Amphi IV [Avec Set']

« Setsumi Hiujirô, en as-tu entendu parlé ? Cette petite snob prétentieuse m’écoeure ! »

« Elle est tellement belle. Qui pourrait lui dire non ? »

Le parfum saumâtre des premières fleurs flottait dans l’air. Le temps semblait se languir, au fur et à mesure que les jours s’allongeaient. La nuit fuyait ces instants de fêtes où la chaleur étouffante ne tarderait pas à arriver. Les étudiants plongés dans les pensées des vacances d’été se perdaient à rêver de la mer et de la famille qu’ils retrouveraient bientôt.
Les intellects étaient plongés dans leurs livres à réviser les examens qui allaient arriver bientôt. La fête de la saint Valentin était loin et les demoiselles ne songeaient plus qu’à la fête du printemps et des groupes de musique qui joueraient pour cette occasion.

Un goût de nostalgie flottait dans l’air. La fin de l’année scolaire n’avait pas encore pointé le bout de son nez que déjà on s’inquiétait d’être séparé l’année prochaine et de se retrouver avec des groupes qu’on n’aimait pas. On se promettait de beaucoup se voir, on s’échangeait les adresses de vacances. Ceux qui restaient à Keimoo élaboraient des projets et on se demandait si la fête foraine serait mieux réussit que l’année dernière.

Cette agitation ne touchait pas Lun Marv. Il ne craignait pas les examens, même s’il se plaisait à dire par bravade à son Sempai qu’il n’irait peut-être pas les passer. Qu’il allait y réfléchir. Peut-être bien que oui, peut-être bien que non.
Il avait refusé de montrer ses photographies à l’exposition de l’école, le journal ne lui prenait pas autant de temps qu’il aurait pensé et ses amis étaient tous occupés. Maeki terminait son roman, Elyott passait beaucoup de temps avec ses amis, Jun était sans cesse entouré et Luc passait les dernières sélections sportives avant la final qui aura lieu le mois prochain.
Lun, lui, n’avait aucun club de sport. Il avait refusé de s’y inscrire, prétextant qu’il avait autre chose à faire.

Ces derniers jours, il avait passé beaucoup de temps à travailler à l’atelier de Yuy sur une vielle bécane qu'il tentait de réparer. Ainsi qu’à mettre au point un virus qu’il comptait introduire dans l’ordinateur d’un flic qu’il n’aimait guère. Ce petit logiciel allait lui permettre de voler toutes les données présentes ou venant d'être supprimé dans cet ordinateur et de voir à temps réel ce qu’il faisait dessus.
Au final, sans l’agitation scolaire, Lun était tout de même bien occupé. Son esprit ne faisait que penser à Lanaru. Il se demandait s’il allait le revoir bientôt. Il s’inquiétait et l’inquiétude lui permettait d’autant plus de travailler sur d’autres projets.

Ce fut une phrase qui lui fut soulever un sourcil, un jour, en passant dans un couloir. Une phrase banale dites par une dernière année : « Setsumi Hiujirô, tu sais … elle fait des études de styliste. J’aimerais bien saboter ses créations pour ses examens. »

Lun se fichait bien de cette histoire de sabotage : la dernière année n’aurait jamais ce courage-là et les salles de stylisme étaient fermées à clé. Lun pouvait facilement y accéder, mais il doutait que les gamines aient le doigté en manière d’ouverture des portes. Non. Ce n’était pas ça qui l’avait fait réagir, ce fut le nom de son amie.

Depuis combien de temps, n’avait-il pas prit de nouvelles de Setsumi ? Au moins depuis une semaine, soit une éternité. Lun s’inquiétait un peu pour elle. Elle avait tendance à se mettre les filles à dos à force d’être entouré que de beaux garçons et Lun ne souhaitait pas que la princesse soit blessée dans les feux qu’elle aurait elle-même allumée.
Lun ne se permettrait jamais de juger la jeune fille. Elle était son amie. Une des rares et précieuses qu’il s’était faite ici. Intelligente, séduisante, son corps se courbant sous le sien lui avait autant plus que son esprit le narguant.

Et même si aucune liaison n’était au goût du jour, Lun gardait un sentiment protecteur de tendresse à l’égard de celle qui savait si bien faire jouir autant dans le sens littéral du mot, que dans l’autre. Elle était une philosophie de vie à elle-seule. Un esprit avant d'être un corps.

Le garçon avait décidé ainsi de prendre des nouvelles de sa Milady. Néanmoins, il désirait lui parler en privé. Ce qui était très compliqué : lorsqu’il n’était pas espionné, c’était elle qui l’était. Et souvent, ils l’étaient tous les deux autant. Cela dit, rien ne l’empêchait d’aller à l’université et de trouver une solution plus tard.

Arrivé dans les couloirs, Lun tenta de se souvenir de l’emploi du temps de Set. Elle aurait besoin de retourner dans sa chambre pour se changer, pour le sport. Il pouvait donc y passer et l’y attendre.
Sauf, que Lun n’avait pas que ça à faire et surtout, si on le trouvait dans la chambre de la demoiselle, ce serait provoquer une situation certes très amusante, mais qu’il en cherchait pas aujourd’hui.

Tout en pensant, Lun prit naturellement le chemin de la dite chambre.

Une fois arrivé devant elle, il hésita quelques secondes avant d’écrire sur un bout de papier jaune découpé dans un cahier de cours : Amphi IV. 18h30. Athos.


Il colla son message avec un morceau de scotch sur la porte de la chambre. Le garçon à l’allure simple dans son pantalon d’un bleu nuit et sa chemise blanche à moitié sortit du pantalon, où une cravate à moitié défaite affichait une négligence calme.

Un sentiment désolé d’amusement prit le garçon, qui monta une clope à ses lèvres et continua d’avancer dans ce lieu universitaire qui lui était presque plus familier que le lycée lui-même.

En quittant le couloir des dortoirs des filles, Lun croisa un groupe d'entre elles qui le fixèrent avant de chuchoter. Lun eu un sourire satisfait, retirant une seconde la clope de ses lèvres pour les rudoyer onctueusement : "Plus tard les demandes d'autographes, j'ai autre chose à faire !"

L’amphithéâtre IV était bien connu de Lun. Il était plus petit que la moyenne de l’université, mais était assez grand pour accueillir jusqu’à deux cent personnes. Il était souvent utilisé par les classes audiovisuelles mais depuis un mois, il était en travaux. En effet, la vielle sono avait besoin d’être changé et les ouvriers avaient commencé les travaux.
Sauf, qu’une erreur humaine dans ces derniers avaient provoqués l’arrêt des travaux le temps de trouver où la faille avait été commise.

Depuis l’amphithéâtre était fermé à clé et personne n’avait le droit de s’y rendre.

Il était donc évident que tout le monde s’y rendait. Lun autant, peut-être plus, que tous les autres universitaires.

Lorsqu’il rentra dans la pièce après avoir utilisé son passe, Lun eu un sourire de contentement. Il posa son sac près du bureau du professeur, sortit des bouteilles d'alcool dont une certaine téquila et alluma la musique.

Seulement, Lun ne voulait pas voir son amie que pour « juste le plaisir. » Il avait aussi un service à lui demander. Elle était en contact avec bien des mannequins. Lanaru Minouska était mannequin et Lun avait besoin du numéro de son manager :

Or ce vieil idiot conservait tous ses dossiers par écrits. Il était donc impossible pour Lun d’y avoir accès à moins de fracturer la plus grosse agence de mannequinât du Japon : Lun qui avait une âme de voleur, ne se sentait pourtant pas assez fort pour déjouer à lui seul un système de sécurité ultraperformant élaboré pour défier toutes concurrences des autres pays : bref un coffre fort digne de plus grosses banques.

Surtout, lorsqu’il y avait une solution plus simple : Demander à Set’ de lui filer l’adresse d’Hideto. Ensuite, Lun n’aurait aucun problème : ses amis hackers lui avaient déjà décotés toutes le vie de ce manager, tous ses penchants, vices, faits et même des faits antérieurs datant des arrières grands-parents.

Il y avait seulement un hic : Lun avait un peu négligé sa Milady ces derniers temps, et elle n’était pas toujours très conciliante à l’excuse : « J’ai oublié. » qui n’était pourtant, généralement, pas tout à fait fausse. Ni tout à fait vrai.
Alors il avait décidé de faire deux coups en un : s'assurer que la princesse allait bien et lui demander de l'aider.

"Foutue chaleur !"

Setsumi, comme à chaque moment de l'année où le soleil pointait le bout de son nez, pestait contre les hausses de température. Elle détestait ces longs mois où elle devait redoubler d'efforts pour garder son teint pâle. Son contrat stipulait que sa peau ne devait pas perdre de sa blancheur, ce qui contraignait la jeune fille à rester confiner à l'intérieur ou à sortir manches et jambes couvertes.

Cette close ne lui plaisait pas du tout. Elle ne pourrait pas s’installer pendant des heures sur la plage ou traîner sur la jetée avec du monde. Encore moins surveiller Takashi et les multiples garces qui lui tourneraient autour. C’est pour cette raison, que contrairement à la majorité des étudiants, elle n’était pas pressée que l’année se termine. Même les soirées en vacances avaient un goût amer. Bien sûr, elle sortait chaque soirs mais ces fêtes déjantées perdaient de leur éclat lorsque Takashi draguait ou s’envoyait encore en l’air sur la plage et que la plus part des gens de son entourage rentraient dans leur famille, ce que Setsumi ne faisait jamais. Elle louait un appartement avec son cousin au bord de la mer. Plus de Lun pour l’emmener sur un coup de tête boire des verres. Plus de Jun pour venir la réveiller après une gueule de bois. Il était évident depuis quelques jours qu’elle ne passerait pas de nuits en compagnie de Narcisse et il ne fallait plus compter sur Brieg qui semblait s’enticher d’Angie la perche.

"Foutues vacances !"

Dire qu’en cette journée, Setsumi était d’une humeur massacrante, n’aurait pas été un euphémisme. Il est vrai que la voir sociable et aimable n’est pas chose courante mais en ce moment même, il ne valait mieux pas engager la conversation. La jeune fille portait encore les marques de son altercation avec Anouck, physiques comme morales. Voir sa lèvre inférieure à moitié violacée la faisait enrager. Son corps n’était plus parfait et son orgueil était sacrément amoché lui aussi. Elle avait un métier et une réputation qui ne lui permettaient pas de subir ce genre de situation. De plus les examens approchaient, et comme à son habitude, Setsumi n’était pas pleinement satisfaite de ses créations. Bien sûr elles étaient bonnes puisque qu’elles faisaient naître de la jalousie chez les autres étudiants en stylisme, mais la jeune fille estimait que ça n’atteignait pas encore la qualité et la classe suffisantes pour une fille de sa trempe.

Ce jour là, elle portait d’ailleurs une de ses dernières créations spécialement conçue pour sa garde robe personnelle et rentrait à contre coeur se changer pour le cours de sport. Elle détestait cette matière qui menaçait à chaque seconde de lui faire un bleu ou pire de lui casser quelque chose.

Quand elle pénétra dans le couloir de son dortoir, elle remarqua tout de suite qu'un truc clochait. Les regards de haine et les gloussements que provoquaient ses frasques n'étaient pas les mêmes. Setsumi était habituée à ce genre de réaction mais son instinct ne la trompait pas. Quelque chose s'était passé ici et cela la concernait. Plus elle s'avançait vers sa chambre, plus les chuchotements et de petits groupes se formaient. Arrivée devant sa porte, elle se retourna les sourcils froncés et vit avec agacement que la plus part des visages convergeaient dans sa direction.

"Allez ça suffit maintenant. La contemplation est terminée !"

"Drôle d’endroit pour s’envoyer en l’air !"

Avant d’avoir pu identifier son interlocutrice, les rangs se dispersèrent et les étudiantes regagnaient leur dortoir.
Irritée, Setsumi fouilla dans son sac pour attraper la clé de sa chambre. Elle la rentra dans la serrure, ouvrit la porte, arracha d’un coup sec un bout de papier accroché dessus et la claquer. Elle balança son sac sur son lit, posa le trousseau sur son bureau et jeta un coup d’oeil au mot.



Elle éclata de rire en découvrant la signature. Lun était bien l’un des rares garçons à pouvoir déglinguer ainsi l’esprit de toutes ces filles et à faire ressortir leurs hormones. Elle comprenait mieux l’attaque verbale dans le couloir. Ah, les étudiantes pouvaient être vraiment stupides. Cela faisait déjà un bon moment que Setsumi et Lun n’étaient plus ensemble, ce n’était un secret pour personne mais la jalousie et l’envie de certaines ne s’étaient toujours pas envolées.

Beaucoup de monde avait été étonné de voir que les deux jeunes gens continuaient à se côtoyer et tisser une amitié concrète. Personne n'aurait pensé que Setsumi aurait été capable de se comporter de façon aussi humaine et qu'un garçon s'intéresserait à elle autrement que pour son corps.

Setsumi regarda encore une fois le papier. Elle fut légèrement piquée quand elle comprit que Lun ne s’était pas donné la peine d’attendre son retour. Même si elle appréciait les rendez-vous balancés au détour d’un couloir, elle estimait qu’elle valait plus qu’un vulgaire bout de feuille, surtout venant de son ami.

Elle se dirigea vers son miroir pour refaire son maquillage et ses yeux se détournèrent une fois de plus de son reflet. Décidemment, cette lèvre était un calvaire et une raison de plus pour ne pas aller en sport et risquer d’empirer les choses. Elle boycotterait ce cours, que ça plaise ou non. Elle s’installe devant son ordinateur et lut ses e-mails concernant ses prochains défilés.

L’amphi IV. Setsumi se demandait si Lun n’avait pas perdu la tête. Avec les travaux qu’on y effectuaient, il était évident que le lieu sera plein de poussière, bâches et peinture. "Lun Marv, si je me casse une jambe ou si je me tâche, je ne donne pas cher de ta peau," pensa-t-elle. Elle avait décidé d’entrer par les grandes portes battantes donnant sur le haut de l’amphi. Sentiment de dominance ? Sûrement. Quand elle arriva, un air commença.
Elle sourit devant l’étalage de bouteilles sur la table, haussa la voix pour couvrir la musique et descendit les marches comme si elle se trouvait sur un podium.

"Une semaine de silence. Un médiocre bout de papier accroché sur ma porte. Et une bouteille de tequila."

Elle l’embrassa doucement à la commissure des lèvres et s’assit sur le bureau, balançant ses jambes dans le vide. Elle le fixa un peu plus durement qu’elle ne l’aurait voulut.

"Qu’est-ce que tu veux ?"

La main tendue vers le ciel, les yeux de l’enfant se perdent dans un souvenir oublié qu’il n’arrive pas à saisir. Il rit. Un papillon lui frôle le bout des doigts. Les ailes de la créature semblent faîtes dans un nuage immatériel. Le rire s’envole et remonte jusqu’au ciel.
Il n’y a jamais de parole, jamais de silence non plus. Il ne fait ni chaud, ni froid. On ne s’ennui pas mais on n’est jamais pressé.

Toutes les rumeurs ne naissent pas de la même manière. Certaines ne sont que mensonge et la fumée n’a aucune flamme. D’autres proviennent d’une exagération, un baiser devient baiser. Un sourire devient une déclaration. Et la flamme un incendie qui brûle toute la maison. D’autres sont la pure vérité. Il en existe tant qu’il faudrait faire un dictionnaire des contes et rumeurs du lycée de Keimoo.
Set était une princesse diabolique qui pouvait faire succomber tous les hommes. Lun était un garçon de quinze ans qui avait une vie digne d’un vampire de mille ans. Jun était un ange vivant près des nuages, à gauche du pays des kangourous d’Elyott. Elyott avait inventé le mot beauté à lui tout seul, et il avait parait-il, un fan club de mille personnes.
Et quelques parts, entre deux phrases perchées, il y avait ceux qui n’ont aucune rumeur sur eux. Ceux que personne ne connaît. Ils se sentaient mal dans leurs peaux. Ils enviaient les populaires, ils les aimaient ou les détestaient.

Assit sur le bureau en bois massif, Lun a relevé une jambe et y repose ses bras. L’autre jambe retombe le long du bureau. Ses cheveux se dessinent sagement, sans vent, ils demeurent légèrement ondulés. Il fait trop chaud et il aimerait que le soleil stoppe sa course rapidement et que son amie la lune vienne le consoler de cette chaleur étouffante.
Il a déjà ouvert une bouteille de tequila et grogne du mauvais goût de son amie. Il n’arrive pas à croire qu’une fille qui autant de classe peut avoir des goûts si peu raffiné, bien que plus élevé que ceux de Jun.

Lorsque la porte de l’amphithéâtrique s’ouvre, il relève un regard doux. Son amie est là, et déjà elle referme la porte. Marv l’attendait sans savoir si elle viendrait. Elle ne pouvait que venir par curiosité et par sens de l’amitié. Set était fidèle avec ceux qui avaient une place quelques part dans son cœur.

Il rit en l’entendant se plaindre.

Une semaine de silence. Set était trop possessive. Elle oublie qu’elle n’est pas seule et qu’on ne l’oublie pas même si on n’est pas à coté d’elle. Lun n’a rien à lui reprocher : n’est-il pas celui qui se plaint de ne pas la voir assez ? En une semaine, un monde peut changer. Une vie peut s’éteindre et une autre naître. Elle peut s’enticher d’un escrimeur qu’il ne la vaut pas. Elle peut se mettre une fleur à dos et risquer l’éclair d’un dieu.

En une semaine, on peut oublier à quel point cette princesse à la peau de neige peut être belle. Si belle que ses chevaliers pourraient mourir pour elle. Si belle, que les hommes ne doivent pas souvent lui dire non. Trop belle, trop belle pour qu’on lui accorde le droit à l’erreur.

Si parfaite, qu’on épie chacun de ses gestes.

"Une semaine de silence. Un médiocre bout de papier accroché sur ma porte. Et une bouteille de tequila."

Le rire est retombé, Lun l’observe descendre. Elle a le pas de la première, de l’habituée des réceptions et des bals de jeunes filles. On devine en suivant le mouvement de ses hanches, la certitude de ses gestes. Milady ne douterait-elle donc jamais d’elle-même quand son pas est si léger que celui d’un ange.

Lun laisse ses jambes retombées le long du bureau. Il ne bouge pas, d’un geste des épaules, il joue à l’indifférent. Ou bien peut-être l’est-il. Avec lui, c’est difficile de savoir. Il aime Set, beaucoup. C’est sa meilleure amie et sa seule vraie amie de confiance ici. Le club des mousquetaires lui semble bien loin.

Elle est importante, mais Lun n’a aucun compte à lui rendre. Ce n’est encore qu’une enfant femme fatale. Le pouvoir entre les doigts mais qu’elle ne voit pas toujours. Si fragile et si forte dans la même seconde.

« Hm, hm … »

Elle l’embrasse. Ni sur la joue, ni sur les lèvres. Elle s’assoie sur le bureau et lui descend, se mettant face à elle debout. Lun encadre le corps de la belle de ses deux bras. Il sourit, un peu énigmatique alors qu’elle lui lance un :

"Qu’est-ce que tu veux ?"

Une moue enfantine se dessine sur le visage du jeune garçon, qui ne relève pas le ton de son ami. Elle a tôt fait de disparaître pour laisser sa place à un sourire ironique, Lun levant les yeux au ciel :

« Deux services. »

Ce n’était pas le genre de Lun de tourner autour du pot. Cependant, il devinait dans la voix de son amie qu’elle n’était pas dupe. Elle savait qu’il venait pour lui demander quelque chose. Lun n’était pourtant pas venu pour ça, au départ.
Association d’idées, que pouvait-il y faire ?

Tranquillement, il continua :

« Un. J’ai besoin de l’adresse personnelle d’un manager de mannequin. Hideto Takamura. Ton manager doit l’avoir. »

Quelque part, Lun aurait pu se stopper là. Il l’aurait fait pour n’importe qui, sans donner la moindre explication. Il n’aimait pas s’expliquer. Mais Set était une amie, et il considérait que lorsqu’il demandait quelque chose, il devait lui expliquait au minimum le pourquoi.

« C’est le manager et le tuteur d’un étudiant Lanaru Minouska qui ne vient plus en cours. Je le connais, un peu. J’ai besoin de leurs parler. »

Lun penche le visage vers Set, mais il ne l’embrasse pas. La pointe de ses lèvres effleure le pétale des siennes. Il sourit, enfant malin, homme coquin et la svelte silhouette s’échappe. Lun prend la bouteille d’alcool entre ses mains, il sert Milady, il se sert. Et qu’importe si elle se fâche, il a confiance en elle.

Et cette confiance ne peut être effacé par une semaine d’absence réciproque.

« Deux. Je voudrais que tu m’autorises à t’interviewer pour le magazine de l’école. Pas aujourd’hui, plus tard. »

C’est important. Il ne faut pas oublier qu’il doit le gérer ce maudit magazine avec l’autre sorcière ! Et l’autre sorcière pourrait bien aller se plaindre si Lun ne se met pas à s’y accorder avec un peu de sérieux.

Pourtant, que peut-il y faire ? Le journal est constitué d’Elyott, et rien que ce prénom lui brise le cœur et de filles qui rougissent trop souvent ou trop farouches pour qu’il puisse avoir du crédit à leurs yeux.

Il avait la moto, le journalisme, et son portable. Aya qui voulait qu’il bosse, mais aussi l’autre flic auquel il voulait se venger.

La main de Lun dessine la lèvre blessée alors qu’il relève un sourcil, intrigué.

Hm ?

En une semaine, un beau visage parfait peut se farder d’une cicatrice nouvelle qui disparaîtra certainement.

« Qu’est-ce qui t’es arrivé ? » Demande Lun dans une phrase qui ressemble plus à un ordre, qu’à une question. Quelle est la personne qui a blessé Milady ? Une jalouse, un amant mit dehors, un garçon trop amoureux ?

Un crétin. Une crétine. Qui a abîmé le visage de celle dont l’image figure dans les magazines populaires que s’arrachent les gamines en tout genre ?

Spoiler:

Setsumi n'aimait pas ces gamins de seize ans qui se prenaient déjà pour quelqu'un d'une quelconque importance, c'est pour cela qu'elle limitait ses relations aux personnes de son âge. Elle avait dérogée à cette règle avec seulement trois personnes. Certes avec leur dix-sept ans, Jun et Tsumi s'approchaient de la majorité, mais les quinze ans de Lun faisaient tâche.

C'est pourquoi sa liaison passée et son attachement envers ce garçon en déstabilisaient plus d'un. Et pourtant, Set' devait l'avouer, c'était en la compagnie des deux jeunes populaires qu'elle se sentait vivante. Avec eux, elle n'avait pas besoin de s'enfiler un rail ou de se faire malmener dans un de ses rapports sado-masochistes pour savoir qu'elle existait réellement.
Takashi l'aimait aussi mais à la différence des deux autres, il ne se gênait pas pour poignarder Setsumi dans le dos.

"Deux services. Un. J'ai besoin de l'adresse personnelle d'un manager de mannequin. Hideto Takamura. Ton manager doit l'avoir."

Il l'avait encerclé de ses bras et s'imposait face à elle, calme. Setsumi se détendit légèrement et eut un léger haussement de sourcils, intriguée. Lun comptait se lancer dans le mannequinât ? Set' était la première à reconnaître la beauté du jeune homme et elle s'était toujours demandée comment il avait fait pour rester éloigné des podiums.

"C'est le manager et le tuteur d'un étudiant Lanaru Minouska qui ne vient plus en cours. Je le connais, un peu. J'ai besoin de leur parler."

Setsumi se figea. Elle allait protester, lui répondre qu'elle n'était pas là pour l'aider dans ses conquêtes. Les lèvres de Lun vinrent effleurer les siennes quelques secondes avant de s'écarter.

"Deux. Je voudrais que tu m'autorises à t'interviewer pour le magazine de l'école. Pas aujourd'hui, plus tard."

Elle le regarda leur servir à boire et devant le sourire en coin de Lun, Set’ ne put s’empêcher de se sentir coupable à la pensée qu'elle venait d'avoir. Il fallait qu'elle apprenne à se maîtriser, du moins avec les rares personnes qui pouvaient la supporter.
Elle avala son verre pour essayer de contenir ses émotions, regrettant tout de même l'absence du citron et du sel.

Setsumi vit à contre coeur la main de Lun se lever vers sa bouche et elle pu lire l'étonnement sur le visage du garçon. Si elle avait pu le faire sans éprouver de douleur, elle se serait volontiers mordu la lèvre pour avoir oublier ce détail. Il était évident que Lun, comme tout le monde qui l'avait croisé depuis l'altercation avec Anouck, remarquait cette marque qui défigurait son si beau visage.

"Qu'est-ce qui t'es arrivé ?"

"Une interview pour le journal de l'école, dis-tu ?"

Elle avait baissé les yeux à peine quelques secondes après qu'il lui ai touché la lèvre. Elle espérait pouvoir sauver le peu d'orgueil qui n'était pas blessé mais elle sut au ton de Lun qu'elle n'échapperait pas à une explication.

"Atwoman n'aime apparemment pas partager."

Elle avait essayé d'être légère mais ne put s'empêcher de détourner la tête. La vérité était qu'elle avait eu la mauvaise idée de provoquer Anouck, qui avait plusieurs verres dans le nez.
Lun était trop bon avec elle. Il se sentait obligé d'être là à chaque fois qu'elle avait besoin de quelqu'un. Peut-être e le faisait-il pas exprès mais dans tous les cas, il était présent. Il était le premier à emmener Set' se vider la tête, à la porter chez elle lorsqu'elle avait trop bu, ce qui arrivait un peu trop souvent. Un des rares à ne pas s'en foutre qu'elle se détruise intérieurement tant qu'elle restait impeccable physiquement. Sa présence, son amitié, avait fait baisser la consommation de coccaïne de Setsumi.

Lun, Prince de ces dames et Chevalier Servant de Milady. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux en regardant ce visage inquisiteur mais prévenant. Elle inspira doucement pour faire redescendre ses émotions et lui dit avec le ton le plus doux qu'elle pouvait :

"Je crois avoir un mail avec les coordonnées que tu cherches."

C'était la moindre des choses qu'elle pouvait faire pour lui.

Quelque chose n'allait pas en Setstumi. Lun n'aurait pas su dire quoi, mais elle était moins heureuse et moins souriante que d'habitude. Il l'avait blessé et il le devinait. L'anglais n'arrivait pas à mettre le doigt sur l'erreur qu'il avait commise et si c'était de sa faute, ou s'il avait juste réveillé un douloureux souvenir. Comme d'habitude, il se sentit attristé de la voir dans un état qu'il ne pouvait contrôler mais assez juste dans ses propos pour ne pas lui faire remarquer.

Son âge, il ne le voyait pas. Il avait peut-être quinze ans. Cependant, ce n'était pas un problème. Il n'avait jamais été intégré à ceux de son âge. La seule exception était Miu. Cette gamine de son âge, Lun ne savait pas bien ce qu'il pensait d'elle. Parfois, il se disait qu'elle n'était qu'un jeu entre ses mains qui l'amusait bien. D'autre fois, il se prenait à la prendre pour une soeur ou pour une autre. Il ne lui était jamais venu qu'elle pourrait être plus et ça ne lui viendrait certainement jamais à moins d'un retournement de situation. Toutefois, Miu était une belle relation parce qu'elle était saine. Ni alcool, ni drogue. La japonaise typique qui avait été élevé dans les convenances de son pays. Si belle, si sage. Si innocente.

Quelques part, Lun se demandait s'il avait été un jour ainsi. Set, elle, l'était. Innocente, jeune, et belle. Sage, elle l'était bien moins. Non, Lun n'associait pas l'idée de sage avec cette demoiselle fatale qui faisait tourner leurs coeurs et les esprits. Elle était si proche de lui pourtant.

Lun remercia pour l'aide qu'elle accepta de lui apporter mais il ne s'éternisa pas sur le sujet. Ce n'était pas dans ses habitudes de mélanger les amis. Cependant, ce n'était pas non plus dans les siennes d'abandonner quelqu'un à son sort. Il avait eu besoin d'aide et elle lui avait apporter. De ce fait, Lun sentait bien qu'il avait agit correctement.
Il aurait du s'y prendre autrement, cela aussi, il le savait. Tourner autour du pot pourtant, l'aurait certainement hérité. Set n'était pas stupide, elle se rentrait compte lorsque ça n'allait pas.

Toutefois, l'anglais n'aurait jamais pensé que la belle le voyait sur un podium de mannequin. Jamais l'idée ne lui aurait effleuré le cerveau. Certes, il se savait beau. Certain aurait carrément dit qu'il était bandant, superbe et qu'il avait tout pour finir sur les marches. Ok. Sauf que lui, il n'en avait aucune envie. Véritablement aucune envie ! Lun n'aimerait jamais travailler dans un monde fard et de paillettes où l'alcool était monnaie courante et les vices si nombreux qu'on pouvait en faire une liste. - La même que toutes ses additions. Peut-être, mais il n'aimait pas être un homme objet. Et s'il reconnaissait en Set et en Lanaru de magnifiques personnes, il ne comprenait pas leurs amours des apparences. Lui qui cherchait tant à voir sous ses apparences.

Il travaillerait dans un monde proche du journaliste, de l'enquête, des flics. Même si Lun ne s'en rendait pas compte actuellement, il était clairement destiné à une vie de recherche.

Ce qui intriguait Lun ce fut la marque sur le visage de la dulcinée impossible à marier.

"Une interview pour le journal de l'école, dis-tu ?"

Lun fronça les sourcils. Set ne comptait-elle pas répondre à sa question ? Il ne se fâcherait pas, évidemment. Cependant, il finirait par lui faire dire. Ce serait dommage de gâcher leurs embrassades par une perte de temps. Savoir ce qui s'était passé sur son visage en était une. Visiblement, Set le comprit toute seule puisqu'elle lui avoua :

"Atwoman n'aime apparemment pas partager."

Lun n'avait jamais dit à la belle qu'il n'aimait pas le flic. Cette histoire était entre l'homme et lui-même. Il avait comme objectif de lui pourrir la vie. Malgré que toutes ses tentatives ne soient pas fructueuses, il devait bien reconnaître qu'il y arrivait assez bien. Cela dit : ce que venait de dire Setsumi contraria fortement Lun qui demeura impassible.
Il lui ferrait payer. Il ferrait payer à Anouck d'avoir posé la main sur une femme plus jeune et plus fragile que lui. Le jeune blondinet était surprit par ce qu'il venait d'entendre, même s'il le montrait pas. Il savait le flic salaud et con, mais il le pensait assez correct pour ne pas frapper sur plus "faible" que soi.
Visiblement, il s'était leurré. En plus d'être immonde, ce flic était aussi un lâche qui s'en prenait aux gosses. Ho ! Evidemment, Lun se doutait que la belle demoiselle au visage d'ange n'y était pas pour rien. Cependant, les mots ne sont pas des poings.

Quel con ! Pesta intérieurement Lun.

Lun s'était levé de la table. Ses bras entourant Setsumi, il caressa le creux de sa joue. Il souriait sérieusement, préoccupé par ce qu'il venait d'entendre. Il n'avait jamais rien à dit à la jeune fille ou à Jun à propos de leur relation avec le flic. Il ne s'en mêlait pas, de même qu'il ne se mêlait pas du rapport d'Aya et de John avec ce flic véreux. Il comprenait que leurs jeunesses les aveugles sur les méfaits de ce type qui oeuvrait la destruction.
Toutefois, il était certain que ce n'était pas une bonne chose : la preuve était ici.

Que pouvait-il y faire ? Jamais Lun n'interdirait à ses amis d'avoir la relation qu'ils veulent avoir. C'était à lui de l'accepter, même si ça lui faisait franchement mal au coeur.

"Fais attention, Set. Tu aimes ton travail, n'est-ce pas ? Si tu ne prends pas garde, tu le mettras en danger et tu mettras ta santé en danger. Je ne te fais pas une leçon de moral, Milady. Ne pense pas ça, je suis juste inquiet."

Lun soupira. Il embrassa les lèvres de la belle, simplement. Dans un baiser préliminaire, agréable, et léger. Emprunt d'habitude, mais également d'une séduction permanente et électrisante entre leurs deux corps.

"Ai-je des raisons de m'inquiéter ?" demanda le jeune homme en souriant pensivement, sa main prenant le verre d'alcool. Il trinqua avec Set, le sourire toujours là, bien que moqueur, et le monta à ses lèvres.

Il bu cul sec.

Lun en avait relativement bien besoin. A dire vrai, il aurait besoin de plus d'un verre d'alcool pour se sentir bien, mais ça n'avait pas beaucoup d'importance.

"Set, quelle est ta relation avec ce flic ?"

Lun ne posait pas la question au hasard. Il avait besoin de savoir. Si Lun n'avait pas fait renvoyé le policier, non seulement c'était parce qu'il était très populaire, mais aussi parce qu'il était apprécié par ses amis.
Et aussi parce que Lun ne voulait pas mal juger l'homme et qui lui laissait le droit de changer sa façon d'agir.


Il était intrigué, qu'on puisse l'apprécier. Set était-elle aussi de ceux qui avait été envoûté par ce spécimen menteur et volage ?

Lorsqu’il la remercia, elle agita la main pour lui dire que ce n’était rien. D'un côté, Setsumi était soulagée que Lun lui demande le numéro de Takamura pour une affaire privée. Elle avait tellement insisté auprès de lui pour qu'il rencontre de grands managers. Elle essayait tout le temps de le convaincre d'assister aux défilés, certaine qu'il y prendrait goût au bout d'un moment. Elle avait vite laissé face à l'attitude de Lun. Lui qui n'était pas intéressé par les corps et la beauté, ne semblait pas prendre en compte tout ce qu'il aurait pu faire, avoir avec un physique pareil et cela déroutait souvent Setsumi.

Lun ne réagit pas face à sa réponse. Mais elle ne s’en vexa pas. Elle le savait discret et maître de lui même. Quelque soit le sentiment qu’il éprouvait, il ne le montrait que rarement. Cependant, il laissait généralement paraître son agacement lorsque Setsumi s’emportait à cause de la gente masculine. La jeune fille n’aimait pas que l’on repousse ses avances ou qu’on ne la considère pas à sa juste valeur et Lun n’approuvait pas ses emportements. Pour lui, elle ne devait pas se montrer si affectée. Comme une certaine journée avec Brieg.

Souhaitant être plus au calme, Setsumi tourna la tête un fragment de seconde pour éteindre la musique et quand elle la releva, Lun l'encadrait de ses bras. Sa main vint toucher la joue de la jeune fille qui ne put s'empêcher de fermer les yeux à ce contact. De la douceur. C'était toujours ainsi avec Lun. Tout n'était qu'amitié et tendresse. Elle s'étonnait encore qu'il puisse se comporter comme ça avec elle alors qu'il connaissait son caractère, sa manière de se comporter qui était loin d'être très respectable.

"Fais attention Set. Tu aimes ton travail, n'est-ce pas ? Si tu ne prends pas garde, tu le mettras en danger et tu mettras ta santé en danger. Je ne te fais pas une leçon de moral, Milady. Ne pense pas ça, je suis juste inquiet."

Sûrement par réflexe, Lun se pencha et l’embrassa comme à l’accoutumé. "Fais attention Set." Comme à chaque fois qu’il prononçait ce diminutif, elle se sentit fléchir mais pleine d’oxygène. Bien que Milady soit le véritable pseudonyme qu’il lui est donné, elle aimait l’entendre l’appeler par le début de son prénom. Cela lui laissait son identité mais comme Lun avait été le premier de ses amis à l’utiliser, elle ne permettait pas que quelqu’un d’autre le fasse. C’était doux, ça faisait d’elle quelqu’un de différent et ça reflétait Lun et sa relation avec lui.

"Ai-je des raisons de m’inquiéter ?"

Setsumi secoua la tête en signe de négation. Elle était chamboulée par cette attention, cette peur, son sourire et elle le regardait fixement. Elle suivit le mouvement de son verre contre le sien puis sur ses lèvres. Bizarrement, elle ne se joignit pas à Lun et reposa sa boisson sur la table. Elle se leva et commença à marcher sur l’estrade.

"Set, quelle est ta relation avec ce flic ?"

Setsu ferma à nouveau les yeux. Elle avait envie de lui crier que ça n’avait plus d’importance, que dorénavant elle ne côtoierait plus Anouck. Qu’elle voulait créer sa propre marque et quitter les podiums pour les gens arrêtent de la considérer comme un bout de viande. Elle voulait que son image à leurs yeux soit la même que Lun quand il la voyait. Elle savait à présent qu’elle pouvait être perçue différemment et malgré son attirance pour le jeu et la séduction, elle voulait ressentir cette impression plus souvent.
Lun avait déployé tellement d’efforts volontairement ou pas pour rendre Setsumi un brin humaine et la sortir de ses différents galères, que la jeune fille ne souhaitait pas le blesser d’une manière quelconque.

"Lun, ne parlons pas de choses qui pourraient faire plus de mal que de bien. Surtout que désormais, Atwoman est de l’histoire ancienne."

Elle aurait voulut lui crier encore plus fort avec les larmes qui allaient avec qu’elle aurait aimé qu’il n’arrête pas ce baiser. Qu’il le transforme, qu’il l’aime encore le temps d’une nuit. Etait-ce parce qu’elle n’avait pas vu Lun depuis une semaine et n’avait pas reçu ses marques d’affection ou perdait-elle tout simplement la tête. Elle se retourna vers lui et à peine aperçut-elle sa silhouette qu’elle ne put se retenir. Elle se précipita sur lui, enroulant ses bras autour de son cou et l’embrassa, les yeux pleins de larmes.

Peu de personnes avaient le mérite d'être antipathique aux yeux de Lun. Dans le secteur de l'académie, le nombre se résumait à cinq : il y avait d'abord Cynthia dixit Maman. Elle l'avait torturé dans son enfance et était une ombre nuisible. Lun ne pouvait l'aimer puisqu'elle avait tout fait pour le détruire lui et ceux qui étaient alors son fils Gabriel et son mari Daniel. Dans l'univers de Lun, elle incarnait à la perfection, l'horrible belle-mère : celle, qui après que le mari soit mort, en profite pour faire souffrir les enfants. Elle était au Japon pour un tournage de film pornographique et Lun aurait préféré la savoir de l'autre coté de la terre.
Lun n'aimait pas beaucoup Keisuke. Pas beaucoup, parce qu'un semblant d'aversion était né. La raison en était presque inconnu. Deux coqs dans la même base-court et l'envie de provoquer avaient emmené ce conflit qui en était pas un. Lun et Keisuke auraient tout aussi bien pu être des amis.
Pour une autre raison, il y avait une partie de Maeki que Lun n'aimait guère. Cette haine était pourtant mise de coté pour l'amitié qu'il portait également à ce garçon.
Puis, il y avait deux policiers. Le premier, Lun ne l'aimait pas particulièrement parce qu'il se mêlait des histoires qu'il ne le regardait pas. L'inspecteur Gadget aurait mieux fait de s'occuper des troupes au lieu de mettre le nez dans des histoires qui ne le regardait pas. Cela dit, ça n'avait rien de comparable avec Anouck. Celui-là, Lun lui pourrissait la vie ! Ce qu'il ne faisait pas avec les autres, excepté de temps à autres Cynthia. Toute l'imagination du garçon et son intelligence étaient mit au profil de l'ultime question : comment se venger de quelqu'un de façon subtil sans risquer de se faire remarquer et sans le conduire au renvoi ?

Jusqu'ici pourtant Lun avait été plus doux dans ses cruautés. Une douceur qui pourrait bien changer après une révélation qui mit de l'eau dans son moulin. Le flic avait mit un coup à Set ! Et cette pensée qui tournait en boucle dans la tête de l'impassible garçon venait de faire l'effet d'une bombe dans son esprit. De quel droit, ce monstre, cet homme, un adulte, avait-il le droit de poser ses doigts sur le visage d'une enfant ? De quel droit s'était-il octroyé pour se permettre d'agir, encore une fois, dans la violence, à sa guise ? Lun le savait de tous les défauts vêtus. Il l'aurait pourtant pensé plus gentleman ? Ce n'était pas le terme. Plus correct, à ne pas frapper quelqu'un qui ne soit pas un adversaire de taille.

Une lueur colérique passa dans le regard de la forêt. Cette forêt d'Afrique qui prit le temps de briller le temps de cette lueur d'anciens esprits guerriers. Les peintures de guerre n'étaient pas loin, la hache au milieu et les feux brûlants suivant. Une leur que Set ne pu pas voir, dans les bras de Lun.

Le garçon avait spontanément enlacé sa jeune demoiselle. Son ancienne amante qui lui avait laissé quelques regrets mais aussi de beaux souvenirs. Il était heureux d'être là pour elle, et la paume de ses doigts caressant son dos montrait encore toute la tendresse qu'il avait pour elle. Violents, ils leur étaient arrivés de l'être. Passionnés, ils l'avaient toujours été. Malheureusement, il avait fallu faire un choix : Lun s'attachait trop à la belle et elle à lui. Lun n'aurait jamais laissé une passion autodestructrice naître et risquer de les blesser tous les deux. Il s'en était voulu, au départ. Pourtant, tout lui semblait plus clair désormais : on peut aimer une personne mais ne pas être fait pour elle.
Milady était fait pour un autre homme.

"Je vais faire semblant de te croire. Si tu ne veux pas en parler, je ne te forcerais pas."

Comme pour prouver ses propos, Lun prit le magnifique visage de la mannequin entre ses phalanges et l'embrassa sur le creux formés par l'arrête de son nez et la naissance de ses yeux. Deux baisers consolateurs. Ses lèvres vinrent chercher celles de Set' et demeurèrent perdus contre ses dernières.
La tristesse de son amie, il la prenait en plein coeur. L'était-elle parce que perdre son ami le policier la rendait ainsi, ou parce qu'elle ressentait de la peine envers les prévenances de Lun ? Il ne souhaitait ni remplacer le père ou le frère, ni être l'ami ... Pas non plus, l'amant. Il était simplement là.
Lâchant le visage de Set', Lun hocha pensivement de la tête. Il observa la future mannequin d'élite et demeura presque stupéfait par cette beauté, qui même abîmé par un bleu, demeurait irréelle, et si belle. S'il avait pu la prendre en photographie à cet ainsi, il l'aurait fait : mais son amie n'aurait pas aimé qu'on prenne la trace du imperfection sur sa personne.
Lun se garda donc de le faire, retournant vers elle pour lui prendre les mains dans les siennes.

"Je suis là pour toi."

Il y avait autre chose. Lun ne savait pas bien l'aborder. C'était un problème épineux car il concernait sa vie d'avant. Lun savait que peu de personne devait être prévenu, sinon, ça ferait vite le tour de l'académie. Il le dirait à Jun, plus tard, lorsqu'il le verrait. Il fallait le dire à Setsumi. Ce n'était pas le moment : lui dire qu'on comptait partir un mois alors qu'on ne l'a pas vu deux semaines, serait comme remuer un couteau dans la plaie.
Lun décida qu'il prendrait le temps de le faire plus tard. Au pire, il ne lui dirait pas. Set' lui en voudrait certainement mais peut-être qu'elle ne s'en rendrait pas compte. L'important c'était qu'elle ne soit pas encore blessé à cet instant. Le futur viendrait tôt ou tard et il aurait alors bien le temps de s'en inquiéter !

"Set, "

Lun aimait dire le nom des gens. Il l'aimait particulièrement. A chaque fois qu'il prononçait, Set ou Milady, Elyott ou Pomme, Jun ... les sentiments qu'il éprouvait à l'instant à l'égard de la personne le submergeait.
Cette fois-ci encore, Lun sentit toute la tendresse mais aussi toute l'inquiétude qu'il éprouvait à l'égard de sa Milady. Tirant sur les mains qu'il tenait encore, il l'embrassa avec une passion dévorante d'un baiser d'adulte. Celui qu'offre le marié une fois le mariage terminé et la nuit de noce commencé.
Lorsque le baiser se termina dans un mouvement pour reprendre une respiration saine, Lun soupira d'aise :

"S'il est un ami, ne le renie pas. Il faut du temps pour apprivoiser les loups ... Tu le sais mieux que personne."

Dans les bras de Lun, Setsumi était à sa place. Elle avait commencé à y être très tôt. Dès qu'ils s'étaient rencontrés, la présence de Lun avait eu un impact sur le comportement de la jeune fille. Elle se montrait plus calme, plus câline et affectueuse. Les gens se plaisaient à dire qu'elle devenait légèrement humaine. Ils ne savaient pas combien les débuts avaient été durs, voire douloureux pour Set'. Elle n'était pas habituée à ce genre de d'attitude. Que ça soit sa nouvelle façon d'être ou celle que Lun avait envers elle. Tout ce changement la déroutait. Même si les deux jeunes gens aimaient se séduirent, ils savaient qu’ils pouvait stopper ce petit jeu à tout moment et se laisser aller dans leurs moments d’intimité.
Bien sûr, il était évident que Set’ ne pouvait pas tout le temps se contrôler, en particulier lorsqu’elle devait partager Lun. Mais depuis la nuit où, enlacés dans les bras l’un de l’autre, ils avaient décidé de se rendre mutuellement leur liberté, Set’ redoutait que sa place ne soit prise, volée. Elle la défendait, parfois même avec un peu trop d’agressivité. Elle se sentait menacée à chaque regard, chaque mot adressé à Lun. Et comme avec son cousin, elle devait se battre sur deux fronts. Comme avec son cousin, elle détestait les conquêtes masculines de Lun. Ils étaient non seulement des rivaux mais l’opposé de ce qu’elle représentait. Contrairement à ce que beaucoup de personnes auraient pu penser, ce n’était pas seulement une question de jalousie, de possessivité. Ça aurait été tellement plus simple, tellement moins douloureux, mais malheureusement, c’était bien plus profond que ça. Lun, Set’ en était certaine, elle l’avait aimé. Il avait su être son amant et, à la différence de tant d’autres, construire quelque chose de solide après leur relation.

"Je vais faire semblant de te croire. Si tu ne veux pas en parler, je ne te forcerais pas."

Et pendant que Lun déposait des baisers sur son visage, les yeux de Set’ se perdirent au loin. Elle aurait sincèrement aimé répondre à sa question mais elle savait que ça l’aurait blessé, voire seulement vexé. Et même ça, elle voulait l’éviter. Pourtant si il y avait bien une personne avec qui elle pouvait se permettre d’être honnête, même si elle risquait d’être jugée, dévalorisée et maudite par la suite, c’était bien Lun. Il l’avait vu dans ses pires moments, luttant jour après jour pour la défaire de ses addictions malsaines. Alors fallait-il qu’elle lui dise qu’Anouck lui permettait de garder un lien avec certains vices dont elle n’arrivait décidemment pas à se passer ?

Elle sentit à peine les lèvres de Lun sur les siennes, trop perdue entre le choix de deux décisions. Malgré tout le respect et l’amour qu’elle portait à Lun, malgré le fait qu’elle connaissait la bonne réponse, elle avait encore beaucoup de chemin à faire avant de se débarrasser de ses mauvais habitudes, d’être capable d’être totalement franche envers qui que se soit. Elle sentit les mains de Lun prendre dans les siennes. Elle leva les yeux vers lui et croisa son regard.

"Je suis là pour toi.
Set."

Si Lun ne l’avait pas embrassée à ce moment là, elle n’aurait pas hésité à le faire. Comme à son habitude, Set' glissa ses mains dans les cheveux de Lun, s'accrochant désespérément. Elle crut pendant un instant que ce baiser allait les faire replonger. Lun y mettait tellement de passion, et elle y répondait en essayant de ne pas montrer qu'il y avait une pointe d'amour. Un geste, un signe de la part du jeune homme et elle aurait pu se donner à lui, là, maintenant. Quitte à en souffrir par la suite car elle ne connaissait que trop bien les sentiments de Lun envers Elyott.
Les mots de Lun traversèrent son esprit : "Fais attention Set'. Je suis juste inquiet. Ai-je des raisons de m'inquiéter ?" Ces phrases tournaient en boucle dans sa tête. Lun, qui d’ordinaire montrait si peu ses émotions, était maître de lui même, venait en quelques minutes de se laisser aller. Et ça troubla soudainement Set’. Elle n’aima plus le courant électrique qui les traversait. Ça allait trop loin et l’étreinte de Lun ressemblait à un adieu, une dernière accolade avant un départ. Elle connaissait par coeur cette impression que quelque chose n’allait pas, que ça ne présageait rien de bon. Takashi l’avait serré dans ses bras de la même façon avant de partir suivre sa conquête aux États-unis. Et Set’ avait été détruite. Lorsque lui interrompit leur baiser, elle n’entendit même pas ce qu’il lui disait. Elle avait devant les yeux l’image de Lun, qui s’éloignait encore et encore. Il devenait de plus en plus petit.

"Non..."

Le son sortit tout seul, elle n’avait pas pu le retenir. Bien qu’elle l’est à peine murmuré, l’entendre lui donna un sentiment de faiblesse et sembla augmenter l’incertitude qui s’insinuait en elle. Elle se détacha de Lun et commença à marcher lentement sur l’estrade, cherchant désespérément à trouver un moyen pour calmer les tremblements qui montaient en elle. Elle glissa la main dans la poche de son jean’s et fit tourner une petit boîte en fer entre ses doigts. Le contact avec la froideur du métal la rassura légèrement. Elle se retourna vers le jeune homme et revint à sa hauteur. Plaçant ses mains sur le torse du populaire, elle le regarda, les yeux suppliants.

"Lun, s’il te plait... Ne te fâches pas... Mais j’en ai vraiment besoin."

Apprivoiser une louve n'est pas chose aisée. Lorsqu'on la rend chienne, elle peut mordre soudainement en se souvenant de son ancienne vie. Ce qui est encore moins facile c'est de côtoyé une louve sans l'apprivoiser, sans la domestiquer. Une fille sauvage et passionnée. C'était ce que Lun faisait en permanence avec Set. Il n'avait jamais été question de la rendre comme les autres, plus aimable ou plus souriante. Plus chatte ou plus câline. Elle était louve et louve blanche, elle resterait dans sa beauté blafarde et silencieuse. Lun allait apprendre à ses dépends qu'il lui serait jamais possible de retenir quelqu'un contre son gré. Il apprendrait que si Lanaru doit partir, il partirait car Lun ne se voit pas retenir une personne. Au fait, il lui semble même que ce serait cruel de sa part.
Il n'avait pas retenu Set' dans ses amantes. Il l'avait quitté aussi étrangement qu'ils s'étaient mit ensemble. Lun n'avait jamais comprit ce qu'était la sexualité. Il n'avait jamais prit le temps d'analyser son comportement vis-à-vis des deux sexes. En réalité, il aimait faire l'amour avec des femmes et il aimait le faire avec des garçons. Ce n'était pas pareil, c'était pourtant tout aussi agréable.
A la différence que Lun n'aimait que "certaines personnes" Ce n'était pas une question de couche mais de corps et de personnes. Certaines personnes ne l'attirent pas le moins du monde, et Lun ne les voit pratiquement pas. D'autres sont des amants d'une nuit mais demeure au passé à peine terminée. D'autres sont différents car il y a des sentiments indéfinis. En réalité, ils sont assez rares. Dans l'académie, on en dénombre un seul. Jun Masato. Mais Lun ne peut envisager une histoire d'amour avec ce garçon : Déjà parce que Jun est un menteur, il ne dit pas toutes les vérités. Ensuite, parce que Lun est un menteur et qu'il lui ment régulièrement, et enfin parce que Jun est déjà amoureux de quelqu'un. S'il ne l'avait pas été, Lun aurait-il envisagé une relation ?
Aucune idée. Lun pourrait envisager une histoire d'amour avec beaucoup de personnes. Il ne peut être fidèle pourtant qu'à une seule d'entre elle, et son choix s'est tourné vers Set', en premier.

Set' car elle incarne la femme idéale selon Lun. Lun qui était certainement plus hétérosexuel que homosexuel avant de rentrer dans cette académie. Dans son ancien pensionnat, il était tombé fou amoureux de Cassandra, et il était sortit avec différentes personnes, garçons ou filles, mais pour lui ce n'était qu'un jeu.

Ici, tout était compliqué.

Set était compliquée. Elle avait lutté pour ne pas sombrer profondément dans le vice et elle s'en était sortie, cependant elle demeurait profondément ancré près de ses vices, autant que Lun certainement. Seulement, ce n'était pas les mêmes. Lun couchait beaucoup, beaucoup trop : mais c'était maladif, il n'arrivait pas à ses retenir. Seul les médicaments pourraient l'aider, mais cela signifierait atteindre à son intégrité mentale et pour le génie, il en était or de question. Il y avait l'alcool, mais Lun en consommer qu'en soirée avec des amis ou lorsqu'il y avait une bouteille dans la pièce. Il n'était pas porté volontairement vers l'alcoolisme et pouvait s'en passer.
La clope, évidemment. Qui était la pire de ses amantes, et parfois les drogues. Mais encore une fois, Lun était prudent. Il ne se droguait pas en présence de simples amis ou de relations. Ce n'était que dans des squat', là où personne ne savait son nom. Et c'était très, très, rare. En général, cela venait après avoir vu Cynthia, sa mère ou avoir parlé à Cassandra au téléphone et s'être fait insulté et menacé de tué les petits dans son ventre. Alors, oui, Lun se droguait. Rarement.

Set était différente. Elle avait des vices semblables mais leurs ordres étaient dans un sens différés et surtout, parfois largement plus intense. Elle avait essayé des produits que Lun n'avait jamais touché, elle recherchait parfois une violence avec les hommes que Lun trouvait sans le vouloir.

Quelques parts, ils contenaient chacun une part de lumière et d'ombre, mais savoir laquelle des eux les attiraient et les emportaient était fort difficile.

"Non..."

Non ? Tiens. Lun releva un sourcil, restant sagement à sa place, alors que Set se mit à marcher le long de l'estrade. En réalité, elle ne l'avait pas écouté et il le savait. Il ne se répéterait pas. Lun n'était pas là pour arranger les problèmes entre Anouck et Set' ! Ce n'était pas dans ses affaires de régler ceux des autres, à moins qu'il puisse y faire quelques choses et que ce soit bénéfiques. Or, Lun ne pensait pas que le policier soit bénéfique pour la mannequin.
Comme souvent, Lun préféra demeurer silencieux et froid. Il savait que Set ressentait les émotions et devinait. Ce n'était pas une intuition féminine comme les autres : elle tombait juste. C'est pour ça, qu'il ne s'était pas tourné vers elle après avoir été violé par Maeki. Elle aurait comprit et Lun avait besoin de tout, sauf de comprendre.
Elle lui en aurait voulu de mentir, mais, comment avouer qu'un ami de votre entourage vous brise et vous fait mal ? Ho. Lun ne ne laissera jamais recommencer, mais, dire qu'il n'a pas un peu peur, serait mentir. Lun n'est pas fou, il sait bien qu'il agit mal et que surtout, il risque de faire du mal à ceux qui l'entoure

Mais Set, est pareille, avec un grain de folie en plus. Elle oublie qu'elle a des amis, et elle s'accroche à lui au dernier moment, après avoir été dans les bras d'autres hommes. Elle sent le parfum d'amants mais se presse contre vous pour sentir le votre. Et Lun ne peut lui en vouloir d'être une femme fidèle à ce qu'elle a toujours été. Un grain de vent qu'on ne pas attrapé sans risquer de blesser. Un papillon, si beau à l'intérieur, à l'extérieur, et pourtant qui se détruit en volant à proximité des flammes des feux de voitures dans les cités dévastés.

Des mains qui se placent sur son torse et une voix : "Lun, s’il te plait... Ne te fâches pas... Mais j’en ai vraiment besoin." Lun reste silencieux, il l'observe simplement. Avant de poser le bout de son index gauche sur les lèvres dessinées par des fées. Il dessine doucement ces dernières, avant de glisser sa main sur la joue de Setsumi, penchant son visage et descendant sur le cou, la nuque, et se posant à la naissance de seins.

Idiote ..., non. Je ne me fâcherais pas. Mais veux-tu vraiment, ne serais-ce pas te faire plus de mal que de bien ? Ce n'est pas un jeu. C'est dangereux. Tu oublies qui je suis, ce que nous sommes, savons-nous stopper ? Au dernier moment, à chaque fois. L'adrénaline de nos jeunes âges et la bêtise de nos vies.

Du bout des doigts, Lun a soulevé le haut de la belle, frôlant plus que ne passant sur le début de cette peau cachée.

Ne me regarde pas ainsi. Je n'y peux rien. Ne sois pas femme fatale avec moi, je ne veux pas te résister. Je ne suis pas ainsi, je ne veux pas te dire non. Je ne veux que te dire oui et te toucher entièrement, là, maintenant.

Le jeune journaliste se rapproche avec délicatesse, remontant le menton de Set pour l'embrasser passionnément. Ne demeurant pas un mutisme qui pourrait paraître suspect, Lun termina tendrement son baiser avant de soupirer.

"Set', as-tu déjà un cavalier pour le bal de l'été ?"

Une question lancée comme un caillou dans la mare avec effet ricochet mais en même temps c'était un peu l'effet à chaque fois que Lun posait une question. A croire qu'il n'avait pas apprit dans son éducation qu'il y avait un temps pour tout.

Sauf que l'instant qui arrivait, Lun craignait de ne pas y résister, et d'en faire souffrir Set'. Il avait besoin d'elle. Trop besoin d'elle, pour la perdre idiotement.