Une rencontre fortuite [PV Shin Masara]

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Siobhan se rendit à la bibliothèque. Si il y avait bien quelque chose, qu'elle appréciait, c'était les livres. Eux au moins, ils étaient calmes, on pouvait se défouler sur eux, ils ne répondaient pas, mais malheureusement, ils n'avaient pas beaucoup de discussion et ne changeaient jamais d'avis. Eux, au moins, elle pouvait les considérer comme de vrais amis, parce qu'ils ne cherchaient pas à la juger pour ses idées bizarres et... en y réfléchissant bien, elle leur ressemblait un peu : elle aussi elle savait beaucoup de choses différentes, et, têtue comme une mule, ne changeait jamais d'avis... enfin quasiment, car « il n'y a que les imbéciles qui ne changent jamais » dixit Napoléon Bonaparte.

Et voilà qu'elle s'y remettait ! Elle était incorrigible, décidément ! Toujours à ressortir ce genre de choses qui exaspéraient tout le monde au plus haut point. Siobhan se demandait s'ils s'en contrefichaient réellement de ce qu'avait dit Napoléon, ou alors c'était la citation elle-même qui les contrariait. Personne n'avait jamais eu la présence d'esprit de lui retourner la pique en lui rétorquant que d'après la définition de Napoléon, elle était elle aussi une imbécile !

Bon, d'accord... L'autodérision ne lui allait pas du tout, elle l'avouait. Siobhan admirait vraiment ceux qui savaient faire preuve d'humour de ce genre-là. Et elle aurait bien aimé elle aussi y arriver.

L'Irlandaise flâna un long moment entre les rayons de la bibliothèque. Elle s'entraîna tout d'abord à déchiffrer les titres en japonais, pour se tester. Ses connaissances dans cette langue étaient assez limitées à l'écrit en réalité, mais heureusement que l'oral rattrapait la plupart des choses. Elle s'était promis de faire des efforts à l'écrit, et une des premières méthodes à adopter, c'était la lecture : se familiariser avec la langue écrite pour l'écrire à son tour. Se familiariser avec une langue sans marques d'oralité.

Au bout d'un moment, la jeune fille finit par s'emparer d'un bouquin dans les rayonnages, elle ne savait pas trop lequel, un roman quelconque, et chercha un recoin tranquille pour lire. À l'entrée, il y avait trop de monde à son goût, surtout des étudiants venus là pour discuter au calme et au frais... et qui du coup, ne rendait l'endroit plus calme tout ! Elle s'assit finalement à une table au fin fond de la bibliothèque et se plongea dans sa lecture.

Invité

Shin n’avait pas dormi depuis un certain temps, trois peut être quatre jours… pour lui, c’est une perte de temps. Mais bon, au bout d’un moment, le corps ne suit plus. Il était partit se coucher après les cours du matin. Heureusement pour lui, Myle n’était pas dans leur chambre sinon il aurait eu le droit à tout un cinéma. Et, il n’en voulait absolument pas. Il avait déjà des maux de têtes, il ne fallait pas en rajouter où il deviendrait exécrable !

Il se réveilla en sursaut une heure plus tard, se rappelant qu’il avait une recherche à faire à la bibliothèque sur… Sur quoi, déjà ???
Mince, il s’en rappelait plus… Pas important, il verrait sur place. Il effectua une rapide toilette, se recoiffa un peu parce que là, il ressemblait vraiment à un épouvantail… Il se mit une chemise blanche simple, un peu large, un jean noir et ses chaussures. Il fourra pèle-mêle ses affaires dans son sac et prit le chemin de la bibliothèque.

Shin aimait bien cet endroit. Un savoir immense y régnait et, surtout, il adorait les livres. Leurs odeurs, leurs écritures, leurs textures, tout cela les rendaient inestimables. Bref, pour lui, c’était une passion. Et tout simplement, il aimait le lieu en lui-même, silencieux et sombre comme lui. Quand il pénétra à l’intérieur, sa recherche lui revint en mémoire, il devait faire un rapport détaillé sur l’époque Edo. Pas de soucis, comme il aime bien l’histoire. Il trouva les livres qui lui fallait parmi les étagères et Shin partit s’installer au fin de la bibliothèque pour potasser ses trésors, au frais et au calme.

Shin se réveilla en sursaut de nouveau, le nez dans ses bouquins, les pages imprimées sur sa figure. Eh oui, notre jeune homme n’avait pas suffisamment dormi… c’était un grincement de chaise qui l’avait réveillé. Monsieur a une oreille assez sensible… mais il n’écoute jamais les conseils qu’on lui donne pour sa santé. Il allait réprimandait la personne de faire autant de bruit dans une bibliothèque (du bruit, quel bruit ?) quand ses mots s’arrêtèrent nets dans sa gorge.
Cette silhouette… Ces longs cheveux blonds… toujours attachés par ses rubans rouges… Ces vêtements rouges et noirs, mélangés dans un style comme elle, seule, pouvait le faire.

*Non, c’est impossible !!!!*

Mais, si. Il se reçu la foudre ou plutôt une révélation en pleine poire, le pauvre. Voilà, la personne que Shin s’attendait le moins à revoir. Elle était en face de lui, en chair et en os, plongée dans son livre.

« Siobhan !!! »

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Siobhan n'avait pas lu trois lignes. Pour tout vous dire, elle avait lu la première de couverture. Le titre quoi, si vous préférez. On l'avait appelée par son prénom. Et elle connaissait cette voix.

* Aïe aïe aïe... Qu'est-ce que je vais dire pour ma défense ? * songea-t-elle, un peu paniquée.

Car oui : elle avait bien reconnu la voix de Shin. Bon, d'accord, c'était sa faute, elle aurait du le prévenir qu'elle allait au Japon elle aussi. Il devait faire une sacré tête. Réfléchissant à toute vitesse, la jeune fille se retourna prudemment en cherchant une explication plausible à son silence. Après tout, elle s'était peut-être trompée, ce n'était pas Shin...

Malheureusement oui. Siobhan le voyait maintenant. Il était assis à une table plus loin, dans l'ombre. Elle ne le voyait pas très bien, mais elle remarqua immédiatement son traditionnel style "black and white" et de plus, il avait une tête à faire peur. On aurait dit qu'il venait de se réveiller, et que pourtant il n'avait pas dormi depuis plusieurs jours. Bon, cela peut paraître bizarre dit comme cela, mais Siobhan se comprit parfaitement, et c'était l'essentiel. Elle ne savait pas vraiment quelle attitude adopter. Ou alors elle le laisser poser ses questions, ou bien elle prenait les devants et allait le réprimander pour son manque de sommeil, non mais sans blague !

Et pourtant, Siobhan opta pour la première option.

« Bonjour Shin. Tu vas bien ? »

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Non, pas de doute, c’était bien Siobhan. Eh bien pour une surprise, c’en était une… et une belle ! Sa meilleure amie, ici au Japon ! Il n’en revenait pas mais le livre qui était en équilibre précaire tomba. La douleur à son pied le fit vite redescendre sur terre. Shin était, définitivement, réveillé maintenant.

« Toi, ici ! Mais pourquoi ? »
*Enfin, non, c’était pas ça que je voulais dire… Faut que je corrige le tir, merde !*

Vous l’aurez compris, Shin était complètement paumé… Il ne savait pas s’il devait se jeter sur elle pour lui faire un câlin, partir en courant, pleurer de joie… En bref, des émotions à la pelle, pour le moins désordonnées. Et le pire, vu la tête de Siobhan, ce serait de dire qu’il était en train de dormir. C’était un peu tard pour ça mais bon… Il opta pour une solution commune, dite « de la fuite distinguée ».

« Je vais très bien, et toi ? Figure-toi que j’allais partir… j’ai fini ce que je devais faire… »

On voyait le mensonge à des kilomètres à la ronde mais que voulez-vous, c’est Shin. Il avait beau savoir que sa feuille était vierge de toute encre, et aussi, que les livres empruntés s’entassaient au dessus. Il préférait tenter l’expérience comptant sur l’obscurité des lieux pour cacher sa table. Autant dire que ça ne lui a pas réussi… Sa surprise fit soudainement place à une certaine crainte, il connaissait Siobhan et cette absence de réaction le laissait stupéfait. Il se tourna vers sa table et rangea ses affaires dans son sac…

« Depuis, combien de temps, tu es là ? J’aurais du t’apercevoir… »

Et, de nouveau, un mensonge mais celui-là, elle ne pouvait pas le savoir. Il n’était quasiment pas allé en cours, juste ceux qu’il aimait. Il avait passé son temps dans les jardins, les sous-sols et la salle de musique… il avait rencontrait des personnes fort sympathiques comme Kura-pi. Il réfléchissait à tous ça, le dos tourné.

*Franchement, si je t’avais rencontré, ailleurs… ça aurait été mieux !*

Bah, oui ! Elle lui avait terriblement manqué, il aurait voulu discuter et une bibliothèque, ce n’est pas le mieux pour ça. Soudainement, une alarme sonna dans sa petite tête avec un panneau DANGER ! Notre jeune homme se retourna vivement vers Siobhan, sa trousse à la main. Voilà, le truc qui le dérangeait depuis tout à l’heure, elle était rigide et sa lèvre inférieure tremblait légèrement, signe avant coureur d’une colère imminente.

« Tu sais, ce n’était pas un devoir… Juste une petite recherche pour moi-même ! »

Tout cela dit avec un grand sourire comme il sait si bien les faire, tout le monde tombe dans le panneau mais pas elle, non, pas Siobhan ! Shin savait qu’il avait signé sa propre tombe ! Ça l’amusait, les réactions de la jeune demoiselle le faisaient toujours rire, elles pouvaient être très douloureuse aussi… Il adore jouer avec le feu...

Invité

Siobhan vit tout à coup le livre que Shin lisait s'écraser en plein sur le pied de ce dernier. Cela devait faire mal, mais cela eut au moins l'avantage de tirer complètement le jeune homme de sa léthargie. En tout cas, léthargie ou pas, ses propos étaient tout aussi incohérents, preuve de sa grande surprise... ou encore de son manque de sommeil. Siobhan retint un soupir. Dire qu'il lui avait dit qu'il changerait maintenant qu'il serait au Japon, qu'il commençait vraiment quelque chose de différent... On était loin du compte. Quand elle pensait à toutes les fois où elle l'avait réprimandé pour les fois où il n'était pas allé en cours et parce qu'il dormait, elle avait un peu l'impression d'être de retour en France... Elle le laissa débiter ses explications fumeuses (pour le moins), du genre "j'allais partir", "j'ai fini ce que j'avais à faire" ou encore "c'est pas un devoir, je le fais pour moi". Après tout, s'il croyait l'embobiner avec ça, c'était raté.

Mais... Une chose : elle rêvait, ou bien il était encore plus embarrassé qu'elle ? Qu'est-ce qui lui prenait ?

Elle le vit se lever avec précipitation et ranger ses affaires tout aussi rapidement. La jeune fille fronça les sourcils : qu'espérait-il faire exactement ? Il fuyait ou quoi ?

La jeune fille sentit sa lèvre inférieure se mettre à trembler sans qu'elle ne puisse rien faire pour l'arrêter ou même le cacher. Elle était folle de rage. Qu'est-ce qui lui prenait d'un coup ? Shin dut lui aussi sentir l'animosité qui se dégageait d'elle car il se retourna, sa trousse qu'il n'avait pas pu encore ranger à la main. Bonne chose pour Siobhan qui lui balança son livre à la tête.

Sans laisser le temps à Shin de faire quoi que se soit, elle se mit presque à crier :

« Bravo ! Alors là, chapeau ! Et d'une, tu n'as même pas un mot gentil pour ta gentille copine qui t'a suivi jusqu'à l'autre bout de la Terre, si ça c'est pas une preuve d'amitié, quand même, et de deux, je vois que tu t'es déjà remis à faire les même conneries qu'en France ! Je vais devoir jouer à la nounou toute ta vie avec toi, ou quoi ? Et, autre question, c'est vrai que je ne t'ai pas croisé depuis la rentrée, tu étais où alors si ce n'était pas dans ce lycée ? J'attends ! »

Invité

Shin connaissait tellement bien les accès de colère de Siobhan que le livre qui arrivait droit sur lui, ne le surprit pas. Il avait eu le reflex de parer l’objet avec sa trousse sauf que la suite, il ne s’y attendait vraiment pas… Siobhan criait dans une bibliothèque, Shin était comment dire… abasourdi ! Ça aussi c’était une première, et je pense que ça ne sera pas la dernière surprise qu’il aura mais bon… Il s’était rapproché d’un coup de Siobhan pour lui mettre une sourdine, c’est-à-dire, sa main.

« Non mais ça va pas ! Ça suffit ! Calme-toi ! »

Tout ceci dit avec une grande élocution mais pas dans la bonne langue. Le livre, OK. La morale parce qu’il avait menti, ça pouvait encore passer… Le problème, était, un qu’elle ne l’avait pas prévenu qu’elle viendrait au Japon avec lui et, de deux qu’elle se comportait encore et toujours comme sa nounou… Donc Shin s’était quelque peu mis en colère mais suffisamment pour qu’il en perde son patois, euh… Non, son japonais ! Forcément, il n’avait pas pu dire un mot gentil à la demoiselle pour lui souhaiter la bienvenue, vu l’enchainement de ses phrases. La catastrophe arriva à la dernière question très pertinente de Siobhan, il avait vu vert si l’on put dire…

« Tu veux savoir où j’étais ? C’est simple ! Je n’étais pas en cours. Si ça te pose un problème… Et puis, même si ça te pose un problème ! Ça ne te concerne pas ! »

Notre jeune homme, pour le coup, était légèrement énervé même si il l’avait cherché, il ne pensait pas qu’elle réagirait comme ça. D’un côté, il la comprenait parce que, franchement, ce n’était un exemple de maturité parfois. De l’autre, sa meilleure amie le considérait toujours comme le Shin d’avant et il avait du mal à l’avaler. Que voulez-vous… Il savait qu’elle partirait au quart de tour mais pourtant, il avait espéré que… Siobhan soit passé au-dessus de tout ce qui s’était passé en France. Enfin, ce n’était qu’un rêve et il le savait aussi… Retrouvé quelqu’un à moitié mort sur votre balcon puis vous voyez que c’est votre meilleur ami qui agonise à vos pieds… C’est clair que ça ne vous laisse pas de marbre. S’il se souvenait bien, cette fois-là, Shin avait été dans le coma pendant trois jours. Et encore, ce n’était pas le pire qu’elle avait vu…

« Je n’ai pas recommencé… et tu le sais, sinon je ne serais pas en face de toi en train de te parler… »
*Si seulement, je n’avais pas fait toutes ses conneries avec mes potes, elle aurait confiance en moi… Je l’ai tellement blessé… Si tu savais comme je m’en veux pour beaucoup de chose…*

Il avait petit à petit diminué la pression qu’il exerçait sur sa bouche pour finir par complètement enlevé sa main. Il avait gentiment relevé sa frimousse en glissant une main sous le menton de Siobhan puis Shin se mit à observer chaque trait en détail, chaque expression… Tout lui avait manqué et, surtout ses yeux… Ce bleu froid et inexpressif et, pourtant, recélant tellement d’émotions !

« Tu m’as manqué… »