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 Danse des livres

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MessageSujet: Danse des livres   Danse des livres EmptyDim 12 Juil 2015 - 21:54


    La nuit était passée avec une vitesse affolante. Bien que le sommeil se soit refusée à la jeune professeur, laissant le cadran et le tic-toc incessant de l'horloge rythmer ses pensées, elle n'avait rien vu venir et c'était déjà l'aube. Insensible au manque de repos, elle fonça tout de même dans sa petite « salle de bain », un lavabo à l'émail rutilant, encastré dans le mur de sa chambre bien trop grande pour elle. S'arrangeant les cheveux dans un effort soutenu, les coiffant d'abord avec soin, pour les relever en une queue de cheval, elle se maquilla, la main légère, mais suffisamment pour couvrir ses cernes violacées, dernier vestige de cette nuit blanche. Un petit sourire au miroir et hop, elle était prête à démarrer une journée dans sa nouvelle vie. Enfilant une robe et des chaussures confortables, elle se sentait maintenant prête. De sa chambre il ne restait qu'un lit simple, entouré d'une dizaine de cartons. Principalement des livres, la jeune blonde n'attachait guère d'importance aux choses matérielles, c'était à peine si elle conservait un carton de photos et autres effets personnels. L'avantage de ne pas entendre, c'est qu'elle ne s’embarrassait pas de cds ou d'autre outillage pouvant servir à écouter de la musique.

    Elle économisait ainsi place et argent, ce qui lui servait évidemment à acheter plus de livres. Une véritable maladie, mais nécessaire, très peu portée sur le numérique, les livres étaient ses seuls compagnons d'insomnie, et sans eux ses nuits seraient bien plus creuses. Pour son nouveau travail, elle avait également été dans l'obligation de se procurer des ouvrages plus spécifiques, afin de commencer à structurer un cours d'introduction. Parler devant une audience n'avait jamais été un problème, c'était pratiquement devenu une habitude, et si les personnes étaient souvent surprises par son ton de voix, au moins au Japon ils attribuaient cela au fait qu'elle n'était pas une native, et les questions étaient rares. Sa passion prévalait sur toutes les peurs qui pouvaient se dresser sur son chemin, et elle savait que quoi qu'il arrive, une personne serait là pour elle, Toba, son mentor.

    C'était de sa jolie petite maison qu'elle déménageait, une charmante masure traditionnelle, dans la campagne Japonaise. Voilà un mois qu'elle s'y était installée, suivant sans question son professeur, jusqu’au fin fond du pays du soleil levant. Mais les trajets journaliers en voiture jusqu'à Keimoo, qui lui rajoutait presque deux heures dans sa journée, commençait à peser, et même si ce n'était pas du sommeil en moins, c'était du temps de préparation ou de la lecture en moins. Quitter Toba avait été une grande décision, depuis ses six ans elle n'avait pas habité à plus de dix minutes de chez lui, et se réfugiait dans son salon presque chaque soir, pour échanger des idées ou des simples pensées.

    Étrange de voir deux sourds communiquer par la parole, mais Toba y était réellement attaché, cette condition n'était pas une fin en soi, et il fallait vivre simplement évidemment, mais ne pas se laisser abattre. C'était la ligne de conduite de la jeune femme. Et en suivant cela, elle voyait ce détachement de son mentor comme un nouveau départ, et pas une fatalité. D'autant plus qu'un petit studio tout à fait charmant l'attendait à Keimoo. Dans le quartier traditionnel, un bel immeuble, tout pour plaire à cette passionnée de Japon. La vieille dame qui s'occupait de l'appartement était mignonne à croquer, dépassant les quatre-vingt-dix ans, mais vaillante et active, un exemple à suivre. Elle lui avait avoué qu'elle était bien heureuse de louer son appartement à une jeune professeur en devenir, et pas un de ces élèves délurés qui peuplaient l'académie Keimoo. Sans trop savoir la teneur de cette phrase, dans sa bonne éducation, Eiri avait souri, voulant cet appartement à n'importe quel prix.

    Et voilà que le grand jour était venu, tous ses livres étaient empaquetés, et le camion attendait déjà en bas de l'allée depuis la veille. Sans attendre que Toba se réveille, elle descendit dans la cuisine et prépara le petit déjeuner en dansant, surprise de sa propre bonne humeur. Lorsque le petit déjeuner fut fin prêt, elle rentra dans la chambre de son maître, le réveillant en le secouant avec douceur. Parler dans le noir était impossible, elle se retira donc, sachant qu'il ne faudrait qu'une minute ou deux pour qu'il sorte. Et en effet, elle eut à peine le temps de finir de dresser le couvert qu'il sortit, l'air encore engoncé par sa nuit. Ils mangèrent en discutant vivement, même si le ton n'était pas très audible pour les deux amis. Toba insista ensuite pour faire la vaisselle, se plaignant déjà que sa jeune élève ne lui laissait pas même la possibilité de l'assister dans la charge du camion.

    Pour Eiri il n'en était pas question, Toba était malade, et le voir s'épuiser n'entrait pas à l'ordre du jour. Elle chargea donc le camion seule, avec fougue et efficacité. Au bout de deux heures, tout était dedans, du plus petit livre au bout lourd des meubles qu'elle emportait. Les adieux furent brefs, ils savaient tout deux sans même avoir besoin de le dire qu'elle serait de retour avant que la semaine ne soit finie. La cuisine et la compagnie de Toba était bien trop délicieuse pour s'en priver plus de quelques jours. Le camion partit dans l'allée, après avoir craché quelques secondes. Eiri ne pouvait pas l'entendre, mais sentit les vibrations sous son siège, et vit la fumée noire dans le rétroviseur. Il fallait espérer que ce vieux camion tienne la route, le dernier choix au magasin de location, la jeune femme ayant eu la bonne idée de s'y prendre au dernier moment.

    Une fois lancé, le camion tint la route admirablement bien, avalant les kilomètres malgré la charge. En moins d'une heure elle était à Keimoo, presque plus rapide que sa vieille clio, ce qui n'était pas véritablement impressionnant à bien y regarder. Les choses difficiles commencèrent, si elle connaissait à présent le chemin vers l'Académie, les petites rues du centre-ville, menant au quartier Hiryuu, lui étaient encore inconnues. Sortant sa carte, ou plutôt la carte de Toba, qui semblait dater de l'an mille, elle tenta de se repérer. L'avance prise avec le camion s'envola dans plusieurs essais de routes infructueuses, mais à force de persévérance, elle parvint à l'immeuble. La propriétaire l'y attendait, avec un petit sourire d'impatience. Commençant par s'excuser platement en s'inclinant, elle invoqua son très mauvais sens de l'orientation, refusant de mettre la faute sur un camion qui n'avait rien fait. Satisfaite, la vieille dame lui tendit les clefs et disparu, bien décidée à ne pas prendre part à une montée de cartons lourds comme la pierre.

    La vraie journée commençait. Porter des cartons, c'était facile, porter un lit et des meubles, même en kit, allait demander un peu plus de détermination. Elle commença par les planches d'une commode, se maudissant à présent d'avoir choisi un immeuble sans ascenseur, elle entreprit de tout monter, méthodiquement. Ce fut bien plus long de charger d'une petite maison de plein pied à une camionnette garée en face de la porte à cet emplacement en face de la rue – seul parking qu'elle avait pu avoir – en gravissant trois étages en colimaçon. Au bout de deux heures cependant, et savourant une victoire plutôt méritée, tous les meubles étaient dans son studio. Heureusement qu'elle n'emménageait pas dans plus grands, ses muscles auraient lâchés avant ! Il restait maintenant tous les livres, saisissant les deux premiers cartons, refermant le camion au passage, elle commença la montée.

    Si tout s'était bien passé jusqu'à présent, le drame arriva lorsqu'elle atteint le palier du deuxième étage. Le carton du bas rompit, surprenant la jeune femme qui lâcha celui du dessus tandis que les livres du premier se rependaient sur toute la longueur des marches. En tombant, le carton supérieur s'ouvrit également, continuant la joyeuse fanfaronnade des livres d'histoire sur les marches en pierre de l'immeuble.
    Découragée, la blonde s'assit un instant, soupirant entre ses bras.

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MessageSujet: Re: Danse des livres   Danse des livres EmptyLun 13 Juil 2015 - 0:04

Seth était tellement bien dans son hôtel qu'il avait complètement oublié son appartement. Pourtant il était très beau et bien situé. Il devait ressembler plus ou moins à ce qu'il avait avant.  Les déménageurs lui avaient téléphoné ce matin ne sachant pas pourquoi il n'était pas devant l'immeuble pour leur ouvrir. Une bonne question en effet, puisque les dates étaient fixés depuis longtemps, mais il avait simplement oublié.

Il prenait toujours son téléphone quand il allait courir. D'autant plus maintenant qu'il était toujours en attende de nouvelles importantes. Chose rare chez lui il dormait avec, s'attendant toujours à avoir des nouvelles importantes, ou simplement une certaine jeune femme paniquée la nuit. En tout cas force est de constater que c'était bien pratique pour ce genre d'urgence, c'était donc en courant qu'il traversa la moitié de la ville pour rejoindre son appartement où il n'avait pas encore mis les pieds mais ses cartons l'attendaient déjà. La course ne fut pas simple, il était plus simple de courir dans un parc que devoir traverser les routes, esquiver les centaines d'autres piétons, faire aussi attention aux voitures.  

Il devait donner une bien piètre image de lui, des baskets noirs et blanches, cycliste noir moulant et t-shirt bleu fluo tout aussi moulant. Et bien entendu il avait perdu dans la course toute l'eau de son corps et n'avait plus de souffle. Les déménageurs devaient bien rigoler à sa vue. Mais ce n'était pas tellement grave, il devait simplement ouvrir la porte et les deux camionneurs allaient se charger du reste. Un grand avantage de payer ce genre de chose à l'avance.

Il aperçut un peu plus loin un autre camion. Il n'était donc pas le seul à emménager ici. Mais il était le seul à en avoir à peine conscience. Une fois remis de sa course il ne put que constater l'efficacité de ses hommes de mains, qui en 45min avaient déchargés tous les cartons et les quelques meubles. Les remerciant chaleureusement, et de fait il devait en dégager de la chaleur, il regarda son énorme tas de carton. Impossible d'y arriver tout seul et d'ailleurs il n'avait qu'une seule étagère. Ce n'était donc pas la priorité même si ranger les livres représentaient pour lui un certain plaisir.

De toute façon il lui importait d'abord d'aller se doucher.

Une fois les quasi ablutions faîtes, il passa vulgairement une chemise blanche et un pantalon noir. La première chose consista pour lui à déplacer les cartons, qui allaient attendre sagement qu'une bibliothèque digne de ce nom arrive. Une fois le salon un peu plus dégagé, il entreprit de placer la table ; une vrai table en chêne massif dans la plus pure tradition française. Bien qu'elle fusse trop grande pour un homme seul, Seth en était très content. Après avoir placé le seul meuble du salon, il se demanda bien ce qu'il allait pouvoir mettre en plus. La question l'avait déjà effleuré mais son long séjour avait repoussé légèrement la chose.  Cette fois il allait devoir trouver quelqu'un pour l'aider. Bien sur il allait avoir besoin d'un canapé, de chaises, et de beaucoup de rangements. Mais dans le détail du catalogue impossible de savoir quoi prendre.

Il regretta de ne pas avoir emporté quelques bonnes bouteilles, tout se trouvait chez ses parents il n'avait pas voulu prendre le risque de voir ses précieux alcools mis en pièces dans l'avion ou le camion. Mais en conclusion il ne pouvait pas fêter son emménagement, même seul. C'était peut-être un bon début pour la décoration intérieur, retrouver un meuble à whisky. Au moins cela pouvait le motiver à retrouver des bouteilles.

Dans la précipitation des choses, il avait laissé la porte ouverte et pouvait entendre qu'effectivement quelqu'un d'autre transportait des cartons ; le bruit commença à déranger Seth. Alors qu'il se dirigea vers la porte pour la refermer, il entendit le bruit sourd d'un carton dévaler les escaliers, suivis de plusieurs autres bruits causés certainement par l'intérieur du carton. Ce n'était sans doute pas un vase en cristal mais vraisemblablement des livres. Chose étrange il n'entendit ni juron, ni personne se précipiter pour récupérer le contenu qui avait terminé sa course un peu plus bas. Il sortit alors de son entrée et passa la tête. Il distingua dans les escaliers une tête blonde, s'approchant un peu plus il vit une jeune femme assise dans les escaliers soupirant fortement. Un carton sans doute important.

N'y tenant plus Seth tenta d'entamer la conversation de loin 
« Bonjours, je peux vous aider ? »
Aucune réponse, elle ne leva même pas la tête. Il devait y avoir pire que de casser un vase en cristal alors. Seth passa sa porte et se dirigea vers elle. Il retenta une nouvelle fois de s'adresser à elle présupposant qu'elle ne l'avait pas entendu

« Est-ce que tout va bien ? »
Bon cette fois, c'était un peu étrange il était à un mètre d'elle.  Étant debout il pu voir l'escalier plein de gros livres d'histoire générale. Pas étonnant que le carton ait pu céder.  Il vint alors s'asseoir à côté d'elle et lui fit signe. Elle tourna vivement la tête et parut surprise de le voir ainsi. Seth la regarda aussi avec de grands yeux

« Je suis dans les cartons aussi, je peux vous aider ? »
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MessageSujet: Re: Danse des livres   Danse des livres EmptyLun 13 Juil 2015 - 17:57



    Ainsi assise sur la pierre froide des escaliers, elle observait ses livres, éparpillés sur le sol. Des livres à la valeur marchande plutôt faible, elle avait trouvé la plupart d'occasion, et ils étaient cornés ou jaunis, certains bien plus vieux qu'elle. Mais c'était sa bible, ses amis d'insomnies, d'apprentissage. Chaque livre avait une histoire, et pas seulement celle qu'il racontait. Dans le premier visible, l'histoire des fermiers de l'ère Meiwa dans la province de Tosa. Le premier livre que Toba lui ait offert, qui avait déclenché sa passion pour l'histoire Japonaise. Il racontait la vie d'une famille paysanne dans une province assez pauvre, mais qui avait su se renouveler grâce à la construction d'une place fortifiée, qui changea la donne pour tous les habitants. Une histoire passionnante où se mêlait vie de tous les jours et dureté du train paysan avec les guerres de territoire en fond. Même aujourd'hui, le château de Kôchi est visitable, étant l'un des douze châteaux de l'époque féodale parfaitement intacte. A l'autre bout du Japon, mais la jeune femme était bien décidé à un jour y mettre les pieds. Les autres livres étalés sur le sol étaient plus de l'histoire générale occidentale, ils avaient été tant déplacés depuis l'Irlande que la classification s'était perdue en cours de route. Voir son livre fétiche au milieu de livres assez communs la fit sourire, une sorte de réunion melting-pot, ou tout se croisait et se disait bonjour.

    Mais les voir ainsi sur le sol la désolait, et surtout, la jeune blonde n'avait plus la force de se relever, ses bras l'abandonnant lâchement. Pourtant, il fallait continuer, le camion devait être rendu à l'entreprise avant la nuit, ou s'ensuivait un coût qu'Eiri n'avait pas dans l'idée de payer. Il suffisait de ramasser, de les monter sur encore un étage, et de s'assurer de renforcer les cartons suivants. La tâche n'était pas insurmontable, et l'idée d'une bonne tasse de café redonna le moral à Eiri. Refusant de penser qu'une fois tous les cartons montés, elle devrait encore dresser ses meubles, pour l'instant en kit, elle se focalisa sur une seule idée, finir de vider son camion qui n'en finissait pas. A vouloir se débrouiller toute seule, elle avait au final perdu du temps. Une équipe de déménageur aurait déjà fini, et elle serait probablement déjà en train de ranger ses livres dans les étagères incrustées, chose qui lui avait tapé dans l’œil et l'avait décidé à prendre ce studio. Un mur entier d'une bibliothèque encastrée dans le mur, le rêve pour toute personne qui possédait autant de livres qu'elle.

    Elle allait se relever, décidée à finir au plus vite, quand elle sentit une présence à ses côtés. Sursautant, elle remarqua enfin le jeune homme qui venait de s'asseoir à ses côtés. Elle sourit, se demandant depuis combien de temps il pouvait lui parler. C'était le léger désavantage, la plupart des personnes lui parlait dans son dos, et ne souhaitant pas communiquer son handicap, surtout à un inconnu, elle se voyait contrainte à des ruses ou des mensonges pieux. Tout plutôt que de voir un regard triste dans le regard de son interlocuteur, qui instantanément la prenait en pitié, pitié de ne pas être comme les autres. Sauf qu'elle n'en souffrait pas le moins du monde, puisqu'elle ne connaissait que ça. Sans Toba, tout cela aurait été bien différent, mais il avait été là, elle avait tout appris de lui et n'avait jamais ressentit le besoin ou l'envie de vivre autrement. C'était comme ça et elle s'y était fait, pourquoi personne ne pouvait la traiter comme quelqu'un de normal, si elle se sentait comme tel ?

    « Excusez-moi, j'étais en pleine réflexion ! »

    Excuse classique, mais qui marchait à chaque coup. Tous comprenait qu'on puisse se lancer dans une réflexion telle que les oreilles deviennent imperméable aux mots. Concept bien évidemment étranger pour la blonde, mais qu'elle avait vite compris, et dont elle se servait allègrement lorsqu'elle ne voulait pas révéler tout de suite que non, elle n'avait rien entendu, pas parce qu'elle était sourde comme un pot, mais parce qu'elle était sourde, voilà tout. Souriant gentiment, elle regarda l'homme en face d'elle. N'habitant pas au Japon depuis assez longtemps pour trouver cela surprenant, elle nota à présent qu'il était occidental, tout comme elle. L'université et le lycée internationaux y étaient pour beaucoup de ce qu'elle avait cru remarquer. Pratiquement la moitié des personnes croisées, même s'ils s'agissait principalement d'étudiants, n'avait pas l'air très Japonais, et c'était sûrement une des choses qui lui plaisait dans cette ville.

    « Vous déménagez également ? Nous sommes voisins alors, enchantée, je m'appelle Eiri. »

    Levant légèrement la tête pour apercevoir le palier du dessus, elle se rendit en effet compte qu'une porte était restée béante, celle juste en face de la sienne. Ils étaient donc voisins de palier. Plutôt contente de rencontrer déjà un voisin alors qu'elle n'avait pas encore fini son emménagement, elle tâcha tout de même de le regarder en face, histoire de pouvoir lire une quelconque réponse sur ses lèvres. Le seul petit désavantage peut-être, elle ne pouvait se lever et aller naturellement ramasser ses livres tout en continuant sa discussion, où elle ne lirait rien de ce que le jeune homme aurait à lui dire. Il était son voisin, peut-être que lui indiquer au moins à lui ne serait pas la pire des idées. Après tout, on devient rarement ami avec ses voisins, mais on est contraint à les croiser tous les jours presque. Si jamais elle ignorait un salut sur deux qu'il lui envoyait, elle allait paraître bien malpolie. Souriant en se relevant, le regardant toujours, elle secoua la tête.

    « Ne vous en faites pas, je pense que je peux me débrouiller toute seule, j'ai presque terminé de toute manière ! »

    Ce n'était pas vrai, il lui restait dans le camion trop de cartons pour les compter, et seulement deux heures pour aller rendre le camion. Mais comme toujours gagnait la fierté, ce petit penchant qui lui interdisait de demander de l'aide, la laissant prétendre qu'elle s'en sortirait parfaitement seule. Voilà pourquoi elle déménageait seule, avec des bras frêles, au lieu d'engager une équipe, comme si l'argent était un problème. Ramassant le carton échoué sur le bord des escaliers, elle sortit un gros rouleau de scotch de sa sacoche, et entreprit de le réparer, jetant des coups furtifs au visage de Seth pour voir s'il parlait.
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MessageSujet: Re: Danse des livres   Danse des livres EmptyMer 15 Juil 2015 - 11:22

« Excusez-moi, j'étais en pleine réflexion ! Vous déménagez également ? Nous sommes voisins alors, enchantée, je m'appelle Eiri. »

C'était donc ça, une intense réflexion en effet. Mais sur quoi alors ? La situation était pour le moins amusante, malgré tout ce qu'elle avait encore l'air d'avoir à faire, la fameuse Eiri prenait le temps de répondre avec le sourire. Mais c'était bien la seule chose qui étonna Seth.

« Ne vous en faites pas, je pense que je peux me débrouiller toute seule, j'ai presque terminé de toute manière ! »

Une réponse pour le moins étonnante, refuser de l'aide pour un déménagement ! Elle devait avoir une grande confiance en elle, bien que les cartons la mettaient à rude épreuve. Ou elle ne voulait pas se faire embêter par un étranger qui débarquait à côté d'elle par surprise. Peut-être n'était-ce que de la politesse, il était toujours de bon ton de refuser une première fois avant d'accepter. Dans tous les cas elle se releva et entama la reconstruction du carton.

Si Seth insistait encore un peu, il allait passer pour voisin pervers. Alors comme souvent il fallait choisir l'humour et la voir faire encore tomber un carton, puis il interviendrait sûrement. Mais d'une manière générale une aide était plus appréciée quand on la demandait. Toujours assis il sourit en la regardant faire.

« Pardon mais vous avez pas l'air ! Moi je n'ai plus grand chose à faire à part choisir des meubles donc ça ne me dérange pas »


Une option qui ne l'intéressait pas vraiment, trop heureux de rencontrer une nouvelle tête. Et surtout avec une personne à l'accent anglais moins prononcé que le sien a priori! Irlande ? Mais il s'agissait de ne pas aller trop vite non plus.

« Bon si vous avez besoin vous savez où me trouver »

Après l'avoir salué, il remonta les marches. Elle était entrain de ramasser des livres, Seth sur le pallier la regarda un peu et vit qu'elle levait régulièrement les yeux vers elle. Eiri était donc bien décidé à se débrouiller sans lui. Avant de rentrer chez lui, il devait quand même lui préciser son nom. Si elle ne voulait pas être aidé par timidité, ne pas savoir son nom n'arrangerait pas les choses.

« Ah oui et moi c'est Seth »

Il laissa la porte entre ouverte au cas où, puis il se dirigea vers le salon. Il avait eu la présence d'esprit de préparer la ligne internet, au moins pouvait-il maintenant faire quelque recherche. Il trouva une liste innombrable de décorateurs d'intérieur, mais par qui commencer ? À voir le nombre de personnes à contacter, cela désespéra Seth. Après un instant de réflexion il se dit que Ethel pouvait peut-être l'aider, elle était étudiante en architecture elle devait avoir des notions et un certain goût pour la chose. Et puis il allait devoir la revoir sous peu, ayant environ une tonne de papiers à lui remplir. Pourquoi ne pas en profiter pour parler de choses plus légères.

Il se promit donc de lui laisser un message rapidement. Mais pour le moment il avait quand même une chose urgente à faire. Il avait pu prendre les livres qu'il voulait à la bibliothèque mais du coup n'avait pas encore eu le temps de les étudier, le moment était donc tout trouvé. L'objectif était pour lui le droit médiéval concernant les pratiques de la guerre et de la paix. Une idée qui lui semblait intéressante, vu qu'il souhaitait aller vers la compréhension des actes qui précède la théorisation. Il bloquait néanmoins sur des concepts historiques comme féodalité, qui peuplé littéralement le livre qu'il avait sous les yeux. Évidement il voyait à peut près de quoi il s'agissait tant qu'on parlait de seigneurs et de chevaliers, mais il ne parvenait pas tout à fait comprendre le rapport entre rois et seigneurs contraint par des serments d’allégeances et qui pourtant se faisait la guerre à cause d'autres seigneurs mineurs. En résumant la chose dans sa tête, il dut bien constater que c'était encore plus que compliqué. Ce n'était donc pas le soir pour faire ce genre de chose.

Il se leva et alla dans la cuisine, elle était en longueur et coupée du salon. Seth contrairement à la majorité des gens de son époque ne supportait pas les cuisines ouvertes. Il allait se servir un verre d'eau et put constater qu'il possédait une machine à café avec tous les éléments nécessaires. Une chance que quelqu'un ait oublier cela, ou bien était-ce dans les petits lignes du contrat quand on prend un appartement tout équipé. En tout cas c'était une bonne chose pour lui, qui commença à faire son breuvage.

Les bras croisés, le regard dans le vide face à la machine à café il se laissa dériver. Mais il fut encore bien vite rattrapé par le bruit venant du pallier.
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MessageSujet: Re: Danse des livres   Danse des livres EmptyMer 29 Juil 2015 - 23:17

    Par idiotie ou par fierté elle avait donc refusé l'aide proposée par son nouveau voisin. Soupirant elle observa les livres aux sols tandis que le jeune homme retournait donc chez lui. Vouloir se débrouiller seul, par quelque moyen que ce fut avait toujours été maladif. Grandir dans une ferme y était pour beaucoup, elle avait du prouver à ses parents que malgré sa surdité elle était tout aussi utile que ses deux frères, ce qui avait été un long chemin. Depuis, toute aide apportée sonnait comme un reproche, une manière de dire qu'elle n'en était pas capable. Pourtant Seth avait eu l'air de proposer sincèrement son aide, ne sachant même pas qu'elle ne pouvait entendre, ce qui ne gênait pas tant que ça quand il s'agissait de porter des cartons. Maintenant elle était seule, et les cartons s’amoncelaient encore dans le camion. Prenant son courage à deux mains, elle ramassa tout d'abord les livres éparpillés et les monta à la main, son carton ayant bel et bien rendu l'âme. Les posant dans un coin de son studio, déjà bien encombré, elle saisit un gros rouleau de scotch afin de consolider les cartons restant. Passant la tête par la fenêtre pour s'assurer que le camion était toujours là une idée lui vint.

    Ramassant deux grosses planches, dont elle ne se souvenait même plus de l'utilité première, elle les attacha entre elle et fit plusieurs trous avec une perceuse. Passant ensuite une grosse corde elle fit pendre tout cela par la fenêtre, l'attachant solidement. Satisfaite, elle espéra maintenant que tout cela tienne en place et ne chute pas dans la rue. Quoiqu'une cascade de livres s'échouant sur la tête des passants ne serait pas un spectacle si désagréable, et pourrait même avoir une part de fun. Mais ce qui venait après, elle ramassant un part un la centaine de livres était beaucoup moins appréciable, surtout que vu leur prix pour certains leur perte pourrait coûter un bon mois de salaire à la jeune blonde. Après un déménagement elle pouvait se passer de dépenses supplémentaires.

    Descendant les marches d'un pas léger elle alla chercher trois gros cartons et les fixa à la planche. Si cela marchait elle pourrait finir en trois aller retour, ce qui serait une véritable délivrance. Lançant une petite prière vers le ciel, elle remonta les marches et alla directement à sa fenêtre ouverte. Il était maintenant tant de réveiller la fermière en elle et de tirer avec douceur mais conviction. Sa force avait toujours impressionné les personnes qu'elle côtoyait. Ils ne voyaient bien souvent en elle qu'une frêle jeune fille et pas une fille de ferme qui avait passé son enfance à exécuter de lourds travaux.

    Avec grande surprise et un soulagement important, elle se rendit compte que son système bricolé marchait à la perfection, si elle dépensait une jolie somme d'énergie ce n'était rien comparé à ce qu'il aurait fallu pour monter trois cartons aussi lourd qu'un âne mort. Grâce à ce système, elle vida son camion en trois aller retour comme prévu. Ses bras ressemblaient à de la pâte d'amande mais tout était monté. L'envie de s'étaler sur son futon devenait de plus en plus fulgurante mais elle résista tant bien que mal, consciente qu'elle devait ramener le camion. Regardant le plan elle se rendit compte avec plaisir que l’entrepôt n'était qu'à quelques rues. Vingt petites minutes et elle pourrait se reposer un peu avant de commencer le montage de ses meubles et le déballage de ses cartons. Descendant les escaliers, les jambes légèrement flageolantes elle parvint avec brio à ramener le camion. Les derniers papiers remplit elle marcha les quelques rues qui la séparait du nirvana, un lit douillet et chaud qui accueillerait ses muscles endoloris mais satisfaits d'avoir tout accomplit par eux-même.

    La remontée des marches fut une étape étonnamment difficile, tout commençait à lâcher et elle se voyait déjà sombrer. Pourtant en arrivant sur le palier elle réalisa que la porte de Seth était restée entrouverte tout ce temps. Avait-il oublié de la fermer ? Une erreur qu'elle ne commettrait jamais, ne pouvant entendre si quelqu'un rentrait elle prenait toujours gare de toujours fermer à double tour. Il fallait également qu'elle installe un système que Toba lui avait offert il y a quelques temps. Un interrupteur qui remplaçait la traditionnelle sonnette à l'extérieur de l'appartement et qui au lieu de faire du bruit – ce qui était un peu inutile dans son cas – faisait de la couleur et vibrait sur différents moniteurs dans la pièce, lui permettant d'être informée si quelqu'un souhaitait lui rendre visite, au lieu de rater le livreur à chaque fois.

    Peut-être qu'il s'agissait d'un simple oubli, dans quel cas il serait aimable de sa part de le prévenir. Avec douceur elle frappa quelques coups à la porte.

    « Seth ? C'est votre nouvelle voisine, je crois que vous avez laissé votre porte ouverte... »
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