« Fallait regarder devant toi sweety... » (PV. Lily)

Aujourd’hui je suis en rogne. La journée n’a pourtant pas si mal commencé : mon réveil a sonné à l’heure, j’ai rapidement trouvé la tenue idéale et les bons accessoires et je ne me suis pas faite prendre par mon prof de maths alors que je dessinais grossièrement une caricature de lui. Non… Décidément cette journée a bien commencé mais je suis en rogne. Est-ce parce que ton visage me hante depuis ce matin ou à cause des cours inintéressants je ne saurais le dire avec certitude… Quoi qu’il en soit, je suis de mauvaise humeur et bien décidée à ce que tout le monde le sache. Je déambule dans les couloirs sans but précis, jetant mon regard glacé sur tous les garçons qui me dévisagent sans vergogne. D’ordinaire, je me pavane un peu plus, accentuant le mouvement de mes hanches, sortant un peu plus ma poitrine que je trouve parfaite et lançant ça et là des clins d’œil coquins… Mais je ne le fais pas. Ma tenue que j’appréciais encore ce matin devient tout à coup complètement ridicule, mal assortie, mes cheveux pas assez bien coiffés, mes accessoires pas suffisamment clinquants… Je ne laisse bien sur rien paraître, toujours égale à moi-même, le regard distant, le visage impassible, la démarche altière… La seule façon pour les autres de deviner les émotions qui se cachent sous mon masque sont mes yeux. Et encore faut-il savoir les déchiffrer et oser me tenir tête dans un duel de regard que je finis généralement par gagner. Mes adversaires sont trop lâches pour tenir plus d’une minute, prétextant que je les fixe beaucoup trop intensément ou que mes pupilles sont un mystère insondable. Moi je crois surtout qu’ils ont peur de découvrir mes véritables intentions.

Ma dérive dans ce dédale labyrinthique prend fin, je m’installe sur un banc dans la cours à l’ombre, croisant mes longues jambes et n’hésitant pas pour remonter un peu ma jupe, juste histoire d’attirer les regards. Je prend un malin plaisir à détruire les illusions de ceux qui tournent les yeux vers moi, espérant bêtement que je daigne leur accorder un sourire ou peut-être une parole… C’est la seule occupation qui me redonne un peu le moral après le chant mais il n’est pas question que je dévoile ma voix à quelqu’un d’autre qu’à mon père. Je regarde défiler les gens, les jugeant de la tête aux pieds, examinant minutieusement leur comportement, leurs vêtements, leurs moindres faits et gestes… Certaines demoiselles qui passent devant moi pourraient être de redoutables concurrentes si je n’étais pas si parfaite. Elles ont elles aussi une jolie démarche, une aura attractive et confiante, des fringues à la mode et correspondant à leur morphologie, de jolies courbes, un visage agréable ou encore un regard plus ou moins profond. Mais aucune ne m’arrive à la cheville. Elles semblent si superficielles… Quelques garçons sont aussi de sortie, mignons ou carrément beaux gosses, méritant ou pas que je joue de mes charmes pour éventuellement les embarquer dans une petite aventure sans lendemain.

Ma mauvaise humeur a presque disparu, laissant place au plaisir simple que me procure mon voyeurisme que tu jugeais malsain… Sarah… Je te revoie, petite fille au milieu de tout ces gens, les larmes aux yeux, luttant contre la détresse qui t’envahit… Je n’oublie pas la douceur de tes lèvres, leur goût salé et amère à cause de tes pleurs, tes doigts entortillant mes cheveux, ton regard bleu azur qui semble lire mes pensées les plus profondes, les plus intimes… Je sens encore les quelques mèches rebelles de ta coiffure trop soignée qui chatouillent ton front et le mien… Ce souvenir est à jamais gravé dans ma mémoire, fixant chaque détails, chaque reflets sur ta peau de lys, chaque mouvement des passant derrière nous, foule anonyme de gens sans visage… Je me rappelle du rire de nos parents… Leur air d’imbéciles heureux, leurs voix joyeuses qui se racontent leurs futurs projets, bonheur injuste quand nous devions nous séparer pour toujours… Doucement, la mélancolie mêlée d’une rage soudaine s’installe. Histoire de chasser une bonne fois pour toute ton visage de mon esprit, je relève les yeux à la recherche d’une possible proie pour soulager ma furieuse envie de péter un câble pour de bon. Justement, je vois s’avancer dans ma direction une petite demoiselle aux cheveux dorés et aux immenses yeux bleus. Le sourire qu’elle affiche et cette bonne humeur apparente me donnent immédiatement envie de tuer tout le monde. Lorsqu’elle arrive près de moi, j’étends discrètement la jambe, juste assez pour qu’elle trébuche dessus. Elle ne manque d’ailleurs pas de tomber, abasourdie sans doute et probablement dans l’incompréhension de ce qu’il se passe. Je la regarde, impassible puis je me penche un peu vers elle et lui lance avec un anglais parfait et le ton le plus faux possible :

« Oups… Il fallait regarder devant toi au lieu de rêvasser sweety… »

Ce dernier mot je le lâche du bout des lèvres comme s’il avait pu m’écorcher la bouche et avec une douceur plus que feinte, magnifique nuance de mes tons de fausse gentillesse.

Un début de mois de Juillet dans la lignée des précédents : chaud et ensoleillé. Bien trop chaud d’ailleurs si l’on se basait sur les gouts de l’écossaise qui, au pays, n’expérimentait cette chaleur que quelques jours dans l’année. Si seulement il était possible de vivre l’été et le soleil sans avoir un tel niveau de chaleur, cela n’aurais été que plus appréciable. Lily n’aimait pas la chaleur, enfin si, mais pas à ce point. Décidément, le Japon était un beau pays, mais elle allait avoir du mal à s’y habituer.

Cependant, hormis ce détail, la journée était plutôt belle aujourd’hui ! La jeune fille venait de terminer ses cours de la journée, enchainant les classes dans une réelle bonne humeur. Apres tout, elle était ici, au Japon, pour étudier, apprendre et se faire de nouveaux amis ! Rien que cette pensée l’enchantait au plus haut point !

Et pour cause, Cela faisait à peine deux mois qu’elle était arrivée et elle s’était déjà fait des amis sincères, avec qui elle riait, partageait des bons moments. Le point commun entre tous était qu’elle les avait tous rencontré de manière inhabituelle, ce qui en faisait autant un élément amusant qu’une réelle question quant à la prochaine rencontre : quelles surprises lui réservait l’avenir ? Au fond, cette question était autant rhétorique que philosophique, d’autant que la réponse était super simple. Lily n’en avait tout simplement aucune idée et c’était justement cela qui l’enchantait à ce point, se contentant de suivre son courant de bonheur au fil des jours qui s’écoulaient.

La journée avait été intéressante, mais non point épuisante cela dit, d’autant que la jeune fille avait des yeux lourdement marqué par le manque de sommeil. Si le cours de mathématique avait été d’une facilité déconcertante, ce n’avait pas été le cas de celui de français : cette langue était tout simplement trop difficile. L’écossaise avait beau y mettre tous ses efforts, investissant même de l’argent dans des livres détaillés, elle s’en sortait à peine. Elle fit une petite note mentale d’ailleurs, pensé à demander quelques conseils à Aaron qui, bien qu’il n’excellait pas, restait meilleur qu’elle dans cette matière. Et puis, qui sait, peut-être allait elle rencontrer quelqu’un capable de l’aider, l’année était neuve après tout !

Mais, que faire après une journée fatigante ? Que faire pour se détendre et attaquer ses révisions du soir en toute sérénité ? Encore une fois, Lily connaissait par cœur la réponse : la musique ! Encore une fois, elle avait emprunté un violon au club de musique et comptait jouer, seule, à l’ombre d’un des nombreux arbres du parc et suffisamment isolé pour ne déranger personne. Se perdre dans cette musique, cette mélodie qu’elle n’achevait jamais véritablement avait le don d’apaiser son âme, évacuer son stress et encore bien d’autre choses. C’était pour elle un formidable moyen de retrouver ses racines, la douce musique de sa mère, sans pour autant éprouver le moindre regret ou manque… Bien au contraire !

Anticipant ce moment de bonheur, Lily avançait dans les jardins de l’école, heureuse, tout simplement. Et elle avait de quoi ! Sa journée avait été excellente, le soleil brillait haut dans le ciel et elle allait jouer de la musique. En somme un cocktail autant parfait qu’épanouissant. Affichant un immense sourire, la jeune fille sautillait presque, laissant éclater, exprimer, déborder son bonheur. Bonheur d’être présente, bonheur d’étudier, bonheur de rencontrer… Tant qu’un verre ne contenait ne serait-ce qu’une simple goutte, cela en faisait un verre plein à ses yeux !

Vêtue simplement, comme à son habitude, la jeune fille avait choisi une belle robe lui descendant aux genoux, dans des tons de vert, pourvue de ses éternelles manches longues. L’écossaise avait accessoirisé sa tenue avec une ceinture de corde, marquant ainsi sa taille fine, ainsi que le peu de forme qu’elle possédait. Cela était un fait, elle ne possédait aucunement des formes généreuses comme d’autres filles, mais Lily s’en moquait éperdument : elle se sentait bien dans sa peau, son corps et elle se trouvait jolie, à sa manière… A un détail près, mais mieux valait ne pas y penser ! Il était à noter qu’elle avait fait l’acquisition d’une petite ombrelle en dentelle blanche, qui était véritablement salvatrice avec le soleil.

Chantonnant une chanson apprise dans un vieil anime, sans véritablement faire attention au monde extérieur, Lily senti quelque chose d’étrange arriver. Le monde se retournait subitement tandis qu’une douleur légère et bien connue de la jeune fille parcourait son visage : elle venait, à nouveau, de tomber la tête la première. Comment cela était arrivé ? La question restait un épais mystère tandis qu’elle tâtonnait à la recherche de ses lunettes, tombée durant sa chute.

Une voix s’élevait non loin, tournant alors la tête, l’écossaise ne vit qu’une masse informe de couleur à mi-chemin entre le feu et le cuivre… sans doute des cheveux au vu de la forme générale. Si l’on se fiait à la voix, cette personne était très probablement une femme, relativement jeune. Elle parlait dans un anglais parfaitement maitrisé, avec un accent du même acabit… Cependant, cette perfection en faisait quelque chose d’étrange. Définitivement, elle n’était pas anglaise, mais elle avait dû travailler sans relâche pour atteindre un tel niveau, ce qui était admirable en un sens. Son ton était gentil, agréable, adressant un reproche qui s’apparentait à une simple plaisanterie. Mais quelque chose sonnait comme étrange, caché au fond de sa voix… comme si elle n’en pensait rien. Mais pourquoi faire cela ? Non, Lily devait surement se tromper, après tout, si son oreille était excellente, cela ne voulait pas dire que ses analyses étaient efficaces. Souriante, elle prit la parole :

« O-Oh ! Hòigh à vous m-mademoiselle. Je.. Je suis vraiment désolée je vous avais pas vu du tout. J-Je vous ai pas fait du mal en t-tombant hein ? Je suis p-parfois un peu maladroite. M-Mais vous avez raison, j-j’aurais dû faire plus a-attention. »

Ponctuant sa phrase d’un léger rire, l’écossaise avait répondu dans son anglais très fortement accentué, bien de chez elle. Elle s’était même permise de la saluer en gaélique, cette habitude était gravé en elle tant il était normal de faire cela chez elle. La jeune fille était incapable de le parler, seul les plus bourgeois et fortunés pouvaient se le permettre, mais elle en connaissait quelques mots. De plus, sa timidité naturelle était présente, expliquant son léger, mais bien présent, bégaiement.

« Euuh… Est-ce q-que vous p-p-pourriez m’aider s’il vous p-plait  mademoiselle ? Je… Je retrouve pas mes lunettes… Et-Et j’y vois vraiment pas bien du tout sans elles… »

La jeune fille continuait de tâtonner au sol tandis qu’elle parlait, toujours avec son immense sourire et sa voix transpirant la joie. Elle venait de rencontrer une personne sympathique et c'était tout ce qu'elle avait en tête à cet instant précis.

Il y a dans ma tête un mélange d’images imprécises, floues de ton visage, de leurs profils et au fond de mon ventre une rage qui monte petit à petit tandis que je vois s’approcher une demoiselle blonde, tout sourire et chantonnant une musique que je ne connais pas. Sa tenue si particulière avec cette ombrelle et ses cheveux bien coiffés me font immédiatement penser à une poupée. Son visage aussi, très expressif… Elle est plutôt mimi dans son genre. Mais cette joie si apparente contraste beaucoup trop avec mon envie de taper tout le monde, cet air si entêtant et agaçant qu’elle fredonne alors que je ne rêve que de silence… Il est déjà rare de croiser quelqu’un ici, dans cet endroit calme et suffisamment isolé, mais en plus, l’enfant qui ose me perturber dans mes pensées est heureuse et se permet de le montrer. Je ne le supporte tout simplement pas au vue de la profonde mélancolie qui m’habite en cet instant. La rage me fait tendre la jambe, juste pour le plaisir de voir cette petite fille tomber, effacer de son visage ce sourire qui me trouble trop, d’enlever cette joie dans son regard agrandi par les verres de ses lunettes… Je suis de nouveau d’humeur méchante et je ne tolère pas qu’elle s’expose comme ça devant moi. Ma satisfaction est si grande alors que je la regarde, à terre, à mes pieds, cherchant de la main ses binocles qui ont giclé lors de sa chute. Mon regard se promène sur cette scène qui s’offre à moi : la petite insolente à genou, la robe tachée, le visage un peu rouge dû au choc, le désordre de ses cheveux, ses doigts tâtonnant ça et là… Je suis assez fière de ma petite réplique mais malheureusement, elle n’engendre pas tout à fait ce que je voulais… Elle n’a pas cessé de sourire…

Elle s’exprime avec un accent à couper au couteau qui ne permet pas une compréhension immédiate de ma part. Au moins, elle parle anglais… Ça aidera la communication entre nous. Ses grands yeux bleus plantés quelque part entre mon visage et le paysage derrière moi me troublent… Tu avais les mêmes… Incapable de répondre quoi que ce soit à cette enfant qui sourit, je l’observe de plus près. Sa robe verte descendant trop bas et ses manches trop longues ne correspondent pas du tout au temps si estival de ce début de juillet. Fluette demoiselle, la ceinture à sa taille permet de deviner des formes peu développées, son sourire lui donne un air un peu niais, ses yeux sont empreints de douceur, de naïveté… Mon opposé. Je reprend rapidement mes esprits :

« Je l’ai bien remarqué que tu ne m’avais pas vu sweety… En tout cas, tout vas bien tu ne m’as pas fait mal. » Hésitant un instant je finis par lâcher « J’espère que tu ne t’ai pas blessé non plus »

Il est drôle de voir le changement de ton entre ma première réplique et ce que je viens de lui dire. Toute la fausseté est partie, balayée d’un battement de cil de cette petite aux yeux trop tendres. Je parle maintenant avec détachement, comme si cela ne me concernait pas. Ma rage et ma mauvaise humeur se sont envolées elles aussi dès l’instant où la poupée blonde fût par terre. Drôle… C’est la seule façon que j’ai de décrire ça…

Alors qu’elle se remet à bégailler, un détail attire mon attention. Sa manche droite est un peu relevé, révélant une marque, une cicatrice peut être… Mais je ne m’attarde pas dessus, relevant le regard vers le visage gêné et souriant de mon interlocutrice. Soupirant un peu mais pas suffisamment fort pour qu’elle m’entende, je pars, attrape l’objet demandé, reviens et le lui pose sur le nez.

« Tiens t’y verras mieux comme ça. Dis moi, comment tu t’appelles sweety ? »

La question n’est que pure banalité mais je ne veux pas la laisser là à me regarder bêtement. De plus, elle n’a pas réagis comme je l’espérais… Je décide donc de changer de comportement et d’essayer d’être un peu plus agréable avec elle. Tout en écoutant la réponse, je la regarde récupérer l’ombrelle qui avait volée un peu plus loin. Cette petite demoiselle m’intrigue… Le silence s’installe pendant une micro seconde avant que je ne sorte de ma torpeur.

« Moi c’est Anna. Je suis française tu as dû le remarquer à ma façon de parler… Je n’arrive pas à effacer complètement mon accent même si il est maintenant quasiment inaudible. Qu’est ce que tu fais ici ? »

Puis, remarquant le violon, une lueur d’intérêt s’éveille. Je n’ai même plus besoin d’écouter la réponse… Je suis persuadée qu’elle se rendait à un cours de musique. Probablement qu’elle a un professeur particulier puisqu’il n’y a pas de club de musique et que ce n’est pas une matière qui est enseignée… Malheureusement…

« Dis tu me ferais pas une petite démonstration ? »

Cette petite demoiselle est tellement mimi quand elle rougit… Je ne peux plus la quitter des yeux… Elle a l’air tellement fragile, naïve… Comme une enfant… Une soudaine tendresse s’empare de moi, j’ai tout d’un coup envie de la protéger… Comme je l’ai fait avec toi… Ma petite Sarah, toi qui été perdue toute seule au milieu de la cours de récré… Cette jeune fille qui se tient devant moi a les mêmes yeux, aussi tendres et innocents…

Un monde aux couleurs informes se présentait devant Lily, un monde qu’elle ne connaissait que trop bien. À présent au sol suite à une chute des plus mystérieuses, la jeune fille cherchait à tâtons ses lunettes. Au vu de la voix qui venait de s’élever, elle avait dû, surement, percuter quelqu’un. D’ailleurs, ce quelqu’un était pourvu d’une masse de supposés cheveux à la couleur très appréciable : c’était un très beau cuivre. Inquiète, elle prit la parole, afin de bel et bien s’assurer que cette femme n’était pas blessée. Au final, cela lui importait bien plus que de garantir sa propre vision du monde.

Ouf, elle allait bien ! C’était le plus important. La jeune fille se moquait complètement de se voir retrouvée au sol à cause de sa propre maladresse, tant qu’elle n’entrainait pas quelqu’un avec. Absolument hors de question de renverser à nouveau quelqu’un ! En plus, cette dame s’inquiétait de savoir si celle qui venait de la percuter allait bien également, Lily se fit la réflexion qu’elle était décidément très gentille. Certes il y avait quelque chose d’étrange, d’absent dans sa voix, mais les lunettes se révélaient trop urgente pour s’en préoccuper.

La chance avait encore sourit à l’écossaise, lui faisant faire, de manière fortuite et improbable, une nouvelle rencontre sympathique. Et cette simple pensée la mettait de bonne humeur, illuminant son visage d’un immense sourire. Ce qui avait de quoi surprendre, généralement les gens ne sont que très moyennement content de se ramasser contre le sol.

Les tâtonnements continuant, la dame rousse se leva et bougea de quelques pas. Elle s’en allait ? C’était vraiment dommage ! Cependant, rien ne l’empêchait de partir, c’était son droit le plus pur. Relevant la tête, Lily vit que son interlocutrice n’était pas parti bien loin. Cette dernière semblait se baisser et revint vers elle, sans un mot.

Tout à coup, tout devint clair ! Littéralement. Sentant un objet se poser sur ses yeux, le monde reprenait de sa netteté : la jeune femme lui avait rendu ses lunettes ! Quel bonheur de pouvoir voir à nouveau et regarder cette rousse qui venait de lui rendre la vue. Première pensée : elle était jolie, très jolie même. De grands yeux verts venaient illuminer un visage très pale pourvu de fines tache de rousseurs éparses, de plus, la forme de ce dernier était très bien mis en valeur par la coiffure, très certainement savamment étudiée de la jeune femme. Elle n’avait pas l’air extrêmement âgée, mais dieu qu’elle était féminine… Peut-être trop d’ailleurs. Ses vêtements étaient courts, quelque peu échancrés et mettant sacrément en valeur son anatomie plus que respectable, visiblement elle aimait son corps, c’était une certitude. Lily n’aimait pas le principe de faire étalage de son corps comme principe de se sentir belle, bien qu’elle respecte ce choix. Au contraire, la jeune fille ne se trouvait pas belle, mais simplement jolie, avec son style à elle : pour elle, l’on pouvait être belle autrement qu’en exposant de la peau, notamment en choisissant bien ses vêtements par exemple. Ceci dit, c’était une vision très personnelle, qui ne changeait pas le fait de base. Son interlocutrice était fort belle, point final.

Ceci dit, cela restait dans les normes du lycée donc, qu’avait elle a en redire de  tout manière… peut être que c’était elle qui était en tords au final. Peut-être que l’écossaise devrait essayer cette mode ci, comme semblait le faire tout le monde… Peut etre que c’était elle qui devait revoir son jugement

sur la mode actuelle et trouver des pièces un peu plus découvertes. Apres tout elle n’avait aucun soucis à montrer un peu plus son corps et des robes aux épaules trouées mais à manches longues devait bien exister ? D’autant que Jun lui avait conseillé de remonter légèrement ses pans de jupes. Elle y songerait à l’avenir.

Mais trêves de pensée, l’heure était à l’action ! La jeune femme lui avait demandé son nom et il aurait été très impoli de ne pas y répondre ! Prenant alors la parole d’une voix un peu plus sure, l’écossaise déclara :

« Euuh, j-je m’appelle Lily Andersan mademoiselle, et euuuh, j-je suis super contente de faire votre connaissance ! Euuuh, v-vous avez vraiment de jolis cheveux m-mademoiselle ».

Tout en ramassant son ombrelle, la jeune fille avait complimenté, comme à son habitude son interlocutrice. Elle appréciait beaucoup dire ce qu’elle pensait des gens, d’autant que cela n’était que positif. Personne ne refuse un compliment sincère non ? C’est en tout cas ce qu’elle croyait, dur comme fer !

D’ailleurs, comme pour lui laisser le temps de poser son cache-soleil sur l’épaule, l’endroit que ce dernier n’aurais jamais dû quitter, la jeune femme laissa quelques secondes de blanc plus que bienvenue. En effet, l’écossaise appréciait bien de pouvoir regarder dans les yeux ceux à qui elle parlait, une question de respect.

Ainsi donc, elle se nommait Anna et était française de surcroît. De plus, elle semblait véritablement modeste, un point important et noble. Elle n’avait pas d’accent aux oreilles de la jeune fille, mais c’était justement cette absence d’accent qui rendait la chose impressionnante ! Elle-même en était bien incapable, et ne l’aurait pas réellement souhaité qui plus est.

« Euuuh, ben, je trouve a-au contraire que vous avez du t-travailler super super dur pour effacer votre accent. C’est vraiment i-impressionnant ! J’ai rien entendu du tout alors que j’ai de bonnes oreilles. M-Moi je suis écossaise et-et j’aime bien mon accent donc j-j’aimerais bien le garder. Sinon, euuuh, ben j-je voulais jouer du violon sous l’arbre la bas. Ce… Ça dérange personne d’habitude et comme je viens souvent les gens me laissent cette place. C’est vraiment super gentil à eux ! »

Elle avait désigné du doigt un arbre situé au fond, un peu caché et dans un endroit avec peu de passage. Un endroit de paix et de quiétude, tout simplement. Et cela pour son plus grand bonheur. Bien qu’elle ait rougit énormément en évoquant ce qu’elle pensait faire, son visage s’illuminait d’un sourire toujours plus immense. Mais, son interlocutrice semblait intéressée, non pas par elle mais son instrument. Une mélomane ! Elle aimait la musique ! D’ailleurs, Anna s’empressait de lui demander une petite démonstration.

Rouge tomate, voici ce qu’était devenue l’écossaise à cette question. Elle aurait bien souhaité, mais jouer devant quelqu’un était extremement intimidant. Cependant, elle ne souhaitait pas faire de peine à une nouvelle amie mélomane, d’autant qu’elle avait réussi à jouer devant toute la salle du club donc ce n’était pas insurmontable… Le tout était de parvenir à former sa bulle.

« Euuuuhhhh, a-a-ach ! J-J-Je v-v-vais e-essayer »

Tremblante elle se saisit de l’archet, de l’instrument et posa ce dernier contre son cou. Inspirant un grand coup, elle commença à fermer les yeux.

Play a Song:

Lily frappait du pied une mélodie, bougeant la tête ainsi qu’une partie de son corps sur un rythme imaginaire. Alors qu’elle continuait, son poignet bougeât et une note se résonna dans l’instrument, démarrant ainsi une musique qu’elle connaissait bien. Un rythme inspiré de la musique celtique, quelque chose que sa mère lui avait apprise à maitriser. Un air bien de chez elle en somme ! Effectivement, cela n’était pas du Mozart ou autres grands noms de la musique classique, mais elle s’en fichait éperdument. La musique ne se jugeait pas à son âge mais au plaisir que l’on avait à la jouer, l’écouter et se l’approprier. Aucune musique n’en valait une autre !

La jeune fille laissait bouger son corps, dansait presque au son de sa propre mélodie, frappant du pied de manière réellement sonore comme si cela faisait partie intégrante de la mélodie. Elle était heureuse et cela se ressentait. Elle était en plein dans une espèce de transe : sa bulle. Sa bulle musicale que rien ne pouvait troubler, dans la mesure où plus rien n’existait en dehors de cette dernière ! Bien évidemment que cela n’était pas parfait et certaines fausses notes se faisaient sentir, mais la mélodie générale les absorbaient rapidement ! Ce qui, en soit, était une bonne chose !

Progressivement, l’écossaise se stoppa, son morceau terminé. Les sons redevenaient audibles, ses jambes tremblaient légèrement tandis qu’elle sentait quelques gouttes de sueur perler sur son front. Légèrement essoufflée et rouge elle reprit la parole, toujours pourvue de son éternel sourire.

« J-J-J’espere q-q-que ca v-vous à-à plu. Je… Je sais q-que j’ai encore b-b-beaucoup à apprendre, mais c-c’est pour ç-ça que je m-m’entraine ! » …

Je sens le regard de la demoiselle posé sur moi tandis que je m’éloigne pour récupérer ses lunettes. Foutus sentiments qui ne me lâchent plus… Une sorte de gêne associée à une envie de la protéger. Mais protéger de quoi ? Raaah foutus sentiments ! Posant sur son nez les binocles, je vois son regard s’agrandir d’admiration. Elle me dévisage, m’observe, son visage changeant alternativement d’expression sans jamais effacer son sourire radieux. Je sens mes joues s’empourprer un peu, incontrôlable réaction, mécanisme étrange de défense contre une gêne de plus en plus présente. Pourquoi cette demoiselle me trouble tant ? Est-ce ses yeux semblables  au tiens ou à leurs expressions ? Est-ce son bégaiement ou son allure fragile ? Est-ce son sourire toujours sincère ou la joie qui se dégage d’elle ?

Ma petite poupée blonde a désormais un nom : Lily. Charmant… Je trouve que ça lui va bien… C’est simple et mignon. Tout a fait elle quoi. Du moins de ce que j’en vois. Son sourire est assez étrange vis à vis de la situation… En effet peut de gens affiche leur joie surtout lorsqu’ils viennent de s’étaler par terre… Elle se dit heureuse de m’avoir rencontré mais si elle savait que c’est à cause de moi qu’elle est tombée, je pense qu’elle ne le serait pas… Mais comme justement elle n’en sait rien, ça explique peut-être son sourire… Je regrette un peu mon geste, même si je ne me l’avoue pas complètement.

«  Euuuh, v-vous avez vraiment de jolis cheveux m-mademoiselle » Comment réagir à un compliment aussi spontané sauf en rougissant encore un peu plus… Heureusement qu’elle ne m’a pas vu… Je reprend rapidement le contrôle de mon cœur qui s’excite dans ma poitrine en battements désordonnés. Non décidément foutus sentiments. Je souris bêtement à mon tour, un sourire cependant sincère et pas peu fier. J’aime tellement mes cheveux… Cette couleur atypique, surtout ici où la majorité de élèves sont bruns ou châtains, parfois blond comme Lily, me fait me démarquer des autres. La deuxième chose que les gens remarquent généralement après ma chevelure de feu c’est mes yeux. Eux aussi je les aime bien. Mais ce que j’aime par dessus tout chez moi, après mes cheveux, c’est bien entendu mon corps. J’adore le mettre en valeur grâce à des tenues un peu courtes et moulantes, provocantes, sexy, féminines… Malheureusement le règlement est strict sur le vêtements… Je me contente donc de jupes ou de shorts que je retrousse un peu dès que j’en ai l’occasion et de hauts décolletés pas trop prononcés. Juste suffisamment pour qu’on voit le début de ma poitrine.

En face de moi, Lily se confond en compliments. Ça semble être une manie chez elle, ce qui n’est pas pour me déplaire je l’avoue. Elle est mignonne… Ainsi donc elle est écossaise. J’aurais du m’en douter au vu de son accent, auquel elle est très attachée apparemment. Au moment où elle m’annonce qu’elle souhaitait aller jouer du violon, mon regard se pose sur l’instrument en question. J’ai toujours trouvé magnifique le son des instruments à cordes… La seul fois où j’ai essayé de jouer de la musique, c’était sur la harpe de ma grand-mère coté paternel. Bon d’accord j’ai gratté trois cordes mais j’étais satisfaite de réussir à produire une note. On est con quand on est gamin… Alors forcément, j’ai devant moi une jeune fille qui sait jouer, je lui demande une démonstration. Toute rouge cramoisi et bégayant elle attrape son violon, lève son archet, le pose sur les cordes et une note s’élève. Je vois ses pieds qui s’animent, tapant le sol au rythme de la musique, son corps lui aussi se met en mouvement, ondulant comme un roseau, elle danse… Le rythme est joyeux, la mélodie entraînante, je me sens transportée en Écosse au milieu d’une fête de village. J’ai envie de danser, de m’abandonner à cette musique… Quelques petites fausses notes se glissent dans cette harmonie si envoûtante mais je n’y prête pas attention. Lily a l’air heureuse, elle aussi ailleurs, probablement auprès de sa famille, chez elle… Puis, doucement, je reviens de mon voyage en même temps que la musique se termine. C’est officiel, cette petite demoiselle m’intrigue. Beaucoup à apprendre ?! Je ne vois pas ce qu’elle pourrait apprendre de plus… Certes, certaines notes n’étaient pas justes mais même les plus grands musiciens en font.

« Tu n’as vraiment pas de quoi rougir sweety, c’était très beau… Ça m’a beaucoup plu. »

J’hésite à en demander une autre, mais bon… Ça pourrait être compris comme une marque d’attachement et je ne voudrais pas qu’elle s’imagine que c’est facile de faire partie du cercle très privé de mes amies. J’attends de mieux la connaître avant. Le fait qu’elle me trouble autant que toi ne me rassure pas… Si cela doit aboutir à des sentiments, alors il est préférable que je ne me rapproche pas trop d’elle.

« On va se balader ? »

Stupide proposition mais mon corps est encore sous l’emprise de la musique et ne demande qu’à bouger. Je descend de mon banc, ajuste ma jupe que j’avais raccourci et commence à m’éloigner sans attendre de voir si Lily me suit ou pas. J’ai tout d’un coup envie de me téléporter auprès de toi, loin de ce pays, de ce campus, de cette vie… Sarah pourquoi ton visage ne veut pas quitter mes pensées ? Les yeux de cette petite écossaise me troublent car je t’y retrouve… Je n’arrive pourtant pas à la quitter du regard…

Sans que je ne le veuille, une larme s’échappe et glisse silencieusement sur ma joue. Je fais celle qui ne le remarque pas, gardant mon allure fière, bien droite, essayant de cacher la mélancolie qui se tapit au fond de mes yeux et qui vient de se traduire avec cette larme. Et merde, foutu sentiments ! J’espère que Lily n’a rien vu… Cherchant quelque chose à dire pour meubler le silence, je tourne la tête vers l’écossaise. Décidément, elle me fait beaucoup trop penser à une poupée…

« Et sinon, à part le violon, tu fais quelque chose d’autre ? Tu fais partis de quel club ? »

D’accord ça fait pas très franc comme ton… Mais les sanglots qui se cachent dans ma gorge dans l’espoir de remonter m’obligent à employer un ton un peu distant, un peu froid… Le genre de ton que tu as quand tu te retiens de pleurer. Heureusement, mon talent de dissimulation me permet de reprendre rapidement une voix et une attitude normale.

« Moi je suis aux clubs d’origami et de paranormal… Tu crois aux fantômes ? Moi oui. »

La musique était véritablement un monde extraordinaire ! Capable d’effacer ou d’accentuer tout autant les pires peines que les plus belles joies. Lily vivait sa bulle comme un moment d’abnégation complet : pas de faim, pas de soif, aucune douleur ni joie… juste un corps entier dédier à étendre de la musique, évacuer des sentiments au point même de les ressentir sans les vivre, comme complètement détachée.

Mais tout avait une fin, ici la durée d’un morceau à la durée indéterminée, la jeune fille ouvrit les yeux tandis qu’elle sentait le regard de son auditrice sur elle, comme si elle était analysée de fond en comble. Lily ne sentait rien de méchant là-dedans, mais il était rare de se faire regarder aussi intensément, au point d’avoir envie de se cacher. L’écossaise s’était toujours sentie mal à l’aise face à ce type de regard, rougissant énormément, devenant gauche…. chose qu’elle était en ce moment d’ailleurs. Ayant terminée son morceau, la petite blonde exprima ses doutes quant à la qualité de sa musique, rouge pivoine mais souriante de bonheur quant à sa prestation.

Anna semblât fascinée pendant les quelques instants qui suivirent la fin, avant de reprendre son air habituel, en profitant, au passage, pour rassurer l’écossaise quant à sa musique : non seulement elle l’assurait qu’elle avait beaucoup apprécié, mais qu’en plus sa musique était très belle. Cette affirmation fit rougir de plus belle la petite blonde qui ne s’attendait véritablement pas à cela, déstabilisée et tremblante nerveusement, elle rangeât précautionneusement l’instrument dans son étui, affichant toujours son éternel sourire.

Durant ce temps, la française se leva du banc sur lequel elle était assise avant d’exprimer une envie de marcher quelque peu, invitant sa nouvelle amie à la suivre tacitement. Pour aller où ? Elle ne l’avait pas exprimé… Peut-être était-ce une simple envie de se dégourdir les jambes, sans véritablement de but particulier si ce n’est de marcher en plaisante compagnie.

Lily se hâta de ranger son instrument et de rejoindre cette nouvelle amie décidément bien sympathique. Elle semblait un peu étrange cela dit, se dit elle tandis qu’elle lui emboitait le pas. Anna était belle, à n’en point douter, notamment ses cheveux qui était magnifiques… Mais pourquoi s’habiller de la sorte ? Elle devait sans nul doute apprécier cela, mais cela restait tout de même véritablement étrange pour l’écossaise qui n’appréciait que peu de faire étalage de son corps. Cependant, elle restait fort gentille et aimable, agréable bien que distante… Lily avait ajouté travailleuse à la liste de ses qualités. Oui, cette jeune fille semblait être quelqu’un de bien !

Mais, tandis qu’elle était perdue dans ses pensées, la belle rousse avait pris la parole d’une voix étrange, d’autant que sa joue brillait légèrement d’une trace longiligne, demandant ses clubs ou simplement si elle faisait autre chose que du violon. Il y avait quelque chose dans sa voix, c’était froid comparé à précédemment… Lily avait elle fait une bêtise, quelque chose qui avait déplu à son interlocutrice ? Cela pouvait être cela, mais la jeune fille sentait autre chose : comme une bosse, un bouchon dans cette voix. Si l’on combinait cette brillance aperçu précédemment, une hypothèse plus que probable arriva dans l’esprit de la jeune fille : Anna pleurait ! Décidément, les oreilles de l’écossaises étaient toujours aussi affutées, malheureusement son manque d’expérience ne lui permit pas de comprendre réellement la cause de ces pleurs… Toujours était-il qu’en bonne empathique, elle reçut cette information comme une douleur vive au cœur.

Cependant, Anna avait repris son timbre de voix plus traditionnels tandis qu’elle présentait ses clubs ainsi qu’un fragment de sa personnalité : elle croyait aux fantômes. Fantômes, esprits… toutes ces choses émerveillaient Lily énormément, non pas qu’elle y croyait, mais n’en ayant jamais vu, elle s’émerveillait de tout ce que les histoires leurs prêtaient, notamment la sagesse des anciens ainsi que les différents esprits protecteurs, accordant chance et bons présages.

Voulait-elle lui cacher son état afin de ne pas l’inquiéter outre mesure ? Cela était possible et en ce cas Lily n’insisterait pas, mais elle lui signifiera qu’elle pouvait lui dire ce qu’elle avait sur le cœur, elles étaient amie après tout.

« Tu es toute triste Anna ? Je… J’espère que j’ai pas fait quelque chose de m-mal… Et si c’est pour autre chose, tu peux m’en parler si tu veux, je t’aime beaucoup et ça me fait mal de te savoir toute triste tu sais… »

La jeune fille continuait de sourire, cette fois-ci plus par compassion, tandis qu’elle s’était exprimée à voix légèrement tremblante, montrant qu’elle ne savait pas réellement quoi dire ou comment réagir, cependant, il était aisé de voir que cela lui tenait à cœur et qu’elle pensait chaque mot prononcé. Ceci dit, elle changeât de sujet, comme pour montrer qu’elle respectait la volonté de son interlocutrice de ne pas trop en parler.

« Alors, je suis dans le club de musique et de cuisine. Je voulais vraiment apprendre la cérémonie du thé et puis, c’est rigolo la cuisine, même si je suis pas très très douée, hehe. Sinon bennnn, j’étudie beaucoup beaucoup parce que les cours tout en japonais c’est difficile et j’ai besoin de temps en plus pour apprendre bien… Sinon je joue de la musique le soir, tu connais le Koto ? Je… J’apprends à en jouer parce que c’est très joli et j’aime beaucoup ça, même si c’est dur. Et sinon, ben j’aime bien regarder des animés. »

Le moulin à parole était enclenché, passant du coq à l’âne sans réellement de logique ou de sens, mais qu’importe, Lily était comme elle était et discuter de tout et de rien comme cela lui faisait véritablement plaisir. D’ailleurs, elle marqua une pause, comme pour laisser son interlocutrice digérer l’information.

« Euuuh, je connais tres peu les fantômes, j’en ai jamais vu donc je suis pas certaine que ils existent, mais j’aime bien l’idée que un gentil esprit veille sur toi et soit tout gentil pour éviter que il t’arrive des trucs trop méchants… Je… J’espère que tu m’as comprise. Parce que tu pourrais m’expliquer tout plein de choses, je connais très peu les esprits et ça m’intéresse beaucoup beaucoup. »

Tandis qu’elles avançaient, Lily bu quelque peu dans une bouteille d’eau sorti de la caverne d’Ali-baba que constituait son sac et la tendis gentiment à son interlocutrice en souriant : il faisait chaud, peut-être avait-elle soif ?