une réalité, et surtout justifiait en partie cette familiarité qu'il se permettait avec l'un des élèves de Keimoo, et pas des plus amicaux.
Il cherchait ses marques, et tentait de se faire bien voir.
Oui, vous direz, Akita en est resté à ce stade. Il n'est pas très ouvert d'esprit, surtout en ce qui concerne les enseignants, et se borne à croire que le visage amical arboré par le professeur n'est qu'une ruse, encore et toujours. À croire qu'il n'a pas confiance en la nature humaine, ce garçon là, toujours prêt à sortir les griffes. Non. Disons plutôt qu'elles étaient toujours sorties. Elles n'étaient pas rétractables comme celles d'un chat, elles étaient constamment à l'affut, prêtes à saisir la moindre victime à la gorge.

Malgré tout... Akita exhala la fumée de la clope en silence, à moitié perdu dans ses pensées. Il avait posé les coudes sur ses genoux et sa tête, anguleuse, reposait sur ses poings avec une nonchalance qui lui collait à la peau (bien plus que ses vêtements soit dit en passant). Il se demandait, enfin, dans quelle mesure il pouvait accepter le semblant de sympathie de Kun-Ti Bai. Car il fallait bien avouer qu'il était sympathique, lorsqu'on regardait sans trop se demander sur le pourquoi du comment. Le sortir du pétrin, l'empêcher de faire une connerie, lui proposer une cigarette et discuter de la pluie et du beau temps assis sur un banc... C'était plutôt agréable. Bon, bien sûr, il fallait oublier l'épisode de l'humiliation publique, et sa façon un peu paternaliste de l'appeler « mon grand ». Mais globalement, ce mec était cool.

Akita retira lentement la clope d'entre ses lèvres, pour répondre à la question du prof sur son identité. C'est presque avec morgue qu'il lança d'une voix rauque :

-Akita Moboshi.

Sauf que cet abruti de prof eut la bonne idée de se mettre à rire. Quoi, il y avait un problème avec son nom ? Ouais, c'était peu courant, mais on a tous ses raisons. Si ça lui plaisait pas, c'était pas son problème. Le jeune garçon s'apprêta à riposter, s'étant à moitié redressé avec des éclair dans les yeux, quand l'homme s'installa à nouveau sur le banc en justifiant son fou rire... Parce qu'il s'était rappelé de quelque chose de drôle.
Le jeune aux cheveux brun changea son regard assassin en un visage de profonde perplexité. Peut être qu'il lui manquait une case à ce mec. D'où la confusion sur l'identité ''physique'' d'Akita. Ceci explique cela, et il y avait quelque chose d'à moitié rassurant dans cette hilarité soudaine. C'était peut être un prof, mais dans le fond il était aussi timbré que les autres.
L'air vaguement méfiant et amusé, Akita reprit la parole, la clope à la main, observant du coin de l'oeil Kun-Ti Bai.

-Ouais...Nouveau, enfin récent récent quoi. Je débarque un peu dans ce monde de...fous, j'sais pas si je vais m'y faire mais on verra bien.

Anormalement bavard, pour le coup, Akita. Il faut croire que ce mec le mettait en confiance, petit à petit. C'était pas plus mal, notons, avoir un prof comme allié pouvait toujours servir en cas de problème. Comme en sport, par exemple. Ouais, c'était une bonne idée.