Faut pas lui faire peur ! [Masamune Jûta]

Ce matin, il faisait froid. Les températures avaient chuté la veille et un mince filet de brume flottait au dessus du sol. On ne pouvait pas y voir cinq mètres devant et regarder ses pieds, ce n'était même pas la peine d'essayer. Le ciel était couvert, partagé entre des teintes grises diverses. Du soleil ? Non, il n'y en avait pas aujourd'hui. Les nuages compacts ne laissaient filtrer aucune lumière céleste. Du mauvais temps, un froid désagréable... Une journée radieuse en perspective ! Bon, peut-être que le portrait est exagéré. Mais la vérité n'était pas loin de ça. Dans tous les cas, mieux valait ne pas sortir en débardeur.
A plusieurs kilomètres de la ville, la forêt dormait encore. Oiseaux et animaux en tout genre n'avaient pas encore le courage de se lever. Cela rendait les lieux bien calmes, même un peu trop. Pas un bruit dans cette vaste étendue de vert. Et c'est là que, dans un coin du bois, un rossignol se perchait sur une branche à moitié morte d'un chêne. Il s'élevait fièrement en entamant son chant. Prenons le alors pour un réveille-matin, qui oblige tous ses voisins à émerger du sommeil eux aussi.

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Il devait être aux alentours de huit heures du matin. Hoshiko n'en était pas sûre, elle avait oublié sa montre chez elle. Bien sûr, elle aurait pu sortir son ipod tout neuf pour s'en assurer... mais l'envie lui en manquait. Ses écouteurs collés aux oreilles, elle courait tranquillement entre les arbres. Ses longs cheveux bruns étaient remontés en queue de cheval, laissant mieux voir son visage fin. Pour sa tenue, rien de particulier : T-shirt et pantalon de sport, blanc et noir. A chaque seconde, ses tennis blanches touchaient le sol parsemé de feuille. Aïe, et dire qu'elles étaient propres ! Avec ça, elles n'allaient pas le rester longtemps. Toutefois, la jeune fille s'en fichait éperdument, plongée dans ses pensées. De sa bouche, un nuage de buée s’échappait pour se fondre dans la brume matinale. Un bras en avant, un bras en arrière ; mouvement de jambe… Une, deux, une, deux. Pas moyen de ralentir l’allure, l’adolescente était là pour son entraînement quotidien. Depuis un an déjà, elle courait dès qu’elle le pouvait afin d’entretenir son endurance. C’est son cher grand-père qui le lui avait demandé. A moins que ce soit sa mère… Les deux mordus de karaté dans la famille T’yae. Et dire que les deux filles suivaient le pas, et avec plaisir !
Il fallait l’avouer, ils avaient ça dans le sang. Etant la descendante du fondateur de cet art, Hoshiko se devait de pratiquer le sport de combat. Et elle le faisait, passionnée de karaté, tout comme Okimya.

"- …Habataku mono wo mukaeru sora. Shihaisareru no wo osoreyashinai..."

Sans même s'en rendre compte, la japonaise chantait tranquillement. En même temps, elle se croyait seule dans la forêt. Sinon, elle n'aurait sûrement pas fait un concert a capella pour un inconnu ! L’unique son qui s’échappait de ses oreillettes était celui de la batterie, à moins que ce soit du bruit purement électro. Pas moyen de le savoir si l’on n’écoutait pas la dite musique. En tout cas, c’était rythmé, pratique pour motiver une course à pied dans la forêt. Surtout qu’elle n’entendait rien de ce qui se passait autour d’elle… strictement rien. Et s’il y avait des pervers ? Cette possibilité traversa soudain l’esprit de l’adolescente. Jusqu’à aujourd’hui, elle n’avait jamais rencontré le moindre problème à ce sujet. Cependant, mieux valait rester prudent…

*- Pas moyen… Il n’y a personne, pensait-elle afin de se rassurer. Je n'ai aucune raison de stresser pour si peu.*

De toute façon, même si un psychopathe essayait de la toucher, il se prendrait un magnifique coup de pied renversé dans le ventre et on en parlerait plus. Mais ce n’est pas ça qui fit disparaître les doutes de la lycéenne. C’est pourquoi elle ralentit sa vitesse de course jusqu’à s’arrêter. Enlevant l’un de ses écouteurs, elle se tut et écouta ce qui se passait d’autour d’elle. Dans son dos, elle perçut un bruit suspect qui la fit réagir aussitôt. Levant la jambe, elle fut aussi rapide que l’éclair et cria :

" - DEGAGE , PERVERS !!! "

Nuit courte et dur. Jûta n'aimait pas ces nuits où les cauchemars vous empêchent de récupérer de votre journée. Il avait passé une bonne partie de sa nuit a se tourner et retourner sans parvenir a attraper le sommeil qui le fuyait sans cesse. Très tôt ce matin là il se leva. Ces colocataires n'étaient pas là, comme bien souvent en fait. Le jeune sportif commença sa journée par une série d'étirements. Il était à peine 6h30. Jûta soupira, il se sentait un peu fatigué, mais il se devait de se bouger un peu. Il savait que l'entrainement lui ferait du bien.

*Hum vers 7h30 j'irais courir dans le parc, ça me fera du bien, en plus il n'y a personne, je pourrais aller courir en tenue d'entrainement pour après être prés pour l'entrainement sur la pelouse, ça me fera comme au dôjo, je serais comme cela tranquille. Les gens ne viennent pas avant 10 ou 11h généralement.*

Le jeune homme s'échauffa bien comme il fallait. Il regarda dehors et soupira, le temps n'était vraiment pas des plus merveilleux, mais c'était le plus important de s'entrainer tout les jours. Il était le meilleur de sa catégorie et il comptait le rester le plus longtemps possible. Il enfila le kimono blanc brodé avec son éclair sur le bras, dessous un t-shirt blanc histoire de ne pas avoir trop froid pour le début et enfila des baskets noires. Il sorti de l'académie à petites foulées. Il préférait prendre son temps pour s'échauffer avant de courir vraiment. Il s'était imposé cette discipline de fer depuis un long moment et cela avait porté ces fruits. il arriva dans le parc. C'était désert comme il l'avait prévu. Il commença alors tranquillement a courir le long des allées. On ne voyait pas très bien mais il y voyait assez pour ne pas heurter quelqu'un d'autre. C'était un matin comme il les aimait en fait, personne pour vous embêter, un temps un peu gris qui laissait le cœur au repos et les émotions au loin. Mais comme à son habitude il abordait un visage froid et impassible

*Il ne fait pas chaud mais c'est bien comme cela, il n'y aura personne et je pourrais m'entrainer tranquillement. Je sais que j'ai une épreuve prochainement dans ma catégorie et je dois être le meilleur. *

Il entendait des pas, mais s'en fichait un peu, surement un adepte du jogging le matin tout comme lui. Alors qu'il courrait tranquillement un vit une jambe se tendre vers comme pour le frapper. Il eu juste le temps de l'arrêter avec son bras. Le coup était vraiment puissant et rapide et le jeune homme était content d'avoir des réflexes sinon il serait déjà par terre

"Je peux connaitre la raison de cette soudaine agression ?"

Sa voix n'avait aucune intonation particulière

Les réflexes l'avaient emportés sur la raison et le pied d'Hoshiko était parti de lui-même. Il était incliné de sorte à frapper l'adversaire sur le torse, ce qui lui aurait coupé le souffle aussi sec en le mettant par terre. Mais ce ne fut pas le cas, à son grand étonnement. Si, comme elle l'avait crut, il s'agissait d'un pervers, il serait déjà mis K.O. ! Or, il avait arrêté son pied par la simple action de son avant-bras. Comment avait-il donc fait ça ? Il était fort. Ce n'était pas tous les jours que la jeune fille se faisait bloquer de la sorte. Et l'était dans les meilleurs du Dojo de son grand-père. Ce pervers devait être vraiment fort... Ah zut c'est vrai, ça ne peut pas être un pervers ! Il fallait vite que la japonaise mette de l'ordre dans ses idées. Les yeux ronds de surprise, elle était immobile, la jambe toujours en l'air et plaquée contre le bras de son interlocuteur. Une seconde, trois, huit. Bientôt, une trentaine de secondes s'écoulèrent sans qu'Hoshiko ne daigne bouger. Alors, elle remarqua dans quelle position fort désagréable elle les mettait tous les deux. Tout d'abord, ce n'était pas très sympathique d'avoir la jambe levée, prête à frapper de nouveau. Enfin, elle imaginait bien que ce n'était pas agréable non plus pour ce garçon de se faire agresser de si bonne heure le matin.

*- Le pauvre... Il doit vraiment me prendre pour une psychopathe, ne put-elle s'empêcher de croire. Faudrait peut-être que je pense à retirer mon pied d'ailleurs... Oui, commençons par ça !*

Lentement, la japonaise abaissa enfin sa jambe. Elle abandonna sa position d'attaque et leva la tête vers celui qu'elle avait tenté d'assommer. Car jusqu'à maintenant, elle n'avait même pas vu son visage, trop préoccupée par le bras qui l'avait tenue en échec. Elle l’examina alors scrupuleusement, ne loupant aucun détail sur ses yeux, ses cheveux et même son arcade sourcilière ! Les cheveux mi-longs, la peau blanche et des yeux noirs de jais, il était mignon. Vêtu d’un kimono blanc et des… oui des baskets noires ! Il semblait avoir couru avant leur rencontre pour le moins explosive. Alors il faisait comme elle ? Pourtant, à cette heure de la matinée, c’était vraiment rare de croiser des gens au beau milieu de la forêt. Encore plus des adolescents. D’ordinaire, les personnes entre 17 et 19 ans passaient plutôt leur matinée à dormir ou… décuver, au choix. Pour sa part, Hoshiko n’était ni l’un, ni l’autre. Enfin bon, là n’est pas la question !
Tandis qu’elle l’observait, la karatéka se rendit compte que son visage lui disait vaguement quelque chose. L’avait déjà vu au dojo ? En soirée ? Ou peut-être bien à la télé ? Non, elle l’avait croisé au lycée, elle en était certaine maintenant. Mais bon, difficile de mettre un nom sur une personne qu’on a peut-être croisé qu’une fois dans un couloir. C’est alors que le kimono fit tilt dans sa tête ! Ça y est, elle savait qui il était. Ce n’était autre que le capitaine de son club de karaté auquel elle allait souvent et dont sa petite sœur était la vice-présidente. En tant que simple membre du club, la jeune fille y allait de temps en temps pour les entraînements, favorisant néanmoins les cours au dojo de son grand-père.

- Oh excuse-moi, déclara-t-elle soudain d’un air confus. En fait je t’ai pris pour un pervers. J’ai entendu dire que récemment, il y avait eu une agression dans ces bois donc pendant que je courais, j’ai commencé à me faire des histoires juste au moment où tu es arrivé.

Alors si avec ça, il ne prenait pas ses jambes à son cou, c’était qu’il était bien courageux ! D’ordinaire, la plupart des personnes normales n’aimaient pas qu’on les traite de pervers… Et pourtant Hoshiko l’avait dit ouvertement. Bien entendu, il n’avait pas une tête de pervers, loin de là ! Disons plutôt qu’il était arrivé au moment crucial où, dans les films, la jolie fille se fait toujours avoir par le tueur. Pas de chance pour lui, mais en attendant il lui avait bien fait peur !

- J’espère ne pas t’avoir trop surpris, ce n’est pourtant pas dans mes habitudes d’agresser les gens sans raison, s’empressa-t-elle d’ajouter, souriante mais gênée. Tu es Masamune Jûta, non ? Enchantée, je m’appelle Hoshiko T’yae.

Comme pour réconcilier ce qui venait de se produire, l’adolescente esquissa un sourire radieux à son interlocuteur, priant pour qu’il ne la prenne pas pour la détraquée de la forêt.

Jûta regardait la garde de la jeune fille et sa façon de frapper. Bon son coup était bien placé mais peu être pas assez fort et puissant. Elle n'avait pas assez donner cette impulsion violente qu'on pouvait faire, mais elle était vraiment forte. Le jeune homme était quand même vraiment surpris de se faire agressé de la sorte. Quand elle baissa son pied et qu'elle abandonna toute garde réelle, le sportif baissa aussi sa garde très peu. Il n'avait pas envie de se faire agressé de nouveau. Jûta ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes quand elle lui parla d'agression. Il n'avait jamais eut de soucis lui même en venant tout les jours, tôt le matin pour garder sa forme. Bon aussi les garçons se font moins agresser que les filles.

*Euh moi ....pervers...elle abuse....bon je veux bien croire que c'est étrange un garçon qui court le matin, enfin une fille aussi, mais il ne faut pas abuser, faire du jogging y a rien de mieux pour se détendre, mais bon c'est surtout les vieux ou certains cadres qui courent le matin avant d'aller travailler pas des ados. *

Jûta n'étais plus vraiment sur ses gardes, étant donné qu'il se savait capable de la contrer, ou du moins encaisser a peu prés ses attaques si jamais elle décidé de s'en prendre à lui. Mais son visage lui était familier même s'il ne savait plus trop d'où. Il la laissa parlé tranquillement avant, de sa voix chaude mais froide comme toujours. Il savait qu'il avait cette réputation de froideur même s'il n"était pas agressif

"En effet je suis le capitaine du club de karaté...Ton nom me dit quelques chose.....Ah oui tu dois avoir une sœur non qui est dans le club ? je crois même qu'elle est la vice-capitaine...."


Le jeune homme lâcha sa garde complétement. Il était en présence d'une élève de l'académie, il n'avait pas à craindre beaucoup de chose, surtout avec une membre de son club. Il lui fit un sourire amical malgré son air légèrement distant.

"Je me disais bien que ton visage m'étais familier, même si je ne connais pas encore tout les membres du club, car certains ne viennent que rarement. "

Il fit une nouvelle pose. Autant qu'il la rassure un peu, elle devait avoir été un peu inquiété par toute ces rumeurs plus ou moins loufoques.


"Pour les pervers, bah je n'en ai pas vu ici, c'est un peu trop tôt pour eux, et vu le temps, je ne pense pas que les gens vont sortir, donc on ne risque de croiser que des personnes qui font le footing matinal. Mais je comprend que tu es pu avoir peur, on entend tellement de chose qu'on ne sait plus trop quoi penser....sinon jolie coup de pied, mais avec un brin de puissance en plus, il ferait encore beaucoup plus mal...."

*Faut que je pense aussi a m'entrainer pour mon coup de pied gauche, qui est quand même point puissant que le droit. Je vais me faire des séries d'exercices ensuite, ça sera pas plus mal *

"Cela te dit qu'on courre ensemble ? a deux on risque rien....enfin vu tes réflexes je pense que seule tu ne craint pas grand chose non plus...."

Passer notre sixième Dan tous les deux ? Pourquoi pas, c'est une excellente idée ! En réalité, j'ai passé le cinquième l'été dernier pendant un stage à la maison. Mais c'est encore trop bas.

Jûta comprenait bien ce que voulait dire la jeune fille. Au moins elle visait haut et cela plaisait assez au japonais. Il n'était pas vraiment en retard sur elle, il n'avait simplement pas passer son Dan car il avait eut d'autre soucis l'année d'avant alors il s'était concentré sur autre chose de prioritaire. Mais il allait vite remédier à ce retard. Il écouta alors sa vis à vis s'excuser. C'était gentil de sa part, mais le jeune homme ne se sentait pas vraiment vexé.

Désolée, j'espère ne pas t'avoir énervé. En fait, mon grand-père tient une des plus grandes écoles d'arts martiaux et la famille T'yae est la descendante directe du fondateur du karaté. Peut-être le savais-tu déjà mais bon... En tout cas, ma sœur et moi pouvons prétendre au titre d'héritière de l'école. Et je compte bien atteindre mon dixième Dan pour devenir le soke de la famille.

Jûta hocha la tête. Il comprenait de mieux en mieux les ambitions de la jeune fille et cela lui donnait du baume au cœur, il était de plus en plus persuadé que leur club serait l'un des meilleurs cette année avec de telle recrues. Il eut un grand sourire quand Hoshiko le rassura sur sa présence pour le tournois. Il eut aussi un bref rire quand elle lança que les adversaires devraient être fort. Il était bien d'accord avec elle, mais vu les noms qu'on lui avait envoyé, il y aurait surement de très beau match. Bien entendu, il n'y aurait pas de match mixte, hormis pour la petite nouveauté qu'il allait présenter prochainement au différents capitaine des club des autres académies. Quand elle tourna la tête pour écouter le bruit qui les suivait depuis cinq ou six minutes, il soupira intérieurement, lui qui espérait ne pas avoir a courir vite dès maintenant. Il se doutait bien que c'était des jeunes qui cherchaient à embêter de pauvre coureurs.

"Hum....non il n'y a rien ici. Aller il est temps d'accélérer comme on l'avait prévenu, on est assez rester a ce rythme là"

Il fixa sa camarade dans les yeux en tentant de lui faire comprendre que oui il avait bien entendu un bruit, mais que pour éviter tout affrontement inutile, il valait mieux faire croire qu'on avait rien entendu et accélérer le rythme. Jûta agrippa le poignet de la jeune femme et partie a grande vitesse. Il n'était pas un coureur né, mais l'entrainement lui avait donné des cuisses solides pouvant tenir une certaine distance a pleine vitesse et il se doutait que sa camarade en était out aussi capable. Ils courrurent ainsi quelques minutes, pour arriver dans un espace dégager. Jûta lâcha la bras de sa compagne et se tourna vers elle, avec un pauvre sourire d'excuse

"Désolé, mais je n'avait pas vraiment envie de me battre ce matin, bien entendu s'ils reviennent à la charge, la tu pourra me laisser m'en charger ? Ce n'est pas que je doute de ta force, mais j'ai envie de leur montrer qu'on aime être tranquille. Enfin je sais que si un arrive derrière et tente de te faire mal il va s'en mordre les doigts en pensant que tu es une faible femme. "

Jûta se tourna vers le chemin qu'il venait de parcourir. Il n'y avait pas de bruit, et cela le rassurait, mais vu qu'on ne voyait pas a plus de 10 mètres on ne pouvait être sure de rien. Il pris une grande inspiration, il avait présumé de son souffle, il sentait un pointe de douleur dans la poitrine, mais il ne comprenait pas trop pourquoi, mais il ne montrait rien. Il se tourna de nouveau vers Hoshiko.

"En fait, je suis également niveau 5éme Dan, mais pour des raisons de santé je n'ai pas eut l'occasion de le passer, mais si je le passe lors du tournois, j'espère que tu sera là et bien entendu que tu m'aidera à la préparer. Cela me ferait plaisir d'avoir tes conseils car entre professionnels, je pense qu'on est capable de se corriger et d'apprendre l'un de l'autre. "

Jûta était vraiment heureux, il avait trouvé quelqu'un avec qui partager une passion et surtout échanger des conseils et des techniques plus ou moins subtiles pour les combats. Alors qu'il allait de nouveau parler, un bruit de feuille et de soupires et de ricanements mauvais se fit entendre. Le jeune karatéka soupira un peu bruyamment. Il fit un clin d'œil a sa partenaire et se plaça devant elle comme pour la protéger, mais évidement c'était un leurre. Si les gens en face d'eux pensaient avoir à faire a de simple coureurs, ils allaient avoir très vite des soucis.

"Bon, je pense qu'on va s'amuser non ?"

Il avait dit cela à voix basse juste pour Hoshiko, avec un nouveau clin d'œil et un grand sourire. Bon bien sur il sentait toujours la douleur dans sa poitrine, mais il ne montrait rien. Il prit un tête un peu effrayer et une position ridicule de défense. Il devait se mordre les lèvres pour ne pas éclater de rire devant ce spectacle qu'il donnait.

*Moi qui pensait être tranquille à courir et a m'entrainer avec une équipière c'est un peu raté pour le moment, enfin bon, je ne crois pas que face a deux maitres de karaté les imbéciles en face, reste entier longtemps. *

Les seules choses qui gênaient le jeune homme étaient qu'il ne savait pas combien ils étaient et d'où ils allaient sortir et aussi sa douleur plus ou moins violente dans la poitrine

Tout d'abord, Hoshiko ne put s'empêcher d'hausser les sourcils, surprise que Jûta lui assure qu'il n'avait strictement rien entendu. Pourtant, elle était certaine qu'il ne s'agissait pas de son imagination ! Certes, il lui arrivait d'en avoir en réserve -elle l'avait prouvé dix minutes plus tôt-, mais pas à ce point. Elle avait perçu un bruit, sans hésiter. Puis, elle comprit en croisant le regard de son coéquipier. Elle n'avait donc pas divagué mais il voulait simplement tromper leurs poursuivants. Comprenant la tactique de diversion, elle se contenta d'acquiescer d'un faible signe de tête. Elle s'apprêtait alors à partir quand le jeune homme lui agrippa le poignet, à sa plus grande surprise. Néanmoins, elle se laissa entraîner en courant derrière lui. Ils eurent une piquée d'accélération qui l'obligea à se presser après une allure lente. Ce changement de vitesse la déstabilisa au début avant qu'elle ne parvienne à s'adapter au rythme qu'on lui imposait. Elle frôlait à peine le sol, courant à toute allure afin d'échapper aux adolescents malintentionnés. Comme elle faisait confiance à Jûta, la japonaise avait la tête baissée afin d'éviter d'éventuels rochers ou racines traîtresses dépassant du sol. Avec un peu de chance, ils les avaient semé ! Aucun moyen de le savoir à cause de la brume agaçante qui les enveloppait toujours. Une fois qu'ils arrivèrent dans une petite clairière, la karatéka fût lâchée par son compagnon et put enfin souffler. Elle n'était pas encore fatiguée mais il fallait qu'elle reprenne une respiration normale après cette bouffée d'adrénaline. Ceci fait, elle écouta Jûta qui lui expliquait le pourquoi de ce geste. Bien qu'un peu intriguée par sa requête, elle ne refusa pas en haussant les épaules.

- Comme tu veux. Il est vrai qu'en plus, s'ils nous attaquent, ils s'en prendront d'abord à toi. Pour eux, tu seras la menace, et pas moi. Enfin après ça dépend s'ils sont fourbes ou pas, souligna-t-elle en souriant. Dans ce cas je serai leur cible et comme tu l'as dit, ils s'en mordront les doigts.

Apparemment, tout comme elle, Jûta n'avait pas trop apprécié le changement brutal de rythme et inspira longuement. En clair, rien d'anormal et c'est pourquoi elle ne chercha pas plus loin. Calmement, elle tâta ses cheveux et remarqua que sa queue de cheval était à moitié défaite. Mince, à quoi devait-elle ressembler là ? Aussitôt, elle enleva l'élastique bleu nuit qui soutenait sa chevelure noire et le pinça entre ses lèvres. Elle se mit à se recoiffer, au beau milieu de la forêt, alors que des assaillants les menaçaient à chaque instant. Logique... Instinctivement, quand son interlocuteur lui parla, elle leva les yeux vers lui sans arrêter sa tâche. Qu'elle devait avoir l'air bête à refaire sa coiffure, un élastique dans la bouche. Dès qu'elle eût terminé, elle acquiesça énergiquement de la tête avec un franc sourire. L'idée de pouvoir aider son capitaine de club lui plaisait, surtout qu'elle aimait rendre service aux autres. Alors lui donner des conseils ne la gênait pas, au contraire. De plus, elle pensait en être capable après des années de pratique.

- Ah je n'étais pas au courant... J'espère que tes problèmes de santé ne te gênent plus désormais. En tout cas, si tu comptes le passer pendant le tournoi ça ne me dérange pas de t'aider. Il m'arrive de donner des cours aux petits du dojo quand ma mère est occupée alors j'ai l'habitude, expliqua-t-elle calmement. Pas que je te considère comme un petit ! Mais disons que j'ai l'habitude de conseiller les autres. Cela m'arrive aussi quand je m'entraîne avec Okimya. Donc... c'est d'accord !

Nouveau craquement de bois. Cette fois, il était accompagné d'un bruissement d'étoffe qui attira l'attention d'Hoshiko. On aurait dit un crissement de parka contre une branche de buisson. Vive comme l'éclair, elle se retourna en direction de ce bruit en fronçant légèrement les sourcils. Cette fois, les adolescents turbulents se faisaient moins discrets. Ils se mettaient même à rire en imaginant sûrement la trouille qu'ils pensaient faire à leurs victimes. Mais ça, pas moyen. Quelle bande d'idiots... Ne pouvaient-ils donc pas être tranquilles cinq minutes ? Si Jûta ne s'était pas improvisé en bouclier humain factice, la lycéenne se serait bien occupée personnellement de leur cas à tous. Malheureusement, il fallait suivre leur plan et donc, qu'elle joue la fille fragile et apeurée. Mine de rien, ce n'était pas son fort. Calme et confiante, elle avait du mal à être effrayée et dût s'y forcer. Ramenant les mains contre sa poitrine, elle se recula d'un pas en prenant l'expression la plus affolée qu'elle pouvait. Néanmoins, le clin d'oeil amusé de son partenaire la déconcentra et Hoshiko sourit à nouveau en se retenant de rire.

- J'en ai bien l'impression aussi, murmura-t-elle en se rapprochant de lui, comme pour qu'il la protège.

Et là, vint l'attente. Derrière l'épais brouillard, les ados déchaînés devaient se douter qu'ils étaient repérés. Ils étaient sûrement en train d'imaginer un plan d'action, à moins que ça ne soit déjà fait. Ils s'étaient soudainement tus et il était impossible de savoir où ils pouvaient bien se trouver ou même combien ils étaient. Bien sûr, cela jouait contre les deux karatékas qui se retrouvaient piégés dans la petite clairière. Leurs assaillants pouvaient arriver par tous les côtés pour les surprendre. Hoshiko, elle, comptait sur ses réflexes pour la prévenir d'un éventuel danger. La bande semblait tarder à attaquer, comme s'ils jouaient avec leurs victimes. Qu'à cela ne tienne, ils allaient quand même se prendre une belle raclée ! Qu'ils daignent avancer et là, ils se prendraient un coup là où on pense. Ce ne fut qu'au bout de deux minutes que le dénouement arriva.

- En avant ! Hurla l'un des adolescents à travers la brume.

Suite à cet ordre, deux garçons plutôt musclés s'avancèrent vers Jûta qui affichait toujours, avec de grands efforts, la même expression effrayée que sa coéquipière. Cette dernière ne se faisait pas de souci pour lui, il allait leur faire une tête au carré sans problème. Tandis qu'ils s'approchaient rapidement, Hoshiko eût le temps d'analyser leurs mouvements et de trouver une faille dans leur attaque. Comme elle aurait aimé se joindre au karatéka ! Elle voulait aussi montrer à ces imbéciles de quoi elle était capable. Comme pour répondre à ses attentes, un autre ado au blouson de cuir et lunettes de soleil style aviateur se glissa sournoisement dans son dos. Quelle stratégie ringarde... C'était typique du "j'occupe le garçon pour lui prendre la fille". Pitoyable. A cause de sa démarche balourde, la japonaise l'entendit arriver et se retourner, se mettant dos à Jûta. Son air épouvanté se transforma en un sourire charmeur qui ne parût même pas surprendre le gars. Sûrement trop sûr de lui, il avança ses sales mains pour l'attraper mais rencontra le bras d'Hoshiko. Celle-ci lui agrippa à son tour l'avant-bras et, profitant de cet appuie, projetta la jambe gauche qui vint frapper son adversaire à la tête. Sous la puissance du coup, il tituba sur le côté alors que la jeune fille se réceptionnait sur le genou. D'un air satisfait, elle se redressa et s'épousseta les mains en fixant la brume devant elle.

- Alors, à qui le tour ?
- Sale garce ! Vous allez le regretter tous les deux, répliqua un autre.

Cette fois, toute la bande sortit de sa cachette. En tout ils étaient quatre, sans compter les deux assaillants de Jûta et le mec déjà sonné. Blouson de cuir et l'air méchant, ils ressemblaient à un de ces gangs japonais qu'on voyait à la télé. Un style un peu dépassé, il fallait l'avouer. Celui qui était le plus en avant, sûrement leur chef, semblait vraiment énervé. Là, les choses sérieuses pouvaient enfin commencer.

Jûta devait faire un effort monumental pour ne pas éclater de rire. Quand il entendit l'ordre arriver, il lui fallut un énorme temps de concentration pour ne pas changer sa garde. Quand il observa les deux qui avançaient il soupira, les défauts dans leur gardes étaient aussi grand qu'un trou noir. Quand il senti le mouvement de sa compagne il eut un énorme soupire. La technique était veille comme le monde mais tellement stupide face a deux personnes aussi bien entrainées qu'eux deux. En voyant les quatre autres sortir, Jûta changea immédiatement de garde. Et aussi vif que l'éclair il passa en mouvement. Contre de gros balourds il savait qu'il n'aurais aucun soucis. Il passa la garde du premier et lui fit une prise rapide qui l'envoya rouler au sol au pied de celui qui semblait être le leader. Le second ne réagissant pas il lui envoya un magnifique coup de pied rotatif, certes pas aussi violent que ce qu'il faisait d'habitude, mais assez pour l'assommer un certain temps.


"Bon maintenant, vous nous laissez tranquille ou le sort que je vous réserve risque d'être un peu moins plaisant que pour les trois idiots au sol. Et je crois que vous avez vu que ma camarade est tout aussi capable de se défendre que moi. "

Les autres se regardèrent et sans rien se dire se ruèrent sur le karatéka. Il n'y avait pas de tactique, juste une tentative de force brute pour lui faire peur. Le visage du jeune homme, calme depuis la fin des deux premiers, changea. Il aborda une expression dur. Il attendit que le premier arrive et se servit de lui comme un tremplin pour effectuer un double coup de pied sauté sur le second. Ce dernier tomba la tête en sang et un bras contre le ventre. Il avait été rapide, du a son entrainement. La douleur dans la poitrine se fit soudain plus violente et il grimaça au moment ou les bras de l'autre se refermèrent sur son torse.


"Mauvaise idée mon gros, je suis une arme a moi tout seul"

Jûta lui décocha un coup dans les genoux l'obligeant ainsi a le lâcher. Il en profita pour lui donner un coup du tranchant de la main au niveau des cervicales pour l'assommer. Il sentait une vive brulure au niveau de la poitrine mais il voulait finir ce qu'il avait commencer avant de pouvoir arriver a se détendre. Les deux autres réagirent de la même façon que les premiers, ce coup-ci Juta s'énerva rapidement et la cloua au sol avec une planchette japonaise. Il était de mauvaise humeur, on lui gâchait sa matinée de course. Quand les six imbéciles restèrent au sol, il leva son regard vers le chef et vit un pas vers lui. La douleur le transperça de part en part et il faillit tomber à genoux, mais reprenant le dessus, il continua a avancer. Le chef sorti alors un couteau et plongea, Jûta frappa son poignet pour lui faire tomber le couteau et le souleva de terre. Il sentait qu'il faiblissait. Il reposa le type alors au sol

"Hoshiko, je te le laisse, je pense que tu peux lui apprendre les bonne manière mieux que moi. "

Il lui sourit et se recula jusqu'à la jeune fille sans le quitter des yeux. Arriver prés de sa camarade, il tremblait tant la douleur le transperçait. Il fit un signe à la jeune femme de finir le travaille. Elle était douée, autant qu'elle en profite. Il en avait abattu 6 a lui, il n'avait pas été galant sur ce coup-ci.

"Désolé au fait, j'aurais du t'en laisser, mais ils m'ont un peu trop agacé. J'espère que tu ne m'en veux pas. "

En disant ces mots là il s'effondra la main sur la poitrine. Mais peu après il ouvrit les yeux, ne comprenant pas ce qu'il faisait ainsi allongé. Il resta sans bouger, ne comprenant pas ce qu'il s'était passé.

*Mais qu'est ce que je fait par terre moi ? il s'est passé quoi la ? ça fait mal, je dois reprendre mon souffle surtout, aprés tout ira mieux. *

Apparemment, le gars moitié assommé ne semblait pas avoir dit son dernier mot. Même s'il devait avoir un mal de crâne incroyable, il refit face à son opposante qui eût tôt fait de s'en débarrasser à nouveau. Comme il titubait dangereusement, il avait du mal à s'approcher et se prit un joli coup de pied dans le ventre. Il se fit envoyer valdinguer contre un arbre qu'il se prit de plein fouet. Cette fois, il était hors concours, complètement évanoui derrière ses copains. A cause de son combat, Hoshiko s'était décalée sur le côté, laissant Jûta en plan. Le chef de la bande en avait profité pour envoyer tous ses pions sur la menace qui représentait le karatéka. Ce dernier, fort heureusement, contrôlait parfaitement la situation. Par contre, il semblait hors de lui. Qu'on s'attaque ainsi à lui devait beaucoup l'énerver pour qu'il arbore une expression aussi impénétrable. Mieux l'avoir en ami qu'en ennemi ! Il n'y avait pas à dire, le jeune homme était un adversaire redoutable. Il enchaîna rapidement les prises, trop vite pour que ses assaillants puissent réagir. Ces derniers agissaient de manière désordonnée, attaquant sans harmonie. Ils se contentaient d'attaquer de front avec leurs poings sans prendre le temps d'analyser les mouvements de Jûta. Celui-ci en profitait alors, parant leur garde sans effort. Mine de rien, c'était assez sympa à regarder. La japonaise observait le combat avec intérêt, comme s'il avait s'agit d'un duel d'entraînement. Décidément, le chef du club devait bien s'amuser ! Lorsqu'il envoya l'un de ses adversaires au loin, ce dernier atterrit près d'Hoshiko qui ne manqua pas d'applaudir joyeusement le coup.

- Bien joué Jûta, tu te débrouilles vraiment bien, fit-elle remarquer en souriant.

Cependant, son sourire disparut aussitôt quand l'adolescente vit son interlocuteur s'avancer d'une façon étrange vers le seul survivant de ce combat. Il paraissait affaiblit et se tenait la poitrine de manière inquiétante. Elle voulut alors s'avancer pour lui porter secours quand il se redressa, comme si de rien n'était. Mais pendant cette faiblesse passagère, le leader du gang avait sortit un coutelas de son blouson. Cette fois, les événements prenaient une tournure inquiétante. Passer aux armes blanches laissait entendre qu'il n'avait plus rien à perdre. Ses camarades s'étaient faits battre à plate couture, il était complètement angoissé. Il n'avait plus qu'un carte à jouer : celle de l'intimidation. Il menaça Jûta de son arme en reculant légèrement pour lui échapper. Toutefois, cela ne sembla pas inquiéter le lycéen qui ne broncha pas. C'est pourquoi, tentant le tout pour le tout, il attaqua en hurlant. Plus rapide, ce fut le karatéka qui réagit en premier et lui fit lâcher le couteau. De son côté, Hoshiko en fut soulagée. Mais alors qu'elle pensait connaître l'issue du combat, elle vit Jûta reposer son opposant à terre. Il avait l'air fatigué et lui proposa de s'occuper du garçon. Bien que peu rassurée par le comportement de son coéquipier, la japonaise esquissa un petit sourire.

- Entendu, je vais lui apprendre qu'il ne faut jamais sous-estimer sur une fille, tu peux compter sur moi là-dessus.

Afin de ne pas laisser le temps à cette vermine de s'échapper, elle voulut s'avancer pour le rejoindre. Au passage, Jûta la rejoignit en lui souriant. Plus elle le regardait, plus elle remarquait qu'il n'était pas bien. Il tremblait, et ce n'était sûrement pas de froid. Son combat l'avait-il à ce point fatigué ? L'étudiante en doutait, vu comment s'était débrouillé le jeune homme jusqu'à maintenant. A lui seul, il avait mis tous ces malfrats hors d'état de nuire ! Ce n'était pas rien quand même, il était vraiment fort. Alors pourquoi un air si épuisé ? Elle ne comprenait pas, ce n'était pas logique à ces yeux. Mais une chose était sûre, il valait mieux qu'elle s'occupe du dernier en effet. Elle était encore en pleine forme et elle ne voulait pas que Jûta s'épuise plus que nécessaire. Elle le quitta alors en s'approchant du dernier adolescent.

- Ne t'en fais pas, ça ne me dérange pas que...

BOUM. Hoshiko entendit un bruit étranger dans son dos qui la fit aussitôt pivoter. Elle écarquilla les yeux en voyant que son partenaire s'était effondré sur le sol en tenant toujours la poitrine. Stupéfaite, elle ne savait plus quoi faire. Devait-elle s'occuper du chef de bande ou de Jûta ? Elle hésitait, ne pouvait décemment pas laisser le lycéen à terre. Toutefois, la menace ne s’était pas encore totalement éradiquée avec ce psychopathe au couteau. D'ailleurs, où était-il ce couteau ? La karatéka se souvint avoir aperçu un éclat argenté deux mètres sur la gauche. Elle tourna alors la tête pour si c'était bien ça et fut stupéfaite de voir l'adolescent malveillant courir pour récupérer son précieux. Situation critique ! Il fallait l'en empêcher. S'excusant intérieurement auprès de Jûta, l'adolescente s'empressa de se diriger dans cette direction. Le garçon avait pris de l'avance et posa sa main sur la lame du coutelas. Mauvaise idée. Sans plus tarder, la japonaise lui écrasa les doigts, plaquant sa paume sur le sol, ne manquant pas de blesser son adversaire avec l'arme. Celui-ci posa les yeux sur la basket avant de lever la tête vers sa propriétaire. Cette dernière le fixait en fronçant les sourcils, l'air pas très commode. Si c'était à cause de lui que Jûta était dans un tel état, il allait le regretter.

- S'il-te-plaît j'ai rien fait de mal ! On voulait juste se marrer un peu, gémit le garçon qui avait perdu toute fierté.
- Ah ouai ? Bah tu vas voir comment je me marre moi.

Sans enlever son pied afin de retenir son opposant, Hoshiko leva sa jambe libre. Prenant bien son temps, elle la positionna au-dessus du garçon et l'abattit sur son crâne. A cause de sa chaussure, la tête du chef de gang fut blessée et se mit à saigner abondamment. Fort heureusement pour lui, ce n'était qu'une blessure superficielle. Complètement assommé et le visage dans la boue, il ne représentait désormais plus aucun danger, comme ses amis. Voilà une bonne chose de faite. Tournant les talons, l'adolescente se précipita afin de venir en aide à Jûta. Ce dernier était conscient, mais toujours allongé par terre. Inquiète, elle vint alors se mettre à côté de lui, à genoux. Et tandis qu'elle le fixait d'un regard soucieux, elle le noya sous une tonne de questions.

- Tu vas bien ? Tu as mal quelque part ? Est-ce que tu veux que j'appelle les pompiers ? Tu peux marcher tout seul ? Tu préfères que je t'aide ? Est-ce que tu m'entends ?

- Tu vas bien ? Tu as mal quelque part ? Est-ce que tu veux que j'appelle les pompiers ? Tu peux marcher tout seul ? Tu préfères que je t'aide ? Est-ce que tu m'entends ?

Jûta l'entendait parfaitement bien, mais il avait du mal a bien comprendre ce qu'il lui arrivait. Il sentait toujours cette vive douleur, mais moins poignante que quelques secondes avant. Il se redressa sur les coudes pour regarder sa compagne qui le noyait sous pleins de questions. Il lui dit avec un sourire las mais un ton gentil

"Laisse moi le temps de répondre a tes questions, sinon oui je t'entend bien. Je vais avoir du mal si tu en pose trop à la fois....Je vais....hum pas forcément bien mais un peu mieux, mal....hum oui....N'appelle pas les pompiers, ça devrais aller...."

Le jeune homme pris une grande inspiration qui le fit grimacer. Mais il arriva a se redresse et a se mettre a genoux. Bon la tête lui tournais mais c'était tout à fait supportable. Le sportif se demandait vraiment ce qu'il s'était passé, il n'avait pas forcé pourtant, et surtout pourquoi une douleur à ce niveau la. Il fixa son regard sur sa compagne et continua avec le même ton assez faible

"Pour ce qui est de marcher, je vais attendre deux trois minutes et je pourrais te dire si j'y arrive. Le temps que tu arrête de bouger dans tout les sens....enfin façon de parler, j'ai un peu la tête qui tourne mais c'est surement du au fait que je me suis relevé un peu trop rapidement après être tombé comme une masse. "


Il arrêta de parler, le temps de reprendre son souffle, que la douleur diminue peu a peu et qu'il tente de comprendre ce qu'il s'était passé quelques secondes avant. C'était assez compliqué. Il fini par se redresser. Une fois debout, il regarda autour de lui, avec un sourire amusé. Hoshiko était vraiment douée, elle avait fait un jolie boulot avec le leader de la bande de voyou stupide qui s'en était pris à eux. Il lui tendit alors la main avec un sourire doux

"Bon, ça va un peu mieux, si ça ne te dérange pas, on se trouve un coin calme, sans cadavre pour nous déranger, et on pourra méditer un peu, enfin sauf si tu as encore envie de courir évidement"

Jûta lui voulait un moment de calme pour reprendre vraiment ses esprit et calmer la douleur, mais si sa camarade voulait elle continuer a courir il la suivrait, ou en fonction lui proposerait de la retrouver un peu plus tard pour s'entrainer ensemble. Il attendait sa réponse tout en regardant les pauvres idiots qui s'étaient imaginer leur faire peur.

*C'est bien de savoir se défendre, mais je dois avouer qu'ils m'ont bien agacé, c'est peu être pour cela que je suis tombé....euh non je pense pas en fait....mais je ne me rappelle pas avoir déjà eut ce genre de soucis....J'ai pas très envie d'aller voir le médecin aussi, j'en ai déjà vu assez la dernière fois....enfin s'il faut je le ferais, mais c'est peu être seulement le froid, dans ces cas la ce n'est rien, ça va passer, on a peu être trop forcé d'un coup....enfin je verrais plus tard *

Il reposa son regard sur la jeune fille et attendit sa réponse. Il avait le teins pâle et l'air fatigué, mais son sourire était doux. Il espérait juste qu'il pourrait encore rester un peu avec elle, histoire d'avoir de la compagnie pour son entrainement.

Une chose était sûre, le comportement du jeune homme était loin de rassurer Hoshiko. Il ne semblait pas aller très bien et il était blanc comme un linge. De plus, il se tenait encore un peu la poitrine, ce qui n'annonçait rien de bien en temps normal. Que pouvait-il bien avoir ? Jûta n'était pas dans son assiette et se forçait sûrement à lui sourire afin de ne pas l'inquiéter. Malheureusement, cela ne marchait pas, au contraire. Toujours à genoux aux côtés de son coéquipier, l'adolescente se demandait bien ce qu'elle pouvait faire pour l'aider. L'écoutant attentivement, elle fut d'abord surprise qu'il lui demande de ne pas appeler les pompiers. Pourtant, cela aurait été une bonne idée, pour au moins l'empêcher de s'évanouir à nouveau. Si cela arrivait, elle se voyait mal le porter jusqu'à l'orée de la forêt pour rejoindre l'ambulance qu'elle aurait contacté au préalable. Enfin, mieux valait ne pas imaginer les pires scénarios. C'est pourquoi, sans poser de questions, elle acquièsça en essayant de paraître d'accord avec lui. Cependant, elle n'était pas très bonne comédienne et on pouvait aisément voir qu'elle hésitait. Mais après tout, ce n'était pas à elle de décider et donc, elle n'insista pas. Juste après, il parvint à se mettre à genoux lui aussi, ce qui lui arracha une grimace au passage. De moins en moins agréable à regarder. La karatéka avait beau se creuser la tête, elle ne voyait pas comment porter secours à Jûta. Ainsi elle l'observait, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Mais ce qui l'inquiéta le plus, ce fut sans nul doute lorsqu'il lui conseilla d'arrêter de gesticuler. A cela, elle écarquilla les yeux en se posant toutes sortes de questions. De quoi parlait-il ? N'était-elle pas statique ? Allait-il à nouveau s'évanouir ? Ce genre d'interrogations en clair. Par réflexe, elle s'avança légèrement afin de s'assurer que tout allait bien pour Jûta. Cependant, elle se retint à la dernière et se recula, silencieuse.

*- Il ne va pas bien c'est un fait, pensait-elle en le fixant aussi dans les yeux. Devrais-je le lui dire...? Non, il le sait très bien. Je vais me contenter de rester avec lui au cas où il perdrait connaissance.*

Dès qu'il se releva, elle suivit le mouvement en se préparant à la moindre rechute. Fort heureusement, elle n'eût pas besoin d'intervenir. Pourtant, elle ne le quittait pas des yeux, méfiante. Pendant ce temps, il inspectait la petite clairière avec un sourire amusé. Enfin... cela ressemblait plus à un champ de bataille miniature qu'à un espace dégagé dans une forêt. Les huits garçons étaient tous étalés à terre, gémissant quand ils étaient conscients. Celui qui était le plus pitoyable à voir restant le chef de gang, avec le visage enfoncé dans trois centimètres de boue et le crâne, ainsi que la main, ensanglantée. Il fallait avouer qu'Hoshiko n'y était pas allée de main morte avec lui. Comme quoi, elle pouvait aussi s'avérer être une adversaire très redoutable. Mais contrairement à Jûta, elle ne s'était occupée que de deux garçons alors que lui, en avait frappé six au total. Un bon petit palmarès. Puis vint la question fatidique, si on partait d'ici ? La japonaise n'était pas contre. Ici, l'atmosphère était pesante et une fois à nouveau sur leurs pieds, les membres du gang allaient sûrement réclamer vengeance et elle ne souhaitait pas être présente à ce moment là. Une agression par jour, si ce n'est par mois, lui suffisait amplement. Elle s'apprêtait à répondre quand elle remarqua que Jûta était un peu ailleurs. Il observait les dégâts qu'ils avaient causé, sûrement en attendant qu'elle se décide. Même si était toujours livide, il paraissait déjà un peu plus en forme. Tant mieux ! C'est pourquoi, alors qu'il tendait la main, la jeune lycéenne n'hésita un instant pour la lui empoigner avec délicatesse (eh oui, on peut faire du karaté et être doux !).

- Avec plaisir, j'ai assez vu leur tête si tu veux mon avis. Allons dans un endroit plus calme où ils ne pourront plus nous embêter, répéta-t-elle calmement. Et je suis d'accord pour méditer, ça ne nous ferra pas de mal après un tel combat.

Tout cela accompagné d'un sourire radieux. Comme elle répondait à la demande de Jûta, elle n'attendit pas de réponse de sa part et commença à partir, lui lâchant la main au passage. Elle n'allait pas le traîner non plus... cela aurait été incongrue ! Tandis qu'elle s'éloignait, la karatéka passa devant le premier garçon qu'elle avait assommé. Il leva la tête en grognant quelque chose d'incompréhensible, sûrement des insultes. Hoshiko n'y prêta pas attention, trouvant cela inutile. Elle lui avait clairement prouvé qu'il ne fallait pas se frotter à elle alors s'il n'avait pas compris le message, c'était tant pis pour lui. Et vu l'état dans lequel il était, cela aurait été mesquin de lui faire regretter ses injures. Pivotant les talons sans pourtant s'arrêter de marcher, les bras croisés dans le dos, l'adolescente fixa Jûta en lui adressant à nouveau un joli sourire.

- En tout cas tu t'es très bien débrouillé avec les garçons. J'ai eu le temps de t'observer et j'ai bien aimé ton combat, souligna-t-elle en se retournant.

Voilà, ils avaient quitté la clairière infestée de racailles. Le temps était toujours aussi mauvais et s'ils ne regardaient pas derrière eux, ils auraient put facilement croire que rien n'avait changé. Décidément, aujourd'hui, la nature était vraiment morte, comme s'ils traversaient un tableau de long en large, sans rencontrer le moindre obstacle, le moindre changement. Cela aurait ennuyé toute personne normale, mais pas Hoshiko. Elle s'en fichait puisqu'elle était en bonne compagnie. Tout ce qui lui importait, c'était de passer une bonne matinée... alors qu'il était à peine neuf heures du matin.

« Avec plaisir, j'ai assez vu leur tête si tu veux mon avis. Allons dans un endroit plus calme où ils ne pourront plus nous embêter. Et je suis d'accord pour méditer, ça ne nous ferra pas de mal après un tel combat. »

*Ouf tant mieux si elle est d’accord, j’aurais moins l’impression d’être le seul à passer beaucoup de temps en méditation, mais je dois avouer que ça aide pas mal à garder le contrôle et a prendre soin de son esprit comme la philosophie de ce sport le fait comprendre au fur et a mesure du temps*

Jûta la suivit tranquillement. Il regarda l’autre se redresse un peu. Le sportif soupira, s’il n’était pas assez intelligent pour comprendre où était son bien être, il n’allait surement pas perdre son précieux temps a tenter de lui expliquer que pour sa survie il valait mieux qu’il reste couché et qu’il ne tente rien sinon il risquait d’avoir de gros ennuies avec la jeune fille. Comme sa compagne passait sans s’en occuper, Jûta fit de même mais en lui laçant un regard lourd de menace et la suivit sans forcer. Il avait encore bien trop mal pour s’amuser à courir de nouveau. Il relava la tête quand sa camarade s’adressa de nouveau a lui

« En tout cas tu t'es très bien débrouillé avec les garçons. J'ai eu le temps de t'observer et j'ai bien aimé ton combat »

Jûta eut un sourire très léger. Il avait trouvé cela tellement simple. C’était des personnes un peu incapable de se défendre alors percer leur garder aurait été à la porté de n’importe quel débutant. Après quelques minutes ils arrivèrent dans une sorte de clairière, enfin on pouvait se dire cela, car malgré que le soleil soit déjà bien levé, on ne voyait pas grand-chose. Le jeune homme regarda sa montre et haussa un sourcil. Il était déjà si tard. Enfin bon, il était là pour passer une bonne matinée, alors il allait en profiter au maximum. Il chercha un coin d’herbe un peu sec, qu’il trouva facilement et s’assit en tailleur. Il fit signe a la jeune fille de l’imiter. Il savait qu’elle le ferait, alors sans plus attendre, il ferma les yeux et commença sa méditation. Il avait du mal a se concentrer car la douleur était lancinante. Il se concentra sur sa respiration, certes un peu sifflante, mais c’était l’instant primordial sans une méditation. Il resta assis pendant de longue minute. Il n’arrivait pas vraiment à se concentrer. Au bout d’un moment, il abandonna. C’était bien la première fois qu’il n’allait pas au bout de sa méditation. Il se redressa sans bruit pour ne pas déranger sa camarade. Il inspecta l’endroit où il se trouvait. L’herbe était douce et propre. Il allait pouvoir faire ses katas sans être gêné par ses chaussures. Toujours avec une tentative de silence absolu, il retira ses chaussures. Il s’installa en garde simple. Il commençait toujours par les gestes basiques, plus ils seraient bien fait, plus la suite serait fluide et belle à voir. Il ferma les yeux pour mieux exécuter son mouvement. Son souffle était imperceptible, enfin sauf à certain moment où il était légèrement sifflant. Le jeune homme tiqua en entendant cela.

*Mais il m’arrive quoi là ? Je m’écroule après une petite bagarre de rien du tout, ma respiration est sifflante, y a vraiment un problème, mais pas question que j’aille voir un médecin pour le moment. J’ai trop de chose à préparer pour les futures compétitions. Cela ferait mauvais effets que l’organisateur ne puisse pas aller jusqu’au bout de ce qui est prévu. En plus étant capitaine il faut absolument que je montre l’exemple en remportant de plus possible de duels*


Le jeune homme soupira tout doucement. Il n’arrivait pas à se concentrer assez pour effectuer ses enchainements. Il se trouvait gauche et sans aucun art. Lui qui aimait ces moments car tout était fait avec souplesse mais puissance.

*Bon je reprends, après je ferais des enchainements plus rapide avec des coups plus fort et plus dévastateurs. Je dois me re concentrer *

Le jeune homme jeta un coup d’œil à Hoshiko. Il ne la dérangerait que lorsqu’il aurait besoin de son avis sur le kata a présenté pour l’épreuve. Là c’était du basique. Il ferma les yeux une nouvelle fois pour arriver à faire le vide dans son esprit. La douleur était toujours là, mais il décida d’en faire abstraction pour se concentrer sur son but premier, à savoir de beaux enchainements, tout en souplesses et puissances. Il exécuta alors un mouvement qu’il affectionnait particulièrement, un double coup de pieds sautés, mais au moment de retomber il chuta un peu lourdement. La douleur avait été trop vive et l’avait surprit.

*Mais ce n’est pas possible, je ne comprends vraiment pas ce qu’il m’arrive là*

Ayant un genou au sol il se redressa. Il se devait de continuer, il voulait être au mieux de sa forme pout arriver à la compétition dans les meilleurs, et pourquoi pas être le meilleur dans la catégorie masculine ;

Dès qu'ils furent arrivés aux abords de la clairière, Hoshiko laissa échapper un soupir de soulagement. Ses tracas étaient désormais loin derrière elle et plus personne n'allait les importuner en cette belle matinée. Elle allait pouvoir enfin se calmer et peut-être, avec un peu de chance, se décontracter. Jetant un dernier coup d'oeil en direction de Jûta, elle remarqua qu'il s'était déjà installé sur l'herbe et qu'il l'invitait à faire de même. L'ombre d'un sourire se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle s'approchait à pas feutrés de son compagnon. S'il venait de commencer sa méditation, elle ne voulait surtout pas l'importuner par des mouvements futiles et gênants. Discrètement, elle vint se placer en tailleur à ses côtés. La méditation n'était pas ce que la jeune fille préférait dans l'entraînement même si elle ne refusait jamais de s'y coller. C'était un exercice de base important qui permettait au corps et à l'esprit d'être en parfaite harmonie l'espace d'un instant. Toutefois, cela exigeait une grande concentration ainsi qu'une bonne maîtrise de soi. Les novices tenaient dix minutes, et encore... Les plus confirmés, eux, pouvaient rester au minimum une demi-heure dans la même position, à réfléchir sur ce qui les entouraient. Hoshiko, quant à elle, faisait bien évidement parti des confirmés et était capable de rester concentrée une bonne heure, c'était son record actuel. Cependant, elle finissait toujours par avoir des fourmis dans les jambes et devait aussitôt bouger pour faire passer cette désagréable sensation. Sortant rapidement son ipod de sa poche, elle regarda quelle heure il était et le rangea à nouveau. Elle avait encore beaucoup de temps devant elle, pas besoin de se presser.

*- Il faudrait que je tienne autant de temps que Jûta, au moins pour ne pas paraître ridicule devant lui, se dit-elle tandis qu'elle fermait les yeux. J'ai l'impression que ça risque d'être difficile... je suis encore toute énervée à cause du combat.*

En effet, de temps à autre, l'adolescente sentait ses mains trembler d'excitation, prêtes à frapper tout ce qui bougeait. Sa respiration était moins lente que d'ordinaire et elle avait quelques difficultés à retrouver son rythme habituel. Ce combat l'avait toute émoustillée et elle se demandait bien comme elle allait faire pour retrouver un semblant de paix intérieure. D'ailleurs, elle remarqua au passage que Jûta avait quelques difficultés à réguler lui aussi son souffle sifflant. Bien qu'intriguée, la japonaise se força à garder les paupières closes, ne voulant pas paraître indiscrète. Néanmoins, ce fut peine perdue lorsqu'elle sentit du mouvement à ses côtés. Trop curieuse, elle entrouvrit l'oeil gauche pour voir le jeune homme se relever prestement. Surprise, elle haussa les sourcils sans pour autant émettre le moindre mot. Quelles qu'en soit les raisons, Jûta avait abandonné sa méditation. Néanmoins, même si l'envie de faire de même la titillait, Hoshiko resta à sa place et coupa vision du monde. Elle reporta alors toute son attention sur son ouïe qui devint alors plus sensible. Au loin, elle percevait le chant naissant des oiseaux et des divers insectes peuplant la forêt. Mais, plus proche de son oreille, elle entendait aussi les brassements d'airs provoqués par les enchaînements du karatéka. Rien d'anormal pour elle et c'est pourquoi elle préféra écouter la faune environnante. Pourtant, cela ne lui suffisait pas. Aujourd'hui, elle avait un mal fou à arrêter sa concentration sur quelque chose de précis, ou même sur rien du tout. L'adolescente avait envie de sortir ses écouteurs, mais elle s'en retint, sachant pertinemment que cela ne serait pas très "professionnel". Elle due se convaincre pendant deux bonnes minutes avant d'oublier cette idée. Elle se mit alors à se rappeler les paroles de la chanson qu'elle était juste avant de croiser Jûta. Sans s'en rendre compte, elle finit par hocher la tête de droite à gaucher en fredonnant la mélodie. Quand elle s'en rendit enfin compte, elle s'immobilisa et là, un bruit étrange lui fit ouvrir les yeux. Quelle ne fut pas sa surprise de voir Jûta, un genou à terre.

- Est-ce que ça va Jûta ? Tu as fais un faux mouvement ?

Prétexte pour abandonner sa méditation ou pas, Hoshiko quitta sa position et se releva afin de rejoindre le capitaine de club. Ce dernier s'était déjà redressé et semblait déterminé à poursuivre son entraînement. Néanmoins, la jeune fille était inquiète. En moins de vingt minutes, c'était la seconde fois qu'elle le voyait s'écrouler à moitié par terre. Depuis leur combat contre le gang d'imbéciles, il n'allait pas bien, comme si quelque chose en lui s'était déclenché pendant ce laps de temps. Mais n'étant pas médecin, elle était incapable de savoir de quoi il s'agissait. En trottinant légèrement, la japonaise se rapprocha de Jûta sans le quitter des yeux, de peur qu'il ne retombe à nouveau. Cependant, une fois qu'elle fut devant lui, elle se trouva un peu bête. En réalité, elle était venue par réflexe, sa crainte l'ayant poussé à rejoindre Jûta. Et là, maintenant qu'il était debout et prêt à reprendre son entraînement solo, elle se rendit compte qu'elle s'était peut-être emportée. Il n'allait pas si mal que ça, dans le fond ; du moins, c'était ce qu'elle croyait. Affichant un sourire gêné, elle passa son bras droit dans son dos tandis qu'elle passait une main dans ses cheveux. Avec un peu de chance, il ne l'avait pas entendue. Rapidement, elle se mit à chercher quelque chose à dire, afin de ne pas paraître potiche. Mais réfléchir vite dans ces conditions, ce n'était pas évident et une seule phrase lui venait à l'esprit. Tant pis, il fallait pas bien qu'elle parle, et tout de suite. C'est pourquoi, d'un air aussi spontané que possible, elle déclara :

- Est-ce que tu veux bien que je m'entraîne avec toi ? A te voir effectuer tes mouvements, j'ai eu envie de faire la même chose.

Mensonge. Enfin, pas vraiment en fait. Disons simplement que ce n'était pas la principale raison qui l'avait sortie de sa méditation mais ça, elle n'était pas obligée de le préciser. C'est pourquoi, avec un large sourire, elle attendit que Jûta accepte de s'entraîner avec elle.

- Est-ce que tu veux bien que je m'entraîne avec toi ? A te voir effectuer tes mouvements, j'ai eu envie de faire la même chose.

Jûta se retourna, il ne l'avait pas le moins du monde entendu arriver. Il le savait, c'était vraiment une très bonne recrue pour le club, silencieuse, vive et surtout experte pour le karaté. Le jeune homme était tout a fait ravi d'avoir un membre comme cela avec lui. Il hocha la tête pour acquiescer. Il se remis en position de base. C'était le plus simple pour reprendre l'entrainement. Il l'invita avec un simple geste de la main à venir se placer prés de lui.

"Tu es discrète, c'est vraiment agréable, tu ferais un excellent maitre. Bon je te propose qu'on se fasse un enchainement des cinq Heians pour que nos corps reprennent une certaines maitrises d'eux même et qu'on retrouve notre paix intérieure, je pense qu'on en a bien besoin après cela, puis on fera les 3 autres kata du premier Dan, au moins on sera prés. Après on se corrigera les positions de bases, je crois que c'est le plus important si on veut obtenir le plus de fluidité dans ce que l'ont fait. Même si nous sommes doués tout les deux, je pense qu'on a besoin d'un coup d'œil de quelqu'un pour avoir la position la plus parfaite possible."


Jûta commença alors lentement ses premiers enchainement, comme lui avait dit son père cela permettait aux débutants de trouver la paix et la tranquillité. Il se doutait qu'il en avait bien besoin, sans pour autant mettre un doigt sur ce qu'il avait vraiment. Il cherchait a calmer sa respiration. Il se doutait que sa camarade le suivrait. C'était une véritable professionnelle il le sentait. Bon elle n'aimait peu être pas les mouvements de bases mais Jûta sentait lui qu'il en avait vraiment besoin pour remobiliser sa concentration et redonner à ses mouvements leur fluidité et leur puissance. Il sentait toujours qu'il avait mal, mais en se concentrant sur son souffle cela devrait surement passer. Le jeune homme fit le vide dans son esprit. Le mouvement se décomposa alors dans sa tête lentement. Il se sentait un peu plus dans le temps du kata. Il l'acheva tranquillement. Bon il sentait son épaule droit un peu raide, mais avec un plus de concentration il pourrait mieux faire ses exercices. Il n'ouvrit pas de suite les yeux. Il voulait que sa paix intérieure soit vraiment pleine. Il entendait les oiseaux, c'était un plaisir, même si le temps n'était toujours pas des plus agréable. Il se tourna vers sa compagne et lui sourit tranquillement.

"Si cela ne te dérange pas je te montre le Gojushiho Sho et le Wankan pour mon passage de Dan, enfin je sais que je n'aurais surement que l'un des deux a présenter, mais j'aimerais avoir ton avis sur ma position surtout sur le dernier mouvement. J'ai eut différents avis, certains le trouve trop lent, d'autre trop rapide. "

Il entama le mouvement. Il n'était pas facile mais le premier dont il avait parlé était celui qu'il maitrisait le mieux. Il savait qu'il ne ferait pas de faute. Il aimait la beauté de ces mouvements, leurs puissances et ce qui se dégageait. C'était l'essence même de cet art. Quand il effectuait ses enchainements il recherchait toujours la perfection. C'était l'un de ses buts, tout en sachant qu'un jour il reprendrait le flambeau de son père. Il acheva le premier enchainement et attendit les commentaires de la jeune fille. Il était fatigué mais il ne montrait rien comme à son habitude.

*Ce n'est vraiment pas normal qu'un combat contre des imbéciles m'ai autant crevé *

Soulagée qu'il accepte de s'entraîner avec elle, Hoshiko ne se fit pas désirer plus longtemps. Calmement, elle vint se positionner aux côtés de Jûta. Inspirant longuement, elle essaya de faire le vide dans son esprit afin d'atteindre une concentration optimale. Mais après la méditation, elle avait quelques difficultés à ne pas laisser son attention voguer d'un endroit à l'autre. Une fois elle écoutait Jûta et l'autre fois, elle s'intéressait aux oiseaux qui les accompagnaient en cette matinée. Une vraie girouette. Toutefois, par on ne sait quel miracle, elle parvint à capter toutes les paroles de son interlocuteur. Faire les enchaînements de base ne la dérangeait pas le moins du monde. C'était toujours bénéfique de revoir ce genre de choses afin de mieux cerner les plus compliquées, dans n'importe quel domaine. N'étant pas non plus du genre à penser "je suis forte donc je me fiche des bases", la jeune fille n'en fut pas ennuyée. Afin de ne pas laisser Jûta dans le doute plus longtemps, elle s'exclama joyeusement :

- Pas de problème, cela ne me ferra pas de mal aujourd'hui. Et puis à cause de la méditation j'ai les jambes légèrement engourdies. Passer d'un effort à un calme plat ne me réussit jamais. Donc je compte sur toi pour me corriger si quelque chose ne va pas. Tu commences et je te suis ?

L'adolescente n'eût pas besoin d'attendre plus longtemps. Son camarade prit l'initiative en commençant ses enchaînements et elle fut obligée de suivre le pas. Ses gestes étaient fluides et posés, cachant en eux une force impressionnante. Pour le début, Hoshiko préférait être calme et ne pas se précipiter. Elle bougeait lentement afin de préciser le moindre de ses mouvements. Bien entendu, comme elle connaissait tout ces enchaînements par coeur, elle n'avait pas besoin d'hésiter. Elle avançait mains et jambes avec assurance, sachant exactement où elle devait les mettre. A côté, elle sentait Jûta effectuer la même chose avec autant d'aisance qu'elle. Il était vraiment doué, c'était certain. Rarement la karatéka avait croisé des adolescents de son âge avec un niveau aussi élevé. L'espace d'un instant, elle se demanda depuis combien de temps il faisait ce sport. A vue de nez, elle estima qu'il le pratiquait depuis dix ans minimum. Subrepticement, alors que Jûta fermait les yeux, elle tourna la tête vers lui afin de l'observer. Ses mouvements étaient gorgés de puissance, ce qui était agréable à regarder. Néanmoins, il semblait légèrement gêné au niveau de l'épaule droite. Etait-ce dû au combat qu'il avait mené contre le gang ? Impossible de le savoir. A première vue, un tel duel n'aurait jamais dû l'épuiser. Et pourtant, quand elle y repensait, Hoshiko n'arrivait pas à oublier comment il s'était allongé sur le sol en lui demandant de s'occuper du dernier. Il lui cachait quelque chose ; elle en était désormais persuadée. Toutefois, malgré sa grande curiosité, elle ne voulait pas lui poser de questions à ce sujet. Elle avait peur de paraître indiscrète, voire même culotée de lui parler de ça. C'est pourquoi elle se taisait, préférant reporter son attention sur l'enchaînement des Heians qu'elle exécutait. Une fois qu'elle eût terminé, la karatéka en profita pour s'étirer voluptueusement. Joignant les mains, elle étira ses bras au dessus de sa tête, faisant craquer au passage des os qui s'étaient un peu décalés. Jûta, lui, se tourna à nouveau vers elle et lui proposa de lui montrer l'enchaînement qu'il désirait présenter lors de son 5ème Dan.

- Entendu, je te dirai ce que j'en pense, déclara-t-elle en souriant de nouveau. Mais vu ton niveau, je ne crois pas que j'aurai grand chose sur lequel te reprendre.

Puis, pour laisser un espace dégagé à Jûta, la japonaise se recula de quelques pas. Droite comme un "i", les bras calés dans son dos, elle attendit patiemment que son interlocuteur daigne commencer. Ce dernier ne tarda pas longtemps et enchaîna avec assurance les mouvements du Gojushiho Sho. Il s'agissait d'un kata avec plusieurs difficultés techniques qui le rendait moins facile que ceux de bases. Les enchaînements devaient être vifs et précis mais entre les phases rapides, il fallait prendre le temps de se concentrer pour effectuer à la perfection chaque mouvement demandé. Ce n'était pas forcément évident et pour sa part, Hoshiko avait beaucoup travaillé pour atteindre la perfection dans ses gestes. L'espace d'un instant, elle se souvint des séances avec son grand-père qui l'observait. Plus d'une fois il lui avait crié qu'elle n'était pas assez concentrée et que ses enchaînements ne ressemblaient à rien. Il était extrêmement strict avec Okimya et elle. Mais au fil des ans, les deux adolescentes avaient appris à supporter la pression qu'il mettait sur leurs épaules. Secouant discrètement la tête, Hoshiko se reconcentra sur les mouvements de Jûta qu'elle suivait des yeux. Pour le moment, rien ne la dérangeait dans ses enchaînements à part peut-être un temps de calme un petit peu trop rapide. Néanmoins, elle se tut, attendant qu'il ai terminé pour lui faire part de son avis. Lorsque ce fut le cas, elle s'avança dans sa direction, la mine souriante, comme à son habitude.

- J'ai trouvé que tu t'étais bien débrouillé. Cependant, je rejoins les gens qui disent que tu es peut-être un peu trop rapide dans tes gestes. Cela reste assez fluide mais je te conseille de ralentir un petit peu quand tu exécutes le trentième mouvement. Et à un moment, tu n'as pas assez posé le pied. Mais là je chipote... Dans l'ensemble, je n'ai quasiment rien à redire.

Bien entendu, elle ne s'était pas rendue compte à quel point il était fatigué par cet enchaînement. A ses yeux, Jûta allait bien maintenant. Il ne montrait aucun signe inquiétant d'épuisement comme précédemment et son kata avait été fait d'une façon exemplaire. C'est pourquoi, sans attendre plus longtemps, la karatéka se recula à nouveau. Elle attendit patiemment que son interlocuteur fasse le wankan qu'il souhaitait lui présenter. Tandis qu'il se préparait, elle en profita pour lui dire :

- Quand tu auras terminé, est-ce que tu accepteras qu'on inverse les rôles ? J'ai un kata que je suis en train de travailler en ce moment mais il y a toujours quelque chose qui cloche. Si ça ne te dérange pas, tu pourras me conseiller pour que je puisse corriger ce problème ?

"- J'ai trouvé que tu t'étais bien débrouillé. Cependant, je rejoins les gens qui disent que tu es peut-être un peu trop rapide dans tes gestes. Cela reste assez fluide mais je te conseille de ralentir un petit peu quand tu exécutes le trentième mouvement. Et à un moment, tu n'as pas assez posé le pied. Mais là je chipote... Dans l'ensemble, je n'ai quasiment rien à redire."

Jûta nota dans un coin de sa tête, il appréciait ces commentaires, c'était bien plus simple face à une experte d'avoir des idées et surtout de se surpasser. Le jeune homme s'inclina quand elle lui laissa la place. Il la prouvait prévenante et cela lui permettait de se sentir un peu plus à l'aise, même si comme à son habitude il était assez distant avec les femmes, mais c'est un secret il en a un peu peur en fait.

- Quand tu auras terminé, est-ce que tu accepteras qu'on inverse les rôles ? J'ai un kata que je suis en train de travailler en ce moment mais il y a toujours quelque chose qui cloche. Si ça ne te dérange pas, tu pourras me conseiller pour que je puisse corriger ce problème ?

Jûta lui répondit par l'affirmatif. C'était bien également de donner son avis. Il pouvait ainsi voir ce qu'il lui manquait, prendre des idées pour améliorer son jeu de jambes ou de bras. Il se remis en position pour faire son autre enchainements. Il devait se concentrer un peu plus car ce dernier demandait plus de régularité et de savoir faire. Il l'avait extrêmement travaillé pour arriver à toujours l'exécuter. Avant de commencer il se tourna de nouveau vers la jeune femme


"J'ai un soucis de placement de bras droit au vingtième mouvement, tu pourra le noter et me remontrer comment le place quand j'aurais fini ? J'ai l'impression que je donne le coup dans le mauvais angle ce qui me déséquilibre légèrement pour le mouvement suivant mais ça ne se voit plus ensuite"


Il commença alors son enchainement, il se sentait bien. C'était son élément et sa vie dans un sens. Il arriva alors au mouvement qu'il n'aimait pas vraiment, mais il le fit quand même, et il senti ce petit déséquilibre puis la suite s'enchaina tranquillement. Il arrivait a mieux poser des gestes, leur fluidités, leur puissance et le temps de pause entre que lors du kata précédent. Il se souvenait alors des nuits blanches qu'il avait passé pour tenter de le maitriser et maintenant il y arrivait plutôt bien. Il acheva alors son enchainement à la même place et dans la même position. C'était la base à acquérir et il l'avait, revenir dans la même position. Il se tourna alors vers sa partenaire pour avoir son avis. Bon il était assez content de lui car il y était arrivait dans erreur, enfin hormis celle qu'il connaissait. Il attendait alors son avis pour arriver a mieux l'exécuter encore.

*Bon si elle a compris mon mauvais angle de frappe ça m'aidera, sinon je lui demanderais qu'on le décortique ensemble pour comprendre ce qui cloche avec ce passage. J'ai également hâte qu'elle me montre son kata. Douée comme elle est je pense que je vais avoir de belle surprise avec ce qu'elle a préparé. Je pense qu'on va former un bon duo si ce que j'ai pensé peux se faire*

Spoiler:

Tandis que Jûta se préparait psychologiquement et physiquement à exécuter son kata, Hoshiko se reculait de plus en plus. Elle arriva rapidement à l'orée de la petite clairière, le dos calé contre le tronc d'un arbre. Lentement, elle se laissa glisser contre l'écorce rugueuse jusqu'à s'asseoir sur l'herbe verte. Les jambes repliées devant son ventre, elle posa ses bras sur ses coudes et fixa son partenaire. Il était désormais prêt à commencer. La jeune fille avait hâte de voir comment il allait se débrouiller. Le capitaine du club était fort et avait un don pour ce sport. Au dernier enchaînement, ses gestes avaient été souples et agiles. Il avait la puissance d'un tigre mêlée à l'adresse d'un véritable félin. C'était deux qualités essentielles pour réussir dans cet art. Pour sa part, malgré les apparences, la karatéka possédait aussi ces critères. L'agilité n'avait jamais été un problème, contrairement à la force. Cette dernière, elle l'avait acquis au fil des ans, devenant de plus en plus redoutable. Toutefois, malgré sa force impressionnante, elle gardait un corps de poupée fragile. Au premier regard, on avait peur de pouvoir la briser au moindre de coup alors qu'en observant mieux, on remarquait que chaque parcelle de son corps était finement musclée. Soudain, alors qu'elle était perdue dans ses réflexions, Jûta vint à lui parler de son enchaînement. Il lui expliqua avoir quelques difficultés avec le vingtième mouvement où son bras avait quelques difficultés à se placer correctement. Qu'à cela ne tienne, Hoshiko allait tenter de déceler la faute qu'il commettait. Après tout, elle s'était proposée pour cela et comptait bien accomplir sa tâche au mieux. C'est pourquoi, se contentant d'acquiescer d'un signe de tête, elle se concentra afin que cette erreur ne lui échappe pas.

- Tu peux commencer, je t'observe avec toute mon attention, déclara-t-elle en souriant d'un air amusé.

A cet instant, Jûta s'exécuta. Il prit la position de départ et se mit à enchaîner des gestes précis. Les mouvements se succédaient les uns aux autres dans une parfaite logique pour le moment. Tout paraissait correct, la japonaise ne voyait rien à redire. Et soudain, la faute se profila à l'horizon. Aussitôt, l'observatrice se mit à analyser et à décortiquer ce qu'elle venait de voir. En effet, l'angle de son bras était légèrement dévié, ce qui suffisait pourtant à casser le rythme. Heureusement, c'était l'un des gestes uniques où il fallait croiser les deux bras en avant afin de faire une suite de coups frontaux. C'était le moins évident dans le wankan car l'alignement des coudes devait être irréprochable pour qu'il n'y ait rien à dire. Mais étonnement, Jûta arrivait le premier, mais pas le second après s'être retourné. Néanmoins, restant silencieuse, Hoshiko le laissa continuer son enchaînement qui, une fois la faute passée, était à nouveau impeccable. Le reste était irréprochable et l'adolescente se contenta donc de profiter du spectacle. Tranquillement, Jûta reprit sa position initiale, comme le demandait n'importe quel kata. Il relâcha alors la pression qu'il exerçait sur la totalité de son corps et sa partenaire put ainsi le rejoindre sans risque de gêner. Se relevant, la japonaise épousseta ses vêtements et revint près du jeune homme de sa démarche gracieuse. Le sourire toujours accroché aux lèvres, elle donna une petite tape amicale sur l'omoplate de son compagnon d'entraînement.

- Bien, j'ai réussi à comprendre ta faute, s'empressa-t-elle d'avouer avec sérénité. En réalité, dès que tu fais volte-face, tu essayes de reprendre la position d'avant mais à ce moment, tu inclines légèrement ton bras gauche un peu trop haut. Résultat, ça te déséquilibre et tu essayes de rattraper le coup pour le geste suivant et ça donne un résultat bizarre. Je pense que tu devrais plutôt te placer comme ceci...

Pendant qu'elle faisait ses explications, Hoshiko se positionna et mit en application les conseils qu'elle prodiguait à Jûta. Avec grâce, elle répéta le mouvement en lui montrant bien comme avoir l'équilibre demandé. Son bras était plus bas et elle fixait l'horizon droit devant elle. Cela fut rapide et, en voyant l'expression de son coéquipier, elle en conclut qu'il avait vu où elle voulait en venir. Si cela n'était pas suffisant, elle était prête à recommencer jusqu'à ce qu'il y arrive. Etant très patiente, ce n'était pas un problème. C'est pourquoi, voulant s'assurer que tout était correct maintenant, elle reporta son attention sur Jûta. Comme cela semblait être le cas, elle se recula alors afin d'avoir un peu de place. Elle tourna rapidement sur elle-même, constatant que cet espace suffirait. Néanmoins, avant de faire quoi que ce soit, elle enleva rapidement ses baskets. Cela allait la gêner pour le poser de pied. Sans faire attention, l'adolescente envoya ses chaussures un peu plus loin ; de toute façon, elles étaient déjà dégoûtantes à cause de la boue des chemins qu'ils avaient empruntés plus tôt.

- En fait, le kata que je travaille avec mon grand-père est le Meikyo. Il est du quatrième Dan mais je ne l'avais jamais essayé jusqu'à maintenant. Et mine de rien, il n'est pas si évident que ça. Le saut ne me pose pas de problèmes, la difficulté que je rencontre est entre le vingtième et le trentième mouvement à peu près. Je sais que c'est large...mais je suis incapable de te donner plus de précisions. Mon grand-père m'a demandé de me débrouiller pour trouver l'erreur... Je peux compter sur toi ?

Comme elle se doutait que la réponse était positive, Hoshiko n'attendit pas plus longtemps et se mit en position. Prenant une profonde inspiration, elle se concentra au maximum afin de ne pas se tromper. Puis, d'abord tranquillement, elle commença ses enchaînements. On pouvait s'y attendre, ils étaient fluides et beaux à voir. Mais, dès qu'elle atteignit l'endroit où sa faiblesse résidait, elle fut légèrement ralentie. Cela brisait son rythme jusque là en parfaite harmonie avec ses pensées. Reprenant rapidement contenance, la karatéka continua comme si de rien n'était. Dès qu'elle eût terminé, elle s'immobilisa à nouveau durant quelques secondes avant de retrouver une attitude normale. Aussitôt, elle inclina la tête en direction de Jûta, attendant ses commentaires.

Le moins qu’on puisse dire, c’était que les explications de Jûta étaient très précises. De plus, il eût la grande amabilité de lui montrer le bon enchaînement pour qu’elle puisse le reproduire. Sans plus attendre, Hoshiko acquiesça rapidement et se remit en position vingt. Observant chaque mouvement de son professeur d’une minute, elle essaya de refaire ce qu’il exécutait à la perfection. Avec fluidité, elle avança bras et jambes et cette fois, sentit une nette différence avec ce qu’elle avait fait quelques secondes plus tôt. En effet, sa faute résidait belle et bien dans le pliement de ses membres qui finissait par la déstabiliser en avant, la forçant au passage à accélérer. Ensuite, il y avait l’histoire de son dos que le jeune homme avait rapidement évoqué. Ne voyant pas de quoi il parlait, il lui fallut un certain temps pour corriger d’elle-même cette erreur. Se redressant légèrement, elle adopta une position altière qui lui permettait d’avoir la totalité de son dos alignée sur une seule et même droite formée par sa colonne vertébrale. Désormais, elle pourrait recommencer le Meikyo en présence de son grand-père qui serait satisfait de ses progrès. La jeune fille n’aimait pas le décevoir et c’est pourquoi, elle était soulagée par l’aide que venait de lui apporter le karatéka. Grâce à cela, elle avait appris à repérer une de ses faiblesses et elle allait s’empresser de la corriger. Ses gestes devaient être irréprochables et c’est pourquoi elle se promit de travailler le kata avec les conseils de Jûta. Satisfaite d’avoir réglé ce problème, la japonaise afficha un sourire encore plus rayonnant qu’à l’ordinaire. Elle ne manqua pas non plus de remercier son coéquipier car sans lui, elle n’aurait jamais pu déceler la faute qui résidait dans son enchaînement. Au moins, c’était une bonne chose de faite. Afin de montrer sa joie, l’adolescente se mit à chantonner ce qu’elle avait écouté plus tôt dans la matinée. C’était une mélodie entraînante qu’elle appréciait énormément. Calant ses mains dans son dos, elle se mit à se balancer d’avant en arrière en vacillant sur ses talons nus. Puis, alors qu’elle s’apprêtait à remettre ses chaussures, elle vit Jûta se poster juste devant elle. Intriguée, Hoshiko lui adressa un regard interrogateur alors qu’il esquissait un sourire taquin. Décidément, elle ne comprenait pas ce qu’il lui voulait. Néanmoins, arrêtant de fredonner les paroles de sa chanson, elle resta silencieuse, attendant qu’il lui explique où il voulait en venir. Rapidement son attente fut comblée car il évoqua un éventuel combat entre eux. Quelle idée intéressante ! Il était vrai que depuis le petit combat improvisé, la japonaise avait une forte envie de se défouler. La méditation n’ayant rien arrangé à ce sujet, il fallait qu’elle bouge. Vu qu’elle était en présence de son capitaine de club, c’était une occasion en or pour voir de quoi il était capable en duel sérieux. Sa réponse ne fut donc pas longue à venir.

- Je suis partante ! En effet, c’est aussi l’impression que j’ai. Je compte sur toi pour te donner à fond. Même si je suis une fille, des garçons se sont retrouvés plus d’une fois à terre en me défiant, comme tu l’as déjà remarqué, souligna-t-elle d’un air malicieux. En tout cas, tu peux compter sur moi pour ne pas te faire de cadeaux.

A cette déclaration, la karatéka ne put s’empêcher d’éclater de rire. Or, c’était un son léger, comme le gazouillis d’un oiseau, qui sortait de sa bouche. Elle avait la chance de posséder un rire ravissant qui faisait sourire n’importe qui. Sans plus attendre, Hoshiko fit volte-face et s’éloigna en sautillant. Inspectant la clairière d’un œil expert, elle jaugea du terrain qui leur serait nécessaire pour faire un espace de combat comme au dojo. Etonnement, la percée faisait exactement la taille adéquate ; ils n’avaient donc pas de soucis à se faire à ce sujet. Elle se trouvait désormais à environ six mètres de Jûta qui était resté immobile. Parfait. Toutefois, la jeune fille ne daigna pas laisser le départ. Subitement, elle se rendit compte qu’elle avait toujours son ipod dans sa poche et ne tenait pas à ce qu’il soit brisé à cause d’un coup. Faisant signe à son adversaire d’attendre un peu, elle se précipita vers ses chaussures qui se trouvaient à l’autre bout de la clairière. Ramassant l’une des baskets, elle y plaça l’objet électronique afin qu’il ne soit pas endommagé. Ceci fait, elle s’empressa de reprendre sa place initiale en s’excusant auprès du jeune homme.

- C’est bon je suis prête, on peut commencer, déclara-t-elle en adoptant une position d’attaque. On lance le duel à trois. Un… Deux… Trois !

Hoshiko fut vive comme l’éclair. A peine eût-elle prononcé le chiffre trois qu’elle s’élança afin de combler le vide qu’elle avait précédemment créé entre elle et Jûta. Si la force était son défaut face à son opposant, elle pouvait au moins compter sur son agilité, voir aussi un peu sa vitesse. Mais elle se doutait bien que le combat risquait d’être difficile car ils avaient environ le même niveau de karaté. Pour sa part, la japonaise en faisait depuis ses six ans, bien qu’elle eût arrêté pendant un an et demi. Elle avait donc une longue expérience derrière elle et cela devait être la même chose pour Jûta.

*- Cela risque d’être un défi très sympa, ne put-elle s’empêcher de penser alors qu’elle attaquait son adversaire sur le côté gauche. Voyons s’il esquive ça…*

Jûta regardait la jeune fille reprendre d’elle-même les bons appuies et la position qu’il fallait pour arriver à faire l’enchainement correctement. Elle était douée. Elle avait vite assimilé ce qu’il lui avait montré pour que tout soit parfait. Il eut un sourire appréciateur, il savait que ce qu’il avait prévu aller enfin se réaliser et que surement son club serait enfin reconnu même s’il y avait peu de monde pour le moment. Jûta écouta alors la réponse de la jeune femme. Elle semblait aux anges de se défouler. Jûta était un peu comme elle, même si une vague inquiétude défilait dans sa tête. Il décida se l’ignorer car un combat était toujours sérieux et rien ne devait le distraire.


- Je suis partante ! En effet, c’est aussi l’impression que j’ai. Je compte sur toi pour te donner à fond. Même si je suis une fille, des garçons se sont retrouvés plus d’une fois à terre en me défiant, comme tu l’as déjà remarqué. En tout cas, tu peux compter sur moi pour ne pas te faire de cadeaux.
-Je compte bien la dessus et je ne sous estime jamais un adversaire, tout comme toi. Au moins le combat va être passionnant.



En regardant la jeune femme s’éloigner, Jûta se demandait bien ce qu’il pouvait se passer. Il ne comprenait pas vraiment. Quand il vit ce qu’elle faisait, il eut un petit sourire. Il aimait que les gens fassent attention aux choses et il avait la preuve que même si le combat passionnait la jeune femme, elle était encore consciente qu’il y avait des choses autour d’elle et qu’il fallait absolument y faire attention. Il hocha la tête pour lui signifier qu’il avait compris. Pendant qu’elle s’occupait, le jeune homme ferma les yeux pour se concentrer et calmer sa respiration. Il faisait toujours cela avant un combat. Cela lui permettait de se calmer et d’avoir les idées claires. Il fallait bien cela devant un tel adversaire. Il ne la ménagerait pas. Il avait vu de quoi elle était capable alors il savait qu’il pouvait se lâcher. Enfin pas tant que ça, il ne frapperait pas comme pour un homme. Car même si elle était forte, rapide et agile, le jeune homme se savait fort et puissant. Il savait ajuster sa force pour certes ébranler, mais pas pour faire mal. De toute façon on était en entrainement, alors il fallait faire attention. Il ouvrit les yeux quand sa camarade se replaça devant lui et lui parla.

- C’est bon je suis prête, on peut commencer, On lance le duel à trois. Un… Deux… Trois !

Jûta se plaça alors en garde. Il avait prit sa favorite. Il en exister énormément mais il y en avait eut toute simple, qui pouvait faire pensait qu’on était inattentif mais ce n’était pas le cas du jeune homme. Quand le trois retentit il était prêt. Il voulu se lancer mais voyant la jeune femme foncé rapidement sur lui, il changea ses appuies

*Rapide, agile, et bien, je crois que je vais avoir du mal a la faire tomber. Bon une fois qu’elle sera au sol, je pense que mon poids me sera utile, mais il va falloir que j’y arrive à la faire tomber et cela risque d’être bien plus compliqué maintenant que je la vois agir. *

Jûta suivait ses mouvements pour ne pas être surprit. Malgré cela, il eut un temps de réaction un peu trop long pour lui quand il vit l’attaque. Elle avait trouvé son coté le moins agile du premier coup, mais il n’allait pas la laisser gagner facilement. N’ayant pas le temps pour uen riposte parfaite, il esquiva le coup par saut arrière pour reprendre ses appuies plus rapidement. Il senti cependant l’onde du coup.

*Elle a joué sur la vitesse et l’agilité, c’est vraiment bien, elle compense parfaitement. Je crois qu’on va s’amuser tout les deux. Cela fait longtemps que je n’ai pas eut un adversaire à ma hauteur. C’est parfait. Maintenant a moi d’attaquer.*

Le jeune homme chargea alors. Il était certes moins rapide que sa partenaire, mais pas tant que ça. Il avait commencé l’entrainement à l’âge de 4 ans et ne s’était jamais arrêté depuis ce temps. Il n’avait pas envie de faire dans le simple. Il frappa alors de face au niveau du plexus solaire avec le poing gauche, mais pendant ce temps il préparait également un coup de pied pour faucher les jambes de la jeune femme. Il avait prévu de voir sa réaction. C’était un peu ce que lui faisait son père lors de combat entre eux qui laissait toujours le jeune homme a bout de forces, alors que son père lui semblait allait parfaitement bien. Pendant qu’il attaquait il ne lâchait pas la jeune femme des yeux pour pouvoir répondre s’il le pouvait. Il devait faire attention a tout ses mouvements à elle, car elle était aussi vive qu’un serpent, et doté de la force d’une panthère.

*Nous sommes deux félins, voila qui va m’aider pour inscrire notre équipe*