Là où nos méditations nous mènent [Désirée]

Décidément, le lycée, c'était vraiment bizarre. D'autant plus pour moi qui avait toujours suivi des cours par correspondance. C'était un univers complètement nouveau et avec ses propres règles que je trouvais pour la plupart complètement absurdes et incompréhensibles. Pour commencer il y avait cette histoire de groupe comme si dès qu'on mettait un pied dans le bahut on se voyait coller une étiquette sur le front avec écrit «artiste», «intello», «sportif» ou encore «rebelle». Si on entrait dans tel groupe alors on ne pouvait plus adresser la parole à tel ou tel autre, ou bien on était supposé mépriser untel car il faisait parti d'un groupe antagoniste. Sérieux j'avais jamais vu un système aussi con. Et puis, il y avait les populaires, ça c'était le plus incompréhensible. On pouvait être populaire sans avoir aucun talent en particulier, juste comme ça parce qu'on avait du fric, qu'on trainait avec untel ou qu'on avait du succès auprès du sexe opposé. Du grand n'importe quoi, complètement débile comme concept. Au moins dans le milieu du showbizz, on est célèbre pour une raison, c'est la reconnaissance de son travail ou de son talent. Mais bon, je trouvais ça drôle parfois d'observer comment les choses se passaient dans cette petite communauté très fermée du lycée. La manière dont les autres élèves interagissaient les uns avec les autres avait un aspect assez fascinant. Cela m'amusait de contempler tout ça au quotidien, c'était un peu comme l'agitation désordonnée d'une fourmilière dans laquelle quelqu'un aurait donné un grand coup de pied.

Il commençait à être assez tard, le soleil se couchait et contrairement à la majorité des élèves qui étaient pensionnaires de l'établissement, je devais pour ma part rentrer à la maison. Mais bon, rien ne pressait. Marchant dans le sens inverse à la cohue des élèves grouillant dans le couloir, je décidais de me diriger vers le toit. J'avais besoin d'air mais surtout de solitude et il y avait toujours trop de monde dans la cour. Ma besace sur l'épaule, j'arrivais au dernier étage d'un pas silencieux et je constatais que quelqu'un avait visiblement eu la même idée que moi. C'était une fille, impossible de dire de qui il s'agissait vu qu'elle était de dos, assise par terre. Elle semblait ne pas m'avoir remarqué, elle fredonnait un air qui me faisait penser à une berceuse, probablement en était-ce une. Je ne pus m'empêcher d'esquisser un léger sourire un coin en l'écoutant. C'était pas vraiment pour me moquer, mais je trouvais ça amusant.  Je m'avançais en silence jusqu'à un rebord du toit et m'y appuyai nonchalamment tout en continuant à l'observer furtivement. Elle venait de s'allonger sur le sol, il me semblait la reconnaître à présent, son visage me disait quelque chose. Ce devait être une élève de 1ère ou 2ème année. Ah oui, ça me revenait, elle devait être dans le club d'Origami, c'est pour ça qu'elle me semblait familière, je l'avais vraisemblablement déjà croisée. Mais je me demandais ce que pouvait bien fabriquer ici.

En ce qui me concernait, j'avais envie d'une clope, ce qui était étrange dans la mesure où je ne fumais pas, sauf de manière très très occasionnelle. La cigarette ça vous tuait les cordes vocales et s'il y avait bien un truc auquel je faisais attention c'était ma voix. Du coup, j'allais me rabattre sur une sucette. Je savais bien que les friandises c'était interdit par le règlement de l'école mais c'était encore l'une des règles que je trouvais profondément ridicule. Tandis que je glissais la main dans mon sac pour en prendre une, et c'était ma dernière, je remarquais que l'autre fille avait cessé de fredonner aussi je jetais un nouveau coup d'oeil dans sa direction. Elle s'était rassise et...est ce qu'elle suçait son pouce là ? Interdite, je la regardais avec un peu plus d'attention pour confirmer ce que j'avais bel et bien vu. Ouai, aucun doute possible, elle suçait son pouce. J'aurais pas trop su dire si je trouvais ça attendrissant ou juste ridicule. Peut être un peu des deux. Sérieusement, c'était quoi cette fille ? Alors que je tenais encore ma sucette dans la main, j'eus une brusque inspiration. Avant de pouvoir m'en empêcher, je m'avançais rapidement jusqu'à elle, révélant ma présence par la même occasion.

« Tiens, prends ça. » lançais en lui envoyant la sucette tandis que je me postais près d'elle. « J'ai pas l'habitude de faire la charité, mais ça aura très certainement meilleur goût que ton pouce. »  

Mon intervention n'avait pas vraiment pour but d'être méchante, se moquer des gens c'était pas franchement mon truc, mais mon intonation avait sonnée plus piquante et moqueuse que cela n'était mon intention. En même temps, c'est vrai que c'était assez drôle comme situation, d'ailleurs, je n'avais pas réussi à me défaire de mon léger sourire narquois.

Une voix féminine ramena brusquement Elea à la réalité. Une sucette sortie apparemment de nulle part vint la frapper le visage de plein fouet. Surprise et gênée sa bouche s'ouvrit dans un bel ovale et Elea retira précipitamment son pouce de la bouche. Elle l'avait prise par surprise, elle ne s'attendait pas à ce que quelqu'un la surprenne ici, et encore moins à cette heure-là. La honte lui monta d'abord aux joues, lui faisant prendre une couleur écarlate avant que la colère et sa fierté blessée ne reprenne le dessus. Il était hors de question que qui que ce soit d'autres soit au courant de ce secret. Et d'abord pour qu'il elle se prenait celle-là ! Elle aurait pu faire lentement marche arrière sans se faire remarquer au lieu de s'amuser à la ridiculiser la faisant se sentir horriblement mal à l'aise et honteuse.

Elea la scruta de bas en haut... une punk. Habituellement elle n'avait rien contre eux, elle admirait leur côté indépendant et libre qui était assez proche de son état d'esprit mais à ce moment précis son sang ne fit qu'un tour avant de décider qu'elle lui était insupportable. Son air arrogant, sa tenue extravagante qui dissimulait à peine ses formes avantageuses, son sourire supérieur et moqueur... tout l'horripilait.

-Tu peux te la garder ta sucette ! Non mais de quoi je me mêle ! Tu penses peut-être que parce que mademoiselle est plus âgée que moi elle peut tout se permettre ? Et d'abord qu'est-ce que tu fous ici ? Hurla-t-elle. T'aurais pas pu trouver un autre coin où crécher ? Il est encore pas assez grand pour toi ce lycée ? Ca t'amuse de venir ici martyriser une première année peut-être, tu te sens toute puissante ! Je déteste les personnes de ton genre, si arrogante, croyant être au dessus de tout le monde, jugeant tout et tous le monde comme si vous en aviez l'autorité !

Elea se leva, les mains sur les mains sur les hanches, tenta de la dominer de sa petite taille. Furieuse, elle lui envoya sa sucette dans la figure. Son corps et sa colère avait pris le contrôle de la situation laissant toute logique et son calme habituel aux ordures. Dans un coin de sa tête elle le savait, sa réaction était disproportionnée seulement elle n'y pouvait rien. Cette fille avait mis un doigt sur son secret honteux et même pire, elle en avait rit. Elle détestait qu'on lui rappelle qu'elle était encore par certains côtés une enfant, de plus Elea était encore loin d'être assez sûre d'elle pour s'assumer totalement, si cette fille répandait cette rumeur à travers le lycée s'en était fini d'elle. Elle allait devenir la risée de tout l'établissement et ça c'était hors de question. Elle n'allait pas briser le beau rêve qu'elle s'était fait de ces années lycée à venir. Elle était tellement excitée à l'idée de venir ici, ça ne pouvait pas tourner au cauchemar, non. Non !

Le visage de la jeune fille que je venais de surprendre en train de sucer son pouce passa par toute une palette d'expressions allant de la honte à la colère en passant par la surprise, tandis que je la dévisageais, impassible. Ses joues se teintèrent d'une couleur écarlate, ce qui était assez compréhensible et amusant, puis, elle sembla exploser littéralement de colère. Si je m'attendais à la faire un peu réagir, pour qu'elle se reprenne, je ne m'attendais pas pour autant à un tel déferlement de rage. Après tout, nous étions seules sur ce toit, j'avais été la seule témoin de son moment de faiblesse, ce n'était pas comme si j'avais voulu la blesser en l'humiliant publiquement. Du coup, je ne comprenais pas pourquoi elle réagissait de manière aussi virulente, et j'en étais un peu surprise.

De toute évidence, l'adolescente avait pris pour un affront la sucette que je lui avais lancé, puisqu'elle me la réexpédia dans la tronche. Heureusement pour moi, elle n'avait pas vraiment pris soin de viser, aussi la friandise se contenta de me heurter au niveau de la clavicule avant de rebondir et s'écraser par terre. Et surtout, elle s'était mise à hurler, me balançant en pleine tête tout un tas de reproches véhéments. Sur le coup, je ne savais pas franchement comment j'étais supposé réagir, aussi je me contentais de la toisais sans broncher en attentant qu'elle ait fini sa tirade. Parce que, bon, moi personnellement je n'avais rien à me reprocher, j'avais parfaitement le droit d'aller ou bon me semblait y compris sur ce toit. Pour le reste, je ne pensais pas être particulièrement arrogante et je n'avais porté sur elle aucun jugement, et puis quand même « martyriser » ça semblait un peu fort... J'étais pas non plus un bourreau d'enfant, quoi...  

A vrai dire, elle aurait plutôt du s'estimer heureuse que ce soit moi qui l'ai découvert plutôt qu'une petite peste qui se serait dépêcher d'aller raconter le scoop à ses amies ou qu'un connard qui l'aurait prise en photo pour la faire circuler dans le lycée. En fait, moi, j'avais plutôt agit pour son bien. Mais bon, elle était jeune et j'avais suffisamment d'expérience en la matière pour savoir que la vraie raison de son pétage de câble était que j'avais porté atteinte à sa fierté. On ne pouvait pas dire que j'étais en colère; ses paroles ne m'atteignaient pas. Comme elles ne contenaient pas une once de vérité ça me passait largement au dessus. N'empêche, je n'allais pas la laisser me parler de la sorte parce qu'il fallait bien que quelqu'un lui apprenne la vie. Nullement impressionné par sa tentative de me faire face, je posais sur elle un regard noir, à la fois glacial et sévère tout en adoptant une attitude de royale indifférence, presque condescendante. Je pris la parole d'une voix parfaitement calme, mais dure et cassante.

« Pas la peine de t'exciter, ma grande. C'est pas moi la responsable, tu t'es mise toute seule dans cette situation alors assume. En aboyant comme un roquet, tu ne fais que te rendre encore plus ridicule. D'ailleurs, la seule ici qui porte un jugement sur l'autre, j'te signale que c'est toi. Si tu t'obstines à agir de façon aussi immature, faut pas t'étonner qu'on te traite comme une gamine. »

A vrai dire, cette fille, je n'avais strictement rien contre elle et je n'avais pas l'intention de lui causer du tord, ce n'était pas mon but. Néanmoins, j'estimais que cela ne lui ferait pas de mal de recevoir une petite leçon de vie, pour son propre bien. Pour ce que je pouvais en juger de part ce que j'avais vu et ses réactions, je devinais qu'elle manquait vraiment de confiance en elle et ça ne pourrait que l'aider à grandir. Oui, j'avais vraiment bien envie de m'amuser un peu en lui donnant une leçon et j'avais une idée en tête. Elle allait très certainement me détester encore plus pour ça, mais quelle importance ? Elle finirait bien par comprendre qu'en fait j'étais pas si méchante que ça.  La snobant un bref instant, je m'approchais du rebord du toit afin de contempler la cour en contre bas avant de tourner à nouveau mon visage vers elle. Avec un sourire enjôleur, j'ajoutais sur un ton suave, lourd d'insinuations:

« Et puis, tu sais, si tu veux pas que tout le monde apprenne ton petit secret, la meilleure approche c'est peut être pas de passer ta mauvaise humeur sur moi... A ta place, moi, j'essayerais au contraire de me montrer très gentille... »

Le regard de son interlocutrice se fit glacial et dur. Elle n'avait pas l'air du genre à se laisser faire et encore moins par une lycéenne bien plus jeune qu'elle. Elea compris avant même que la jeune femme ouvrit la bouche qu'elle aurait mieux fait de se taire même si tout son corps était secoué par sa frustration et sa colère. Cette fille allait l'écraser, la ramener plus bas que terre, la démolir pour avoir osé lui hurler dessus. A aucun moment pendant la tirade d'Elea elle n'avait frémi ou eu un mouvement de recul, elle avait gardé son calme affichant une apparente indifférence à ses cris. Une vague de peur mêlée de regrets l'envahit mais il était trop tard et le comportement détachée de cette punk ne faisait en un sens qu'augmenter sa colère. Elea ne s'excuserait jamais pour ce qu'elle venait de faire, c'était au dessus de ses forces, elle préférait largement s'enfoncer plutôt que de mettre sa fierté de côté, surtout après ce que cette blonde avait vu.

« Pas la peine de t'exciter, ma grande. C'est pas moi la responsable, tu t'es mise toute seule dans cette situation alors assume. En aboyant comme un roquet, tu ne fais que te rendre encore plus ridicule. D'ailleurs, la seule ici qui porte un jugement sur l'autre, j'te signale que c'est toi. Si tu t'obstines à agir de façon aussi immature, faut pas t'étonner qu'on te traite comme une gamine. »

A ses mots Elea se crispa encore plus, si cela était possible. Sa fureur reprit de plus belle.

Un roquet ! Gamine ? Non mais pour qui elle se prend celle-là, Miss Je Suis Plus Intelligente Que Tout Le Monde Et Je Me Permets De Donner Des Leçons De Moral. Elle m'énerve, elle m'énerve, elle m'énerve...

Elea n'avait pas l'habitude de se mettre en colère et généralement elle finissait par perdre tous ses moyens ne sachant pas comment exorciser correctement sa frustration. Ceci la menait généralement à des crises de larmes, les mots ne sachant plus trouver une quelconque cohérence et le chemin de ses lèvres. Justement, des larmes commençait à embuer son visage, lui brouillant partiellement la vue. Elle fit tout son possible pour les garder le plus discrète possible. Il ne manquait plus que cette pimbêche le remarque, ce serait le pompom ! Elle s'était déjà assez ridiculisée comme ça, pas besoin d'en rajouter une couche. Si elle se mettait à pleurer elle perdrait toute crédibilité, déjà que cette dernière était assez inexistante...

La punkette se détourna d'Elea un instant. Elle s'approcha du bord du toit et jeta un coup d'oeil vers la cour du lycée qu'on pouvait voir s'étendre quelques mètres plus bas. Un sourire démoniaque s'étendit sur ses lèvres avant qu'elle ne lance d'une voix faussement agréable que l'avenir de son secret était désormais entre ses mains et qu'elle ferait mieux de se montrer obligeante à son égard sans quoi il se pourrait que sa langue dérape.

C'est la catastrophe ! Il ne manquait plus que ça au tableau, du chantage ! Comment je vais faire ? Qu'est-ce que je dois faire ? Comment je suis censée réagir à ça ? Je ne peux pas la laisser divulger ça à tout le monde !

Le visage d'Elea se figea à cette annonce. Sa mine blanchie instantanément lui donnant un air cadavérique. La sentence était tombée. Elle se sentait prise au piège, acculée, aux portes de l'abattoir. La blonde venait de mettre le doigt sur son point faible et elle semblait ne pas vouloir laisser passer une occasion de pouvoir en profiter.

-Je... Répondit Elea désemparée. Non ! Tu ne peux pas faire ça ! Du... chantage ? Comment oses-tu ! Comment oses-tu espèce de garce ! Qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce que tu attends de moi ? Comme si j'avais vraiment le choix maintenant...

Elle ne put contenir plus longtemps une larme qui coula le long de sa joue. C'était le chaos absolu dans sa tête, elle passait tour à tour de la colère, à la frustration, à la peur et au désarroi. Elle ne voyait pas comment se sortir de cette situation et surtout elle haïssait cette fille d'être entrée dans sa vie. Elle se haïssait d'avoir mis les pieds sur ce toit et de s'être laisser aller, se croyant seule et en sécurité. Keimoo n'était pas rempli que d'élèves pleins de bonnes intentions, sa chance venait de tourner. Ca lui apprendra à se reposer sur ses lauriers...

Un coup de vent glacial lui fouetta le visage, la faisant frissonner des pieds à la tête et glaçant son cœur.

Lorsque je vis le visage de la jeune fille se décomposer, je sus que j'avais touché le point sensible. Elle semblait complètement mortifiée à la seule pensée que je pourrais révéler à tout le monde son petit secret. Ce n'était pourtant pas grand chose, des tas de gens cachaient des secrets bien plus gros que celui là, moi la première. On pouvait trouver des tas de choses bien plus compromettantes, mais en même temps, je comprenais parfaitement sa crainte des moqueries, parce que s'il y avait bien une chose qui n'avait pas de limite c'était la bêtise humaine.

Une bourrasque d'air glacé s'infiltra dans mes vêtements, j'étais bien contente d'avoir une écharpe à défaut d'une tenue plus chaude. Je remarquais alors la larme qui coulait sur sa joue et le sourire provocateur que j'arborais jusque là se flétrit légèrement. Etais-je allé trop loin dans mon jeu ? Je ne lui avais pourtant presque rien fait. Je ne retirais aucun plaisir la voir dans cet état mais tout arrêter maintenant, sur une faiblesse de ma part serait totalement contre-productif. Je savais bien à quel point la vie pouvait être injuste et les gens cruels. Ceux qui n'apprennent pas à être forts, ce font immanquablement écrasés. Pour vivre au milieu des requins, il faut en devenir un, c'était une leçon que devait apprendre ma nouvelle camarade de jeu. Je revins vers elle en quelques pas pour m'arrêter à sa hauteur.

« Allons, inutile de te mettre dans tous ces états. Tout va bien. » déclarais-je d'un air compatissant tout en lui ébouriffant affectueusement les cheveux sur la tête comme on pourrait le faire à un animal domestique.  « Tant que tu seras bien sage et obéissante, tu n'auras pas à t'inquiéter ! Et puis, ça tombe bien, j'ai toujours eu envie d'avoir un petit chien. »

L'espace d'un instant, je me demandais si elle serait prête à porter un collier et à m'appeler maîtresse juste pour protéger son secret, heureusement pour elle que je ne sois quand même pas sadique à ce point. L'ironie dans tout ça, c'est que quand je lui avais suggéré d'être gentille, je n'avais pas spécialement d'arrières pensées. Elle aurait pu juste se contenter de me demander poliment de bien vouloir garder son secret. Mais le fait qu'elle me demande ce que je voulais d'elle tout m'accusant de chantage et me traitant de garce m'avait poussé à continuer dans ce sens. Visiblement, elle était encore loin d'avoir compris ce qu'elle devait apprendre et là où elle se trompait le plus c'était de penser qu'elle n'avait pas le choix. En attendant, je me demandais bien comment elle allait réagir face à cette nouvelle atteinte à sa fierté, ça avait des chances de devenir intéressant. J'avais hâte de voir jusqu'où elle serait prête à aller pour mon silence. Un nouveau sourire étira mes lèvres tandis que j'en profitais pour lui donner ma première directive :

« Pour commencer, tu vas t'adresser à moi avec un peu plus de respect... » puis, apercevant la sucette qui était tombé au sol bien protégée dans son emballage, j'ajoutais, « et tu vas ramasser la sucette que je t'ai donnée, parce qu'un cadeau, ça ne se refuse pas. »

Pour être parfaitement honnête, je commençais à trouver cette situation amusante, et puis, bon, pour l'instant, on ne pouvait pas dire que mes requêtes soient vraiment déraisonnables. Dans les faits, je n'avais rien fait d'autre que lui envoyer une sucette et exiger qu'elle cesser de m'insulter toutes les 30 secondes. Certes, je l'avais aussi légèrement provoquée, mais en même temps c'était elle qui avait commencé à m'agresser verbalement sans raison. De mon point de vue, tout ceci était donc parfaitement justifié. Une main posée sur la hanche, j'attendis qu'elle s'exécute sans cesser de l'observer. Je ne savais pas du tout où cette histoire allait nous mener, ni combien de temps ça allait durer, cela dépendait autant d'elle que de moi.