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 Au nom de la peinture, de l'art et de nos esprits dérangés. Amen [PV Naoko]

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Hisaka Rika
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MessageSujet: Au nom de la peinture, de l'art et de nos esprits dérangés. Amen [PV Naoko]   Au nom de la peinture, de l'art et de nos esprits dérangés. Amen [PV Naoko] EmptyMer 5 Aoû 2015 - 23:52

Appuyé sur le rebord de fenêtre de la salle du club d’art, j’observe des groupes d’étudiants quitter le campus pour le week-end. Nous sommes au début du mois d’août 2015, la pause estivale commence dans à peu près deux semaines pour les étudiants du pays du soleil levant. Le ciel d’été, bleu azur parsemé de taches blanches qui se déplacent au gré du vent, surplombe la ville de Keimoo. Il est seize heures et j’étais censé venir emprunter du matériel de dessin sur la demande de certains membres du club de littérature qui souhaitent dessiner une affiche afin d’attirer l’attention des nouveaux membres…ou de lécher indirectement les pieds de la présidente récemment élue. Depuis la rentrée et surtout après la période qui a suivi la réunion à la cour des miracles, Coda-senseï n’a pas ménagé ses efforts pour faire participer tous les membres aux activités et je ne suis malheureusement pas passé entre les mailles du filet. Résumés des dernières lectures, rangement des bibliothèques dans le nouveau local du club, sondages...Tant de choses nécessitant de l’énergie. Je jette un œil sur l’heure qui s’affiche sur l’écran de mon téléphone.  Ca fait déjà cinq minutes que je suis parti, si je ne remonte pas bientôt, ils vont finir par se poser des questions. Je suppose que je vais inventer une prétexte pour arriver en retard, dans le genre…J’ai croisé une première année qui m’a demandé le chemin jusqu’au club de natation, ça peut paraître un peu gros au bout de deux mois de cours, mais ils ne peuvent pas vérifier la véracité de mes propos. Autour de moi, quelques élèves s’agitent pour terminer leur peinture, sculpture ou autres représentations fades de ce qu’ils appellent de l’art.

La porte s’ouvre, une élève quitte la salle en courant. Seuls trois courageux s’obstinent à barbouiller leur toile avec une expression concentrée. Les mains dans les poches, je m’approche d’eux dans un élan de curiosité. Lassé de voir les mêmes techniques revenir plusieurs fois dans les œuvres des étudiants, je finis par m’éloigner pour chercher le matériel qu’on m’a demandé de ramener. Voyons, quelques feuilles de papier blanc, de l’encre de chine, des crayons et des gommes. L’inventaire effectué, me retourne, la porte de la salle claque encore. Quand je reviens près de la fenêtre avec l’intention de flâner un peu plus longtemps, je constate que le local s’est encore un peu plus vidé. J’ai raté un épisode ? Il y a un évènement en ville ce soir ? Enfin. Peu importe après tout. A son tour, la fille derrière sa toile part se laver les mains dans l’un des éviers mis à disposition. Après s’être essuyée à son tablier, elle prend ses affaires et se fait la malle. Je pensais donc me retrouver seul, enfin, mais un visage familier apparaît à l’encadrement de la porte. C’est une fille, une petite japonaise avec une coupe au carré plongeant que je reconnaîtrais parmi toutes les têtes brunes de ce campus. Quand mon regard croise le sien, je décide d’entamer les salutations.

« Salut, Naoko-chan. Je ne savais pas que tu faisais partie du club d’art. »

Cela fait déjà deux ans que nous sommes amis, que petit à petit ma gêne a commencé à partir quand je suis avec elle. Bien sûr, je reste un peu nerveux quand nous sommes proches physiquement, mais en dehors de ça, je crois que j’ai réussi à surmonter mes bégaiements avec elle. Ca faisait un moment que nous ne nous étions pas vus, mon entrée à l’université et tous les évènements qui ont suivi ont légèrement chamboulé nos habitudes dont celle de prendre nos déjeuners ensemble sur le toit, les jours de beau temps. Depuis la fin de ma quatrième année de lycée, les jours ne sont pas vraiment plus roses pour moi, ils s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Depuis quelques mois j’ai l’impression que ma vie suit un nouveau rythme, que je ressens les choses autrement. Néanmoins, je suis heureux de voir Naoko aujourd’hui, elle m’apporte un peu de normalité dans ma vie bien agitée ces derniers mois. C’est vrai, nous n’avons jamais rien fait d’extraordinaires tous les deux…pour le moment. Je souris à la lycéenne qui me fait face avant de reporter mon attention sur les peintures et autres formes d’art qui nous entourent. Je ne trouvais plus mes mots pour exprimer à quel point je trouvais ça vide, avant, mais je crois que j’ai trouvé. Banal. Sans réfléchir, j’exprime mon dédain en faisant la moue.

« C’est vraiment très scolaire. Je suis sûr qu’on arriverait à faire mieux tous les deux. »

Ou pas en fait, je crois que nous manquons tous les deux d’expérience et de technique. Toutefois, je pense qu’avec un peu d’imagination et de fantaisie, ce n’est pas vraiment difficile de faire mieux de mon point de vue. Je balaie la salle du regard, à la recherche de quelque chose qui sort de l’ordinaire, d’un truc qui sauterait aux yeux. Mes iris bruns foncés se posent sur des bouteilles de peinture acrylique puis sur la peinture à l’huile juste à côté d’un carton de pinceaux. C’est fou comme…une idée émerge en moi. Je tressaillis sur place. J'ai envie de faire de la peinture en grandeur nature. C’est tentant. Trop pour être réel. Et quand j’y pense, je serais incapable de céder à cette pulsion. Comme l’a dit Zakuro-senpai quand il me tenait en l’air à plusieurs mètres du sol, je suis ce nippon qui s’attache désespérément aux règles, un être facilement remplaçable dans la société. Mais peut-être que si je ne suis pas seul…Je baisse le regard vers ma kouhai avant de secouer la tête, en plein conflit interne. Non. Impossible. Quoique, je me demande bien si quelque chose est vraiment impossible dans cette ville.

« Dis… Tu es libre ce soir ? »

Je me retiens de révéler mes plans à l’instant où je songe à mes camarades du club de littérature qui doivent m’attendre depuis un long moment maintenant. J’ai intérêt à trouver une bonne excuse. L’air désolé, je saisis le matériel de dessin et me dirige de la porte avant de lui adresser un signe de main. Elle doit vraiment me trouver creepy aujourd’hui, du moins…encore plus que d’habitude. Un sourire s’étire sur mes lèvres quand je repense au jour de notre rencontre où je lui avais demandé de m’apprendre à nouer ma cravate.

« Je dois y aller. Mais…on peut se voir après les cours si tu veux. Je t’enverrai un message. »

Puis je file tel un éclair zébrant le ciel orageux durant une fraction de secondes…à l’autre bout du couloir où m’attendent les autres adhérents du club. Ils râlent et pestent sur le fait qu’ils auraient fait plus vite en y allant eux-mêmes, mais je les ignore après m’être excusé très rapidement. Je me hâte de m’asseoir dans mon coin comme à l’accoutumée alors que Coda-senseï semble occupée à faire l’éloge du dernier livre qu’elle a emprunté à la bibliothèque de l’académie. Alors que je m’approche de la grande baie vitrée qui donne sur les jardins du campus, je sors discrètement mon téléphone et envoie un message à Naoko.

Destinataire : Naoko Tanaka
Texte : Tu as entendu parler de l’église qui a pris feu il y a 2 ans ? Je la trouve hm…triste ? Un petit coup de peinture ne lui ferait pas de mal. On pourrait s’en occuper pour défier le club d’art :) !

Si elle refuse, je pourrai toujours faire passer ça pour une blague.
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Naoko Tanaka
▼ Université - 3ème année - Vice Présidente Cuisine
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MessageSujet: Re: Au nom de la peinture, de l'art et de nos esprits dérangés. Amen [PV Naoko]   Au nom de la peinture, de l'art et de nos esprits dérangés. Amen [PV Naoko] EmptyDim 9 Aoû 2015 - 5:08

Mes pas résonnent dans les couloirs peu fréquenté du lycée, au rythme des battements des cymbales qui résonnent dans mon casque audio. Une sucette à l’orange calée entre les dents, je déambule sans but précis. Je ne sais pas exactement ce que je fais là. A vrai dire, je pourrais très bien rentrer chez moi. Les activités de clubs censées avoir lieu à cette heure ont en quelque sorte subit un petit bouleversement de saison. En effet, au lieu de la satisfaction d’être derrière un fourneau, nous avons pour tâche de faire de la publicité. Il semble que c’est l’époque du recrutement, et tous les clubs sont en pleine promotion. Celui de cuisine n’échappe pas à la règle.

Ayant déposé les tracts et affiches dans les endroits stratégiques, je me retrouve à errer, n’ayant rien à faire, avec à la main le dernier survivant de ma quête. Alors que je pénètre dans la cour, je jette un œil sur le papier qui gît entre mes doigts. L’affiche n’est pas spécialement attrayante, sans être repoussante, bien qu’on puisse voir par ci par là des éléments qui gênent un peu d’un point de vue esthétique. L’idée d’accueillir de nouveaux membres me fatigue déjà. Etant une des meilleures du club, je suis souvent choisie par Lawrence ou Akio pour aider les autres, les accompagner. Et avec des personnes qui n’y connaissent rien au club, autant dire que l’aide que j’allais devoir fournir allait devoir augmenter.

Quelle plaie.

Je laisse échapper un soupire, et froisse un peu la feuille pour la glisser dans ma poche. Je n’ai pas vraiment le moral ces derniers temps. Une baisse de régime, sûrement. Entre l’absence du Yui qui rend le salon de thé fantôme, la pression de mes choix d’orientation, la remise en cause de mon style de vie. Beaucoup de choses font que je n’arrête pas de penser. Et à force, je n’arrive même plus à réfléchir correctement. Je ne fais que me morfondre sur l’échec de ma vie, sur l’absence de solution, sur tout ce que je continue de faire de travers. Ça me donne l’impression d’étouffer. Je n’arrive pas à me couper de ces préoccupations. Et même la cuisine ou la musique ne parviennent plus à me distraire.

Sans que je ne m’en rende compte, mes pieds m’ont menée jusqu’au bâtiment des clubs, flambant neuf bien qu’encore en travaux. Levant les yeux sur la bâtisse qui se découpe dans le ciel azur, je me résigne, et décide de retourner dans ma salle en attendant que les horaires me permettent de rentrer. Grimpant presque difficilement les escaliers à cause d’un manque flagrant de motivation, je traîne les pieds, mon casque maintenant autour du cou. Mon regard coule doucement vers les salles devant lesquelles je passe sans m’arrêter.

Cependant, lorsque j’aperçois l’écriteau annonçant le club d’art, je ne peux m’empêcher de reprendre mon prospectus en main. Il y aurait certes des choses à améliorer, mais, est-ce que je suis la mieux placée pour les proposer ? Après tout, je ne suis pas une artiste, loin de là. Mais peut être que si je laisse des suggestions, quelqu’un aurait l’idée de rendre un meilleur travail que… le torchon que nous avons actuellement.
Timidement, je passe alors la tête dans l’encadrement de la porte, vérifiant l’activité de la pièce. Et je suis surprise d’y trouver Hisaka. Déjà parce que je ne le savais pas membre du club d’art, et en plus parce que cela commence à faire un petit bout de temps que nous ne nous sommes pas vu. Tout en entrant dans la salle, je le salue avant de me diriger vers les étagères de matériel.

« Salut Hisaka. »

En un sens, sa présence me rassure, je me sens plus à l’aise d’aller fouiller le matériel du club pour espérer trouver dans le foutoir quelques crayons de couleurs ou des feutres. Alors que j’écarte les pastels, je l’écoute attentivement, le nez dans les fournitures de dessin.

« J’en fais pas partie, je cherche juste… Ah ! »

M’étant saisie d’une boite de feutres à papier, je ressors la tête du fouillis et exhibe presque fièrement ma trouvaille.

« Des feutres pour l’affiche du club. »

Suivant le regard de mon senpai et ami, mes yeux se reposent sur les toiles abandonnées là. Observant les œuvres avec attention, je penche la tête un instant. Elles ne sont pas extraordinaires, ça, c’est certain. Mais je ne les trouve pas mauvaise pour autant. Disons que pour la plupart, on reconnait ce qui a voulu être représenté, et ce n’est déjà pas mal, j’imagine. Enfin, c’est surtout quand je considère mon propre niveau que je ne peux que me taire face à ce que font les autres. C’est tout juste si je sais représenter une maison. La seule chose que je sais à peu près faire, ce sont les monstres, que je gribouille généralement un peu partout sur mes feuilles de cours. Mais on ne peut pas vraiment appeler ça bien dessiner, où quoi que ce soit. Et à la remarque de mon camarade, j’hausse un sourcil et lui répond sans honte particulière.

« Personnellement, je ne suis pas sûre de t’être d’une grande aide. Je ne sais pas vraiment dessiner. »

Peut-être que lui est particulièrement doué. Ce qui expliquerait qu’il pense pouvoir faire mieux. J’hausse les épaules et commence à déambuler dans la salle, pour assouvir ma curiosité. Dans un coin sont entreposées des toiles, des sculptures. Prenant garde de ne rien toucher pour ne pas abimer, j’accorde à chaque œuvres quelques secondes de pleine attention avant de passer à la suivante, lorsque la voix d’Hisaka résonne à nouveau dans la pièce.

« Dis… Tu es libre ce soir ? »

~~~


Allongée dans l’herbe, je contemple le passage des nuages d’albâtre dans la chaleur estivale d’une fin d’après-midi. Autour de moi, un paysage désolé, une bâtisse abandonnée reculée des habitations, là où la nature semble avoir repris ses droits. Sur les anciennes briques de l’édifice réside encore les marques brûlantes des flammes ayant léché la pierre. Jusqu’à réduire le bâtiment centenaire à une carcasse sans vie. Dont l’ombre carbonée ressort sur l’émeraude étincelant de la végétation environnante. En un sens, ce lieu a quelque chose de reposant.
Soufflant de bien être alors qu’une brise légère me chatouille le nez, je me saisis de mon téléphone et prend un cliché du ciel. Qui vient rejoindre la collection déjà bien fournie dans les dossiers de ma carte mémoire. Profitant d’avoir l’appareil dans les mains, je vérifie ma boite de réception pour être sûre que je ne me suis pas trompée d’endroit.

Un peu plus tôt dans la journée, Hisaka m’avait invitée à le rejoindre ici même. M’étant éclipsée de mon temps de club après avoir poser le brouillon de l'affiche sur une des tables, j'étais passée chez moi en premier lieu. Et j’étais au final très en avance, donc je l’attendais. Ça ne me dérange pas plus que ça, au contraire. Je préfère attendre que de me faire attendre de toute façon. Enfin… ce n’est pas comme si ces deux situations avaient lieu souvent, si on considérait le peu de fois où j’étais sortie avec des gens.

Me redressant, je pose mon regard sur l’activité de la ville un peu plus loin. Je me demande bien ce qu’il veut faire ici. Et surtout pourquoi il m’a demandé d’y venir. Je ne sais pas vraiment ce qu’il compte faire, mais ce n’est pas comme si j’avais mieux à faire. Je serais sûrement rentrée jouer à la console s’il ne m’avait pas demandé de venir ici. Alors peu importe, je pouvais bien le suivre un peu.
Apercevant alors une silhouette familière gravir le chemin qui mène à l’église en ruine, je me redresse, époussette mes vêtements et lui fait signe. Ce n’est que lorsqu’il est à une distance suffisante de moi que je peux voir qu’il est plutôt chargé. Et c’est la tête pleine de questions que je marche à son côté pour aller le délester.
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MessageSujet: Re: Au nom de la peinture, de l'art et de nos esprits dérangés. Amen [PV Naoko]   Au nom de la peinture, de l'art et de nos esprits dérangés. Amen [PV Naoko] EmptyMar 11 Aoû 2015 - 1:15

Les yeux rivés sur mon téléphone, j’attends une réponse de ma kouhai concernant ma requête. Un sourire discret se glisse sur mes lèvres, je tente de le dissimuler en plaquant ma main libre sur ma bouche. J’ai du mal à croire que je viens de lui demander de vandaliser une église brûlée. Enfin, je ne lui ai pas dit directement, mais mon message le sous-entendait lourdement. Avant de revenir dans la salle du club de littérature, j’ai appris que Naoko s’était rendue dans le local des artistes pour les mêmes raisons que moi : elle cherchait du matériel pour donner un coup de jeune à l’affiche de son club. Et puis sans vraiment que je sache comment, une idée m’est passée par la tête, l’inspiration m’a frappé tel un éclair. Il n’y a plus qu’à espérer qu’elle ne disparaisse pas dans un grondement de tonnerre. De la peinture, des dessins, des gribouillis, un bâtiment laissé à l’abandon après un incendie, une soirée d’été et l’envie de se vider la tête. Mon téléphone se met à vibrer entre mes doigts. Fort heureusement, il y a trop de brouhaha dans la salle pour que quelqu’un l’entende. Je m’attends à me faire gentiment remballer par mon amie, alors je prends une grande inspiration et ouvre le message afin d’en découvrir le contenu.

------------

Je sors du bus avec deux sacs en plastique sur les bras, pas transparents pour qu’on ne puisse pas voir ce qu’ils contiennent. Ce n’est pas du vol, n’est-ce pas ? Avec tous les emprunts faits par les autres clubs, celui-ci passera sûrement inaperçu. Et puis de toute façon, ce n’est pas comme si nous nous apprêtions à faire quelque chose de mal, nous allons juste un peu nous amuser ce soir. Alors que j’arborais un air morose durant tout le trajet – bien que je sois plus excité que je ne le devrais au fond de moi – c’est quand la silhouette de la jeune femme arrive dans mon champ de vision que je commence à bouger spontanément les lèvres de manière à afficher une mine plus réjouie. Je pensais arriver en premier et l’accueillir en lui donnant un pinceau, mais mes plans sont légèrement chamboulés. Je la vois me faire un signe, je ne peux malheureusement pas lui répondre puisque mes deux bras sont déjà chargés. Quand j’arrive enfin à sa hauteur, elle me propose de me libérer d’un de mes poids. J’hésite un moment, mais je finis par lui donner un sachet en m’assurant que ce n’est pas trop lourd pour elle.

Les apparences sont sans doute trompeuses. La lycéenne semble bien plus robuste que je l’imaginais. C’est avec un petit sourire en coin que je marche à ses côtés, dans l’herbe sèche qui pique mes jambes à travers mon pantalon. Dans cet endroit assez éloigné de la ville, je respire. Aux côtés de mon amie, je me sens bien. Le souffle du vent fait gonfler ma chemise et danser quelques mèches de cheveux rebelles sur le haut de mon crâne. Durant les quelques mètres qui nous séparent du bâtiment noirci par les flammes, je ne dis pas un mot. Aucun d’entre nous ne brise le silence qui nous entoure, pas même lorsque nous arrivons à destination. Je m’arrête devant l’ancien lieu sacré et je sens ma camarade faire de même. Le sac en plastique glisse entre mes phalanges, faisant apparaître des marques rouges sur ces dernières. Je secoue ma main engourdie par réflexe avant de m’accroupir devant le sachet et faire signe à Naoko qu’elle peut déballer tout ce que contient celui qu’elle m’a pris des mains un peu plus tôt. Je me mets à fouiller dedans jusqu’à brandir victorieusement un pinceau de grande taille. Les joues légèrement roses en repensant à ce moment gênant où nos mains se sont touchées sur le haut du toit du lycée, je tends l’ustensile de peinture à ma camarade.

« Tiens. »

J’attends qu’elle saisisse le manche avant de replonger vers le sac pour prendre le même objet. Je ne sais pas quel type de regard elle me lance à ce moment là, j’ignore si elle sourit ou si elle fronce les sourcils avec un air interrogateur, et je ne le saurai probablement jamais puisque mon attention s’est désormais portée sur les bouteilles de peinture acryliques de différentes couleurs. D’un rapide coup d’œil, je fais l’inventaire de tout ce que j’ai pris sur moi avant de venir. Encre de chine, peinture à l’huile, acrylique et aquarelle, pinceaux de toutes tailles, feuilles de papier, crayons, rouleaux, colle liquide. Il y en a pour tous les goûts ou presque. Je regarde tour à tour le contenu du sac en plastique et l’église en ruine. Vraiment, il faut remédier à la tristesse de cet endroit.

« Ce soir, c’est toi l’artiste. »

Sous-entendu : fais ce qu’il te plaît même si ce n’est pas perçu comme beau pour le commun des mortels. Fais ce qui est amusant pour toi, tant pis si ça ne l’est pas pour d’autres. Roule-toi dans la peinture, écris ce que tu as sur le cœur au détriment de la bienséance. Il y a quelques heures de cela, je ne pensais pas que cette sortie mènerait à quelque chose. Il y a quelques minutes, j’hésitais à concrétiser. Il y a quelques secondes, je crois que je ne me suis jamais senti aussi motivé à faire quelque chose. D’un mouvement tour de main, je fais sauter le capuchon d’une bouteille de peinture noire et verse le contenu sur mon pinceau. Je reste immobile durant une fraction de seconde avant d’effectuer un premier mouvement de bras. Quelques gouttes de peinture se détachent des poils du pinceau pour se retrouver sur le mur. Des taches épaisses et inesthétiques. C’est tout ce qu’il y a pour le moment, cela ne me satisfait pas encore, mais j’ai toute la soirée pour y remédier. Un trait, puis un autre. Un hiragana se dessine peu à peu sous mes coups, puis un second. Les mains sur les hanches, je contemple ma première œuvre avec un léger sourire. Nao. C’est la première chose qui m’est passée par la tête en écrivant. L’a-t-elle lu ?
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MessageSujet: Re: Au nom de la peinture, de l'art et de nos esprits dérangés. Amen [PV Naoko]   Au nom de la peinture, de l'art et de nos esprits dérangés. Amen [PV Naoko] EmptySam 28 Oct 2017 - 18:50


Take a breath and let your mind be free
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J’attrape le pinceau, le regard questionnant les intentions de mon camarade. Je commence à relier les pièces du puzzle de cette invitation mais quelque chose reste incompris. Du peu que je connais Hisaka, sa proposition et son soudain intérêt pour la peinture me semble disparate avec l’image que j’ai de lui. Il m’a toujours paru être quelqu’un de plutôt rangé, calme, et réservé. C’est ce qui fait que je me sente si à l’aise avec lui. Je ne lui imaginais pas une lueur de désobéissance, cependant.

Enfin si on parle de vandaliser un bâtiment public, le terme d’éclair conviendrait plus, vu l’intensité.

Je l’observe se diriger sans hésitation vers les murs de la bâtisse et dans un geste assuré, recouvrir d’un noir luisant le grès de la roche. Et j’ai du mal à identifier ce que je ressens, à cet instant. Une certaine admiration pour un acte aussi audacieux. De l’envie, mais aussi du doute pour en faire de même. De l’inquiétude, que quelqu’un nous surprenne ici. Et parmi tout ça, un sentiment oppresseur d’avoir entre les mains toutes les clés, mais d’être incapable de faire un pas en avant. Comme toujours, je réfléchissais, sans jamais agir. Tandis que les autres avançaient, je restais toujours statique avec mes insécurités, mes angoisses.

Il est grand temps que j’ôte ces chaînes qui m’entravent.

Alors j’inspire, et me saisit de la première bouteille de peinture dans le sac le plus proche de moi. Cyan. Mes mains tremblent tandis que j’en dévisse le bouchon, tout en me rapproche de l’église, le pas lourd. Arrivée à hauteur de mon acolyte de délit, je prends appui sur mon pied gauche, et profite de l’inertie de mon corps pour envoyer mon bras en avant.

Et dans un éclatement libérateur, l’azur s’étale sur le monument. Et je souffle, délestée d’un poids que je n’avais pas l’impression de porter jusque-là.
Je reste quelques instants figée, probablement autant sous le choc qu’Hisaka après ce laisser aller explosif, avant de me mettre à rire doucement.

« Je ne pensais pas qu’enfreindre la loi pouvait faire autant de bien. »

Les couleurs se multiplient alors, se mélangent et se superpose dans un fouillis de formes, de lignes, de fonds. Une étendue cyan parsemée de tâches blanches s’étend fièrement devant moi, au milieu des autres œuvres qui l’on suivi. Hisaka et moi-même sommes recouverts de peinture et d’encre, nos vêtements sont tâchés et probablement irrécupérables. Le soleil se couche désormais sur les monts d’Amani.

L’église est bariolée, et nos cœurs plus légers.

Jetant mon pinceau à terre en compagnie des carcasses de bouteilles et de pots vide, je m’assoie dans l’herbe pour contempler le fruit de nos dégradations. Ce n’est clairement pas un chef d’œuvre, mais les couleurs apportent un peu de vie à ce lieu oublié et délaissé. Les stigmates de l’incendie qui l’avait ravagé ont été recouverts. Pour je ne sais combien de temps, puisque je doute que nous ayons utilisé des peintures adaptées à l’extérieur. Mais peu importe. Si les traces de nos méfaits disparaissent, peut-être que nous reviendrons en refaire de nouvelles. D’ici 1 an, 2 ans, 10 ans peut-être.

Je jette un œil à Hisaka, sans que celui-ci ne le remarque. Je me demande si les choses auront changé, d’ici là. Si nous serions toujours amis. Peut-être même qu’on ne se verras plus. Ou même aurions-nous déserté Keimoo. En oubliant ces moments, cette amitié.

Alors, aux côtés de mon ami, je fixe cette église. Je la fixe du regard, et je la fixe dans mon esprit. Pour que dans 5 ans, 10 ans, 50 ans, je m’en souvienne. Afin qu’importe le temps qui passe, je me rappelle ces précieux instants.
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