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 Ces instants imparfaits

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MessageSujet: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptyMar 5 Jan 2016 - 8:59

(...) Il l'appelle mais elle ne se retourne pas, il évite et contourne les foules en saluant les quelques visages qui se retournent sur son passage. Les lampions défilent, les kimonos s’effleurent, ce soir Shiori Ashita a étendu son empire jusqu'aux abords de la ville mais ne parvient pas à capter toutes les attentions. Il ne sait pas s'y prendre, Valentine l'a toujours pensé, et le prestige ne suffit pas à faire s'attirer les regards. Et si c'est le cas, celui de Yui Valentine ne se retrouve pas dans les piètres paroles d'un directeur fantôme. Pas hier, ni ce soir.

Demain… demain, est un autre jour.



Ces instants imparfaits
Then thousand years won't save my life
PV Cammy - Yui


-Cammy?

Il la rejoint à grandes enjambées, dans la précipitation d'un instant qu'il refuse de laisser filer pour contrecarrer le hasard, celui qui s'occupe du reste. Cammy Logan lui est suffisamment difficile d'accès depuis qu'il est parti en courant d'Amani comme si le diable était à ses trousses. Le diable de la fêlure de ses illusions, celui du calque de Thor, les cheveux oniriques de ses rideaux. Les cendres d’Hiryuu. Entre le hasard auquel il ne prête aucune croyance et l'impression que cette fille lui échappe comme de l'eau entre les doigts, des réalités s’évaporent, des vérités se fracassent entre elles. Peut être autant que les mots autour de lui qu’il tente d’absorber au fur et à mesure des conversations effilochées, dans une expression des plus cordiales. Et plates. Monsieur Valentine, où est votre salon de Thé ? Comment s’appelle-t-il ? Non mademoiselle, il n’y a pas de nom. Oui monsieur, il n’est jamais fixe. En ce moment jeune homme, le personnel est au complet mais dans le doute passez me poser votre curriculum vitae. Monsieur Valentine, vous n’exercerez plus votre fonction de psychologue scolaire ? Et bien… tout à fait.
Dans les faits, il n’avait pas eu toutes ces conversations en même temps ; les tirades s’étalaient dans le tas, à mesure de sa pseudo-découverte des clubs –qui n’avaient rien de nouveaux, et se bousculaient tendrement dans sa tête comme deux substances qui hésitent à fusionner pour en donner une nouvelle. C’était en soi, intéressant. Le club de cérémonie du thé a eu son coup d’œil sans plus d’insistance et de toutes les façons ses employés actuels ont déjà toute la maitrise et l’art du service en toute sa splendeur. Il faut aussi savoir casser les tasses comme le fait Tanaka, c’est devenu un art à part entière. C’est dans le sang. Subjectivité arrogante au rendez-vous, chassez le naturel, il revient au galop.

A un moment dans la soirée, alors qu’il se laissait entrainer dans la contemplation passive des clubs de l’école, ses yeux se sont posés sur un visage familier plus loin, discret mais tellement évocateur qu’il lui a semblé provoquant. Et la reconnaitre dans la foule est d’un soulagement indescriptible, le bol d’air frais qui arrive lorsque l’ambiance est à s’étouffer.

-Si vous partez, laissez-moi vous raccompagner jusqu’à... hm et bien pas Amani, si vous ne le voulez pas.

Oui tu as dis que tu cesserais de la tourmenter.

Maintenant que la foule se trouve bien plus loin, il se demande comment il a fait pour rater l’ensemble blanc rouge sobre, si sobre qu’il en devient à ses yeux criard. C’est peut être parce qu’il la connait que sa silhouette lui devient tellement parlante. En arrivant à son niveau, il lève les mains pour clamer l'innocence, cet innocent qu'il n'est pas et qu'il ne pourrait jamais être. 

- Je ne vous accompagnerai pas tout court si c'est mieux ainsi.

Qu'est ce qui est mieux ainsi Valentine? Y a-t-il eu un jour mieux, de cette objectivité biaisée qu'il ne détient plus. Combien de temps s'est-il écoulé depuis qu'il la croisé en ville sans jamais s'y attendre. Ses yeux scrutent, il guette cette familiarité et sait la reconnaitre au beau milieu d'une foule. Du temps est passé.


Effectivement. 

Il a baissé les bras et a eu un simple sourire. Il a fini par jeter un regard circulaire autour, écoutant ce calme avoisinant les bruits de fond que sont les voix de la ville et de l'école.

Finalement ils en faisaient partie de ces bribes. D'une manière ou d'une autre.

- Ça vous va bien. Merci d'être venue.

Yui jette un bref regard de côté pour épier la réaction de la rouquine. Il meurt d'envie de lui montrer Thor-nberg dans l'espoir de faire briller aux yeux de l'univers, un "Aha tu vois bien je te l'avais dis! Vous voyez tous que le grand Valentine n'était pas totalement con! Mais qui c'est qui a raison ?" et se ravise au dernier moment. Il abandonne Thor malgré ses certitudes, abandonne sa raison ainsi que la raison de sa raison. Il délaisse Libra sur les rivages de ses derniers souvenirs et cesse de croire en une existence autre que la sienne. Entre ses doigts cette confection emballée dans le journal à son attention, dans sa poche, ce cadeau qu'il a hésité à accrocher à ses clefs avant de changer d'avis. Les clefs, ça ne se perd pas -mais il les a quand même oubliées sur sa porte, la dernière fois. Un simple objet de retour à la réalité, un peu la même que dans Inception. Mais des références en tout genre il se moque bien, que les œuvres aient existé ou pas pour prouver sa propre réalité. Yui Valentine n'a pas besoin de références pour se miroiter. Il a sorti la cordelette nouée sur elle même.

-La folie, elle n'est pas toujours. Vous voyez que je me rappelle de ceci.
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Cammy Logan
♦ Civil - {Pluri-emploi} Itinérante
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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptySam 9 Jan 2016 - 11:28

- Bah alors Mademoiselle, vous comptez rester ici toute la soirée ?

De toute évidence la rouquine n'avait pas su se fondre parfaitement dans la masse. Ce qui était prévisible toutefois. Elle lève la tête pour connaître le visage de celui qui l'accoste. Grand, costaud, un simple haori sur le dos qui ne suffit pas à masquer la stature imposante de l'individu.
Les lignes de son visage sont endurcies mais Cammy est certaine qu’elles cachent une grande bonté. Il ne peut en être autrement puisqu'elle le connaît.

- Vous êtes...

L'homme à la chevelure aussi dorée que dans ses souvenirs étire un large sourire à son intention. Comment est-ce que ça peut ne serait-ce qu’être possible. Un raz-de-marée surgit dans le flot de son esprit, elle cherche cohérence, elle repousse l’idée d’une folie trop accentuée pour y plonger toute entière.

- Thor…

Elle est aussitôt coupée par cet individu.

- Thornberg, oui, mais je déteste qu’on m’appelle par mon nom. Personne n’arrive à le prononcer correctement, c'est saoulant. Mon grand père a dû faire au moins dix-fois le tour de son caveau au moment où je vous parle. Donc évidemment, tout le monde m’appelle Erik. Même les élèves. En êtes-vous ?

Elle observe sans pudeur le regard assombri par l’obscurité de la nuit, mais elle sait pertinemment que sa vraie nature est aussi pure que la clarté de la voûte  qui englobe Rhode durant la journée. Une journée parfumée à la cannelle sur un fond jazzy. Il est une fine lame, a le souci du détail malgré ses manière rustres. Le veilleur des âmes laissant sur son chemin un confort certain, celui de la confiance et de la sécurité.

- Non, je… je l’ai été, il y a longtemps. Dites-moi, vous aimez l’escrime ?

Un sourcil se lève, l’homme semble être facile à lire. Il est surpris visiblement et me regarde comme si je venais d’un autre monde. Alors, je souris à mon tour, un peu embarassée, tout en glissant une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille droite. Il me tient compagnie, laissant ainsi le vide mon coeur dans l’oubli pendant un certain temps. A même le sol, au pied de cet arbre que je n’ai pas quitté depuis le début de la soirée, nous racontons nos vies, il me parle surtout de la sienne, de son arrivée ici et des personnes qu’ils a rencontrées. Je lui parle de Joshua, de Seishiro et Takumi, de Lei, de Dinah, d’Ebène, Paradoxe, Ymir, Curtis… Thor me demande si j’entretiens une relation profonde avec ce dernier, alors je ris aux éclats. Il revient sur Joshua, il semble s’intéresser à la façon que j’ai de parler de lui. D’elle. D’eux. Il me parle de son épouse, de son fils, de son frère. Il l’appelle “Alex”, mais quand à mon tour j’évoque sa personne, c’est le nom de Loki qui glisse sur mes lèvres. C’est lui qui rit à présent. Nous passons un bon moment. Il me demande mon nom à son tour. Et dans un sourire tendre, je le lui offre. Il le trouve très joli.

- Erik !!! Mais qu’est-ce que tu fous !!! On a besoin des clés, là !!
- Putain de merde ! J’ai complètement zappé !

Il se redresse hâtivement. La demoiselle note le haori qui est resté sur ses épaules. Pendant un instant elle a cru qu’il allait faire comme tout les autres, et tenter de la réchauffer par cette manière gentleman qu'elle n'apprécie plus. Mais elle n’a pas eu froid, pas pendant cette entrevue. Elle était, pendant un temps indéfini, de retour à Rhode, juste en parlant avec lui. Joshua a raison… les miracles peuvent arriver. Il attrape la main de la jeune femme sur laquelle ses lèvres peinent à la frôler. Il connait l’art du baise-main… Elle trouve cela très intrigant.

- Mademoiselle Psychê, je suis ravi d’avoir fait votre connaissance. Passer une bonne soirée, et... Joyeux Noël.

Le sourire glisse vers le sol. Elle ne veut pas qu’il s’en aille. Elle ne veut pas être seule. Pas pendant la nuit de Noël.

- Merci pour ce moment partagé. Soyez heureux, Thor. Joyeux Noël.

Parce qu’il en a besoin, du bonheur. Comme tout le monde. Il pousse un rire amusé au diminutif de son nom  avant de s’éloigner hâtivement, puis en courant. Elle note une désinvolture inexistante, une démarche militaire qui lui saute aux yeux. Il n’a quasiment pas parlé de son passé. Elle ne sait rien de lui, et pourtant elle a cette irrépressible sensation de connître cet Erik depuis très longtemps.


Cammy Logan reste ainsi sur le sol à attendre celui qui ne viendra probablement plus. Au départ de certains, elle prend à son tour la même décision. Quittant l’ombre, ses pas frôlant les lampions, elle se mène vers la fin, tout en fredonnant un chant de Noël.


FALL ON YOUR KNEE
and hear the angels voices.



Cammy lève les yeux vers la voute céleste, vers Polaris. Venus en vérité. Le ciel est dégagé, les constellations scintillent. Des amants s’enlacent autour d’elle. Evidemment ; Noël se célèbre en couple au Japon. Elle secoue la tête et reprend sa marche vers un souvenir lointain tandis que ses noisettes se portent sur un bâtiment un peu délabré.

-  Je te raccompagne un petit bout de chemin, on y va. Pas de ma faute si tu rates tes prochains rendez-vous, fallait pas s'attarder à l'exploration de ces lieux, madame.

Elle étire un sourire nostalgique. Lointain, oui, c’est certainement le mot. Combien de vie a-t-elle vécue depuis ? Elle était curieuse de tout à l’époque. La découverte des sous sols de cette endroit l’avait rendue euphorique comme si l’Histoire était tout ce qui comptait dans sa vie. L’Histoire, le Temps, lorsque ce dernier avait et n’avait pas d’importance à la fois. Il ne s’amusait pas avec elle, mais c’est elle, Cammy Logan, qui cherchait en tout savoir de lui, de ses moments précieux qui ont marqué à jamais l’Humanité. Quand s’est-elle détourné d’elle d’ailleurs ?

- Alors après vous, madame. Ah c'est vraiment fou ce que tu me déplais. Tu me sors deux trois théories et hop, ça y est, je te fiche la paix, je reste dans la cour des idiots et toi dans celle des intellos : vlà le tour est joué. Facile! Si un jour il t'arrive de courir après un autre, tu me rappelleras que ça marche pas comme ça, hein.

Elle lève sa main gauche à ses lèvres, essayant d’avaler les réminiscences d’un passé qui était bien plus heureux qu’elle ne pensait à l’époque. Elle se souvient. Elle avait fini par tomber pour Noahki Saigara, le terre-à-terre sans s’en rendre compte. C’est bien après son départ qu’elle l’avait réalisé.

- Tu avais raison, Noahki-kun. Ca ne marche pas comme ça. Où es-tu aujourd’hui ?

L’académie s’amuse avec elle, avec ce passé en puzzle qu’elle a voulu oublier et qu’elle peine à remettre convenablement en une toile lisse. Les zigzags qui sillonnent entre certains éléments de sa vie passée tentent de s’estomper, sans sccès. Il est encore trop tôt.

Cammy ?

Elle se reconnait dans ce nom et se retourne brusquement, laissant le dernier rempart du ruban blanc indécis glisser une dernière fois au bout de ses longues mèches. Le vent froid forment un bouclier devant son visage qu’elle balaye d’un mouvement négligé. Elle songe à les couper depuis un certain temps. Mais sa longue chevelure la protège parfois du froid.

A elle, Yui Valentine accourt, comme s’il craignait de la perdre. Ses mains glissent de ses lèvres pour se joindre comme une prière à peine entamée. C’est Noël, c’est la saison des miracles.
Elle est contente de le voir, malgré la crainte d’une maladresse à venir dont elle serait la responsable. Mais que dit-il donc ? La raccompagner, ne pas la raccompagner, compte-t-il l’abandonner encore ? Combien de fois lui tournera-t-il le dos ? Mais il sourit, ça n’était encore jamais arrivé.

“ Ca vous va bien”

Ca te va bien, lui avait-il dit un jour, peu après leur retour de Paris. Elle avait alors revêtu ce jour cette robe corail, la seule qui n’ait pas brûlé et qui lui a été utile pour autre chose. Ca avait été une journée particulière, au parfum d’agrume.
Elle lève son regard vers les lèvre de Yui Valentine, essayant de se remémorer leur saveur. Elle se fait du mal et elle le sait. Alors elle le redescend pour apercevoir quelque chose de familier, déposé quelques heures plus tôt, au pied d’un sapin, à l’heure de fermeture du centre commercial. Ce qui en ressort a un goût étrange. Elle penche la tête et se revoit le confectionner, les gestes bercés de prières, de plaintes, d’espoir. Elle étire encore un sourire, le fantôme de l’ancienne Cammy Logan prenant place dans ses cordes vocales.

- En même temps… ça ne fait pas longtemps que tu possèdes cet objet, Yui. L’oublier aurait été plutôt… inquiétant, non ?

Elle tend les mains vers le dit-objet dans les mains de Valentine, laissant un sourire se frayer une place. L’assurance dévoilée s’estompe, et le fantôme s’en retourne dans les murs du bâtiment abandonné non loin qu’elle ne voit plus désormais. Cammy n’a pas réalisé ce qu’il vient de se produire en prononçant pour la première fois le prénom de l’homme, qu’il ne lui a jamais révélé depuis qu’il se côtoie depuis quelques semaines.
Elle étire un peu la “cordelette” et la passe autour du poignet de l’homme.

- C’est un bracelet. Je l’ai fait avec les ornements d’une vieille robe. Vous souvenez-vous, Valentine ? Je la portais au parc, lorsque...
Vous n’êtes pas obligé de le porter.


Elle ne pouvait pas reparler de l’incendie. Le bijou fixé, elle recule.


- C’est la nuit de Noël. Passez-la avec moi. Je vous promets… de ne plus vous heurter. S’il-vous-plait.


S’il est parti aussi vite la dernière fois, c’est parce qu’elle a fait quelque chose de mal. Il ne pouvait en être autrement. Alors elle le supplie de ne pas partir, de partager un peu de son temps, un peu de la nouvelle vie de cet homme dans laquelle elle peine à se frayer un chemin.


- Faites-moi une place. Même une toute petite.

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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptySam 9 Jan 2016 - 14:29

Valentine... Alors que la familiarité se transforme en nostalgie et que les souvenirs deviennent formalités, Yui se surprend à remonter à la source pour tenter d'apercevoir quand tout cela a commencé. Valentine, c'est une jonction, une transition pour ne pas dire fêlure. Un paradoxe. Un lieu, un livre, des désillusions et des failles qui en ont fait un nom. Valentine, c'est ainsi qu'elle l'appelle avec son expression double qu'il lui a déjà aperçu par plusieurs fois. Il a soupiré dans un soupir davantage mental que physique et a terminé une phrase fêlée.

- Le jour de l'incendie, ... avec votre robe de Psyché.

C'est vrai.

- Vous pouvez me tutoyer.


Ce n'est pas la première fois qu'il le dirait.

- Et bien. Si je l'oublie c'est sans doute que j'aurais perdu ma main,
a-t-il fait amusé, en la laissant lui resserrer l'objet autour de son poignet. Pourquoi pas après tout. C'est la nuit de noël, comme elle le lui rappelle. Et si ça lui laisse quelques fragments d'instant en plus à partager avec Cammy, c'est sans doute acceptable.  

- Combien de Noël avons nous passé?


Il recompose avec ce qu'il reste de sa folie, ce qui lui reste à exister jusqu'à qu'on revienne lui prendre son existence. Est ce qu'il retournera à Libra la prochaine fois? Est ce que Thémis lui demandera un prix encore plus lourd à payer pour avoir voulu exister de nouveau sur Terre quelques souvenirs éthérés de plus avec une femme? Est ce que sa vie arrogante en tant qu'humain vaut la sentence d'une damnation éternelle? Thémis est une éternelle envieuse de l'humanité et c'est en tombant folle des sentiments et des sens, qu'elle continue de les retirer à ceux qui les ont les plus chéri pendant quelques futiles années. Yui Valentine ne saura jamais si elle prends au moins soin de ce qu'elle vole en se couvrant derrière le statut de justicière.

- Ah. Excusez moi. J'ai parlé à Théodore.


Quelque part, j'ai fouillé dans les cartons de ma propre vie.

- Alors avec plaisir je passe ce noël avec vous.


La conclusion est qu'il est un étranger de son existence.

Mais ce n'est pas comme si c'était gênant pour continuer à faire s'écouler le temps à travers son enveloppe physique. Ce n'est pas comme s'il devait être intemporel pour continuer à subsister après ses heures allouées. Il  a arrêté de chercher davantage que nécessaire, parce que ce qui est passé n'est visiblement plus de son ressort et qu'au lieu de s'échiner à fracasser ses attentions dans l'au delà, il vaut parfois mieux de se recentrer sur ce qu'il y a déjà. On ne demande pas à un écrivain de se contenter de lire, à un artiste d'observer, à un sportif de s'échauffer. On ne demande pas à un humain de vivre mais de se surpasser dans chacune de ses initiatives, aussi minimes soient elle à l'échelle de l'humanité. Ainsi, de l'accalmie il passait à une colère à peine maîtrisée et de l'inverse il basculait encore.
Il était finalement allé consulter Theo à défaut d'aller demander conseil à ses confrères.

Yui a regardé son poignet un moment avant de se tourner vers Cammy avec un grand sourire. Ce n'était pas si compliqué dans le fond.

- Merci.


Aux frontières de l'école et du commencement de la ville, ses pas les font tranquillement marcher sur cette limite ancrée sur des faits inexistants. Yui s'est plu en interne, en externe, et désormais il n'y a plus de barrières inutiles à prendre en compte. Il a observé Cammy et a balayé l'air d'un geste de la main comme pour faire passer sa phrase. Au final c'est sans doute elle qui est heurtée mais pour cela, Thémis leur réservait un avenir pour les laisser redécouvrir les failles qu'ils s'étaient eux même créés. Ça l'amusait sans doute là bas, depuis son temple infiniment grand et infiniment blanc. Elle était de ceux qui se pensaient sans distinction dans le temps.

-Une place? Ne la demandez pas, prenez-là. Il a jeté un œil amusé  sur Cammy mais ne s'est pas arrêté, la laissant là, sur place.  -Je vous avez dis la dernière fois que je vous attendrai. Vous venez?
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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptyLun 11 Jan 2016 - 23:00

Psychê

Incendie. Thème abordé, colère évitée, soupir exhalé.
Psychê. Tutoiement. Incompréhension relevée, proposition rejetée. Pas d'objection votre Honneur, le témoin est à vous.
Psychê. Comment se fait-il qu'il connaisse ce nom ? Maintenant qu'elle y pense, Valentine n'a jamais figuré dans ses songes de Libra. Leurs esprits avaient été glissés trop loin l'un de l'autre pour se rencontrer, mais il a fallu que le l'ex psychologue n'ait plus souvenir de Cammy en ce monde pour aller à Psychê , sur les recommandations du lieutenant de la garde. Psychê qu'il continue d'appeler Cammy. La jeune femme, égarée quelque part entre son corps et son esprit, ne sait plus à quel saint se vouer. Ainsi, elle élude, elle élude. Elle prend des notes, mais les mélange. A l'issue de cela, elle décide finalement de ne pas en rajouter.

Elle étire un petit sourire à l'humour prononcé. Yui Valentine n'a jamais vraiment été un bout-en-train, ce qui ne fait qu'approfondir le côté imposteur que Cammy lui a collé sur le dos lors de retrouvailles, one-way version only. Quel est le pire, perdre la mémoire ou perdre une main ? Les deux semblent aussi douloureux, l'un comme l'autre. Mais tout de même, vivre avec une main manquante semble vraiment effroyable.
Des questions étranges viennent à la demoiselle tandis qu'elle a toujours préféré ne jamais faire référence à leur passé commun ; sa mère lui avait bien dit qu'il ne se souvenait pas d'elle et qu'elle se ferait inutilement du mal alors que Seth - spécialiste plus ou moins du sujet - préférait dire qu'il n'était pas utile de brusquer les choses, mais qu'un indice pouvait éventuellement se révéler déclencheur. Mais faibles sont les chances d'y parvenir et Cammy Logan avait tôt de s'en apercevoir. Il y avait toutefois un fait certain : l'amnésie de Yui Valentine était partielle, sinon il aurait dû tout réapprendre, tout rééduquer un peu comme dans A propos d'Henry: l'équilibre, marcher, manger, parler. Tenir un livre, boire un thé mais... il n'avait pas bu le sien, à Amani.


Une phrase au passé et la première personne du pluriel employée. "Nous". Le petit sourire s'effondre. Elle ne veut pas brusquer les choses, mais c'est Yui qui prend la décision de se projeter contre elles. La rouquine ne sait pas quel chemin emprunter, elle est bien trop déstabilisée par la démarche. Pourquoi n'a-t-il pas bu le thé ? Comment en est-il venu à lui demander le nombre de Noëls qu'ils ont pu passer ensemble et comment avouer qu'il n'y en avait eu aucun, comme si leur relation n'avait était au fond, que suffisamment futile pour ne pas avoir à célébrer ce type d'évènement ensemble... Il y a eu, à un moment donné dans la vie de Yui Valentine, un sentier qui l'a amené à Cammy Logan. Des coincidences un peu trop poussées pour une demoiselle qui ne croit désormais plus au hasard. Les souvenirs qu'ils ont en commun ne sont pas du ressort de la logique quand déjà le sol qu'ils foulent de leur pied n'appartiennent pas à cet univers surnaturel. Elle songe alors à cet Erik...le Thor de ses songes. Yui aussi, l'a revu. Mais le concierge de l'académie semble pourtant en dehors de leur univers. C'est peut-être parce que son âme a emprunté un chemin différent du leur : il n'était pas dans le taxi après tout et il ne se sont jamais rencontré en dehors de Libra.

Mais de même qu'on ne demande pas à un écrivain de se contenter de lire, il faut aussi prendre en compte le fait que l'un ne va pas sans l'autre : si l'écrivain ne lit pas, il n'écrit pas non plus. De ce fait, il ne sera pas écrivain, ni même simple lecteur. Si l'artiste n'observe pas, il ne créera pas à son tour. Si le sportif ne s'échauffe pas, ses performances seront mauvaises et il risquera de se blesser. On ne demande pas à un humain de vivre...mais de vivre heureux. Et si Thor/Erik n'a pas évoqué Libra, ou qu'il n'en a pas le souvenir, ça ne veut pas forcément dire qu'il n'y était pas. Il n'y a qu'à voir ses traits : il parait bien plus vieux que dans les souvenirs de l'Australienne alors qu'il ne portait pas la moindre ride. L'hypothèse qu'a Cammy de Libra lui vient donc naturellement : celle d'une expérience extra-sensorielle, paranormale. Devenue très pieuse depuis son réveil, elle sait que l'âme a son existence propre et qu'elle a dû en faire elle même l'expérience. Le fait est que le commun des mortels n'est pas prêt à entendre ce genre ce de témoignanges et quand bien même Yui l'a aussi vécu, la fragilité de son être fait que tout ne peut pas être dit. Alors, parler, ou ne pas parler de Thor ?

Théodore.
Les pensées de la demoiselle s'envolent pour ce concentrer sur le prénom annoncé. Yui l'aborde comme si elle le connaissait. Qui est ce Théod.. Oh.
    -Bonjour Cammy... Je m'appelle Théo Rochefort, je suis le frère de Valentine. Eliane m'a parlé de vous.


Elle avait cru imaginer cette rencontre. C'est ce qu'elle aurait souhaité en vérité, dès la mention d'Eliane. Lorsqu'elle l'a vue à Paris, et à la réaction de Yui face à elle, Cammy ne l'a pas appréciée du tout. Avant de savoir qu'elle était la soeur de Yui, la rouquine avait imaginé une relation plus profonde et en a été simplement envieuse. Un peu trop. Elle s'est par la suite sentie bête en apprenant le véritable lien entre les deux personnes, mais le fait est que... Cammy n'aime pas cette Eliane. Elle a senti quelque chose de malsain se dégager de cette relation fraternelle, et ça n'est pas à cause du malheur qui a frappé la femme aux cheveux clairs. L’a-t-il oubliée, elle ? A y repenser, une petite céphalée vient à poindre sur sa tempe droite. Il faudrait vraiment qu’elle cesse de se torturer, oui mais voilà, Cammy a gardé cette ténacité qu’elle a depuis toujours, d’aller jusqu’au bout des choses.

Le grand sourire de Valentine ne lui plait pas. Il n’a jamais su sourire de cette manière. Oublier n’a finalement pas que des inconvénients. Elle se souvient avoir elle-même souri d’avoir oublié, avant de se souvenir à nouveau.


“ Je vous avais dis la dernière fois que je vous attendrais. “


BRIDGE OF SIGHS
Meant to conceal lover's lies




Au contraire. Il lui a dit un jour de partir. Puis il est venu la rechercher. Quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, quoi qu’il demande… Elle lui cède, elle supporte. C’est elle qui l’attend. Elle l’a toujours attendu, comme ce soir. Yui Valentine l’a invitée mais ne s’est pas montré avant plusieurs heures. En fin de compte, la vie de l’homme n’est plus qu’un manuscrit dont on a déchiré les pages pour les remplacer par des pages vierges. Elles se remplissent avec de nouveaux noms, les anciens luttant pour ne pas se retrouver effacés, se frayant une place. Ce n’est pas à Cammy de prendre celle qu’elle quémande, qu’elle supplie. C’est à Yui de la lui accorder, de l’ancrer dans les pages à venir.

Elle baisse les yeux, en même temps qu’elle baisse les bras. Elle est trop fatiguée pour lutter. Et trop affamée. Elle marque un temps d’arrêt, non loin de la chaussée. Le quartier de l’académie arrive en fin de zone, Hiryuu se rapproche. Plusieurs voitures quittent le parking à grande vitesse s’approchant dangereusement d’elle. Les étudiants au volant désirent sûrement poursuivre la soirée de Noël avec quelque chose de plus fort qu’une simple coupe de Champagne. Une voix hurle le prénom de la demoiselle qui s’est contentée de fermer les yeux, dans un demi-sourire. C’est le soleil de Rhode qui persiste dans sa rétine, jusqu’au plus profond de la faible lueur de ce regard noisette quasi-éteint.



Lorsqu’elle ouvre les yeux, de longs cheveux noirs glisse sur les joues de la rouquine. Une voix familière lance des descriptions de véhicules, de couleurs, de localisation.

- Vous les avez en visu ? Oui… … … Tout à fait. Merci beaucoup. Pouvez-vous me rappeler quand ça sera fait ? Parfait.

L’écran d’un téléphone portable dans son champ de vision qui s’éteint, une odeur inconnue, une tenue qui ce soir ressemble beaucoup à la sienne. Un buste qu’elle n’a jamais approché de si près. Cette voix en revanche, douce, posée, n’a pas de semblable. Elle s’écarte de ce Japonais qu’elle connait depuis si longtemps et lève son regard vers lui. Le sien...n’est pas comme d’habitude.

-  C’est toi…
- Il s’en est fallu de peu, Logan. Tu vas bien ?
-  Tes yeux… qu’as-tu fait à tes yeux ?

Il sent le tabac et l’alcool. Il a les cheveux longs, les yeux couleur chocolat… Depuis quand ?

-  Que t’est-t-il arrivé, Shiki ?
- Ce sont des lentilles colorées. C’est...c’est une longue histoire, Cammy. Mais je te retourne la question. A quoi pensais-tu en te mettant sur la voie ? Désirais-tu mettre fin à tes jours ?

Shiki
Cammy incline la tête : elle ne comprend pas. C’est la voiture qui s’est jetée sur elle, n’est-ce pas ? Hein ? Shiki tourne alors la tête vers l’individu non loin ; il se dirige vers lui avec un pas fermement décidé. Elle n’a pas remarqué la haine qui a alors habillé les prunelles artificielles de l’ancien étudiant.

- Un homme digne ne laisse pas une femme aussi respectable que Cammy marcher derrière lui. Il se doit de se tenir à ses côtés, pour la protéger en temps voulu. Qu’il lui arrive le moindre mal, et vous regretterez de ne pas être mort dans ce ta…
- Katsuragi ?

Une jeune adolescente passe en courant devant la rouquine.
- Masa m’a appelée. Il faut impérativement que tu rentres.

Le Japonais regarde son téléphone. Cammy éprouve l’étrange sensation d’avoir assisté à la répétition d’une séquence de cinéma, sur un fauteuil de staff. Désagréable sensation. Elle n’aime pas le script et brûle d’envie de crier “Coupez !” Elle réalise alors que Shiki est à nouveau près d’elle, et lui tend une carte de visite.

- Cammy, il y a toujours quelqu’un pour t’aider si tu t’égares. Ne l’oublie pas.


WHY LIVE A LIFE
That's painted with pity and sadness and strife


Elle saisit le carton sur lequel est imprimée l’adresse d’un hôtel de luxe du centre-ville, le Pachinko Palace. Au dos de la carte, un numéro griffonné au stylo. Elle n’a pas le temps de remercier son ami qu’il s’éloigne, non sans avoir lancé une dernière oeillade à l’intention de Valentine. Elle aurait juré y lire une menace. Complètement chamboulée par ce qu’il vient de se dérouler, affaiblie, elle se laisse tomber à genoux et éclate de rire..avant de pousser un long soupir.

-  Ce monde...c’est vraiment l’Enfer. Moi aussi j’aimerais oublier, Valentine. Oublier que la vie n’a aucun sens. Toutes ces âmes qui se damnent alors qu’il y a tellement de belles choses à faire, à vivre, c’est insensé. La vie...n’a vraiment aucun sens, et mes ailes ont brûlé..

Elle regarde la carte douteuse et la tend à Yui sans lui accorder le moindre regard.

- Je n’ai pas besoin d’aide. Je ne suis pas une brebis égarée. Prenez-la. Je n’aime pas les jeux d’argent.



We don’t need anymore.


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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptyDim 7 Fév 2016 - 9:53


- Eliott.
- Je t'écoute.

- Ne rend pas les choses plus compliqué qu'elles ne le sont déjà.
- Un conseil avisé, comme toujours.

- Tu as oublié des choses mais ceux qui se souviennent....
- Tu parles de Cammy Logan?

- Entre autres.
- Mêle-toi de tes affaires je te prie.

- Pas seulement. Tu as changé.
- Tu répètes Eliane.

- Non.

Valentine a levé le nez des archives de son portable et croise le regard de son frère.

- Tu m'écoutes.


*


Valentine s'accroupit finalement.

-Cammy. A quoi bon vivre lorsque nous savons que l'éternité est après la mort...? Le savez vous? Damnés ou pas, nous finirons tous dans cet espace sans fin. La seule chose qui diffère c'est que la vie, ici, elle semble éphémère.


Trop de choses lui échappent quand bien même il les a devant les yeux. Yui a observé ce visage avec insistance comme s'il devait y percevoir quelque chose, comme si il devait y lire un message non prononcé. En fin de compte il ne lui reste plus qu'à composer avec les fissures d'un reflet brisé. Les enchaînements des instants s'agencent mal dans son esprit et le jeune homme qu'il voit se diriger vers lui après avoir enlacé Cammy s'éloigne déjà de ses perceptions.

- Au final c'est ce qui relève l'unicité de l'instant. Pardonnez moi, je ne donne plus grand sens à la dignité humaine.


Il ne sait plus ce qu'elle doit signifier à ses yeux. Il a cherché des yeux cet homme devenu trop vite fantôme et a baissé le regard.

- Ce sont des instants qui ne reviendront pas,
a-t-il soufflé avant de scruter le regard de la jeune femme. Thor disait que chaque disparition entraînait une perte de mémoire.

Il ignore combien de fois il a disparu là bas. Deux dois. Trois, cinq, quinze. Plus? La seule chose restée clairement ancrée dans sa mémoire durant son séjour, est la sensation permanente d'être devenu incomplet au point de douter de son existence. Il a saisi la carte sans y faire attention et effleuré la main de la jeune femme en souhaitant la garder un instant de plus dans la sienne. C'est qu'elle disparaît trop rapidement à chaque fois.
À Libra, elle n'y était pas.

Aujourd'hui, elle s'effondrait.

Il l'avait perdue de vue pour quelconque raison.




Terre, Terre, Nous sommes tous brisés.

Cammy Savannah Logan. Elle aurait voulu qu'il l'attrape par la main, qu'il ne la laisse pas dériver sur les rebords tranchants de la folie et qu'il la regarde avec cette lueur dans le regard qui ne saurait défier la vérité.

Elle voulait que jamais il ne l'oublie.

Cammy Logan priait derrière un silence blessé un retour qui ne reviendrait pas, se remémorait pour elle, pour lui, pour ce qui pouvait rester de leur chemin tracé ensemble avant que tout ne s'effondre. Elle cherchait désespérément un réconfort, la chaleur d'un bref souvenir, et c'est dans la douleur qu'elle réalisait que chaque instant passé avec lui ne faisait qu'effacer un pan supplémentaire de leur passé. C'était cruel cette damnation, c'était terrible ce prix à payer pour avoir tenté d'accéder à l'éternité. Elle perdait sa raison, lui sa mémoire, et c'est dans cette punition qu'ils avaient tous deux été renvoyé dans une humanité dérisoire. Ils avaient vécu les mêmes événements dans des tournures différentes, déviation incontrôlée, destinée mâchée et le plus navrant dans l'histoire était sans doute le fait que ni l'un ni l'autre, n'avait fauté pour déclencher cette divergence. Non, tous deux avaient vécu l'intensité de chaque instant, et c'est dans cette véracité trop honnête que deux plaques terrestres en fusion avaient dévié l'une de l'autre pour faire naître un étrange chaos dans leur relation. Aucun mensonge et ni infidélité ne justifiaient ce tournant et seule la fatalité de l'existence avait brisé leur cours, aussi dommageable qu'il puisse être.

C'était en soi, un dénouement bien triste.


-Vous n'avez pas dit vouloir passer Noël avec moi? Ne vous effondrez pas, il y a un salon de thé pas loin.

Il ne leur en faudrait pas loin pour arriver là bas.

Yui passe une main autour de la taille de la jeune femme pour tenter de la relever, elle qui dit avoir perdu ses ailes dans sa course à un but invisible. Elle lui semble trop frêle derrière son mystère, derrière son étrangeté qui lui donne l'impression de faire face à un personnage sorti des féeries de la nature. Pour lui, elle disparaît puis réapparaît dans la fantaisie des événements et il ne cerne pas cette personnalité décalée. Perchée. Un jour, Noahki Saigara s'était demandé si cette crevette de psychologue arriverait à protéger Cammy Logan. Il semblait si dénué de force qu'il ne semblait même pas être capable de se protéger lui même et quand il avait vu la rouquine perchée à son bras, il était resté longtemps dubitatif avant de se détourner de ce spectacle insupportable. Un jour comme aujourd'hui aurait suffi pour le lui balancer dans la face mais leur histoire à eux, c'était un tiroir rangé et scellé par le passé. Les histoires sans avenir qui traînent ainsi, ne devraient même pas voir le jour.

-Je crains ne pas être à la hauteur de vos souvenirs Cammy.

Un thé se verse sur les deux tasses en face à face et les gâteaux de la princesse viennent orner l'assiette posée sur la table basse. Quelques aller retours silencieux, une boule de poils blancs qui se faufile trop agilement entre ses pieds avant de venir observer une cliente qu'il ne connaît pas. Des poissons qui tournent, une ambiance sereine, les murmures de ses pas qui frôlent le parquet. Yui Valentine aurait pu se noyer dans l'atmosphère étrange de ce salon, il aurait été capable de se laisser aspirer par les murs à force d'y avoir délaissé l'essence de toutes ses réflexions. Il est venu s'assoir en face de la jeune femme puis à saisi une tasse brûlante entre ses mains congelées.

Yui Valentine, Eliott C de Rochefort. Il aurait voulu se souvenir de ces espaces temps effacés, se rappeler autant de détails que sa mémoire avait l'habitude de graver dans les recoins de son cerveau. A un moment donné, le CD avait été rayé et sans pouvoir comprendre l'entière mesure des dégâts provoqués, il oubliait, oubliait ce qui avait fait de lui celui qu'il était aujourd'hui. Il savait avoir une jumelle et été le jumeau d'un autre, il savait devoir se comporter avec plus d'attention avec Eliane, mais il ne revoyait plus en quelles conditions cette touche à son égard était né, ni le pourquoi de sa désinvolture vis à vis de Théodore. Sans avoir perdu ses connaissances, il ne pouvait plus dire s'il avait été un bon élève et étudiant dans sa scolarité, ne pouvait demander à son père quel genre de fils il avait été. Et alors qu'il fouillait dans son passé, il apprenait qu'il avait grandi sans aile maternelle. Il avait l'impression de lire une histoire qui ne le concernait pas et pourtant tous les faits le ramenaient à sa personne, ce Valentine de pseudonyme qu'il devait encore élucider. Il a laissé son regard distrait se focaliser sur Cammy puis a posé les bouts des doigts sur ce visage douloureux.

-J'aimerais vous rendre vos ailes, sincèrement. En réalité, a-t-il fait en scrutant ce visage tellement inconnu, -J'aimerais cesser de vous faire souffrir. Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là. Je ne comprends pas. Je ne reconnais plus grand chose...

Sa main retombe et il détourne le regard.

Les courbes de ce visage ne lui sont pas plus familières que les siennes et l'accablement qui s'abat sur ses épaules lui fait se camoufler les yeux derrière une main pour ne plus voir la réalité. Ses yeux rendus secs picotent, et il les masse de ses paumes un moment avant de se lever. Le thé fume et il ne pourra pas en boire autrement que d'en humer la fragrance agrume.

Il s'est dirigé vers le comptoir et se ramène avec une boîte rectangulaire qu'il pose devant Cammy.

-Agrumes, Jasmin, et ... c'est totalement incomplet. L'Effet Papillon. Le papillon c'est vous...?

Il s'est pris la tête entre les mains et s'est accoudé sur la table. Effet papillon c'était un morceau de papier déchiré d'un bloc note ou d'une feuille, c'était l'inscription sur ce bout mal coupé qui avait été posé sur le mélange des herbes sèches d'arômes divers, à l'intérieur de la boîte compartimentée. Ça aurait presque pu servir de boîte à baguette. Le second compartiment, plus petit, devait contenir un Greta Ono ramassé dans les jardins botaniques de l'école. Il ne s'en souvenait simplement plus mais ce serait visiblement l'être qui ferait l'inspiration de ses compositions. À se prendre pour un artiste, voilà où ça l'avait mené : il s'était fracassé contre lui même.

-Ne me dites rien. Je vais juste penser que c'était à vous que c'était destiné. Si vous l'ouvrez faites doucement. Il y a des ailes à l'intérieur.

Un ouragan contre un battement d'aile, la transparence de la tornade ancrée dans la démarcation de ses ailes.

-L'infini, les choses infinies... L'incomplet est la seule chose que j'ai à vous offrir. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé.

Et il a eu envie de ressentir l'air pressé contre son visage, la chute de son être contre la caresse de la tornade lorsque les rebords de la citadelle de Libra se dérobaient sous ses pieds. Il avait déjà sauté.
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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptyJeu 18 Fév 2016 - 16:14

Anneau de Möbius

Les volutes de fumée dansent devant ses yeux. Au travers d'elles, point de nuée, point d'instant vaporeux. Juste une unique danse avec la pluie pour seule musique. Pas même une valse maladroite, juste une étreinte parfumée d'un Bordeaux moelleux. C'était l'un de ces beaux moments qui n'appartenaient qu'à eux deux.

Je crains ne pas être à la hauteur de vos souvenirs.

Désormais… celui-là n'appartient plus qu'à Cammy. Ce qu'elle a de plus précieux, les meilleurs moments de sa vie, divise la demoiselle. Elle se scinde. Tantôt elle appréciera ce souvenir avec une allégresse non feinte, tantôt elle s'en étouffera comme si Yui Valentine avait vraiment péri dans le véhicule, dans ce dernier voyage qu'ils ont partagé ensemble.

Quelques minutes plus tôt, elle se trouvait à même le sol espérant encore ce qu’il n’adviendrait plus. Espérer semble être la seule chose à laquelle elle peut encore se raccrocher, elle ne sait plus pour quelle raison. Le léger frôlement glacial des doigts de Yui sur sa main lorsqu’il a saisi la carte de Shiki, le simple fait qu’il se tienne là pourrait lui suffire. On ne se rend compte de l’importance des choses que lorsqu’on les perd. “A quoi bon vivre lorsque nous savons que l'éternité est après la mort...?

A quoi bon.
Mais vivre...n’est-ce pas ce qu’il y a de plus précieux, justement parce que la vie est éphémère, fragile ? La vie est une oeuvre d’art. Chaque création est une oeuvre d’art. On en prend soin parce qu’à tout moment, un choc, du plus fin au plus grossier, peut l’abîmer, la briser, l’anéantir. Une clepsydre qui se fend, se craquellera et éclatera sous le poids de ce temps infini qui n’en peut plus d’être compressé dans ce corps de cristal si frêle. L’infini, l’éternel…une boucle qui n’a ni début, ni fin et qui pourtant a bien voulu laisser place à la vie.

Et puis, Yui a relevé Cammy Logan qui s’éloigne alors des chemins tortueux de sa raison, triturant les abcès de la passion, pour atterrir dans un salon de thé sans nom. Le fameux salon de thé. Elle n’y a jamais mis les pieds, mais se souvient l’avoir aperçu de loin, en ce jour où son père a réalisé que cette fille, la sienne, a coupé les liens qui la maintenait à la réalité.  C’est ce jour là, dans l’envers du décor qu’offrait un portail sous forme d’un miroir aqueux que Cammy a transposé son âme à Libra et qu’elle a rencontré son double à Hiryuu pour la première fois. Un mauvais présage, un parfum de mort manifeste. Elle a alors voyagé, respiré le parfum de l’herbe de Rhode, et fait le voeu de rejoindre cet éden au plus vite. Elle n’aura jamais imaginé qu'il se réaliserait.

Doppelgänger.

Dualité. Certains disent qu’il ne s’agit là que d’un mythe, une légende urbaine. “Psychê” est donc son double, son reflet matérialisé, la représentation même de la non-vie, et d’une certaine façon, de l’immortalité de l’âme. “Psychê” signifie en grec à la fois “âme” et “papillon”. Cammy Logan a failli perdre la vie à de nombreuses reprises. Des chapitres de sa vie sous forme de titres, narrant l’histoire d’une jeune femme touchée par la désolation, une existence sans cesse menacée, simplement écrite sur une plateforme virtuelle par une entité qui n'a rien de divin. Catastrophes naturelles par deux fois à deux emplacements opposés de la planète, un empoisonnement, une...non... deux tentatives, deux accidents de la route dont l’un l’a amenée plus proche de cette éternité qu’elle semble rechercher. Mais c’est bien l’éloignement puis la disparition de ses proches qui représente la pire des fins, dans la pire des souffrances.
Yui est toujours là sans vraiment l’être toutefois. Des réflexions s’élancent dans l’esprit de la jeune femme, tantôt pragmatiques, tantôt farfelues. Plus tôt, elle s’était laissée relever juste pour ressentir ces frêles bras l’enlacer, des bras qui ont oublié qu’ils avaient été bien plus hardis que cela, il fut un temps. Elle s’était alors éloignée de Valentine, une fois debout. Pas trop de proximité, ni de distance. Le retour de l’étiquette japonaise seulement au milieu de la nuit. Le double préfère le jour.

Cammy, elle, a toujours été un vilain papillon de nuit.



START ANOTHER STORY
how do I set you free ?



Des doigts qui frôlent son visage, qui lui glacent le sang. Elle détourne sa contemplation de la vapeur du thé qui s’élève au ciel par delà ce plafond inconnu, pour croiser un regard étrange de sincérité. Semble-t-elle si malheureuse ? Elle avait pris l’habitude de ne pas chercher à masquer quoique ce soit, quand elle savait que face à Yui Valentine, elle était le sujet, l’étude. Elle n'a jamais été capable de lui mentir, et n’a jamais eu l’idée de le faire. Transparente, elle a toujours été. C’est ainsi qu’elle était avec lui, c’était ainsi qu’elle l’avait aimé. Plus gelés que jamais, les mains de Yui Valentine transpirent la mort. Un gel qui se meut jusqu’à elle et qu’elle apprécie. Elle songe à l’image qu’elle avait de lui au début, à ce shinigami qui était censé l’amener loin de la terre des Hommes, loin de la matérialité. De messager de mort, il s’est révélé maitre du Temps. C’était une erreur. Il n’est  qu'un homme, comme n’importe lequel. Un mortel, avec des émotions aussi délicates à percevoir puissent-elles être. Seulement celle là, devant ses yeux, derrière cette tasse de thé fumante, Cammy ne la supporte pas. Elle tourne la tête vers la porte, désire se ruer vers elle, l’ouvrir et fuir une fois de plus. Disparaitre pour ne plus voir le désastre, les conséquences de ses actes. Et perdre la vie, encore et encore sachant qu’à chaque fois, elle renait tel un phénix, la vigueur en moins. Elle glisse alors ses mains autour de la tasse, laissant la fragrance du thé conquérir ses narines. D’une certaine façon, ça la réconforte. Ce qui s’en suit, n’est plus du domaine de l’éventuel. Ses doigts quittent la tasse pour se poser sur une boite mystérieuse. Le désir de l’ouvrir est grand, ne lui est pas interdit et c’est peut-être justement cela qui la freine. On n’ouvre que ce qui ne doit pas être ouvert. Ni la boite de Pandore, ni le coffret de Persephone, ni le coeur d’une âme déchirée.

Si vous l'ouvrez faites doucement. Il y a des ailes à l'intérieur.

Si”. Cammy n’est pas obligée, quand bien même elle le souhaite. “Je vais juste penser que c'était à vous que c'était destiné”. Il est évident que ça lui est destiné. Mais “est” est devenu “était”, et c’est juste cette nuance là qu’il lui faut pour ne pas céder à la tentation. Cette boite est un souvenir matériel de Yui, mais aujourd’hui, il ne boit plus de thé. Le jasmin et les agrumes appartiennent à une autre époque. Ouvrir cette boite serait une incohérence, un paradoxe, un anachronisme en cet instant où Cammy Logan tente de remettre ses pendules à l’heure. Aux derniers mots de Valentine, elle n’en peut plus. Elle se lève et se dirige vers la fenêtre donnant sur la rue. Yui ne réalise pas à quel point les derniers mots qu’ils a prononcés séduisent la demoiselle. L’incomplet est ce qu’elle a toujours préféré. Sans ses souvenirs, Yui est plus incomplet que jamais. Il fait une oeuvre d’art au summum de sa beauté, de son attrait. Un coffret qu’on se refuse d’ouvrir de crainte de le remplir de maux par erreur. Toutefois… le mal est déjà fait. La douleur qui habille les traits de Valentine en témoigne.

Elle tire un rideau, elle sait qu’à l’extérieur, le monde est sombre. D’ici quelques heures, le jour apparaitra. Elle, laissera la place.

- Tu ne devrais pas t’excuser, Yui. Tu n’as rien fait de mal.

Elle se retourne soudainement, un petit sourire aux lèvres. Il est temps d’en finir. Elle revient pour s’accroupir près de l’homme et attrape ses mains, qu’elle porte à ses lèvres.

- Tu es gelé.

Elle aussi. Un simple souffle, de ceux qui n’existent que sur cette Terre. Un autre souffle chaud remplace le premier qui déjà s’évanouit au delà de la finesse d’un épiderme trop pâle. Ses mains frottent les doigts de Valentine tandis qu’elle lève ses noisettes vers son visage.

- Je ne sais pas pourquoi tu te tortures à ce point à mon sujet. Tu arrives toujours à me retrouver même lorsque je ne le souhaite pas. Tu as là l’occasion de te construire, de te reconstruire, sans accorder d’importance au passé. Tu as toi-même dit que ces instants ne reviendront pas, alors à quoi bon les creuser ? Même si tu parviens à mettre la main dessus… Tu ne sauras jamais les vivre, et encore moins les revivre. Il n’appartient qu’à toi de tracer les nouvelles lignes de ton histoire, peu importe ce que tu penses lire en moi. Les données sont faussées désormais
.

Cammy regarde la boite sur la table avec une forme de mépris. Elle se redresse, quitte les mains de Yui et attrape l’objet.

- Si elle m’est destinée, je préfère qu’elle me soit offerte par celui qui en est à l’origine. Pas par un autre homme qui imagine que c’est le cas. Si son auteur n’est plus là, autant la jeter aux ordures.

Elle fait quelques pas et repose la boite sans délicatesse sur le comptoir. Ses mots ont été durs, surtout pour elle. Sans estimer qu’elle devait absolument être celle qui devait les prononcer, c’est un fait. Et ça fait mal. Sauf que cette fois, elle a tout fait pour ne pas le démontrer. Un mensonge pour contrer l’égoïsme. Ce n’est pas elle qui souffre le plus.


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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptyJeu 3 Mar 2016 - 20:41

Éloquence est un regard perçant qui croise celui de Valentine par la seconde qui s'étire dans le temps. Yui détourne les yeux et les oublie derrière l'aquarium, laissant sa main recueillir le poids de la tête. Accoudé sur la table, il a cessé de suivre Cammy Logan. Joyeux Noël, joyeux noël.

- Il y a un déséquilibre quelque part lorsque vous ne vous y trouvez pas.

Terre, Libra, Terre. Le mouvement aléatoirement lent de ces animaux en immersion calme le débit de ses pensées torturées. À travers ce monde englouti, il a l'impression d'avoir les yeux de la rouquine posés sur lui;  paranoïa, superstition, intention faussée, est-ce que tout cela a non seulement déjà eu un sens. Pourquoi creuser alors?

- Aux ordures, le passé dans ce cas là.

Fêlure dans les âmes, écorche les cicatrices. Il se lève, rejoint Cammy, et d'un revers de la main laisse tomber la boîte dans la corbeille à papier. Est ce que ça le rend plus heureux maintenant qu'elle prétend le délier d'un passé enchevêtré ? Vraiment ?
La statuette sur le recoin du comptoir, la, près de la caisse n'a jamais perdu son regard amoureux. Brûlée et marquée par les cendres, elle a été ramassé à Hiryuu avant de finir écrasée aujourd'hui dans la corbeille avec un bruit de fragmentation étrange. Il manquait une aile à Psyché, il manquait la vie dans ce souvenir essoufflé.

-Quelles données? , demande-t-il en scrutant minutieusement les traits de la rouquine. Et si rien de tout cela n'était faux, hm? -

Il a secoué la tête d'un air agacé.
Passer d'un état à un autre comme un fou, voilà ce qu'Eliane lui avait reproché. Il a froncé les sourcils et s'est dirigé vers Cammy en lui saisissant le bras.

-Qu'est ce qui a changé ?
-Trop de choses.
-...

-Tout!
-...Et bien en supposant que tu devras t'y faire.

-Eliott.


Le ton sec et tranchant de Théo l'avait de nouveau averti de ses réalités déviées.


-Quoi. Est ce que je peux y remédier ?
-
-Non mais...


-Valentine, je vous déteste.

Un silence.

-Et bien Eliane, je crois que je ne vous ai jamais aussi peu aimé.

S'il avait su combien il disait vrai.
Les couverts s'étaient soudain posés, il s'était levé pour sortir dans la lueur absente d'un soir hivernal sous le cri et rappel à l'ordre orageux de son frère.



Il n'y a plus de temps.
Plus de temps à vouloir récupérer tout ce qui a perdu un sens à ses yeux. Ne plus s'apitoyer dessus est un fait; avoir Cammy Logan dans ses parages en est un autre. Sans la reconnaître, elle est là dans ses transferts d'un univers à l'autre et elle s'infiltre jusqu'aux recoins de son monde onirique, là où règne Otagame comme une araignée fait vibrer chaque fil de sa toile. La Tisseuse lui avait pourtant proposé de ne plus se réveiller (...) et il avait été tenté de planer ainsi, ad vitam aeternam comme ses premiers mois de retour à l'humanité, au dessus d'un monde qui n'avait plus d'appartenance.

-Peu importe. Je n'ai plus le temps d'incarner âmes perdues. Et encore moins de perdre. Vous non plus d'ailleurs, ...ni lui, ni eux.

Le Chat. Les Poissons.

Sentant monter l'envie de marteler le comptoir, Yui s'est arrêté de gesticuler d'une main et a relâché la rouquine de l'autre. Il ne se rappelait jamais s'il agrippait les choses avec trop d'entrain ...comme s'il avait justement quelque chose à y perdre.
Revenu dans un quotidien ancré par les habitudes, il a décidé de ce qu'il pouvait se permettre de perdre et ce qu'il ne devait pas perdre. Le tri avait était simple et naturel vu le peu d'élément à trier; simple, spontané, -et presque naturel, comme si la normalité avait toujours surplombé le reste: la vie n'était après tout, qu'un enchaînement de décisions.



Times does not slow down

A quoi bon s'échiner à construire un futur lorsque le passé n'existe plus. Il n'était que l'ombre de lui et de lui même plongé dans un présent aléatoire. En cessant de maintenir ses doubles masculins et féminins, en cessant de creuser la soudure de ce passé, il avait brisé la glace que jadis il s'échinait à polir pour mieux y apercevoir Theo et Eliane. Désormais, qu'elle se recouvre de poussière ou qu'elle se brise, il avait décidé de ne plus s'en faire. S'il ne pouvait plus reprendre le fil d'une histoire depuis le début, il suffisait d'en réinventer une, puisque le temps n'était pas fait pour être gaspillé.

- Vous ne voulez pas me revoir mais vous me reverrez, a-t-il commencé, Vous ne comprenez pas ? Je ne vous cherche pas, je vous trouve. Je ne sais pas qui manipule la matrice ici, mais quelque soit la dimension, vous y êtes. Lorsque vous n'y êtes pas physiquement, ...

Il s'interrompt.
Il cesse, car, ses rêves la recrée, ses pensées l'appellent, son corps la désire.
Elle est le concept qu'il ne trouve plus alors qu'il est certain de l'avoir toujours su. Elle est le mot qui s'échappe au moment où il a besoin de le prononcer. Un trou dans la phrase, le néant lettré de sa mémoire. La solution évidente à une énigme voilée devant ses yeux. Cette frustration là, cette zone précise et indéterminée, qui efface subrepticement les souvenirs. Et puis il se tait parce qu'il y a cette autre passion provocante et malsaine à avouer. Il croise les bras.

- C'est bien plus déséquilibré que tout ce qui paraît en ce moment. Et vous allez très vite comprendre que je me contrefiche des données faussées. Lorsque vous n'êtes pas là, vous me manquez Cammy Logan.

Un quelque chose comme ça.

-Vous avez engagé Noël, poursuivez le avec l'inconnu que je suis devenu. Qu'avez vous à perdre? Je ne volerai pas votre existence.


Et puis le jour se lève.
Il reste. À observer la terrasse depuis la fenêtre de ce côté.

De l'autre, les passants.

- Vous êtes pâle.  

Il mourrait d'envie d'aller se fumer une autre cigarette sur la terrasse là de suite. Ou alors aller se planquer lire dans la bibliothèque des miracles. Que la Tisseuse mette fin à cette semi réalité constante où il se trouvait. Yui Valentine était ainsi, il devait toujours creuser une vérité derrière la silhouette même de la réalité. Les faits ne lui suffisaient jamais assez.
Ce soir là il détesta le goût du vin. (...) Y en avait il eu? Ses visions se brouillent déjà.

-Vous vous sentez b... comment?


-



Saut dans le temps, pseudo-éclipse les imperfections.

La neige fondue recouvre délicatement les ruelles de la ville, ne laissant ses empreintes immaculées que là où elle l'a sciemment décidé. Elle a préféré poser ses traces avec parcimonie, dans une suite qui échappe à toute logique. C'était un autre jour, la même existence. Il ne l'a cherche pas mais la trouve, ces cheveux roux qui flottent devant son regard au croisement de deux passages, cette allure qui parvient à se démarquer du visage flou de la foule. Il la reconnaît plusieurs mètres avant que leurs épaules ne se croisent, il la reconnaît avant même qu'elle ait pu lever ses yeux sur les siens. Vois moi.

Il s'arrête.

-Cammy.


Bonjour.


Il a souri.

-Je vous l'avais dis.


Février.
Un temps imparfait, un passé défait.

-Il n'y a jamais eu de début, jamais eu de fin. Ça a toujours été ainsi.
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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptyJeu 5 Mai 2016 - 15:36

Ses yeux s'attardent sur cet objet, à demi-bruni, qu'elle n'imaginait pas revoir un jour et encore moins ce soir, celui de Noël. La statuette abîmée la renvoit deux ans en arrière vers un voyage à l'autre bout du globe. Par un jour de février, il avait fait gris dans ce pays aux multiples beautés, dans cette ville aux nombreuses fresques historiques, aux glaces délicieuses et aux vues imprenables. Parmi les musées par dizaines que regorgent cette grande cité, la demoiselle avait voulu n'en voir qu'un seul, juste pour admirer une sculpture italienne dont le romantisme manifeste lui échappait à l'époque. C'était un rêve de jeune adolescente ; Cammy Logan venait d'avoir 14 ans lorsqu'elle a vu l'oeuvre d'Antonio Canova dans une encyclopédie que sa mère venait de lui offrir pour son anniversaire.

    - Qu'est-ce que tu observes avec autant d'intérêt ?
    - Il s'agit de "Psychê ranimée par le baiser de l'Amour", Maman. C'est la représentation d'un mythe gréco-romain qui a tous les traits et les attraits d'un conte de Grimm. On dirait un savant mélange des plus classiques  : une belle femme jalouse de la beauté d'une plus jeune, un sacrifice, des épreuves impossibles, des soeurs mauvaises conseillères, le secours des éléments ou des animaux, le réveil par un prince ici divin...
    - On dirait qu'elle ne te plait pas.
    - Justement, ce sont tous ces clichés réunis sous cette forme qui en fait son intérêt. Irons-nous à Paris un jour ?
    - C'est là qu'elle est exposée ?
    - Oui, au Louvre.
    - Ce n'est pas prévu...mais qui sait, peut-être un jour ?
    - Hm...


Il lui aura fallu attendre une décennie pour découvrir enfin l'oeuvre originale. Comme pour ne pas faire de ce souvenir une illusion, elle avait tenu à emporter une représentation réduite de cette ouvre. Pour finalement l'offrir à celui qu'elle avait choisi et qui était à la hauteur du rêve désormais assouvi ; à lui qui avait permis sa réalisation. Avec l'incendie d'Hiryuu, Cammy ne devait plus revoir cet statuette. Les brûlures telles des cicatrices lui rappellent ses propres blessures.

Aujourd'hui, ce fragment de passé n'a plus de sens. Ce bibelot n'est pas censé se trouver là. Cammy avait décidé de sa fin, mais ça ne s'est pas passé comme elle voulait. Les ailes de l'Eros se sont brisées au fond de cette corbeille, conséquences d'un geste qui semble désinvolte et sans importance. Une main qui glisse sur le comptoir d'un côté, un battement de coeur qui se perd de l'autre. Un dernier frémissement d'ailes. Cammy s'est figée un instant, le regard rivé sur la poubelle. C'est définitivement fini.

Too long I roam in the night

Yui Valentine parlait de déséquilibre, Cammy peine à saisir le sens de ces mots. Au contriare, elle pense que le monde tourne tout aussi bien sans elle. Pourquoi apporter une importance à la rouquine alors qu'il n'a plus aucun souvenir d'elle, c'est à en devenir fou. Quoique, pour ça, il est bien trop tard. L'un comme l'autre ont déjà plongé dans les affres d'une folie dont ils ont à peine conscience. "Et si rien de tout celà n'était faux ?"
Et si rien... n'était vrai ? Peut-être qu'au lever du jour, elle ouvrirait les yeux sur les neiges de Rhode. Au lieu de ça, elle sent une pression sur son avant-bras, comme si une instance cherchait à la maintenir dans ce monde douloureux, autant cette sensation sur son corps. Cammy regarde la main de Yui qui l'arrache à ses aspirations. Une fois de plus, elle ne parvient pas à comprendre les paroles de l'homme, bien trop captivée par cette main qui la maintient à cette réalité tranchante. Elle ne cherche aucunement à s'en défaire, et la souffrance là est loin d'être insupportable. C'est tellement rien, tellement insignifiant en comparaison à ce que Yui lui fait subir au quotidien depuis leur fameux revoir, quelques mois plus tôt. Bien au contraire, elle pourrait trouver cette poigne agréable. Pourtant, la dernière fois qu'il s'est comporté de façon similaire, elle avait pris peur, là bas, dans sa forêt. Les circonstances étaient différentes de maintenant. Elle tourne le dos à Valentine, au comptoir, à la corbeille, au chat, aux poissons. Elle ferme les yeux et tente de garder en souvenir l'odeur intérieure de cet endroit, de cette dimension qui lui échappe. Et puisqu'il est question de dimension...

- Vous ne voulez pas me revoir mais vous me reverrez.

D'une certaine façon, elle trouverait presque cette déclaration rassurante. "Presque". Yui semble persuadé de maitriser ce qu'il se déroule. Voilà une naiveté qui ne lui ressemble pas.

- Je ne vous cherche pas, je vous trouve. Je ne sais pas qui manipule la matrice ici, mais quelque soit la dimension, vous y êtes.

Des affirmations, des certitudes. Des paroles pleines d'espoir venant d'un être qui a tout perdu. Bien plus qu'elle. A celui qui a tout perdu, c'est tout ce qui lui reste. Cammy, elle, a tout. Et ce tout, elle n'en veut plus.

"Arrête." Un murmure que Yui n'entendra pas. Elle le supplie intérieurement de ne pas en dire plus. Ca lui semble si simple. Il n'y a qu'à voir, la statuette ne représente plus rien pour lui.

- Lorsque vous n'y êtes pas physiquement, ...

La jeune femme se pince les lèvres. "Arrête. Ca suffit."

- C'est bien plus déséquilibré que tout ce qui paraît en ce moment. Et vous allez très vite comprendre que je me contrefiche des données faussées. Lorsque vous n'êtes pas là, vous me manquez Cammy Logan.

"Tu me fais du mal, Yui."  

C'en est trop. Elle retourne s'assoir, croise ses bras sur la table et y pose sa tête qu'elle incline. Le problème avec Yui, c'est que, malgré la perte de sa mémoire... Il n'a pas vraiment changé. Elle retrouve le même individu que jadis, et même s'il n'a plus cette blouse blanche et cette chevelure incroyablement longue d'il y a quelques années...

I'm coming back to his side, to put it right.

- Au point où j'en suis, tu peux bien me voler ça aussi. Je crois que je n'ai vraiment plus rien à perdre.

Il est toujours ce spectre qui lui a arrachée la vie à l'instant où elle a posé les yeux sur lui. Elle pousse un soupir et ferme les yeux. Elle est exténuée.

- Qui es-tu vraiment... Yui Valentine.

Cette question qu'elle se pose depuis toujours n'obtiendra sûrement jamais de réponse. Et à la dernière de Yui, elle n'en fournira pas non plus.

I'm coming home, to...

WUTHERING HEIGHTS
let me grab your soul away
let me have it



Après Noël, Cammy disparait pendant quelques semaines, cherchant d'elle-même si une autre destinée qui ne serait pas auprès du spectre serait possible. Yui Valentine semblait si certain que leurs routes se croiseraient à nouveau qu'elle a tout fait pour ne pasque ça arrive. Elle semble avoir trouvé un Joker, peut-être une autre raison qui justifie sa présence dans ce monde, toutefois... elle s'efface. Elle laisse libre court à cette "Psychê" qui sommeille en elle, et est témoin de jours plus ou moins heureux qu'elle ne vit pas vraiment. Les nuits sont toujours fraiches à Keimoo, l'hiver. Les neiges perdurent, les bonhommes se forment et les batailles s'enchainent. Replongée dans une enfance qu'elle croyait révolue, les tapis blancs deviennent ceux de Libra, Keimoo est évincée, ses sourires reviennent.

Un autre jour plus proche ou plus loin dans cet espace sans temps, elle voit la lande blanche laisser la place à la noiceur d'un sol infertile et nauséabond, celui là même qu'elle avait découvert une éternité plus tôt. Tic tac, tic tac. Non loin, elle reconnait l'étalage d'un primeur, mais elle n'a plus d'étolle de soie à lui proposer en échange de quelque victuaille.  Tic tac, tic tac. Ce père qui se prétend le sien n'est pas là non plus. Tic tac, tic tac.  Elle ne veut pas avoir ce souvenir en tête, celui d'un instant T. Tic...Les arbres laissent place à une foule, elle étouffe. ...tac

"Cammy."

Ce nom qui lui semble familier n'a pas été prononcé depuis des lunes. Elle lâche son observation des quelques neiges encore résistantes pour croiser ces yeux qu'elle n'a pas vu depuis autant de lunes, voire plus.

Plus de début, plus de fin. Le temps reprend, puis s'arrête. Perdue au milieu de milliers de dimension parallèles , elle essaie de reconnaitre l'homme qui lui fait face. Une fissure dans la matrice, une porte vers ce qui semble être l'alpha et l'oméga réunis. La jeune femme porte une fine et longue tunique créée de ses menues mains. Semblable aux Grecques de l'Antiquité, elle ne s'est toutefois pas embêté à mettre de l'ordre dans ses cheveux. Ses longues manches, amples, restent reliées aux mains par un simple lien glissé autour de leurs annulaires.

Lorsqu'enfin la nymphe se remets le nom de Valentine en mémoire, elle étire un large sourire et, tendant les bras, pose ses paumes glacées sur les joues de l'homme.

- Valentine. Une ère s'est écoulée depuis notre dernière entrevue.

Elle détaille chaque parcelle imparfaite de la peau diaphane de l'âme qui lui fait face.

- Avez-vous trouvé la paix ?

Plus loin encore, les Lacs Miroirs sont ensevelis dans les bouches d'un grondement souterrain, celui un monstre de métal qui fait trembler le sol à chacun de ses déplacements. Un Minotaure dans ce labyrinthe qu'il ne connait que trop bien.

- Tout comme les étoiles, j'ai l'impression que chacune de nos rencontres ravagent les consciences. Quel raz-de-marée allez-vous provoquer aujourd'hui ?

Elle rapproche son visage un court instant, se hissant sur la pointe des pieds chaussés par de simples sandales tressées jusqu'aux chevilles. Un bruit sonore l'extirpe de sa contemplation. Le monde se fend, ses mains glissent.

- S'il n'y a pas de fin...Pourquoi est-ce que le monde se meurt ?



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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptyLun 9 Mai 2016 - 7:21

Les mains de la jeune femme sur ses joues sont gelées comme il n'a pas l'habitude de les sentir, bien que cette notion d'habitude reste égratignée au point de ne plus pouvoir y établir un champ logique de compréhension. Il reste un moment ainsi à contempler les traits de ce visage gravé dans sa nouvelle mémoire, ce visage qui lui semble familier et qui le déconcerte lorsqu'il en entend la voix. Son regard cherche un sens à travers ces yeux aux minuscules éclats avelines, ses mains retiennent doucement celles de la sylphide qui semble une fois de plus, sortie tout droit d'un conte imaginaire. Yui se serait moqué de cette comparaison sans son séjour métaphysique à Libra; à son retour, plus rien de devait plus l'étonner. Pourtant la vie semblait bel et bien avoir repris, la sensation, les impressions et les ressentis restaient, bien plus prononcés que dans l'Autre monde.

-Effectivement...

Son sourire se fissure un instant mais un air posé reprend bientôt le dessus. Il y avait un moment qu'il n'avait pas croisé Cammy ni n'avait expressément cherché à le faire. Quoiqu'il fasse ne faisait qu écarter les failles entre les brisures des verres, quoiqu'il engage finissait par soulever plus de mal qu'autre chose. Il n'était pas dupe au point de l'ignorer, aussi travaillait-il sans relâche dans le but d'amortir ses propres tourments. Si le temps pouvait panser les douleurs, si la distance pouvait essuyer ne serait ce qu'un tant soit peu les maux, ceux de Cammy Logan, le travail lui semblait une excellente alternative pour reléguer sa vie au second plan. Ce n'était pas l'idéal mais il semblait tenir la route, ce n'était pas l'idéal jusqu'à ce que leurs chemins se croisent de nouveau. Jusqu'à, jusqu'à ce que.

Était-ce réellement un signe de paix.

A cela il se contenta de perdre son sourire mais de garder une expression posée. Calme, il l'était, l'accalmie pour empêcher la déraison de prendre le dessus, l'accalmie pour combler ce gouffre qui pendait au dessus de sa conscience comme une épée de Damocles. Il émet un rire bref en fermant les yeux et lâche les phalanges givrés de Cammy. Il la perd, elle le perd.

-J'essaye de ne pas en provoquer, mais ça ne semble pas très simple. Vous... Tu. Vous êtes magnifique.

Le monde glisse sous son être, s'échappe de ses conceptions. Il se détourne de la demoiselle pour ne pas la retenir comme ce qu'il ne cessait de faire, et souffle la buée en regardant un point lambda au dessus de lui. Il fait vraiment froid et il n'ose plus le demander à Cammy parce que ce n'est plus la première fois qu'elle lui apparaît ainsi et que parfois, trop souvent, ses illusions se jouent de sa réalité.

-Le monde ne se meurt pas, il se renouvelle, vous êtes là, je suis là. Et si ce n'est que d'une certaine manière, et bien je dirais que nous vivons d'une certaine manière. Dites-moi... Pourquoi regardez vous ce qui est révolu lorsque le présent reste encore à faire?

Valentine glisse un regard de côté, ne pouvant s'empêcher de contempler à la dérobée cette présence venue s'enquérir de son existence. Le ciel est clair, il ne pleuvra pas aujourd'hui.

-Ou étiez vous à Libra?

Là où j'étais, vous ne vous y trouviez pas.

-J'aurais aimé vous y rencontrer, là bas.

Et peut être nous n'en serions pas là.

Peut être.

Il se tourne vers la rouquine et tend la la main pour attraper une mèche orangée entre ses doigts tout en la faisant glisser sans la retenir. Cammy Logan avait toutes les raisons de fuir sa présence. Après tout il était bien à l'initiative de ce trajet à l'aéroport qui avait conduit à leur perte, il avait cru comprendre. Un jour dans une dispute avec Theo des années plus tôt, ce dernier lui avait reproché de ne pas savoir préserver ce et ceux qu'il aimait. Pourquoi cette réplique devait lui sauter devant les yeux là maintenant il n'en sait rien, mais son jumeau n'avait pas tord. L'amour de Valentine avait causé la perte d'Eliane, l'amour de Valentine avait tué sa bien aimée Cammy Logan, peut être qu'un jour il en pourrait en tirer un livre absolument dramatique. Il ne se rappellera pas dans quelle circonstance il s'est retrouvé fasciné par Aleksandrov, ni combien d'autres personnalités il a tourmenté pour le seul motif de les apprécier. Il se trouve risible et de cet auto sarcasme il n'en laisse qu'un demi sourire qui s'estompe rapidement.

-Je vais tenter de vivre cette renaissance.
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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptySam 11 Juin 2016 - 19:38

Elle accueille le compliment avec un soupçon de trouble, ainsi laissant une chaleur diffuse peindre de rose la pâleur de ses pommettes juvéniles. Les tâches de rousseur reprennent un instant leur éclat d’antan. Quelques instants - aussi imparfaits soient-ils - plus tard… La rosée disparait. Dans ses pensées, elle maintient gravée étrangement cette hésitation, ce “tu” qui semble ne pas lui être destiné, telle une évidence. Valentine possède aussi un univers, peut-être plus restreint que celui de la jeune femme, ce qui lui permet de l’étendre et l’ajuster comme il l’entend. Lors de cette hésitation, elle aurait voulu connaitre non pas l’ampleur, mais la profondeur de cet univers. En détaillant le sourire peu à peu chancelant de l’homme, elle sonde sans jamais percevoir ne serait-ce qu’une trace de cet abîme. Valentine sait masquer ses émotions autant qu’il est capable de les laisser s’échapper d’un bloc dans une intimité instable, de celle qu’ils ne partagent pas actuellement. Comparable à un comédien, son jeu frôle la perfection. Et ça dérange la douce demoiselle. Ainsi, ne sachant que faire, face à si peu d’élan, elle imite le sourire qu’il lui renvoit. Il n’y a pas lieu de se précipiter, lorsque l’on fait connaissance. Ce n’est qu’un début. Et pas un recommencement. Pas ici, pas maintenant.


SMILE AND MAYBE TOMORROW
You'll find that life is still worthwhile



Dites-moi... Pourquoi regardez-vous ce qui est révolu lorsque le présent reste encore à faire?“ La jeune femme laisse son sourire s’amenuiser avant le l’étirer à nouveau doucement, les pensées en pagaille qu’on aperçoit sans les traduire, au travers de ses iris. Au final, Cammy ou Psychê, le passé représentera toujours pour la rouquine quelque chose d’important.

- Ce qui est fait n’est plus à faire, Valentine. Pour moi, le passé ne signifie pas qu’une chose est révolue. Je dirais qu’il s’agit plutôt d’un accomplissement sur lequel il faut prendre exemple, ou au contraire, ne pas réitérer. Le présent ne m’intéresse pas. Il est bien trop éphémère. La perception du futur me met mal à l’aise.


Ou plutôt, le futur l’effraie. Elle ne peut le modeler comme elle le voudrait, elle ne veut pas prendre le risque d’essuyer d’autres échecs. En fin de compte, elle s’imagine vivre chaque instant comme les derniers. “Elle s’imagine” parce qu’il y a désormais bien longtemps que le concept de la vie lui a échappé. Elle pousse un petit soupir.

- Le monde se renouvelle, dites-vous. N’est-ce pas ce qu’on appelle “l’optimisme” ? Mais il n’y a pas de renouvellement sans fin, sinon ce n’est pas un renouvellement.

Elle hausse les épaule et amorce quelques pas en avant, préférant marcher sur ce qu’il reste des petits amas de neige. La fin se fait décidément trop attendre.

Où étiez-vous à Libra ? J'aurais aimé vous y rencontrer, là bas.


Elle se stoppe, observe un instant cet homme qu’elle non plus, n’a pas vu sur Libra. Elle observe ce geste qu’il fait, laissant s’échapper quelques flashes de ce passé qu’elle adule, celui où Yui Valentine se plaisait à caresser une de ses mèches de cheveux tandis qu’elle s’éveillait dans des draps immaculés, de cet appartement aussi clair que son locataire. Cet homme appartient au passé, et par définition, à une période accomplie, achevée, ou selon la définition de Valentine, révolue. En revanche, la jeune femme sait que Libra n’est pas le futur. Libra, c’est l’accomplissement final qui s’étend à l’infini. Libra, c’est trouver le repos. Libra, c’est la voie de l’Eternel. Pour elle, c’était juste….trop tôt, en fin de compte. Et le souvenir de son passage dans l’Autre Monde est certainement ce qui lui est le plus précieux. Il l’aurait été d’autant plus si Yui avait été à ses côtés. Elle ferme les yeux, lève la tête pour laisser la lumière imprégner son visage, et tente de percevoir au delà de ses sens les couleurs, les sons et les parfums de son Eden.


- Connaissez-vous le Psaume 23, la cantique du Roi David ?

The Lord is my shepherd, I lack nothing...

- Ainsi est ce petit village au Nord de Libra dans lequel je résidais. Les verts pâturages de Rhode, les eaux paisibles des Lacs Miroirs et les vallées des Monts Brumeux ne peuvent conduire nulle part ailleurs qu’à la paix intérieure, celle de l’âme.

L’âme à nouveau incarnée décrit la maisonnette qu’elle avait habitée près d’une immense forêt, la Forêt Eternelle. Elle détaille son rôle auprès des villageois dans leurs tâches quotidiennes, comme garder les troupeaux, confectionner des étoffes, préparer des onguents, cultiver des végétaux divers… Ce savoir qu’elle enseignait, ces contes et légendes qu’elle racontait aux enfants alors qu’elle était la seule à les connaitre. Elle prend plaisir à parler de ça avec Valentine mais en même temps, elle le regrette car cette paix qu’elle avait trouvée lui a tout bonnement été enlevé.

I will dwell in the house of the Lord forever

Définitivement, elle ne désire en aucun cas faire comme lui. Cette renaissance, cette…”Cammy”. Elle n’en veut tout simplement pas. Mais ça, elle ne peut pas le dire aussi, elle sourit à la place.

- Vous y parviendrez, Valentine...vous en avez la volonté.

Elle, a définitivement perdu la sienne. Elle soupire.

- Vous avez dit que vous auriez aimé me rencontrer là bas. Ici, ou à Libra, quelle différence cela fait, Valentine ? Dans les deux cas, vous ignoriez mon existence. Ne vous encombrez pas de regrets inutiles.

Elle remue le couteau d’elle-même.
De toute façon, Thémis ne leur avait rien laissé comme trace sur cette terre. La jeune femme s’interroge.

- Mais vous, où étiez-vous, là bas ? Qu’y faisiez vous ?

Et maintenant qu’elle y pense, elle a bien revu Thor aussi. Sauf que lui, ne se souvient de rien du tout. Elle l'envie.

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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptyDim 17 Juil 2016 - 18:17

Valentine a gardé le silence laissant la demoiselle s'exprimer sans l'interrompre, cet être diamétralement opposé à toutes ses conceptions. Il la trouve toujours aussi décalée, le contraire de toute réalité crédible et sortie d'un monde irréel qu'il n'a plus l'impression de comprendre.

-Je sais.


Un simple murmure. Il s'en remettra parce qu'il en a décidé ainsi. Il affirme, doucement, parce qu'il sait que la roue est déjà en marche. Et qu'il a toujours été visionnaire que son inverse. Ou était il, à Libra ?

Il était éternel.
Il était néant.

Son passage dans cette dimension est sans doute le tournant lui ayant déglingué la mémoire malgré les avertissements de Thor, malgré les tentatives de mettre une fin à son intemporalité. Il décide d'en sourire, expression vide qui laisse son regard se perdre là bas, plus loin, dans le carrefour des chemins.

-J'étais le psychologue de ces âmes, j'étais au cœur de la ville dans sa citadelle et ses hauteurs. La vue était splendide comme jamais elle ne sera ici.


Valentine est mort plus de sept fois. Les lambeaux de sa personne, ses passages derrière les barreaux et l'ivresse de son désespoir ont tenté en vain de réduire son éternité. La huitième tentative aura été son retour sur Terre. La vie selon Valentine, est terrible, terrible aussi bien qu'en mal. Et c'est justement parce qu'elle a un début et une fin.

Sans se retrouver face à la rouquine il imagine ses yeux, ces couleurs noisettes qu'il tente de sonder pour trouver une réponse universelle, une réponse vide, une réponse inexistante à sa confusion. Yui Valentine a toujours été à la poursuite métaphysique de son existence, quelque part au dessus de l'humanité mais au final, ancrée dans le remous ordinaire de toutes ces vies. Il ne se désire ni éternel ni intemporel, parce qu'il estime qu'on ne marque un esprit qu'une seule fois. Yui Valentine aime se savoir unique, il aime plus que tout son caractère éphémère parce que ça lui donne l'impression d'avoir une raison de vivre pour les quelques jours à venir. Et avoir eu à entraîner Cammy Logan dans sa déchéance suffisait une fois. En le suivant elle perdait la vie et en le croisant elle lui rappelait qu'il lui soulevait des maux. Il n'y avait plus d'issue à cela.

-J'ai rencontré des tas d'âmes extraordinaires, poursuivra-t-il néanmoins. -Thor m'a souvent remis sur le droit chemin -pour le peu qu'il y en ait eu.

Il n'a jamais été aussi misérable et minable, là bas. C'est au final une bonne conclusion que leurs chemins ne se soient jamais croisés. Évoquer son éternité le rend affreusement triste, maintenant encore, comme si Thémis jouait avec ses cordes les plus sensibles. La forêt et le paysage des perceptions de la rouquine lui semblent trop paradisiaques pour avoir pu un jour, lui en laisser l'accès. Alors il accepte.
Ici ou là bas... Quelle importance.

-Vous savez comment fonctionne les aimants ? Le magnétisme qui opère entre la partie positive et négative, commence-t il, en cherchant la bonne explication à fournir. -Pensez vous qu'il faille une raison pour qu'elles s'attirent au delà des lois de la nature ? Ici ou là bas, ce qui est important c'est qu'avec ou sans raison, vous exerciez cette attraction, vous m'êtes ...attirante. Votre image, elle apparaissait dans mes... disons mes moments oniriques de là bas.

Il la connaissait sans lui donner d'identité et sans jamais parvenir à l'atteindre. Ou alors, an trop vouloir l'atteindre, elle disparaissait. Alors ici où là bas, il lui est nécessaire de ne plus regarder un passé que la brume a emporté et que la neige a englouti. Les voiles dansants de la fenêtre ont cessé de valser et la silhouette qui s'y trouvait, a disparu, un jour. Ses yeux s'oublient dans un horizon qu'il est le seul à dépeindre et il maintient un silence à l'arrivée de la jonction des chemins. Il la laisserait partir et continuerait sa route, jusqu'à ce qu'une autre courbe dans le temps les fasse se recroiser. Peut être.

-Mais je vais cesser de causer votre perte. Je vais cesser de vous tourmenter Cammy. Alors les démons de votre passé... j'ose espérer que vous trouverez le chemin qui les empêcheront de vous gruger.


- Eliott. Tu lui fais du mal à cette fille, t'en rends tu compte ?

Laisse la partir.

Valentine s'était levé sans toiser le regard de son frère pour aller se perdre dans les toits de la ville.


A défaut de savoir lui dire au revoir, il s'était tu, parce que le silence était la dernière choses qui ne lui échappait pas encore.
La vie, elle était un jeu au sort terrible parfois.

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MessageSujet: Re: Ces instants imparfaits   Ces instants imparfaits EmptyMar 2 Aoû 2016 - 0:09


Psychê – Barrière de brume de la Forêt Eternelle de Libra a écrit:
Une petite âme égarée, tout un village mobilisé, Psychê s'engouffre dans la forêt. Elle les connait, la forêt tout comme la petite évadée.  

Suis-je coupable ?

La lumière se raréfie, les provisions s'amenuisent. La douce sylphide se sent coupable d'avoir conté à cette âme juvénile l'existence de présences démoniaques, d'extincteurs des sens, du croquemitaine invisible. Le but était de sensibiliser les innocents, pas d'éveiller leur curiosité. Jusqu'à présent, ça avait été un franc succès. Sans les effrayer, ils se tenaient éloignés de l'éternité de la Forêt. Celle-ci n'est pas un danger. Tout ce que désirait Psychê, c'était de garder les petits à portée, avec les autres habitants, paysans, marchands ambulants.
La culpabilité la ronge, et la voilà qu'elle s'enfonce plus loin encore. Ce qu'elle ignore, c'est que la petite a retrouvé son chemin. Psychê, elle, l'a perdu.

AVANT QUE L'OMBRE
ne s'abatte à mes pieds


A l'instant où elle aperçoit la brume, elle appréhende. Dès son arrivée sur Libra, elle a étudié dans un ouvrage ce qui semblait être une légende, là au cœur de la Forêt Eternelle. Le labyrinthe de brume s'étend et avale des pieds. Elle ne voit plus que le haut du laçage de ses sandales enroulant ses mollets. La température a chu, prenant la demoiselle au dépourvu. La toge asymétrique dévoilant complètement son épaule droite ne lui profite d'aucune façon. Elle aurait été nue que ç'aurait été pareil. Dans ce milieu attentatoire où quasiment aucun rayon ne semble cheminer, la seule chaleur visible ne se définit que de cette oriflamme remontée en un chignon désormais désordonné, signe distinctif immuable de l'entité féminine foulant le sol dérobé des tréfonds boisés.

Elle croise les bras, frissonnant et tente de faire demi-tour. Faisant volte-face, elle déchante. Chaque tronc, chaque souche haute, chaque nœud se ressemble. Il n'y a pas âme qui vive, le seul son provient du craquement de feuillage indiscernable à sa vue, en deçà de cette nuée grisâtre qui engloutit son être à chaque instant. Psychê réalise alors que la brume s'est élevée plus encore ; elle flotte autour de sa taille si opaque, si légère qu'elle ne sent pas sa mâchoire s'abattre sur elle. Psychê lève la tête, gardant l'espoir qu'un signe, quel qu’il soit, ne se présente à elle.

Un instinct, un réflexe. Elle tourne lentement ses orbes oculaires jusqu'à cet espace où ses paupières supérieures et inférieures se rejoignent. L'angle Mort. Elle ne bouge pas la tête dans un premier temps, guettant ce qui ne viendra peut-être pas. Puis vient l'amorce du pivot, infime instant figé dans ce temps qui n'a pas été, ni n'est, ni jamais ne sera. Un point fixe, et c'est ainsi.

Elle n'était pas là, cette courbe blanche.  Psychê expire, relâche un instant son attention. La courbe se dessinait en un contour sinistre, obscur. Une inquiétude.

Tout est identique. La forme qu'elle a dû imaginer était son unique planche de salut. Désormais, elle n'est plus. La nymphe laisse échapper un sanglot mais ravale ses larmes avant qu'elles ne se libèrent de leur prison noisette. Psychê approche l'arbre le plus proche de son espérance envolée, y pose le plat de sa délicate main.

- S'il vous plait... Ne partez pas.

Elle en a eu peur, c'est vrai. Mais elle préfère choisir la peur à l'angoisse. L'angoisse de n'avoir qu'imaginé une présence, même menaçante. Psychê aime la solitude du cocon, mais la brume n'en est pas un.

- Ne soyez pas une chimère. Ne la laissez pas me dévorer.

Ce qu'elle ignore, c'est que la nuée glacée n'a pas quitté ses chevilles ; elle remplit simplement de façon éperdue son office perturbatrice.

MEMOIRE INACHEVEE
qui ne sait où elle nait

Elle n’a jamais su qui était cette présence. Sur un dernier frisson, elle avait baissé les paupières. Lorsqu’elle les avait rouverts,  elle était dans un lit. Un lit d’hôpital. Celui de Keimoo. Rien à voir avec la paillasse de sa petite chaumière. Cette couche-là était bien trop haute par rapport au sol. Elle se souvient avoir crié, sauf qu’aucun son n’avait pu franchir ses lèvres.  Et puis…. Les souvenirs lui sont revenus. Peu à peu. Et de nouveaux éléments sont restés. A la différence de Yui Valentine, elle n’a pas perdu la mémoire.
Elle s’est au contraire développée.

Psychologue…

Chasser le naturel… L’univers dans lequel elle avait elle-même basculé, ne pouvait également pas mieux lui convenir.

Cammy découvre ainsi des choses qu’elle n’aurait probablement jamais sues avant. Comme par exemple, la fascination de l’homme pour les hauteurs, où le fait qu’il se soit fait encadré par Thor, comme un enfant. A Rhode, face au gardien, c’est elle qui menait. Peut-être parce qu’elle était sur son propre terrain. Thor venait également de la citadelle et de ce fait, il possédait un certain pouvoir sur le peuple. Yui Valentine… son terrain ne se situait pas sur les pavés, ou dans l’intérieur d’une maison. Il allait directement  taquiner l’âme des autres, sans forcément être invité. Un homme dangereux, un manipulateur de l’esprit quand bien même son rôle est essentiellement observateur. Peu importe ce qu’il avait fait au final de toutes ces informations, puisque désormais, elles ne lui sont plus vraiment d’une grande utilité. N’est-ce pas ? Mais alors, que fait-il là, face à elle ?

-Vous savez comment fonctionne les aimants ? Le magnétisme qui opère entre la partie positive et négative,
Il cherche ses mots, il hésite. Elle connait, mais désire savoir où il veut en venir. Une impression de déjà vu ; la dernière fois que le terme de magnétisme lui avait traversé l’esprit, il s’agissait du leur, autour d’une coupe de vin blanc. Un soir de pluie. Ce n’est pas le moment d’y penser. Ce détail ne lui reviendra pas. Son regard se pose sur un autre petit amas de neige qui se fond sur le bitume.

- Pensez-vous qu'il faille une raison pour qu'elles s'attirent au-delà des lois de la nature ? Ici ou là-bas, ce qui est important c'est qu'avec ou sans raison, vous exerciez cette attraction, vous m'êtes ...attirante. Votre image, elle apparaissait dans mes... disons mes moments oniriques de là-bas.

Elle laisse son observation brusquement pour porter son regard sur Valentine. Se pourrait-il que, tout comme lui-même sur cette Terre, elle était à son tour son mirage, là-bas, sur Libra ? Elle avait bien fini par l’atteindre. Peut-être aurait-il pu en être de même à Rhodes, ou pourquoi pas, à la Citadelle. Etant donné qu’elle avait gouté à l’éternité, elle aurait bien fini par se rendre au cœur de tout.
Cammy étire un sourire, et s’apprête justement à lui faire part de cette pensée, la mine amusée. Toutefois… elle n’en a pas le temps. Fichu temps.

- Mais je vais cesser de causer votre perte. Je vais cesser de vous tourmenter Cammy. Alors les démons de votre passé... j'ose espérer que vous trouverez le chemin qui les empêcheront de vous gruger.


Elle n’a pas compris cette phrase. Mais elle ne l’a pas aimée. Et du coup, elle n’a pas su quoi répondre.

Laissez la partir… ♪

Elle a alors à nouveau ressenti cette brume. Elle n’était pas blanche, pas grise…
C’était un bleu-noir étrange.

Paradoxalement, c’était le Jour Blanc. Et la neige fondait.


Yui Valentine l’a définitivement quittée. Sans réaliser que c’est lui, son démon du passé. Que c’est lorsqu’il est loin d’elle qu’il la tourmente.

Et qu’il vient définitivement de causer sa perte.

Son cœur a pris froid ; trois petits tours, elle s’en va. ♫



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Avant que l’Ombre…
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